Poitevin B. / Chemouny B. Le Guide des allergies Extrait du livre Le Guide des allergies de Poitevin B. / Chemouny B. Éditeur : Gallimard http://www.editions-narayana.fr/b15125 Sur notre librairie en ligne vous trouverez un grand choix de livres d'homéopathie en français, anglais et allemand. Reproduction des extraits strictement interdite. Narayana Verlag GmbH, Blumenplatz 2, D-79400 Kandern, Allemagne Tel. +33 9 7044 6488 Email [email protected] http://www.editions-narayana.fr Les allergies médicamenteuses1 Remède ou poison ? > Un phénomène rare qui peut être grave Être allergique à un médicament serait un phénomène fréquent si l'on en croit les plaintes spontanées et sincères de nombreux patients. Cette impression est en partie exacte : les intolérances médicamenteuses au sens large sont fréquentes, et concernent environ 30 % des patients hospitalisés. Mais le terme « allergie» est souvent attribué par excès à des effets indésirables d'origine non allergique. La proportion des réactions allergiques vraies est estimée à 10 % environ de ces effets. Certaines réactions peuvent être très graves lorsqu'elles sont généralisées et à l'origine, en particulier, de chocs anaphylactiques dont les médicaments sont actuellement la première cause devant les venins d'hyménoptères et les aliments. Compte tenu de cette importance, on pourrait s'attendre à ce que la fréquence des allergies médicamenteuses soit très bien connue. En réalité, il y a très peu d'études globales satisfaisantes, mais de nombreuses études de qualité concernant un médicament précis. Ceci est dû au fait que « l'allergie médicamenteuse » n'existe pas de façon globale, tant est grande la variété des produits impliqués et des mécanismes en cause. De plus, la fréquence de leur survenue peut varier selon les habitudes de prescription et le niveau socioéconomique de différentes régions ou pays. De façon générale, les médicaments les plus souvent responsables de réactions allergiques sont les pénicillines et les anti-inflammatoires non stéroïdiens. La distinction entre allergie et effets indésirables ou toxiques tient du débat académique entre spécialistes, nous direz-vous ! Pas si sûr. Pour un médecin, distinguer un phénomène allergique d'un phénomène de nature toxique a des conséquences pratiques. Dans le premier cas, particulièrement lorsqu'il y a risque d'accident allergique grave, le patient ne peut, sauf 1. Sur ce thème, lire aussi les toxidermies, p. 223. 298 Extrait de «Le Guide des allergies», B. Poitevin / B. Chemouny Éditeur : Èditions Odile Jacob Extrait choisi par : Éditions Narayana, 79400 Kandern, Tel.: +49 (0) 7626 974 970-0 Les allergies médicamenteuses exception, reprendre le médicament. Dans le second cas, il peut suffire de modifier la dose ou la voie d'administration pour continuer à prescrire le médicament. Cela justifie un interrogatoire, des examens, une attention partagée par le médecin et vous-même, pour votre santé : le médicament a gardé sa fonction de remède, même si ce terme a vieilli. Naturellement destiné à guérir la maladie ou à la prévenir, il aurait dû, en devenant un médicament aux effets codifiés, perdre toute capacité à devenir « poison ». Ce n'est pas le cas : la nature des substances, leur utilisation inadaptée dans certains cas, la complexité des réactions individuelles laissent à de nombreux médicaments cette double capacité de remède et de poison. L'allergie médicamenteuse est une de ces zones frontières dont la mise en évidence est souvent complexe, les tests objectifs en particulier biologiques, étant actuellement insuffisamment précis. > Une grande diversité de mécanismes Si les effets indésirables au sens large des médicaments sont très nombreux en particulier dans le milieu hospitalier où ils touchent 30 % des malades, seuls 10 % de ces accidents sont allergiques. D'où proviennent les autres cas ? Il peut d'abord s'agir d'effets secondaires identifiés survenant de façon prévisible, liés aux effets pharmacologiques du médicament. Ils sont inscrits sur les notices accompagnant les médicaments. Les interactions médicamenteuses sont aussi responsables de nombreux effets secondaires qui peuvent être prévenus par la vigilance des prescripteurs ainsi que par des ordonnances aussi courtes qu'il est possible. Les réactions toxiques résultent d'une inadaptation de la dose au sujet. La frontière entre dose thérapeutique et dose toxique est parfois faible : c'est le cas par exemple pour la théophylline, utilisée dans le traitement de l'asthme. Un des domaines de la pharmacologie où elles sont confondues parfois avec des réactions allergiques est celui lié à la prescription des anesthésiques locaux. À côté de ces effets indésirables pharmacologiques ou toxiques, existent des réactions d'idiosyncrasie dus à des particularités métaboliques, notamment enzy-matiques, propres à l'individu ou à des groupes d'individus. L'ensemble de ces phénomènes se distingue des réactions regroupées sous le terme d'hypersensibilité. Ceci correspond surtout aux réactions allergiques vraies recouvrant les différents mécanismes de l'hypersensibilité, telles qu'elles peuvent être provoquées par les pénicillines. Mais des réactions non spécifiquement allergiques et survenant chez un faible nombre d'individus y sont associées. Ces réactions « pseudo-allergiques » sont d'origines diverses : — Libération d'histamine induite directement (produits de contraste iodés, codéine et autres médicaments). 299 Extrait de «Le Guide des allergies», B. Poitevin / B. Chemouny Éditeur : Èditions Odile Jacob Extrait choisi par : Éditions Narayana, 79400 Kandern, Tel.: +49 (0) 7626 974 970-0 Les maladies allergiques — Intolérances liées à des modifications biochimiques de la réaction inflammatoire : effets de l'aspirine sur les prostaglandines, des inhibiteurs de l'enzymede conversion (antihypertenseurs) sur les kinines. — Mécanismes immunologiques non allergiques: réactions autoimmunes. — Intolérances aux conservateurs et additifs des vaccins ou des médicaments : dérivés mercuriels, bisulfites. PRINCIPAUX MÉCANISMES DE RÉACTIONS ALLERGIQUES OU D'INTOLÉRANCES AUX MÉDICAMENTS Mécanismes Exemples Effets pharmacologiques indésirables. Interactions médicamenteuses. Variables selon les médicaments, ils sont connus des médecins, des pharmaciens et des patients (notices). Toxicité. Dosage excessif ou inadapté. Idiosyncrasie : hypersensibilité individuelle. Nombreux cas individuels. Réactions allergiques vraies. Hypersensibilité immédiate IgE-dépendante. Toxicité cellulaire (cellules sanguines). Maladie sérique. Allergies de contact. Antibiotiques, latex, anesthésiques généraux. Pénicilline, quinidine, pyramidon, phénylbutazone. Vaccins, sérums. Pommades, baumes, phytothérapie locale. Réactions pseudo-allergiques. Intolérance pharmacologique : — Biochimie de l'inflammation. — Hyperréactivité bronchique non spécifique. Libération d'histamine (non allergique). Aspirine, inhibiteurs de l'enzyme de conversion. Bêtabloquants (attention aux collyres). Produits de contraste iodés utilisés en radiologie. Réactions auto-immunes. Médicaments divers. Réactions dues à des additifs et conservateurs. Vaccins, corticoïdes, collyres. Effet nocebo (opposé du placebo) sans cause connue. Diagnostic d'élimination (pas en première intention). Les manifestations cliniques dues à ces allergies vraies ou à des intolérances ne doivent jamais être négligées car elles peuvent être graves surtout en cas de sensibilisation vraie. Lors du traitement des malades allergiques, en particulier des asthmatiques, il faut être très attentif, surtout en cas d'hypertension, à l'administration de bêtabloquants, contre-indiqués dans l'asthme. Ces médicaments sont également contre-indiqués lors des désensibilisations. 300 Extrait de «Le Guide des allergies», B. Poitevin / B. Chemouny Éditeur : Èditions Odile Jacob Extrait choisi par : Éditions Narayana, 79400 Kandern, Tel.: +49 (0) 7626 974 970-0 Les allergies médicamenteuses Quelles sont les substances en cause ? Les médicaments Ils sont nombreux et provoquent principalement des réactions immédiates et des réactions retardées de contact. Parmi les médicaments qui provoquent les réactions allergiques immédiates, liées aux anticorps anti-lgE, arrivent en tête les antibiotiques : pénicilline et bêtalactamine, puis les anesthésiques généraux, en particulier les dérivés du curare. Les réactions à l'aspirine et aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (ceux qui ne sont pas des corticoïdes) arrivent en tête des réactions d'intolérance pharmacologique. Les vaccins sont rarement responsables d'allergies immédiates vraies. Des médicaments provoquent des réactions d'hypersensibilité cellulaire, sous forme d'allergies de contact : — Les médicaments à usage local cutané (crèmes, poudres, lotions), mais aussi à usage buccal, constituent une cause fréquente d'allergies de contact. Il peut s'agir d'antibiotiques (néomycine en particulier), d'antiinflammatoires non stéroïdiens, d'anesthésiques locaux, d'antifongiques, et même des corticoïdes locaux. — Des médicaments sont aussi responsables d'allergies de contact après une exposition solaire qui active une substance photosensibilisante contenue dans le médicament (ou dans des plantes, selon le même mécanisme). Certains sulfamides, neuroleptiques, anti-inflammatoires ont cette propriété. Des filtres solaires de crèmes écrans et des parfums (musc ambrette) ont des propriétés photosensibilisantes. Les conservateurs Les conservateurs des médicaments (mais aussi des cosmétiques et des aliments) sont une source fréquente de réactions d'intolérance ou d'allergies vraies : dérivés mercuriels et formaldéhyde responsables d'allergies de contact, métabisulfites souvent responsables d'intolérance, parfois d'allergies vraies. Des produits d'origine végétale Les plantes ne sont pas toujours aussi innocentes qu'il y paraît. Elles contiennent des allergènes de contact puissants : — Phénols : uroshiols du poison ivy, primine des primevères cultivées, benzoate deconiféryle du baume du Pérou, utilisé dans les médicaments (balsamiques pour la toux, tulle gras), dans les ciments et liquides en dentisterie. — Lactones sesquiterpéniques, contenues dans les plantes médicinales de la famille des composées. La colophane, issue de la résine du pin, est responsable en particulier de l'allergie aux pansements adhésifs. 301 Extrait de «Le Guide des allergies», B. Poitevin / B. Chemouny Éditeur : Èditions Odile Jacob Extrait choisi par : Éditions Narayana, 79400 Kandern, Tel.: +49 (0) 7626 974 970-0 Poitevin B. / Chemouny B. Le Guide des allergies 428 pages, broché publication 2001 Plus de livres sur homéopathie, les médecines naturelles et un style de vie plus sain www.editions-narayana.fr