supprime les sanctions politiques de la pauvreté, la faim est la sanction de la nature, elle est
suffisante. On se rue vers une utopique économie de marché et on cherche donc à fonder une
science économique.
b) L’erreur essentialiste : la recherche de lois économiques
Townsend introduit l’idée de lois de la nature dans la société humaine. Il affirme que les hommes
sont des bêtes et agissent comme tels, il existe donc des lois dans la société tout comme il en existe
dans la nature. Or les prix montrent une grande stabilité à l’époque, comme ils ne sont pas fixés par
des autorités, l’idée de lois naturelles apparaît pertinente aux contemporains ; elle expliquerait les
différences sociales entre ceux qui ordonnent et ceux qui obéissent. On abandonne alors
l’humanisme de Smith pour le biologisme de Townsend. Comme on pense l’homme naturellement à
la recherche du profit, l’économie de marché apparaît naturelle à la société humaine. L’économie et
ses lois harmonieuses entre l’individu et la société apparaissait comme la solution parfaite, malgré
son caractère destructeur et conflictuel (car concurrentiel).
c) Le travail, la terre et la monnaie : des marchandises ?
L’économie de marché nécessite que tout puisse être échangé sur le marché. Ainsi, il est nécessaire
que le travail, la terre et la monnaie soient des marchandises comme les autres, dotées d’un prix de
marché qui puisse fluctuer. Or, faire entrer la terre et le travail dans la sphère économique, c’est faire
entrer la société toute entière dans celle-ci. D’où l’encastrement de la société dans l’économie. Mais
terre, travail et monnaie ne sont pas des marchandises, et leur nouvelle condition n’a donc rien de
naturelle. Ainsi, l’économie de marché demande une intervention de l’Etat pour les transformer en
marchandises. Pour Bentham, des trois choses nécessaires à l’économie (l’inclination, le savoir et le
pouvoir) l’individu ne possède naturellement que l’inclination, c’est à l’Etat de lui fournir les deux
autres. Le libéralisme est donc ouvert grâce à un important interventionnisme.
III / La société en quête de protection face au marché
a) L’économie de marché, une détérioration sociale
L’économie de marché n’est pas naturelle a l’homme, il n’est pas un être porté vers la logique
lucrative. Lorsqu’on lui impose par l’Etat un marché du travail, on assiste à l’anéantissement de la
société organique. En effet, pour fonctionner, le marché a besoin que les individus soient motivés par
la peur de la faim car l’appât du gain ne suffit pas. On détruit donc les institutions qui garantissaient
aux individus d’être protégés de la faim (abolition des lois de protection des pauvres comme
Speenhamland en Angleterre). C’est également manifeste dans les colonies où l’homme blanc a
introduit la faim. La création d’un marché du travail entraîne donc une véritable détérioration de la
condition humaine.
b) Réaction sociale : résistance spontanée face au marché
Les libéraux estiment que la société n’avait pas besoin d’être protégée puisqu’on constate une
amélioration économique. Mais le problème vient de la dégradation culturelle des individus. La mise
en place d’un marché du travail, de la terre et de la monnaie entraine un contre-mouvement
spontané, dû à un réflexe de protection de la société. Le mouvement n’a rien d’organisé, il traverse
les couches de la société et ne comporte ni idéologue ni véritable logique d’action. C’est l’ensemble
de la société qui est menacée.
c) La demande de protectionnisme
Ce besoin de protection spontanée se manifeste dans les trois domaines (terre, travail, monnaie). Les
ouvriers sont menacés par le marché du travail, leur condition se dégrade en l’absence de prise en