Le Moyen-Age : aux origines de la littérature française

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Le Moyen-Age : aux origines de la littérature française
La poésie
Il s'agit essentiellement de poèmes que l'on va appeler les lais : il s'agit de récits chantés par les ménestrels ou les troubadours. La langue est
l'Ancien Français qui est l'héritage du Latin.
On trouve des lais qui racontent les exploits de chevaliers, des lais avec des petites histoires légères, ou bien des lais plus lyriques.
Le récit
C'est au Moyen-âge qu'apparaît le roman : le roman en tant que genre n'existe pas vraiment auparavant. Le terme désigne à l'origine un récit fait en
langue romane, c'est-à-dire non plus en Latin, mais en Ancien Français.
Le principal sujet du roman au Moyen-Âge est les récits de chevaleries, qui incluent des exploits extraordinaires par des héros hors du commun tant
au point de vue de la force qu'au point de vue de la vertu, des princesses ou des reines à sauver.
Exemples :
Chrétien de Troyes, Lancelot ou le chevalier à la charrette ou Perceval ou le roman du Graal.
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Le théâtre
Le théâtre au Moyen-Age est essentiellement un théâtre de rue. Deux genres théâtraux, liés l'un à l'autre, vont être particulièrement importants :
- les mystères : le peuple étant illettré et le catholicisme étant religion d'Etat, il s'agit d'instruire le peuple des histoires saintes, de façon orale. Des
acteurs interprètent donc de scènes de l'Ancien ou du Nouveau Testament.
- Les farces : les mystères étant souvent peu accrocheurs et longs, il s'agissait de garder le public. On prend donc l'habitude de faire des sortes
d'entractes dans les mystères où quelques acteurs viennent jouer des saynètes au comique souvent vulgaire.
Exemple :
La farce de Maître Pathelin.
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Le XVIè siècle : la Renaissance, l'Humanisme et la Pléiade
La Renaissance
Le Moyen-Age a été une époque riche culturellement, mais lorsqu'arrive le XVIè un mouvement se produit : c'est la Renaissance.
Elle trouve ses origines dans de nombreux événements qui vont bouleverser la vie occidentale : découverte de l'Amérique et de ses habitants,
invention de l'imprimerie, guerres de religion avec la création du protestantisme qui va diviser la chrétienté.
L'imprimerie va jouer un rôle crucial. En effet, elle va permettre de répandre le savoir qui était jusqu'ici jalousement gardé par les moines copistes :
les ouvrages de l'Antiquité étaient conservés dans les bibliothèques des rares personnes lettrées, c'est-à-dire le clergé, et ils étaient transmis en
étant reproduit un par un par des moines artistes qui les réécrivaient à la main, parfois même en enlevant des passages qui contredisaient le dogme
chrétien, que cela soit dans les ouvrages de philosophie ou de sciences.
Or, l'imprimerie va permettre de répandre tout ce savoir de l'Antiquité qui, en Occident, avait été oublié durant le Moyen-Age par la majeure partie de
la population intellectuelle.
La Renaissance va aussi donner lieu à des oeuvres d'art d'une extraordinaire richesse, avec la découverte de la perspective ou l'utilisation du clairobscur en peinture ; en sculpture, les oeuvres de Michel-Ange dominent.
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L'Humanisme
L'Humanisme est un mouvement culturel qui va placer l'Homme au centre de son étude.
Les auteurs redécouvrent les philosophies antiques et s'en inspirent pour leur propre pensée. Beaucoup vont réfléchir à l'idée d'éducation et
mettront en avant l'importance de l'apprentissage des langues anciennes (Latin et Grec). En effet, pour les humanistes, la connaissance est une
vertu à rechercher, à la fois connaissance du monde, connaissance de l'Homme et connaissance de soi.
Mais les humanistes, bien qu'ils s'inspirent de philosophies antiques, ne remettent pas en question le christianisme.
Exemple :
Rabelais, Pantagruel, lettre de Gargantua à son fils Pantagruel.
L'Humanisme va aussi pousser à une remise en question de l'ethno-centrisme : la découverte de l'Amérique, la redécouverte des auteurs antiques,
vont inciter les humanistes à une réflexion sur le relativisme des cultures et des modes de vie.
Exemple :
Montaigne, Les Essais, « Des Cannibales ».
Les récits
Rabelais, Gargantua et Pantagruel
Ces deux romans ont été écrits par François Rabelais, mais son assez différents l'un de l'autre.
Pantagruel évoque un géant nommé Pantagruel : l'humour, parfois vulgaire, et l'épique se mêlent aux principes humanistes.
Gargantua a été écrit après, mais le roman raconte les aventures du père de Pantagruel, depuis sa naissance, en passant par son éducation et les
récits de guerres menées. Le ton de l'oeuvre est aussi comique, épique, parfois vulgaire. Mais Rabelais y développe encore le thème de l'éducation
humaniste.
Thomas More, Utopia
Utopia va être considéré comme la première utopie dans le roman. Thomas More, auteur anglais, décrit une île inaccessible, au gouvernement et à
la société parfaits selon les principes de l'Humanisme.
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La Pléiade
Le mouvement de la Pléiade naît d'un événement historique : en 1539, François Ier signe l'édit de Villers-Côtterets. Cet édit impose le français
comme langue administrative : le français devient la langue nationale.
Des grammaires vont commencer à voir le jour afin de fixer la langue, dont l'orthographe est souvent variable.
Un groupe d'auteurs va alors se réunir pour donner à cette nouvelle langue nationale ses premières oeuvres, inspirés en cela par les Italiens qui ont
commencé eux aussi à écrire dans leur langue, avec des auteurs comme Pétrarque ou Dante.
Ils se nomment La Pléiade, du nom d'un groupement d'étoiles et ils expriment surtout leur art en poésie.
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La poésie
Pétrarque
Pétrarque est un auteur italien qui va, dans ses poèmes, exalter son amour pour la belle Laura.
Il joint à ce thème amoureux une forme fixe : deux quatrains et deux tercets, c'est le sonnet.
Les images et le style qu'il emploie pour exprimer son amour vont être d'une très grande influence : on va parler de pétrarquisme.
L'Ecole de Lyon
Lyon est un carrefour entre l'Italie et la France. C'est donc là que va se développer toute une école de poètes, profondément influencés par le
pétrarquisme, mais écrivant en Français. Parmi eux on retiendra tout particulièrement Louise Labé, une femme qui exprime dans ses Sonnets la
difficulté d'un amour non payé de retour.
La Pléiade
Parmi les auteurs de La Pléiade, les deux plus emblématiques sont sans doute Ronsard et Du Bellay :
Ronsard : sa poésie est souvent lyrique et pétrarquiste ; elle est aussi souvent un moyen pour séduire les jeunes femmes qui l'intéressent, il
utilise alors le thème du memento mori. Une de ses oeuvre majeures est Les Amours qui rassemble les poèmes qu'il a écrit pour les différentes
femmes qui l'ont attiré.
Du Bellay va lui aussi créer une poésie lyrique, mais souvent plus centré sur lui-même. Son oeuvre poétique majeure est Les Regrets, à
l'atmosphère mélancolique, qui explore les thèmes humanistes de la connaissance et du voyage.
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Les textes argumentatifs
Montaigne, Les Essais
Présenté comme une succession de textes courts centrés sur sa propre expérience, Les Essais relève à la fois de l'autobiographie, puisque
Montaigne est lui-même la matière de son livre, mais aussi du texte argumentatif, puisque du « je », de l'expérience personnelle, il passe à une
réflexion plus générale sur le monde, avec une vision humaniste.
Du Bellay, Défense et Illustration de la langue française
Il s'agit d'un manifeste du mouvement de La Pléiade, ce texte réclame des oeuvres françaises, faites en français. Il est donc le texte qui fonde la
littérature française.
On peut alors dire que La Pléiade est le premier mouvement littéraire français puisqu'il y a une volonté esthétique commune revendiquée par un
groupe d'auteurs précis.
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Le XVIIè : classicisme et baroque, précieux et libertins ; un siècle d'une extraordinaire
richesse
Le XVIIè : une société codifiée
Au XVIIè siècle, et en particulier à l'époque de Louis XIV, la hiérarchie sociale est très claire.
Tout en bas se trouve le peuple : il inclut les paysans ou les petits artisans dans les villes. Le peuple n'est pas éduqué et est illettré.
Ensuite on trouve la bourgeoisie : elle inclut souvent des artisans qui ont réussi, qui se sont enrichis. Beaucoup de ces bourgeois cherchent à imiter
la noblesse.
Exemple :
Molière, Le Bourgeois Gentihomme, qui en fait une satire sous les apparences d'une comédie-ballet.
La noblesse est répartie en deux catégories sous Louis XIV : ceux qui restent sur leurs terres en province, souvent pauvres et sans influence ; et
ceux qui viennent à la Cour pour obtenir de l'influence auprès du roi. On appelle ces derniers les courtisans. Si Louis XIV réunit les nobles à la
cour autour de lui, c'est aussi pour les garder de près et les occuper : son père Louis XIII a dû faire face à des rébellions et Louis XIV sait qu'en les
réunissant à Versailles les ambitieux, il évitera de nouvelles guerres civiles.
Sous le règne de Louis XIV, il existe un idéal social qui est celui de l'honnête homme.
L'honnête homme est fait pour la vie de Cour : il a un rôle social à jouer. Il s'agit « d'être utile à sa patrie » et de se rendre « agréable à tout le
monde » (Faret, Des vertus nécessaires à un prince pour bien gouverner ses sujets). Il faut donc savoir plaire (ce qui inclut l'élégance vestimentaire)
dans une société composée de l'élite sociale, mais il faut aussi être vertueux et avoir de hautes exigences morales.
L'honnête homme n'est donc pas un héros, qui par ses qualités extraordinaires est placé hors du commun ; l'honnête homme fait partie de la société
qu'il cherche à améliorer.
Molière présentera souvent dans ses pièces cet idéal : l'honnête homme dans ses personnages (qui est parfois une femme !) proposera toujours
une voie modérée au milieu de personnages qui présentent un extrême.
Exemples :
- Les Femmes Savantes : Henriette qui s'oppose à sa soeur Armande ;
- Le Misanthrope : Philinte qui s'oppose au personnage principal Alceste.
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Le Classicisme
Le classicisme en France correspond aux 25 premières années du règne de Louis XIV, de 1661 à 1685.
Il s'agit d'un idéal esthétique commun aux artistes de ces années : on le retrouve en littérature, mais aussi en architecture, en peinture et en
musique.
Le mouvement considère comme important de « plaire et toucher », mais aussi « d'instruire » et de respecter un certain nombre de règles.
Ces règles à respecter sont bien sûr la transposition dans la vie littéraire de la codif ication sociale et politique imposée par Louis XIV.
Elles ont toutes été réunies par Boileau dans son Art Poétique en 1674 qui est donc considéré comme le manifeste du classicisme.
La bienséance
L’art doit respecter la bienséance, c’est-à-dire éviter de choquer le public. Il faut suivre les convictions politiques, morales et religieuses de
l’époque.
Au théâtre, il ne doit pas y avoir de violence sur scène. Les méchants doivent être punis, l’honnête homme récompensé.
La vraisemblance
« Le vrai peut quelque fois n’étre pas vraisemblable » - Boileau, L’Art Poétique IV 91-92
Au théâtre, il faut donc respecter la cohérence du caractère des personnages, de l’action, des situations. Il ne doit pas y avoir non plus de
recours au merveilleux.
Enfin, la vraisemblance va aussi conduire à une séparation des registres dans le théâtre : on ne mélange pas le comique et le tragique.
La nature
L’art doit imiter la nature humaine en général : il faut peindre des types et non pas des individus particuliers. Le style doit être naturel.
L’imitation des Anciens
Le classicisme considère qu’il faut imiter les auteurs de l’Antiquité grecque et romaine parce qu’ils ont su représenter des vérités humaines
éternelles et universelles.
Pour écrire L'Art Poétique, Boileau lui-même s'inspire des principes de l'oeuvre du philosophe grec Aristote, La Poétique.
Une règle particulière au théâtre : la règle des trois unités
« Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » - Boileau, III 45-46 :
- l’unité de temps (24h) ;
- l’unité de lieu (un seul décor ou une seule ville) ;
- l’unité d’action (une seule intrigue).
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Le Baroque
Le terme de « baroque » va être utilisé à partir du XIXè seulement pour qualif ier certaines oeuvres du XVIè et du XVIIè. Il ne s'agit donc pas d'un
mouvement puisque les auteurs qualif iés de baroques n'ont pas consciemment décidé de faire du baroque, puisqu'il n'y a pas non plus à l'époque
de manifeste du baroque ; il s'agit donc d'un courant artistique, qui va s'exprimer en musique, en peinture, en architecture et en littérature.
Des auteurs qui ont fait des oeuvres classiques, comme Molière ou Corneille, vont aussi écrire des oeuvres baroques.
Exemples :
- Molière, Dom Juan : bien que l'appellation baroque soit couramment employé pour cette oeuvre, par certains aspects Dom Juan est aussi
une oeuvre du classicisme.
- Corneille, Le Cid : la première version que Corneille écrit est véritablement une oeuvre baroque ; mais les nombreuses critiques le poussent à
écrire une seconde version qui correspond plus aux règles du classicisme.
Le baroque se caractérise principalement par la profusion (profusion des détails dans l'architecture ; profusion des actions dans les oeuvres
littéraires), le thème de l'instabilité du monde (et la fuite du temps) et la puissance des images en littérature.
Dans les pièces de théâtre, on relèvera surtout le recours au merveilleux ou à des « pièces à machines ». Le baroque joue aussi des illusions, ce
que l'on retrouve tout particulièrement dans la pièce L'Illusion Comique de Corneille.
On retrouve aussi le baroque dans le roman, avec l'oeuvre Le Page Disgracié de Tristan L'Hermite.
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La Préciosité
En réaction contre la vie grossière du XVIème siècle, des gentilshommes et de grandes dames organisent des réunions où ils s’occupent de
littérature : la préciosité est un mouvement qui va mettre en avant l'esprit. Ceux qui en sont dépourvus n'y trouveront par leur place.
La préciosité, c’est l’occasion pour de grandes dames, comme Mme de Rambouillet ou Mlle de Scudéry, de recevoir l’élite de la société et les
écrivains et de tenir salon.
La préciosité est donc un mouvement qui permet à des femmes de prendre une place dans la société. On peut aller jusqu'à parler d'un mouvement
féministe, puisque les femmes imposent des règles de conduite et elles ont le pouvoir de faire ou défaire les réputations des artistes dans leurs
salons.
La préciosité a connu des dérives : qualif iée de « ridicule » par Molière, elle est devenue l’occasion de réunions extravagantes, de manières
affectées, de costumes recherchés, et l’on apprécie le style alambiqué.
Ce mouvement devient alors un moyen de se singulariser, de se séparer du vulgaire et du commun.
Le thème principal de la préciosité est l'amour, mais il s'agit d'un amour toujours transformé de façon romanesque : l'amour présenté dans les
oeuvres précieuses est donc toujours extrême, mais aussi dénué de toute réalité.
On le retrouve en poésie, mais aussi dans des romans.
Exemples :
- Voiture : ses poèmes sont toujours spirituels, brillants, mais ils pourraient aussi s'appliquer à n'importe quelle femme tant ils sont abstraits.
- Honoré d'Urfé, L'Astrée : ce roman fonde les principes du mouvement précieux à travers un amour absolu, dans un récit qui mêle chevalerie
et amour courtois.
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Le libertinage
Le libertinage au XVIIè est la non adhésion, secrète ou affichée, aux croyances de la société.
Il est caractérisé par le libertinage de pensée (aussi appelé libertinage d'esprit) et le libertinage de moeurs (aussi appelé libertinage de corps).
Le libertinage commence par une pratique scientif ique, celle des naturalistes italiens, comme Giordano Bruno ou Vanino Vanini. Leur observation
des lois de la physique et de l'astronomie les poussent à remettre en question les dogmes scientif iques de l'Eglise.
Les libertins vont donc commencer par être ceux qui pensent librement, en dehors du cadre imposé par l'Eglise ; pour eux, il n'existe qu'une seule
faculté de connaître : ce n'est pas la croyance, mais la raison. En remettant en question les dogmes scientif iques de l'Eglise, ils vont être tout
naturellement conduits à remettre en question l'existence de Dieu.
Ils vont alors en venir à remettre en question également les dogmes moraux de l'Eglise qui se manifestent principalement dans les idées de
sacrement du mariage, fidélité, monogamie : c'est le libertinage de moeurs.
Ils rejettent une morale fondée sur la vertu chrétienne, mais ils ont pourtant une moralité qui diférencie ce qui est bien de ce qui est mal.
Ce mouvement commence à la fin du XVIè et trouve son apogée au XVIIè. Au XVIIIè, il n'est plus souvent qu'une véritable décadence qui ne se
manifeste plus que par le libertinage de moeurs.
Exemples :
- Cyrano de Bergerac, Etats et Empires de la Lune : il s'agit d'un récit qui présente une utopie ;
- Théophile de Viau : ce poète et dramaturge a connu la prison en raison d'accusations de libertinage ; ses poèmes, parfois sensuels, laissent
transparaître son libertinage de pensée.
Au XVIIIè, on relèvera Crébillon, dont les oeuvres présentent essentiellement un libertinage de moeurs.
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Le roman
Au XVIIè siècle, le roman est déconsidéré : il s'agit d'une lecture pour femmes qui ne présente qu'intrigues amoureuses ou des récits directement
inspirés des récits de chevalerie.
Le roman peut aussi être burlesque, avec des aventures héroï-comiques, c'est-à-dire qui se moquent des dérives du roman précieux, ou qui
parodient des grandes oeuvres de la littérature.
On notera aussi le roman baroque, avec Le Page Disgracié de Tristan L'Hermite.
Le roman classique
Le principal roman classique est La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette. Il est parfois même considéré comme le premier roman français,
tant il pose les bases de la trame narrative romanesque.
On peut le qualif ier de roman classique tant par sa forme et son style, qui recherchent un idéal de sobriété et d'équilibre, mais aussi parce que le
personnage de la Princesse de Clèves est véritablement une héroïne classique : elle va placer sa vertu au-dessus de sa passion amoureuse.
Mais ce roman est aussi l'archétype du romanesque : le héros, le Duc de Nemours, a toutes les qualités physiques et morales ; le roman se déroule
dans l'aristocratie ; l'intrigue est une intrigue amoureuse.
Le roman précieux
Le récit qui fonde le roman précieux est L'Astrée, d'Honoré d'Urfé. Suivront de nombreux romans, parfois aussi qualif iés de romans héroïques, dont
les plus célèbres sont ceux écrits par Mademoiselle de Scudéry, comme Artamène ou le Grand Cyrus ou Clélie, histoire romaine.
Ces romans mêlent l'influence des romans de chevalerie, avec des éléments épiques et des héros hors du commun, et des romans courtois, avec
une intrigue amoureuse très développée, présentant toujours un amour absolu. Ces romans participent aussi à la mode de l'exotisme en ayant
souvent des cadres spatio-temporels éloignés.
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Le théâtre
La vie théâtrale au XVIIè est immense. En effet, le théâtre est un divertissement qui est apprécié par toutes les couches de la société.
Les théâtres ambulants tournent en province, cela a été le cas pendant une dizaine d'années pour Molière et son « Illustre Théâtre » avant qu'il ne
devienne le protégé de Monsieur, le frère de Louis XIV.
A Paris, les théâtres sont nombreux : le peuple bénéficie de places debout et bon marché au parterre, il y a des gradins, les nobles peuvent
s'asseoir sur les côtés de la scène parfois pour des prix exorbitants. Au XIXè, Edmond Rostand dans la première scène de Cyrano de Bergerac
(pièce qui se déroule au XVIIè) décrira sans doute avec beaucoup de réalisme l'ambiance de ces théâtres parisiens du XVIIè.
Quant au roi, il fait donner des représentations en plein air à Versailles pour la Cour, dont de nombreuses pièces de Molière.
Les trois principaux auteurs de théâtre du XVIIè sont Molière, Corneille et Racine.
Si Corneille est l'auteur le plus en vogue au début du XVIIè, il va ensuite perdre ce statut au profit de Racine. Molière quant à lui bénéficie d'un
immense soutien populaire et souvent de la faveur du roi, bien que leurs relations aient été parfois tendues.
Le théâtre classique s'impose, avec le respect des règles édictées par Boileau.
Les quelques oeuvres de théâtre baroque, comme Le Cid, L'Illusion Comique ou Dom Juan, pour des raisons diverses, ne sont que peu
représentées même si elles sont parfois des succès populaires.
Un auteur comme Molière va également réutiliser les principes de la farce, ou ceux de la Commedia dell'Arte.
La censure joue également un rôle important et Molière en fera les frais à deux reprises notables : tout d'abord pour Tartuffe qui critique l'hypocrisie
religieuse et qui va être violemment attaquée par les dévots jusqu'à son interdiction ; ensuite pour Dom Juan, qui succède immédiatement à Tartuffe,
pièce dans laquelle Molière provoque à nouveau les dévots en présentant un personnage libertin et probablement athée, en condamnant encore
l'hypocrisie et, pour comble, en ne suivant pas les règles du théâtre classique.
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La poésie
La vie poétique est tout aussi variée que la vie théâtrale : on trouve de la poésie précieuse avec Voiture, de la poésie baroque, de la poésie
classique avec Malherbe, de la poésie libertine avec Théophile de Viau, des parodies, des pastiches,...
Les thèmes et les formes sont propres à chaque mouvement ou courant ou intention. Mais le pétrarquisme reste d'une considérable influence.
Jean de La Fontaine va renouveler le genre de la fable à l'époque de Louis XIV. Il s'inspire bien souvent de l'oeuvre d'Esope, un fabuliste de
l'Antiquité grecque ; il conserve les éléments principaux de la fable, c'est-à-dire le recours au merveilleux ou l'utilisation de la morale qui permet
après un récit plaisant d'instruire le lecteur.
Mais ses Fables vont bien souvent avoir une visée satirique féroce qui prend pour objet les courtisans et parfois même le roi, comme dans « Les
Animaux malades de la Peste » ou « Le loup et le chien ».
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Le XVIIIè : remises en questions littéraires et sociales
La Révolution française : un court rappel
De nombreux éléments historiques vont mener jusqu'à la prise de la Bastille en 1789.
La révolte sociale gronde depuis suffisamment longtemps pour que Louis XVI convoque les Etats-Généraux qui réunissent la noblesse, le clergé et
le Tiers Etat. On reproche aussi au Roi de vivre à Versailles, éloigné de son peuple.
Lorsque le mouvement révolutionnaire se met en marche, les politiciens et les penseurs vont se fonder sur la pensée des philosophes qui auront
marqué le siècle : les Lumières.
Et la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen, rédigée en 1789, s'inspirera de nombre de leurs principes, en particulier sur l'égalité des
hommes sans distinction sociale, la nécessité de la Loi qui protège les citoyens (voir en particulier l'article 9 sur la présomption d'innocence), l'intérêt
des particuliers qui se trouve dans l'intérêt de tous et la liberté des uns qui s'arrête là où commence celle des autres.
Cette Déclaration pose les bases du Droit qui est encore appliqué de nos jours.
La Révolution sera suivie de la Terreur qui verra le massacre des aristocrates, des politiciens opposants à ceux en place, etc.
Cette période s'achève par la prise de pouvoir de Napoléon en 1799.
L'influence de la littérature sur ces événements historiques du XVIIIè est loin d'être négligeable et les oeuvres du siècle mènent en partie à ces
événements.
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Les Lumières
Le terme « lumière » au sens figuré signif ie « connaissance, capacité intellectuelle ou acquise ». C’est à partir de ce sens figuré que Voltaire, en
1761, parle des « lumières d’un siècle éclairé ».
C’est une doctrine expressément laïque, qui fait de la connaissance et sa diffusion (le philosophe devant éclairer le peuple) les valeurs centrales du
mouvement, qui se répandra à travers l’Europe.
Selon le philosophe allemand Kant, la définition des Lumières passe par le courage qu’elles nécessitent, plus qu’à travers les connaissances
qu’elles apportent aux hommes : à ses yeux tout homme a les facultés de penser mais pas nécessairement le courage de s’en servir. Il s’agit pour
lui de rendre l’homme autonome et responsable dans la quête de son savoir. Il déclare : « Ose savoir ! ».
L’expansion économique est très importante, notamment grâce à la découverte des Amériques : le voyage devient un élément important, mais aussi
le colonialisme et l’esclavage que vont dénoncer les philosophes, comme Diderot dans le Supplément au Voyage de Bougainville.
Cette expansion économique mène à la création d’une classe bourgeoise très riche, et pourtant sans privilèges.
Les Lumières ne cherchent pas tous une démocratie où le droit de commander appartiendrait au peuple, mais certains pensent à donner le pouvoir
à une bourgeoisie du mérite qui agirait pour l’intérêt général : si Rousseau croit en une démocratie du peuple par le peuple, Voltaire est un royaliste
qui pense que la bourgeoisie devrait obtenir plus de droits.
Toutefois, il est parfois difficile aux auteurs de pouvoir s’exprimer. La censure influence l’écriture : les auteurs se voient obligés de développer des
stratégies d’argumentation fondées sur l’implicite, comme Montesquieu dans les Lettres Persanes, et sur l’utilisation du registre ironique.
En France, les philosophes se sont réunis, sous la direction de Diderot et D’Alembert pour écrire L’Encyclopédie : il s’agit d’un ensemble d’articles,
écrits par des philosophes, comme Diderot, Voltaire ou Rousseau, ou par des scientif iques, comme D’Alembert. On y trouve également les arts
mécaniques. L’Encyclopédie a bien sûr dû faire face à une censure féroce et certains auteurs ont même été emprisonnés brièvement.
L'accord des Lumières porte sur des valeurs fondamentales : raison, tolérance, humanité. Les philosophes sont animés par leur considération pour
le genre humain et par leur foi dans sa marche vers le progrès. C’est ainsi qu’ils s’entendent tous contre l’esclavage.
Mais des différences profondes vont opposer Rousseau et Voltaire.
Pour Rousseau, l’Homme est bon naturellement et la société le corrompt. En revanche, Voltaire s’est souvent moqué de cette idée de Rousseau,
parfois de façon très violente, affirmant que l’Homme est fait pour vivre dans une civilisation.
Sur la question religieuse, là encore, les philosophes divergent.
La révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV et le fanatisme religieux qui en a découlé a beaucoup influencé les philosophes de Lumières,
notamment Voltaire et son Traité sur les tolérances.
Voltaire est un déiste : pour lui il existe un Dieu et c’est une idée qu’il ne remet jamais en question. En revanche, il est profondément anti-clérical et il
s’attaque souvent de façon violente à la religion catholique. A l’inverse, Diderot ou d’Holbach sont athées.
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Les textes argumentatifs
Pour transmettre leurs idées, les philosophes des Lumières vont utiliser de nombreuses formes argumentatives.
Montesquieu utilisera le roman épistolaire dans Les Lettres Persanes : bien qu'il s'agisse d'un roman, la portée argumentative est claire et permet de
déjouer la censure, puisqu'il s'agit de publier une correspondance entre deux Persans qui observent la société française ou qui réfléchissent à des
questions de philosophie ou de droit.
Les auteurs pratiquent également l'essai. Le terme d’essai désigne au sens large des textes qui se caractérisent parla présence d’un « je » qui
s’adresse à ses contemporains dans un discours argumenté. Dans ces textes, les idées et l’expérience personnelle de l’auteur sont liées. On peut
par exemple citer Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes. Dans L'Encyclopédie, de nombreux articles peuvent aussi être
considérés comme des essais.
Le dialogue philosophique est aussi très utilisé, comme dans le Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot qui présente un dialogue entre A
et B, mais aussi de nombreux récits ou apologues qui s'intègrent dans ce dialogue.
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Le théâtre
Tout comme au XVIIè, le théâtre est un divertissement populaire. Certains auteurs vont donc alors en profiter pour faire passer des idées sociales
parfois osées.
C'est le cas de Beaumarchais, dans Le Mariage de Figaro. On relève dans cette oeuvre de nombreux passages polémiques : une tirade de Figaro
critique ouvertement les privilèges infondés de la noblesse, une tirade de Marceline s'élève pour le droit des femmes à l'égalité, etc.
Dans L'île des Esclaves, Marivaux quant à lui va procéder à une inversion tout aussi polémique : le maître, Iphicrate, devient l'esclave de son valet
Arlequin.
Marivaux va aussi écrire des pièces plus légères traitant de l'amour et du mariage, jouant sur la confusion de personnages masqués ou qui
échangent leurs rôles. Naît alors l'expression de marivaudage. Mais même dans ces pièces, la satire sociale est souvent présente, avec des
servantes qui déclarent pouvoir être les égales de leurs maîtresses, comme Le Jeu de l'Amour et du Hasard, ou des aristocrates qui paraissent
lâches et intéressés uniquement par l'argent, comme dans La Fausse Suivante.
A l'époque des Lumières, Diderot se penchera sur le théâtre pour essayer de renouveler le genre : il sera l'un des premiers à vouloir clairement
briser les règles du classicisme qui perdurent encore.
Il fonde le genre du drame bourgeois, mais le succès à l'époque n'est pas au rendez-vous.
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Le roman
C'est au XVIIIè que le roman français en tant que genre va enfin chercher à conquérir des lettres de noblesses pour sortir de cette image de
divertissement frivole, sous l'influence du roman anglais.
Le roman anglais prend, comme en France, ses origines dans les récits de chevalerie au Moyen-Age, et tout particulièrement dans les récits liés au
Roi Arthur. Au XVIIIè en Angleterre, le genre est cependant beaucoup plus diversif ié, et on trouve des romans comme Les Voyages de Gulliver qui
est une satire politique, Robinson Crusoe de Daniel Defoe qui présente un message moral sur la repentance, ou encore Moll Flanders, également
de Daniel Defoe, qui décrit de façon critique la vie sociale au XVIIIè à travers le personnage d'une prostituée ambitieuse.
Diderot, qui a voyagé en Angleterre, va alors écrire L'Eloge de Richardson : Richardson est l'un de ces auteurs anglais ; il s'agit pour Diderot de
vanter un roman réaliste, dénué de tout exotisme ou de passions rocambolesques, un roman en fait qui « montre le cours général des choses qui [l']
environnent ».
Pourtant Diderot va écrire tout le contraire : c'est Jacques le Fataliste qui paraît. Dans ce roman (mais peut-on l'appeler « roman » ?) Diderot joue
de tous les éléments narratifs : un narrateur interne qui se refuse à présenter ses personnages dans l'incipit, une action quasiment inexistante, des
personnages qui eux-mêmes sont plus occupés à échanger leurs propres histoires qu'à poursuivre véritablement le voyage qu'ils accomplissent.
Il est extrêmement paradoxal donc de constater que, dans le même temps, Diderot pose les fondations du roman réaliste, voire du roman français
tout court, pour les détruire avec facétie dans cette oeuvre.
C'est également au XVIIIè que paraît le roman Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos. Ce roman épistolaire mêle à la vision d'un
libertinage décadent des principes des Lumières, à travers le portrait d'une aristocratie engoncée dans son hypocrisie. L'oeuvre, à la fois polémique,
satirique et dramatique va tout autant traiter du droit des femmes, que de l'éducation religieuse ou de l'hypocrisie sociale, grâce à une construction
narrative extrêmement aboutie.
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Le premier XIXè : l'ère du romantisme
Le premier XIXè : illusions et désillusions
Les conquêtes de Napoléon Bonaparte vont apporter à la société française des rêves d'exotisme et d'une grandeur partagée par toutes les classes
sociales. Les récits de l'armée lors de la campagne en Egypte par exemple, font rêver toute une jeunesse.
Mais après la défaite de Waterloo, le rêve s'écroule : la monarchie est restaurée et avec elle une société de castes rigides qui privilégie une
bourgeoisie d'affaires libérale.
Ces désillusions vont influencer toute une génération d'auteurs, nourrie d'illusions héroïques dans l'enfance pour se retrouver jeunes adultes dans
une société qui ne correspond pas à leurs idéaux : cela provoquera chez eux un fort sentiment de mélancolie et d'amertume, « le Mal du Siècle ».
En 1830, les Trois Glorieuses est une révolte qui contraint le roi à abdiquer. Mais elle n'aboutira pas à un gouvernement républicain : un nouveau roi
réussit à s'installer au pouvoir, c'est Louis-Philippe. Il instaure une monarchie constitutionnelle, très conservatrice et qui est au service des intérêts
de la bourgeoisie, une classe sociale riche et libérale (de nos jours, on dirait « capitaliste »).
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Le romantisme
Le romantisme est un mouvement littéraire et culturel qui naît en Allemagne à la fin du XIXè. Il va s'exprimer en musique, en peinture (avec les
oeuvres de Caspar David Friedrich) ou encore en littérature (avec les oeuvres de Goethe).
Le mouvement va bientôt traverser les frontières et se répandre en Europe. En France, c'est une femme de Lettres qui va le faire connaître : Mme
de Staël.
Le romantisme commence d'abord par s'exprimer en poésie.
La forme poétique se prête particulièrement bien à l'expression du « mal du siècle », comme chez Lamartine par exemple qui va chanter la mort de
sa bien-aimée dans un registre lyrique, teinté de pathétique, souvent émouvant, ou utiliser les paysages pour évoquer sa mélancolie et son désir
d'absolu.
Le romantisme va surtout connaître un extraordinaire développement au théâtre avec la création du drame romantique. Nos jeunes auteurs révoltés
qui ne peuvent s'insurger contre la société vont alors s'insurger contre les règles théâtrales encore en vigueur depuis le XVIIè.
Or, politique et littérature sont liées : les tenants du classicisme soutiennent souvent la société bourgeoise libérale au pouvoir, les jeunes
romantiques sont perçus comme des révolutionnaires. Cela posera d'ailleurs des problèmes à Victor Hugo dont les premières opinions politiques le
portent vers la monarchie, mais qui va se retrouver, presque malgré lui, chef de file du drame romantique.
Le romantisme au théâtre se présente donc comme une libération qui s’oppose au classicisme où dominent les règles. Il s’agit de représenter
l’homme moderne, agité par les deux tendances qui le divisent : l’âme et le corps.
Le héros romantique est lui marqué par une fatalité, qui est le reflet du « mal du siècle » et, chez Hugo en particulier, il possède une incroyable
grandeur morale. De même chez Alexandre Dumas, autre auteur du drame romantique, le héros se détache toujours du commun des mortels.
Les auteurs romantiques vont aussi beaucoup s'inspirer de Shakespeare, dramaturge anglais du XVIIème siècle : ils admirent son extême liberté,
tant dans les thèmes que dans les registres ou le style.
Il faut tout de même noter que les auteurs de théâtre romantiques ont pourtant des points communs avec les classiques : le héros hors du commun
rappelle les oeuvres de Corneille, Victor Hugo quant à lui n'abandonne pas le vers.
Le romantisme français, tant en peinture, qu'en musique avec Berlioz, ou en littérature, va donc être une exaltation du moi, une recherche de
l'absolu, le tout teinté à la fois de mélancolie et de révolte, en prise avec le monde moderne.
(Attention à ne surtout pas confondre « romantisme » et « romanesque » !)
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Le théâtre
Le drame romantique va totalement secouer la vie théâtrale française à partir de 1825.
En 1822, une troupe anglaise, menée par Kean, le plus grand acteur anglais de l'époque, vient représenter des oeuvres de Shakespeare au théâtre
de l'Odéon à Paris.
Pour les jeunes romantiques, c'est une révélation, y compris pour Berlioz qui va développer la voie du romantisme en musique.
Entre 1823 et 1825, Stendhal écrit Racine et Shakespeare, où il annonce la volonté de créer un théâtre moderne, inspiré du dramaturge anglais.
En 1827, Hugo écrit une préface à sa pièce de théâtre Cromwell. Il y définit le drame romantique : au nom de « l'indépendance du génie », l’auteur
ne doit se soumettre à aucune règle. « Tout ce qui est dans la nature est dans l’art » : aussi les unités de temps et de lieu sont-elles rejetées. Enfin
et surtout, le « sublime » et le « grotesque » doivent se côtoyer au théâtre, comme dans la vie.
Il met cette théorie en application en 1830 : c’est « la bataille d’Hernani » une querelle à l’intérieur même du théâtre où Hugo fait représenter sa
pièce Hernani, menée d'un côté par les tenants de la vieille école, de l'autre par une claque de jeunes romantiques, dont Théophile Gauthier ou
Stendhal, venus pour soutenir Hugo. La bataille est épique : insultes et légumes volent pendant que les acteurs tentent de poursuivre la
représentation.
Un autre important auteur du drame romantique est Alfred de Musset. En 1829, Musset fait représenter une pièce intitulée La Nuit Vénitienne. La
pièce est très mal accueillie. Musset blâme alors le public, qui n'a pas été capable de la comprendre, et, assez vexé, décide que ses pièces ne
seront plus représentées mais lues. Il entame alors une collaboration avec La Revue des Deux Mondes et y fait paraître trois pièces qui sont réunies
en 1832 sous le titre Un Spectacle dans un Fauteuil. D'autres pièces suivront, elles suivent ce principe d'un théâtre à lire plutôt qu'à mettre en
scène.
Ce concept est novateur : jusqu'ici, les pièces s'inscrivaient nécessairement dans un objectif de représentation. Musset donc l'un des premiers à
poser l'idée d'un théâtre qui serait indépendant du spectacle.
Cela va lui permettre de s'affranchir des contraintes de la scène.
Le drame romantique s'achève aux alentours de 1840. Mais il laisse un genre théâtral renouvelé, libéré et prêt à prendre de nouvelles formes.
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La poésie
Au début du XIXè, c'est la poésie romantique qui va tout particulièrement marquer.
Comme on le retrouve dans le drame romantique, quelques ruptures, bien que moins marquées, apparaissent. Elles sont essentiellement formelles :
les auteurs vont introduire un vocabulaire parfois plus courant, on trouve également parfois une versif ication hétérométrique ; les romantiques
n'hésitent pas non plus à utiliser des rejets, contre-rejets et enjambements, moins répandus chez les classiques.
Un auteur romantique, Aloysius Bertrand, va également explorer la prose poétique avec Gaspard de la Nuit.
Les Méditations poétiques de Lamartine est le premier succès des poètes romantiques.
Comme la plupart des oeuvres des poètes romantiques, elle est marquée par la dominance du lyrisme.
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A la croisée du XIXè siècle, deux poètes inclassables : Baudelaire et Rimbaud
Le romantisme mène à Baudelaire, Baudelaire mène à Rimbaud, Rimbaud mène au symbolisme.
C'est une simplif ication abusive, mais on ne peut classer ni Rimbaud, ni Baudelaire dans aucun mouvement, car leur oeuvre est à la fois très riche
et véritablement à part. On les considère comme les fondateurs de la modernité en poésie.
Charles Baudelaire
L'oeuvre qui fait sa célébrité est Les Fleurs du Mal.
Recueil composé de différentes parties, dont « Spleen et Idéal » ou « Tableaux Parisiens », Baudelaire va explorer de nombreux thèmes.
Parmi ceux-là on trouve les thèmes récurrents en poésie de la célébration de la femme aimée – célébration souvent sensuelle chez Baudelaire
– du memento mori, et le thème romantique du mal de vivre, entre autres. Mais Baudelaire va développer ces thèmes d'une façon originale.
Pour le memento mori, on peut par exemple citer « Une charogne » : alors que Ronsard au XVIè évoquait les roses pour illustrer ce thème,
Baudelaire va utiliser un cadavre en putréfaction.
Le mal de vivre devient le spleen chez Baudelaire : ce terme issu de l'anglais signif ie « rate » et renvoie à l'ancienne théorie de médecine que
le corps est régi par des « humeurs » ou fluides ; un excès de bile, produit par la rate, induirait alors la mélancolie. Baudelaire associe le
spleen à l'idéal, dans une quête qui semble vouée l'échec.
Le poète va également utiliser en poésie le monde contemporain. C'est là une véritable innovation du XIXè que d'introduire en littérature, ou
même en peinture, des éléments modernes, qui n'étaient pas considérés jusque là comme objets artistiques.
La figure du poète va également être l'objet de sa réflexion, en s'alliant à l'idée du spleen, comme dans « L'Albatros ».
Du côté du style, Baudelaire va utiliser une versif ication d'un parfait formalisme qui rappelle le classicisme. Mais il va aussi explorer la prose
poétique avec Petits Poèmes en Prose.
L'influence de l'oeuvre de Baudelaire se fera sentir dans le mouvement symboliste, chez des poètes comme Verlaine soucieux de musicalité et
d'expression de soi, et surtout chez Rimbaud par ses thèmes imaginatifs et fantastiques.
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Arthur Rimbaud
L'essentiel de son oeuvre est écrite entre 1870 et 1875, c'est-à-dire entre l'âge de 15 ans et l'âge de 21 ans. Adolescent en révolte, il fuguera à
de nombreuses reprises de la maison familiale à Charleville.
Ses fugues d'adolescent permettent en partie l’éclosion de son oeuvre, avec de nombreux poèmes liés au voyage où il croque des lieux, des
situations, à la manière d’un peintre ; on pense aussi souvent que des poèmes comme « Le Dormeur du val » ou « Les Corbeaux » sont
inspirés de scènes qu’il a pu voir en traversant les champs de bataille lors de la fugue de février 1871. Mais le voyage est surtout l’expression
d’une liberté : liberté loin de sa ville Charleville, exprimée par la sérénité d’un poème comme « Sensation », liberté qui rejoint souvent
l’onirisme, comme dans “Ma Bohème”.
En revanche dans « Le Bateau ivre », l’expérience du voyage est spirituelle : ces images sont un cortège de visions et le bateau devient le
symbole du poète qui a accompli un voyage poétique.
Mais on trouve aussi des textes satiriques ou polémiques contre l’ordre établi et les bourgeois. Il n’épargne pas non plus Napoléon III, dépeint
de façon ridicule dans « L’Empereur à Sarrebrûck » : « raide, sur son dada ».
Dans la continuité de sa satire politique, Rimbaud écrit aussi des poèmes qui s’attaquent à la religion. On peut le voir dans « Le Mal », au titre
ambigu, où la naïveté des petites gens s’oppose à la cruelle indifférence de la divinité.
La réflexion poétique chez Rimbaud est importante : pour lui le poète est une figure presque mystique.
Il exprime dans la lettre du dite « du voyant » sa conception du Poète.
Pour lui, il faut parvenir à l’Inconnu, à des visions dont il n’est pas important qu’elles soient compréhensibles ou pas : ce qui importe c’est leur
incarnation à travers un langage nouveau. L’écriture de Rimbaud est poésie précisément grâce à cela : il s’agit d’un renoncement au quotidien
fondé sur le songe.
Rimbaud apparaît donc comme un iconoclaste, au sens premier du terme : un briseur d’idoles. Sa poésie est celle d’une révolte constante :
contre l’ordre bourgeois, contre l’idéal romanesque, contre le langage même, pour achever la révolte ultime du Poète : refuser l’écriture.
L'influence de Rimbaud se fera sentir chez les symbolistes (qui vont le « récupérer » comme l'un des leurs, bien après que Rimbaud a arrêté
de se soucier de littérature) ou chez Apollinaire qui ouvre le XXè.
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La fin du XIXè : l'époque de tous les renouvellements
La deuxième partie du XIXè : empire, monarchie, révoltes et républiques
La littérature de la seconde moitié du XIXè va se faire l'observatrice de son siècle.
Et les faits de société vont abonder, tout particulièrement dans le roman : Bel-Ami de Maupassant décrit la collusion du journalisme et de la
politique, Les Misérables de Hugo dépeint la vie terrible des classes pauvres et populaires, Zola se penche sur le monde ouvrier, alors que Balzac
aborde presque tous les aspects de la vie sociale.
Connaître quelques faits historiques de cette époque particulièrement riche permet également de mieux saisir le regard que les auteurs vont jeter
sur leur temps.
Entre 1847 et 1881, la France connaît une monarchie, un empire, une république, une guerre et deux révoltes populaires : c'est une période
troublée politiquement et socialement.
Depuis 1830, la monarchie est constitutionnelle, dirigée par le roi Louis-Philippe. Mais il s'agit d'une politique conservatrice, aux intérêts de la
bourgeoisie.
En 1848 a alors lieu une nouvelle révolution : des barricades sont dressées dans Paris à la suite d'une fusillade. Les insurgés veulent le suffrage
universel et la crise économique fait rage. Un gouvernement républicain est formé par Lamartine.
Louis-Napoléon Bonaparte, élu Président de la République fait un coup d'état le 2 décembre 1851 : il instaure le Second Empire et prend le nom de
Napoléon III. L'un des plus ardents opposants à cette prise de pouvoir est Victor Hugo qui part en exil : en Belgique d'abord puis il s'installe ensuite
dans les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey. Il s'oppose au régime par des oeuvres engagées, en particulier par le recueil de poèmes
Les Châtiments.
Bien que les libertés fondamentales sont souvent déniées car il s'agit d'un régime autoritaire, en particulier la liberté d'expression, Napoléon III fait
entrer la France dans l'ère industrielle : il modernise Paris en faisant appel au baron Haussmann qui ouvre de grands boulevards dans la ville, des
grands magasins s'ouvrent (décrits par Zola dans Au Bonheur des Dames) ; il permet de développer l'enseignement primaire et d'ouvrir
l'enseignement secondaire aux filles ; il légalise également le droit de grève en 1864.
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En 1870, les Prussiens (actuellement l'Allemagne et une partie de l'Autriche) envahissent la France et Napoléon III est fait prisonnier.
La République est proclamée et un gouvernement se constitue, alors que Paris est assiégée.
En 1871, le général Thiers négocie avec les Prussiens qui assiègent toujours Paris. Mais une révolte éclate dans Paris : c'est la Commune. Le
peuple parisien tente d'organiser un gouvernement populaire, refusant de capituler devant les Prussiens, refusant l'autorité de Versailles qu'incarne
Thiers, et croyant en des idéaux de justice et d'égalité sociale.
La Commune se termine dans un bain de sang : les Versaillais sous les ordres de Thiers entrent dans Paris et fusillent tous ceux qui sont trouvés
avec des armes à la main.
La Troisième République, instable, s'installe alors : les oppositions entre monarchistes et républicains sont nombreuses. Et ce n'est qu'à partir de
1881 qu'une certaine stabilité voit le jour dans cette Troisième République.
La fin de cette époque est marquée par l'Affaire Dreyfus, un capitaine accusé d'avoir livré des secrets militaires à l'Allemagne, qui était surtout
coupable aux yeux de beaucoup car il était Juif. Zola s'élevera pour sa défense, dans la lettre ouverte « J'accuse ».
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Le roman
Balzac, que l'on peut considérer comme un héritier du romantisme et le fondateur du réalisme, va être l'un des premiers à affirmer une volonté
d'observer la société, toute la société dans son oeuvre. Le réalisme devient un mouvement théorisé à partir de 1850. Or, Balzac meurt cette annéelà. Si l'on se fonde sur la définition de ce qu'est un mouvement, alors Balzac n'appartient pas au mouvement réaliste, puisqu'il n'a jamais manifesté
sa volonté d'y adhérer.
Balzac a aussi vécu l'essor du romantisme et, bien qu'il n'y ait pas formellement pris part, on trouve dans son oeuvre l'influence de tout ce qui fait le
romantisme.
Si l'on se fonde donc sur le réalisme comme mouvement, Balzac n'est pas un auteur réaliste. Mais il a profondément marqué les auteurs réalistes.
Selon Engels1, Balzac est un romancier dont le réalisme se manifeste « tout à fait en dehors des intentions de l'auteur ». Il dit également de Balzac
que c'est « un maître du réalisme infiniment plus grand que tous les Zola passés, présents et à venir »2.
Cette confusion provient de l'intention même de Balzac lorsqu'il écrit La Comédie humaine : il veut « peindre les deux ou trois mille personnages
saillants de [s]on époque et faire concurrence à l'Etat-Civil. » On voit ici deux ambitions : la première est celle d'une oeuvre totalisante ; la seconde
est celle de la représentation du réel de son temps.
Il va également déclarer : « La société française allait être l'historien, je ne devais être que le secrétaire ». Balzac n'est donc pas un auteur du
mouvement réaliste, mais le réel contemporain est le cadre de son oeuvre.
« La Comédie Humaine » regroupe 137 oeuvres, beaucoup sont des études de moeurs : intitulées « Scènes de la vie parisienne », « Scènes de la
vie de province », « Scènes de la vie privée », ou encore « Scènes de la vie militaire », il s'agit d'observer la vie sociale et politique française. On
trouve également des oeuvres philosophiques, ou des récits fantastiques, comme « La Peau de chagrin ».
Il utilise un système de personnages récurrents, comme Rastignac, Vautrin ou le docteur Bianchon, que l'on retrouve dans plusieurs récits différents.
Son talent descriptif permet d'introduire l'idée que le milieu est à la fois une image des personnages qui y vivent, mais aussi qu'il est une influence
sur ces personnages.
Cette idée d'une grande oeuvre, totalisante, est reprise par Zola qui présente l'histoire d'une famille, les Rougon-Macquart et intitule son ensemble
de 20 titres « L'Histoire Naturelle et Sociale d'une famille sous le Second Empire ».
A partir de 1868, il commence à dessiner l'arbre généalogique de cette famille qu'il décrit en développant le thème de l'hérédité : les RougonMacquart ont un problème d'alcoolisme qui se retrouvera chez chacun des personnages et presque tous succomberont à cette maladie qui les
entraînera dans la déchéance.
Cette idée que l'on ne peut échapper à son hérédité est emblématique du mouvement du naturalisme que Zola fonde.
Le roman réaliste domine donc cette seconde moitié du XIXè : le romancier observe la société de son époque.
Mais il prend aussi parfois position : ce sont les romans engagés ou les romans à thèse.
Parmi ceux-là, il est nécessaire de citer Les Misérables de Victor Hugo. Cette oeuvre immense annonce dès le titre qui sont les héros du roman : les
classes populaires, les pauvres.
Hugo, dans l'épigraphe, annonce sa prise de position politique et sociale : « Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation
1 Philosophe allemand (1820-1895).
2 Engels, Sur la Littérature et l'art.
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sociale créant artif iciellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois
problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront
pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant
qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »
Il développe donc le thème de la prostitution féminine, du crime et de la justice, de l'éducation et de la rédemption.
Le roman reste malgré tout un genre qui permet le divertissement : Alexandre Dumas explore les époques historiques, parfois en les revisitant
(l'expression consacrée est qu'il « viole l'Histoire de France ») comme l'époque de Louis XIII avec Les trois Mousquetaires, celle d'Henri IV avec La
Reine Margot, mais aussi sa propre époque avec Le Comte de Monte-Cristo.
De même Jules Verne écrit de la littérature enfantine : les aventures les plus fabuleuses sont mêlées à des pages didactiques, sur l'ordre de son
éditeur Hetzel. Les petits lecteurs ont donc droit à des classif ications sur les familles de poissons alors même que Verne invente le premier sousmarin dans Vingt Mille Lieues sous les mers.
Jules Verne, tout comme Antoine Villiers-de-l'Isle Adam, vont fonder le roman de science-fiction français : Jules Verne, à part le sous-marin, invente
également une fusée qui irait sur la lune ; Villiers de l'Isle-Adam, dans L'Eve Future invente le premier androïde.
La nouvelle
La nouvelle est aussi un genre très prisé dans la seconde moitié du XIXè.
Les nouvelles réalistes sont nombreuses, mais la nouvelle est un genre où le fantastique est extrêmement exploité.
Le plus célèbre auteur de nouvelles fantastiques est Maupassant, mais Antoine Villiers de l'Isle-Adam, ou Théophile Gauthier en écriront également.
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Le réalisme
Le terme réalisme est généralement employé pour caractériser un mouvement littéraire et culturel qui se développe en France entre 1850 et 1865.
C’est la peinture, en premier, qui va créer ce mouvement, avec Un Enterrement à Ornans, de Courbet que l'on peut qualif ier comme étant le premier
tableau réaliste.
Les auteurs principaux de ce mouvement sont Maupassant et Flaubert, Balzac est souvent associé à ce mouvement bien qu'il n'y ait jamais
volontairement adhéré. Champfleury est un de ses principaux théoriciens.
Le réalisme étudie le réel contemporain, avec une attention aux milieux modestes et populaires. Le style est souvent le plus plat et le plus neutre
possible pour mettre en valeur les idées sans qu’elles soient encombrées par le style. Pour le réalisme, il est donc important de définir l’espace du
roman, souvent à l’aide de descriptions précises, puisque le milieu influence l’individu.
A travers la description, les auteurs font passer une atmosphère qui nous présente les personnages qui vivent dans le lieu décrit.
Ainsi, nous pouvons voir que le mouvement réaliste a une volonté pédagogique : il s’agit de montrer la société, toute la société à ceux qui y vivent.
Les auteurs présentent donc la réalité sociale de leur époque. Il s'agit pour eux de montrer, non plus les grands de ce monde mais aussi le peuple.
C'est ainsi que des personnages misérables ou des ouvriers vont entrer dans le roman, alors qu'ils n'apparaissaient auparavant qu'à l'arrière-plan.
D'autres oeuvres vont poursuivre cette dimension de peinture sociale et morale, mais en représentant aussi des couches moins populaires de la
société : Bel-Ami présente la corruption de la bourgeoisie et de la haute bourgeoisie ; Madame Bovary présente la bêtise bourgeoise à travers le
personnage du pharmacien Homais.
Mais il ne s’agit pas que d’une reproduction, l’art est aussi présent. Dans la préface de Pierre et Jean, Maupassant écrit : « Faire vrai consiste donc
à donner l'illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession.
J'en conclus que les Réalistes de talent devraient s'appeler plutôt des Illusionnistes. »
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Le naturalisme
Le mouvement naturaliste existe en littérature entre 1877 et 1884. Le terme « naturalisme » est utilisé par Emile Zola à partir de 1865.
Deux éléments caractérisent le naturalisme :
- le recours systématique aux sciences, méthodes et savoirs , comme Zola l'indique dans Le Roman Expérimental ;
- la littérature est étendue à des thèmes qu’elle n’explorait pas jusqu’ici, que cela soit les classes sociales populaires, l’étude du corps ou des
pulsions physiques.
Parmi les oeuvres du naturalisme, on retiendra Germinie Lacerteux de Jules et Edmond de Goncourt, dont la préface explicite aussi clairement la
démarche naturaliste. Zola dira de ce roman : « Les faits sont ici purement physiologiques ; l’intérêt n’est pas dans les incidents, mais dans l’analyse
du tempérament de cette fille, de sa chute, de ses luttes, de son agonie. »
Parmi les auteurs du naturalisme, il faut principalement retenir Emile Zola.
Entre 1871 et 1893, il publie une suite de vingt romans, Les Rougon-Macquart, qui présente « l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le
Second Empire ».
Zola poursuit deux grands buts :
- une volonté d’exhaustivité : il va donc étudier tous les milieux sociaux ;
- utiliser les sciences : il s’appuiera en particulier sur l’étude des tempéraments dans Thérèse Raquin et sur les lois de l’hérédité avec un arbre
généalogique de sa famille fictive.
Il déclare ainsi à un critique : « Vous mettez l’homme dans le cerveau, je le mets dans tous ses organes. Vous isolez l’homme de la nature, je ne le
vois pas sans la terre d’où il sort et où il rentre. »
Une telle oeuvre va donc demander de sa part à la fois un travail de documentation précis sur les conditions de vie des classes sociales qu’il va
décrire (ainsi, il va visiter des mines et rencontrer des mineurs pour pouvoir écrire Germinal qui décrit ce milieu), mais aussi un travail de description
des lieux et des objets, qui finissent par devenir des symboles, comme l'alambic dans L’Assommoir ou la locomotive dans La Bête Humaine.
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La poésie
La fin du XIXè et le début du XXè en poésie vont être fortement marqués par l'oeuvre laissée par Baudelaire et Rimbaud.
Si nous schématisons l'influence de ces deux auteurs sur le genre, nous pouvons résumer ainsi :
BAUDELAIRE
poésie affective
et musicale
(« L'invitation
au voyage », « Spleen »)
poésie cérébrale
et idéaliste
(« Correspondances »)
Verlaine
Mallarmé
poésie imaginative
et fantastique
(« Le Voyage »)
Rimbaud
Les Décadents
Les Symbolistes
La modernité
Valéry
Claudel
Apollinaire
Saint-John Perse
Le surréalisme
(Ce schéma provient de l'ouvrage de P. Brunel et D. Huisman, La Littérature Française, paru chez Vuibert.)
Comme on le voit, la poésie va explorer de nombreuses voies, à la fois stylistiques et thématiques. L'influence de Baudelaire et ensuite de Rimbaud
permet l'entrée dans le XXè siècle avec Claudel, Valéry ou Apollinaire.
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Le Parnasse et l'Art pour l'Art
On appelle le Parnasse le mouvement qui déclare que l'Art n'a pas à servir de but, n'a pas à être utile, comme les oeuvres engagées peuvent l'être
par exemple. Ce mouvement va se trouver dans le roman et en poésie.
Bien qu'il soit défini, en particulier par Théophile Gautier, il reste difficile de l'attribuer à tel ou tel auteur, mis à part dans certaines oeuvres, d'autant
plus que le Parnasse va s'approprier certains auteurs, que d'autres vont s'en approcher sans nécessairement y adhérer.
Pour définir le Parnasse, il suffit de citer la préface de Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier : « Tout ce qui est utile est laid. (…) L'endroit le
plus utile d'une maison, ce sont les latrines. » (Je vous laisse chercher dans le dictionnaire ce que signif ie « latrines » si vous l'ignorez !)
Le Parnasse a toutefois une importance dans le siècle : alors que certains auteurs sont dans l'observation, voire la dénonciation de la société,
d'autres s'en détachent radicalement. La littérature semble donc prendre deux voies, l'une qui va explorer le style, les mots, l'espace de la fiction et
du rêve ; l'autre qui s'ancre dans la société.
Le Symbolisme
Le symbolisme est un mouvement qui naît le 18 septembre 1886, avec la parution du manifeste symboliste écrit par Jean Moréas.
Or, ce manifeste est écrit a posteriori du mouvement, ou tout du moins, après que l'essentiel de ce que les symbolistes vont déclarer comme étant le
symbolisme aura été écrit.
Certains auteurs vont donc se retrouver qualif iés de symbolistes de façon abusive, soit parce qu'ils sont morts (comme Baudelaire par exemple),
soit parce qu'ils ont cessé d'écrire (comme Rimbaud), soit parce que leurs oeuvres majeures ont déjà été écrites (comme Verlaine ou Laforgue).
A cette confusion de départ, s'ajoute une confusion à l'intérieur même du mouvement, puisque l'on peut y distinguer plusieurs tendances :
- les Décadents expriment la mélancolie et le désarroi ;
- les vers-libristes poursuivent la révolution prosodique lancée par Lautréamont, Baudelaire et Rimbaud avec leurs poèmes en prose ;
- les tendances stylistiques vont mener vers une suggestion, plutôt qu'une véritable description, comme le fait l'impressionisme en peinture,
ou bien vers un développement important de la musicalité de l'oeuvre poétique.
Mais un élément unit le mouvement, c'est, comme Mallarmé va le dire, l'idée que « La péosie est l'expression, par le langage humain ramené à son
rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l'existence ».
La poésie est donc une aventure spirituelle : le poète, par ses mots, tente d'atteindre et de faire passer les mystères de l'univers.
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Le début du XXè : entropie et débuts du modernisme
De la Belle Epoque à la Première Guerre Mondiale
A partir de 1890, la modernité s'installe en France : les automobiles commencent à apparaître dans les rues de Paris, la Tour Eiffel est érigée et
devient le symbole de l'Exposition Universelle de 1900 qui a lieu à Paris.
Politiquement, la République est plus solide. Mais l'anarchisme se développe et des attentats vont avoir lieu. Le socialisme devient un véritable
mouvement politique : la classe ouvrière s'organise et en 1906 de nombreuses grèves vont se succéder pour installer des conditions de travail
décentes. Jean Jaurès, député parlementaire socialiste, marque l'époque par son engagement, et en particulier par son pacif isme. Il est assassiné
par un militant d'extrême droite à la veille de la Première Guerre Mondiale.
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Le théâtre
La pièce qui marque l'époque est Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, représentée pour la première fois en 1897.
A la fin du premier acte, les acteurs ont été rappelés 9 fois sur scène, à la fin de la pièce, ce furent 40 rappels. Le succès ne se démentira pas dans
les années suivantes La pièce en vers ressuscite l’héroïsme cornélien et les passions romantiques. Pour cette raison, on qualif ie souvent Cyrano de
Bergerac de drame romantique, bien que la période du drame romantique s’étende de 1827 à environ 1840. Mais on qualif ie aussi Cyrano d'oeuvre
passéiste : rien de nouveau, ni dans sa forme, ni dans ses thèmes. Cela n'empêche pas bien sûr l'oeuvre d'être admirable.
Le théâtre de « boulevard » est au début du siècle ce qui remplit le mieux les salles. Courteline propose un théâtre réaliste, mais à travers des
farces. Il prend pour cibles l’armée, avec Les Gaietés de l’escadron, ou la bureaucratie, avec Messieurs les Ronds-de-cuir. Dans la même veine,
Feydeau créé des vaudevilles : il propose des intrigues amoureuses à quiproquos, comme On purge Bébé.
Voulant rompre avec ce théâtre traditionnel André Antoine fonde le Théâtre Libre, avec d’importants aménagements techniques. Il s’intéresse
également aux dramaturges étrangers, comme les Russes Tolstoï et Tourgueniev.
Un de ses anciens collaborateurs, Lugné-Poe, fonde le Théâtre de l’Oeuvre. Il y propose des œuvres symbolistes comme Pelléas et Mélisande de
Maeterlinck. Il va aussi permettre à Jarry de présenter sa trilogie d’Ubu, pièce provocatrice et féroce qui bouleverse le théâtre, en particulier par son
utilisation d'un langage nouveau.
Enfin, grâce à Lugné-Poe, Claudel, un auteur ambitieux inspiré par sa vision chrétienne, créé des œuvres comme Partage de Midi, en 1904, et met
en place un système dramatique travaillé qui développe ses personnages et leur symbolique.
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L'entre-deux-guerres : le modernisme
Le traumatisme de la guerre et l'émergence de nouveaux pouvoirs
La Première Guerre Mondiale cause 9 millions de morts, dont 1 million et demi pour la France. La guerre des tranchées, dans la boue, le froid, sous
une pluie d'obus, marque les conscience et laisse des soldats traumatisés, d'autres sont fusillés pour mutinerie car ils refuseront de servir de chair à
canon. Dans son roman Le Feu, Henri Barbusse qui a lui-même vécu cette expérience, va la raconter de façon saisissante.
Mais c'est aussi l'époque où pour la première fois les femmes vont avoir l'occasion de prouver qu'elles peuvent travailler et mener un foyer sans les
hommes.
La fin de la guerre voit le début des Années Folles, des années insouciantes où les femmes coupent leur cheveux et le jazz envahit les clubs.
En Russie, la Révolution de 1917, menée par Lénine et les théories de Marx, va entraîner une vague d'événements qui aura dans les décennies
suivantes des conséquences mondiales, avec la création du Parti Communiste et de l'U.R.S.S.
La crise boursière éclate en 1929. Elle aura un impact économique, mais aussi social, puisqu'elle va créer des faillites, du chômage, toutes choses
qui permettront à la xénophobie et à l'antisémitisme de se développer, en Allemagne ou en France.
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La poésie
En poésie, la période du début du XXè et de l'entre-deux-guerres vont se mêler. Et on peut considérer que c'est Guillaume Apollinaire qui va être la
figure centrale du passage entre le XIXè et le XXè, dans la modernité.
Depuis Baudelaire, la poésie a intégré les éléments du monde moderne dans le discours poétique. Apollinaire va ainsi composer « Zone » par
exemple. Des symbolistes, un certain goût pour l'insolite demeure. Les thèmes de la poésie jusqu'en 1939 vont donc être renouvelés.
Et la peinture va continuer d'être une grande influence sur le style poétique.
Le début du XXè et l'Entre-deux-guerres est l'époque de la modernité et du cubisme. Apollinaire participe d'ailleurs à la naissance de ce mouvement
pictural en 1904 et ses textes vont jouer du même type de juxtaposition avec les mots que les cubistes le font avec les formes, jusqu'à aller luimême dans la juxtaposition mise en forme dans ses Calligrammes.
Pour la modernité, nous pouvons citer Blaise Cendrars qui va composer « La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France », en 1913,
qui sera illustré par l'artiste Sonia Delaunay. Le style très particulier de Cendrars, en particulier dans la description des paysages traversés est un
écho des techniques picturales employées par Delaunay.
Les oeuvres poétiques de Paul Valéry, entre 1912 et 1922, prolongent les réflexions de Mallarmé ou Rimbaud. Mais leur diffusion reste limitée à une
élite intellectuelle.
Apollinaire va également inventer le terme « surréalisme » en 1917. Il ouvre alors la voie à un mouvement qui va se prolonger au-delà de la
Seconde Guerre Mondiale, un mouvement qui trouve son expression première en poésie mais qui va très vite explorer d'autres genres.
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Le surréalisme
Le terme de « surréalisme » est créé par Apollinaire en 1917. Il sert à qualif ier « de vastes et d'étranges domaines ». Mais ce n'est qu'en octobre
1924 que paraît le Manifeste du Surréalisme, écrit par André Breton, et qui va avoir un effet retentissant non seulement sur la littérature, mais aussi
sur la peinture.
Le chef de file du mouvement est donc André Breton. Autour de lui, on peut citer Paul Eluard ou Antonin Artaud. A ses débuts, le surréalisme est un
mouvement proche du dadaïsme, mené par Tristan Tzara. Mais les deux mouvements se sépareront en 1922.
Trois éléments importants définissent les principes du surréalisme.
Tout d'abord, le surréalisme est un mouvement de révolte : il rejette les valeurs traditionnelles, qu'elles soient morales ou artistiques. De fait, des
auteurs iconoclastes comme Jarry ou Rimbaud sont appréciés des surréalistes.
Le surréalisme est ensuite particulièrement marqué par la recherche de l'inconscient. Les théories freudiennes de la psychanalyse se sont
répandues et Breton a étudié la psychiatrie. L'art doit donc atteindre l'inconscient. Pour cela, on s'intéresse aux rêves, mais on va aussi utiliser
l'écriture automatique, c'est-à-dire une « Dictée de la pensée en l'absence de tout contrôle effectué par la Raison, en dehors de toute préoccupation
esthétique ou morale », selon les mots de Breton.
Mais ce sont les positions politiques qui vont faire éclater le groupe surréaliste. Certains vont s'orienter vers le Parti Communiste, qui condamne le
surréalisme comme un anarchisme.
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Le roman
Le roman va connaître de véritables révolutions stylistiques. Si de nombreuses oeuvres vont poursuivre la voie du réalisme, ou bien continuer à
présenter des récits d'aventures ou des romances sentimentales, certains auteurs vont explorer la question du style, de la réalité de la fiction ou de
ses personnages. On peut marquer cette époque comme étant plus déterminante que les précédentes pour séparer la littérature « de masse »
(c'est-à-dire les romans qui plaisent au public et que l'on lit en nombre) et une littérature, plus élitiste, qui s'interroge sur son sens et ses formes.
L'auteur qui va marquer la période est Marcel Proust. Son oeuvre, A la Recherche du temps perdu, un ensemble de sept romans, commence à être
écrite à partir de 1905. Mais elle ne commencera à être publiée qu'à partir de 1913. Et ce n'est qu'à partir de 1919 que la reconnaissance littéraire
arrive. Les derniers volumes ne paraîtront qu'après sa mort.
L'art de Proust est l'héritage des grands auteurs du XIXè, en particulier de Flaubert et Balzac, mais aussi l'influence des théories nouvelles de
l'inconscient ; pourtant cet art ne saurait être qu'un héritage : Proust est souvent considéré comme le plus grand auteur de la littérature française
pour la beauté et la subtilité de son écriture, pour les formes nouvelles qu'il créé. Il laissera une empreinte considérable sur les décennies à venir.
Un autre auteur emblématique de l'époque est André Gide. Tout comme Proust, son oeuvre commence avant la Première Guerre Mondiale. Le lien
avec Proust ne s'arrête pas là : Gide, auteur reconnu est éditeur chez Gallimard ; il refusera de publier les oeuvres de Proust lorsque celui-ci
cherche un éditeur. Cela n'empêchera pas ensuite les deux hommes d'établir une correspondance littéraire faite de respect et d'admiration.
L'oeuvre de Gide est iconoclaste, tant dans ses thèmes que dans son écriture.
En 1914, il écrit Les Caves du Vatican, roman dans lequel un personnage, Lafcadio, accomplit un « acte gratuit » : il tue un parfait inconnu en le
poussant hors d'un train en marche. D'autres de ses oeuvres sont tout aussi provoquantes d'un point de vue thématique puisqu'il va y écrire son
homosexualité, à une époque où il s'agit encore d'un délit puni par la loi.
Stylistiquement, c'est avec Les Faux Monnayeurs en 1925 qu'il brille : le roman est une mise en abîme vertigineuse, dans lequel la temporalité ellemême devient floue.
Un autre auteur va aussi avoir une influence considérable sur les décennies suivantes par son style hors du commun, c'est Louis-Ferdinand Céline,
avec Voyage au bout de la nuit, paru en 1932 et Mort à Crédit, paru en 1936.
Très loin de Proust ou Gide, le style de Céline utilise un vocabulaire argotique, voire ordurier, dans des phrases courtes, parfois violentes, qui usent
volontiers des points suspensions. L'auteur transmet un véritable désespoir lucide, avec un humour lui aussi violent. Sa vision est dépourvue de
héros, présente souvent le chaos, la haine et une vie pour le moins glauque.
Le début du XXè marque donc véritablement le moment où le roman se sépare du romanesque. La célèbre phrase de Valéry « La marquise sortit à
cinq heures » montre le mépris des auteurs de l'époque pour le romanesque. Le roman va alors entrer dans une phase de réflexion sur la statut de
la fiction et du narrateur qui aboutira au Nouveau Roman aux alentours de 1950.
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Le théâtre
Dans l’entre-deux-guerres, les hommes de théâtre comprennent que le renouveau du théâtre passe par les acteurs et la mise en scène. Jacques
Copeau, Georges Pitoëff ou Antonin Artaud développent leur vision. En Allemagne, puis au Danemark, Brecht crée un théâtre qui veut faire réagir le
public. Mais ses oeuvres et sa réflexion ne seront connues en France qu'après la Seconde Guerre Mondiale.
Deux auteurs français se dégagent de cette période de l’entre-deux-guerres : Jean Anouilh et Jean Giraudoux.
Le premier joue de tous les registres, souvent avec humour, mais il propose une vision pessimiste ou absurde, comme Le Voyageur sans bagage.
Chez Giraudoux, l’homme aussi lutte en vain contre la fatalité. Il retrouve les grands mythes, comme dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu ou
Amphitryon 38. La Guerre de Troie n'aura pas lieu est également très inspirée par ce qui a mené à la Première Guerre Mondiale, et semble
annoncer dans une vision tristement lucide que cela se reproduira.
La réécriture des grands mythes au théâtre permet à un certain nombre d’auteurs qui vont les utiliser de faire passer l’universalité de leur message.
On citera parmi eux La Machine Infernale de Cocteau. Les auteurs qui les utilisent reviennent à la tragédie, à l'idée que l'homme est prisonier d'un
destin. Là encore, on voit l'influence de la Première Guerre, où des millions sont morts pour une cause qui ne les intéressaient pas.
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La Seconde Guerre Mondiale : les engagements
La Seconde Guerre Mondiale
N.B. : Vos manuels d'Histoire de 3è et de Première vous expliqueront les origines et la Guerre elle-même mieux que je ne saurais le faire. Je me
contenterais donc de quelques rappels utiles et de leurs conséquences sur la littérature.
En Allemagne, Adolf Hitler est élu démocratiquement en 1933 sur la base d'un programme idéologique développé dès 1923 dans son ouvrage Mein
Kampf. Ses idées racistes et antisémites se répandent en Europe, y compris en France où certains intellectuels vont y adhérer comme LouisFerdinand Céline ou Robert Brasillach.
L'Allemagne nazie joint ses forces en Europe à l'Italie fasciste de Benito Mussolini, alors que l'Espagne qui est devenue une dictature en 1936 se
referme. La France est envahie par les Ardennes en 1940 à la suite d'erreurs stratégiques : c'est la débâcle. Le maréchal Pétain demande
l'Armistice : la France est coupée en deux, une zone dite « occupée » qui inclut Paris et une zone dite « libre », censée être sous le gouvernement
français de Pétain installée à Vichy. Dans la réalité, ce gouvernement de Vichy est à la solde des nazis et la zone est occupée aussi dès 1942.
Dans les deux zones, la police et la gendarmerie arrêtent les Juifs dénoncés par leurs voisins, des familles entières, des enfants aux vieillards, qui
sont ensuite déportés vers l'Allemagne.
Seul le Général de Gaulle appelle à la résistance, réfugié depuis l'Angleterre : c'est l'appel du 18 juin.
Il ne faut pas oublier que la Résistance en France reste limitée à de petits groupes de personnes, soit qui s'engagent pour des raisons morales
comme certains chrétiens, soit qui s'engagent pour des raisons politiques comme les communistes, soit qui s'engagent pour des raisons patriotiques
et démocratiques, soit simplement parce qu'ils sont Juifs. La littérature elle-même va se transformer en outil de résistance.
Toutefois, l'essentiel de la population soit collabore, par facilité ou par antisémitisme, soit essaye de survivre aux difficiles conditions sans se
préoccuper de ce qui se passe.
La France est libérée à partir de 1944, grâce au Débarquement de Normandie, mené par les soldats britanniques et américains.
Le nazisme et ce qu'il représente va être pour beaucoup d'auteurs une idéologie à combattre.
En 1824, dans une oeuvre intitulée Almansor, l’auteur allemand Heinrich Heine écrit : « Ceux qui brûlent les livres finissent tôt ou tard par brûler des
hommes. » En 1933, les nazis font un autodafé sur la place de l’Opéra à Berlin, près de la Bibliothèque. Ils y brûlent les livres d’auteurs dont la
pensée n’est pas celle du régime nazi, et surtout des auteurs juifs. Heinrich Heine fait partie de ceux dont les livres sont brûlés.
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Les écrivains qui s'engagent contre le nazisme rappellent cette idée fondamentale que la littérature, contrairement à toute dictature, fait réfléchir les
hommes et très souvent transmet un message d'universalité à travers les siècles et les différents peuples.
La poésie
La poésie durant la Seconde Guerre Mondiale va être le reflet de la population française : certains auteurs poursuivent leur oeuvre poétique, sans
s'engager par leurs écrits ; d'autres, au contraire, vont utiliser leur talent pour résister. Nous nous intéresserons uniquement à ceux-là.
La poésie va permettre de faire passer des valeurs, et tout d'abord des valeurs républicaines et patriotiques. Ainsi, Paul Eluard écrit « Liberté » en
1942, illustré plus tard par Fernand Léger. La poésie peut aussi être action. On peut citer par exemple certaines oeuvres de Louis Aragon : il s’était
engagé dans la Résistance et a donc dû entrer dans la clandestinité. Il a ainsi vécu à Nice, qui était en zone dite « libre ». A travers ses poèmes, il
va certes célébrer la France et ses valeurs, mais il va aussi faire passer des messages clandestins qui lient plusieurs groupes de résistants ou
donnent des indications sur des mouvements de troupe. Les nazis interceptant ces messages ne voyaient donc qu'une ouvre poétique, là où se
trouvait en fait un message codé.
Pour finir, la poésie pour un homme comme Pierre Seghers, c'est la beauté qui résiste à la barbarie nazie. Cet éditeur rassemble les poètes
résistants dans une revue clandestine intitulée « Poésie 40 » et il indique, dans le premier numéro que la poésie doit être défendue et que les
poètes français ont un devoir patriotique de résistance, car leur oeuvre représente aussi le génie de la France.
D'autres auteurs, dont certains après la guerre elle-même, vont s'élever contre la brutalité et l'horreur de la guerre. C'est le cas par exemple de
Prévert qui, dans « Barbara » écrit en 1946, déclare « Quelle connerie la guerre ».
Toutefois, le poème le plus emblématique de l'idée de résistance par la poésie n'est pas français, mais écrit par un pasteur allemand, Martin
Niemöller : il s’oppose au nazisme car il estime que cette iédologie ne respecte les principes de tolérance édictés par la Bible. En 1937, il fut arrêté
et déporté au camp de Sachsenhausen, puis au camp de Dachau en 1941. Il y survit et consacra le reste de sa vie au pacif isme. C'est à Dachau
qu'il l'écrit :
Lorsqu'ils sont venus chercher les communistes
Je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les catholiques
Je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Lorsqu'ils sont venus chercher les juifs
Je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour dire quelque chose.
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Le théâtre
Les théâtres sont ouverts dans Paris occupée qui devient un lieu de villégiature pour les dignitaires nazis.
De cette époque, nous citerons Antigone de Anouilh, écrite et représentée en 1944. Dans Paris occupée, Anouilh écrit et fait jouer cette pièce qui
propose une vision pessimiste de la révolte mais qui exprime la nécessité de la désobéissance pour défendre des valeurs.
Non seulement le texte, mais encore la représentation elle-même sont des actes de résistance à la barbarie et à la propagande, et appellent par la
double énonciation le spectateur à la résistance.
.
Le roman
Le roman est moins sur le devant de la scène durant la Seconde Guerre Mondiale, même si Aragon, alors clandestin à Nice, écrit l'un de ses plus
grands romans, Aurélien.
Toutefois le genre va aussi être un moyen d'expression pour les auteurs fascistes et nazis.
Robert Brasillach, qui sera fusillé à la Libération en 1945, écrit en 1939, Les Sept couleurs, un roman où il exprime son admiration pour le congrès
de Nuremberg et l'idéologie fasciste.
Louis-Ferdinand Céline, va lui écrire des pamphlets violemment antisémites et exprime ouvertement son soutien à l'Allemagne nazie, comme dans
Bagatelles pour un massacre (publié en 1937) ou Les Beaux Draps, publié en 1941. Il s'exile de France avant le Débarquement et ne reviendra
qu'après son amnistie en 1951.
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Après la Seconde Guerre Mondiale : poursuite des engagements et désengagements
Un monde marqué par les combats
La Seconde Guerre Mondiale laisse le monde marqué à la fois par l'Holocauste et par les ravages des combats en Europe.
L'émergence de l'U.R.S.S. en tant que puissance va mener à un affrontement entre l'Est et l'Occident, c'est la Guerre Froide.
Des écrivains de l'après-guerre vont être très influencés par le communisme : certains vont apprécier les idées, mais face à la dictature sanglante
de Staline vont très vite se désolidariser du Parti Communiste, comme Albert Camus par exemple ; d'autres, comme Aragon ou Sartre, mettront plus
de temps à remettre en cause le totalitarisme stalinien.
En Angleterre, George Orwell va écrire deux romans qui prendront position contre Staline et le monde de l'U.R.S.S. : La Ferme des Animaux et
1984.
A partir de la fin des années 50, la décolonisation commence : les pays colonisés se révoltent pour obtenir leur indépendance.
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L'Existentialisme et l'Absurde
Le philosophe Jean-Paul Sartre développe l'Existentialisme, un courant de pensée qui considère que la complexité de l'Homme ne permet pas de le
dfinir : ce sont ses actes plutôt qui le définissent. Or, l'Homme est libre d'agir, mais cette liberté est terrif iante. L'Homme doit donc soit assumer ses
choix d'actions, soit il cherche à échapper à cette responsabilité en suivant la norme, le conformisme.
C'est dans La Nausée, publié en 1938, que Sartre va montrer la difficulté pour l'Homme d'assumer ses choix.
Albert Camus et Sartre ont eu d'abord une relation amicale, avant de s'affronter de façon radicale.
La pensée de Camus découle de l'Existentialisme : c'est la pensée de l'Absurde. La première découverte de l'Absurde est que le monde n'a pas de
sens. Cela entraîne trois conséquences qui sont l'athéisme (tout comme pour l'Existentialisme), la résistance à l'oppression politique et une vision
optimiste de l'humanité.
Ces trois conséquences sont développées dans L'Etranger et La Peste.
L'idée de l'Absurde, que le monde n'a pas de sens, va également se retrouver au théâtre, avec le théâtre de l'Absurde. Pourtant les oeuvres
théâtrales qui s'inscrivent dans ce mouvement ne possèdent pas l'optimisme que l'on trouve dans les oeuvres de Camus.
Le théâtre
A partir de 1950 se développe un « nouveau théâtre », marqué par cette idée de l'Absurde que le monde n'a pas de sens.
On retrouve cette idée chez des auteurs comme Ionesco et Samuel Beckett.
Dans La Cantatrice Chauve de Ionesco, les discours des personnages sont dépourvus de sens : ils sont conventionnels, mais aucune
communication n'existe entre les personnages qui échangent. Ils sont comme prisonniers de leurs paroles qu'ils déversent, sans pour autant
qu'une signif ication se dégage.
Dans En Attendant Godot de Samuel Beckett, deux personnages, Vladimir et Estragon attendent en vain un nommé Godot qui doit leur
donner un travail. Là encore, la pièce est marquée par de nombreux discours, mais sans action : les personnages parlent en vain, n'agissent
jamais, le monde autour d'eux n'a pas de sens.
Ces deux pièces témoignent d'une vision pessimiste de la vie, opposée à celle que Camus développe dans L'Etranger par exemple.
On trouvera également « le théâtre de la cruauté » à cette époque. Développé par Antonin Artaud, il s'agit de montrer la souffrance d'exister.
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Le roman
Après 1939, comme précédemment, il existe une littérature romanesque dite « de masse » qui contient les romans policiers, la science-fiction, les
romans d'aventure, les romances, etc. qui sont lus par le grand public. Cette littérature est souvent l'objet de mépris (et parfois bien à tort !) des
écrivains qui « font de la Littérature ».
La Littérature va, elle, se développer dans deux directions :
- le roman existentialiste ;
- puis le « Nouveau Roman » à la fin des années 40 ;
- les études de moeurs.
Le roman existentialiste présente les idées des philosophies de l'Existentialisme ou de l'Absurde. Deux romans sont emblématiques : La Nausée de
Sartre et L'Etranger de Camus. A la différence des romans engagés que l'on peut rencontrer dans les époques précédentes, leurs personnages ne
servent pas qu'à transmettre l'idéologie de leur auteur. Mais surtout, ce sont leurs actions qui sont importantes : le personnage hérité de Balzac,
c'est-à-dire un personnage avec son Etat-Civil complet, son compte en banque, ses relations, disparaît dans ces romans et annonce le personnage
du « Nouveau Roman ».
A l'inverse, les romans qui présentent des études de moeurs possèdent toujours des personnages dits balzaciens. On retrouve ce type de roman
dans les oeuvres de Joseph Kessel, de Hervé Bazin ou de François Mauriac. Les oeuvres sont centrées de façon traditionnelle sur des héros,
placés dans des milieux sociaux ou historiques.
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Le Nouveau Roman
Le Nouveau Roman est d'abord la critique du roman traditionnel. Selon les auteurs du Nouveau Roman, le roman traditionnel présente une image
du monde qui est fausse, car c'est un monde qui a l'air cohérent : or, le monde réel ne l'est pas, à plus forte raison un monde de fiction qui est, par
définition, faux et artif iciel.
La conséquence directe est que l'on ne peut plus croire en ces personnages : on appelle cela « l'ère du soupçon ».
Le Nouveau Roman refuse donc le personnage : dans certaines oeuvres, le personnage central est dépourvu de nom, dans d'autres il n'apparaît
même pas et il n'est qu'un point de vue.
De même, le Nouveau Roman ne raconte pas une histoire, une action.
De plus, l'auteur va utiliser parfois une temporalité discontinue, voire contradictoire, à l'intérieur de son roman qui fragmente ce qui pourrait être
l'histoire.
Pour finir, le Nouveau Roman va présenter une structure, parfois symbolique, et réfléchir sur le langage ou les procédés narratologiques.
Les auteurs les plus emblématiques de ce mouvement sont Nathalie Sarraute, Robbe-Grillet. Il est possible également d'y inclure Georges Pérec et
Marguerite Duras.
En Italie, Italo Calvino va exploiter ces recherches sur le personnage et l'histoire dans Si par une nuit d'hiver un voyageur... Mais ce roman possède
une dimension ludique, hélas souvent absente des oeuvres françaises.
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La Négritude et la francophonie
La Négritude et la francophonie sont deux mouvements directement liés aux événements historiques de la décolonisation.
Un écrivain, Léopold Sedar Senghor, originaire du Sénégal, va jouer un rôle fondamental dans l'instauration et la reconnaissance de ces deux
mouvements.
La Négritude.
Alors que Senghor était étudiant, il crée en compagnie d'Aimé Césaire, de Martinique, et de Léon Gontran Damas, de la Guyane, la revue
L'Etudiant Noir. Aimé Césaire, dans un texte intitulé « Négrerie », introduit la définition de la Négritude : « La Négritude est la simple
reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ». Pour Senghor « la
Négritude, c’est l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir, telles qu’elles s’expriment dans la vie, les institutions et les œuvres des
Noirs. Je dis que c’est là une réalité : un nœud de réalités ».
Ces deux auteurs vont donc contribuer à l'établissement d'une littérature fondée sur un principe identitaire, pour un peuple dont les cultures
ont peu été reconnues par leur pays colonisateur. Mais il vont aussi établir une littérature écrite, là où la culture était plutôt une tradition orale.
La Francophonie.
En 1962, Senghor rédige un article intitulé « Le français, langue de culture » où il établit que « la Francophonie, c'est cet Humanisme
intégral, qui se tisse autour de la terre ». Il s'agit donc d'utiliser le français, une langue répandue partout dans le monde par la présence des
anciennes colonies, pour répandre un principe hérité de la France qui est l'humanisme. Le français devient donc un lien pour transmettre un
idéal. Son idée est celle d'une francophonie mondiale qui serait respectueuse des identités.
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