e African Statistical Journal, Volume 13, November 2011 51
2. Commerce international et emploi informel en zone CEMAC
INTRODUCTION
À la faveur de la mondialisation, le commerce mondial a connu une forte
expansion au cours de la dernière décennie. Selon l’OMC et l’OIT (2009), il
représentait plus de 60 % du PIB mondial en 2007, contre moins de 30 % au
milieu des années 1980. Les pays en développement et en transition ont joué
un rôle plus important qu’auparavant dans l’essor3 des échanges mondiaux :
en 2004 et 2005, ils étaient à l’origine de trois quarts de l’augmentation du
volume des exportations et de 60 % de l’accroissement du volume des im-
portations. Dans bien des cas, cette dynamique des échanges ne s’est jusqu’ici
pas traduite par une amélioration des conditions de travail et des niveaux de
vie ; ni le fonctionnement du marché du travail, ni la quantité et la qualité
des emplois ne se sont améliorés. Dans de nombreux pays en développement,
les emplois ont été principalement créés dans le secteur informel4.
Selon le rapport sur la zone franc5 de la Banque de France publié en 2006,
la valeur des flux commerciaux avec l’extérieur des pays de la CEMAC6 a
plus que triplé entre 1995 et 2005. Cette performance est le produit d’un
accroissement moyen des exportations de 16,4 % par an et d’une progres-
sion annuelle moyenne des importations de 11,8 %. Ces évolutions se sont
traduites par une consolidation significative de l’excédent commercial de la
CEMAC, qui a atteint 31 % du PIB à la fin 2005, contre 15,8 % en 1995.
Au cours de la même période, le taux d’ouverture (somme des exportations
et des importations par rapport au PIB) des économies de la CEMAC a
3 Pour l’OCDE (2007), il serait difficile de contester que cet essor a favorisé la croissance
et la création d’emplois à travers le monde.
4 Le secteur informel est officiellement défini comme « un ensemble d’unités produisant des
biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les person-
nes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle et de
manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs
de production. Les relations de travail, lorsqu’elles existent, sont surtout fondées sur l’emploi
occasionnel, les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des
accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme ». Voir BIT (1993), Sta-
tistiques de l’emploi dans le secteur informel, Rapport pour la XVe Conférence internationale
des statisticiens du travail, Genève, 19–28 janvier 1993. Ce secteur ferait vivre plus de la
moitié de la population active des pays en développement.
5 La zone franc est composée de deux unions monétaires et douanières, l’Union économique
et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de
l’Afrique centrale (CEMAC), ayant chacune une monnaie convertible en euro (ancienne-
ment en franc français), mais ni interchangeable ni convertible entre les deux unions. Voir
A. M. Gulde (2008), Overview, dans Gulde, A. M. et Tsangarides, C. (éd.), The CFA Franc
Zone: Common Currency, Uncommon Challenges, International Monetary Fund Publications.
6 La CEMAC est une zone géographique et économique qui regroupe six pays : Cameroun,
Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République du Congo et Tchad.