Nation et souveraineté populaire
2005, du traité constitutionnel de l'Union européenne pour aboutir à ses fins avec le traité de Lisbonne.
Au-delà de ces manoeuvres juridiques, il y a aussi perte de souveraineté sur le plan économique. La France a
abandonné à la Banque centrale européenne son pouvoir monétaire. Avec l'inscription dans les traités européens de
la "règle d'or" de l'équilibre budgétaire sous peine de sanctions, elle perdrait aussi son pouvoir budgétaire,
c'est-à-dire la conduite de l'ensemble des politiques publiques et, par là, serait mise en cause l'existence même de
ses services publics et la notion d'intérêt général qui fonde leur existence. Y compris en ce qui concerne le problème
de la dette, la France perdrait la maîtrise de sa gestion sous couvert de coordination des politiques budgétaires et
financières soumises aujourd'hui au diktat des marchés financiers mondiaux et de leurs agences de notation
dépourvus de toute légitimité politique. La souveraineté, c'est donc aussi la reprise en mains par la nation de sa
politique économique : le Japon est deux fois et demie plus endetté que la France et pourtant il ne connaît pas les
tourments européens pour la simple raison que les titres de la dette japonaise sont possédés, non par les marchés
financiers mondiaux, mais par... les Japonais.
L'abandon de la souveraineté c'était aussi, pour le pouvoir sarkozyste, l'occasion de mettre la France aux normes
exigées par l'ultralibéralisme prévalant au sein de l'Union européenne. La souveraineté nationale et populaire a
permis : un service public occupant un quart de la population active, un système de protection sociale basé sur la
solidarité, un principe de laïcité fondant la responsabilité civique, un modèle d'intégration établi sur le droit du sol,
une démocratie locale aux multiples foyers. C'était, pour le pouvoir d'alors, autant d'"anomalies" qu''il voulait
supprimer. Comme l'a écrit le philosophe Marcel Gauchet : « Le programme initial du sarkozysme, c'est un
programme de banalisation de la France ».
La nouvelle majorité présidentielle ne rompt pas vraiment avec cette démarche si on doit relever ce qui en diffère
néanmoins. Une plus grande prudence concernant les politiques publiques et une tentative de donner le change
(MAP, CGSP) ; la conservation du statut général des fonctionnaires malgré un manque total d'ambition (30ème
anniversaire, loi Lebranchu, rapport Pêcheur) ; une politique de l'immigration et de l'asile qui change peu si elle est
moins ostentatoirement hostile. En revanche on peine à faire la différence sur l'Acte III de la décentralisation et
même sur la laïcité (en dépit de la Charte Peillon). L'option libérale conduit le pouvoir actuel à faire allégeance à une
union européenne en crise économique et politique défavorable à la souveraineté nationale sans profit pour le
peuple.
3. La mise en perspective universelle de la
souveraineté nationale
À l'inverse, la défense de la souveraineté nationale c'est, pour le peuple français, le moyen de se réapproprier son
histoire, la démarche rationnelle et la morale républicaine. C'est aussi le moyen de s'inscrire dans une autre
conception de l'histoire qui prend appui sur la montée de l' "en commun", privilégie l'universalisme sur la politique des
blocs, participe à l'émergence de valeurs universelles. Le monde à venir est celui des exigences d'interdépendances,
de coopérations, de solidarités qui conduisent à l'idée d'un XXIème siècle "âge d'or" du service public. Cela contribue
activement à la création des moyens d'une mondialisation qui ne soit pas seulement celle du capital, s'inscrit dans
une dynamique qui établit une dialectique progressiste entre le monde, les grands continents et la nation. Ernest
Renan dans sa célèbre conférence à la Sorbonne du 11 mars 1882 : « Les nations ne sont pas quelque chose
d'éternel, elles ont commencé, elle finiront [...] La confédération européenne probablement les remplacera. Mais telle
n'est pas la loi du siècle où nous vivons ». C'était il y a 132 ans...
Cela nous apprend que l'on ne bouscule pas les créations de l'histoire par décret. Qu'il ne suffit pas que le traité de
Maastricht ait décrété en 1992 : « Il existe une citoyenneté de l'Union. Est citoyen de l'Union toute personne de
l'Union ayant la nationalité d'un État membre », pour que cette citoyenneté existe. Elle n'existe pas à l'évidence. Elle
Copyright © Faire Vivre le PCF ! Page 4/5