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Qu’est-ce qu’une « sédation » ?
Entreprendre une sédation en soins palliatifs veut dire qu’on
va déclencher la phase terminale d’un patient sans provoquer
directement sa mort. « Sédater » implique qu’on suspende
toutes les conduites actives de soins, dont l’alimentation et
l’hydratation, mais en contrôlant étroitement toutes les dou-
leurs. Il demeure toujours possible de réveiller un patient sous
sédation, le temps d’un échange oral, puis de le replonger en
perte de conscience.
Le cadre juridique mais aussi politique et philosophique dans
lequel des décisions de sédation peuvent être prises reste très
flou. La sédation demeure essentiellement en France un pro-
tocole de lutte contre les souffrances dites réfractaires – c’est-
à-dire celles qu’on ne parvient pas à juguler. La loi ne permet
pas aujourd’hui d’aller plus loin. D’où parfois des incompré-
hensions voire des conflits qui peuvent déchirer les familles ou
brouiller leurs relations avec les équipes soignantes.
vers la mort ne nécessitait pas de sus-
pendre les soins curatifs. C’est à cette
époquequelademandedesmalades
et de leurs proches a imposé dans
le parcours des mourants la prise
en charge d’une n de vie médicali-
sée bien que dispensée de tout soin
invasif.Etcequifutditalorssurl’im-
portance de l’accompagnement à la
fois médicalisé et humain a été de na-
ture à bouleverser l’ordre des valeurs
quiinspirentlaclinique.
Dès lors ne serait-il pas cohérent,
en médecine palliative, d’accorder
une place déterminante à la parole
des malades (ou de leurs représen-
tants) sur les conduites médicales à
tenir? Or, lorsque le pronostic vital
estenjeu,cetteparolenepasseguère
plus,aujourd’hui,leseuildusystème
dedécisionmédicalequ’enmédecine
curative.Ilseraitrienmoinsquerévo-
lutionnairedefranchircepas.Cequi
n’éloignerait nullement, est-il besoin
de le souligner, les soins palliatifs d’une
inscriptioncliniqueethospitalière.
Un temps de vie retroUvé
L’expression«ndevie»s’estdé-
sormais imposée dans le paysage mé-
dicaletlelangagecourant.Lessoins
palliatifs peuvent en assurer jusqu’à
un certain point le « confort ». Ils
prennent en compte le contexte social
et affectif d’un mourant. Ils rendent
possiblelerôlequ’unefamilleouun
réseaud’amistiennentàjouerauprès
de celui qui se sait sur le point de
disparaître, en particulier lorsque
ce dernier découvre disposer d’un
tempsdevieauquelilnepensaitplus
avoir accès. Sans ralentir le proces-
sus morbide et sans rallonger la vie,
ils contribuent néanmoins à changer
de façon importante sinon radicale la
manière dont ces derniers moments
sontvécusparceluiquivamouriret
par ses proches.
Nombre de malades, il est vrai, ne
saventpastropquoifairedecetemps
de vie d’une certaine façon « re-
trouvé»etqu’ilsnesontparfoisplus
réellement en mesure de consommer
pleinement. Alors que d’autres s’y
engouffrent,pour proterencorede
leurs parents et de leurs amis avant
de se laisser glisser doucement vers la
mort.Unequestionseposealors:la
pharmaciequimaintientenviesans
douleursnepourrait-elleêtremobili-
sée, le moment venu, pour faciliter la
n?Laloi,aujourd’hui,nelepermet
pas.Làestlehiatus.
La paroLe des maLades
en fin de vie
LaFranceaétésensibiliséeaure-
cours à des soins palliatifs au moment
où mouraient en grand nombre les
malades du Sida. Comme il n’y avait
alors pas de remèdes, accompagner