Le Proche Orient et Moyen-‐Orient Un foyer de conflit depuis la fin de

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G. Buatois, Lycée Charlemagne, Pointe Noire, Congo, 2013/2014 Le Proche Orient et Moyen-­‐Orient Un foyer de conflit depuis la fin de la Première guerre mondiale. Introduction : Définition des termes : n Le Proche Orient correspond aux pays qui s’étendent de la Méditerranée orientale à la Mésopotamie. Il comprend les espaces côtiers, de la Turquie au Nord jusqu’à l’Egypte au Sud. C’est un terme utilisé fréquemment en France, moins à l’étranger qui, notamment dans le monde anglo-­‐saxon qui lui préfère un ensemble plus large. (Middle East) n Le Moyen Orient a donc des limites plus floues, de la péninsule arabique aux pays d’Asie centrale jusqu’à l’Afghanistan. Cet ensemble régional est situé au carrefour de trois continents, c’est le berceau de grandes civilisations : égyptienne, perse, arabo-­‐musulmane, et des trois religions monothéistes : judaïsme, christianisme, islam. Selon la grille d’analyse géoculturelle la région est fortement influencée par la culture arabe et la religion musulmane. La grille d’analyse géoéconomique permet de saisir l’enjeu majeur de cette région, celui des ressources et en particulier du pétrole : 60 % des réserves pétrolières connues. Si le pétrole abondante une autre ressource manque particulièrement à l’échelle régionale : l’eau. (d’où de nombreuses tensions régionales) C’est aussi un lieu majeur d’échanges commerciaux, le contrôle des détroits est un enjeu stratégique international pour le contrôle des flux de marchandises. La grille d’analyse géopolitique permet d’évoquer les conflits à plusieurs échelles, intra étatique liés au manque de démocratie, à la montée de l’islamisme, les guerres interétatiques (dont le conflit Israélo palestinien), et à l’échelle mondiale, l’implication des puissances dans la région. Problématiques : Quelle place le Moyen Orient occupe-­‐t-­‐il dans les relations internationales depuis 1918 ? Comment expliquer les crises et les conflits dans la région ? I)
De l’influence étrangère aux indépendances (1918-­‐1945) A) La fin de l’empire Ottoman : Document 2 page 261, Document 2 page 266. L’empire Ottoman a contrôlé la majeure partie de la région pendant des siècles, et laissé les différentes communautés religieuses vivre sur son sol avec une assez large autonomie. (autant pour les communautés chrétiennes que pour les Juifs) Avant 1914, la région est donc intégrée à l’empire Ottoman et à la Perse mais les puissances européennes sont déjà présentes, le Royaume Uni occupe l’Egypte et les émirats du Golfe, les Français, les Russes et les Allemands convoitent le protection de la Terre Sainte. Dès 1916 par les accords secrets Sykes-­‐Picot, La France et la Grande Bretagne anticipent la chute de l’empire Ottoman et se partagent le proche Orient. B) Le système des mandats : document 3 page 261, document 7 page 265 Les deux puissances coloniales se partagent la région par le traité de sèvres en 1920. La SDN place les provinces arabes anciennement ottomanes sous mandat de la France (Syrie, Liban, Cilicie) et de la Grande Bretagne (Palestine, Irak). Les puissances européennes ont pour mission de les administrer et de les conduire vers l’indépendance. (Les Anglais favorisent alors une immigration juive en Palestine, c’est le début du sionisme, le mouvement fondé par Théodore Herzl visant à créer un état juif en Palestine, voir le cours sur l’Affaire Dreyfus ). Les puissances européennes répriment alors les peuples qui se révoltent, ils s’appuient sur des minorités, comme les alaouites en Syrie et les chrétiens au Liban et commencent à extraire le pétrole par le biais de compagnies britanniques en Iran. (British Petroleum et Shell) G. Buatois, Lycée Charlemagne, Pointe Noire, Congo, 2013/2014 C) De nouveaux Etats : La Turquie de Mustafa Kemal, dit Atatürk, devient indépendante en 1924. C’est la première république laïque qui abolit le Sultanat. Le pays se modernise et s’occidentalise (alphabet, droit des femmes). Un même phénomène eut être observé en Iran sous Reza Shah Pahlavi qui interdit le port du voile aux femmes. Dans la région ces Etats Nations sont une exception, le courant islamique domine, notamment en Arabie Saoudite qui fonde en 1932 un Etat autour des valeurs de l’Islam, de même en Irak. Beaucoup de peuples demandent alors l’indépendance et veulent s’émanciper de la tutelle coloniale anglaise ou française mais ils doivent attendre la seconde guerre mondiale pour y parvenir. II)
Le Proche et Moyen Orient de 1945 à 1990 A) La polarisation des conflits autour de la naissance d’Israël : Proclamation Page 267 Après la seconde guerre mondiale, la situation du Proche Orient est modifiée, en 1946 la France se retire du Liban et de la Syrie tandis que le Royaume Uni soumet la question du territoire palestinien à l’ONU suite à l’échec d’un premier plan de partage en 1937. Situation particulière : Jérusalem qui concentrent les principaux lieux saint des trois religions : n Le mur des Lamentations (dernier vestige du temple du roi Hérode) n Le saint Sépulcre (tombeau du Christ) n Le dôme du Rocher (Mosquée Al Aqsa, 3ème lieu saint de l’islam, ascension de Mohammed) Le plan de partage voté en 1947 (Résolution 181) est fortement contesté par la ligue arabe, l’organisation fondée en 1945 pour favoriser les indépendances et le panarabisme, l’union des peuples arabes) 1ère guerre : La création d’Israël en 1948 est alors refusée par les pays arabes, l’Irak, l’Egypte, le Liban, la Transjordanie, la Syrie déclarent la guerre dès la proclamation d’indépendance de Ben Gourion. Leur défaite et le premier exode palestinien, la Nakba, (la catastophe) marquent durablement la région. (1949). Pages 278/279 : la question palestinienne. 750 000 réfugiés, 500 villages détruits. Ces palestiniens forment aujourd’hui une des diasporas les plus importantes du monde. 2ème guerre : En 1967, Israël attaquent ses voisins, en particulier pour occuper Jérusalem est et le mur des lamentations. De nouveau vainqueur lors de la guerre des six jours face à l’Egypte, la Syrie et la Jordanie, Israël augmente sa superficie et sa population. Le pays s’assure ainsi de glacis défensifs, le Golan au Nord, le Sinaï au Sud et occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza. Résolution 242 de l’ONU, doc 5 page 280 : Les Palestiniens s’affirment alors politiquement, à travers l’organisation de libération de la Palestine, OLP, sous la direction de Yasser Arafat qui justifie le terrorisme au départ en refusant de reconnaître l’état juif. (création en 1964) Un exemple célèbre : la prise d’otages aux JO de Munich en 1972, doc 7 page 280 + Film Munich 3ème guerre : Après un troisième affrontement avec Israël, en 1973, la guerre de Kippour, Israël avec le soutient des Etats Unis parvient à vaincre l’Egypte. Anouar El-­‐Sadate adopte une position originale et négocie la paix. C’est l’un des éléments de modification des équilibres politiques régionaux. En 1978 donc Sadate et le premier ministre israélien Begin signent a paix à Camp David, aux Etats Unis, et reçoivent tous les deux le prix Nobel de la paix. Cet affrontement témoigne alors d’un conflit à une autre échelle, Israël est soutenu par les Etats Unis tandis que l’Egypte est proche de l’URSS. Pourquoi cette influence des deux grands ? G. Buatois, Lycée Charlemagne, Pointe Noire, Congo, 2013/2014 B) Un terrain d’affrontement entre les deux grands : n Les hydrocarbures facteurs de conflits : actuellement autour de 110 dollars le baril. Dès 1945, les Américains se positionnent: Mobil, Texaco, par exemple. Des entreprises géantes au capital important, investissant dans le pétrole, ce sont les majors pétrolières. Aramco (Arabian American Oil Company), dont 100% des capitaux investis sont américains. Les royalties payées par les majors passent de 12 à plus de 50% au début des années 1950. Washington s’engage alors à garantir la sécurité de son fournisseur privilégié de pétrole et en échange Ryad s’engage à faire des Etats-­‐Unis son principal client pétrolier. Document 1 page 270 : Des opérations de nationalisations massives (comme en Iran en 1951, avec la National Iran Oil) permettent aux compagnies nationales arabes de maîtriser l’essentiel de la production, alors que la commercialisation est toujours assurée par les majors étrangères. Même si les Etats-­‐Unis parviennent à renverser le gouvernement de Mossadegh, les Etats du Moyen-­‐Orient sont en position de force face à la demande mondiale sans cesse croissante, et créent l’OPEP, l’organisation des pays exportateurs de pétrole qui rassemble en 1960 les principaux pays pétroliers mondiaux (près des 3⁄4 des réserves mondiales) : Le pétrole est alors utilisé comme une arme stratégique lorsque les Etats arabes décident de réduire leur production... par exemple en 1973 pour s’opposer à la guerre de Kippour. n Le contrôle stratégique : Carte 4 page 271 Pour les Etats-­‐Unis, outre le pétrole, la région apparaît fondamentale pour « endiguer » le communisme. Ex : Signature du pacte de Bagdad avec La Turquie, le Pakistan, l’Iran et l’Irak. L’URSS réplique en se rapprochant de l’Egypte et de son dirigeant Nasser. La crise du canal de Suez est ainsi à la fois un conflit de guerre froide et un conflit stratégique dans la région. 15 000 navires y transitent en 1955, 2/3 de pétroliers Si l’opération militaire franco-­‐britannique est un succès, les Etats-­‐Unis pour des raisons économiques et par la menace de l’URSS obligent ses alliés à abandonner leurs prétentions, c’est la fin des vieilles puissances coloniales. Sa nationalisation oblige alors les pétrolier à contourner l’Afrique et ce jusqu’au accords de paix entre Egyptiens et Israéliens en 1978. (Begin/ Sadate) + Guerre en Afghanistan, voir cours sur les Etats-­‐Unis. C) La multiplication des conflits internes : n Les conflits religieux : montée de l’Islamisme : à voir Persépolis. En 1979, le peuple Iranien renverse le Shah et installe la première république islamique dirigée par l’ayatollah Khomeiny. C’est une théocratie chiite c’est à dire une branche de l’Islam qui considère que les descendants d’Ali, le cousin et gendre du prophète Mohammed peuvent diriger le clergé contrairement aux sunnites, majoritaires dans l’Islam qui eux n’ont pas de clergé. Pendant 9 ans l’Iran et l’Irak s’oppose dans la guerre au bilan le plus lourd de la région : 1 million de morts. D’autres conflits opposent les croyants musulmans, notamment au Liban durant la décennie 1970 avec le Hezbollah qui défend les chiites libanais. n les conflits autour de l’eau : L’eau, indispensable au développement, est un autre enjeu, plus régional mais non moins essentiel. Elle suscite partout des tensions interétatiques. (Caractère aride d’une grande partie du Proche et du Moyen-­‐Orient (hormis les plaines côtières) et sa croissance démographique rapide), -­‐-­‐ Turquie/ Syrie, Turquie/ Irak par exemple pour les puissants fleuves Euphrate et Tigre. Eriger des barrages en amont permet d’assurer un stock d’eau disponible. -­‐-­‐ Palestine ou l’Etat israélien développé exploite une grande partie de la nappe phréatique située en territoire cisjordanien arabe pauvre. La découverte du pétrole, la naissance d’Israël, ont polarisé une partie des conflits de la région jusqu’à nos jours. G. Buatois, Lycée Charlemagne, Pointe Noire, Congo, 2013/2014 III)
La globalisation des conflits : (depuis 1990) A) L’influence américaine sur la région Voir le cours sur les Etats-­‐Unis : L’Irak de Saddam Hussein, endettée, envahie le riche Koweït en 1990. Une coalition internationale menée par les Etats Unis mais avec la France, le Royaume Uni, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Syrie, se déploie alors, c’est la première guerre du golfe. « Opération tempête du désert ». La seconde intervention, en 2003, sans l’accord de l’ONU met un terme au règne de Saddam Hussein. Les Etats-­‐Unis apparaissent bien comme le « gendarme de la région ». Analyse du doc 2 et 4 page 273. Cerner l’importance du pétrole dans l’influence américaine sur la région et les nouvelles stratégies d’intervention. Il n’y a plus d’armée américaine en Irak mais de nombreuses entreprises de sécurité. L’engagement lui est persistant en Afghanistan. Dans la région les américains sont accusés de néocolonialisme envers les sociétés arabes, l’antiaméricanisme monte également en puissance avec les prises de position sur Israël. B) La résolution inachevée du conflit israélo/palestinien : documents page 281 Après la paix entre Egyptiens et Israéliens de 78, les Palestiniens et Israéliens se reconnaissent en 1993. Yitzhak Rabin et Yasser Arafat signent à Oslo des accords (sous la conduite de Bill Clinton) et s’engagent vers la paix en échange de l’arrêt de la répression israélienne et de la fin du terrorisme de l’OLP. Ils reçoivent tous deux le prix Nobel de la paix mais le processus s’enlise après l’assassinat de Rabin et de la deuxième Intifada (tremblement de terre en arabe) en 2000, à la suite de la visite du Premier ministre israélien Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées. Les groupes terroristes islamistes palestiniens ne reconnaissent toujours pas l’état d’Israël (le Hamas, le Jihad islamique, les Martyrs d’Alaxya…) Ces groupes font exploser des bombes et envoient des roquettes. Les israéliens ripostent par des frappes militaires, le bouclage des territoires et la construction d’un mur d’enceinte qui doit à terme entourer toute la Cisjordanie. La « feuille de route » établie par un groupe de médiateurs en 2003, qui prévoit la fin des violences, le gel de la colonisation juive dans les Territoires occupés et la création d’un État palestinien d’ici à 2005 reste inappliquée. Document 10 page 281 : vers la reconnaissance d’un Etat ? L’Unesco a reconnu l’existence d’un Etat palestinien en 2011 et l’Onu reconnaît l’autorité palestinienne mais pas encore un Etat. D) Entre islamisme et démocratie : Document 1 page 275/ doc 1 page 286 + doc 3 Depuis 2010 et le « printemps arabe », les révoltes et révolutions agitent la région. Commencées en Tunisie en janvier 2011, répandue ensuite dans toute la région, en Egypte, Libye, Yémen les pouvoirs autoritaires sont renversés. + guerre actuelle en Syrie…La vision européenne au départ y voyait une démocratisation des sociétés arabes mais les premières élections confirment la montée en puissance des partis islamistes. Rappel : Le but des partis islamistes est d’appliquer la Charia, la loi islamique comme seule législation pour établir le droit. Mouvances et pôles de l’islamisme : L’Iran : depuis 1979, islamisme chiite, donc différence avec les autres + Hezbollah au Liban L’Afghanistan : régime des Talibans toujours présent après avoir exercé le pouvoir de 1996 à 2001. L’Arabie Saoudite, allié des Etats-­‐Unis mais qui finance les intégristes. Un exemple 15 des 19 terroristes du 11/09 étaient saoudiens. Lieu d’origine d’Al Qaïda (transnational de l’islamisme) Palestine, Bande de Gaza : Nationalisme islamisme : le Hamas. Pensez qu’actuellement le Hezbollah affronte des groupes islamistes en Syrie. Pas d’unité ! + Mouvement des indignés : page 286 G. Buatois, Lycée Charlemagne, Pointe Noire, Congo, 2013/2014 Conclusion : Proche et Moyen-­‐Orient constituent un foyer de conflits majeurs depuis 1918. Espace longtemps colonisé, par l’empire Ottoman ou les puissances européennes, l’accès à l’indépendance a exacerbé les tensions, qu’elles soient culturelles, religieuses ou économiques. Certains peuples n’ont toujours pas d’Etat, comme les Kurdes dont la population (25 millions de personnes) est divisée entre la Turquie, l’Iran, la Syrie, L’Irak. La division de l’Irak depuis 2003 a certes favorisé l’existence d’une autorité Kurde autonome mais elle a entraîné aussi une instabilité politique sans précédent dans la région. Les convoitises occidentales et la menace islamiste apparaissent aujourd’hui comme des éléments déterminants pour comprendre la fragilité de cette région et l’importance de ces enjeux. 
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