ML Lamarque : La communication intime
AFDG - Lettre de Psychogériatrie 2013 Page 2
Bien que prévalent dans les relations
interpersonnelles, le langage représente
seulement moins de 7% du message perçu
(règle des 3V selon les études du Pr
Mehrabian) [3]. Après la communication
verbale vient le paralangage, autrement
nommée communication vocale, il représente
38 % de la communication humaine (Pr
Mehrabian règle des 3V). Dans la Relation de
Soin la communication verbale et vocale
permettent au patient de se familiariser avec un
inconnu (le soignant), et d’accepter le contact
(l’acte de soin).
La communication non verbale (Visuelle selon
Pr Mehrabian) désigne tout mode de
communication n’ayant pas recours au verbe et
représente 55 % des interactions, elle englobe
les gestes, les attitudes (communication
comportementale), mais aussi pour cette étude
tout ce qu’une personne dégage et ressent
selon les émotions qui accompagnent la relation
(communication émotionnelle). Notre corps
montre ce que nous ne nous voulons pas dire.
La communication non verbale est spontanée,
inconsciente, généralement le soignant est
formé à la maîtrise et au décodage de
l’expression corporelle. Les vêtements et
accessoires (bijoux, coiffure…) ont une
influence dans la communication
comportementale. La vue d’une blouse
soignante touche directement la mémoire
émotionnelle, et peut gêner l’instauration de la
confiance car l’hôpital est rarement un lieu
neutre. La communication non verbale vient
appuyer le discours ou le discréditer. Jean
Watson, professeur de soins infirmiers,
développe dans « Le Caring » [4] l’importance
de la mise en place d’une relation d’aide et de
confiance basée sur la congruence.
Dans le cas d’altération des fonctions
cognitives
Dans certains cas la communication verbale et
la communication comportementale ne
permettent la mise en place d’une Relation de
Soin basée sur la confiance notamment lorsque
les capacités cognitives sont en cours de
dégradation comme dans le cas de la Maladie
d’Alzheimer. Chaque fois qu’un acte de soin
doit s’effectuer dans ce contexte, le soignant
utilise les techniques de communication verbale
et comportementale qu’il connaît.
Dans les interactions classiques, le
raisonnement permet de contrôler les pulsions
de défense, et en cas d'impossibilité de
raisonner, la réaction devient instinctive. Dans
une Relation de Soin avec un patient aux
fonctions cognitives altérées, le mécanisme de
la communication émotionnelle va donc
prédominer.
Le soignant doit effectuer l’acte auprès d’une
personne qui ne comprend pas la nécessité du
toucher, qui n’est pas en confiance. Le soignant
doit se rapprocher, les périmètres intimes des
deux personnes vont se toucher, puis se
mélanger. L’essence des émotions du soignant
qui circulent dans sa bulle vont diffuser dans le
périmètre intime du patient et inversement.
La communication émotionnelle s’établit lorsque
la distance entre deux personnes est inférieure
à 75cm quand les présences physiques
s’imposent l’une à l’autre, que les signaux
(odeur du corps, chaleur, souffle, haleine, …) se
dégageant de chaque corps impliquent une
relation d’engagement.
Deux types de réactions instinctives en cas
de contact intime
La proxémie (ensemble de l’observation et des
théories concernant l’usage de l’espace par
l’homme) parle de périmètre intime, mode
éloigné entre 15 et 45cm. Toute personne a un
espace intime autour d’elle, vécu comme un
prolongement de son propre corps, chacun
choisit qui peut s'approcher à moins de 50cm
de lui, et pénétrer dans cette sphère. Les seules