LA MONDIALISATION : ACTEURS, FLUX ET RESEAUX (8h30) Question obligatoire : Mondialisation et firmes transnationales Notre monde est aujourd'hui mondialisé. Depuis la fin du 20 e siècle, les échanges ont fortement augmenté : produits alimentaires, objets, informations, humains, etc circulent à travers le monde entier. La mondialisation est un processus d'accroissement des échanges et des mobilités mettant en relation des territoires très éloignés et les rendant de plus en plus interdépendants. Ce processus se traduit par l'accroissement des flux formant des réseaux de plus en plus denses à l'échelle de la planète. Pbmtq : Quels grands types de flux parcourent la planète ? Quel rôle jouent les FTN dans la mondialisation ? I. Des flux et des réseaux mondialisés. Les échanges à l'échelle mondiale sont importants et très diversifiés : ils concernent aussi bien les marchandises que les hommes, les services, les capitaux, l'information, etc. A. Quels sont ces différents flux ? 1) Des flux de marchandises de plus en plus importants = flux matériels Depuis les années 1950, les flux de marchandises connaissent une très forte augmentation. Parmi ces échanges de marchandises, les échanges de produits manufacturés (automobiles, machines-outils...) progressent beaucoup plus vite que les flux de matières premières agricoles (blé, soja, maïs...) ou énergétiques et minières (pétrole, charbon...). La part des produits manufacturés dans les échanges de marchandises est passée de 50 % à 75 % entre 1960 et 2000. Ces échanges concernent surtout les trois pôles de la Triade (Europe occidentale , Etats-Unis, Asie orientale) qui représentent tous produits confondus les ¾ du commerce mondial. Cependant, les NPI et les pays émergents (asiatiques surtout) prennent une part croissante dans ces exportations et concurrencent vivement les pays du Nord. Les autres PED (Amérique latine et surtout Afrique) se trouvent marginalisés dans le commerce mondial dont ils occupent une faible part. 2) Des flux immatériels en très forte croissance Les flux immatériels concernent l'ensemble des flux de services (banque, assurance, tourisme, transport, information...) ainsi que les flux de capitaux. Les flux de services connaissent une croissance plus forte que ceux de marchandises. Ces échanges concernent pour une grande part la Triade (¾) dont la population active travaille pour l'essentiel dans ce secteur. Les flux d'informations et de biens culturels participent activement à cette croissance comme le montre l'explosion du nombre d’utilisateurs d'internet. La croissance des flux financiers est encore plus spectaculaire. Les flux de capitaux irriguent la planète (on parle de « globalisation financière »). Au début des années 1980, les flux d'IDE (Investissements directs à l'étranger) représentaient près de 50 milliards de dollars par an. En 2008, ils atteignent près de 1 200 milliards de dollars. A ces flux, il faut rajouter les transactions boursières qui s'opèrent pour l'essentiel dans les places financières de la Triade. 3) Des flux humains : la mobilité des hommes s'accroît Des migrations économiques : L'espace mondial se caractérise par de forts contrastes de développement. L'émigration vers les pays riches du Nord constituent souvent pour les travailleurs du Sud et leur famille la seule alternative pour une vie meilleure. Ces migrations de travail ne cessent d'augmenter depuis la seconde moitié du XX°s. Elles concernent chaque année plus de 150 millions de personnes (sans compter les flux de clandestins). Aujourd'hui, les ¾ des migrants viennent des pays du Sud et se dirigent vers les zones d'accueil d'Europe, d'Amérique du nord et les pays pétroliers du Golfe persique. Dans les pays du Nord, la mobilité concerne les élites professionnelle (brain drain), ce sont essentiellement des migrations Nord/Nord. Des flux de réfugiés : c'est-à-dire les flux de personnes qui fuient leur pays d'origine pour des raisons politiques (guerres civiles, opposants politiques...) s'accroissent également. Comme les migrations de travail, ces flux se dirigent surtout vers les pays développés. Des flux touristiques : une mobilité choisie. Le développement des transports, l'élévation du niveau de vie et l'allongement du temps libre favorisent une croissance sans précédent des flux touristiques. Cependant, cette activité s'exprime de manière inégale : les touristes sont majoritairement originaires des pays riches et séjournent dans les bassins touristiques plus ou moins proches de leurs domiciles, sur les rives de la Méditerranée, dans les Antilles ou en Asie de l'est et du sud-est. 4) l'essor des flux illicites Les économies parallèles (économie souterraine) dans le monde représente 20 % des bénéfices du commerce mondial. Il s'agit de trafics de drogues, d'armes, de produits de contrefaçon, d'êtres humains, etc...Les capitaux illicites générés (argent sale) utilisent fréquemment les services de paradis fiscaux pour être blanchis. B) Quelles sont les causes de cet accroissement des flux et des échanges ? 1) les progrès des transports Les moyens de transport connaissent d'importantes améliorations techniques qui permettent de gagner du temps, de transporter plus de personnes et de produits à des coûts de plus en plus compétitifs. L'invention du conteneur révolutionne le transport maritime et facilite l'intermodalité, c'est-à-dire le passage d'un mode de transport à un autre. Des espaces assurent l'interconnexion entre différents types de réseau : ce sont les platesformes multimodales. Les hubs sont des zones d'interface privilégiées par leur position spatiale et leurs infrastructures de communication. 2) les progrès dans les techniques de communication Les progrès des télécommunications permettent aux informations et aux capitaux de circuler en permanence et instantanément à l'échelle mondiale. La téléphonie mobile et surtout Internet rapprochent les individus sur la planète. Ces réseaux de communication sont cependant hiérarchisés. Certains espaces sont mieux structurés et desservis que d'autres. L'Amérique du nord, l'Europe occidentale et l'Asie orientale bénéficient de réseaux denses, articulés autour de plates-formes aéroportuaires internationales, de puissantes façades maritimes, entre lesquels des flux massifs traduisent l'ampleur de la mondialisation. En dehors des espaces développés de la Triade ainsi que des régions productrices de matières premières et d'énergies tel le Moyen-Orient, les flux perdent en intensité. Parfois même, en raison de l'enclavement géographique, de conflits, des régions entières demeurent coupées du monde. 3) L'extension du libre-échange à la suite de négociations commerciales dans le cadre du GATT puis de l'OMC, à laquelle de plus en plus d'états sont adhérents, et qui a entraîné la baisse des tarifs douaniers. Ainsi, le niveau moyen des droits de douane entre pays membres du GATT est-il passé de 40% en 1947 à environ 5% seulement en 1994. Cette déréglementation concerne aussi les capitaux. 4) La division internationale du travail qui s'est mis en place ces dernières dizaines d'années a également contribué à l'augmentation des échanges : conception au nord, fabrication au sud puis réimportation au nord. Un grand nombre de pays rentre souvent en jeu dans la fabrication d'un produit. Le développement économique des puissances émergentes du Sud stimule à leur tour le commerce car ce sont de nouveaux marchés en plein essor en même temps que des pays exportateurs. C) Des réseaux et des flux polarisés et déséquilibrés Tous les territoires de la planète ne sont pas affectés de la même façon par l'essor massif des flux de toutes natures : - les pays développés de la Triade et les puissances émergentes du Sud bénéficient d'infrastructures de transport efficaces, modernes et rapides qui leur permettent d'entretenir des relations privilégiées. Ils polarisent la grande majorité des flux commerciaux et financiers. On y trouve les grandes façades maritimes ainsi que les grandes métropoles qui sont les grands nœuds de transport et de communication. - les pays du Sud exportateurs de matières premières ainsi que les pays-ateliers entretiennent des échanges inégaux avec les pays du Nord et les puissances émergentes car ils exportent beaucoup mais importent peu. - enfin certains pays du Sud, en particulier les PMA, sont en marge des échanges et des flux mondialisés. II. Le rôle croissant des FTN dans la mondialisation La mondialisation implique de nombreux acteurs spatiaux : Etats, organisations internationales (OMC, FMI, Banque mondiale...), entreprises, ONG...Parmi tous ces acteurs, les firmes transnationales (FTN) jouent un rôle essentiel. A) Les FTN, des acteurs majeurs de la mondialisation Au nombre de 70 000, les Firmes Transnationales (FTN = FMN) sont les principaux acteurs dans l'organisation des flux. Elles sont à l'origine de la majorité des flux financiers par leurs IDE. Elles produisent 1/3 de la production mondiale et sont à l'origine des 2/3 des échanges mondiaux. Elles représentent le quart du PIB mondial. Les plus grandes FTN appartiennent pour la plupart à des pays de la Triade (une part importante des plus grandes FTN sont américaines), mais de plus en plus de FTN sont originaires des puissances émergentes. Dans leur stratégie, elles ne suivent aucune logique nationale et défendent l'ouverture des marchés, l'abaissement des droits de douane et la liberté des investissements pour réaliser des bénéfices. IDE : investissement direct à l'étranger ; ce sont les flux de capitaux dont l'objectif est le contrôle ou la création d'une entreprise à l'étranger. B. En quoi les FTN jouent-elles un rôle croissant dans la mondialisation ? Les FTN organisent l'espace mondial à leur profit en fonction des avantages comparatifs de chaque pays : elles choisissent essentiellement en raison des coûts, les zones dans lesquelles elles se fournissent et celles dans lesquelles elles décident de s'implanter et d'investir. Ainsi, de grandes firmes américaines délocalisent leurs centres d'appels vers l'Inde où elles trouvent une main d'oeuvre moins chère, anglophone et bien formée. Elles participent donc activement à la mise en réseaux de l'économie mondiale par la DIT (division internationale du travail) qu'elles opèrent : - les activités de commandement et de conception (recherche/développement) restent implantées dans les pays développés. - les activités de production (usines) sont de plus en plus implantées dans les pays en développement (paysateliers) même si les pays développés conservent de nombreux sites de production malgré les délocalisations. - enfin des activités de commercialisation sont implantées dans tous les pays où une part suffisante de la population a les moyens d'acheter les biens ou services produits par les FTN. C. Des FTN remises en cause Les FTN sont souvent accusées d'être responsables des dérives de la mondialisation. On leur reproche de détruire des emplois dans les pays développés en délocalisant dans les pays du Sud. Des ONG dénoncent les FTN qui recherchent toujours plus de profits en maintenant des salaires faibles et des conditions de travail pénibles dans les « pays-ateliers ». Ces critiques, souvent fondées, incitent toutefois les FTN à mettre fin aux excès car les mouvements d'opinion peuvent avoir un impact négatif sur les ventes. Les FTN sont aussi souvent tenues responsables de l'uniformisation des modes de consommation dans le monde. Cette critique est à nuancer : les FTN devant souvent adapter leurs gammes de produits aux goûts et aux attentes des consommateurs des pays où elles s'implantent. D) Quels sont les autres acteurs de la mondialisation ? - Les Etats -Les organisations régionales (les associations d'Etats comme l'Union Européenne, l'ALENA, etc) - Les organismes internationaux comme l'ONU, le FMI, l'OMC - La société civile (syndicats, associations de citoyens, ONG, etc) Sujet d'étude : Transports et routes maritimes I. Des flux et des réseaux mondialisés. A. Quels sont ces différents flux ? 1) Des flux de marchandises de plus en plus importants 2) Des flux immatériels en très forte croissance 3) La mobilité des hommes s'accroît B) Quelles sont les causes de cet accroissement des flux et des échanges ? 1) les progrès des transports 2) les progrès dans les techniques de communication 3) L'extension du libre-échange 4) La division internationale du travail C) Des réseaux et des flux polarisés et déséquilibrés II. Le rôle croissant des FTN dans la mondialisation A) Les FTN, des acteurs majeurs de la mondialisation B) En quoi les FTN jouent-elles un rôle croissant dans la mondialisation ? C) Des FTN remises en cause Notions-clés Acteurs spatiaux : groupe de personnes ou organisations qui agissent et interviennent dans l'espace pour mettre en œuvre leurs stratégies et leurs objectifs. D. I. T. : division internationale du travail : conception et fabrication qualifiée des pièces dans les pays du Nord assemblage et tâches routinières dans les pays du Sud. Flux : courant d'échanges ; flux matériels (marchandises), humains ou immatériels (informations, services, capitaux…) FTN : firmes transnationales : entreprises possédant des implantations à l'étranger qu'elles contrôlent entièrement ou partiellement. Mondialisation : phénomène d'augmentation des échanges de toute nature à l’échelle mondiale (humains, économiques, financiers, d'informations). Réseaux : ce sont les supports matérialisés, physiques de ces flux ; ils s'organisent via des modes de transports (voies ferrées, aériennes, maritimes, liaisons hertziennes, numériques...) à partir de nœuds (hubs). Autres termes à connaître Brain Drain : expression anglaise signifiant « drainage des cerveaux » c'est-à-dire migration d'élites attirées par des conditions de travail favorables. Conteneur/ container : boites métalliques de taille standardisée qui permettent de transporter des marchandises en utilisant plusieurs modes de transport : bateau, péniche, train, camion. Déréglementation = dérégulation ; suppression des taxes ou contraintes qui entravent la libre circulation de biens, services ou capitaux. GATT : « général agreement on tariffs and trade » : accord général sur les tarifs douaniers et le commerce: cycles de négociations ponctuelles entre des Etats, entre 1947 et 1994, concernant les règles douanières et commerciales. Cela aboutit en 1995 à la création de l'OMC, organisation mondiale du commerce, qui est un organisme permanent. Globalisation financière : création d'un marché unique des capitaux au niveau planétaire. Hub : point central d'échange d'un réseau de communication. IDE : dépenses effectuées par des firmes transnationales en vue d'acquérir, en totalité ou en partie, une entreprise étrangère, ou encore de créer une entreprise afin d'augmenter sa capacité de productions et ses profits. Interface : zone privilégiée de contacts et d'échanges. Libre-échange : libre circulation des biens et des services entre les pays après abolition de toutes les restrictions imposées par les Etats (taxes, quotas, normes, etc.). Mobilités : flux qui ne concernent que les personnes. NTIC : nouvelles technologies d'information et de la communication. Ensemble des technologies de traitement et d'échange de l'information (Internet, téléphonie mobile, etc.). Pays émergents : pays au développement récent, à l'économie ouverte sur le monde, connaissant une croissance économique forte, et qui deviennent des puissances économiques régionales le plus souvent grâce à leur exportation de biens manufacturés. Plate-forme multimodale : pôle d'échanges où les marchandises changent de moyen de transport (de naval à routier, d'aérien à ferroviaire, etc...).