Chapitre I. La République advenue (février- juin 1848)

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Quintin Pol, Gr 7, E15A851F
Le crépuscule des révolutions 1848-1871,
De Quentin Deluermoz
Publié au Points en format poche en 2014, après une première publication au Seuil en 2012
Cote : CO 4267, à la bibliothèque de section Paul Bois
ISBN : 978-2-7578-4457-1
Table :
Chapitre I. La République advenue (février- juin 1848)
Le « moment 1848 »
Une difficile institutionnalisation
L’Assemblée constituante : la souveraineté légitime ?
L’unanimité déchirée : les journées de juin
Chapitre II. L’expérience de la Deuxième République (juin 1848-décembre 1851)
Les nouvelles institutions républicaines
Les masses et la politique
Les élections de mai 1849 ou le problème de la « politisation » » des Français
La République contre les républicains : la République conservatrice
Entre le spectre rouge et la jacquerie paysanne, le coup d’État
1848-1851, une nouvelle configuration politique ?
Chapitre III. Le Second Empire ou la démocratie illibérale
Principes de la démocratie illibérale
L’empereur, l’État, le peuple
La fabrique de consensus
Chapitre IV. Un territoire un peu plus national
Le poids nouveau des villes
La marqueterie industrielle
Les espaces de la banque et du marché
Les transports et les « deux Frances »
Chapitre V. Une société verrouillée ?
La recomposition des élites : la terre et l’argent
L’âge d’or du monde paysan
Entre mutations et résistances invisibles : les univers ouvriers
La montée des intermédiaires
Une inconnue : la grande pauvreté
Chapitre VI. Corps et âme : contention et débordement
Le glissement des croyances
L’entrée en régime médiatique
Les échelles de l’identité française
Une recomposition des sensibilités ?
Chapitre VII. Le Second Empire est un empire
Volonté de puissance et rêves d’empire
Administrer les nouveaux territoires
L’empire en métropole
La « France » dans la décennie 1860 : une perspective globale
Chapitre VII. Un réveil politique plus ou moins contrôlé
Les recompositions politiques en 1860-1864
Devenir citoyens
La grève et l’association
Un « moment républicain » ?
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Le cru et le rire : les avant-gardes artistiques
1869, année politique
L’empire libéral, inévitable ligne d’horizon ?
Chapitre IX. 1870-1871, l’année terrible : la France dans la tourmente
La guerre franco-prussienne, une guerre du second XIXe siècle
Les républiques en France
Un éternel retour ? Les élections du 8 février 1871
Chapitre X. 1871. À la croisée des chemins, une nouvelle République ?
La Commune de Paris
Le moment 1871
La haine, le sang et l’oubli
Perspectives républicaines
Épilogue. Le temps des sphinx
Remerciements
Chronologie
Bibliographie
Index
Quentin Deluermoz est maître de conférences à l’université Paris 13-Nord. Également
membre de l’Institut universitaire de France, il étudie les relations entre police et société dans les
grandes villes et la commune de Paris de 1871. Il a publié notamment Policiers dans la ville. La
construction d’un ordre public à Paris, 1854-1914 et (Publications de la Sorbonne, 2012) et
Chroniques du Paris apache (Éditions du Mercure de France, 2008). Le crépuscule des révolutions est
le troisième tome de la collection La France Contemporaine des éditions du Seuil. Dans cet ouvrage,
Quentin Deluermoz s’intéresse aux révolutions françaises de 1848 et de 1871. Il se penche sur les
différences entre ces deux révolutions et surtout sur la période qui les séparent pour pouvoir
expliquer la venue de la Troisième République. Comment réussit-il à mettre en relations ces deux
moments historiques ? Tout d’abord, il expose les événements de 1848 et la Deuxième République
puis il présente les changements sociétaux du Second Empire, et pour finir l’auteur nous
expose « l’année terrible » 1870-1871.
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Après une brève introduction dans laquelle Quentin Deluermoz explique le choix des bornes
chronologiques, il consacre un chapitre à la révolution de 1848. Sans s’étendre sur les causes (on
devine qu’elles ont été traitées dans le tome précédent de la série), l’auteur relate les événements
parisiens. Il s’appuie sur des citations du 22 et 25 février du quotidien Le Siècle pour montrer la
rapidité de la révolution. Avant de passer en revue le gouvernement provisoire qui se met en place à
l’Hôtel de Ville de Paris et surtout une de ses premières décisions : « Le gouvernement provisoire
veut la République, sauf ratification par le peuple qui sera immédiatement consulté. » Quentin
Deluermoz consacre un paragraphe aux liens entre 1848 et 1789 : « Février 1848, était-il répété, ne
rouvrait le cycle des révolutions que pour mieux le réussir, puis le fermer, cette fois définitivement :
n’était-on pas débarrassé des “excès” de 1793 et n’apportait-on pas ce qui, rétrospectivement, avait
manqué en 1830 : la souveraineté populaire, la République, le suffrage universel ? » (p.20). Après
s’être intéressé à la capitale, l’auteur nous expose les réactions à la révolution en province, en notant
que l’information de la chute de Louis-Philippe y arriva rapidement grâce aux lignes télégraphiques. Il
nous dresse une liste de différentes réactions selon les villes et leurs couleurs politiques, en insistant
sur l’importance des banquets et des pétitions qu’y sont écrites dans « les villes, bourgs ou zones
plus rurales ». Pour prendre encore plus de recul, après Paris et les régions, l’auteur nous expose la
situation internationale au moment du « Printemps des peuples » : « Peut-on réellement parler de
révolution européenne ou s’agit-il de la juxtaposition de plusieurs révolutions en Europe ? » (p.29).
Après avoir noté la décision du gouvernement provisoire de mettre en place l’impôt des « 45
centimes » et les mécontentements qu’elle entraine à droit (manifestation des bonnets à fourrure)
comme à gauche (manifestations du 17 mars), l’auteur s’intéresse aux élections du 23 avril. Ces
élections étant les premières au suffrage universel masculin, il y consacre quelques pages en donnant
de nombreux exemples sur les situations en province.
Pour clore ce premier chapitre, l’auteur s’intéresse au mois de juin qui met fin à la révolution de
1848. Quentin Deluermoz, commence par nous présenter la composition de l’Assemblé constituante
et les tensions qui y règnent. En quelques pages, l’auteur résume la série de décisions et
d’événements (la perception de l’impôt des 45 centimes, le « 15 mai », la crise industrielle, la
fermeture des ateliers nationaux) qui provoque les « journées de juin ». En présentant en détail les
combats Parisiens et « la tuerie de fin d’insurrection » (p.54), Quentin Deluermoz cite de nombreux
historiens ou philosophe : Karl Marx, Louis Hincker, Mark Traugott, David El Kenz, Jean-Clément
Martin, Alain Corbin). Mais il nous donne aussi « un essai d’analyse » sur le massacre : « il semble
alors mettre aussi un terme à la perspective d’une République démocratique et sociale. Le sang qui
recouvre les rues de Paris rappellerait ainsi que le pouvoir ne vient plus de ces pavés ternis d’un voile
rouge, mais bien de la Chambre élue par la nation ».
Il poursuit chronologiquement par la Deuxième République, en s’intéressant aux élections
présidentielles et législatives pour dresser un portrait des courants politiques et de la « politisation »
des Français. L’auteur nous présente Louis-Napoléon Bonaparte et son succès à l’élection
présidentielle. Puis avec les élections législatives, il présente les différences de résultats entre les
villes et les campagnes pour expliquer la victoire des conservateurs. Dans ce passage, Quentin
Deluermoz, malgré un souci de synthèse, arrive à brosser un portrait assez accessible de la
politisation des régions françaises sans volonté de simplification. En passant rapidement sur la
« République conservatrice », l’auteur arrive à l’analyse du coup d’État du 2 décembre 1851, sa
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préparation, sa mise en œuvre et surtout, la résistance populaire à Paris et en province et la
répression. Pour interpréter la résistance au cout d’Etat, Quentin Deluermoz, fait appelle à Maurice
Agulhon : « Au final, l’interprétation principale de M. Agulhon selon laquelle il n’y eut ni jacquerie, ni
défense constitutionnelle, mais bien, grosso modo, une défense de ses droits en République, d’une
tonalité plutôt sociale, paraît encore la plus convaincante. »(p.100). En conclusion de cette période
révolutionnaire et républicaine, l’auteur insiste la notion assez abstraite de « configuration » : « la
manière dont s’articulent les éléments d’une formation sociale et le sens qu’ils prennent les uns par
rapport aux autres. » Il explique que la période 1848-1851 est le passage d’une configuration à une
autre.
Quentin Deluermoz consacre sept chapitres à la mise en lumière des changements politiques
et de sociétés qui se déroulent sous le Second Empire. Dans un souci de précision, il s’intéresse à
beaucoup de sujets (institutions politiques, événements, religion, industrie, commerce, identité,
international) tout en restant assez concis.
Pour présenter les institutions qui vont se mettre en place après le cout d’Etat, l’auteur
utilise l’expression de Pierre Rosanvallon de « démocratie illibérale » : « mélange curieux
d’autoritarisme et de maintien du principe démocratique » (p.107). La définition faite, Quentin
Deluermoz, décrit toute la nouvelle administration qui se met en place (maires, préfets,
fonctionnaires, agents de l’État) sans oublier le rôle central de l’empereur et de la cour. Pour tenter
d’expliquer l’installation du Second Empire grâce à la répression : « Le régime était bien autoritaire et
policier, particulièrement au cours des années 1852-1855. »(p.128) et la propagande.
Les changements sociaux et économiques font l’objet de deux chapitres dans le livre. L’auteur y
passe en revue l’industrialisation, le développement du chemin de fer, la création des grandes
banques, la création d’une « culture urbaine » et les mutations des classes socio-économiques de la
population française. Tous ces sujets sont abordés en donnant de nombreux exemples comme une
citation du comice agricole de Chateaudren (Côtes-du-Nord) pour parler de l’influence du Second
Empire sur les progrès agricoles. En voulant aborder beaucoup de sujets, Quentin Deluermoz reste
assez général en insistant surtout sur l’évolution qu’a connue l’économie française. Il résume cette
évolution avec deux idées : la nationalisation de la France (« l’espace économique et géographique a
bien changé et le territoire est, sur ces plans, un peu plus “national” » (p.165)) et « La dynamique
des relations sociales » (p.167).
Voulant apporter un complément aux changements socio-«économique dans la compréhension du
Second Empire, Quentin Deluermoz propose un chapitre aux idées, qu’il appelle « les manières de
voir et de sentir » (p.201). Ce chapitre traite en partie du développement d’une « mentalité
scientifique » (p.201) et de la réponse de l’Église. L’auteur nous indique tout les courants que compte
alors le catholicisme (ultramontains, gallicans, catholiques libéraux, catholiques sociaux). Il aborde
aussi dans ce chapitre la volonté du pouvoir de créer un sentiment national, en s’appropriant
l’histoire de France. L’auteur n’oublie pas de nuancer son propos en indiquant les résultats de
l’enquête diligenté par le ministre de l’Éducation Victor Duruy : « un quart de la population française
apparaissait non francophone » (p.218). Quentin Deluermoz consacre quelques pages également à la
violence (souvent cause et/ou conséquence des révolutions), en notant une baisse des homicides et
des violences collectives (luddisme, émeutes frumentaires, fiscales, contre les gendarmes) : « la
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période paraît faite d’un profond déplacement du rapport à la violence qui toucherait tous les
milieux sociaux et les régions » (p.227). Partant de ce constat, l’auteur laisse les explications assez
ouvertes en faisant appel à différents historiens et ses travaux personnels sur la police.
Après un chapitre sur les expansions coloniales du Second Empire, l’auteur revient en France et à la
politique pour aborder la libéralisation amorcée par Napoléon III de l’empire. Quentin Deluermoz fait
le tour de toutes les forces politiques et des lois de libéralisation de la décennie avant de s’intéresser
plus particulièrement à 1869. Pour cette « année politique », l’auteur s’intéresse particulièrement
aux élections législatives de mai, qui « consacre l’entrée du pays dans la vie politique dite
“moderne” ». (p.299) et à l’appel à Émile Ollivier pour constituer un nouveau ministère.
Après nous avoir exposé tous les changements qui sont intervenus sous le Second Empire,
Quentin Deluermoz aborde « l’année terrible de 1870-1871 ». Sans s’attarder sur la guerre Francoprussienne ni sur la défaite, c’est plutôt leurs conséquences politiques auquel s’intéresse l’auteur :
l’instauration de la République et la façon dont elle est reçu dans les villes et campagnes. Il
s’intéresse notamment « aux zones rouges » (p.323) : les villes républicaines et la ligue du Midi pour
la Défense nationale de la République. Mais aussi au reste du pays où l’accueil est « moins
enthousiaste » (p.235). Puis Quentin Deluermoz en arrive aux 72 jours de la Commune de Paris. En
commençant par évoquer sa mise en place (18 mars) et ses influences politiques (l’AIT, Proudhon,
Pierre Leroux, Théodore Dezamy, Charles Renouvier, Constantin Pecqueur). Il continue sa description
en parlant du quotidien assez « heureux » (p.338) de la Commune et de ses réalisations, même si
c’est surtout pour parler des réalisations manquées (armée mal gérée et la position subalterne des
femmes). Avant d’aborder la semaine sanglante, Quentin Deluermoz évoque « l’écho » de la
Commune dans le reste de la France et à l’international. Il décrit la Commune comme isolée et la
montée de la haine de certains (catholiques, conservateurs) contre les communards. L’ouvrage de
Quentin Deluermoz se conclut par la semaine sanglante et les débuts d’une République qui tente de
faire oublier l’année 1870-1871.
En décrivant précisément la Révolution de 1848 et la Commune de Paris en 1871, et en synthétisant
tous les événements et changements du Second Empire, Quentin Deluermoz arrive à établir le lien
entre les deux dates. Bien que l’établissement de ce lien soit le « moteur » de l’ouvrage, le fait qu’on
veuille ne s’intéresser qu’à la lecture un seul chapitre est tout à fait possible. La façon synthétique et
illustrée de l’auteur pour retranscrire les événements permet d’en faire un complément utile au
manuel. Même si l’auteur dans son introduction insiste sur le caractère inédit de ses bornes
chronologique on peut trouver d’autres ouvrages qui les utilisent comme La France de 1848 à 1870
de Jean Garrigues.
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