Le pôle régional de cancérologie a mis en place un dispositif pour rester en lien avec le patient mais aussi l’infirmier, la pharmacie et le médecin traitant. Cet entretien infirmier s’accompagne d’un suivi téléphonique. Son rythme est défini par le médecin référent, en fonction du traitement prescrit et de l’autonomie du malade. Les appels téléphoniques sont à l’initiative du patient afin de le rendre «pleinement acteur». «Le but est de mettre en place un accompagnement qui rende les patients autonomes», pointe Corinne Grousseau-Royer. En cas de difficulté et en dehors de ces rendez-vous préétablis, le patient peut également contacter une permanence téléphonique dédiée. Autre point d’importance : la traçabilité. Chaque entretien est systématiquement saisi dans le dossier informatisé du patient. L’ensemble des équipes ont ainsi accès, à tout moment, au suivi du patient. «Le CHU de Poitiers fait partie des centres très en avance en terme d’organisation», signale le Dr Ferru. Le médecin traitant, acteur de la prise en charge Ce dispositif permet de renforcer le lien «ville – hôpital», en organisant le suivi et en assurant une cohérence et une complémentarité entre les différents acteurs. Tous les professionnels extrahospitaliers sont systématiquement informés par l’infirmière : médecin traitant, pharmacien ainsi que l’infirmière libérale, en fonction de la surveillance prescrite. Un important travail d’information et de rédaction sur les différentes molécules a été réalisé par les équipes médicales et pharmaceutiques du CHU. Interactions médicamenteuses, effets secondaires, posologie, biodisponibilité : pour chaque molécule, une fiche détaillée est remise au médecin traitant et au pharmacien par le patient. Si besoin, les professionnels libéraux peuvent joindre la permanence téléphonique dédiée aux thérapies orales. «L’objectif est que le médecin traitant soit acteur de cette prise en charge. Il s’agit de l’épauler en lui donnant les outils pour répondre au mieux au suivi. Cette communication avec la ville est la clé. Pour une bonne observance du traitement, le patient doit recevoir un discours homogène», développe le Dr Ferru. Depuis la mise en place du dispositif, plus de 400 patients ont été pris en charge. Il y a actuellement une file active permanente de 200 patients. Plus de 500 appels téléphoniques sont gérés chaque mois. Du côté des médecins libéraux, les retours sont, à ce jour, très positifs. Education thérapeutique Un programme d’éducation thérapeutique, agréé par l’Agence régionale de santé (ARS), vient compléter ce suivi. Des ateliers thématiques, sous forme d’échanges, sont mis en place depuis le mois d’avril 2015. Animés par le pharmacien, le médecin, la psychologue et la diététicienne du centre hospitalier, à destination du patient et de son aidant, ces ateliers visent à battre en brèche les représentations erronées de la maladie, et abordent le traitement, la nutrition, la fatigue comme le vécu du cancer. En projet, en conformité avec le troisième plan cancer, une collaboration renforcée avec les infirmières libérales formées à l’éducation thérapeutique, qui pourraient intervenir au domicile du patient. Enfin, la création d’un classeur virtuel en ligne, en collaboration avec le réseau Onco-Poitou-Charentes, impulse une dynamique de région. n CHU Magazine n° 70 - Juin 2015 – 33