Extrait de «Le Guide des allergies», B. Poitevin / B. Chemouny
Éditeur : Èditions Odile Jacob
Extrait choisi par : Éditions Narayana, 79400 Kandern,
Tel.: +49 (0) 7626 974 970-0
Les allergies médicamenteuses
exception, reprendre le médicament. Dans le second cas, il peut
suffire de modifier la dose ou la voie d'administration pour continuer
à prescrire le médicament. Cela justifie un interrogatoire, des
examens, une attention partagée par le médecin et vous-même, pour
votre santé : le médicament a gardé sa fonction de remède, même si
ce terme a vieilli. Naturellement destiné à guérir la maladie ou à la
prévenir, il aurait dû, en devenant un médicament aux effets codifiés,
perdre toute capacité à devenir « poison ». Ce n'est pas le cas : la
nature des substances, leur utilisation inadaptée dans certains cas, la
complexité des réactions individuelles laissent à de nombreux
médicaments cette double capacité de remède et de poison. L'allergie
médicamenteuse est une de ces zones frontières dont la mise en
évidence est souvent complexe, les tests objectifs en particulier
biologiques, étant actuellement insuffisamment précis.
> Une grande diversité de mécanismes
Si les effets indésirables au sens large des médicaments sont très
nombreux en particulier dans le milieu hospitalier où ils touchent 30 % des
malades, seuls 10 % de ces accidents sont allergiques. D'où proviennent les
autres cas ?
Il peut d'abord s'agir d'effets secondaires identifiés survenant de façon
prévisible, liés aux effets pharmacologiques du médicament. Ils sont inscrits
sur les notices accompagnant les médicaments. Les interactions
médicamenteuses sont aussi responsables de nombreux effets secondaires
qui peuvent être prévenus par la vigilance des prescripteurs ainsi que par
des ordonnances aussi courtes qu'il est possible.
Les réactions toxiques résultent d'une inadaptation de la dose au sujet.
La frontière entre dose thérapeutique et dose toxique est parfois faible : c'est
le cas par exemple pour la théophylline, utilisée dans le traitement de
l'asthme. Un des domaines de la pharmacologie où elles sont confondues
parfois avec des réactions allergiques est celui lié à la prescription des
anesthésiques locaux.
À côté de ces effets indésirables pharmacologiques ou toxiques, existent
des réactions d'idiosyncrasie dus à des particularités métaboliques,
notamment enzy-matiques, propres à l'individu ou à des groupes d'individus.
L'ensemble de ces phénomènes se distingue des réactions regroupées
sous le terme d'hypersensibilité. Ceci correspond surtout aux réactions
allergiques vraies recouvrant les différents mécanismes de l'hypersensibilité,
telles qu'elles peuvent être provoquées par les pénicillines. Mais des
réactions non spécifiquement allergiques et survenant chez un faible
nombre d'individus y sont associées. Ces réactions « pseudo-allergiques »
sont d'origines diverses :
— Libération d'histamine induite directement (produits de contraste iodés,
codéine et autres médicaments).
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