L’estimation du produit potentiel et de l’écart de
production de la zone euro basée sur un modèle VAR
structurel
1. Introduction
La zone euro est un sujet économique nouveau dont le comportement nécessite d’être
analysé et compris en détails. Il faut reconnaître que la zone euro constitue la nouveauté la
plus significative dans le scénario économique mondial de ces dernières décennies mais il faut
aussi être conscient que son mécanisme de fonctionnement est très particulier ce qui peut
donc rendre plus complexe sa compréhension et sa prévision. En effet, face à une politique
monétaire tout à fait centralisée et unique, nous observons des politiques économiques et
budgétaires décidées au niveau national avec des objectifs et stratégies pas toujours cohérents.
Même si des contraintes communautaires ont été créées pour atténuer les divergences entre les
politiques économiques nationales (pacte de stabilité et de croissance, procédure de déficit
excessif) cette dichotomie entre politique monétaire centralisée et politique économique
nationale semble être une des caractéristiques distinctives de la zone euro. Tant pour sa
nouveauté que pour ses spécificités institutionnelles, l’intérêt des chercheurs et des
universitaires s’est concentré au cours des dernières années dans la compréhension des
mécanismes sous-jacents de la croissance et de l’évolution de l’économie de la zone euro.
D’autre part, aussi bien les politiciens que les gestionnaires de la politique monétaire ont
manifesté un besoin croissant d’informations fiables sur l’économie de la zone euro car cela
conditionne de manière significative leurs décisions stratégiques mais encore plus l’efficacité
de ces dernières.
A vrai dire, en parlant d’un point de vue purement statistique, la zone euro en tant que
telle a une histoire encore trop brève pour pouvoir en tirer des conclusions définitives quant à
son comportement de long terme ainsi qu’à ses fluctuations conjoncturelles. La réponse de la
plupart des chercheurs à cette objection s’est basée sur la reconstruction d’un agrégat fictif de
la zone euro, avant sa propre création, afin d’obtenir des séries statistiques suffisamment
longues permettant d’appliquer les méthodes classiques d’analyse conjoncturelle. Il faut
reconnaître que cette approche ne peut amener qu’à des résultats approximatifs. Mais il faut
aussi être conscient, qu’en l’état actuel des choses, ceci est la seule possibilité que les
statisticiens et les économistes ont d’analyser de manière quantitative le comportement de la
zone euro. Par ailleurs, grâce aux étapes intermédiaires d’achèvement de l’union économique
et monétaire, ainsi qu’aux critères de convergences économiques définis à Maastricht, une
progressive convergence et synchronisation des économies de la zone euro se sont produites
au cours des années 90. La convergence économique des Etats Membres de la zone euro ainsi
que leur synchronisation et l’existence d’un cycle conjoncturel européen ont été analysées
dans différents papiers récents: Ladiray et Mazzi (2001), Mitchell et Mouratidis (2004),
Massmann et Mitchell (2004). Les études empiriques récentes concernant la zone euro ont eu
comme référence soit l’approche classique du cycle conjoncturel : Marcellino, Proietti et Artis
(2003), Harding (2004), soit l’approche dite du cycle de croissance : Chagny et Lemoine
(2003,2004), Mitchell (2003). Dans cette étude, nous avons choisi de nous concentrer sur
l’approche des cycles de croissance pour des raisons qui seront expliquées plus loin dans ce
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