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reprendre une offensive heureuse. L’Angleterre promet de reconnaître
l’indépendance des Arabes en échange de leur aide contre les Turcs.
Par suite, les meilleures troupes turques sont, au Hedjaz et en Syrie,
capturées ou immobilisées par eux ; le canal de Suez est sauvé, Kut-El-
Àmara repris, Bagdad occupée.
Les Arabes d’Arabie et de Syrie furent reconnus comme co-belligé-
rants à nos côtés et comptèrent sur l’accomplissement des promesses
des Alliés. Mais, une fois la guerre terminée et la paix signée, les appétits
se déchaînèrent et ils se virent frustrés dans leur attente.
L’Angleterre occupa la Palestine, qu’elle avait secrètement promise à
certains financiers, protecteurs du mouvement sioniste, puis la Trans-
jordanie et la Mésopotamie.
La France, protectrice officielle des chrétiens du Liban, s’installa dans
ce pays, qui perdit du coup son indépendance, pourtant garantie par
les traités internationaux.
Quant à la Syrie, elle fut, par un procédé d’usage courant en matière
de colonisation, soumise au régime de l’occupation.
De nombreux fonctionnaires s’installèrent dans le pays ; malgré le
Pacte de la Société des Nations, malgré les précisions du « Mandat
A » imposé, des abus furent commis : l’or syrien fut drainé par une
banque nouvelle d’émission, qui mit en circulation une somme énorme
de francs-papier sans réserves proportionnées ; la Syrie, morcelée,
fut divisée en quatre États et la frontière syro-turque naturelle, avec
de grandes villes, fut abandonnée à la Turquie. Les déportations des
patriotes libanais et syriens en Corse et à Road (l’île forteresse de
Tartous), les confiscations, les expulsions, les condamnations à mort,
à la prison, les amendes collectives ou individuelles se multiplièrent.
En France, l’opinion publique, trompée ou indifférente, comprenait
peu de chose à ces affaires d’Orient, qu’on lui représentait comme fort
compliquées et dérivant surtout d’un conflit de religions. Elle ignorait
totalement les grièves pertes de soldats que nous coûtait cette politique
de conquête et le gaspillage des millions engloutis dans cette aventure,
dont le seul résultat était de ruiner notre séculaire prestige en Orient
et de faire haïr la France aux pays mêmes où elle était le plus aimée.
Les Druses, peuple fier et indépendant, ayant porté plainte contre
les procédés abusifs du gouverneur français de leur pays, virent leurs