Réponses aux questions – 4
– Les liens peuvent aussi être professionnels : Sganarelle est le valet de Valère.
– Ajoutons ce qui concerne les sentiments : Valère et Lucile s’aiment. Quant à Villebrequin, il n’est
pas question de sentiment et on peut supposer que son mariage avec la fille de Gorgibus est une
question d’intérêt plus que d’amour.
À propos de l’intrigue : inspirée de la comédie latine autant que de la farce, l’intrigue est centrée sur la
question du mariage de Lucile. La jeune fille aime Valère d’un amour réciproque et pourtant son père
a décidé de la marier au plus vite avec Villebrequin. Désir et sentiments d’un côté, autorité paternelle
de l’autre. C’est le ressort de nombreuses comédies, et il faudra attendre le XVIIIe siècle et Marivaux
pour que la question du mariage soit posée différemment. Le conflit des générations et des points de
vue sur le mariage (amour contre intérêt, liberté contre autorité) dynamise la pièce et, comme plus
tard dans Le Médecin malgré lui, sert de canevas aux scènes comiques. L’urgence de la situation, comme
dans L’Amour médecin, oblige la jeune fille à recourir à un stratagème destiné à retarder le mariage fixé,
dans l’espoir d’un revirement du père. Lucile (comme Lucinde) est presque séquestrée et il s’agit,
pour son amant, de détourner l’attention du père pour l’approcher malgré l’interdiction. D’où la ruse
du médecin, destinée à occuper Gorgibus et à l’amener à placer sa fille dans un lieu (« ce pavillon qui est
au bout de notre jardin ») où la rencontre (voire davantage : « vous pourriez l’entretenir à l’insu de notre
vieillard, l’épouser ») avec Valère sera possible.
W L’exposition consiste également à présenter les personnages au fur et à mesure de leur entrée en
scène. Ainsi, lorsque Sganarelle fait son entrée (scène II), il a été présenté à la fin de la scène première
comme le valet de Valère que Sabine songe à faire passer pour un médecin. Les derniers mots de la
scène commentent son entrée : « Mais le voici tout à propos ». Aucun doute pour le spectateur : le
comédien qui entre en scène vêtu d’un costume de valet est au service de Valère et va devoir jouer le
rôle d’un médecin.
Dans sa tirade de la scène première, Sabine a présenté la feinte maladie de Lucile et le projet de
mariage de son père. Elle a aussi expliqué que son oncle l’avait envoyée « quérir un médecin ». Ainsi,
lorsque le personnage qui fait son entrée dans la scène III s’exclame : « Allez vitement chercher un
médecin ; car ma fille est bien malade, et dépêchez-vous », le public comprend qu’il s’agit de Gorgibus, dont
le nom a été prononcé dans la scène II ; il en déduit également que le personnage qui l’accompagne,
habillé en valet, est à son service.
X!Le mot « médecin », au cœur des trois scènes d’exposition (cf. question précédente), est le premier
mot du titre. Le spectateur comprend que l’intrigue va être centrée sur le stratagème du faux médecin
destiné à tromper Gorgibus et à faciliter les amours de Valère et de Lucile.
at Le titre et son adjectif verbal fantaisiste « volant » continuent de susciter la curiosité des spectateurs
car, si l’on a compris que la médecine serait au cœur du stratagème, on ne voit ni comment ni
pourquoi Molière va faire voler son faux médecin.
◆ Étudier les personnages
ak On peut commencer par évoquer le costume de Sganarelle, même si aucune indication scénique
ne vient le préciser. Le dialogue de la scène II indique clairement la différence de condition sociale
des deux personnages présents. Il suffit de considérer les apostrophes : Valère dit familièrement « mon
pauvre Sganarelle », alors que ce dernier a recours, à plusieurs reprises, à un « Monsieur » respectueux.
On opposera également le tutoiement de Valère et le vouvoiement de Sganarelle. De plus, Valère se
pose, dès sa première réplique, en homme qui utilise Sganarelle (« j’ai besoin de toi », « il faut s’en
servir ») – ce que le valet accepte sans discuter : « Employez-moi ». La présentation qu’il fait de son
savoir-faire indique clairement sa condition de domestique : « envoyez-moi voir quelle heure il est à une
horloge, voir combien le beurre vaut au marché, abreuver un cheval, c’est alors que vous connaîtrez ce que je sais
faire ». Mais ce que désire Valère outrepasse les attributions traditionnelles du domestique : « ce n’est
pas cela », dit le maître en réponse aux exemples du savoir-faire de son valet ; « vous vous moquez de
moi », dit Sganarelle quand on lui demande de contrefaire le médecin.
al Le valet au théâtre est un rôle et non une simple imitation de la réalité sociale. Sganarelle, le
domestique, ne peut contrefaire le médecin, car ce n’est pas dans ses attributions professionnelles ;
mais Sganarelle, le valet de comédie, en est, lui, tout à fait capable, comme en témoigne la fin de la
scène II. En rapprochant Sganarelle et Gros-René, deux figures du valet de comédie, on peut en
déduire quelques caractéristiques du rôle :