LETTRE TRIMESTRIELLE 3 eme t r i m e s t r e 2 0 1 6 éDITO par Philippe-Jean Péron, Président et Hugues Dubly, Directeur général Si le nez de Cléopâtre avait été plus court… Il a manqué, en mai 1981, un peu plus de 550 000 voix (sur un total de 30 millions exprimées) pour que Valéry Giscard d’Estaing soit réélu Président de la République française face à François Mitterrand. Il a manqué, en juin dernier, un peu plus de 600 000 voix (sur un total de 33 millions exprimées) pour que le « Remain » l’emporte sur le « Brexit » lors du référendum britannique sur l’appartenance à la C.E.E. Deux scrutins serrés donc. Deux scrutins pour lesquels les organismes de sondage et les bookmakers s’étaient trompés dans leurs prévisions. Deux scrutins qui ont eu des conséquences importantes mais très différentes sur les marchés financiers. E n 1 9 8 1 , l a v i c t o i re d e Fr a n ç o i s Mitterrand a entrainé une baisse brutale de la Bourse française d’environ 25 % en deux jours, une hausse des taux directeurs à plus de 22 %, et très vite une première dévaluation de 8,5 % en octobre 1981 et une seconde de 10 % en juin 1982. En juin 2016, la Bourse londonienne n’a perdu « que » 3 % le lendemain du vote, et la livre de son côté a perdu plus de 10 % contre l’euro en quelques jours. En 1981, les Bourses des pays périphériques n’ont pratiquement pas souffert de la forte chute de la Bourse française, tandis que cette année Paris a baissé de 8 %, Madrid de 12 %, Francfort de 7 %, au lendemain du référendum britannique. Enfin, il a fallu plus de trois ans à la Bourse parisienne pour se remettre de la chute de mai 1981, alors que la Bourse de Londres a effacé ses pertes en moins d’une semaine. Q u e l l e s l e ç o n s t i re r d e c e s d e u x évènements ? Tout d’abord que les marchés financiers ont horreur d’être pris à revers par une annonce imprévue. Ils réagissent avec une brutalité inouïe qui fait peur car on craint toujours que la baisse entraine la baisse. Ensuite que la situation est radicalement différente aujourd’hui par rapport à 1981. En 1981, la baisse était restée circonscrite à la France, alors qu’aujourd’hui elle s’est propagée à tous les marchés européens, parce que l’économie est beaucoup plus mondialisée et interconnectée aujourd’hui qu’il y a 25 ans. Il a fallu plus de trois ans à la Bourse parisienne pour se remettre de la chute de mai 1981, alors que la Bourse de Londres a effacé ses pertes en moins d’une semaine Les marchés financiers ont horreur d’être pris à revers par une annonce imprévue Enfin que la situation des taux est totalement sous contrôle . Alors qu’en 1981, les taux directeurs de la banque de France sont montés à 22 %, l e s t a u x e n E u ro p e ont continué à être orientés à la baisse suite au référendum britannique (-0,20 en Grande Bretagne, -0,07 en France, -0,14 en Allemagne… en 2 jours), car les Banques centrales ont essayé de conjurer les effets néfastes du Brexit en renforçant leurs injections de liquidités. On peut aussi craindre un ralentissement économique en Grande-Bretagne et en Europe continentale. Ce qui rajoute encore de l’incertitude… tout cela pour une courte poignée de voix. Mais souvenons-nous que les marchés boursiers se sont finalement très bien comportés en France dans les années 1980 et ont triplé de valeur, surmontant magnifiquement les incertitudes générées par les élections de mars 1981... Il est encore trop tôt pour se prononcer sur les effets finaux du Brexit, d’autant qu’on ne sait pas comment (et si ?) il sera mis en œuvre. Mais d’ores et déjà on peut dire qu’il y aura un coup d’arrêt à la spéculation immobilière à Londres, que les entreprises anglaises exportatrices retrouveront de la compétitivité grâce à la baisse de la livre, et que les pays vont se livrer à un dumping fiscal pour attirer (ou retenir) entreprises et compétences sur leur sol. EDITO I page 2 Si le nez de Cléopâtre avait été plus court... FOCUS I page 8 Keep calm and carry on LES MOTS I page 14 Anglicismes : les adopter ou les proscrire ? ECONOMIE I page 4 Un vote qui peut changer l’avenir de l’Europe SECTEUR I page 11 Mieux vaut prévenir que guérir NOS FONDS I page 16 Performance de la gamme Brongniart Directeur de la publication : Hugues Dubly. Imprimerie : AMPLUS, 3 rue de Romainville - 93260 Les Lilas Les articles présentés dans cette lettre sont rédigés en partenariat entre les gérants/analystes de Transatlantique Gestion et Dubly Douilhet Gestion. Pour toutes informations, veuillez contacter votre interlocuteur chez Transatlantique Gestion 26, avenue Franklin D. Roosevelt - 75008 Paris. Téléphone : 01 56 88 76 74. www.transatlantiquegestion.fr © 2015 Transatlantique Gestion 3 éCONOMIE par Sebastian Paris-Horvitz Un vote qui peut changer l’avenir de l’Europe Après des mois de grande incertitude sur l’issue du référendum concernant le maintien (Bremain) ou la sortie (Brexit) du Royaume-Uni de l’Union européenne, les urnes ont tranché et les britanniques ont mis un terme à une relation qui durait depuis 43 ans. Ce résultat est un séisme politique considérable pour la construction européenne , dont les conséquences économiques, même si elles sont encore incertaines, devraient se traduire à court terme par une réduction de la croissance, notamment au Royaume-Uni. A moyen et long terme , c’est bien les conséquences politiques qui inquiètent car cette victoire des anti-européens pourrait venir alimenter d’autres nationalismes et créer des tensions pouvant fragiliser la région. Sur le point économique, il s’agira pour le pays sortant et les autres membres de l’Union d’arriver à un accord acceptable. du parti UKIP et député européen – a quitté ses fonctions, conforté par la victoire de « l’indépendance » du Royaume-Uni. Enfin, Nicola Sturgeon - première ministre d’Ecosse appartenant au parti nationaliste - a fait savoir que les écossais ne se reconnaissaient pas dans ce vote de sortie (l’Ecosse a voté à 62% en faveur du maintien). Elle fait planer l’idée d’un nouveau référendum d’indépendance tout en se rendant à Bruxelles pour plaider sa cause. Notons que la nomination de Theresa May, actuelle Ministre de l’Intérieur, comme nouveau première ministre britannique, devrait apaiser quelque peu les tensions politiques. Néanmoins beaucoup d’incertitudes persistent. Le choc des résultats Quels effets sur l’économie ? L e 2 4 j u i n 2 0 1 6 a u m a t i n , c ’ e s t ave c étonnement que l’ensemble des européens apprenait que la majorité des britanniques s’était prononcée pour une sortie du pays de l’Union européenne. Une fois la surprise passée, le désordre s’est emparé de la scène politique anglaise. La démission du premier ministre David Cameron – ayant appelé à la tenue de ce référendum mais partisan du Bremain – a marqué le début de la cacophonie. Il laisse à son successeur, Theresa May, la lourde charge de conduire les négociations de sortie de l’Union européenne. Du côté des défenseurs du Brexit, Nigel Farage - président L’incertitude sur l’avenir des relations du Royaume-Uni avec l’Union européenne ainsi que la confusion politique risquent de peser sur la croissance britannique, et sûrement sur le reste de l’Europe, même si l’ampleur des effets négatifs est difficile à estimer. Les urnes ont tranché et les britanniques ont mis un terme à une relation qui durait depuis 43 ans Le premier effet pourrait être le risque de paralysie des décisions d’investissement d’un certain nombre d’entreprises. On peut penser que certains investissements très dépendants des relations commerciales avec le reste de l’Union vont être repoussés voire supprimés. Plus largement, l’incertitude sur les perspectives de croissance, y compris de possibles pertes d’emplois sur le territoire britannique en faveur de délocalisations sur le continent, risquent de nuire aux dépenses des ménages et des entreprises. Selon les estimations, la perte d’activité pourrait coûter 1% de croissance à l’économie britannique sur l’année à venir, avec le risque de la faire basculer en récession. des taux d’intérêt à long terme depuis le vote. Le taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat britannique (Gilts) à 10 ans a fortement reculé s’établissant à 0,77% (au 7/7/16) son plus bas historique. En même temps, certains facteurs stabilisateurs pourraient contribuer à atténuer les effets du Brexit sur la croissance. La baisse de la livre devrait donner un avantage compétitif aux entreprises anglaises et soutenir notamment l’activité des secteurs exportateurs, même si, en contrepartie, elle pourrait rogner le pouvoir d’achat des ménages anglais. Toutefois, les craintes de nouvelles tensions en Europe, liées notamment au développement de mouvements populistes, pourraient également freiner l’activité économique de la zone au-delà des suites de l’affaiblissement du Royaume-Uni. En ce sens, il est important de souligner que pour l’instant l’activité reste plutôt bien orientée sur le continent, y compris dans la zone euro. Il faudra néanmoins attendre les prochains mois pour avoir une meilleure indication de la véritable onde de choc du Brexit sur l’activité du continent. Un assouplissement de la politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE) est également attendu, expliquant la baisse extraordinaire 2,3 Parallèlement, la BoE a déjà décidé d’assouplir la réglementation sur les contraintes prudentielles de capitalisation des banques afin qu’elles ne freinent pas trop la distribution de crédits à l’économie. C o n c e r n a n t l e re s t e d e l ’ E u ro p e , l’incertitude devrait aussi peser sur l’économie mais de manière plus limitée. En effet l’activité commerciale avec le Royaume-Uni ne représente que 10% du commerce de la zone. Les taux obligataires britanniques au plus bas historique 2,1 1,9 1,7 1,5 1,3 1,1 0,9 0,7 0,5 6/11/15 6/12/15 6/1/16 6/2/16 6/3/16 6/4/16 6/5/16 6/6/16 6/7/16 Taux du rendement à 10 ans des emprunts d'Etat du Royaume Uni Source : Bloomberg au 07/07/2016 5 Pour le reste du monde, les conséquences du Brexit devraient être négligeables. Par exemple, pour les Etats-Unis, la totalité du commerce avec le Royaume-Uni représente moins de 0,5% du PIB américain. Du fait des possibles effets négatifs sur la croissance et des incertitudes créées par ces évènements, les Banques centrales devraient conserver des politiques très accommodantes. La BoE devrait être très active et il est fort probable que la BCE poursuive son programme d’achats d’actifs avec des taux directeurs historiquement bas. Enfin, la Fed devrait probablement repousser à la fin de l’année, voire au début 2017, son calendrier de normalisation monétaire. Quelles possibilités pour l’avenir ? Vous l’aurez compris, il semble difficile de dissiper les incertitudes à court terme, et celles-ci auront un effet négatif sur la croissance économique. Néanmoins, la persistance d’une situation d’instabilité, sans orientation politique risque d’avoir des conséquences encore plus néfastes sur l’avenir. Ainsi, il est primordial pour les responsables britanniques et pour l’ensemble des dirigeants européens, d’avancer rapidement sur un accord politique et économique régissant les nouvelles relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. La plupart des analystes penchent pour un accord proche de celui existant avec d’autres pays européens non membre de l’Union comme la Norvège et la Suisse. Ces deux pays ont un accès partiel au marché unique, ne sont pas soumis à toutes ses règles (notamment dans le domaine agricole) et l’accès à certains marchés de l’espace économique européen sont réglementés. La Suisse, par exemple, qui fait 50% de son commerce extérieur avec l’Union, a signé plus de 120 accords commerciaux pour assurer son accès au marché unique. 6 En revanche , ces pays ont tout de même des obligations vis-à-vis du reste de l’Union, y compris concernant la libre circulation des personnes et des contributions au budget européen. Cependant, dans le cas anglais, ces obligations iraient à l’encontre de certaines des raisons avancées par la campagne de sortie de l’Union. D’autres pistes sont envisagées comme celles d’établir des accords comme ceux existants avec la Turquie ou le Canada, mais ces dernières semblent moins prometteuses, d’autant que la stratégie du Royaume-Uni devrait préserver autant que possible l’accès de ses entreprises au marché unique à un niveau similaire de celui existant aujourd’hui. Enfin, nous ne pouvons exclure un éventuel retournement politique au Royaume-Uni. En effet, dans les trimestres à venir, par la voie des urnes, la population pourrait donner mandat à un nouveau gouvernement de ne pas activer l’article 50 du traité de Lisbonne qui conditionne le processus réel de sortie de l’Union. Il est primordial pour les responsables britanniques et pour l’ensemble des dirigeants européens, d’avancer rapidement sur un accord politique et économique régissant les nouvelles relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne En tout état de cause, nous devrons sûrement supporter une volatilité plus élevée sur les marchés tant que les incertitudes qui planent sur l’avenir de l’Europe ne sont pas dissipées. viendrait créer de nouvelles tensions dans la région. N’oublions pas que l’horizon politique européen est chargé de rendez-vous : élections présidentielles et législatives en France et en Allemagne en 2017, sans oublier le référendum constitutionnel en Italie cet automne. La réponse des marchés à l’incertitude Cet évènement historique a déstabilisé les marchés financiers. Les nombreuses incertitudes qui pèsent sur l’avenir économique du Royaume-Uni se sont trivialement manifestées par une perte de valeur considérable de la livre. Celle-ci a perdu plus de 13% par rapport au dollar ( du 23/06/16 au 07/0716), reflétant la défiance des investisseurs vis-à-vis de l’économie. De même, la peur de délocalisations de certaines entreprises et individus, notamment de la place de Londres, a commencé à peser sur les prix de l’immobilier. Certains fonds d’investissement spécialisés dans ce domaine ont dû suspendre les retraits afin d’éviter de trop fortes baisses de valeur alors que les actifs sous-jacents sont - par définition - relativement peu liquides (généralement des immeubles). Par ailleurs, le système financier européen dans son ensemble a subi avec fracas la baisse des taux d’intérêt venant rogner les marges des entreprises du secteur. A ceci, est venu s’ajouter la peur de voir de nouveau des risques systémiques en Europe, soit une nouvelle crise bancaire. Ceci explique l’effondrement de valeurs bancaires et des assurances depuis le vote. Toutefois, on peut penser que les Banques centrales, suivant les leçons de la crise de 2008-2009, devraient tout faire pour éviter une telle situation. L’histoire de l’Europe vient de subir un coup politique considérable La sortie d’un membre de l’Union européenne soulève la fragilité profonde de la construction e u ro p é e n n e , re f l é t a n t l a m o n t é e d e s populismes et la difficulté de la zone à proposer un modèle convainquant pour tous les citoyens. L’Europe doit réagir pour redéfinir un avenir commun, y compris en incluant le Royaume-Uni, même s’il souhaite rester en dehors du dispositif communautaire. On peut penser que les Banques centrales, suivant les leçons de la crise de 2008-2009, devraient tout faire pour éviter une telle situation Les investisseurs resteront sûrement prudents au cours de l’été devant autant d’incertitudes politiques. D’autant plus que le marché pourrait exagérer toute annonce dans le domaine politique qui 7 FOCUS par Julien Brun et Pierre Pétillon « Keep calm and carry on » Le 24 juin dernier, l’indice CAC 40 affichait une perte de 8 % alors que l’indice Footsie des 100 principales valeurs de la bourse de Londres ne cédait pas à la panique terminant en repli de 3,15 % (- 8,51 % en tenant compte du change livre sterling contre euro). Il aura fallu moins d’une semaine pour que les pertes de la bourse londonienne soient effacées (+ 6 %), le Daily Mail se faisant un malin plaisir de rappeler que l’indice a connu sa « plus forte hausse sur une semaine depuis décembre 2011 ». Alors que tous prédisaient un avenir proche de l’apocalypse à l’économie britannique en cas de Brexit, que retenir de ce rétablissement éclair ? La baisse de la livre sterling permet de soutenir les indices britanniques C’est principalement la baisse de la livre sterling face au dollar qui dope les revenus des grandes multinationales cotées à Londres. Cette dévaluation avantage également toutes les entreprises exportatrices dont les produits vont de facto devenir moins chers à l’étranger. Un autre phénomène peut également expliquer pourquoi l’indice londonien a limité ses pertes le 24 juin par rapport à la plupart de ses homologues européens. En effet, le Footsie exprimé en dollar a reculé de près de 10 % le 24 juin dernier. Cette chute de la livre a offert une opportunité pour l’investisseur étranger pour entrer sur le marché britannique. A l’occasion de la journée du 24 juin le volume d’échanges sur cet indice a été multiplié par 4. Toutefois, la situation n’est pas rose pour toutes les entreprises notamment les plus domestiques. Ces dernières peuvent voir dans la baisse de la devise une diminution de leurs marges et les incertitudes sur l’économie britannique pèsent sur ces valeurs sensibles à la croissance. En témoigne l’indice Footsie 250, le cousin Retour vers le futur pour la livre sterling qui atteint son plus bas niveau depuis 1985 1,5 1,48 1,46 1,44 1,42 1,4 1,38 1,36 1,34 1,32 1,3 17/06/2016 19/06/2016 21/06/2016 23/06/2016 25/06/2016 Evolution de la Livre Sterling face au Dollar Source : Bloomberg au 29/06/2016 8 27/06/2016 29/06/2016 éloigné du SBF 250, qui n’a toujours pas retrouvé son niveau depuis l’annonce du Brexit. Ainsi, les grandes gagnantes du Brexit sont les sociétés exportatrices anglaises, qui bénéficient d’un avantage compétitif grâce à la baisse de la livre sterling. A l’inverse des secteurs tels que l’immobilier et financier, très domestiques, souffrent. Les grandes gagnantes du Brexit sont les sociétés exportatrices anglaises, qui bénéficient d’un avantage compétitif grâce à la baisse de la livre sterling Tensions sur le marché immobilier et bancaire Si les banques britanniques avaient déjà mal commencé l’année du fait d’incertitudes sur leur rentabilité et des contraintes règlementaires, le vote du Royaume-Uni en faveur d’une sortie de l’Union européenne ne fait que noircir un horizon déjà bien sombre. L’incertitude déclenchée par le scrutin pénalise particulièrement les banques britanniques. D’abord parce que le ralentissement de la croissance provoqué par le Brexit devrait conduire la Banque d’Angleterre à réduire ses taux d’intérêt, qui sont déjà au niveau historiquement bas de 0,5 %. La plupar t des prêts hy p o t h é c a i re s é t a n t consentis à taux variables au RoyaumeUni, les conséquences sur les comptes des banques se feront sentir rapidement et une nouvelle baisse viendrait fragiliser davantage un modèle économique déjà sous pression. La question de la profitabilité du secteur revient plus que jamais sur le devant de la scène. Sans oublier les coûts de relocalisation pour les banques étrangères, qui pourraient perdre leur passeport européen, sésame obligatoire pour opérer dans n’importe quel pays membre depuis Londres. Pour sa part l’ajustement brutal du secteur immobilier au Royaume-Uni suit une logique assez simple : Tout d’abord, les perspectives économiques en berne incitent les investisseurs à s’alléger sur les actifs britanniques. Ensuite, la baisse de la livre sterling a provoqué une diminution du rendement locatif pour les investisseurs nonrésidents. Performances des indices exprimés en EUR 0,00% -5,00% -10,00% -15,00% -20,00% -25,00% CAC Index MCX Index UKX Index Source : Bloomberg au 29/06/2016 9 Dès lors, les sociétés immobilières se retrouvent coincées : elles ne disposent plus des liquidités suffisantes pour couvrir les rachats et elles ne trouvent pas non plus de contreparties pour effectuer des transactions. difficile de trouver des acheteurs, acteurs nécessaires pour jouer le rôle de contrepartie. Le système se grippe, faute d’équilibre possible. Il est fort à parier que l’été sera mouvementé pour les Banques centrales (BCE, Fed, BoE, BNS, BoJ) qui devront unir leurs forces et pourraient intervenir de façon concertée pour garantir l’accès à la liquidité et maintenir la stabilité financière, et de ce fait soutenir le secteur bancaire. Les Banques centrales à la rescousse ? N’oublions pas que contrairement aux marchés financiers, le marché immobilier est par nature peu liquide. Or lorsque des flux massifs de rachats se présentent, il est d’autant plus LE SAVIEZ-VOUS ? Diageo, Lloyds, Sky (84 % UK du CA) 10,00% 5,00% 0,00% -5,00% -10,00% -15,00% -20,00% -25,00% -30,00% -35,00% -40,00% 06/23/2016 06/24/2016 06/27/2016 Diageo 06/28/2016 Lloyds Bank 06/29/2016 06/30/2016 Sky Source : Bloomberg au 29/06/2016 Diageo est une entreprise anglaise internationale spécialisée dans les spiritueux, son chiffre d’affaires hors Royaume-Uni > 80 %. Lloyds Bank est une banque britannique et 100 % de ses revenus sont générés au Royaume-Uni. Sky est un opérateur de télévision par satellite britannique ; près de 95 % des revenus sont générés au Royaume Uni. 10 SECTEUR par Marin Louvigné Mieux vaut prévenir que guérir Il est depuis longtemps répété que la prévention est préférable à la guérison. Si la maxime est bien acquise dans les familles, plusieurs entreprises ont compris l’intérêt de jouer un rôle dans son application. Dans le secteur de la consommation, les produits d’Hygiènes et de Santé OTC 1 ne semblent en effet pas connaître de crises. Pour trouver de la croissance il ne semble pas forcément nécessaire de délaisser ces produits triviaux au profit d’entreprises technologiques plus en vogue. Cette consommation « basique » devrait continuer à long terme d’avoir une place dans nos portefeuilles d’investissement. L’anglais Reckitt Benckiser est un des leaders mondiaux des produits d’Hygiène (Arpic, Dettol, Veet, Cillit Bang) et d’Entretien (Vanish, Woolite, Air Wick, Calgon). Il décide en 2006 d’entrer dans le secteur la Santé OTC. En 10 ans, le groupe est parvenu à se hisser au rang de 6ème acteur mondial du domaine. Ce nouveau secteur représente maintenant 34% de son chiffre d’affaires et est en même temps devenu sa division la plus margée avec près de 29% de marge opérationnelle. L’entreprise a profité d’un secteur fortement fractionné, pour croître par des acquisitions (Scholl, Nurofen, Strepsils) mais aussi très dynamique puisqu’affichant une croissance de son activité à périmètre comparable de +9,6% en moyenne sur les 4 dernières années. La force des groupes comme Reckitt Benckiser ou Colgate-Palmolive sur les secteurs de l’Hygiène et de la Sante OTC se trouve dans Reckitt Benckiser Chiffre d'affaires par actions en euros 18 16 17,1 14 12 10,2 10 8 7,4 6 4 2 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Source : Reckitt Benckiser 31/12/2015 1 OTC - Over The Counter : concerne les médicaments et produits de santé en vente libre sans ordonnance 11 l a c ré a t i o n d e m a rq u e s fortes (Nurofen, Strepsils) très margées. Ils utilisent pour cela les méthodes de la grande distribution comme le marketing, l a c o m mu n i c a t i o n e t l’innovation régulière. Ces stratégies gagnantes poussent vers la sortie des entreprises pharmaceutiques aux méthodes traditionnelles. Ces stratégies gagnantes poussent vers la sortie des entreprises pharmaceutiques aux méthodes traditionnelles Jusqu’à aujourd’hui Reckitt Benckiser et Colgate-Palmolive ont affiché une importante croissance de leurs chiffres d’affaires et des marges confortables pour arriver sur des capitalisations boursières aux plus hauts historiques qui pourraient laisser croire que l’histoire est jouée. Pourtant ces entreprises très bien gérées font figure de champions de la croissance, de la progression des marges mais aussi de l’innovation pour aller toujours plus loin. A l’instar de ce qu’a réussi à faire L’Oréal entre les années 2000 et aujourd’hui, on voit 28,0% qu’il reste pour ces groupes, comme Reckitt Benckiser, un potentiel d’amélioration dans les pays émergents. L’Oréal a en effet réussi à tirer la marge opérationnelle de ses activités dans les pays en développement à un niveau comparable à celui de sa division européenne. En 2015, les divisions du groupe français n’ont plus que 3,0 points de marge d’écar t sur leurs marges opérationnelles. Cette progression s’explique notamment par la diminution des dépenses de marketing due à l’effet boule de neige sur la notoriété de ses produits et de la marque. Le management de Reckitt Benckiser a bien repéré le fort relais de croissance potentiel que pouvait jouer les émergents puisqu’il existe en 2015 un écart de 10,3 points de marge entre la 2 TCAM : taux de croissance annuel moyen COMPARAISON MARGE OPERATIONNELLE L'OREAL / RECKITT BENCKISER 26,0% 26,8% 24,7% TCAM 2 +4,4 % an 24,0% 22,0% 20,0% 17,7% 18,0% 16,0% 17,8% TCAM 2 +2,9 % an 14,1% 14,0% 12,0% 11,6% 10,0% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Marge opérationnelle Reckitt Benckiser Source : rapports annuels des entreprises 31/12/2015 12 Marge opérationnelle L'Oréal 25,0% MARGES OPERATIONNELLES L’OREAL PAR SECTEURS GEOGRAPHIQUE 22,7% 20,0% 18,9% 15,0% 13,6% 10,0% 5,7% 5,0% 0,0% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Europe de l'ouest Amérique du nord Reste du monde Source : rapports annuels des entreprises 31/12/2015 division européenne et la division des pays émergents. La tendance à prévenir plutôt que guérir semble tout aussi applicable dans les pays émergents que dans les pays développés. Le groupe continue pour cela d’organiser son portefeuille de produits et ses dépenses marketing de façon ciblée sur dix-neuf marques principales et deux uniques secteurs géographiques depuis 2015 : Europe/Amérique du Nord et Marchés en développement avec pour objectif que cette dernière division représente 40% du chiffre d’affaires à horizon 35,0% 30,0% 2020 contre 31% en 2015. L’histoire n’est pas non plus terminée chez L’Oréal qui tournée vers l’innovation s’intéresse aujourd’hui à de nouveaux canaux de distribution comme le E-commerce. Les ventes réalisées en ligne ont en effet fortement progressé sur l’année 2015 pour représenter 5,2% du chiffre d’affaires du groupe. S’il connaissait aujourd’hui les produits de Santé OTC, Virgile dirait peut être que la santé c’est la richesse plutôt que « la plus grande richesse, c’est la santé ». MARGES OPERATIONNELLES RECKITT BENCKISER PAR SECTEURS GEOGRAPHIQUE 25,0% 20,0% 15,0% 10,0% 5,0% 0,0% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Europe de l'ouest Amérique du nord Développement Source : rapports annuels des entreprises 31/12/2015 13 L E S M OT S par André Gosselet ANGLICISMES : LES ADOPTER OU LES PROSCRIRE ? La langue française serait-elle colonisée ? En tendant l’oreille, ou à la lecture de certains magazines, on pourrait le croire. Que faut-il faire ? P ro s c r i re l e s a f f re u x « h a s h t a g » e t « liker », cela va de soi, mais l’affaire n’est pas si simple : quid de la « redingote » venue du vieux « riding coat », du « sandwich » et du « week-end », plus facile à souhaiter bon qu’une « fin de semaine » ? Et le « mail », qui vient de notre vieille malleposte, est-il si haïssable ? Tout est affaire de mesure Devant son ordinateur, lieu de tentation permanente, répéter « je ne dirai plus « forwarder » mais « transmettre », « télécharger » plutôt que « uploader », « pirate » pour « hacker », « canular » et non « hoax » » . Enfin si le mal persiste, se lever tous les matins en chantonnant « je ferais mieux d’aller choisir mon vocabulaire, pour te plaire, dans la langue de Molière » de Charles Aznavour. Jean Maillet auteur du livre « 100 anglicismes à ne plus jamais utiliser » (février 2016), analyse ces mots et nous indique par quels mots français il conviendrait de les remplacer. Vous trouverez ci-après quelques extraits. Benchmarker En anglais « benchmark » signifie littéralement « marque » (graduation) de « banc » (au sens de « banc d’essai »). Le mot désigne d’abord, à partir de 1838, un 14 repère de nivellement utilisé lors de relevés topographiques. Il est ensuite adopté par les informaticiens pour des tests permettant de juger les performances d’un ordinateur. Le mot passe en français où les économistes en font un verbe. Dès lors les entreprises peuvent benchmarker leurs résultats. Mais les mots comme « repère », « étalon », « norme » sont synonymes de benchmark. Mieux encore, nos verbes « étalonner » ou « échantillonner » conviennent parfaitement. Blockbuster A l’origine cet anglo-américanisme aurait été utilisé en 1975 pour qualifier le film de Steven Spielberg « Les dents de la mer » qui eut un énorme succès. Dès lors tout film à gros budget et à succès devenait un « blockbuster ». Son sens original est cependant différent : il désignait, pendant la seconde guerre mondiale, une bombe suffisamment puissante (to bust ou to burst = exploser) pour détruire tout un quartier (block = îlot urbain). Dans le domaine pharmaceutique, il désigne aussi un médicament générant plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel. En France on parle plutôt de film à gros budget ou de succès commercial. Les entreprises peuvent benchmarker leurs résultats. Mais les mots comme « repère », « étalon », « norme » sont synonymes de benchmark Briefing « Briefing » et tous les autres membres de la famille (débriefing, débrief, briefer, débriefer) connaissent une faveur certaine dans les mondes médiatique, sportif et entrepreneurial où l’on s’en délecte quotidiennement, alors que « réunion d’information » serait bien préférable ; tout comme « mettre au courant » devrait éliminer « br iefer », « t i re r l e s c o n c l u s i o n s » re m p l a c e r avantageusement « débriefer » et « compterendu » écarter « débriefing ». Burn-out Malgré les progrès technologiques de notre société qui robotisent les tâches, et facilitent les communications, le capitalisme ambiant et sa course aux profits ont provoqué des conditions de travail plus accaparantes, et le « burn-out » est devenu menaçant. Le modèle venant des Etats-Unis, il était logique que l’expression qui la désigne leur fût aussi empruntée. Mais notre langue française avait les moyens de nommer cette pathologie qui se manifeste quand l’employé a « totalement » (out) « brûlé » (burned) son énergie, son désir de travailler, son estime de lui-même. Pour nommer ce nouveau mal du siècle, nous avions à disposition le mot « surmenage », mais il ne pouvait faire le poids, tant ce mal est profond. L’Académie a donc suggéré « syndrome d’épuisement professionnel ». Conclusion : on parle toujours de « burn-out » ! Cash L’anglais « cash » se traduit par « espèces » ou « liquide » voire « liquidités », et puisque ces mots sont à notre disposition, on peut bien se passer de l’anglicisme. Oui mais...parler de « cash », c’est appartenir à ceux qui se veulent « dans le vent ». Chez ces gens-là, on ne retire plus de l’argent liquide, mais du « cash », on ne paie plus « comptant » et encore moins « rubis sur l’ongle », on paie « cash ». Mais sait-on que le mot « cash » vient du français « caisse » lui-même issu du latin « capsa » ? Une caisse désigne d’abord un coffre où l’on met de l’argent ! conférence, d’une vente … En tout cas le très court « flyer » a détrôné l e l o n g e t d i f f i c i l e m e n t p ro n o n ç a b l e « prospectus » : la loi phonétique du moindre effort a encore frappé ! Depuis 1992 date de son intégration dans notre lexique, ce « flyer » a le vent en poupe, et ça tombe bien puisque l’anglais « flyer » vient de « to fly » (voler) au sens, bien sûr, de se déplacer dans les airs, comme une feuille volante ! Showroom Cet anglicisme, avec ou sans trait d’union, est apparu dans le domaine de la mercatique (plutôt que du marketing) dans les années 1970. Il a d’abord été utilisé dans le monde de la mode, avant de s’étendre à d’autres secteurs de l’économie, notamment l’automobile. De l’anglais « to show » (montrer) et « room » (pièce ou salle), il désigne l’espace où un artisan créateur expose ses nouveaux produits. Les Québécois, toujours soucieux de refouler les mots d’origine anglaise, parlent de « salle de montre ». En France, l’Académie recommande de remplacer showroom par « salle d’exposition ». Trend Anglicisme très tendance (trendy). Logique ! me direz-vous, puisque « tendance » est justement la traduction de « trend ». En vieil anglais, « trendan » voulait dire « tourner » ou « rouler ». De ce sens physique est né le sens figuré s’appliquant à la mode, à l’évolution sociale, à l’histoire, à la politique (particulièrement en période électorale), et surtout à l’économie, où les observateurs boursiers n’en finissent plus de constater des trends haussiers ou baissiers. En français, en remplaçant « trend » par « tendance » ou « orientation », les messages seraient, semble-t-il, plus clairs. Flyer Exit le bon vieux « prospectus » ou « tract » qui nous a si longtemps prévenus d’un concert, d’une représentation théâtrale , d’une 15 2016 2015 2014 2013 2012 Brongniart Monétaire EONIA capitalisé 0,00 -0,15 0,07 -0,11 0,27 0,10 0,26 0,09 0,83 0,23 Brongniart Varifonds Euro MTS 3-5 ans 1,55 1,41 0,36 1,39 4,87 6,00 1,89 2,28 4,70 8,64 Cipec Obligations EuroMTS 1-3 ans -2,55 0,27 -0,02 0,72 1,26 1,88 0,54 1,72 5,97 4,48 Brongniart Patrimoine (C) 50% Euro MTS + 3-5 ans + 35% Eurostoxx 50 + 15% Dow Jones Industrial Average -4,51 -2,51 3,68 5,11 7,39 8,18 10,34 12,24 7,00 -2,68 Brongniart Rendement Euro Stoxx 50 (dividendes réinvestis) -11,46 -10,22 12,14 6,42 5,46 1,85 14,01 17,95 7,05 13,79 Cipec Diversifié Inter Dynamique 70% MSCI World en € + 30% EONIA Capitalisé -9,92 -1,10 12,46 7,49 11,42 13,68 18,60 13,14 9,76 7,88 Brongniart Monde MSCI World en € (dividendes réinvestis) -5,08 -1,58 7,23 10,42 12,71 15,77 19,41 17,49 6,84 10,75 Euromutuel Brongniart Valeurs Européennes 70% Eurostoxx 50 + 30% CAC 40 -11,34 -12,90 14,25 6,11 4,59 20,93 11,97 0,68 17,96 14,22 Brongniart Avenir 75% Eurostoxx Mid + 25% Stoxx Europe Mid 200 -14,35 -8,90 16,56 18,58 5,34 5,99 18,72 28,15 17,70 15,94 Brongniart PME Diversifié 80% MSCI EUROPE MICRO CAP Index + 20% de l’EONIA capitalisé -8,95 -7,92 16,26 15,79 -6,88* -3,36* - - Source Transtlantique Gestion au 30 juin 2016. * Depuis le 27/02/2014 Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps. Investir dans un OPCVM comporte des risques, notamment de ne pas récupérer les sommes investies. Retrouvez toutes les informations sur nos fonds sur www.transatlantiquegestion.com 26, avenue Franklin Delano Roosevelt - 75372 Paris Cedex 08 - T +33 1 56 88 76 00 F + 33 1 56 88 76 99 - www.transatlantiquegestion.com - Société de Gestion de Portefeuilles agréée par l’AMF N° GP90069 en application de l’article L.532-9 du Code monétaire et financier - SA au capital de 13 000 000 euros - 314 222 076 RCS Paris - APE 6630Z - N° TVA intracommunautaire FR 64 314 222 076 - Teneur de compte conservateur : Banque Transatlantique. Source : Transatlantique Gestion à défaut d’autres indications. Document d’information non contractuel. Pour plus d’information veuillez vous référer à la documentation légale, DICI, note détaillée, règlement ou statuts disponibles en français sur le site www.transatlantiquegestion.com. 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