grave, puisque tous les banques doivent vendre leurs actifs en même temps
pour trouver de la liquidité. Le « modèle de D&D étendu » que nous pré-
sentons dans cette section a pour but d’expliciter les politiques, de la part
des banques ou des autorités monétaires, qui favorisent la stabilité bancaire
lorsqu’un tel événement se produit.
Toutes ces politiques ont le même but : éviter les ventes d’actif à prix
bradés. Ce sont essentiellement :
1. L’assurance des dépôts : en cas de retrait excessif qui menacerait la
solvabilité de la banque, les déposants peuvent faire appel à un fonds
d’assurance. Ex ante, les déposants n’ont aucun intérêt à se ruer
sur leur banque, puisque leur retrait ne dépend pas de leur ordre
d’arrivée au guichet. L’inconvénient de l’assurance des dépôts est
qu’elle renforce l’incitation des actionnaires, qui bénéficient déjà de la
responsabilité limitée, à prendre des risques excessifs en augmentant
leur levier (ratio dette-dépôt/capital). L’assurance des dépôts a été
introduit aux Etats Unis en 1934 après la Grande dépression.
2. Les réserves : ce sont des actifs de même échéance que le passif, donc
à court ou très court terme. Lorsque les retraits n’excèdent pas les
réserves, il n’est pas utile à la banque de vendre des actifs (plus longs).
L’inconvénient des réserves, comme il apparaîtra dans la présentation
ci-dessous, est que leur rentabilité est faible, voire nulle, augmentant
de ce fait le risque d’insolvabilité bancaire. Une variante radicale de
la politique de réserve est d’obliger les banques à placer tout leurs
dépôts en obligations publiques de même échéance. Cette séparation
était dans l’esprit du Glass Steagall Act adopté également en 1934,
séparant les banques de dépôt et les banques d’investissement. Cette
législation a été abandonnée aux Etats Unis en 1999.
3. Les fonds propres : en cas de retrait excessif, lorsque la banque a
épuisé ses réserves, elle doit vendre des actifs. Soit Lla perte en-
gendrée sur cette vente par rapport à la valeur fondamentale. Si la
valeur des fonds propres est Kavec K > L, la banque n’est pas en
faillite. Sinon, elle l’est. Les fonds propres servent donc d’amortisseur
aux chocs de liquidité sans avoir l’inconvénient des réserves. En esti-
mant que le théorème de Modigliani et Miller, sur la neutralité des
structures financières, est vrai en première analyse, l’augmentation
du financement bancaire par l’émission d’actions n’est pas préjudi-
ciable à la rentabilité économique de l’entreprise. Les ratios de fonds
propres obligatoires ont été imposés dans la plupart des pays sur la
base des conclusions du comité de Bâle I, puis de Bâle II et mainte-
nant de Bâle III de la Banque des règlements internationaux (BRI).
Les Etats Unis avaient adopté, avant la la crise de 2007-2009, une
législation plus contraignante.
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