Pour moi, Toute seule est un voyage iniaque. C'est une histoire simple, sans grands eets, qui
avance doucement.
L'histoire d'un quesonnement. "Est-ce qu'on est seul dans la vie ? "
Une queson qui en pose d'autres.
Et si la solitude était bonne à vivre ? S'il fallait l'apprivoiser comme un animal sauvage ?
Comme à la n des contes zen, celui qui cherche partout une réponse à ses quesons découvre, le
plus souvent par une rencontre, que cee réponse est en lui, qu'elle l'accompagne depuis toujours.
On ne peut rien enseigner à autrui, on ne peut que l’aider à le découvrir lui-même. Galilée
Toute seule, c'est l'histoire d'une rencontre. On dirait que l'ours aendait Fleur dans la forêt. Un
ours. Le symbole de l'animal solitaire et sauvage. Tellement diérent des lapins domesques. Celui-
ci est un jeune ours de sept ans, comme elle, qui lui dit: « Si tu veux, je t'accompagne ». Et elle
accepte; elle part à l'aventure avec lui.
Ce compagnon de route et de jeux ne répond pourtant jamais aux quesons de Fleur. Ce n'est qu'à
la toute n qu'il lui ouvre les yeux sur la liberté de faire des choix dans sa vie. Choisir plutôt que
subir, choisir d'être seul(e) ou pas.
A propos de la forêt… comme personnage
Quelle forêt ? Il y a la forêt réelle, celle où on se promène. Ce lieu d'immersion dans un univers
diérent, lieu de retour à la nature, au calme, à la liberté. Le réveil de nos sens engourdis. Dans la
forêt qui est grande et inconnue, qui fait peur aussi, on peut marcher, courir, perdre son chemin,
aller à travers tout, écouter, crier, découvrir, senr les saisons par tous les sens. La forêt est
habitée. On peut y rencontrer des bêtes sauvages. L'ours fait pare de la forêt. Et il y a la forêt
symbolique. Traverser la forêt dans les contes, ça ne veut pas dire aller faire une pete balade dans
les bois. L'orée de la forêt est comme une fronère que l'on franchit pour aller à la rencontre de
son desn. Y entrer, et la traverser, c'est accepter de perdre ses repères. De se confronter à ses
quesons et ses peurs. Accepter de se perdre pour se retrouver. Cela demande du courage. Parr
dans la forêt transforme et fait grandir. On en ressort plus mûr, libre d'être qui on veut être. Pour
moi, la forêt, comme la scène de théâtre, est un endroit où on remet le monde en queson. Tout
les deux permeent cee distance d’avec le quodien. Le rapport au temps change. L’imaginaire
s’acve. Ce sont des endroits de transformaon.
Dans Toute seule la forêt est au centre de l'histoire. Plus qu'un lieu, c'est devenu un personnage. A
la fois la narratrice de l'histoire et le premier témoin, elle tend le l et garde le contact avec les
enfants-spectateurs tout au long de la représentaon. C'est elle qui, à vue, plante le décor, rend la
forêt vivante en faisant des sons, des bruits, en manipulant des éléments mobiles du décor, en
faisant évoluer l'espace traversé par les deux autres comédiens. C'est elle encore qui joue tous les
autres habitants de la forêt rencontrés par l'ours et la pete lle lapin. C'est elle qui parle de ce qui
se passe dans la tête de Fleur aux moments les plus sensibles, les plus inmes, rendant audible le
dialogue intérieur et les quesonnement de notre pete héroïne. C'est elle enn qui ouvre et
ferme le spectacle comme on referme un livre.
Notes de dramaturgie
Par Violee Léonard, meeure en scène du spectacle.