Analyse
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Quel impact sur la santé ? Concrètement, le
surpoids et l’obésité accentuent le risque de
contracter des maladies chroniques comme les
maladies cardiovasculaires (qui étaient déjà la
première cause de décès en 2008 !), le diabète,
l’arthrose et certains cancers (de l’endomètre,
du sein et du côlon). Chez les enfants, l’obésité
entraîne « des difficultés respiratoires, un
risque accru de fracture, une hypertension
artérielle, l’apparition des premiers marqueurs
de maladie cardiovasculaire, une résistance à
l’insuline et des problèmes psychologiques.
»
1) Système alimentaire : carences et
surconsommation
« Tirer le fil de l’obésité, c’est débobiner toute
la pelote du mode de vie des sociétés dites
avancées. » Benoît Bréville
Il serait trop aisé – et surtout, trop réducteur –
de cantonner l’obésité à un domaine de
responsabilité individuelle. La malnutrition, de
manière générale, est engendrée par un
système agroalimentaire qui ne doit rien au
hasard et qui ne laisse, aux consommateurs,
qu’une marge de manœuvre limitée. C’est ce
qui pousse Olivier De Schutter, Rapporteur
spécial des Nations unies sur le droit à
l’alimentation, à dénoncer « un environnement
favorable à l’obésité » et « des systèmes
alimentaires qui, plutôt que de nous permettre
de faire des choix plus sains, nous en
empêchent.
» Quels facteurs justifient-ils ce
constat ?
1.1 Les prix
Les indicateurs de la Banque mondiale révèlent
que, dans les pays dits développés, les
« "mauvais aliments" tendent à coûter moins
Ibidem.
DE SCHUTTER O., Rapport soumis par le
Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation,
2011, p. 14.
cher que les produits sains.
» Quand chaque
euro ou chaque dollar compte dans un budget
réduit, le réflexe logique est de se rabattre vers
des produits bon marché. Or, beaucoup de ces
produits, transformés, hypercaloriques mais
peu nutritifs, sont plus abordables. Autrement
dit, un régime alimentaire sain (comprenant
une grande variété de fruits et légumes par
exemple) est plus onéreux qu’un régime riche
en sucre et en graisses. M. De Schutter
dénonce cette situation dans ses rapports,
pointant du doigt l’injustice d’un système de
prix conçu de façon telle que « les plus pauvres
n’ont pas les moyens de s’alimenter d’une
manière qui ne soit pas nuisible à leur santé.
»
Dans les pays en développement, les régimes
diversifiés sont aussi devenus inaccessibles aux
familles défavorisées, de sorte que celles-ci se
rabattent sur des régimes essentiellement à
base de féculents, peu variés et pauvres en
micronutriments.
Au Nord comme au Sud, les plus pauvres
basculent de Charybde en Scylla, victimes
tantôt de carence, tantôt de
surconsommation, simplement parce que leur
pouvoir d’achat limite fortement le choix du
menu.
1.2 La mondialisation d’un mode de vie
La mondialisation économique (et culturelle)
amène de plus en plus de sociétés à s’inspirer
de l’American way of life : culte de la
consommation, mécanisation, urbanisation,
usage intensif de la voiture, multiplication des
fast-foods, explosion du nombre d’heures
passées devant un écran, règne de la grande
distribution…
http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-
release/2013/03/27/food-prices-decline-still-high-
close-historical-peaks, consulté le 08.11.2013.
DE SCHUTTER O., Op. cit., p. 16.
BRÉVILLE B., « Obésité, mal planétaire », Le
Monde diplomatique, 09.2012, pp. 1, 14.