N° 61 - août 2015N° 61 - août 2015 98
Ce livre, disponible cet automne, sera destiné aux
avocats mais sera aussi distribué en librairie et pourra
intéresser le grand public.
Je souhaite que le rôle des avocats dans l’histoire de
Genève soit expliqué et mis en valeur.
Je veux que chacun se sente er d’appartenir à notre
Barreau.
Je tiens aussi à ce que l’Ordre intervienne et prenne
position chaque fois qu’un projet de loi touche à un
domaine du droit. Et nous le faisons plus que jamais.
Mais je tiens aussi à notre inuence internationale.
J’ai beaucoup voyagé cette année pour l’Ordre des
Avocats.
Je me suis rendu à Paris, à Madrid, à Barcelone, à
Florence et dans toute la Suisse.
J’ai été représenté à Milan, à Tunis et ailleurs.
Partout j’ai reçu un accueil chaleureux.
En Suisse et à l’étranger, notre Ordre est respecté
et écouté.
J’ai été heureux de constater que notre Barreau a
une réputation atteuse.
Celle d’incarner l’esprit de Genève.
Et l’esprit de Genève c’est notre vocation unique
pour les droits de l’Homme.
L’Ordre est de plus en plus engagé dans l’assistance
et le soutien aux avocats menacés dans l’exercice de
leur profession ici et partout.
Nous avons envoyé une mission d’observation en
Chine, reçu des avocats africains, soutenu des
défenseurs des droits de l’Homme partout dans le
monde.
* * *
Si le Barreau de Genève est écouté à l’étranger, c’est
parce que notre Cité a un attachement profond, vis-
céral, ancien et reconnu dans le monde entier à la
liberté d’expression et aux autres droits fondamen-
taux.
C’est notre histoire qui l’explique.
Mais soyons vigilants!
Gardons à l’esprit qu’aucun pays, même le nôtre,
n’est à l’abri d’une érosion parfois subtile des droits
fondamentaux.
Cela est aussi valable en matière judiciaire.
A l’heure où les débats politiques s’enveniment à
propos de la Convention Européenne des Droits de
l’Homme, où certains irresponsables – y compris au
gouvernement – suggèrent qu’il serait judicieux de
dénoncer cette convention, battons-nous aussi pour
protéger nos droits fondamentaux et conserver les
mécanismes qui protègent nos libertés.
La CEDH a renforcé l’état de droit en Suisse.
Elle permet également un regard extérieur sur le sys-
tème légal de notre pays.
Enn la Suisse, présente à Strasbourg, contribue au
respect des droits fondamentaux dans le reste du
monde.
Veillons à ce que la Suisse reste un pays ouvert et
ne s’isole pas davantage sur la scène internationale.
L’Ordre se battra contre l’inscription dans la Consti-
tution de la primauté du droit national et pour la
défense des droits humains parce que c’est notre
devoir d’avocat qui l’exige.
* * *
Et puisque je viens de parler du devoir de résistance
de l’avocat, permettez-moi de vous dire un mot de
notre serment.
Il devrait se limiter aux qualités qui gurent au rang de
principes essentiels de notre profession.
Soit honneur, dignité, conscience, indépendance et
humanité.
Ce sont les cinq vertus cardinales de l’avocat.
Les méconnaître constituerait une faute profession-
nelle.
L’honneur de l’avocat c’est sa dignité morale, son
intégrité mais aussi sa forme toujours irréprochable.
La dignité c’est sans doute l’élégance que doit mani-
fester en toute circonstance l’avocat et sa probité.
C’est aussi un comportement qui traduit ce senti-
ment, une allure dans les manières qui inspire le res-
pect.
La conscience de l’avocat c’est son engagement de
défendre tout le monde, de ne jamais se taire sans
autre limite que la loi et les règles de la déontologie.
L’avocat ne doit des comptes qu’à sa seule conscience.
L’indépendance, c’est d’abord la liberté.
Liberté de parole et de comportement que personne
n’a le droit de restreindre.
Quant à la notion d’humanité, elle est importante et
gure dans peu de serments.
Il s’agit d’un vrai sentiment de bienveillance, de com-
passion envers les autres.
Or notre serment ne s’arrête malheureusement pas à
ces cinq engagements.
Nous avons aussi promis ou juré de respecter la loi et
de ne jamais nous écarter du respect dû aux Tribu-
naux et aux Autorités.
Ce sont des évidences qui induisent l’idée d’une
forme de soumission aux autorités.
Les magistrats méritent bien entendu notre respect.
Mais cette partie du serment doit être supprimée.
Les qualités humaines et professionnelles sufsent.
Notre serment ne doit plus être celui d’un auxiliaire de
justice mais celui d’un véritable acteur et sa modica-
tion nous donner toute notre place dans la cité.
* * *
Je ne veux pas terminer sans adresser aux jeunes
avocats un message positif: vous n’avez rien à
craindre de l’avenir.
N’écoutez pas ceux qui vous disent que c’était mieux
avant et que la profession est morte.