Le Médecin volant
L’Amour médecin
Molière
Livret pédagogique
correspondant au livre de l’élève n° 76
NOUVELLE ÉDITION 2015
établi par Isabelle de Lisle,
agrégée de Lettres modernes
professeur en collège
Sommaire 2
SOMMAIRE
RÉPONSES AUX QUESTIONS ................................................................................. 3!
Le Médecin volant, scènes I à III (pp. 11 à 15) ......................................................................................................................................... 3!
Le Médecin volant, scènes IV à VIII (pp. 20 à 26) .................................................................................................................................... 6!
Le Médecin volant, scènes IX à XVI (pp. 30 à 41) ..................................................................................................................................... 9!
L’Amour médecin, acte I (pp. 51 à 61) .................................................................................................................................................. 12!
L’Amour médecin, actes II et III (pp. 65 à 91) ........................................................................................................................................ 15!
Retour sur les œuvres (pp. 95 à 98) ..................................................................................................................................................... 19!
Réponses aux questions du groupement de textes (pp. 112 à 122) ..................................................................................................... 20!
PROPOSITION DE SÉQUENCES DIDACTIQUES ............................................................... 22!
EXPLOITATION DU GROUPEMENT DE TEXTES .............................................................. 23!
PISTES DE RECHERCHES DOCUMENTAIRES ................................................................. 24!
BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE ....................................................................... 25!
Tous droits de traduction, de représentation et d’adaptation réservés pour tous pays.
© Hachette Livre, 2015.
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Le Médecin volant L’Amour médecin 3
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Le Médecin volant, scènes I à III
(pp. 11 à 15)
Avez-vous bien lu ?
u a) et c) : vrai ; b) et d) : faux.
v a) Sganarelle est le valet de Valère ; Gros-René est celui de Gorgibus. On pourra signaler, à cette
occasion, que Sganarelle est un personnage que l’on retrouve dans d’autres pièces de Molière et qu’il
appartient à une classe sociale populaire : il est « faiseur de fagots » dans Le Médecin malgré lui et valet
dans Dom Juan.
b) Sabine est la nièce de Gorgibus.
c) Gorgibus veut marier sa fille à Villebrequin alors qu’elle aime Valère.
Étudier l’ouverture : la scène première
w La première réplique de la pièce est caractéristique d’une ouverture in medias res : on a l’impression
que le lever de rideau ne fait que dévoiler un dialogue déjà entamé. Les deux personnages qui se
tutoient se connaissent déjà, et l’interjection liminaire « bien ! » semble être la réaction à une
parole que les spectateurs n’ont pas entendue. De même, les conseils supposent qu’un problème
concernant Valère vient d’être exposé. Le spectateur pourrait croire même avoir manqué la scène
d’exposition et la présentation du nœud de l’intrigue.
Ce début in medias res concourt à donner l’illusion de réel ; le spectateur devient, comme Diderot
l’étudiera le siècle suivant, une sorte de voyeur surprenant une scène qui ne lui est pas destinée et qui
a commencé sans lui. Séduit par l’effet de réel, il est aussi piqué dans sa curiosité et s’interroge sur le
désarroi de Valère.
x La première réplique de Sabine est une tirade se trouvent présentés l’intrigue de la pièce ainsi
que trois personnages : Villebrequin, Gorgibus et sa fille. Essentielle dans l’exposition de la situation et
des informations nécessaires à la compréhension de l’histoire qui va se dérouler, elle est développée
afin que le spectateur ait le temps de bien assimiler les données du problème.
On fera remarquer à cette occasion que seul le nom de Villebrequin est donné, les noms de Sganarelle
et de Gorgibus ne figurant que dans la scène II pour ne pas trop charger d’informations la scène
d’ouverture.
y Nous relevons les phrases interrogatives :
« Hé bien ! Sabine, quel conseil me donneras-tu ? » : c’est Valère qui parle ;
« Mais le moyen de trouver sitôt un médecin, à ma poste, et qui voulût tant hasarder pour mon service ? » :
c’est Valère qui parle ;
« Je songe une chose : si vous faisiez habiller votre valet en médecin ? » : c’est Sabine qui parle ;
« Où diable trouver ce maroufle à présent ? » : c’est Valère qui parle.
La troisième interrogation de notre relevé se distingue des autres pour plusieurs raisons : d’abord, elle
est la seule question posée par Sabine ; ensuite, il ne s’agit pas d’une interrogation partielle, mais d’une
interrogation totale ne demandant à Valère qu’une adhésion et non une information nouvelle ; enfin,
cette question est plus une suggestion soumise à l’approbation de Valère qu’une réelle interrogation.
U!Les questions, nombreuses dans la scène d’ouverture, ont plusieurs fonctions :
Valère est ici comme un faire-parler : ses questions appellent les réponses de Sabine et permettent
ainsi l’exposition des informations ;
Valère exprime, par ses questions, son désarroi face à une situation qui lui échappe : Lucile est sur le
point d’épouser Villebrequin ;
– le jeu de questions/réponses rend dynamique la scène d’ouverture et on peut même dire qu’il se
joue au diapason de la curiosité du spectateur : les interrogations de Valère sont aussi celles du public.
Étudier la progression de l’exposition
V!À propos des liens entre les personnages :
Les liens de parenté sont posés. On apprend, en effet, que Sabine est la cousine de Lucile (son nom
ne sera pas prononcé au cours de la pièce) et donc la nièce de Gorgibus.
Réponses aux questions 4
Les liens peuvent aussi être professionnels : Sganarelle est le valet de Valère.
Ajoutons ce qui concerne les sentiments : Valère et Lucile s’aiment. Quant à Villebrequin, il n’est
pas question de sentiment et on peut supposer que son mariage avec la fille de Gorgibus est une
question d’intérêt plus que d’amour.
À propos de l’intrigue : inspirée de la comédie latine autant que de la farce, l’intrigue est centrée sur la
question du mariage de Lucile. La jeune fille aime Valère d’un amour réciproque et pourtant son père
a décidé de la marier au plus vite avec Villebrequin. Désir et sentiments d’un côté, autorité paternelle
de l’autre. C’est le ressort de nombreuses comédies, et il faudra attendre le XVIIIe siècle et Marivaux
pour que la question du mariage soit posée différemment. Le conflit des générations et des points de
vue sur le mariage (amour contre intérêt, liberté contre autorité) dynamise la pièce et, comme plus
tard dans Le Médecin malgré lui, sert de canevas aux scènes comiques. L’urgence de la situation, comme
dans L’Amour médecin, oblige la jeune fille à recourir à un stratagème destiné à retarder le mariage fixé,
dans l’espoir d’un revirement du père. Lucile (comme Lucinde) est presque séquestrée et il s’agit,
pour son amant, de détourner l’attention du père pour l’approcher malgré l’interdiction. D’où la ruse
du médecin, destinée à occuper Gorgibus et à l’amener à placer sa fille dans un lieu ce pavillon qui est
au bout de notre jardin ») la rencontre (voire davantage : « vous pourriez l’entretenir à l’insu de notre
vieillard, l’épouser ») avec Valère sera possible.
W L’exposition consiste également à présenter les personnages au fur et à mesure de leur entrée en
scène. Ainsi, lorsque Sganarelle fait son entrée (scène II), il a é présenté à la fin de la scène première
comme le valet de Valère que Sabine songe à faire passer pour un médecin. Les derniers mots de la
scène commentent son entrée : « Mais le voici tout à propos ». Aucun doute pour le spectateur : le
comédien qui entre en scène vêtu d’un costume de valet est au service de Valère et va devoir jouer le
rôle d’un médecin.
Dans sa tirade de la scène première, Sabine a présenté la feinte maladie de Lucile et le projet de
mariage de son père. Elle a aussi expliqué que son oncle l’avait envoyée « quérir un médecin ». Ainsi,
lorsque le personnage qui fait son entrée dans la scène III s’exclame : « Allez vitement chercher un
médecin ; car ma fille est bien malade, et dépêchez-vous », le public comprend qu’il s’agit de Gorgibus, dont
le nom a été prononcé dans la scène II ; il en déduit également que le personnage qui l’accompagne,
habillé en valet, est à son service.
X!Le mot « médecin », au cœur des trois scènes d’exposition (cf. question précédente), est le premier
mot du titre. Le spectateur comprend que l’intrigue va être centrée sur le stratagème du faux médecin
destiné à tromper Gorgibus et à faciliter les amours de Valère et de Lucile.
at Le titre et son adjectif verbal fantaisiste « volant » continuent de susciter la curiosité des spectateurs
car, si l’on a compris que la médecine serait au cœur du stratagème, on ne voit ni comment ni
pourquoi Molière va faire voler son faux médecin.
Étudier les personnages
ak On peut commencer par évoquer le costume de Sganarelle, même si aucune indication scénique
ne vient le préciser. Le dialogue de la scène II indique clairement la différence de condition sociale
des deux personnages présents. Il suffit de considérer les apostrophes : Valère dit familièrement « mon
pauvre Sganarelle », alors que ce dernier a recours, à plusieurs reprises, à un « Monsieur » respectueux.
On opposera également le tutoiement de Valère et le vouvoiement de Sganarelle. De plus, Valère se
pose, dès sa première réplique, en homme qui utilise Sganarelle j’ai besoin de toi », « il faut s’en
servir ») ce que le valet accepte sans discuter : « Employez-moi ». La présentation qu’il fait de son
savoir-faire indique clairement sa condition de domestique : « envoyez-moi voir quelle heure il est à une
horloge, voir combien le beurre vaut au marché, abreuver un cheval, c’est alors que vous connaîtrez ce que je sais
faire ». Mais ce que désire Valère outrepasse les attributions traditionnelles du domestique : « ce n’est
pas cela », dit le maître en réponse aux exemples du savoir-faire de son valet ; « vous vous moquez de
moi », dit Sganarelle quand on lui demande de contrefaire le médecin.
al Le valet au théâtre est un rôle et non une simple imitation de la réalité sociale. Sganarelle, le
domestique, ne peut contrefaire le médecin, car ce n’est pas dans ses attributions professionnelles ;
mais Sganarelle, le valet de comédie, en est, lui, tout à fait capable, comme en témoigne la fin de la
scène II. En rapprochant Sganarelle et Gros-René, deux figures du valet de comédie, on peut en
déduire quelques caractéristiques du rôle :
Le Médecin volant L’Amour médecin 5
– le valet est intéressé. Il suffit, en effet, à Valère de parler de donner dix pistoles à son valet pour que
ce dernier se sente à la hauteur de la mission qu’il avait tout d’abord refusée. Le ressort de l’argent
fonctionne de la même manière dans le premier acte du decin malgré lui ;
– le valet aime profiter de l’existence (valet épicurien) : « je croyais refaire mon ventre d’une bonne
carrelure, et m’en voilà sevré », se plaint Gros-René dont le nom même suggère l’appétit ;
– le valet peut s’opposer à son maître : « vous vous moquez de moi ! » dit Sganarelle à Valère, qui lui
demande d’endosser l’habit de médecin ; « Que diable aussi ! » répond Gros-René à son maître. Et il
n’hésite pas à lui montrer ses torts : « Pourquoi vouloir donner votre fille à un vieillard ? » ;
– le valet peut faire preuve d’autorité (inversion carnavalesque des rôles caractéristique de la culture
populaire) : « Laissez-moi faire », « Venez seulement me faire avoir un habit de médecin » (Sganarelle) ;
– le valet incarne le bon sens populaire ; pour preuve, les remontrances adressées à Gorgibus par
Gros-René et les références de Sganarelle aux proverbes : « On dit un proverbe d’ordinaire ».
am!Sabine, personnage qui ne réapparaîtra pas dans la suite de la pièce, fait preuve d’ingéniosité car
c’est à elle que Valère doit le stratagème du faux médecin. Elle a aussi conseillé à sa cousine de feindre
d’être malade pour retarder son mariage avec Villebrequin. Elle est à la fois la confidente de Valère et
celle de Lucile un rôle souvent attribué à la servante dans la comédie. Ici, Sabine fait figure
d’entremetteuse ce qui est aussi un emploi au théâtre.
an!Dans la scène première, on apprend que Gorgibus est l’oncle de Sabine, un « vilain oncle » ce qui
désigne à la fois son origine sociale populaire et son comportement négatif. Il est âgé conformément à
l’emploi du barbon : « bon vieillard », l’adjectif « bon » étant ironique ici. Le nom « bonhomme » est
dévalorisant car familier. Gorgibus est présenté comme avare l’avarice ») et « crédule » (la crédulité).
ao!On relèvera « vitement » et « vite ». La première réplique de Gorgibus porte toutes les marques de
l’insistance : « vitement », « bien », « dépêchez-vous », si bien que l’on pourrait croire le père inquiet de
la maladie de sa fille. La seconde plique de Gorgibus nous montre qu’il n’en est rien. L’inquiétude
du « vieillard » ne porte pas sur la santé de Lucile, mais sur l’éventuel retard du mariage fixé. Le père
apparaît comme insensible et égoïste, seulement préoccupé de son propre intérêt.
ap!Le rapprochement des deux répliques contribue à révéler le caractère du barbon de comédie tout
en produisant un effet comique dû à la surprise.
Étudier une comédie
aq On peut relever :
Scène première : « une bonne invention », « contrefait la malade », « qui fût de notre intelligence », « à
l’insu de notre vieillard », « si vous faisiez habiller votre valet en médecin », « si facile à duper ».
Scène II : « il faut que tu contrefasses le médecin », « faire le médecin » (2 fois), « se laissera étourdir de ton discours ».
ar Le registre comique, qui ira en s’intensifiant au cours de la farce, est d’ores et déjà annoncé dans les
scènes d’exposition. Plusieurs éléments peuvent être observés :
Comique de situation :
l’arrivée opportune, mais peu vraisemblable, de Sganarelle : « Mais le voici tout à propos » ;
les services (l’heure, le prix du beurre…) que Sganarelle propose au regard de ce que le spectateur
sait du projet de Valère ;
l’effet inverse que produisent les efforts répétés de Gorgibus pour trouver un médecin : alors qu’il
s’agit pour lui de rendre possible le mariage de sa fille avec Villebrequin, il ne fait que faciliter
l’amorce du stratagème de Sabine. Le spectateur, au courant de la feinte maladie de Lucile comme de
la fourberie prévue, ne peut que rire de l’empressement de Gorgibus dans la scène III.
Comique de caractère :
le contraste entre le désarroi de Valère et la maîtrise dont fait preuve Sabine ;
le brusque revirement de Sganarelle dès lors que Valère propose dix pistoles ;
le personnage de Gros-René : son nom associé à son intérêt pour la nourriture.
À vos plumes !
as!On attend des élèves les connaissances et les compétences suivantes :
connaissances : la scène première de la pièce et le stratagème initié par Sabine, la mise en forme
(répliques, didascalies) d’une scène de théâtre ;
compétences : insérer un récit dans un dialogue, utiliser à bon escient les didascalies.
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