Amel AOUIJ MRAD. Cours de droit public économique. LF3 droit public 2016-2017. Première partie
Il existe donc deux formes d’entreprises publiques selon la nature de leur
personnalité juridique: l’établissement public et la société. Elles ne peuvent être
créées que par un décret si elles font partie d’une catégorie préexistante ; par
une loi, si elles constituent elles-mêmes une catégorie nouvelle.
La personnalité morale de droit public : l'établissement public
non administratif (EPNA). Seuls sont entreprises publiques ceux
figurant sur une liste établie par décret. Il est clair ici qu’il s’agit d’une
émanation du public. L’établissement est public : il est constitué à partir
de biens publics, d’argent public.
La forme de droit privé : la société. La société est une personne morale
de droit privé. C’est même la forme par laquelle le droit privé, la volonté
libre, la propriété, s’expriment. Or, nous découvrons que l’une des formes
d’entreprises publiques est la société (société anonyme), ce qui est pour le
moins, du moins à première vue, étonnant. Mais il faut, en fait, comprendre
le pourquoi de cette immixtion et se souvenir que plus de la moitié du
capital social provient d’une personne publique. Selon la propriété du capital
- propriété entièrement publique ou propriété mixte, en partie publique et
en partie privée - nous sommes soit face à une société privée à capital
entièrement étatique, soit face à une société d'économie mixte, à capitaux
majoritairement publics.
1) La société à capital entièrement étatique : il y a un seul
actionnaire, c’est l'Etat qui place des capitaux dans une activité
uniquement pour la faire bénéficier en partie au droit privé des sociétés.
De multiples dérogations au droit des sociétés en découlent (Voir infra):
le PDG est nommé par l'Etat , il n'y a pas d'assemblée générale, les
contrôles de la puissance publique sur le fonctionnement sont lourds et
nombreux.
Cette société constitue une bizarrerie juridique puisque le propre d'une société
est d'associer plusieurs personnes et leurs capitaux de divers ordres. Mais
lorsque nous nous efforçons de réfléchir différemment, hors des schémas
« privé/public », si nous nous efforcions au dépassement des catégories rigides
et de répartition des rôles entre le secteur public et le secteur privé, si
nous cessons de rapporter la société au seul secteur privé et admettions
l’amalgame, la fusion de moyens dans les deux sens, nous verrions que la
société peut servir les intérêts, l’action d’un Etat plus actionnaire, moins
puissance publique, plus entrepreneur et moins autoritaire. Mais ce n’est
pas dans cet esprit, nouveau, propre à notre époque, d’ouverture du public
sur d’autres méthodes et d’autres modes d’action qu’ont été créées ces
sociétés.