Le rôle de la volonté dans
l’édiction des normes juridiques
selon Hans Kelsen*
Paul AMSELEK
Résumé
Conférer à la dogmatique juri-
dique le caractère d’une science
sociale empirique à part entière,
tout en lui assignant un objet
spécifique non susceptible d’être
revendiqué par les sciences so-
ciales « naturelles » telles que la
sociologie juridique et localisé en
conséquence entièrement en
dehors du monde des faits : cette
démarche paradoxale de Kelsen
l’a conduit à une bien étrange
conception des normes juridiques
édictées par le législateur,
conception qui n’a guère varié
jusque dans ses dernières œu-
vres, contrairement à une idée
répandue depuis quelques an-
nées.
Abstract
Kelsen conceives of legal dog-
matics as an empirical social
science, while conferring upon it
an object which cannot be clai-
med by « natural » social sciences
such as legal sociology, an object
entirely independent of facts: this
paradoxical approach has led
Kelsen to a dubious conception of
legal rules enacted by way of
legislation
contrary to what has been said
in the last few years, he
maintains essentially unchanged
in his later work.
*Le présent article reprend une étude offerte à mon ami Alfred Rieg, à paraître
prochainement dans des Mélanges en son honneur.
∗∗ Professeur à l’Université Panthéon-Assas (Paris II).