Idée reçue n°4 : L’Afrique est isolée du monde
Le commerce extérieur des pays africains ne cesse de croître, enfin presque. En 2016, l’Afrique devrait
perdre 12 milliards de dollars d’exportations en valeur (un total de 560 milliards) à cause du choc de
matières premières. En 2017, la demande adressée à l’Afrique devrait augmenter de 30 milliards. « Il
ne s’agit pas seulement du court terme. En effet, d’ici à 2025, les pays africains devraient continuer de
s’ouvrir, et les poids lourds du continent, le Nigeria (+210 Mds USD d’exportations supplémentaires sur
dix ans / +150 Mds USD d’importations), l’Afrique du Sud (+140 / +180 Mds USD) et l’Egypte (+83 / +79
Mds USD), verront leurs échanges avec le reste du monde s’envoler », poursuit Ludovic Subran.
La destination favorite des exportateurs africains reste la Chine (27% des exportations africaines en
2016). La part des matières premières dans les exportations africaines vers la Chine s’est en revanche
contractée, passant de 97% en 2010 à 83% en 2015, contrairement aux produits manufacturés à faible
valeur ajoutée (3% en 2010, contre 7% en 2015).
Idée reçue n°5 : Les institutions africaines sont inexistantes
A côté de pays dont les institutions n’évoluent pas (ou plus), d’autres ont mis en œuvre des réformes
importantes. Le Rwanda dispose par exemple d’un contrôle de la corruption renforcé, avec la création
d’un conseil national contre la corruption, et d’un organisme responsable des marchés publics. Des
mesures qui tendent à réduire le différentiel de qualité entre les institutions rwandaises et celles de
pays plus développés, comme le Brésil ou l’Italie.
Par ailleurs, les besoins des usagers des services publics changent, les besoins de protection sociale
aussi. Aussi, les institutions doivent répondre différemment : « La révolution numérique permet aux
institutions africaines de sauter des étapes dans leur développement. Ainsi, l’Afrique du Sud, le
Rwanda et le Ghana ont déjà tous développé des services publics en ligne de relativement bonne
qualité, et c’est par ce biais que les institutions de ces pays rattrapent leur retard sur les standards
internationaux », estime Ludovic Subran.
Idée reçue n°6 : Personne ne veut financer la croissance africaine
Une fois le contre-choc pétrolier passé, l’Afrique renouera avec une croissance moyenne de +3%/an.
Certains pays affichent toujours des taux de croissance record au-dessus de +5%, malgré ce coup dur.
Aussi, le financement et le rééquilibrage de la croissance, notamment les investissements à réaliser,
seront la clé de voute d’un décollage durable. « Le mix de financement sera capital. En plus du
financement extérieur, notamment à travers investissements directs de l’étranger, certains pays, sont, à
l’heure actuelle, capable de financer au moins en partie leur croissance par les ressources budgétaires.
C’est le cas de l’Afrique du Sud, de l’Egypte et du Sénégal où elles représentent 25% et 30% du PIB en
2016. Confiance des ménages, et confiance des investisseurs seront indispensables pour capter
l’épargne», développe Ludovic Subran.
Néanmoins, le chemin qui reste à accomplir est conséquent : (i) les recettes budgétaires représentent
en moyenne seulement 14,5% du PIB en Afrique, contre 30% dans les pays développés ; (ii) les IDE
seulement 2% du PIB, contre 2,4% dans les pays développés.
Idée reçue n°7 : Le consommateur africain n’est pas bankable
Le développement de la consommation en Afrique est bien en marche. En 2016, on y trouve les taux
de croissance de la consommation les plus élevés, avec la Côte d’Ivoire (+6%), l’Ouganda (+7%) et le
Nigeria (+5%), contre +1,4% dans l’OCDE ou +2% en Asie Pacifique. « Le développement de la
consommation en Afrique est porté par l’urbanisation galopante du continent : d’ici à 2045, 24 millions
de personnes arriveront dans les villes africaines, contre seulement 9 millions en Chine et 11 millions
en Inde », détaille Stéphane Colliac.
Mais le développement de la consommation africaine devrait suivre un cheminement différent de celui
qu’ont connu les pays développés. « L’effet richesse et l’accès à internet s’ajoutent à la croissance en
volume de la consommation en Afrique. Le consommateur africain va sauter des étapes et forcer les
secteurs d’activité à repenser leur approche. C’est très frappant dans la distribution, les services
financiers ou encore le transport : par exemple, 70% des marocains ont accès à internet (55% en