Expression anormale des protéines régulant la croissance tumorale et
l’invasion
Une variété de changements d’expression phénotypique accompagne les dysplasies
malpighiennes incluant l’augmentation de l’expression du récepteur à l’EGF (10-
12), du récepteur HER2/Neu (13), des cytokératines 5/6 (14), de Bcl2 (15), et du
VEGF (16, 17). Le marquage du collagène de type IV permet d’identifier les
ruptures de la lame basale épithéliale. L’augmentation progressive des sécrétions des
métalloprotéases matricielles MMP, de la stromélysine-3 et de leurs inhibiteurs
(TIMP-1 et 2) et été montrée dans les dysplasies, les carcinomes in situ et les carci-
nomes micro-invasifs en relation avec des ruptures de la lame basale (18, 19). Une
progression linéaire de l’activité proliférative indiquée par le marqueur Ki-67
(MIB-1) est corrélée étroitement avec le grade de la pré-néoplasie indiquant l’accé-
lération des divisons cellulaires (20, 21).
Un certain nombre de variations d’expression par rapport à l’épithélium bron-
chique normal sont la traduction plus spécifique de l’activation des oncogènes et
de la perte du produit protéïque des gènes suppresseurs de tumeurs.
Expression de la protéine p53
La protéine p53, codée au locus chromosomique 17p13, est un facteur de trans-
cription considéré comme un gardien de l’intégrité du génome. En réponse au
stress (dommage de l’ADN, stimuli oncogéniques), p53 induit l’expression de gènes
comme les inhibiteurs des cyclines (P21), GADD45 et bax qui régulent l’arrêt en G1
(via Rb) et l’apoptose, et Mdm2 servant de rétrocontrôle négatif. L’activation par
mutation (substitution d’une seule base) est la plus fréquente des mutations surve-
nant dans les cancers, notamment pulmonaires.
La protéine 53 produit du gène suppresseur de tumeur TP53 est stabilisée dans
une forme fonctionnelle inactive par une mutation ponctuelle de la séquence
génique et hyperexprimée de façon aberrante dans 70 % des cancers bronchiques.
L’immunohistochimie ne révèle que celles qui provoquent une stabilisation anor-
male de la protéine (80 % des mutations de p53). En effet, 20 % des mutations
introduisent un codon non sens ou une altération d’un site d’épissage entraînant
l’absence d’ARN messagers et de protéines (phénotype p53 nul). Ce phénotype
mutant nul ne peut pas être distingué par l’immunohistochimie d’une protéine p53
normale. Par contre, la stabilisation de la protéine et son accumulation dans au
moins 20 % des noyaux cellulaires formant des îlots de cellules p53 positives dans
la zone suprabasale de l’épithélium bronchique, est fortement corrélée à l’existence
de mutations dans la séquence génique (immunophénotype mutant) (fig. 2). De
nombreuses études ont décrit l’immunophénotype mutant de p53 avec hyperex-
pression dans les lésions pré-néoplasiques (15, 22, 23). L’analyse d’une série de
lésions pré-néoplasiques de patients sélectionnés avec ou sans cancer a montré que
l’immunophénotype p53 mutant était présent dans 30 % environ des dysplasies,
avec une fréquence significativement croissante des dysplasies légères au carcinome
92 Le dépistage du cancer bronchique