REGARDS lettre d’information sur les travaux préparatoires des Seconds États généraux du théâtre vol. 2, mars 2007 Les travaux préparatoires des Seconds États généraux du théâtre québecois sont définitivement bien engagés, en témoigne cette seconde parution de REGARDS qui contient des faits saillants sur trois chantiers de réflexion : la diffusion et la circulation du théâtre au Québec, l’entretien et le développement du patrimoine immobilier et la fréquentation du théâtre par la jeunesse. Nous vous présentons ensuite un portrait des concepteurs Linda Brunelle et Jonas Veroff Bouchard. Dans la rubrique clin d’œil aux états généraux de 1981, vous trouverez, une déclinaison des différents « états » du théâtre : état général, état de santé, état d’esprit etc. Nous vous invitons à vous rendre sur le forum virtuel des états généraux où plusieurs nouveaux documents ont été mis en ligne. Bonne lecture ! La diffusion du théâtre québécois De nombreuses études ont été réalisées sur la diffusion et la circulation du théâtre au Québec Nous vous présentons ici un aperçu des enjeux et des recommandations qui ont été formulés de façon répétée par le milieu théâtral. Un des principaux freins à la diffusion, on s’en doute, est le manque de ressources financières et surtout la non récurrence des fonds disponibles. Un autre frein notoire est celui du manque de soutien et d’engagement durable de certains partenaires. Trop souvent, les municipalités se montrent peu sensibles à la culture et très soucieuses de leur déficit budgétaire. Les liens avec les divers organismes de tourisme restent aussi à développer. Au cours des dernières années, les recommandations à l’égard du milieu théâtral se sont principalement articulées autour de la mise en commun des ressources et des lieux de diffusion. Grâce à la consolidation du réseau de diffusion et à la professionnalisation des diffuseurs, les rapports entre producteurs, artistes et diffuseurs se sont améliorés. Dans un tel contexte, il importe plus que jamais de favoriser la mise en commun des ressources et le développement d’initiatives comme Carte premières ou les résidences chez les diffuseurs. D’autres avenues doivent aussi être explorées, par exemple la mise en place d’un réseau pour favoriser une meilleure connaissance des structures existantes et des échanges possibles. En ce qui concerne les lieux de diffusion spécialisés, deux recommandations ont, par le passé, été rappelées avec insistance. Il s’agit de l’établissement de lieux réservés aux prolongations et aux reprises, et de l’établissement d’espaces partagés et gérés par diverses compagnies sans lieu fixe. Est-ce que la mise sur pied de ces lieux constitue toujours une priorité et quelles sont les autres priorités? Les recommandations à l’égard des pouvoirs publics sont multiples, mais elles se sont généralement articulées autour des cinq axes suivants : (1) bonifier les enveloppes subventionnaires allouées aux diffuseurs spécialisés ; (2) favoriser la création d’agents spécialisés dans la diffusion et la mise en marché ; (3) améliorer les équipements et rénover les lieux de diffusion ; (4) créer, dans les régions et les secteurs sous-représentés, de nouveaux lieux de diffusion qui soient adéquats ; (5) obtenir des engagements de collaboration et de soutien des administrations municipales et du ministère du Tourisme. Un rapport plus exhaustif sur la diffusion et la circulation du théâtre au Québec sera bientôt disponible sur notre site internet. En attendant, vous pouvez consulter le Portrait de la diffusion du théâtre au Québec (2003), rédigé par Andrée Garon et Stéphane Leclerc. Portrait de la diffusion du théâtre au Québec Vous souhaitez réagir à ce dossier ? Utilisez le forum sur la Diffusion accessible sur le site du CQT. Le patrimoine immobilier du théâtre québécois L’entretien et le développement du patrimoine immobilier constituent un enjeu majeur qui s’inscrit dans la problématique plus large de la diffusion. La documentation de ce chantier est néanmoins compliquée par le manque de statistiques et l’absence de politique sur l’entretien des salles de théâtre et leur aménagement sur le territoire. Ces contraintes nous ont amenés à réunir des représentants de lieux de diffusion et de compagnies de théâtre afin de cerner les principales problématiques du chantier du patrimoine immobilier. Voici donc une synthèse des constats et des propositions qui se sont dégagés de cette étape de travail. d’habitants/sièges. Ces calculs agissent, plus souvent qu’autrement, comme des freins. Afin de respecter le ratio coût des travaux/sièges, on exige souvent des compagnies qu’elles se dotent de salles beaucoup trop grandes pour leur vocation spécifique, le public visé ou la région où elles se trouvent. Le ratio nombre d’habitants/sièges est tout aussi inadéquat et problématique parce qu’il influe directement sur la construction de nouveaux lieux de diffusion. Ce ratio aurait intérêt à être redéfini afin de permettre le développement d’un réseau de petites salles, plus particulièrement en région. Dans ce même ordre d’idée, un réel besoin se fait sentir au niveau des seconds plateaux, et ce, tant pour les petites compagnies de la relève que celles déjà établies. Au cours de la dernière décennie, on a eu tendance à privilégier la construction de très grandes salles plutôt que de salles de petites ou de moyennes tailles. D’autres exigences mériteraient aussi d’être questionnées, notamment celle des concours d’architecture exigés pour tout investissement provincial excédant 2 millions de dollars. Le bienfondé de tels concours, qui sont particulièrement onéreux, est à interroger, surtout lorsqu’il s’agit de travaux de réfection. Nous vous invitons fortement à vous prononcer sur ces propositions préliminaires sur notre forum Patrimoine immobilier accessible sur le site du CQT. Quelques constats et propositions à explorer Parmi les enjeux reliés au patrimoine immobilier, mentionnons tout d’abord celui du manque de financement. À l’heure actuelle, les frais inhérents à l’entretien du patrimoine et des équipements sont puisés à même les subventions au fonctionnement. Pour les compagnies, il est plutôt incohérent de devoir utiliser un pourcentage de leur budget pour l’entretien alors même que les subventions doivent servir à la mission artistique. En ce sens, une possibilité à explorer serait de créer un fonds gouvernemental spécifiquement dévolu à l’entretien des lieux de diffusion. Des fonds régionaux d’aide et de soutien à l’entretien et à la réfection du patrimoine pourraient également améliorer la situation. De même, les liens avec les municipalités, qui sont souvent les premiers partenaires des diffuseurs, auraient avantage à être resserrés. Au-delà de l’épineux problème du financement, les politiques concernant l’entretien, la rénovation ou la construction de nouveaux lieux de diffusion mériteraient d’être évaluées méthodiquement afin qu’elles soient plus cohérentes et qu’elles découlent d’une vision globale quant au patrimoine immobilier. En fait, nous avons besoin d’un état des lieux exhaustif de la situation du patrimoine théâtral québécois. À ce propos, les décisions des pouvoirs publics en matière de construction ou de remise à neuf des lieux de diffusion sont en grande partie déterminées par les ratios coût des travaux/sièges et nombre Lectures Cliquez sur les titres en rouge pour consultation des documents Le mémoire de l’Association des compagnies de théâtre (ACT) qui présente la situation de ses compagnies membres et des pistes de solutions. Le théâtre d’intervention au Québec, une pratique plurielle et des défis : document émanant du Théâtre Parminou. La présence de l’auteur au sein du milieu théâtral : premières réflexions du CEAD. Version anglaise de la liste des chantiers de réflexion des Seconds États généraux. La fréquentation du théâtre par la jeunesse Vaste chantier que celui de la fréquentation du théâtre par la jeunesse ! Ses enjeux sont complexes, ses intervenants multiples et les données quantitatives ne sont pas abondantes. Le groupe de réflexion s’est réuni le 19 février dernier et nous apportons les dernières retouches au rapport d’étude. Ce rapport sera d’ailleurs diffusé sur notre site au cours du mois de mars. En attendant, voici quelques informations qui permettront d’alimenter les réflexions sur ledit chantier. Tout d’abord, les principaux vecteurs de développement du théâtre jeunesse demeurent le financement ainsi que la sensibilisation et le développement des publics, particulièrement le public scolaire et celui de la « toute » petite enfance. Le financement du théâtre jeunesse en chiffres Il faut savoir que les compagnies jeunesse représentent environ 26% des compagnies théâtrales subventionnées au fonctionnement par le CALQ et elles rejoignent près de 32% des spectateurs. Le secteur du théâtre jeunes publics reçoit en moyenne 23% de l’aide accordée au secteur théâtral québécois et l’aide privée demeure plutôt minime. Bien que les dépenses et les frais de production des théâtres jeunes publics et des théâtres adultes soient sensiblement les mêmes, l’écart entre les revenus générés par ces deux pôles de la pratique demeure considérable. À titre d’exemple, les revenus autonomes du secteur jeunesse ne comptent en moyenne que pour 14% de l’ensemble des revenus autonomes générés par les théâtres québécois. Autre donnée intéressante, l’activité des organismes jeunes publics engendre en moyenne des revenus de 6,46$ par spectateur comparativement à 18,25$ pour les théâtres adultes. Ces différences marquées s’expliquent évidemment par les écarts entre la tarification des billets des spectacles jeunesse et celle des spectacles adultes, ainsi que par les prix de vente des spectacles. Il existe en effet un écart substantiel entre le prix de vente stationnaire de 1 200$ pour un spectacle jeunesse et le prix minimum de 3 500$ d’un spectacle adulte. Quelques pistes de réflexion sur la sensibilisation et le développement des publics On ne peut parler de sensibilisation et de développement des publics sans aborder les trois boycottages, en six ans, des activités culturelles par les enseignants du primaire et du secondaire. Ces boycottages ont considérablement fragilisé le secteur du théâtre jeunesse qui est en très grande partie dépendant du public scolaire. Le dernier boycottage aura au moins permis de faire en sorte que les enseignants ne puissent plus recourir au boycottage des activités culturelles comme moyen de pression. En effet, l’entente ratifiée entre les syndicats et le gouvernement, le 14 décembre 2005, « établit que les "activités étudiantes" font partie intégrante de la tâche de l’enseignant et ne peuvent pas faire l’objet d’un "ralentissement d’activité" ». Si les activités culturelles font désormais partie intégrante de la tâche éducative des enseignants, elles demeurent toutefois dépendantes de la volonté de ces derniers et peuvent donc considérablement varier entre écoles et classes. En fait, seulement 4 000 des 80 000 enseignants québécois feraient des sorties culturelles. Dans ces conditions, comment définir et approfondir les liens existants entre le milieu scolaire et le milieu théâtral? Plus particulièrement, comment élaborer des liens riches et durables avec les professeurs afin que les élèves, tant au primaire et au secondaire qu’au collégial, aient accès aux diverses pratiques professionnelles du théâtre québécois? Quant au théâtre pour la « toute » petite enfance et au théâtre pour adolescents, de nouvelles stratégies doivent également être élaborées. Comment, par exemple, stimuler la création pour la toute petite enfance? Avec quels moyens et dans quels lieux? En attendant que des recommandations plus précises prennent formes et contribuent à répondre à ces vastes et complexes questions, nous vous invitons à consulter l’étude réalisée par Stéphane Leclerc, La valeur économique du théâtre jeune public au Québec (2005). Étude sur la valeur économique théâtre jeune public au Québec du Vous souhaitez réagir à ce dossier ? Utilisez le forum sur la Fréquentation du théâtre par la jeunesse accessible sur le site du CQT. Ces gens qui font le théâtre : Rencontres une chronique de Martin Faucher Première rencontre : les concepteurs Linda Brunelle et Jonas Veroff Bouchard … et en 1981 La réponse du milieu théâtral a été positive et somme toute très sympathique à la possibilité de la tenue d’États généraux! Mais une question très simple est revenue maintes fois sur le tapis de ses préoccupations. C’est quoi «exactement» des «états généraux»? Alors voilà où le Petit Robert intervient. Est-ce un hasard si les définitions du mot ÉTAT sont si significatives? Oui, parce que cela nous permettra de sauver du temps, et curieusement de rentrer au cœur du sujet. État général Qui pourrait dire en quoi il est théoriquement nécessaire et urgent de réunir tous les artisans du théâtre de métier? Comment concilier tant d’intérêts divergents, tant de recherches nécessaires, tant de pratiques disparates, tant et tant d’individus créateurs qui n’ont pas de temps à perdre à palabrer pour rien! Pour rien? N’est-ce pas d’abord un métier de «palabreurs»? Quels sont ceux et celles qui font métier de parole, qui peuvent vous parler de silence en silence, de réplique en réplique, de rire en pleurs, de masque en visage nu sur une scène illuminée? Pour qui n’a pas remarqué le souffle contenu de la maquilleuse sur une paupière, pour qui le chuchotement amical et grivois d’un machiniste ne veut rien dire, pour qui l’ombre de la coulisse ne serait pas une présence amie, il est difficile de savoir et de se concerter sur l’état du théâtre au Québec. État de santé Est-ce qu’on ne pourrait pas se le dire entre nous au lieu de faire des «confessions formulatoires» pour les gouvernements : quel est l’état de santé du théâtre, réellement? Cela ne provoque-t-il pas un état d’inquiétude? Indépendamment de toute affection particulière? Le malade est-il imaginaire? Les agresseurs, cinéma, radio, télévision, ne l’ont-ils pas mis dans un triste état? L’état d’énervement doit-il devenir extrême? … Quoique parfois … État d’esprit Il serait bien «wise» celui qui pourrait définir adéquatement l’état d’esprit du milieu théâtral. Quant aux états d’âme, ils n’ont peut-être pas leur place dans des États généraux, mais rien ne peut s’entreprendre efficacement sans une bonne disposition des sentiments. Cela prépare évidemment à prendre conscience de son propre état d’esprit. Qui est décidé, disposé et prêt à le faire? L’adversaire serait d’abord un laisser-aller, une démission devant l’urgence de se définir ensemble des objectifs possibles (même relatifs). État financier Si jamais vous croyez que l’état des finances est secondaire, vous n’avez qu’à jeter un coup d’œil sur les «critères de subventions» des gouvernements. Est-il en bon ou mauvais état? Et du côté gouvernemental, quel est donc l’état de leurs finances concernant le théâtre? La première étape et le Petit Robert État civil Quelle est la situation de l’artisan de théâtre? Exemple : il est boucher de son métier. En effet, il doit faire trente-six autres choses pour «boucher» les trous … Quel est l’ensemble de qualités inhérentes à l’état de metteur en scène? à l’état de sujet québécois? à l’état d’éclairagiste? à l’état de costumier? à l’état révoltant de certaines conditions du travail théâtral? État politique Le Petit Robert tient à rappeler que si tout est politique, la politique n’est pas tout … Oui ou non ? États généraux Si à partir des États généraux, on peut produire un écrit-spectacle qui constate et décrit l’état du théâtre au seuil de l’an 2000, si un compte-rendu peut en être plébiscité et diffusé, un inventaire de nos ressources sera nécessaire. Des «mémoires» devront être mis en chantier par ceux et celles qui font le théâtre au Québec. Il est temps de faire un bilan. Quant à la facture, il serait malséant qu’elle ne soit pas «structurelle»… Extraits de l’Aide-mémoire des États généraux de 1981 remercie pour leur soutien financier la communauté théâtrale : québécoise et les organismes subventionneurs