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nihilisme. Il pense toutefois que science moderne peut contribuer au développement de la civilisation, à
condition d’inclure un élément religieux qui lui donne son sens.
La démarche de Michael Polanyi procède d’une réflexion sur la connaissance. Pour lui, il n’y a pas de
connaissance sans une certaine foi, pas nécessairement religieuse : c’est la confiance dans des principes qui ne
peuvent pas être démontrés. Ainsi, on postule que la réalité du monde est intelligible. Toute connaissance
suppose un engagement, une postulation. Comment alors vérifier la validité du discours scientifique ou du
discours religieux ? Plus par leur cohérence globale que par leur capacité à expliquer un fait précis. La recherche
scientifique n’est pas seulement la confrontation avec une réalité matérielle, c’est aussi un échange entre des
personnes au sein d’une communauté dépendant d’une tradition. On apprend par l’exemple, par la pratique, plus
que par la transmission d’un savoir théorique. Avery Dulles a rapproché ce fonctionnement de celui de l’Église
Polanyi insiste sur la liberté de la recherche comme une dimension essentielle de la pratique scientifique. La
créativité n’est pas opposée à la tradition. Au contraire, une tradition bien comprise est source de créativité.
Cette liberté de recherche existe aussi en théologie, même si l’éventail de « modèles » n’est pas aussi large que
dans le champ des sciences, pour respecter la cohérence de la communauté croyante que certaines positions
peuvent diviser. L’histoire de la théologie est faite de révisions doctrinales qui visent à redire la même réalité,
mais dans des contextes divers. Critiquant un scientisme encore largement répandu, Polanyi contribue à abattre
le mur qui sépare trop radicalement la démarche scientifique de la démarche croyante. Par ailleurs, il peut
montrer la fécondité d’un dialogue mutuellement critique et aider la théologie à ne pas se laisser enfermer dans
ses particularités.
9 mai 2012 : « Qu’est-ce que l’homme ? »
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-
Universalité
et
particularités
culturelles
de
nos
choix
de
valeurs,
par Françoise Levesque
De nombreuses questions quotidiennes se posent en termes de choix entre deux options contraires, comme
liberté et autorité, liberté et loi, agir et subir, ordre et désordre, pur et impur, etc. On peut regrouper ces couples
en un petit nombre de dualités fondamentales appelées bi-valeurs: Être et Avoir, Soi et Les Autres, Individu et
Groupe (ou Holisme et Individualisme), Un et Multiple (ou Uniformité et Diversité), Égalité et Hiérarchie,
Liberté et Contrainte, Mobile et Immobile (ou Permanence et Changement ou Tradition et Innovation), pour les
plus fréquemment rencontrées. Ces bivaleurs se rencontrent dans divers pays de diverses cultures, elles ont une
portée universelle, même si on ne peut pas toujours définir précisément les deux termes, et s’il existe d’autres
bi-valeurs plus liées à une culture particulière, comme le pur et l’impur en Inde.
J’ai une préférence pour une des deux valeurs, mais la valeur opposée a aussi un aspect positif, et la
préférence varie avec la culture, et pour une même culture avec le domaine considéré. Je peux préférer la liberté
à la contrainte, en reconnaissant que la contrainte est utile et parfois nécessaire. Exclure systématiquement une
des deux options conduit à une impasse, par exemple une société sans aucune hiérarchie, ou encore sans aucune
contrainte, ou au contraire sans aucune liberté. Ainsi tout intégrisme conduit à une impasse.
Les deux termes d’une bi-valeur sont également légitimes, mais le choix de l’un d’eux va conduire à des
différences dans le type d'homme, de famille, d'entreprise, de société. Prendre conscience de cette égale
légitimité des deux valeurs favorise le respect et la possibilité de collaboration entre personnes de cultures
différentes. On pourra alors imaginer des personnes ou institutions servant de médiateurs entre les deux termes
d’une bi-valeur.
Suit une lecture selon ce modèle des bi-valeurs du livre de Philippe d'Iribarne « L'épreuve des différences »
sur la « philosophie Lafarge du management ».
2 - L’art pariétal au paléolithique : du symbolisme au religieux ?, par Georges Armand.
À l’orée de l’humanité, néandertaliens et sapiens ont innové et exprimé une palette de sentiments, de
sensations propres à l’humain en pratiquant les inhumations intentionnelles, en réalisant des structures et
graphismes symboliques, des images et peintures signifiantes dont la beauté nous touche profondément.
Georges a conclu : « J’espère que vous avez ressenti la sympathie, l’affection, l’amour au sens « d’amour du
prochain » que je porte à ces êtres humains qui étaient et restent nos frères et sœurs en humanité. Ayant vécu
dans un environnement rude, hostile, dangereux, ils ont, malgré tout, éprouvé le besoin de regarder vers,
d’entrer en relation avec un au-delà de la Vie … »