Toute seule ou est-on toujours tout seul dans la vie

publicité
Dossier d’accompagnement
..………………….
Toute seule
ou est-on toujours tout seul dans la vie ?
Théâtre
Compagnie La Berlue
Bruxelles / Belgique
Informations :
Ce spectacle est accessible à partir de : 6 ans
Durée du spectacle : 60 minutes
Tarifs : 3,80 € (classes affiliées à l’USEP), 4,80€
Pour tout renseignement, contacter :
Ligue de l’enseignement Doubs et Haute Saône :
Cyril Devesa
03 81 25 06 39
[email protected]
Ligue de l’enseignement du Jura :
Jean-Jacques Megel-Nuber
03 84 35 12 00
[email protected]
Toute seule
Le spectacle auquel vous allez (ou aurez) assisté est l’adaptation d’un livre de Grégoire Solotareff.
La question de la solitude est au centre de Toute seule, paru en 1998.
L’histoire
Fleur, une lapine de 7 ans, qui vit entre sa maman et son papa, en bonne entente avec son frère,
s'interroge au point d'en perdre le sommeil : « Est-ce qu'on est seul dans la vie, oui ou non ? »
Elle imagine qu'en traversant la forêt, elle trouvera réponse à sa question. Les rencontres
successives se révèlent décevantes, elles ne l'aident guère, tant les avis de ses interlocuteurs sont
contradictoires. Pour les uns, c'est oui, pour d'autres non, pour d'autres encore, c'est l'indécision.
Fleur avait toutefois fait la connaissance d'un ours qui l'avait accompagnée au long de sa
quête. Au départ, il avait ignoré la question, comme s'il ne l'avait pas entendue. À la fin du
voyage, Fleur se fait insistante.
« Voilà, j'ai traversé ma forêt », dit-elle en regardant les arbres au loin. « Mais je n'ai
toujours pas de réponse à ma question. Hé Ours , réveille-toi ! Tu ne veux pas répondre à
ma question ? » « Si nous allions chercher quelque chose à manger ? », dit l'ours en
s'étirant. « Est-ce qu'on est seul dans la vie, oui ou non ? » insista Fleur.
« Si je vais chercher quelque chose à manger, tu seras toute seule, et moi aussi. Si c'est toi
qui y vas, ce sera pareil. Nous serons seuls. Par contre, si nous y allions tous les deux... C'est
comme tu veux, tu comprends ? C'est à toi de choisir si tu veux être seule ou non. » « Alors,
c'est ça la réponse ! » s'écria Fleur. « Je crois qu'elle me plaît. »
La réponse est simple, évidente presque, mais pas innocente. À chacun de forger son
destin, ce qu'a fait Fleur ultérieurement, en se montrant à la hauteur de ses choix.
Ce livre est désormais épuisé. Côté Cour en possède un exemplaire qui peut vous être prêté si
vous le désirez. Pour cela, contactez-nous… (voir page 2).
Traiter du thème de la solitude, par Grégoire Solotareff...
"Pour moi, c'est le thème de la vie : la vie n'existe qu'en société, dans la mesure où l'on rencontre
les autres. À l'occasion de ces rencontres, la vie prend un autre chemin et il arrive des choses,
heureuses ou malheureuses. C'est ce qui m'intéresse dans la vie. La solitude, par contre, est un
vertige, un sentiment émotionnel très fort. Les enfants qui n'ont pas d'amis construisent euxmêmes un microcosme où ils sont solitaires par rapport à une société qui a l'air heureuse. La
solitude forcée est une horreur alors que la solitude choisie est très agréable. (...) C'est une
question humaine très forte de savoir quel chemin on va prendre. Les enfants ne se posent pas
nécessairement cette question, pourtant c'est une question subliminale de l'enfant.
Entretien avec Grégoire Solotareff mené par Madeleine Couet-Butlen, CRDP de l'académie de
Créteil. http://www.crdp.ac-creteil.fr/telemaque/document/solotareff.htm
Notes de dramaturgie
Par Violette Léonard, metteure en scène du spectacle.
Pour moi, Toute seule est un voyage initiatique. C'est une histoire simple, sans grands effets, qui
avance doucement.
L'histoire d'un questionnement. "Est-ce qu'on est seul dans la vie ? "
Une question qui en pose d'autres.
Et si la solitude était bonne à vivre ? S'il fallait l'apprivoiser comme un animal sauvage ?
Comme à la fin des contes zen, celui qui cherche partout une réponse à ses questions découvre, le
plus souvent par une rencontre, que cette réponse est en lui, qu'elle l'accompagne depuis toujours.
On ne peut rien enseigner à autrui, on ne peut que l’aider à le découvrir lui-même. Galilée
Toute seule, c'est l'histoire d'une rencontre. On dirait que l'ours attendait Fleur dans la forêt. Un
ours. Le symbole de l'animal solitaire et sauvage. Tellement différent des lapins domestiques. Celuici est un jeune ours de sept ans, comme elle, qui lui dit: « Si tu veux, je t'accompagne ». Et elle
accepte; elle part à l'aventure avec lui.
Ce compagnon de route et de jeux ne répond pourtant jamais aux questions de Fleur. Ce n'est qu'à
la toute fin qu'il lui ouvre les yeux sur la liberté de faire des choix dans sa vie. Choisir plutôt que
subir, choisir d'être seul(e) ou pas.
A propos de la forêt… comme personnage
Quelle forêt ? Il y a la forêt réelle, celle où on se promène. Ce lieu d'immersion dans un univers
différent, lieu de retour à la nature, au calme, à la liberté. Le réveil de nos sens engourdis. Dans la
forêt qui est grande et inconnue, qui fait peur aussi, on peut marcher, courir, perdre son chemin,
aller à travers tout, écouter, crier, découvrir, sentir les saisons par tous les sens. La forêt est
habitée. On peut y rencontrer des bêtes sauvages. L'ours fait partie de la forêt. Et il y a la forêt
symbolique. Traverser la forêt dans les contes, ça ne veut pas dire aller faire une petite balade dans
les bois. L'orée de la forêt est comme une frontière que l'on franchit pour aller à la rencontre de
son destin. Y entrer, et la traverser, c'est accepter de perdre ses repères. De se confronter à ses
questions et ses peurs. Accepter de se perdre pour se retrouver. Cela demande du courage. Partir
dans la forêt transforme et fait grandir. On en ressort plus mûr, libre d'être qui on veut être. Pour
moi, la forêt, comme la scène de théâtre, est un endroit où on remet le monde en question. Tout
les deux permettent cette distance d’avec le quotidien. Le rapport au temps change. L’imaginaire
s’active. Ce sont des endroits de transformation.
Dans Toute seule la forêt est au centre de l'histoire. Plus qu'un lieu, c'est devenu un personnage. A
la fois la narratrice de l'histoire et le premier témoin, elle tend le fil et garde le contact avec les
enfants-spectateurs tout au long de la représentation. C'est elle qui, à vue, plante le décor, rend la
forêt vivante en faisant des sons, des bruits, en manipulant des éléments mobiles du décor, en
faisant évoluer l'espace traversé par les deux autres comédiens. C'est elle encore qui joue tous les
autres habitants de la forêt rencontrés par l'ours et la petite fille lapin. C'est elle qui parle de ce qui
se passe dans la tête de Fleur aux moments les plus sensibles, les plus intimes, rendant audible le
dialogue intérieur et les questionnement de notre petite héroïne. C'est elle enfin qui ouvre et
ferme le spectacle comme on referme un livre.
Initier un atelier philosophique / 1
La solitude, ou le sentiment de solitude, est une notion que l’on aborde assez peu en classe.
La solitude est difficile à mesurer et à quantifier. A travers la proposition que nous vous
faisons de découvrir ce spectacle, nous avons trouvé intéressant de vous proposer un atelier
philosophique afin de tenter de réfléchir, avec vos élèves à une définition de ce sentiment.
Qu'est-ce que l’atelier philosophique ?
L’atelier philosophique avec des élèves est une activité de médiation, c'est-à-dire qu'elle vise
à faciliter l'entrée dans les apprentissages. Ce n’est pas un enseignement. Il n'y a ni
programme, ni évaluations. C’est donc une activité qui introduit du non scolaire dans le
scolaire, au même titre que l’art, la culture ou toute autre médiation. Cette activité constitue
une expérience de vie pensante, pour les enfants. C’est donc une activité pédagogique qui
relève du projet de l'enseignant. Elle propose un cadre rigoureux, clair, tout en ménageant
une souplesse de mise en œuvre au niveau de la classe.
C’est une pratique accessible à tout enseignant qui désire s’engager. Aucun niveau
d'expertise en philosophie n’est requis.
Les objectifs
- L'atelier philosophique vise à permettre, à tous les élèves, de faire l'expérience
irremplaçable d'être à la source de leur pensée, d'oser explorer leur pensée, de s'autoriser à
penser, en faisant participer les enfants au débat sur des questions de la vie. En réfléchissant,
les élèves changent de statut : ils deviennent « co-réfléchisseurs » des problèmes de la vie, de
civilisation.
- Cette expérience, à la fois personnelle et groupale, valorise la construction identitaire et
l'accès au sens. Du point de vue de l’enfant, les ateliers philosophiques lui font vivre
l’expérience de se propre capacité à produire de la pensée sur des questions importantes.
Cette découverte par l’enfant de sa propre capacité à penser précède tout apprentissage
didactique du raisonnement philosophique. Elle est indispensable pour que le travail de la
pensée soit investi par un sujet qui pense. Elle permet à chacun de dépasser ses particularités
pour fonder sa singularité.
- Cette pratique part des questions des enfants, questions en écho avec les énigmes de la vie,
de celles qui n'appellent aucune réponse définitive. Le cadre est suffisamment rassurant pour
donner envie à chacun d'inventer sa vie, en pensant tranquillement, sans crainte dans ce
groupe de pairs, où tous sont des interlocuteurs valables. Les enfants découvrent le
sentiment d'appartenance à une communauté humaine en construction, parce qu'ils la
pensent ensemble.
Il est à noter que ce dispositif met en lumière les étapes " naturelles " de la construction de la
pensée de l'enfant : des émotions aux mots puis aux idées, ce sont les préalables à la pensée
philosophique. Elle permet l’éveil de la pensée réflexive par la découverte du rôle de
l’intériorité dans l’élaboration de la pensée. L’atelier philosophique permet de faire
l’expérience d’un flux continu de pensées silencieuses et explicites, qui se fécondent les unes
Initier un atelier philosophique / 2
les autres, au sein du groupe et pour chaque participant.
- L’atelier de philosophie est enfin une expérience de démocratie par laquelle le groupe
devient « une communauté de chercheurs ». Chacun apporte sa contribution au thème
abordé, et le groupe, parce qu’il est concentré sur une même question, soutient chacun dans
sa réflexion sur des questions importantes pour tous. Il y a rencontre entre la posture de
l’individu et celle du groupe dans ce moment très particulier.
L’objectif n’est donc pas de trouver la bonne réponse, pas même de trouver forcément des
réponses. Il est de permettre à des élèves de co-fabriquer de la pensée. Il s’agit plus de
pratiquer une espèce de solidarité devant des énigmes (les questions posées aux élèves leur
permettent de se poser ces questions). Les élèves sont alors, effectivement, co-penseurs des
grands problèmes qui les concernent.
L’atelier de philosophie n’est pas, à proprement parler, un lieu de débat, c’est plutôt un lieu
qui réunit les conditions pour « oser penser ». Les idées de chacun sont accueillies plutôt que
« critiquées ». La parole des uns « fait écho » à la pensée des autres et constitue un jalon qui
permet à la pensée de chacun de perdurer et à tous ces cheminements individuels de
constituer un motif représentant la pensée du groupe.
Le dispositif des ateliers philosophiques
Les ateliers philosophiques ont d’une durée d’environ 10 minutes par séance. Si vous
souhaitez pérenniser l’expérience, une régularité hebdomadaire est préconisée. L’atelier
fonctionne en classe entière, ce qui permet au groupe-classe de se sentir exister comme «
communauté de recherche ». Les élèves s’y sentent solidaires les uns des autres, ce qui
donne au travail en commun la valeur d’une co-construction de la pensée.
La parole circule avec le bâton de parole que les enfants se passent entre eux. Le bâton de
parole symbolise l’acte de « se passer la parole ».
Pour ce qui est de la place de l’enseignant, en raison de son identification modélisante,
l’enseignant n’intervient pas, pour ne pas risquer d’interrompre le travail tâtonnant
d’élaboration de la pensée qu’effectuent les enfants. Par contre, sa présence silencieuse et
confiante est nécessaire. Car les enfants ne peuvent produire de la pensée sur ces sujets
importants que s’ils s’y sentent autorisés. L’enseignant est le garant des conditions de prise
de parole et des modes de gestion du temps. Il représente la légitimité de la perspective
qu’ouvrent les ateliers philosophiques.
Il y a trois règles essentielles : la première : « seul celui qui a en main le bâton de parole peut
prendre la parole », la seconde : « on écoute ce qui se dit », la troisième : « on ne se moque
pas ».
Les mots employés par les enseignants, pour présenter les ateliers philosophiques, sont très
importants pour faire comprendre le sens de ces moments bien particuliers de parole et pour
susciter l’investissement des élèves. Les enseignants leur expliquent qu’ils vont faire de la
philosophie, c’est-à-dire que « qu’on va apprendre à réfléchir sur les questions que se posent
les hommes depuis très longtemps. Apprendre à réfléchir signifie que l’on va prendre son
temps pour penser dans sa tête, tout en écoutant les autres. On peut penser tout seul, mais
Initier un atelier philosophique / 3
parfois les idées des autres peuvent nous aider. Tout le monde n’est pas obligé de prendre la
parole au cours d’une séance et qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses aux
questions sur lesquelles on réfléchit. »
Les effets
Nous pouvons retenir quelques aspects marquants en participant à ses ateliers
philosophiques :
- Les enfants expriment des choses fortes sans pour autant se dévoiler. Leur pensée s’enrichit
au fur et à mesure des ateliers.
- Même ceux qui ne parlent pas ont une activité réflexive intense.
- Le groupe s’autorégule sans que l’enseignant ait besoin d’intervenir.
- Généralement, les enfants en difficulté scolaire prennent plus facilement la parole que les «
bons » élèves, parfois désarçonnés par le caractère non scolaire de la situation. L’enseignant
découvre alors la richesse de leur potentiel de réflexion, potentiel que ces enfants ne
parviennent pas à mobiliser dans des situations scolaires.
- D’une façon générale, les dix minutes de philosophie sont un moment où l’enseignant peut
observer les enfants et découvrir ce qu’il ne voit pas dans les situations de classe.
Les thèmes
Chaque enseignant a sa propre idée sur la formulation la plus appropriée. Il semble que des
formules d’introduction du thème comme : « Aujourd’hui on va réfléchir sur...», ou « Que
pensez-vous de ... ? » ou « Qu’est-ce que pour vous... ? » soient les plus appropriées.
La liste de quelques thèmes : grandir, être une grande personne, le bonheur, être juste/
injuste, la joie, l’amitié, la honte, partager, la violence, être libre, exister, être petit/être
grand, être fort/être faible, l’ennui, la beauté, la naissance, réfléchir, les mots, fabriquer,
comprendre, le souci, le mal, le respect, la colère, la guerre, le travail, la peur, être seul…
Initier un atelier philosophique / 4
Ce que signifie la notion de solitude chez les enfants
Par ordre d’importance… être tout seul / être perdu / avoir personne autour de nous / être
abandonné / ne plus voir, être dans l’obscurité / prison, enfermement / départ / la mort / pas
avoir de parents / chuter, tomber / ne plus avoir d’amis / faire sa vie sans ses parents...
Quelques enfants développent des situations personnelles : « Pour moi être seul c’est parce
que ma mamie, maintenant elle est toute seule, c’est parce que le papa de ma maman il avait
une maladie et alors il est mort depuis longtemps ».
Les thèmes de l’abandon et d’être perdu apparaissent être les thèmes majeurs des
associations des enfants : « Pour moi être seul, c’est être abandonné », « ...d’être abandonné
en forêt », « ... d’être perdu », « ... comme si j’étais perdu ».
Le thème de l’enfermement : « Pour moi être seul c’est d’être enfermé dans ma chambre »,
« ... moi j’étais au cachot », « ... d’être en prison », « ... comme si j’étais coincé dans un
labyrinthe », « ... c’est comme si j’étais coincé dans l’ascenseur », «... quand mes parents
m’enferment dans une pièce », « ... quand mes copains m’enferment dans une pièce noire »,
« ... d’être enfermée dans ma chambre ».
Le thème de l’absence de lumière et l’obscurité revient beaucoup : « Pour moi être seul c’est
être dans le noir », « ...d’aller dans la rue, et y a plus de lumière », « ... y a plus de lumière et
les lampes elles sont plus allumées, elles sont éteintes », « ... que la télé est éteinte ». « ...
quand la nuit tombe».
Le thème de ne plus voir, et ne plus être vu par les autres. « Pour moi être seul c’est d’être
dans la rue - personne ne me voit. », « ... que je vois plus personne. »
Le thème de la solitude associé à la mort est fréquent : « Pour moi être seul c’est quand on
est mort et on est enterré ».
Certains enfants insistent sur le fait d’être TOUT seul : « Pour moi être seul c’est d’être sans
toute ma famille et d’être toute seule, mais vraiment toute seule ». Ils différencient être seul,
et être tout seul.
Peu de thèmes imaginaires, fantasmatiques sont abordés : « Pour moi être seul c’est quand
mes parents m’enferment dans une pièce », « comme si j’étais dans une maison de sorcières
et qu’ils m’abandonnaient ».
On remarquera beaucoup de capacités de liaison, une reprise associative des idées
précédentes : « Pour moi être seul c’est d’être perdu », le bâton circulant, un enfant pourra
poursuivre ainsi, « Pour moi être seul ça veut dire qu’on n’a personne autour de nous », un
autre enfant continuant par « ...c’est... abandonné », puis « ... de ne pas avoir de parents »,
« ... d’être perdu dans la forêt », « ... qu’on a du chagrin et qu’on a pas de papa et de maman
» et « ... qu’on est perdu dans la forêt et qu’on a pas de papa et de maman, et qu’on est
perdu et qu’on est triste ».
En revanche il est peu probable que les enfants associent la solitude au bien être, à un état
recherché :
« Pour moi être seul, c’est bien. »
Initier un atelier philosophique / 5
Les affects qui sont majoritairement présents, sont : la tristesse, le chagrin, la peur.
Pourra être exprimée l’idée que « faire sa vie sans ses parents » est une forme de solitude.
De cet ensemble, se dégagent trois idées directrices :
- La solitude est déclinée sous le thème d’être perdu. Cela souligne la perte de repères pour
l’enfant incluant les thèmes d’obscurité, d’absence de lumière, ainsi qu’une perte de savoir. Et
les affects correspondant de peur.
- La solitude sous le thème d’être abandonné. Essentiellement les parents, les frères et sœurs
et les autres. Quelque chose donc d’un processus de déshumanisation. Ce qui amène
l’expression d’une solitude totale.
- Le thème de la liberté. L’idée d’une perte de liberté (liberté de mouvement). Prison,
ascenseur, enfermement, coincé dans une pièce…
Quelques représentions de la solitude
Les représentations amenées par les enfants font écho à quelques définitions de la solitude.
En effet, aujourd’hui la solitude désigne une « situation d’une personne qui est seule de façon
momentanée ou durable. » (Petit Robert).
En 1213, du latin « solitudo » signifiant « l’état d’un lieu désert ». Le désert désignait à
l’époque un simple lieu inhabité, parfois enchanteur, et très souvent propice à la méditation
religieuse et au recueillement poétique. Bien après le Moyen-Age, à l’instar de la solitude, le
désert a été assimilé dans notre conscience collective à un lieu sinistre, redoutable, aride et
stérile. Au XIIème siècle, la solitude avait pour définition : état d’abandon, de séparation où se
sent l’homme vis-à-vis de Dieu, des consciences humaines ou de la société.
Nous pouvons constater qu’initialement la solitude était un lieu (un endroit), puis la situation
objective d’un être (l’homme dans cet endroit), avant de devenir un sentiment (un sentiment
dans l’homme).
Nous retrouvons bien le « être perdu », le « être abandonné », et les affects liés à la solitude
(tristesse, chagrin, peur) exprimés dans les ateliers philosophiques.
Bibliographie
Laurent tout seul, Anaïs Vaugelade, L’école des loisirs, 1996, à partir de 5 ans.
Laurent, un petit lapin (tiens lui aussi !) curieux, veut découvrir le monde. Il va toujours “ un
petit peu plus loin ” que ne le lui autorise sa mère, jusqu’à se perdre dans la nuit. Il découvre la
liberté mais aussi la solitude, le doute, l’euphorie de l’indépendance et des nouvelles
rencontres. Au delà de la question de l’autonomie, Laurent tout seul pose toute une série de
questions existentielles sur les relations humaines, la juste mesure à trouver dans l’éducation
d’un enfant (entre la protection et l’imposition des interdits et l’accompagnement bienveillant
dans les premiers pas dans la vie), la nécessité de la transgression à certaines conditions et dans
certaines circonstances, la nécessité de se créer un cercle d’amis pour vaincre la solitude.
Une nuit, un chat… Yvan Pommaux, L’école des loisirs, 1994, à partir de 5 ans.
La première nuit d’émancipation du jeune chat Groucho. Qui est le plus angoissé : lui ou ses
parents ? D’ailleurs ceux-ci ne peuvent s’empêcher de le suivre discrètement… Les dangers sont
nombreux et réels, le monde extérieur réellement inquiétant. Mais la rencontre de Groucho
avec la belle Kitty lui donnera le courage et la force de gagner définitivement son indépendance
et son autonomie.
Le Diable des Rochers. Grégoire Solotareff. L’école des loisirs, 1995, à partir de 7 ans.
Dans les rochers, au pied de la falaise, vit une étrange créature, mi-lapin, mi-chat et mihumaine. Elle a fui il y a longtemps les brimades des villageois, qui riaient de ses oreilles un peu
plus recourbées que la moyenne et de ses cheveux souvent décoiffés. Elle se nomme "Le Diable
des rochers". Mais ce diable n'est pas aussi méchant qu'on croit, il est juste très malheureux et
souffre de sa solitude, alors quand il sauve la jolie Angélique de la noyade, il s'imagine que sa
solitude
a
pris
fin...
Un conte assez sombre, à lire aux plus grands.
Comme le soleil. Jérôme Lambert. L’école des loisirs, 2006, à partir de 7 ans.
Laura passe les vacances au bord de la mer dans une maison que ses parents ont louée pour la
semaine. Dès son arrivée, elle adopte le hamac du jardin, d’où elle se plaît à observer la lumière
à travers les feuillages. Elle quitte son nid suspendu lorsqu'elle aperçoit une rangée de petits
cailloux, dont elle suit la piste. À son retour, elle découvre un garçon installé dans le hamac. Il
s'appelle Jérémy et il ressemble à un rayon de soleil…
Découvrir d’autres albums de Grégoire Solotareff (tous édités à L’Ecole des loisirs)
Loulou plus fort que le loup, 2010, à partir de 5 ans (amitié, entraide, solidarité )
Le chat rouge, 2014, à partir de 5 ans (amour, solitude, différence)
Les garçons et les filles, 2005, à partir de 8 ans (masculin/féminin, portraits, personnalité)
Méchant petit prince, 2013, à partir de 5 ans (Colère, humour, méchanceté/cruauté, relation
avec la mère - Relation avec le père)
D'autres photos du spectacle sont disponibles sur le lien suivant : http://www3.provincedeliege.be/rtjp/2012/LABERLUE_Toute-seule/
Escales en scènes
Edité par le Groupe National Spectacle Vivant de la Ligue de l’Enseignement, le
carnet « Escales en scènes » a pour objectif d’accompagner le jeune public dans
les différentes étapes de sa rencontre avec le spectacle vivant.
Conçu comme un « carnet de mémoire individuel », il est un outil incomparable
d’éducation artistique qui propose à la fois :

Des clefs de lecture d’un univers aux multiples facettes et aux
représentations très nombreuses (histoire, vocabulaire…).

Des situations ludiques et d’analyse des œuvres (genre,
rapport au public, émotions…).

Des
espaces
d’expression
personnelle pour les jeunes
spectateurs.
Le carnet « Escales en scènes »
s’impose
comme
d’accompagnement
un
pertinent
outil
en
permettant aux enfants d’inscrire leurs
rencontres artistiques dans la globalité
d’un parcours.
Découverte des métiers du spectacle et de
l’histoire du théâtre, conseils pour mieux
profiter des spectacles, jeux pédagogiques et
ludiques, partage d’expériences ou encore réflexion sur les représentations : en
gardant des traces de leurs rencontres avec le spectacle vivant, les enfants
construisent peu à peu leur propre identité de spectateurs !
Ce carnet destiné aux enfants est un outil pouvant servir aux enseignants, aux
animateurs ou personnels encadrant d’accueils collectifs de mineurs ou à des
théâtres, des festivals disposant d’une programmation Jeune Public ou
familiale.
Tarif : 1 euro/pièce.
Téléchargement