La notion de bien commun et les organismes de bassin au Brésil

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Lanotiondebiencommunetles
organismesdebassinauBrésil
RosaMariaFORMIGAJOHNSSON–Professeuràl’Universitédel’EtatdeRiodeJaneiro,Département
d’IngénierieSanitaireetEnvironnement(UERJ/DESMA).DiploméedocteurenSciencesetTechniques
de l’Environnement de l’Université Paris XII – Val de Marne en 1998. Rua Nascimento Silva, 91 apto
102, Rio de Janeiro, RJ, CEP 22-421-025, Brésil. [email protected], +55 21 2523-1609, +55 21
98280-1819
Patrick LAIGNEAU – Consultant indépendant en gestion de l’eau. Diplomé docteur en Science de
l’Environnement de l’AgroParisTech et docteur en Anthropologie de l’Université Fédérale du Rio
Grande do Sul (Brésil) en 2014. Rua José Maurício, 120, Santa Maria, RS, CEP 97110-420, Brésil.
[email protected],+55559992-3307,0970468986
EnFrance,lesagencesdel’eausontconsidéréescommepionnièresentermededécentralisation
et de participation des acteurs à la gestion de l’eau à l’échelle d’un bassin-versant à travers leurs
comitésdebassins,instancesdélibérativesregroupantdesreprésentantsd’usagersdel’eau,desélus
locauxetdel’administration.Depuisleurmiseenplaceàlafindesannées1960,cesinstitutionsont
œuvrépourl’institutionnalisationd’unegestiondel’eaucommebiencommun,mêmesicelan’apas
toujoursétéreconnuencestermes.
DesinstitutionssimilairesontétécréesauBrésilpendantlesannées1990dansdifférentsEtatset
auniveaufédéral,àpartirdedynamiquesnationalesetenlienétroitavecdesacteursinternationaux.
La mise en place d’organismes de bassin a parfois fait partie des conditionnalités imposées par des
projetsd’aideaudéveloppement.
Aujourd’hui,unegestiondel’eaudécentraliséeetparticipatives’estconsolidéeauBrésilsurune
longue période, avec des modalités très diverses selon les Etats. Mais après une vingtaine d’années,
cespolitiquesn’ontpaspermisd’atteindrelesrésultatsespérésparceuxquilesontmisesenplace.
Prèsdedeuxcentscomitésdebassinsontétécréésdanslepays,maisleurrôledansladéfinitionetla
mise en place de politiques publiques reste secondaire. Quelques uns d’entre eux seulement
bénéficientd’agencesdebassonquiconstituentleursbrasexécutifs.Maislesredevancessurl’usage
etlapollutiondel’eau,quiassurentdesmoyensfinanciersissusetcontrôlésparlesacteursdubassinversant,demeurenttrèsfaibles,contrastantavecl’expériencefrançaisequilesainspirés,ycomprisà
sesdébutsdanslesannées1970.
Notre intervention se propose de présenter les premiers résultats d’une étude en cours qui
cherche à analyser les raisons de ces difficultés à partir de l’exemple de quelques expériences
brésiliennes, en examinant notamment dans quelle mesure elles se situent par rapport au cadre
conceptueldel’institutionnalisationdelagestioncollectived’unbiencommun:
1
-
Lors de leur conception au début des années 1990, ce cadre théorique a-t-il été identifié et
appropriéparlesprotagonistesdelaréformedelagestiondelaressourceeneau,auxcôtésdes
influences déjà connues d’une part des modèles libéraux, et d’autre part des expériences de
participation citoyenne caractéristiques de cette période de redémocratisation de la société
brésilienne?
-
Lors de leur mise en place, quelles contraintes administratives, fiscales et politiques ont-elles
permisouempêché,selonlescas,quelesinstitutionsmisesenplaceéchappentàladichotomie
entreleslogiquesdemarchéetdel’interventionnismeératique?
-
Aumomentoùlesagencesetcomitésdebassinbrésilienssontàlacroiséedeschemins,dequelles
façonslalogiquedesbienscommunspeut-ellecontribueràsurmonterlesdifficultésrencontrées?
Quellesleçonspeut-onentirerpourlamiseenplaced’institutionssimilairesdansd’autresrégions
dumonde?
Notre méthodologie d’analyse associe les dimensions techniques, institutionnelles, juridiques et
d’action collective sur une longue période et une grande diversité d’études de cas, sélectionnés en
fonctiondeleurpertinencepourlaréflexionproposée.Elles’appuiesurlesvisionsqu’ontlesacteurs
de leurs propres expériences, mobilisées et mises en perspective par l’approche comparative entre
diversesexpériencesbrésiliennesetavecl’expériencefrançaise.
Nous avons mobilisé, pour ce faire, les résultats de nos propres recherches et celles de nos
collègues brésiliens, avec un regard analytique fortement marqué par nos trajectoires personnelles:
l’undenousadéfendu,enFrance,unethèsesurlagestiondel’eauauBrésilàlafindesannées1990
enidentifiantnotammentlafaçonl’expériencefrançaisedontaétéappropriée;l’autreadéfendu,au
Brésil,unethèsesurlagestiondel’eauenFrancesurunepériodede50ans.L’unaoccupé,auBrésil,
des postes d’enseignant-chercheur et de responsable de l’administration publique pour la mise en
œuvredelagestiondel’eau;l’autreatravaillédansuneagencedel’eauenFrance,avantd’exercer
desresponsabilitésdanslecadredel’aideaudéveloppementenAfriquepuisdereprendredesétudes
d’anthropologie au Brésil, qu’il poursuit par des activités de recherche et de coopération
internationale.
Cette comparaison empirique d’expériences d’institutionnalisation de l’action collective pour la
gestiondubiencommunviseàlafoisàlaproductiondeconnaissancesdanslecadreuniversitaireetà
l’applicationdecesconnaissancesdanslesprocessusdegestionauxquelsnoussommesassociés.Nous
souhaitonségalementcontribuerainsiàlaréflexionsurl’aideaudéveloppementdansledomainede
l’eau,notammentpourlesprojetsfinancésparlesagencesdel’eauouparlescollectivitéslocalesdans
lecadredelaLoiOudin-Santini.
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