Projet éducatif Multi-Accueil Version Janvier 2015 Page 1 SOMMAIRE Introduction Objectifs et choix pédagogiques Présentation d’une journée typeLes temps forts Conclusion Version Janvier 2015 Page 2 Le projet pédagogique est la référence d’une structure. Il est le reflet de valeurs communes qui fédèrent l’ensemble de l’équipe de professionnelles tant dans leurs mots que dans chacun de leurs actes auprès des enfants. Il répond aux objectifs guidant le travail quotidien des adultes auprès des enfants, traduisant ainsi de manière cohérente l’état d’esprit et l’éthique qui les anime auprès des tout-petits. Il décrit le contexte du cadre de vie que l’on veut offrir à ces derniers en fonction des valeurs éducatives privilégiées, des ressources humaines et du matériel disponible. Introduction Se séparer de son enfant, même pour un court instant, n’est pas toujours évident. Pousser pour la première fois la porte d’une structure petite enfance, c’est se projeter dans un univers inconnu où le sentiment de séparation prend du sens. En tant que professionnelles de la petite enfance, nous avons conscience de cet enjeu. C’est pourquoi nous souhaitons, au-delà d’un lieu de garde, être un lieu de ressources pour les familles, favorisant les rencontres et la convivialité. L’équipe éducative se veut disponible et à l’écoute des parents pour construire une véritable relation de confiance. L’ensemble de l’équipe est consciente que cette relation commence par un premier contact chaleureux. Objectifs et choix pédagogiques Notre priorité est d’assurer à l'enfant un accueil et un accompagnement de qualité en l'absence des parents sans se substituer à eux. Cet accueil doit contribuer à l'épanouissement de l'enfant et le préparer au mieux à sa future vie de citoyen. Au-delà de ses objectifs, l'équipe doit s'attacher à donner un sens à cet accueil spécifique en essayant de maintenir la qualité d'encadrement quelle que soit l'heure où l'enfant est accueilli. Elle doit également établir une relation constructive avec les parents, basée sur le respect mutuel, l'écoute et la transparence. Le fil conducteur de cette démarche est bâti autour des besoins fondamentaux du jeune enfant accueilli en collectivité. Ils ont été ainsi définis : L’enfant a besoin d’un environnement sain et sûr. Le milieu dans lequel il évolue respecte ses besoins et ses rythmes (alimentation équilibrée et adaptée à son âge, temps de repos). L’espace doit être suffisamment sécurisé et adapté à son stade de développement pour permettre à l’enfant de se mouvoir et de faire des expérimentations. Il faut également à l’enfant des relations individualisées, chaleureuses et stables. Il a besoin que l’on prenne en compte ses particularités (habitudes, mais aussi handicap…) et qu’on reconnaisse son appartenance à sa famille et à sa culture. Le personnel encadrant fait preuve d’une attention bienveillante et d’une disponibilité tant physique que psychique (regard, écoute, gestes, paroles,…). La valorisation et les encouragements aident l’enfant à développer une confiance et une estime de soi. Des repères et des relations stables sécurisent l’enfant qui s’autorise alors à moins dépendre de l’adulte. Version Janvier 2015 Page 3 Enfin, l’enfant a besoin d’expériences adaptées à son niveau d’éveil. C’est pourquoi, l’organisation de son milieu de vie permet des expérimentations libres. L’espace de vie est enrichissant. Le plaisir de l’enfant est une notion importante. Les professionnelles proposent des activités qui favorisent l’autonomisation, la socialisation et les relations entre enfants. L’adulte accompagne l’enfant, le guide mais ne fait pas à sa place : «aide-moi à faire tout seul». De ces besoins fondamentaux émergent les grands principes éducatifs de la structure qui se déclinent en 5 points : 1- Privilégier un accueil individualisé de l’enfant et de sa famille Il s’agit d’offrir à chaque enfant un accueil le plus individualisé possible compte tenu des contraintes inhérentes à la collectivité. 2- Respecter les rythmes de vie et les besoins de chaque enfant La satisfaction des besoins permet un développement harmonieux de l’enfant : certains sont vitaux (respirer, boire, dormir, éliminer), d’autres tout aussi importants sont liés au développement moteur et psychologique comme : la sécurité affective, l’environnement adapté, la mise en place de repères (dans le temps, l’espace, et avec l’adulte). Ces éléments réunis permettent à l’enfant de se construire, de s’épanouir, d’avoir des relations avec l’autre, avec l’adulte, d’apprendre le respect de soi et des autres). Nous avons à cœur de respecter les rythmes physiologiques de l'enfant comme le sommeil, le langage, la propreté ou la marche. 3-Veiller à sa sécurité physique et affective Un espace adapté à leur niveau de développement assure la sécurité physique des enfants (mobilier, espaces délimité, protégé, normes d’accueil des jeunes enfants). Les jeunes enfants nécessitent une surveillance accrue des adultes. L’accompagnement au quotidien, le règlement de fonctionnement (port des bijoux, cordons, couché sur le dos), une surveillance de la santé (évictions, règles) et de l’hygiène constituent un cadre propice à cette sécurité. Les règles et limites sont posées et expliquées aux enfants. Quand certains jeux sont interdits pour des raisons de confort (trop bruyants) ou parce qu’ils sont dangereux, une autre manière de faire est proposée à l’enfant pour répondre à ses besoins. Les professionnelles veillent à gérer les conflits, l’énervement et les pulsions au sein du groupe d’enfants. 4- Contribuer à l’éveil de l’enfant Il est question ici de développer et stimuler la créativité et les sens des enfants par des activités d'éveil et des ateliers. Version Janvier 2015 Page 4 Outre la qualité des soins qui lui sont promulgués et le respect de ses rythmes, l’enfant a besoin d’un milieu qui favorise l’éveil de ses sens et de son esprit. Pour se développer, s’éveiller et s’épanouir, l’enfant doit avant tout pouvoir évoluer dans un milieu qui lui permette de découvrir par lui-même des situations, d’explorer son environnement sans que l’adulte n’anticipe ses apprentissages, ni ne fasse à sa place. Ce regard attentif et bienveillant de l’adulte lui permettra de se sentir en sécurité et ainsi de construire une confiance en soi indispensable à son épanouissement. 5- Favoriser le développement de son autonomie et de sa socialisation Il s’agit de permettre à chaque enfant de s'initier à la vie de groupe et anticiper sa scolarisation. L’autonomisation est la base et le but de l’éducation, c’est amener l’enfant à être entrepreneur de sa propre vie. L’autonomie, c’est être capable de faire avec l’aide, puis sans l’aide de l’adulte. L’adulte ne fait pas à la place de l’enfant. C’est aussi amener l’enfant à faire ses propres choix. L’autonomie c’est aussi faire siennes les règles de la société. Ce qui signifie pouvoir être seul (ce qui est différent d’être isolé) et s’oppose à la liberté totale. L’autonomie est à relier aux cadres, limites, frustrations. Les enfants sans limites les cherchent en provoquant de manière de plus en plus voyante l’adulte qui doit les poser. C’est l’acceptation du renoncement à certains désirs immédiats. Favoriser l’autonomisation de l’enfant, c’est l’amener à avoir conscience de soi. Pour cela il faut qu’il puisse se séparer et sortir de la relation fusionnelle qui l’unit à ses (son) parents au tout début de sa vie. L’acquisition du «non», puis du «moi» et enfin du «je» signe cette évolution. Pour l’aider dans ce processus, il faut le nommer, lui parler directement, s’adresser à lui individuellement verbalement et par le regard (ne pas s’adresser qu’au groupe entier). La conscience de soi, puis la confiance en soi guident l’enfant vers l’estime de soi. Il est important que l’enfant ait envie de grandir, de faire seul et de prendre des initiatives. Un climat de confiance qui le sécurise et la disponibilité de l’adulte l’aideront dans ce sens. La présence rassurante de l’adulte, des interactions adulte/enfant de qualité encouragent l’enfant. L’enfant a également besoin de repères dans l’espace, dans le temps (les rituels), et d’une stabilité relationnelle. En expliquant à l’enfant ce qui lui est fait, on lui permet d’anticiper et de répondre à sa manière en participant. Par manque de temps, parfois, l’adulte fait à sa place. Le risque est d’entrer dans la routine et de ne plus interroger ses pratiques. Prendre le temps d’observer l’enfant permet de suivre son évolution. Les échanges avec les parents aident à comprendre comment il vit à la maison pour adapter les propositions en crèches. Version Janvier 2015 Page 5 Des propositions de son niveau ainsi que le droit de refuser, voire de régresser aident l’enfant dans son autonomisation. Lui en demander trop, serait source de sentiment d’échec nuisible à la confiance en soi. L’adulte est attentif aux formes d’expression de l’enfant. Il lui fait confiance et le laisse faire des choix (jeux libres, motricité libre). Quelques règles et limites fermes garantissent un environnement sécurisant. La socialisation est le respect des autres et des règles de vie. L’échange, le partage, la prise en compte de l’autre, l’envie d’avoir des échanges satisfaisants en sont des expressions. Un processus long et complexe. Au départ, l’enfant n’est pas sociable. Ses relations tournent autour de l’agressivité (morsure, conflit,…). L’expérimentation est nécessaire, l’enfant a besoin de se confronter aux autres. La place de l’adulte est essentielle : il humanise les relations par des mots. Il met du sens dans ce que l’enfant ressent et lui propose un autre mode relationnel par rapport au corporel. Le langage permet à l’agressivité de diminuer. L’adulte amène l’enfant à s’exprimer, il donne du sens aux signaux de l’enfant. Il l’écoute, l’accompagne, traduit en mots les expressions corporelles et assure une présence et une disponibilité. Les qualités relationnelles avec les adultes favorisent la qualité relationnelle avec les pairs. L’ouverture vers l’extérieur et une possibilité de créer des liens contribueront à la socialisation de l’enfant. Tous ces principes, nous essayons de les mettre en place dans un lieu gai et chaleureux en continuité avec la famille et dans lequel tout est mis en place pour que l’enfant s’y sente bien, tant du point de vue matériel, qu’affectif. Notre structure, à dimension humaine et familiale, se veut rassurante, à la mesure du tout-petit pour se découvrir et découvrir les autres. C’est le fil conducteur de notre prise en charge quotidienne, développée ci-après. Autonomie Sécurité affective et physique Prise en charge de l’enfant Bien-être Eveil Développement Version Janvier 2015 Socialisation Page 6 Présentation d’une journée-type Lucioles 7h30 Accueil des enfants Séparation des 2 groupes Temps de changes, de coucher, et d’activités adaptées Papillons 7h30 8h30 9h15 10h Accueil des enfants Séparation des 2 groupes Temps de jeux libres Temps de change Temps d’activités, ateliers semi-dirigés et jeux d’extérieur Regroupement chants/comptines/histoires Début des repas 11h Déjeuner Siestes Temps d’éveil pour les enfants réveillés 13h Temps de change et mise à la sieste Siestes et levers échelonnés Début des goûters 15h/15h30 Goûter- Jeux libres-Jeux extérieurs Temps de change 17h15 Regroupement des 2 groupes 17h15 Regroupement des 2 groupes 18h30 Fermeture 18h30 Fermeture Les temps forts à la crèche… L’accueil : Qu’est-ce que l’accueil ? « La phase d’accueil est à voir comme le début d’un temps particulier, c’est un passage de relais. » (Métiers de la Petite Enfance N°106, février 2005, p 9). Etre en capacité d’accueil, demande, de la part de l’adulte, une disponibilité physique et psychique, d’être en empathie. Que ce soit pour le premier accueil ou quotidiennement, il est important de prendre le temps d’accueillir l’enfant et sa famille à leur arrivée. L’accueil de l’enfant et de son parent le matin est un moment important pour une séparation en douceur. A l’arrivée le matin, chaque parent déshabille son enfant, lui met les chaussons (s’il marche). Une professionnelle accueille alors l’enfant et son parent. Version Janvier 2015 Page 7 C’est un moment important, où peu à peu, l’enfant investit la structure. Le parent va donner les informations essentielles et il va prendre le temps de dire au revoir à l’enfant. C’est un échange à trois : le parent, l’enfant et la professionnelle, afin d’assurer la cohérence et continuité de la prise en charge tout au long de la journée. L’adulte qui accueille l’enfant, lui parle, lui explique que papa ou maman s'en va. Les parents ne doivent pas partir sans dire au revoir à leur enfant même si celui-ci pleure, cela accentuerait son angoisse de séparation. ; au contraire un bisou, un geste de la main pour dire au revoir permettront à l'enfant d'être rassuré et de mieux gérer cette absence. Dans tous les cas, il faut éviter de prolonger la séparation en cas de chagrin de l’enfant, de façon à ne pas la transformer en déchirement. L’équipe de professionnelles est là pour accompagner la séparation et prendre le relais. Le parent qui voudra se rassurer après une séparation difficile aura la possibilité, surtout dans les premiers temps de l’accueil de l’enfant, de téléphoner à la responsable pour s’informer du déroulement de la journée. Les soins ne se limitent pas aux actes. Dans le cadre d’un accueil, ils sont les temps et les lieux de rencontre, de relation entre l’adulte et l’enfant. Ils parlent donc de relation, d’échanges, de prise en charge individuelle, même si ce n’est pas toujours facile en collectivité. C’est au travers des temps de soin – où l’adulte est tout à lui et répond de manière adaptée à ses besoins, que le tout petit va pouvoir se sentir en sécurité et ainsi développer une relation de qualité avec l’adulte maternant. De là découle une sécurité physique et affective indispensable à son développement harmonieux et à sa construction en tant qu’individu autonome. Le repas Chez l’enfant, MANGER est un acte complexe qui répond à plusieurs fonctions : la première, bien entendu, est celle de satisfaire la faim. Mais il est bien plus que cela, c’est aussi un moment de plaisir et de découverte sensorielle (sur les plans gustatif, olfactif, visuel, voire tactile !) : plaisir de croquer, sucer, … qui constitue un exutoire à l’agressivité. D’autre part, au niveau de la bouche, s’opèrent des échanges entre ce qui est du dehors et ce qui est du dedans. Ce processus va permettre peu à peu au tout-petit de différencier le soi et le non-soi, base de la construction de sa personnalité. Le repas est un moment fondamental d’échange, il participe au processus d’attachement. Les premiers contacts corporels parents/enfants ont lieu en grande partie lors des tétés (allaitement ou biberon). C’est un espace privilégié pour la création des liens d’attachement. La nourriture prend alors une dimension affective. A tout âge le repas reste un acte social de communication, c’est ainsi que dans la plupart des cultures, les échanges, la convivialité s’expriment autour du repas. Des règles de vivre ensemble accompagnent le repas, ce qui en fait un espace de socialisation à plusieurs niveaux. Le nourrisson est en situation de face à face, mais en grandissant, Version Janvier 2015 Page 8 l’enfant parvient à manger avec les adultes. Cela permet bien souvent de dédramatiser ce moment parfois conflictuel. Les repas représentent des repères au temps nécessaires au tout-petit à la construction de sa sécurité interne comme à ses apprentissages. C’est un moment de convivialité et de détente où l’enfant prend plaisir à manger et bénéficie d’un moment d’échange privilégié avec l’adulte, autour du plaisir de manger, de goûter et de partager. C’est aussi un moment d’apprentissage vers l’autonomie. Nous invitons les enfants à goûter à tous les aliments et servons les enfants en quantités adaptées. Peu à peu, le repas devient un espace de socialisation et une activité éducative à part entière avec des règles de vivre ensemble. Les professionnelles favorisent l’échange et le plaisir autour du repas. Les aliments et les sensations sont nommés. Le placement est pensé pour maintenir un climat calme et détendu. Chez les Lucioles, les biberons sont servis dans les bras pour les bébés, ou dans un baby, puis à table lorsque les enfants tiennent assis et qu’ils mangent des purées et des compotes. Afin d’éviter tout risque de réaction allergique au Multi-Accueil, nous demandons aux parents, lors de la diversification alimentaire, d’introduire les nouveaux aliments, à la maison. Quel que soit l’âge de l’enfant et le groupe dans lequel il évolue, le rythme de chacun est respecté, c’est pourquoi, celui qui dort, n’est pas réveillé pour manger. Chez les Papillons, le repas est maintenu au chaud jusqu’à ce qu’il se lève. Des gestes posés, des regards, une verbalisation du menu permettent à l’enfant de se sentir en sécurité. Les enfants sont stimulés et encouragés dans leur nouvelle acquisition. Parfois, nous laissons une cuillère à l’enfant, pour que, tantôt celle de l’adulte, tantôt la sienne lui parvienne à la bouche. Autour du repas, des rites sont instaurés chez les grands : lavage des mains au lavabo, petit chant pour se souhaiter bon appétit, gants de toilettes après le repas pour laver le visage et les mains et temps calme avant la sieste (musique douce et relaxation). Le sommeil : Nous tentons de respecter le rythme de chacun, de favoriser l’endormissement en mettant en place des repères (doudou, même emplacement de petit lit, temps calme avant la sieste, turbulette ou petite couverture de la maison) et de favoriser un sommeil de qualité. Dès qu’il présente des signes de fatigue (bâillement, frottement des yeux, yeux rouges, enfant grincheux), nous respectons ses rites d’endormissement. Les Papillons arrivent, petit à petit, à un rythme commun : une sieste collective après le repas. Deux pièces, de chaque côté de la structure, sont aménagées en dortoir. Chez les Lucioles, l’une est destinée aux plus jeunes et l’autre aux plus grands. Version Janvier 2015 Page 9 Le change toutes les 4h ou dès que nécessaire Le change est un moment de relation individuelle, d’autant plus important que nous sommes dans un contexte collectif. C’est un temps de relation entre l’adulte et l’enfant, ainsi qu’entre enfants eux-mêmes, pour apprendre à mieux se connaître. La relation s’établit par les paroles, le regard contenant, le jeu qui porte notamment sur la découverte du corps. Ce moment d’attention particulière à l’enfant l’aide à se sentir un individu dans un groupe. Il lui apporte confiance en ses capacités et participe à sa sécurité de base. Sa pudeur est respectée. C’est un moment privilégié, qui doit rester un temps d’intimité à deux entre l’enfant et l’adulte. Lors des soins, une communication est établit par des gestes, des mimiques, des paroles mis sur les gestes apportés par l’adulte. Nous expliquons à l’enfant ce que nous lui faisons. L’apprentissage de la propreté se fait au rythme de chacun et nous essayons de relayer ce qui se fait à la maison (proposition du pot si l’enfant le demande). Nous ne forçons jamais les enfants. Nous pouvons rappeler ici, que l’enfant ne doit pas subir ou vivre la propreté comme un conditionnement, mais bien en être acteur. C’est une démarche, qui ne peut se faire que naturellement et dans un respect total de l’enfant et de son évolution physiologique (maîtrise des sphincters). Il faut qu’il comprenne le processus, et pas qu’il lui soit imposé. A cet âge, la question de l’acquisition de la « propreté » sphinctérienne se pose fréquemment. Le pot ou les toilettes sont proposés aux enfants quand ils sont prêts. Les professionnelles suivent les souhaits des parents quant au fait de proposer le pot à leur enfant. De leur côté, elles indiquent aux parents quand elles remarquent que la couche est fréquemment sèche. Il arrive que les enfants réclament le pot par imitation. La cohérence entre le domicile et la crèche est souhaitable, néanmoins, certains enfants sont continents chez eux, mais pas à la crèche ou inversement. Il ne faut pas s’en inquiéter : c’est le signe que l’autonomie sphinctérienne est en marche. L’apprentissage de la propreté sphinctérienne marque une étape importante dans l’acquisition de l’autonomie de l’enfant. Version Janvier 2015 Page 10 Il s’agit moins d’apprentissage que de maturité globale : ce processus nécessite une autonomie psychique autant que physique. D’un point de vue physique, les sphincters de l’enfant sont aptes à la continence entre 20 et 30 mois. La capacité à monter et descendre les escaliers signe cette acquisition. Cependant, la propreté sphinctérienne ne peut se mettre vraiment en place que vers 24-30 mois, pour des raisons de maturité intellectuelle et affective. L’enfant doit comprendre ce qu’on lui demande et avoir envie d’être grand. Tout cela participe à son autonomisation globale. Les goûters (Papillons) L’après-midi, aux alentours de 15h30, on propose aux enfants un laitage (yaourt brassé, mixé, à boire, fromage blanc, fromage, lait) et un fruit (compote, fruit frais en quartiers ou morceaux), voire un produit céréalier (petit gâteau, tartine confiture ou fromage ou chocolat). Les rituels Les rituels de la journée permettent à l’enfant de se repérer dans le déroulement du quotidien et de se construire sa représentation au temps. Ces rituels le sécurisent. C’est pourquoi, principalement dans le groupe des Papillons, ces moments clés sont matérialisés par des comptines ou des chants (rangement, lavage des mains, repas…). La répétition des différents moments de vie tout au long de la journée leur permet de se repérer dans le temps, de se construire des repères temporels, notamment par rapport au retour du parent. Les « petites violences » ou les gestes d’agressivité. Avant trois ans, l’enfant est dans une période de narcissisme primaire, qui rend difficile sa relation à l’autre. Il se sent envahi par des pulsions qu’il maitrise avec plus ou moins de difficulté. Pour cette raison, sa première réaction face à un enfant qui le dérange est une réaction d’agressivité physique (tapes, morsures, griffures…). Peu à peu, l’acquisition du langage va aider l’enfant à exprimer ses émotions, ses désirs et ainsi faciliter sa communication avec les autres. Cependant, avant que la parole ne prenne le pas sur l’agressivité physique, cela demandera du temps. L’écoute attentive et individualisée de l’adulte aidera l’enfant à dépasser ce stade, en verbalisant sur ce qu’il ressent : lui apprenant ainsi à exprimer ses émotions. L’adulte doit observer, sans systématiquement intervenir, les conflits pouvant se résoudre par eux-mêmes. Ils doivent adapter leur comportement face à une agression selon ce qu’ils ont observé de la situation. Cela dit, il existe des interdits très clairs auxquels les enfants doivent se conformer et, dans le cas contraire, l’adulte doit intervenir : Interdit de mordre, de griffer, de taper ou de pousser. En cas de violence, l’adulte intervient. Comme en toute collectivité, les rapports humains sont faits de sentiments variés qui s’expriment de façon plus ou moins appropriées. Version Janvier 2015 Page 11 La notion de collectivité est plus importante au sein du groupe des Papillons et celles de partage et de respect de l’autre plus marquées. De ce fait, la rivalité et les disputes entre les enfants sont beaucoup plus fréquentes que dans le groupe des Lucioles. Ces discordes vont se manifester de différentes manières : cris, morsures, agressivité ou appelés « petites violences »…Il est toujours difficile, pour un parent, d’entendre que son enfant s’est fait mordre ou a mordu durant la journée, mais il est important de savoir que ces épisodes sont bien souvent liés au développement de l’enfant. Tous les enfants passent par une phase, durant laquelle ils éprouvent le besoin de se défendre et de se faire entendre par les autres enfants. Chacun va trouver son mode d’expression et de défense ; certains vont crier, ou pleurer pour attirer l’attention de l’autre, d’autres vont pousser ou taper l’enfant qui va oser entrer dans sa bulle, et d’autres, encore, vont mordre. Pour ces tout-petits, qui ne maîtrisent pas encore le langage, c’est leur moyen d’expression. De ce fait, ces manifestations d’agressivité vont progressivement disparaître avec l’acquisition de la parole. Il faut garder à l’esprit que « faire mal à l’autre » est une notion tout à fait abstraite et sans arrière-pensée pour le jeune enfant, dans la mesure, où il n’a pas intégré la présence de l’autre. Les émotions nonmaîtrisées, telles que : la colère, le sentiment de frustration, la curiosité, l’amour de l’autre sont le plus souvent à l’origine des morsures chez le jeunes enfant. En effet, certains enfants mordent pour exprimer leur affection. L’observation des comportements des adultes, qui manifestent leur tendresse par des baisers, peut générer un comportement d’imitation agrémenté d’un coup de dent, afin de manifester l’énorme affection ressentie sur le moment. La morsure peut aussi être vue comme un acte d’exploration du corps de l’autre. Ainsi, le bébé, dans un jeu de découverte des objets, a l’habitude de tout porter à sa bouche. On peut intégrer ce type de morsure comme l’envie de goûter l’autre. Au Multi-Accueil, l’équipe éducative a fait le choix de ne pas indiquer le nom de l’enfant mordeur aux parents de l’enfant mordu. En revanche, nous informons les parents des deux enfants concernés, sur le moment et les circonstances de l’événement. L’enfant, qui a été mordu, est immédiatement pris en charge pour être consolé et soigné. Le départ de l’enfant C’est un moment empreint d’émotion, où le parent retrouve son enfant et inversement. L’enfant a besoin d’être préparé à cet instant fort, il faut lui laisser le temps de reconnaître son parent et de réaliser sa présence, de quitter ses copains et son jeu. C’est aussi un temps de transmission, l’adulte informe sur la journée de l’enfant et personnalise par de petites anecdotes. Ce moment de relais permet à l’enfant de passer du professionnel au parent, il est important de prévoir un temps d’environ 10 minutes au moment du départ pour permettre une transition en douceur... Version Janvier 2015 Page 12 Activités et jeux libres « Le jeu, c’est le travail de l’enfant ». L’enfant se construit en jouant. C’est pourquoi, l’équipe a fait le choix de lui laisser une large place pour aider l’enfant à grandir harmonieusement. Grâce au jeu libre, l’enfant crée, imagine, observe, se socialise, il est confronté à des frustrations, apprend à les gérer, à communiquer. Il ne faut pas s’étonner si un enfant accueilli en collectivité ne prête pas ses jeux ou ne joue pas en interaction avec les autres. Ce n’est que vers l’âge de 3 ou 4 ans que l’enfant parvient à partager et à se mettre dans une posture d’échange dans le jeu. L’enfant apprend par l’action, la manipulation, l’expression, l’observation et l’écoute. Le multi-accueil propose des périodes de jeux libres et des périodes d’activités dirigées. Durant la journée, l’enfant a accès à de nombreux jeux mis à sa disposition. Il est libre du choix de ces derniers et de la manière dont il veut les investir. Il peut également décider à certains moments, de ne pas jouer et de se laisser aller à la rêverie. C’est tout aussi important que l’action. Les périodes d’éveil et de jeu se distinguent de trois façons Les jeux libres, qui consistent à laisser l’enfant investir les espaces, les jeux, les jouets de la salle de vie le plus librement possible, tout en lui assurant sécurité et respect de l’autre (poupées, dinette, cuisine, voitures, garage, structure motrice…) Les jeux orientés : sont les jeux mis en place et sous la surveillance de l’adulte, comme la lecture, le kamischibaï (théâtre japonais), les jeux de construction, ou les puzzles… Les activités dirigées : sont des ateliers proposés aux enfants, sur table, en petits groupes de 3 à 6 enfants. C’est un temps de concentration, d’attention, qui ne doit pas dépasser 15 minutes pour des enfants aussi jeunes : peinture avec différents outils et sur différents supports, pâte à modeler, gommettes, feutres, craies grasses, craies pour tableau noir, crayons de couleur, collage, jeux d’encastrement,… On distingue également les activités motrices corporelles : grimper, monter, ramper, descendre, escalader, chercher son Version Janvier 2015 Page 13 équilibre ; ou tactiles : malaxer, manipuler de petits objets ; ainsi que les activités sensorielles sonores : produire des sons, des cris d’animaux, mise à disposition d’instruments rythmiques, chants, comptines ; tactiles : découverte de matières diverses, d’objets, d’aliments, jouer avec de l’eau ; visuelles : formes et couleurs, livres, nature, objets ; ou olfactives et gustatives. Chez les Papillons, l’équipe incite les enfants à ranger les jouets après les avoir utilisés. Tout est étudié pour que le rangement soit simple, facile d’accès et motivant pour l’enfant ; valorisant l’enfant qui range, en faisant participer les adultes, et en chantant. Tous les jours, l’équipe propose un temps de rassemblement autour de comptines, de jeux de doigts, de chansons ou d’histoires. Un affichage, à l’entrée de chaque espace de vie, permet aux parents de connaître tous les jours, les activités proposées à vos enfants. Dès les beaux jours, nous profitons de l’espace extérieur et des jeux (voitures, ballons, bulles…). Par fortes chaleurs, nous demandons aux parents des tenues adéquates (chapeau, body de rechange, couche piscine et crème solaire). L’apprentissage du langage oral L'estime de soi et le sentiment d'amour ont une place primordiale dans le développement de l'enfant. Cela lui donne la force d'aller se confronter au monde extérieur (apprendre à marcher, à explorer, à parler..) ; et lui permet de mieux gérer la séparation et aide à mieux vivre avec les autres. Mais cela ne se fait pas tout seul, la qualité de l'attention que l'on porte à l'enfant, le fait de le reconnaître comme un individu et de lui donner une place au sein du groupe est donc indispensable. C'est ce qu’Emmanuelle Rigon (psychologue clinicienne) appelle « la stabilité intérieure ». Chaque adulte (sans se substituer aux parents) se doit donc de se montrer encourageant et gratifiant envers l'enfant, par le regard, la parole, un câlin, un geste rassurant ; grâce à la délicatesse de l'adulte, l'enfant se sentira aimé, en confiance et en sécurité. Nous mettons des mots sur ce que l’enfant vit et nous l’encourageons à formuler ce qu’il ressent : « comprendre et se faire comprendre ». Nous utilisons également des fichiers d’images pour l’enrichissement du vocabulaire et l’expression et organisation quotidienne de temps de chansons, comptines et jeux de doigts. Version Janvier 2015 Page 14 Le doudou et la tétine Un choix a été établi afin de laisser à la disposition des enfants les doudous et les tétines. Des enfants aussi jeunes ont besoin de combler l’absence de leurs parents. Dans la psychanalyse, le doudou est aussi appelé « objet transitionnel ». Il est considéré par les professionnels de la petite enfance comme un objet indispensable permettant à l’enfant de se séparer de ses parents. C’est un objet sécurisant, car il fait le lien entre l’enfant et sa famille et permet une continuité entre le multi-accueil et la maison. La tétine est, elle aussi, un objet permettant de rassurer et de consoler l’enfant en bas âge. Elle est un objet indispensable à la sécurité affective du jeune enfant séparé de ses parents. La succion les rassure et les aide à oublier plus vite un petit ou un grand chagrin. Un enfant, qui est sécurisé affectivement, pourra plus facilement aller à la rencontre de ses pairs et explorer ce nouveau monde, qui l’entoure. Même si, à la maison, votre enfant n’utilise son doudou ou sa tétine que pour dormir, il est tout à fait possible qu’il les réclame davantage au multi-accueil, car son objet d’attachement principal (vous) n’est pas là. Cependant, à la crèche, les enfants savent, qu’à certains moments, ils n’ont pas accès aux doudous : au moment de la collation, du repas et du goûter, au moment de sortir, au moment de faire de la peinture ou toute autre activité sur table. Jeux d’eau Marionnettes Activités Manipulation (semoule, peinture, pâte à modeler) Relaxation Bricolages Jeux de construction Version Janvier 2015 Jeux extérieurs (trotteurs, bulles, …) Page 15 Conclusion Il est important pour nous d’évoluer, avec la confiance que vous nous accordez, dans un souci de sécurité, de confort et d’épanouissement de votre enfant. Pour que l’enfant accepte d’être accueilli à la crèche, il est important que le parent accepte la séparation. Nous sommes à votre disposition au quotidien pour répondre, ensemble, aux interrogations et choix qui peuvent jalonner ces temps de la petite enfance et susciter votre questionnement. La relation parents/professionnelles est un des piliers de la structure : nous cherchons à mettre en place une relation de partenariat et de confiance mutuelle autour de l’enfant. Cette relation nécessite dialogue et écoute. Version Janvier 2015 Page 16