13ème année de parution Bulletin mensuel d'informations N°11 et 12 - Novembre et décembre 2013 Edito Sommaire Données clés Focus : Le luxe au Brésil__________________ 2 Environnement socio-politique_________________ Brèves Dilma Roussef en hausse dans les sondages Visite du Président Hollande au Brésil Au cours de sa visite éclair (moins de 30 heures) au Brésil, François Hollande, accompagné de 7 ministres et de deux présidents de région dont Jean-Paul Huchon, a insisté sur la proximité sociétale entre le Brésil et la France et l’importance du développement du commerce entre les deux pays dans un contexte économique global , maintenant sur le chemin du redressement. (…) Ne manquez pas de consulter l’article du journal Le Monde du 14 décembre qui offre un excellent résumé de ce voyage. Jean-Pierre Bernard Tableau de bord et environnement économique____ 3 4 Goldman Sachs délivre sa vision de l’économie brésilienne en 2014 et 2015 La fondation Gétulio-Vargas annonce un léger repli de l’économie-souterraine Taux de chômage record au Brésil Commerce extérieur_________________________ 6 Accord historique à l’OMC et plainte de l’UE contre le Brésil Visite du Ministre brésilien de l’Industrie et du commerce extérieur en France Bénéfice en trompe l’œil pour la balance commerciale Brésilienne en 2013 Secteur automobile_________________________ Brésil 7 Succès pour les pneus Michelin au Brésil L’Anfavea présente son programme « Exportar-Auto » Hausse progressive du taux d’imposition sur l’achat de véhicules neufs en 2014 Agro-industrie_____________________________ 7 Casino dévoile sa stratégie au Brésil pour 2014 - 2016 Le « pão de queijo » et le « guarana » à la conquête du monde ? 14 nouveaux « varejistas » réalisent un CA de plus d’1 milliards de réais en 2013 Superficie : 8,5 millions de km2, 5ème plus grand pays du monde Population : 201 millions d'habitants (+0,9%) Age moyen : 30,3 ans PIB 2013 : 2.190 milliards USD 7ème économie mondiale PIB/hab. 2013 : 10.180 USD Taux de croissance 2013 : 2,2% Notation Coface pays : A3 Secteurs énergie et environnement______________ 8 Notation Coface environnement des affaires : A4 Services, commerce et loisirs__________________ 9 Transport et infrastructures___________________ 10 Classement Banque Mondiale Doing business « Facilité à faire des affaires » : 130/185 pays Fin d’année difficile pour Petrobrás en 2013 GDF Suez remporte les licences d’exploration de 6 sites gaziers EDF cherche à se positionner coûte que coûte au Brésil Les majors de l’habillement se développent prudemment au Brésil La 2ème plus grande banque chinoise (CCB) prend le contrôle de Bic Banco Arianespace et Thales signent un contrat de 400 millions d’USD pour la fourniture et le lancement d’un satellite Avancées dans la mise en service du pont reliant la Guyane française au Brésil Situation désastreuse des aéroports brésiliens d’après le directeur de l’IATA Le secteur immobilier brésilien : boom ou spéculations ? 1 Sources : IBGE, CIA the World Factbook Focus Le luxe au Brésil Panorama Le Brésil a généré 4,5% du CA du secteur du luxe dans le monde en 2012. 1er marché d’Amérique Latine (2 milliards d’€ de CA/AN en moyenne), le secteur affiche une croissance de 20% par an depuis le début de la décennie. Environ 1 million de personnes forment la classe « très » aisée brésilienne (AAA), ces derniers ont vu leur pouvoir d’achat augmenter de près de 30% au cours des 10 dernières années. Selon le magazine Forbes, le Brésil compterait chaque jour 19 millionnaires (en réais) de plus. A titre d’exemple, les ventes de Porsche ont augmenté de 3 500% sur cette période ! Ce marché est très concentré géographiquement. En effet 70% du CA est généré dans la mégapole de São Paulo où réside la majorité de la population aisée du pays, puis viennent les villes de Rio de Janeiro et Brasilia (d'après l'étude "Bossa & Beautiful, le XXIe siècle made in Brasil", d'Helene Capgras et Helen Kupfer, 2012-2013). Sans compter les achats de moyens de transports, un(e) riche brésilien(ne) de la classe AAA dépense, en moyenne, 24 000 €/an en produits de luxe. Quelles opportunités pour les marques françaises ? Elles sont d’abord en France ! Pour l'instant, le poids des ventes au Brésil pour les marques françaises (une quarantaine de griffes tricolores) reste en-dessous de la taille du marché. Avec des prix jusqu'à 50% plus chers au Brésil en raison des droits de douanes et taxes diverses, plus de 60% des achats de luxe des brésiliens se font à l’étranger (à Miami aux Etats-Unis et dans les capitales européennes). En France, les visiteurs brésiliens arrivent en quatrième position en termes de dépenses, devant les américains. Ainsi, les marques françaises, pour se faire connaître, peuvent commencer par développer un site en portugais, pénétrer les réseaux sociaux brésiliens (2ème pays possédant le plus grand nombre d’abonnés Facebook) ou acheter de la publicité. Un point de vente à Paris disposant de vendeurs lusophones est indispensable pour espérer attirer les riches brésiliens en vacances. La qualité de service « atendimento » dans son pays étant excellente, le client brésilien devra se sentir unique dès l’instant où il franchira la porte de la boutique ! La notion de service est essentielle dans ce pays qui compte le plus de personnel de maison par habitant au monde. Pour les marques de luxe qui ont les ressources pour se lancer au Brésil, l’ouverture de points de vente se fera dans les centres commerciaux de luxe, les fameux Shoppings, en très forte expansion (leur nombre doit doubler au cours des 5 prochaines années). Il existe deux groupes principaux dans le secteur des Shoppings de luxe, le leader IESC (centres Iguatemi, 120 000 m2) et son challenger JHSF (centres Cidade Jardim et Cidade Shopping Shops, 43 000 m2). Chacun possède un service spécialisé dans la traque des nouvelles marques occidentales. Leurs modes d’action? Les marques apportent leur nom, leurs codes visuels et leur marchandise, au Shopping de s'occuper du reste, depuis la location de l'espace jusqu'aux relations avec la clientèle. Pour les marques pointues et plus confidentielles qui n’ont pas la chance de se faire repérer par les Shopping, ces dernières peuvent faire appel aux services d'Acaju do Brasil, startup créée par un français qui possède un Show-Room à São Paulo et des contacts auprès de divers points de vente, ou bien passer par les sites de vente en ligne brésiliens (Coquelux, Myfrenchdressing, Privalia) pour distribuer leur produit directement dans le pays. Enfin, São Paulo abrite chaque année « Expo Luxo » salon international dédié au luxe, occasion de « sentir soi-même le marché » sans engager des moyens conséquents. Ils sont au Brésil... En dehors des « grands » du luxe, des PMEs haut de gamme et des industries de pointe sont présentes : - Louboutin Bon point Ladurée Petrossian Vilebrequin L’Occitane Vicomte A. Paule Ka. Weil Lanvin Pronuptia Jeanneau et Bénéteau (nautisme) - Cristallerie Saint-Louis Le consommateur brésilien et le luxe Les Brésiliens sont très sensibles à la marque. Il y a ainsi une forte aspiration à être vu avec un produit griffé, notamment pour les primo-accédants à ce marché. Ce comportement ostentatoire, inspiré d’un mode de vie à l’américaine auquel aspire la jeunesse brésilienne, peut être perçu comme « bling bling » depuis le vieux continent. Le seul groupe de consommateur du luxe qui décroît au Brésil est celui des consommateurs « historiques », issus des vielles familles industrielles, au puissant pouvoir d’achat et à la connaissance poussée du luxe. Les autres (les jeunes ménages de cadres, les nouveaux riches, la jeunesse dorée) ne possèdent pas de « culture du luxe » et adoptent des comportements de consommations qui leurs sont entièrement dictés par les médias et la publicité. Autre aspect important, les brésiliens évoluent dans un marché où la frontière entre le premium et le luxe haut de gamme est altérée par une fiscalité très contraignante. Ainsi, le prix d’un produit de moyenne gamme importé sera identique à celui d’un produit de luxe brésilien. Par exemple, les marques européennes grands publics Petit Bateau, Zara ou Top Shop sont considérés au Brésil comme des enseignes haut de gamme et pratiquent des prix très élevés. 2 Environnement socio-politique Brèves Dilma Roussef en hausse dans les sondages Dans un sondage Datafolha réalisé fin novembre, 86% des brésiliens approuvent l’emprisonnement des condamnés du procès du « mensalão ». Le résultat d’une enquête réalisée fin novembre par la CNI (Confédération Nationale de l’Industrie) et Ibope (cf. graphique ci-contre), nous apprend que le taux d’approbation du gouvernement de la présidente Dilma Roussef s’élève désormais à 43%, contre 37% en septembre. Cette proportion est similaire chez les sympathisants du PT, mais s’élève à 99% chez les « tucanos » du PSDB. A noter qu’à la même période de son 2nd mandat, le gouvernement du Président Lula recueillait 72% d’opinion favorable. Lors de son 1er mandat, ce score n’était que de 29%. 86% de la population approuve l’emprisonnement des condamnés du Mensalão SIDA : Progression de l’épidémie chez les jeunes L’épidémie progresse au sein de la population, elle a cru de 12% entre 2005 et 2012. Actuellement, environ 40 000 personnes seraient porteuses de la maladie au Brésil. Elle progresse plus vite chez les jeunes et les homosexuels masculins. Evolution de l’opinion concernant le gouvernement - bon - normal, satisfaisant Pour le gouvernement de Dilma Roussef, le taux varie fortement en fonction du thème considéré : faim et pauvreté est le mieux évalué avec 53% d’approbation, tandis que les items santé, sécurité publique, taux d’imposition, taux d’intérêt oscillent entre 24 et 28%. Lorsque l’on se concentre sur l’approbation personnelle de la Présidente Dilma Roussef, le taux - bon d’approbation s’élève à 56% contre - normal, satisfaisant 54% en septembre (variation dans la - mauvais marge d’erreur). Avant les contestations du mois de juin, ce taux était de 79%, puis avait chuté à 45% pendant les événements. Le taux de désapprobation baisse lui de 40 à 36% entre septembre et décembre. La Présidente est la plus appréciée dans les États pauvres et peu industrialisés d’Amazonas, Rondônia, Piauí et Ceará. Elle recueille le moins d’opinion favorable dans les États riches de São Paulo, Espírito Santo e Rio de Janeiro. L’enquête a été réalisée auprès de 15 414 L’ONU reconnaît la situation difficile des noirs au sein de la société brésilienne Niveau d’approbation de la Présidente Dilma Roussef en fonction des États Le groupe de travail de l’ONU sur les afro-descendants était en visite au Brésil début décembre. personnes, dans 727 municipalités. Lors de sa conférence de presse, la porte parole de la délégation a regretté « un grand contraste entre la précarité de la situation des noirs et la croissance économique de ces dernières années au Brésil (…) Il existe de grandes différences d’accès à l’éducation, à la justice, aux services publics entre noirs et blancs.» Fin novembre, Datafolha a publié les résultats d’une autre enquête réalisée auprès de la population brésilienne visant à évaluer, par comparaison à Dilma Roussef, les intentions de votes pour les potentiels candidats aux élections présidentielles de 2014. Il s’agissait, pour chaque sondé, de choisir entre la candidate du PT (Parti Travailleur) et un opposant dans le cadre d’un 1er et 2ème tours. Les personnes noires et métissées d’origine africaine représente 52% de la population brésilienne. Source : http://noticias.uol.com.br/infograficos/2013/12/13/pesquisa-cni-ibope.htm … Au 1er tour, l’actuelle présidente arrive en tête dans toutes les configurations (sauf contre Lula). Au total elle recueille entre 41% et 47% en fonction de ses adversaires. Par contre, même s’ils se disent prêts à re-voter pour elle, 2/3 des sondés souhaitent que ses actions et sa politique soient différentes. D’après ce sondage, son adversaire le plus dangereux serait Marina Silva (écologiste récemment affiliée au PSB et arrivée 3ème aux dernières élections). Si cette dernière devait se présenter, elle empêcherait la Présidente d’être élue dès le 1er tour alors que cela serait le cas avec les autres candidats. L’autre candidat possible du PSB, le sénateur du Pernambouco Eduardo Campos, n’obtiendrait lui que 9% des voix. L’adversaire historique du PT, le PSDB (Partido da Social Democracia Brasileira) ne recueille avec son candidat le sénateur du Minas Gerais Aécio Neves, que 14% des intentions de vote au 1er tour. 3 Tableau de bord et Sources : www.ibge.gov.br - www.fgv.br - www.oanda.com - www.escgaspar.com.br/igpm.htm - www.anfavea.com.br - http://www.bcb.gov.br/?INDECO Accord pour la renégociation de la dette d’OGX Goldman Sachs délivre sa vision de l’économie brésilienne en 2014 et 2015 La compagnie pétrolière OGP (ex OGX) d’Eike Batista a annoncé, le jour de Noël, être enfin parvenu à un accord avec ses créanciers étrangers pour renégocier sa dette de 5,8 milliards de dollars, contre une participation de 90 % dans l'entreprise. Lors d’un événement organisé par l’Ibef (Institut brésilien des professionnels de la finance) fin novembre, le président du Conseil d’administration de Goldman Sachs Brésil, Paulo Leme, a présenté la vision de son groupe concernant l’évolution de l’économie brésilienne à court terme. OGX avait demandé son placement en redressement judiciaire fin octobre après l'échec des premières négociations. Les détenteurs de bons émis par la filiale OGX Autriche, investiront finalement entre 200 millions et 215 millions de dollars pour couvrir les coûts opérationnels de la compagnie et ses besoins de trésorerie. Cet accord doit encore être validé par le Tribunal des faillites de Rio et devrait permettre à OGP d’éviter le dépôt de bilan. Le président de la compagnie, Paulo Narcelio Simoes Amaral, a qualifié l'accord « d'important vote de confiance » pour l'avenir de l'entreprise et a estimé qu'elle disposait désormais « des bases suffisantes pour s'intégrer aux perspectives prometteuses du secteur pétrolier brésilien ». La 2ème plus grande banque chinoise prend le contrôle de la banque brésilienne Bic Banco La China Construction Bank (CCB) a annoncé le 1er novembre 2013 avoir signé un accord pour prendre le contrôle de la Bic Banco (Banque Industrielle et Commerciale). La CCB va acquérir 72% de son modeste homologue brésilien basé à São Paulo pour 716 millions USD. Jusqu’à maintenant Bic Banco était contrôlé par la famille fondatrice Bezerra de Menezes depuis 1938. Il s’agit de la 1ère acquisition d’une banque étrangère pour CCB. Cette dernière continuera de décélérer dans les deux prochaines années. L’accroissement du PIB ne sera que de 2% en 2014, et 1,5% en 2015. En parallèle, il prévoit une élévation des taux directeur à 10,5% l’année prochaine et 12% en 2015. Un ajustement des taux d’imposition n’est selon lui pas à prévoir pour l’année électorale à venir. La politique monétaire continuera d’être expansionniste grâce aux crédits accordés par les Banques Publiques pour financer les importants programmes d’infrastructures et via la hausse continue des salaires. Ce dernier phénomène amplifiera le désavantage du Brésil en matière de coûts de production élevés en comparaison avec les autres pays émergeants ou moins avancés. L’inflation continuera d’être élevée, autour de 6% par an (5,73% en 2013), et les différentes mesures prises par le gouvernement n’arriveront pas à la juguler efficacement. L’accroissement du PIB est aussi réduit par le niveau élevé d’épargne privée qui limite considérablement l’investissement interne. Au lieu de cela, le pays est trop dépendant des ressources externes pour alimenter sa croissance, alors même que le réal est en difficulté sur les marchés financiers et que le déficit de la balance des paiements continuera de se creuser (8 milliards USD en 2013, 15 en 2014). Il estime qu’en 2014, le déficit commercial sera quant à lui de 5 milliards USD. L’autre problème est que les politiques actuelles visent l’augmentation de la consommation des ménages, plutôt que de chercher à encourager l’investissement privé. Paradoxalement, un des rares éléments positifs envisagé est le désengagement programmé des fonds américains à partir de 2014 (fin de la politique monétaire expansionniste des Etats-Unis) qui obligera l’économie brésilienne à chercher des ressources sur son marché interne ce qui aidera à corriger le déséquilibre de son financement. De plus, le réal devrait se stabiliser face au dollar à un taux de change compris entre 2,6 R$ et 2,8 R$ pour 1 $. 4 Environnement économique La Fondation Getulio-Vargas annonce un léger repli de l’économie sous-terraine Une étude réalisée par l’Ibre-FGV (Institut Brésilien d’Economie de la Fondation Getulio-Vargas) et rendue publique au mois de novembre nous apprend que l’économie sous-terraine (secteurs informel et illégal) aurait généré 760 milliards de R$ (253 milliards d’euros) de CA en 2013. Soit une baisse de 0.8% par rapport à l’année précédente. Les chercheurs estiment que le taux de chômage, très bas, favorise une réduction du secteur informel au profit du secteur formel. Des allégements fiscaux spécifiques, qui ont atteint une valeur de 18 milliards de R$ cette année, ont également contribué à sortir de l’illégalité certains travailleurs et petits entrepreneurs. Taux de chômage record au Brésil Le taux de chômage au Brésil a atteint son plus bas niveau en 20 ans avec 4.4% de demandeurs d’emplois en décembre 2013. Près d’1,12 millions d’emplois ont été créés au Brésil cette année, mais il s’agit de l’accroissement le plus faible depuis 2003. Le nombre de Source : FMI postes disponibles dans l’industrie, l’agriculture et la construction a ainsi diminué cette année. Les créations d’emploi dans le secteur tertiaire, et le commerce notamment, ont au contraire augmenté. L’IBGE, qui a publié ces chiffres au début du mois de décembre, explique cette baisse par une diminution de la population active, plutôt que par la création de nouveaux emplois. Bien que le nombre de personnes en âge de travailler ait augmenté d’1,5%, la population active enregistre une baisse de 1% en 2013. En effet, les jeunes font des études plus longues ce qui retarde leur entrée sur le marché du travail, les brésiliens en recherche d’emploi sur un marché en tension ne s’enregistrent pas automatiquement et les plus âgés partent plus tôt à la retraite, grâce à des revenus élevés en fin de carrière. 6ème hausse consécutive du taux directeur Selic Evolution du taux Selic – en % de variation par an Start-up : Hausse des investissements réalisés par les business-angels L’organisation « Anges du Brésil » a annoncé que les investissements des business – angels (investisseurs individuels) s’étaient élevés à 619 millions de réais (206 millions d’euros) entre juillet 2012 et juin 2013. Sur la période précédente, ces fonds avaient représenté 495 millions de réais (165 millions d’euros). Le Copom (Comité de politique monétaire) de la Banque Centrale a pour la sixième fois consécutive cette année augmenté le taux directeur de l’économie brésilienne, le taux Selic. Le 27 novembre, celui-ci est passé de 9.5% à 10% par an (niveau similaire à mars 2012). D’après les analystes, ce taux ne devra repasser sous la barre des 10% qu’en 2017. La modification du taux directeur est un des principaux outils permettant d’influencer l’inflation. Mais, comme un aveu d’échec, le Copom a enlevé dans son communiqué la mention indiquant que l’augmentation du taux visait à réduire l’inflation. Depuis 3 ans, l’objectif affiché de la Banque Centrale est d’atteindre une inflation de 4.5% par an, sans succès. D’après son Président, Alexandre Tombini, la hausse des prix devrait se poursuivre et atteindre 5.82% en 2014, puis 5.96% en 2015. Pour contrôler efficacement l’inflation, le taux Selic devrait, selon M. Tombini, être encore relevé à deux reprises pour atteindre 10.5% fin 2014. Les taux d’intérêt réels pratiqués par les banques de dépôt brésiliennes varient en fonction de l’emprunteur, mais sont systématiquement très élevés. En 2012 et 2013, la moyenne était de 30%. D’après les statistiques de la Banque Mondiale, ils ont néanmoins chuté de 55% depuis15 ans. 5 Le montant moyen investit par opération est de 96 mille réais, injectés dans le capital des sociétés. Dans 80% des cas, c’est l’entreprise qui reçoit qui est à l’origine du contact. Les business-angels ne sont pas à la recherche d’opérations à financer, et craignent devoir assumer les dettes potentielles des petites sociétés dans lesquelles ils investissent. Pourtant, la législation brésilienne les protège, mais cette protection est moins claire que dans le droit anglo-saxon d’après Cassio Spina, fondateurs des « Anges du Brésil ». Commerce extérieur Sources : Statistiques du Secrétariat du commerce extérieur et http://www.desenvolvimento.gov.br Accord historique à l’OMC lors du sommet de Bali et plainte de l’UE contre le Brésil Cela faisait près de 20 ans que les membres de l’OMC (159 pays) n’avaient pas conclu un accord global, de cette envergure, visant à intensifier le commerce international (+1000 milliards USD). Les mesures adoptées permettent de simplifier les procédures (temps, coûts, transparence) du commerce international, et pour les pays moins avancés, de vendre leur marchandise plus facilement en franchise de droits de douane dans les pays développés, notamment les matières premières agricoles. Les experts brésiliens se félicitent de cet accord, jugé « à minima » par certains, et y voient l’occasion d’intensifier leurs échanges avec des pays ou blocs jusque-là délaissés, notamment la zone Pacifique. Le commerce extérieur brésilien représente seulement 1,5% du commerce mondial. Signé le 7 décembre, sous l’égide du nouveau directeur brésilien de l’OMC, Roberto Azevêdo, cet accord va dans le sens d’une proposition commune des pays membres du Mercosul à l’Union européenne, dans le cadre des accords de partenariat économique entre les deux blocs. Cependant les questions des subventions agricoles de l’Europe et de la taxation des importations au Brésil demeurent toujours des points de blocage, qui n’ont pas encore trouvé de résolution au sein des enceintes de l’OMC. Ainsi, le 19 décembre, l’UE a déposé une plainte accusant le Brésil de ne pas respecter les règles du commerce international, en adoptant une tarification douanière protectionniste, notamment dans le secteur automobile (Programme Inovar Auto). Les deux parties ont 60 jours pour trouver un consensus et éviter la formalisation de la plainte. Visite du Ministre brésilien de l’Industrie et du commerce extérieur en France En visite officielle à Paris début Novembre, le Ministre brésilien de l’Industrie et du Commerce extérieur, Fernando Pimentel en photo ci-dessus, a lors d’une interview expliqué que son pays militait activement pour mettre en place un espace de libre-échange au sein du Mercosul avant la fin 2014. Une proposition en ce sens a été faite à ses partenaires en fin d’année et qui a été bien reçue selon le Ministre brésilien. A l’origine, la mise en place d’un tel espace n’est prévue qu’en 2019. Les échanges commerciaux entre le Brésil et le reste de l’Amérique du Sud s’élèvaient à 7,6 milliards USD en 2012, avec un solde positif de 9,6 milliards pour le Brésil. Il n’a pas non plus manqué de demander le soutien de la France dans le cadre des négociations des accords économiques UE-Mercosul, dont le Brésil est le moteur en Amérique du Sud. M. Pimentel a ensuite visité des centres de recherche sur l’énergie voltaïque et des entreprises spécialisées (ECM Technologies) dans l’objectif de développer cette énergie au Brésil et d’attirer les investisseurs. En 2012, il avait déjà signé un accord de coopération technologique sur ce secteur avec la France. Il a également rencontré les Ministres français du Redressement productif, de l’Enseignement supérieur et de la recherche ainsi que des proches conseillers du Président Hollande (Christian Lechervy e Emmanuel Macron). 6 APE : l’UE demande un délai supplémentaire d’un mois pour étudier la proposition du Mercosul Début décembre, l’Union européenne a demandé aux diplomates sudaméricains (Brésil, Uruguay, Argentine, Paraguay) en charge de la rédaction de la proposition du Mercosul concernant les accords de partenariats économiques (APE), de décaler d’un mois le rendu. Le dépôt de la plainte de l’UE contre le Brésil à l’OMC (cf. article ci-contre) pourrait être une explication. Le Brésil espère parvenir à finaliser l’accord en 2014 et a demandé le soutien de la France dans les négociations, lors de la visite de François Hollande au Brésil. Bénéfice en trompe l’œil pour la balance commerciale Brésilienne en 2013 En 2012, le bénéfice de la balance commerciale fut de 19,4 milliards USD. En 2013, elle ne parviendra à l’équilibre qu’en ayant repoussé certaines dépenses énergétiques à 2014 et en intégrant, en avance, le résultat de la vente de plateformes pétrolières qui n’ont pas encore quitté le pays. Jusqu’au 15 décembre 2013, le déficit était de 15 millions USD. Secteur Automobile L’Anfavea présente son programme « Exportar-Auto » Succès pour les pneus Michelin au Brésil Entre janvier et décembre, Michelin a écoulé plus d’un millions de pneus destinés aux bus et camions, dont la moitié a été directement livrée aux usines d’assemblage de véhicules (MAN Latin America, Mercedes-Benz, Scania, Volvo, Navistar, Agrale, DAF, etc.). Les ventes ont augmenté de 23% par rapport à l’année passée, et devraient croitre encore de 15% en 2014. Ces bons résultats sont notamment dus à la baisse des taux d’intérêts de la ligne de financement PSI du BNDES (banque de développement brésilienne) qui a soutenu les ventes de camions et de matériels agricoles. Le CA de la société dans les équipements pour véhicules agricoles a cru de 9% en 2013 au Brésil. L’Anfavea a présenté le 26 novembre son programme « Exportar-Auto » qui vise à promouvoir les exportations de véhicules par l’amélioration de la compétitivité de la production brésilienne. L’objectif est de vendre à l’étranger près d’1 million de véhicules en 2017, dont 40 mille unités de véhicules agricoles. En 2005, le pays avait réussi à exporter 970 mille véhicules. En 2012, seul 486 mille unités ont été exportés. D’après le président de l’Anfavea, Luiz Moan, le manque de compétitivité de l’industrie automobile est due à des prix d’achats élevés des matières 1ères, une taxation importante, des taux de change désavantageux et d’importants retards de livraisons dus à une chaine logistique déficiente. « Exportar-Auto » est un package de mesures proposant la mise en place d’allégements fiscaux, d’assurance à l’exportation, de facilitation d’accès au crédit, de simplifications douanières et la réalisation de travaux afin d’améliorer la chaine logistique de transport au Brésil. Hausse progressive du taux d’imposition sur l’achat de véhicules neufs en 2014 Le gouvernement brésilien a publié mi-décembre dans le Journal Officiel, le décret qui fixe le taux d’imposition sur les produits industrialisés, l’IPI qui concerne notamment les véhicules neufs. Ce taux est fixé à 3% du prix de vente du véhicule jusqu’au 30 juin, puis passera à 7% jusqu’à la fin de l’année pour les véhicules diesel de 1ère génération. Le taux avait été fixé à 2% fin 2013. Les voitures moins polluantes (système flex) affichent des taux plus élevés (9 puis 11%). Le taux pour les véhicules à essence sera de 10% puis 13%. Les acheteurs de véhicules de transports ne seront taxés qu’à hauteur de 4%. Honda et BMW lancent les travaux de leurs usines d’assemblage au Brésil – Land Rover annonce la construction de sa 1ère usine Nous vous faisions part dans le Bulletin précédent du développement de plusieurs groupes automobiles au Brésil. La fin d’année 2013 fut, elle aussi, riche en annonces. Le 26 novembre dernier, Honda a posé la première pierre de sa deuxième usine de production automobile au Brésil. Le site se situe à Itirapina, dans l’intérieur de l’Etat de São Paulo. A partir de 2015 y seront produits les modèles FIT, City, Suv compacto Vezel, doublant ainsi les capacités d’Honda au Brésil avec 240 000 unités sortant de ses chaines de montage par an. L’investissement est estimé à 1 milliards de réais, l’usine occupera une surface de 5,8 millions de m2. et sera capable de produire jusqu’à 120 mille véhicules par an. Elle générera la création de 2000 emplois directs. L’autre usine du groupe est installée à Sumaré. BMW a choisi la ville d’Araquari, dans le Nord de l’Etat de Santa Catarina, pour construire sa première usine (500 mille m2 de surface construite) en Amérique Latine pour un coût de 600 millions de réais (200 millions d’euros). La production, d’une capacité de 32 mille unités par an, débutera en octobre 2014 (modèles 320i ActiveFlex). La première voiture urbaine entièrement électrique, l’i3, sortira également de l’usine d’Araquari. Au même moment, le constructeur britannique Jaguar Land Rover (groupe Tata motors) a annoncé la construction de sa première usine brésilienne dans la ville d’Itatiaia, dans l’intérieur de l’Etat de Rio de Janeiro pour un montant estimé à 1 milliard de réais. Entre janvier et octobre de cette année, le groupe a écoulé près de 9 000 véhicules au Brésil, soit 10% de moins que ces concurrents directs BMW et Mercedes-Benz qui produisent déjà, ou ont annoncé plus tôt dans l’année, leur intention de produire dans le pays. 7 Agro-industrie De nouveaux débouchés pour la viande bovine brésilienne D’après l’Abiec (Association brésilienne de l’industrie exportatrice de viande), entre janvier et décembre 2013, les exportations brésiliennes de viandes bovines ont atteint la valeur inédite de 6 milliards d’USD (+14.5% par rapport au CA de 2012). Le principal acheteur est Hong Kong (21,8%), suivi de la Russie (18,5%), du Venezuela (12%). Entre 2000 et 2013, 40 nouveaux pays sont devenus importateurs de viandes brésiliennes. Actuellement, 12 pays bloquent les importations de viandes bovines en provenance du Brésil. Le Brésil recevra en janvier 2014 une délégation de techniciens chinois qui devront autoriser ou refuser au Brésil le droit d’exporter de la viande bovine dans leur pays. L’Arabie Saoudite effectuera le même type de mission en février. Des missions de promotion de la viande bovine brésilienne sont aussi prévues en France, aux EAU, en Iran et en Espagne en 2014. Casino dévoile sa stratégie au Brésil pour 2014-2016 Le Président de Casino, Jean-Charles Naouri a dévoilé début décembre la stratégie du groupe au Brésil. Le groupe a acquis la chaine de supermarchés de centre-villes, Pão de açucar en juin 2012. M. Naouri est devenu le Président du CA du groupe brésilien en septembre dernier. L’objectif est l’accroissement des volumes des ventes et la réduction des prix dans les magasins. Une des priorités pour y parvenir est l’expansion du groupe dans les supermarchés de quartiers « pas par centaines, mais par milliers » ce qui impliquera d’importants efforts financiers afin d’étendre encore son réseau dans le pays. JeanCharles Naouri compte aussi développer, sur du long terme, la communication du groupe afin de faire accepter Casino comme un « varejista » (détaillant) 100% brésilien. Carrefour change son directeur Brésil Le 4 novembre 2013, Charles Desmartis a pris la tête du Brepa Comércio e Participações Ltda (BREPA) en remplacement de Luiz Fazzio, holding du Groupe Carrefour au Brésil. Avec un chiffre d'affaires de plus de 12,5 milliards d'euros en 2012 et plus de 68.000 collaborateurs, le Brésil est le 2ème marché du Groupe. Le « pão de queijo », le « guaraná » et la « Bhrama » à la conquête du monde ? D’après l’enquête annuelle sur les tendances de la consommation réalisée par le cabinet britannique Mintel et publiée le 23 novembre, les produits typiquement brésiliens devraient bénéficier de l’exposition générée par les grandes compétitions sportives qu’ils s’apprêtent à accueillir. Les chercheurs de l’étude prévoient qu’ « En 2014, le Brésil sera une des principales sources d’inspirations de la planète ». La publicité dont va bénéficier le pays pendant la compétition poussera les consommateurs à rechercher des produits affichant le « label Brésil », ce qui constitue une opportunité exceptionnelle pour les marques brésiliennes de renforcer ou développer leur marché à l’export. Un des produits avec le plus fort potentiel serait le pão de queijo, petite chouquette salée au fromage consommée traditionnellement au petit-déjeuner. Les supermarchés Tesco distribuent déjà au Royaume-Uni la pâte surgelée destinée à la confection des petits pains. Côté boissons, le Guaraná Antartica (soda à base d’extraits de Guarana) et la bière Brahma sont déjà distribués en Europe. Waitrose, autre grande chaine de grande distribution propose depuis cette année des vins brésiliens. Les produits cosmétiques brésiliens devraient eux aussi bénéficier de l’exposition médiatique, en particulier les produits naturels et ceux dédiés au lissage des cheveux, déjà extrêmement réputés à l’étranger. Le fait que la compétition sportive se déroule en été dans l’hémisphère Nord offrira également un important créneau de vente pour les marques d’habillements brésiliennes dédiés à la mode de plage. 14 nouveaux « varejistas » réalisent un chiffre d’affaires de plus d’1 milliards de réais en 2013 D’après une étude publiée par l’Ibevar, 14 nouvelles chaines de détaillants « varejistas » ont réalisé un chiffre d’affaires de plus d’1 milliard de réais (333 millions d’euros) en 2013. Elles sont actuellement au nombre de 72 et devraient être 90 l’année prochaine. Parmi elles, les sociétés qui réalisent le plus gros chiffres d’affaires sont des chaînes de fastfood et des supermarchés qui disposent d’un réseau important de points de vente dans tout le pays. Les plus grands détaillants du Brésil Entreprise Habib's (Fastfood) Groupe IMC (Fastfood Frango Assado et Viena) Brazil Fast Food Corporation (Bob's burger) Comercial Zaragoza (Spani Atacadista, supermarché) Drogaria Araújo (parapharmacies) CA 2012 (en milliard de réais) 2 (666 M d’€) 1,172 (390 M d’€) 1,104 (368 M d’€) 1.093 (364 M d’€) Nbr de points de vente 407 350 1.019 12 1.084 (361 M d’€) 120 8 Nbr d’employés 15.000 12.242 24.895 2.548 5.553 Source : www.exame.com.br Energie et Environnement Le Brésil nucléaire relance son programme Electrobrás a confié la construction du 3ème réacteur de la Centrale d’Angra dos reis au français Areva, pour un contrat d’1 milliard d’euros. Cela faisait 20 ans que le Brésil avait mis de côté son programme de nucléaire civil. Le secteur représente seulement 2,5% de toute l’énergie produite dans le pays. Alstom signe deux méga-contrats de fournitures d’éoliennes Signés avec Queiroz Galvão (groupe d’infrastructure brésilien), le 15 décembre le montant total des contrats s’élève à 400 millions d'euros. Ces contrats concernent la fourniture, l'installation et la mise en service des éoliennes au sein de deux parcs éoliens : Caldeirão Grande I et II, dans l'État de Piauí (région Nordeste). D'une capacité totale de 400MW, ils produiront suffisamment d'énergie pour approvisionner près de 600 000 habitants en électricité. Fabriquées dans l'usine Alstom de Camaçari (État de Bahia), les éoliennes seront livrées entre 2015 et 2017. Green Yellow s’implante au Brésil Le directeur de la filiale Green Yellow (groupe Casino), Otmane Hajji, a annoncé mi-décembre la volonté de sa société de construire des centrales de production d’électricité photovoltaïque dans l’Etat de São Paulo et dans la région du Nordeste. L’électricité produite est destinée, en priorité, à être vendue aux magasins et infrastructures du groupe Casino au Brésil, qui détient l’enseigne Pão de Açucar. EDF cherche à se positionner coûte que coûte au Brésil Lors d’un entretien au journal économique Valor fin 2013, le directeur du développement international d’EDF, Olivier Orsini, a indiqué la volonté du groupe de se re-développer au Brésil, qui ne possède qu’une centrale thermique à Rio de Janeiro. EDF avait subit un sévère revers au Brésil après avoir racheté la compagnie publique d’électricité de l’État de Rio de Janeiro « Light » dans les années 1990. Les problèmes techniques du réseau et les difficultés financières de la société avaient contraint EDF au départ en 2006. Candidat malheureux lors des derniers appels d’offres pour la concession des barrages hydroélectriques sur le Rio Teles Pires (affluent du Rio Tapajós) dans le Mato Grosso, le groupe français est en train de négocier le rachat de 51% du consortium gagnant (part de la société Alupar qui s’est désistée) qui avait remporté la construction et la gestion du barrage du site de Sinop plus tôt en 2013. D’après le site de l’Observatoire des Multinationales « tous les barrages du Rio Tapajós font l’objet de batailles juridicopolitiques particulièrement âpres. Arguant de la violation des droits des peuples indigènes et de risques pour l’environnement élevés, les procureurs fédéraux ont fait annuler à plusieurs reprises en première instance ces projets de barrage. (…) Ces jugements ont été systématiquement cassés par des décisions des autorités judiciaires supérieures, se prévalant d’une disposition légale datant de la période de la dictature autorisant la poursuite des projets au nom de la sécurité nationale ». 9 Fin d’année difficile pour Petrobrás Le géant pétrolier brésilien Petrobrás a vu son action dégringoler fin novembre à la Bourse de São Paulo à la suite d'un ajustement, à la hausse, des tarifs des combustibles inférieur aux attentes, entraînant dans sa chute l'indice vedette Ibovespa qui a clôturé en baisse de 2,36%, à 51.244 points. L'action ordinaire de la compagnie pétrolière nationale a terminé en baisse de 10,37% (à 16,42 reais) et l'action préférentielle en recul de 9,15% (à 17,37 réais). Petrobrás est la société brésilienne à capitaux ouvert qui accuse la plus grande perte de valeur en 2013 (- 34 milliards d’USD) d’après l’agence Economatica. Une des difficultés de la société vient du fait que l'État, actionnaire majoritaire, souhaitant contenir l'inflation, limite les augmentations des tarifs des carburants et exige que Petrobrás, importateur de carburant plus coûteux à l'étranger, le vende sur le marché intérieur à un moindre prix. GDF Suez remporte les licences d’exploration de 6 sites gaziers onshore dans l’Etat de Bahia Début décembre, GDF Suez (25%) en partenariat avec Petrobrás (40%) et Cowan ou Ouro Preto Óleo e Gás (35%) , a remporté les permis d’exploration pour 3 ans (renouvelable 2 ans), de 6 sites (162 km2) situés dans le bassin de Recôncavo dans l’Etat de Bahia. Les enchères, dans leur globalité, concernaient 240 blocs de gaz (168 mille km2) dans des bassins conventionnels (pas de gaz de schiste) et non conventionnels. Selon Magda Chambriard, directrice générale de l’Agence nationale du pétrole (ANP) brésilien, l’opération est destinée à « semer la culture du gaz » et à « décentraliser les investissements exploratoires » dans le pays. Seuls 72 des 240 blocs ont trouvé preneurs, dont 49 rien que par le groupe ou des consortiums menés par Petrobrás. Le faible nombre de gazoducs et d’infrastructures appropriées pour le transport de gaz dans le pays explique, en partie, la réticence des privés à se lancer sur le marché. Bien que les 6 sites attribués au consortium de GDF Suez soient qualifiés de conventionnels, seule la phase exploratoire initiale confirmera l’absence de gaz de schiste dont l’exploitation est autorisée au Brésil, mais encore interdite en France. La part de gaz dans le mix énergétique brésilien est passée de 6% à 10% entre 2000 et 2011. Services, distribution et technologie Embraer bénéficie du choix de Grippen face au Rafale Zara, Gap, H&M… les majors de l’habillement se développement prudemment au Brésil Le transfert de technologies prévu dans le contrat de 4,5 milliards d’USD signé entre la société brésilienne Embraer et le suédois SAAB doit permettre, à moyen terme, au Brésil de construire ses propres avions de chasse. Le Brésil est le plus grand marché de l'habillement en Amérique du Sud, avec 42 milliards USD de CA en 2012 (3 fois plus que le Mexique). Une classe moyenne en pleine croissance et une meilleure perception de la mode et des centres commerciaux ont aidé le Brésil a passé en 2013, du 7ème à la 5ème position dans le classement GRDI (Global Retail Development Index) dans le secteur de l’habillement. Établi par le cabinet de conseil en stratégie A.T Kearney, l’indice classe les pays émergeants en fonction de leur degré d’attractivité pour les acteurs de la grande distribution. Lors d’une conférence de presse midécembre, le chef de communication de Saab a annoncé que le Brésil sera, à terme, capable d’adapter les technologies les plus sensibles des 36 avions, même les systèmes électroniques de Combat. Les 5 plus grandes griffes (Marisa, Renner, Riachuelo, Herring + C&A) se partagent seulement 10 % d’un marché de l’habillement très fragmenté et dominé par des marques nationales. De plus, ce contrat devrait impulser durablement l’industrie et le marché de l’armement au Brésil qui pourraient atteindre 10 milliards de $. Embraer est bien placé pour profiter de cette manne. H&M a annoncé fin 2013 l’ouverture de 5 boutiques en 2014 à São Paulo (puis une quarantaine sur tous le territoire), Gap a inauguré la sienne en septembre (3 suivront avant avril 2014). La marque anglaise Top Shop dispose elle de 3 magasins. Déploiement de la 4G en dessous des objectifs D’après les derniers chiffres publiés en décembre par l’Anatel, le Brésil possède plus de 930 mille lignes téléphoniques 4G. Il y en avait 150 mille de moins le mois précédent. L’objectif, très ambitieux, était de 4 millions de lignes fin 2013. 75 municipalités proposent un réseau 4G. Le principal frein au développement de la technologie est le prix, très élevé, des téléphones de technologie 4G. En pratiquant des prix supérieurs de 30 à 40% plus élevés que sur leur marché d’origine en raison de droits de douanes élevés, les majors de l’habillement occidentaux se font, eux aussi, une place dans les centres commerciaux brésiliens. Zara est quant à elle bien implantée dans le pays où elle a démarré en 1999. La marque espagnole dispose aujourd’hui d’une quarantaine de points de vente, destinés à habiller la classe supérieure. 40% de ses vêtements sont confectionnés au Brésil. Pour elle, le pays reste son marché le plus difficile. Elle a du il y a quelques années revoir sa stratégie d’expansion à la baisse (à l’origine 50 magasins devaient ouvrir en 3 ans), en se positionnant sur un segment plus « luxe » que sur son marché d’origine et en optimisant au mieux sa chaine logistique. L’autre griffe espagnole à succès, Desigual, vient de se lancer sur le marché brésilien et a ouvert en octobre sa première boutique à São Paulo (une cinquantaine doivent ouvrir avant 2017). C&A est, de loin, le plus présent des groupes occidentaux avec plus de 240 boutiques dans le pays. C&A a ouvert son premier magasin dans les années 70, alors que le pays était encore très fermé. Le groupe a eu le temps de développer localement son processus de production afin de pratiquer des prix similaires à ses concurrents brésiliens. Arianespace et Thales Alenia Space (TAS) signent un contrat de 400 millions USD pour la fourniture et le lancement d’un satellite Lors de la visite officielle de François Hollande au Brésil en décembre, TAS (filiale conjointe de Thales et de l’italienne Finmeccanica) et la société brésilienne Visiona (filiale de l'avionneur Embraer et l'opérateur de télécommunications Telebras) ont signé à Brasilia un contrat de fourniture d’un SGDC (Satellite Géostationnaire de Défense et de Communications) d’usage civil et militaire. La coentreprise franco-italienne avait remporté cet été l'appel d'offres devant la société américaine Loral et la japonaise Mitshubishi electric. Le SGDC fabriqué par TAS qui prévoit de devenir le 1er partenaire technologique du Brésil dans le développement de son programme spatial, sera lancé par une Ariane 5 en 2016 depuis le Centre Spatial Guyanais, Port Spatial de l'Europe, à Kourou en Guyane française. Il s’agira du 12ème satellite brésilien mis en orbite par Arianespace. Les 2 contrats s’élèvent à 400 millions USD. En juin, déjà, le PDG de TAS, Jean-Loïc Galle avait lors d’une interview insisté sur les opportunités commerciales du Brésil pour son groupe « Le pays prévoit de lancer 12 satellites de météorologie et d'observation sur les 10 ans à venir, et 2 ou 3 satellites de télécommunications supplémentaires (…) Les autorités locales évoquent un investissement de 8 milliards USD ». 10 Transports et « Situation désastreuse » des aéroports brésiliens d’après le directeur de l’IATA Giovanni Bisignani, Directeur Général d'IATA (International Air Transport Association), a souligné la « situation désastreuse » des aéroports brésiliens le 18 novembre dernier à Panama, lors d'une réunion avec les représentants Amérique Latine & Caraïbes de l'association. IATA est une organisation internationale rassemblant la quasiintégralité des compagnies aériennes, et est à dissocier de l'OACI (Organisation de l'Aviation Civile Internationale), qui regroupe les aviations civiles de tous les Etats membres de l'ONU, dont l'OACI dépend. IATA ne dispose d'un pouvoir d'influence et de régulation que sur les compagnies aériennes auxquelles elle délivre des agréments. Les propos de Giovanni Bisignani n'ont donc aucun caractère obligataire sur l'aviation civile brésilienne (ANAC) et les gestionnaires aéroportuaires publics et privés. Néanmoins, en tant que représentant des compagnies aériennes, clientes des aéroports brésiliens, le Directeur Général d'IATA relaie les nombreuses problématiques auxquelles sont confrontées les compagnies opérant au Brésil: saturation des aéroports (aérogares comme pistes), retards dans les améliorations des infrastructures, coût des opérations aériennes au Brésil, notamment à cause d'un très haut niveau d'imposition... Alors que la demande en transport aérien au Brésil ne cesse de croître, l'intervention de Giovanni Bisignani traduit l'inquiétude, voire l'impatience, des spécialistes du secteur sur leur capacité à apporter à leurs passagers « une offre cohérente et répondant aux standards internationaux de qualité de service. ». Record d’enchères pour les aéroports de Rio et Belo Horizonte Le 26 novembre, lors d’une vente aux enchères, réalisée à la Bourse de São Paulo, le consortium formé par le brésilien Odebrecht (construction) et l'opérateur de l'aéroport de Singapour (Changi Airports) a remporté la concession pour 25 ans de l'aéroport international de Rio de Janeiro-Galeão, avec une offre de 6 milliards d’euros (300% au-dessus de la mise à prix). Un autre consortium « Aerobrasil » formé par le groupe brésilien CCR (construction) et les opérateurs des aéroports de Zurich et de Munich a remporté la concession, pour 30 ans, de l'aéroport de Confins, à Belo Horizonte (sud-est), grâce à une offre de 582 millions d’euros. Les experts s’accordent pour dire que les montants payés par les futurs opérateurs survalorisent le potentiel de croissance et de rentabilité de ces aéroports. A noter que les contrats de concessions ne seront signés qu’en Mars 2014, soit seulement deux mois avant le début du mondial. Infraero, l'agence publique qui administre plus de 70 aéroports au Brésil, conservera une participation de 49% dans ces aéroports. Le gouvernent brésilien avait privatisé en février 2012 trois autres aéroports : Guarulhos et Viracopos à São Paulo, ainsi que l'aéroport de Brasilia. Ces ventes avaient rapporté 10 milliards d’euros et mis fin au monopole d'Infraero. 11 Avancées dans la mise en service du pont reliant la Guyane française au Brésil La visite du Président Hollande n’aura pu être couronnée par l’inauguration du mythique pont, d’une longueur de 380 m sur l’Oyapock, reliant la région d’Amapa au Brésil à la GuyanneFrançaise. Les infrastructures étaient terminées depuis juin 2011, mais n’étaient toujours pas opérationnelles pour cause, notamment, d’absence de douanes côté brésilien. Le Dnit (Département National d’infrastructures et de transports du Brésil) a annoncé le 28 décembre avoir terminé les travaux des bâtiments la douane provisoire. Le retard de livraison du bâtiment officiel a été causé par la difficulté de sélectionner des entreprises en charge des travaux (appels d’offres infructueux) et la grève des agents du DNIT en juillet-aout. Le protocole d’accord franco-brésilien de lutte contre l’orpaillage clandestin dans la zone frontalière a été ratifié par le Sénat le 12 décembre à Brasilia. L'entrée en vigueur n'est toutefois pas pour tout de suite, puisqu’il doit encore être promulgué. La ratification du texte était, officieusement, une des conditions imposées par la France pour permettre l’ouverture du pont. Pour autant, la date de l’inauguration officielle n’est pas encore fixée. La question des visas reste problématique du point de vu brésilien. si les Guyanais peuvent entrer au Brésil sans visa, les Brésiliens désirant se rendre en Guyane sont soumis à l'obligation de visa, ce qui n'est pas le cas s'ils veulent aller directement en France métropolitaine. La Caixa Econômica Federal lance un fonds de crédit pour stimuler les investissements dans les infrastructures La banque fédérale a lancé le 29 décembre le fonds « FI Crédito Privado Infraestrutura » qui permet à des investisseurs souhaitant placer, au minimum, 1 million de R$, d’acquérir des obligations « Debêntures Incentivadas » destinées à capter des ressources pour financer des projets d’infrastructures encadrés par le Gouvernement Fédéral. En investissant dans ce fonds, l'investisseur bénéficiera d’une réduction du taux d’imposition sur le revenu gagné, qui sera égal à 0% pour les particuliers et à 15 % pour les sociétés. La Caixa prévoit de recueillir environ 100 millions d’USD avec ce dispositif. Elle avait annoncé le lancement d’un fonds similaire l’année dernière qui n’a finalement jamais vu le jour. Infrastructures Attribution de la concession de l’ « autoroute du grain » au groupe Oldebrecht La concession sur une durée de 30 ans d’un tronçon de 851 km de la BR-163, surnommée « l’autoroute du grain », qui traverse l’État agricole du Mato Grosso a été remportée, le 27 novembre, par le groupe de construction bahianais Oldebrecht. 7 consortiums avaient déposé une offre. Le nouveau concessionnaire devra réhabiliter et doubler les voies sur 500 km en 5 ans. Le mauvais état (passages impraticables) et l’engorgement de cette voie vitale pour l’Etat (70% de la production de grains y transite, soit 33 millions de tonnes) sont régulièrement dénoncés par les automobilistes. Dans 18 mois, Odebrecht estime pouvoir finaliser 10% des travaux prévus dans le cadre de sa concession et commencera à percevoir les droits de péage. Cette autoroute accueille un important trafic de camions transportant des denrées agricoles de l’intérieur et rejoint les ports de Santos et de Paranaguá. Le Président d’Odebrecht Transport, Renato Mile, a expliqué que son groupe pariait sur la croissance de l’agro-industrie dans l’Etat du Mato Grosso, dont le PIB croit plus vite que le PIB moyen du Brésil. Le secteur immobilier brésilien : entre boom et spéculations ? Lors d’un déplacement en Allemagne fin novembre, le prix Nobel d’économie, Robert Shiller a comparé le marché immobilier brésilien actuel à celui des Etats-Unis en 2004, dont l’éclatement de la bulle a contribué à déclencher la crise financière de 2008. Pour l’économiste, le prix des actifs est très excessif par rapport à leur valeur réelle. Depuis janvier 2008, les prix moyens des appartements paulistas et cariocas ont grimpé respectivement de 144,1 % et 178,2 %. Rien qu’en 2013, les prix de l’immobilier ont augmenté de 18,8 % à São Paulo et de près de 20 % à Rio de Janeiro. Cette croissance soutenue fait du Brésil, le champion mondial en terme de valorisation immobilière, selon un classement du Global Property Guide. Les prix ont fortement augmenté, mais il faut tenir compte de l’inflation et de la hausse des salaires. En intégrant ces deux facteurs, l’augmentation relative nette annuelle n’est que de 9% sur l’ensemble du pays selon Thierry Botto, consultant chez CB Richard Ellis. Les prix élevés se justifient par une augmentation des coûts de construction, une forte demande ainsi qu’une croissance vertigineuse du prix des terrains. A noter qu’à São Paulo, le lancement des programmes de construction de logement neufs croit moins vite que par le passé et les durées de mise en vente sont plus longues (une dizaine de mois aujourd’hui, contre un trimestre à la fin des années 2000). Le financement Le montant total des crédits immobiliers contractés au Brésil oscille entre 6 et 10% (estimations) du PIB du pays fin 2013, ce qui est faible (c’est 38% en France). Pour que cela ne représente pas un risque pour l´économie, le LTV (ratio entre le montant de l’endettement et la valeur de marché du bien) ne doit pas dépasser 80% (aujourd´hui il s’élève à 64%). Le crédit immobilier, tel qu’on le connaît en France, est récent et l’offre de financement est encore relativement limitée. Pour accéder à la propriété, les particuliers font en général appel à leur parentèle, ou utilisent leur FGTS (cf. § ci-dessous). En septembre, le Conseil Monétaire Nacional (CMN) a élevé le montant d'utilisation du FGTS. Il s’agit d’un compte de dépôt bancaire que chaque travailleur doit posséder et sur lequel sont versés chaque mois 8% du revenu total. Ce fonds d’assurance chômage peut être utilisé pour financer l’achat d’un bien immobilier. Pour en bénéficier, le montant maximum du bien devait être inférieur à 500 mille R$, il est aujourd’hui de 750 mille R$ dans les états de Rio de Janeiro, Minas Gerais, São Paulo et Distrito Federal (650 mille R$ ailleurs). La mise à jour a été réalisée pour compenser les 28% d’inflation accumulée durant ses 4 années. L’étranger domicilié au Brésil ou non, avec ou sans visa permanent, peut acquérir un bien au Brésil selon la loi 4.591/64. Le mois prochain Focus : le tourisme au Brésil Edificio Colombus, Rua Alameda Campinas, 463, São Paulo Tél. : +55 (11) 51 81 22 18 - [email protected] 12 Préparation et rédaction : Jean-Pierre Bernard et Marine Clavet