THEME 1. CROISSANCE, FLUCTUATIONS ET CRISES I

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COURS DE TERMINALE ES – CSI – 2014/2015 – A. STRATAKIS THEME 1 Croissance, fluctuations et crises CHAPITRE 2
THEME 1. CROISSANCE, FLUCTUATIONS ET CRISES
CHAPITRE 2 COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE ?
★ Questions centrales du chapitre 2 :
- Comment expliquer les fluctuations économiques (alternances de périodes de croissance et de crises) ?
- Comment les politiques macro-économiques interviennent-elles dans la gestion des fluctuations
conjoncturelles ?
Objectifs du chapitre 2 :
-
Acquérir des savoirs :
Savoir définir les notions essentielles du programme de terminale : fluctuations économiques, crise
économique, désinflation, dépression, déflation. Egalement chocs d’offre et de demande, cycle du
crédit (qui ne sont pas des notions essentielles).
Savoir définir les notions de première : inflation, chômage, demande globale.
Savoir utiliser les notions de chocs d’offre et de demande et le cycle du crédit pour expliquer les
fluctuations économiques.
Savoir expliquer le rôle de la demande dans les fluctuations économiques
Savoir détailler les différents types de politique macro-économique et leurs effets attendus sur les
fluctuations conjoncturelles ainsi que leurs limites.
Savoir expliquer les mécanismes économiques reliant déflation, dépression et chômage de masse.
Acquérir des savoir-faire :
Lecture et interprétation de courbes d’offre et de demande
Savoir lire et interpréter, utiliser les taux de répartition, taux de croissance, taux de croissance
moyen, indice simple (de base 100), pour établir des comparaisons dans le temps et l’espace.
Savoir lire et interpréter les représentations graphiques.
Plan du cours du chapitre 2
I/ OBSERVONS LES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES
A. Une irrégularité de la croissance repérable dans les séries statistiques
B. La notion de cycles en économie
II/
COMMENT EXPLIQUER CES FLUCTUATIONS ?
A. Des chocs d’offre et de demande
B. Des chocs divers et cumulatifs
III/ COMMENT LES POLITIQUES ECONOMIQUES INTERVIENNET-ELLES SUR LES FLUCTUATIONS
CONJONCTURELLES ?
A. Pourquoi les pouvoirs publics interviennent-ils ?
B. L’intervention par la politique monétaire et la politique budgétaire
C. Les politiques conjoncturelles dans la zone euro
I/ OBSERVONS LES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES
A. Une irrégularité de la croissance repérable dans les séries statistiques
Document 1 : les fluctuations de la croissance ne France sur le long terme
1
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vrai
faux
justification
En 1970, le PIB de la France
est plus élevé qu’en 1972.
Le PIB a baissé de 2 points
entre 1970et 1972.
Le taux de croissance du PIB
a baissé de 2 points entre
1970 et 1972.
Sur la période 1974-1981 le
PIB n’a cessé de diminuer en
France.
. Le PIB a baissé d’environ
3,5% en 2009 en France
Le PIB a progressé de moins
en moins vite de 1974 à
1981.
Document 2 : Des hauts et des bas Bordas doc 1 p46
Q1. Décrivez la croissance entre 1992 et 2008 en France :
! Point méthode : lecture et commentaire d’un graphique Bordas page 375
Commencez par dégager les informations principales du graphique, puis la tendance générale qui apparaît
(série chronologique). Enfin mettez en évidence différentes périodes. A chaque fois, utilisez des outils pour
souligner les fortes augmentations ou baisses (coefficient multiplicateur, taux de variation).
Document 3 : Le cercle vertueux des trente Glorieuses, un moment exceptionnel + Bordas doc 3 p 47
A. La bonne santé du secteur industriel en France tout au long des trois décennies de forte croissance que l’on
appelle traditionnellement les « Trente Glorieuses » (1945-1973) repose essentiellement sur trois piliers.
Premièrement, le faible degré d’ouverture internationale de l’économie tient l’industrie et son marché à l’abri de
la concurrence extérieure et l’oblige à recourir à la production locale de biens d’équipement. Deuxièmement, la
modernisation de l’appareil de production conduit à d’importants gains de productivité. Troisièmement, la
stabilité du rapport de force entre le capital et le travail permet aux salariés d’obtenir des gains de pouvoir
d’achat en contrepartie des gains de productivité, et de fournir ainsi des débouchés de consommation aux
biens mis sur le marché. Marc Chevallier, extrait du supplément « Comment sauver l’industrie ? » Alternatives
Economiques, juillet 2012 p 26
B. Depuis le début des années 80, les pays industrialisés sont entrés dans un régime de croissance dit
« récessif ». Les taux moyens de croissance sont pratiquement divisés par 2. Il est alors facile d’opposer les
« Trente Glorieuses » de J. Fourastié (1945-1975) aux « Trente Piteuses » de l’économiste Nicolas Baverez.
Cependant, et le fait est maintenant avéré, les économies des pays industrialisés n’ont fait que retrouver leur
tendance biséculaire. J.P. Quilès, Les approches contemporaines de la croissance, in L’économie aux concours
des grandes écoles, Nathan 2011.
Q1. Montrez quels ont été les facteurs de la croissance dans les Trente Glorieuses :
Q2. Comment peut-on considérer les Trente Glorieuses dans l’histoire économique des deux derniers siècles ?
B. La notion de cycle en économie
Document 4 : cycles et fluctuations Bordas doc 1 et 2 p 46
Q1. Quelles sont les différentes phases d’un cycle économique ?
Q2. Quels sont les principaux cycles économiques repérés par certains économistes ?
Q3. Pourquoi la notion de cycles est-elle discutable ?
Source : Maurice Niveau et Yves Crozet, Histoire des faits économiques contemporains, PUF 2010.
2
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Synthèse du I A : Toute économie connaît des fluctuations économiques, c’est-à-dire des évolutions de
court terme de variables économiques (le PIB, les prix, l’emploi, les revenus, l’investissement…), autour d’une
tendance de long terme, appelée le trend.
Ces fluctuations lorsqu’elles se répètent dans l’histoire, s’appellent des cycles économiques. Le cycle connaît
plusieurs moments : une phase d’expansion (augmentation du volume de la production), une phase de crise
(moment de retournement de la conjoncture), une phase de récession (ralentissement ou recul de l’activité –
au sens strict, recul de l’activité pendant plus de deux deux trimestres consécutifs), accompagnée de hausse du
chômage. La récession peut aboutir à une dépression (baisse durable de la production, accompagnée d’un
chômage élevé et prolongé). La dépression s’accompagne le plus souvent d’une déflation (baisse des prix et
donc de la valeur de la production). Trois grandes dépressions ont marqué l’économie de la France depuis le
20ème siècle : 1929, 1993 et 2008 à aujourd’hui.
Des économistes ont mis en évidence des cycles économiques, courts, comme le cycle Juglar (7 à 11 ans), de
moyen terme, comme le cycle Kuznets (20 à 25 ans) ou long comme le cycle Kondratiev (50 ans). Depuis la fin
des années 70, ces cycles ne sont pas vérifiés économiquement.
V
Point vocabulaire : le mot crise est employé pour désigner un moment de rupture entre une situation
économique d’expansion et une récession, mais aussi pour désigner la période de récession ou de dépression.
Une crise conjoncturelle : c’est le moment du retournement d’un cycle, le passage d’une phase d’expansion à
une phase de récession ou de dépression.
Une crise structurelle (longue) : c’est une période longue de forte récession ou de dépression. Elle montre alors
la nécessité de transformations dans l’organisation de la production
Le mot récession est utilisé par l’INSEE pour désigner la situation de la France lorsqu’elle connaît deux
trimestres consécutifs de croissance négative.
II/
COMMENT EXPLIQUER CES FLUCTUATIONS ?
A. Des chocs d’offre et de demande
Document 5 : Les conséquences du Tsunami au Japon
Le Tsunami du 11 mars 2011 au Japon a provoqué des dommages directs de 16 900 milliards de yens
(147 milliards d’euros), sans compter les perturbations pour l’activité économique ni les conséquences de
l’accident nucléaire de Fukushima.
Cette somme correspond aux destructions subies par les habitations, entreprises et infrastructures de
la région du Tohuku (Nord Est du Japon), dévastée par un tremblement de terre de magnitude 9 et un tsunami
géant qui ont fait plus de 23 000 morts et disparus.
Maisons, bureaux, terres agricoles, ports, bateaux de pêches, lignes électriques, réseaux de
communication ont été détruits ou fortement endommagés.
Touchée par ce désastre, la troisième puissance économique mondiale a basculé dans la récession au
premier trimestre et les organisations internationales ont nettement réduit leurs prévisions de croissance.
A partir de : «Les destructions du Tsunami au Japon… », Le Monde, 24 juin 2011
Q1. Quelles sont les conséquences du tsunami sur l’activité économique et le niveau de la production ?
Q2. En vous servant de la définition des chocs d’offre et de demande, expliquez pourquoi le tsunami, au-delà
de la catastrophe humaine, peut être assimilé à un choc d’offre. (voir ci-dessous dans le cours)
V
Point vocabulaire : l’expression choc exogène est utilisée par de nombreux économistes pour désigner
un évènement extérieur à la sphère économique, qui a des effets sensibles sur l’économie, et qui échappe au
contrôle du gouvernement. Cela peut être l’évolution favorable ou défavorable des prix des matières premières,
d’une catastrophe naturelle, d’une modification des échanges avec un voisin pour des raisons politiques par
exemple. Cette expression est discutée par d’autres économistes qui réfutent le caractère auto-équilibrant de
l’économie de marché. A partir de Nathan, 2012
Document 6 : Choc de demande positif/ choc de demande négatif
A. l’ouverture de la Chine : un choc de demande positif pour le pays Bordas doc 3 p 49
B. Le marasme économique européen –et américain- se répercute jusqu’en Asie. Le rythme annuel de
croissance des exportations chinoises ralentit. (…) la Chine subit de plein fouet les effets de la crise de la dette
en Europe, premier débouché des produits chinois. « La situation grave et complexe de l’économie mondiale se
traduira inévitablement par une demande insuffisante. Les entreprises chinoises doivent répondre en améliorant
leur compétitivité », avait réagi le Vice-premier ministre chinois, promettant des futurs rabais fiscaux aux
entreprises exportatrices chinoises .
A partir de C. De La Guérivière, « La Chine s’inquiète du ralentissement économique de son premier client :
l’Europe ». le Figaro, 11 décembre 2011
C. Vladimir Poutine limite les importations européeenes de fruits et légumes, vidéeo septembre 2014
http://videos.tf1.fr/infos/2014/poutine-limite-les-importations-quelles-consequences-sur-les-8463877.html
Q1. Expliquez comment l’ouverture de la Chine a provoqué un choc de demande positif.
Q2. Pourquoi la baisse de la demande européenne est-elle un choc exogène pour la Chine ? Expliquez d’abord
pourquoi c’est un choc, et pourquoi celui-ci est exogène.
Q3. Quelles sont les conséquences de la décision de Vladimir Poutine en Europe ? En Russie ?
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Des chocs exogènes (voir point vocabulaire) peuvent éloigner la production effective de la production
potentielle. Un choc d’offre (positif ou négatif) correspond à des modifications importantes des
conditions de la production (par l’intermédiaire d’une hausse de la productivité ou du prix d’un facteur
de production). Cela va modifier le lien entre production et prix. Un choc d’offre est positif si les coûts
de production des entreprises baissent, ou négatif s’il ce coût augmente.
Un choc de demande perturbe la relation entre demande et prix.
Rayez les mentions inutiles après l’exercice ci-dessous :
Un choc d’offre modifie les quantités offertes à un prix donné
Choc d’offre positif : augmentation/ baisse des quantités offertes à un prix donné. La courbe d’offre se
déplace vers la ……………………
Exemple :
Choc d’offre négatif : augmentation /baisse des quantités offertes à un prix donné. La courbe d’offre se
déplace vers la ……………………..
Exemple :
Un choc de demande conduit à une modification des quantités demandées à un prix donné
Choc de demande positif : augmentation / baisse des quantités demandées à un prix donné. La courbe
de demande se déplace vers la …………… Exemple :
Choc de demande négatif : augmentation / baisse des quantités demandées à un prix donné. La courbe
de demande se déplace vers la ………………….. Exemple :
Un exercice pour mieux comprendre les effets des chocs exogènes :
Source : Nathan 2012
Document 7 : Effet accélérateur et effet multiplicateur des chocs de demande : Bordas doc 1 et 2 p 48
Q1. Pourquoi l’entreprise Foxconn a –t-elle réalisé des investissements ?
Q2. Pourquoi l’investissement surréagit-il par rapport à la demande ?
Q3. Quel est l’effet d’un investissement important dans une économie ?
Document 8 : les chocs d’offre liés à l’innovation : Bordas doc 1 p 50
Q1. Pourquoi peut-on parler de choc d’offre lors de l’arrivée d’innovations majeures dans une économie ?
B. Des chocs divers et cumulatifs
Document 9 : L’évolution du prix du pétrole, un choc d’offre et de demande à la fois, + Bordas doc 3 p 51
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Source : Nathan 2012
Q1. Calculez l’évolution du prix du baril de Brent entre 1990 et 2001, puis entre 2009 et 2011
Q2. Présentez l’impact potentiel de cette augmentation sur la demande, puis sur l’offre, dans les pays
importateurs de pétrole.
Document 10 : le cycle du crédit, facteur de fluctuations économiques
La théorie du « cycle du crédit » est simple : les récessions sont aggravées par les comportements des
banques. Lorsque l’activité recule, les banques deviennent plus restrictives dans la distribution du crédit,
puisque le risque de défaut des emprunteurs s’accroît, puisque la valeur des garanties hypothécaires qu’ils
peuvent apporter diminue. La restriction de l’offre de crédit dans les récessions peut aussi venir d’un
comportement excessivement prudent des banques, ce qui est la base des débats sur le risque que les banques
aggravent la crise. A partir de « Les banques amplifient-elles les crises ? » Flash économie, n°504, Natixis,
Nov 2008, in Nathan.
Q1. Qu’est-ce qu’un risque de défaut ? Un risque hypothécaire ?
Q2. Proposez un schéma montrant, de manière logique, comment la contraction des crédits bancaires peut
donner lieu à son tour à un ralentissement encore plus marqué de l’activité économique.
Q3. Montrez comment le crédit à taux d’intérêts faibles a engendré la crise en 2007 cf Bordas doc 1 p 52.
Q4. Mettez en évidence les effets cumulatifs des chocs en cas de crise (cf texte sur la déflatinon : schéma)
Synthèse du II
Rappel de première : qu’est-ce que la demande ?
La demande appelée aussi demande globale regroupe la demande extérieure et la demande extérieure :
investissement et consommation.
III/ LES POUVOIRS PUBLICS PEUVENT-ILS INTERVENIR SUR LES
FLUCTUATIONS CONJONCTURELLES ?
A. Pourquoi les pouvoirs publics interviennent-ils ?
1. Des exemples d’interventions :
Document 11 : Les plans de relance face à la crise de 2008-2009
La plupart des pays ont adopté des plans de relance de grande envergure, ajustant simultanément impôts et
programmes de dépenses. Une majorité de pays ont donné la priorité aux réductions d’impôts sur la stimulation
des dépenses (mais le Japon, la France, l’Australie, le Danemark et le Mexique font manifestement exception).
(…) Dans la plupart des pays, les allègements fiscaux touchent principalement l’impôt sur le revenu des
personnes physiques, et dans une moindre mesure l’impôt sur les sociétés. (…) Côté dépenses, pratiquement
tous les pays de l’OCDE ont lancé ou accéléré des programmes d’investissement public. (…) Les transferts aux
ménages sont devenus plus généreux. Perspectives économiques de l’OCDE, rapport OCDE mars 2009
Q1. Relevez les différentes mesures prises par les gouvernements pour faire face à la récession en 2009.
Document 12 : L’intervention de la Banque centrale
Couplés avec des chiffres médiocres de l'emploi américain, cette prévision de récession en Europe a fait reculer
les Bourses mondiales et le cours de l'euro, jeudi. Elle devrait renforcer dans leur argumentaire les
gouvernements - notamment français, italien et espagnol - qui demandent à la Banque centrale européenne
(BCE) de pratiquer une politique monétaire plus accommodante, afin de contrer une récession qui risque de
rendre insupportables les plans d'austérité des pays les plus endettés, tels la Grèce ou l'Espagne. Rachats
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d'obligations des Etats en difficulté et nouvelle baisse des taux d'intérêt seront donc au menu de la réunion de
la BCE, le 6 septembre. ,,,Alain Faujas © Le Monde 25 août 2012
Q1. Pourquoi les Etats ont-ils demandé à la Banque centrale européenne d’intervenir ?
2. Des dangers de l’inflation et de la déflation :
Document 13 : les dangers de l’inflation, l’exemple extrême du Zimbabwe
Hyperinflation au Zimbabwe entre 2007
et 2008 :
Un morceau de pain coûtait 1 milliard de
dollars zimbabwéens fin juin 2008.
Il y a à peine trois ans le Zimbabwe était hyper-inflationniste. Le trentième pays au monde à connaitre cette
situation et le tout premier du présent siècle. Si aujourd’hui en termes d’inflation, la situation est relativement
bonne du fait notamment de l’abandon de la monnaie nationale au profit des devises étrangères.(…)
Rappelons rapidement que c’est au mois d’octobre 2008 que l’inflation connut son pic historique, soit 98% en
taux journalier. Dit autrement, le taux d’inflation doublait tous les 24,7 heures. C’est le deuxième pire taux
d’inflation au monde depuis qu’il existe !
(…) Il existe une corrélation négative entre hyperinflation et croissance. En effet, l’inflation, et surtout
l’hyperinflation, a un effet désastreux sur les incitations des acteurs et l’information véhiculée par les prix au
sein du système économique.
D’abord, elle détruit la valeur du revenu et du patrimoine, notamment l’épargne, des agents économiques.
D’autre part, le calcul économique de l’entrepreneur, et sa volonté à investir, est fortement perturbé par
l’incertitude de l’évolution des prix. Le rendement de l’investissement peut fortement baisser du fait de
l’inflation. Si cette dernière est en plus volatile, cela ajoute un degré supplémentaire d’incertitude dans les
anticipations inflationnistes, et le rendement de l’investissement anticipé est encore plus difficile à évaluer : il y
aura logiquement moins d’investissement de la part des entrepreneurs. Par conséquent, l’inflation altère leurs
incitations à produire, à investir et donc à créer de la richesse.
Enfin, en hyperinflation, l’intermédiaire général des échanges qu’est la monnaie et qui est le véhicule de la
division sociale du travail, est totalement « corrompu » : il ne joue plus son rôle de « lien social » dans la
sphère économique, c’est à dire qu’il ne permet plus l’échange. Or la croissance repose sur la division du travail
permise par l’échange monétaire. Sans échange, l’activité économique s’écroule, et avec elle la croissance et le
revenu par habitant, et par ricochet, l’épargne et l’investissement se contractent encore, et ainsi de suite...
Aujourd’hui 63% des zimbabwéens vivent sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage atteignait 94% en
2009. A partir de : Oasis Kodila Tedika - Zimbabwe : comment l’hyperinflation a tué la croissance www.unmondelibre.org –janvier 2011
Q1. A partir de ce texte et de vos souvenirs de première, faites un schéma pour mettre en évidence les dangers
de l’inflation, en utilisant les mots : rendement anticipé, investissement, épargne, pouvoir d’achat, compétitivité
prix, confiance des agents économiques, exportations, production, salaires, échanges.
Document 14 : Quels sont les dangers de la déflation ? Hatier doc 3 p 49 + doc distribué en AP
La déflation naît en général de la faiblesse de la demande en situation de forte concurrence, qui oblige
les entreprises à baisser leurs prix pour trouver des acheteurs. (…)
La déflation pousse les consommateurs à retarder leurs achats. (…) S’enclenche alors un mécanisme
auto-entretenu : les consommateurs attendent la baisse des prix qu’ils anticipent, ce qui réduit la demande et
oblige les entreprises à réduire effectivement leurs prix et à procéder à des licenciements. (…) La déflation a
également pour effet d’accroître la valeur des dettes. En effet, si les prix baissent, 1 euro demain vaut plus que
1 euro aujourd’hui (…). La situation des entreprises, généralement endettées, devient alors vite critique : leurs
ventes diminuent et leurs dettes augmentent. Les faillites se multiplient, détériorant la situation des banques.
(…) Le crédit alors s’effondre, c’est ce qu’on appelle le credit crunch.
D’après Arnaud Parienty, « Déflation, attention danger ! » Alternatives économiques, n°215, juin 2003.
Q1. A l’aide du texte, faites un schéma mettant en évidence les dangers de la déflation :
Utilisez obligatoirement les mots : baisse de la demande, licenciements, baisse des prix, augmentation de la
valeur des dettes, baisse des crédits accordés.
Rappels de premières : qu’est-ce que l’inflation ?
L’inflation est l’augmentation de l’ensemble des prix dans une économie. En France, l’INSEE calcule
l’inflation avec un ensemble de biens et services communément consommés (l’IPC : indice des prix à la
consommation). L’inflation est une diminution de la valeur d’une monnaie.
La désinflation désigne le ralentissement de l’inflation, donc le ralentissement de l’augmentation des
prix (mais les prix augmentent toujours). La déflation désigne la baisse des prix. Attention à ne pas
confondre ces deux phénomènes.
B. L’intervention par la politique monétaire et la politique budgétaire
Document 15 : La politique de rigueur annoncée en septembre éà&éen France
La France présente aujourd’hui un déficit public à 4.5% du produit intérieur brut (PIB) associé à une dette à 90
% de ce même PIB … Et un engagement pris devant nos partenaires européens de réduire ce déficit à 3 % dès
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2013. L’exercice est d’autant plus délicat qu’entre-temps, la conjoncture s’est profondément dégradée. Non
seulement au niveau de la zone euro mais aussi un niveau national. (…) Les prévisions de croissance pour 2013
sont passées de 1.2 % à 0.8 %. (…) Dans ces conditions, impossible de compter sur le développement de
l’activité pour générer des recettes fiscales supplémentaires et adoucir l’effort de réduction des déficits. Le
gouvernement prévoit donc d’appuyer sur l’accélérateur en matière fiscale et sur le frein en matière de
dépenses publiques. Comment ? Les efforts requis dans le budget 2013 porteront aux deux tiers sur des
augmentations d’impôts et pour le tiers restant sur la réduction des dépenses publiques. Un choix qui
occasionne l’ouverture d’un chantier fiscal de grande ampleur modifiant sensiblement la répartition des efforts
entre les différentes catégories de Français : les plus aisés d’entre eux seront davantage sollicités que les
autres, et les grandes entreprises plus que les petites.
A partir de Thierry Pech « Rigueur : l’overdose », Alternatives économiques octobre 2012
Q1. Expliquez la phrase soulignée.
Q2. Quels sont les objectifs de la politique de rigueur annoncée par le gouvernement en France en 2012 ?
Q3. Quels sont les outils utilisés pour appliquer la politique de rigueur ?
Document 16 : Banques centrales et politique monétaire
a. La FED sort ses munitions
La FED, la banque centrale américaine, annoncé mi-septembre qu’elle achèterait 40 milliards de dollars par
mois de crédits immobiliers titrisés* sur une période indéterminée. Elle a également indiqué qu’elle soutiendrait
l’économie, même si une reprise se produit, afin de faire diminuer le chômage. Une politique moins destinée à
fournir des liquidités qu’à nourrir un climat d’optimisme. (Les taux d’intérêt sont déjà au plancher).
A partir de Alternatives économiques, octobre 2012, p 18.
*crédits immobiliers qui ont été transformés en titres financiers pour être revendu entre banques.
b. Lorsque l’économie ralentit, les Banques centrales essaient généralement d’abaisser les taux d’intérêt. Si les
taux sont faibles, les entreprises et les consommateurs seront plus susceptibles d’emprunter et par conséquent,
de dépenser ou d’investir cet argent, ce qui générera de l’activité économique. A l’inverse, augmenter les taux
d’intérêt accroît le coût de l’emprunt, ce qui peut aider à tempérer une économie en surchauffe.
Les banques centrales ne fixent pas directement les taux auxquels la plupart d’entre nous empruntent aux
banques. Elles déterminent en fait le taux à court terme – au jour le jour- auquel elles prêtent aux autres
banques, ce qui influe les taux fixés par les autres institutions bancaires. Les Banques centrales établissent une
cible pour ce taux au jour le jour, qu’on appelle le taux d’intérêt directeur.
(…) Certaines Banques centrales utilisent d’autres moyens pour soutenir le système financier (quand les taux
sont déjà proches de 0% par exemple) : elles achètent par exemple des actifs financiers, comme des
obligations d’Etat, à d’autres banques , ce qui accroît les liquidités des banques et leur pemret d’accorder
davantage de prêts aux entreprises et aux consommateurs, stimulant ainsi l’activité économique.
A partir de B. Keeley, P. Love, De la crise à la reprise, OCDE, 2010, in Nathan 2012.
Q1. Quel est l’objectif que souhaite de la FED lorsqu’elle achète des crédits immobiliers titrisés ?
Q2. Pourquoi les Banques centrales utilisent-elles parfois d’autres instruments que les taux d’intérêt pour agir
sur l’économie ?
Rappels de premières : qu’est-ce qu’une politique économique ? Une politique conjoncturelle ?
Les politiques économiques et sociales sont des actions des pouvoirs publics pour influer sur la
conjoncture économique, à court moyen ou long terme, dans le but d’améliorer le bien-être collectif.
On peut distinguer (bien que la distinction ne soit pas toujours facile à faire ni pertinente) les politiques
conjoncturelles (politiques monétaires et budgétaires, visant à influer à court terme sur la conjoncture) des
politiques structurelles (visant à améliorer les structures économiques et sociales du pays).
A court terme, les politiques conjoncturelles visent à assurer les grands équilibres du « carré magique » de
kaldor » : stabilité des prix, plein emploi, croissance, équilibre des échanges extérieurs.
Elles peuvent freiner l’économie en cas d’inflation ou au contraire la relancer en cas de croissance : il s’agit de
politiques contracycliques ; des politiques qui accentuent un cycle sont dites elles procycliques.
Rappels de premières : qu’est-ce qu’une politique monétaire ? Qu’est-ce qu’une politique budgétaire ?
Pour les politiques conjoncturelles, les pays disposent de la politique monétaire et de la politique
budgétaire et lorsqu’elles mènent les deux ensemble, il s’agit d’une policy mix (attention dans la zone euro, la
politique monétaire n’est plus du ressort des Etats, voir plus bas chapitre II).
Une politique monétaire est une politique qui agit sur l’évolution de la masse monétaire et des taux d’intérêt.
Trois types d’instrument sont utilisés : les taux d’intérêt directeurs, les réserves obligatoires et l’intervention de
la Banque centrale sur le marché interbancaire.
Une politique budgétaire est une politique qui agit sur les dépenses et les recettes de l’Etat pour réguler la
conjoncture, redistribuer et produire des biens publics.
On peut distinguer deux types de politiques conjoncturelles:
- des politiques de relance (de stimulation par la demande) d’inspiration keynésienne
- des politiques de rigueur (dites aussi : de freinage, de stabilisation, de stimulation par l’offre).
. Les politiques de relance, de stimulation par la demande, d’inspiration keynésienne :
- Diagnostic : une croissance atone liée au manque de débouchés
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COURS DE TERMINALE ES – CSI – 2014/2015 – A. STRATAKIS THEME 1 Croissance, fluctuations et crises CHAPITRE 2
- Objectif : stimuler la demande privée et publique (consommation et investissement)
- Moyens : .Politique monétaire expansive …………….. des taux d’intérêt
.Politique budgétaire expansive ………………des dépenses publiques, déficit …………..
.Hausse des minima sociaux et des salaires des fonctionnaires et du SMIC
. Baisse de la fiscalité éventuellement
Risques :
.Endettement et effet d’éviction de la dette sur les marchés financiers (la dette publique absorbe l’épargne au
détriment du privé)
.Déficit extérieur (M>X), si l’offre intérieure ne peut satisfaire le surplus de demande
.Inflation si le surplus de demande fait pression sur l’offre (D>O) avec les taux d’intérêts bas.
Les politiques de rigueur, de stimulation par l’offre, d’inspiration libérale :
-Diagnostic : la production est freinée par des effets désincitatifs sur les facteurs de production (coût du travail,
inflation, organisation des marchés trop rigide…)
- Objectifs : rétablir les profits qui feront les investissements de demain et les emplois d’après-demain, rétablir
la confiance des acteurs économiques par une maîtrise de l’inflation et des déficits, rétablir la compétitivité.
- politique monétaire restrictive ……………….des taux d’intérêts
- politique budgétaire restrictive ……………….des dépenses publiques, baisse de la fiscalité,
stagnation des salaires des fonctionnaires et faible progression du SMIC.
- flexibilisation, moindre réglementation (politiques « structurelles »).
Risques : .Contraction de la demande et donc de la croissance
.Hausse du chômage
.Appréciation de la monnaie, qui attirera des capitaux, mais défavorable aux exportations (baisse de la
compétitivité-prix malgré la baisse de l’inflation).
Q1. Expliquez par quels mécanismes le déficit budgétaire peut relancer la demande. Faites un schéma
Synthèse du III Les politiques conjoncturelles ont pour objectif d’agir sur les fluctuations
économiques. On distingue les politiques budgétaires et les politiques monétaires. L’une est l’autre
sont utilisées soit pour relancer la croissance lorsque la croissance réelle s’éloigne de la croissance
potentielle, on parle de politiques budgétaires de relance, ou pour freiner la croissance lorsqu’il y a
des tensions inflationnistes, on parle alors de politiques budgétaires de rigueur. Pour les politiques
monétaires, on parle de politique monétaire expansive ou de politique monétaire restrictive.
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