Résumés des chapitres Chapitre 1 Patrimoine, patrimonialisation, développement local : un essai de synthèse interdisciplinaire [Michel Vernières] Ce premier chapitre est un essai de synthèse des débats du groupe de travail sur le thème de la relation entre développement et patri­ moine. En un premier temps, un accord s’est réalisé sur une défini­ tion large de la notion de développement humain tel que l’a popula­ risée le PNUD. Puis les réflexions du groupe se sont centrées sur la notion de patrimoine qui peut prendre des formes très diverses mais est toujours un construit social, résultat d’un processus de patrimo­ nialisation. Ce processus est lui aussi, d’un territoire à l’autre, très varié dans sa forme selon la nature et les comportements des divers acteurs collaborant à sa réalisation. En particulier, les pouvoirs publics jouent un rôle essentiel de coordination et d’arbitrage entre les intérêts et logiques comportementales diverses des acteurs privés. à l’issue de ce processus, le patrimoine reconnu par les populations concernées peut être un facteur important de développement local. Certes, cet apport varie selon la géographie et l’histoire du territoire considéré. Mais, dans tous les cas, la valorisation économique du patrimoine suppose de mobiliser, par la formation, les ressources humaines qui lui sont liées et de diversifier les modes de valorisa­ tion en ne se concentrant pas exclusivement sur le tourisme. Pour être durable, cette valorisation suppose une bonne intégration des activités directement liées au patrimoine et des autres activités pro­­ ductives du territoire. MEP La relation patrimoine développement.indd 163 16/11/11 10:26:48 164 PATRIMOINE et DÉVELOPPEMENT Chapitre 2 Le patrimoine, élément décisif du développement des territoires ruraux [Michel Vernières] Les territoires ruraux sont divers, ce qui rend leur identification statistique délicate. Mais ils présentent également des traits spécifi­ ques qui permettent de les considérer comme une catégorie territo­ riale spécifique. Les caractéristiques de leur patrimoine pré­­­sentent de nettes différences avec celui des zones urbaines et les acteurs locaux y jouent un rôle plus grand dans le déroulement du processus de patrimonialisation. Celui-ci ne saurait être séparé de l’ensemble du processus de développement rural. En effet, la valorisation du patrimoine rural reconnu a une action décisive sur ce dernier. Via, tout particulièrement, l’image territoriale qu’il véhicule, il influence son évolution démographique en attirant de nou­­veaux résidents permanents ou en enrayant l’exode rural. Facteur d’attraction de touristes et de résidents secondaires, il génère des revenus supplé­ mentaires pour la population locale. Mais cet afflux doit être maî­­­ trisé pour atténuer son impact négatif, en premier lieu sur le prix du foncier dont la hausse est défavorable à l’implanta-tion de nouveaux résidents permanents. Loin de conclure à la seule valorisation touristique du patrimoine, ce chapitre insiste sur l’importance, pour le développement rural, de la promotion d’activités pro­­­ductrices de biens et services issues d’innovations liées au patrimoine rural. Chapitre 3 Le patrimoine modeste, expériences de mise en valeur d’un écosystème patrimonal dans le Finistère sud [Denis Guillemard] L’étude proposée concerne un territoire situé dans l’arc de la baie d’Audierne, couvrant au nord le pays du cap Sizun avec la pointe du Raz et au sud le pays Bigouden avec la pointe de Penmarc’h. Un patrimoine modeste constitué de chapelles, de fontaines, de lavoirs ou de fours à pain y est présent en grande quantité. Sa mise en valeur est prise en charge par les habitants regroupés en association. Mais, si ce patrimoine peut constituer une ressource pour ces terri­ toires, pour autant le mode d’exploitation choisi par les acteurs locaux pour le valoriser échappe aux caractères habituels de la MEP La relation patrimoine développement.indd 164 16/11/11 10:26:48 résumés des chapitres 165 sphère économique. Les animations, les événements et la fréquenta­ tion qui en résulte, ne sont pas recherchés pour générer un profit mais pour entretenir l’activité de sauvegarde des monuments en tant qu’expression identitaire. Chapitre 4 La tapisserie d’Aubusson inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO [Francesca Cominelli] La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel imma­ tériel (PCI) adoptée par l’UNESCO en 2003 a contribué à inclure dans la notion de patrimoine aussi les expressions culturelles les plus fragiles et immatérielles. Dans la mise en œuvre de cette convention et de ses mesures de sauvegarde, le 30 septembre 2009 la tapisserie d’Aubusson a été inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. À partir du cas spéci­ fique de la tapisserie d’Aubusson, ce chapitre vise à clarifier le con­­­ cept de PCI et à mettre en évidence son rôle comme moteur d’une nouvelle dynamique de développement économique, culturel et social, qui se veut durable. Dans un premier temps, on présentera la région où est implantée cette activité afin de déterminer le contexte géographique et économique dans lequel elle s’inscrit, avant d’étu­ dier son ancrage par un rappel historique. Ensuite, on proposera une définition du savoir-faire sur lequel se fonde le métier de la tapis­ serie d’Aubusson, mettant en valeur le rôle des acteurs qui en assure la mise en œuvre, la reproduction et la transmission. Enfin, on examinera la contribution de cette pratique au développement local. Chapitre 5 Patrimoine et développement en zone rurale : le cas des Basses Carpates [Barbara Despiney] Dans cet article il s’agit de stimuler l’analyse théorique et pra­­ tique sur la nouvelle territorialité, éclairée à partir des paradigmes développés par GREMI (Groupe de Recherche sur les Milieux Inno­ vateurs). L’approche du GREMI repose sur les postulats suivants : le développement local et l’innovation sont principalement le fait MEP La relation patrimoine développement.indd 165 16/11/11 10:26:48 166 PATRIMOINE et DÉVELOPPEMENT de milieux innovateurs, c’est-à-dire de collectivités humaines por­­­ teuses de projets innovants, et le fonctionnement d’un milieu s’ap­ puie sur trois composantes liées : la composante territoriale, la com­­ posante organisationnelle et la composante cognitive. Nous essayons d’appliquer l’approche du GREMI à l’étude de la nouvelle périphérie de l’Union européenne, que sont à présent les Basses Car­­pates situées à cheval entre la Pologne, la Slovaquie et l’Ukraine. Chapitre 6 Le patrimoine, un outil pour le développement ? Étude de la mise en place d’un jeu d’acteurs complexe à Lalibela (Éthiopie) [Marie Bridonneau] Dans le contexte éthiopien de développement généralisé et accé­ léré des centres urbains, la petite ville de Lalibela se distingue : riche d’un site constitué de onze églises inscrites sur la Liste du Patri­ moine mondial de l’Unesco, Lalibela est aujourd’hui la première destination touristique d’Éthiopie. Au cœur d’un espace marginalisé et marqué par une grande pauvreté, Lalibela se trouve alors amarré au système mondial. Les acteurs, publics et privés, intervenant depuis diverses échelles territoriales, se retrouvent à Lalibela pour mettre le patrimoine au service du développement économique. L’État éthio­ ­­pien, décliné sous ses formes fédérales, régionales et locales, investit tout particulièrement l’espace de Lalibela pour y mettre en œuvre sa politique touristique et semble alors décider du sort réservé aux habitants tout comme s’articulerait à lui un secteur privé de plus en plus présent. Le jeu d’acteurs qui se met en place à l’échelle locale se révèlerait ainsi générateur de conflits et d’inégalités, voire d’in­ justices. Chapitre 7 Porto-Novo (Bénin) : une patrimonialisation contrariée [Saskia Cousin – Catherine Mengin] Capitale politique éclipsée par la grande ville de Cotonou, PortoNovo possède un centre ancien riche de son bâti vernaculaire, royal, afro-brésilien et colonial lié à l’histoire de ses peuplements succes­ MEP La relation patrimoine développement.indd 166 16/11/11 10:26:48 résumés des chapitres 167 sifs. Alors que son économie repose essentiellement sur le com­­ merce informel liée à sa situation de ville transit avec le Nigéria, Porto-Novo rencontre de nombreuses difficultés sociales, sanitaires et édu­­­catives. Pour les autorités locales comme pour les institu­tions internationales, les priorités sont la santé, l’éducation, le développe­ ment économique, l’extension urbaine et la gestion des déchets. Ces réalités sont, à première vue, difficilement compatibles avec le souci du patrimoine historique et les investissements nécessaires en la matière. Quelques travaux pionniers, le rôle actif de l’École du Patrimoine Africain et des financements internationaux ont cepen­ dant permis d’inventer et d’inventorier ce patrimoine, tout en envi­ sageant son rôle en matière de développement à travers une opéra­ tion pilote : la maison du patrimoine et du tourisme. Toutefois, cette patrimonialisation de la ville ne fait pas consensus : elle s’oppose aux partisans d’une capitale retrouvant sa stature grâce à l’édifica­ tion d’une ville moderne. De plus, les actions de patrimonialisation ne répondent pas à une demande sociale car, pour la majorité des habitants, le bâti ancien est synonyme de pauvreté. Surtout, ce qui, pour eux, fait patrimoine n’est pas le bâti mais la terre qui porte les collectivités familiales, les cultes qui régissent la ville, les places et les maisons. Longtemps combattus ou méprisés par les pouvoirs centraux, ignorés par les opérateurs internationaux, ces éléments de patrimoine immatériel fondent et animent le paysage culturel de Porto-Novo. Leur prise en compte permettrait d’envisager une meilleure intégration des logi­ ques patrimoniale, sociale et urbaine. Chapitre 8 Du patrimoine en puissance : les architectures discrètes du Shekhawati [Irène Bellier – Christine Estève] Au nord-est du Rajasthan, en Inde, entre le désert du Thar et les monts Arawali, le Shekhawati se trouve sur une ancienne route des caravanes et de riches marchands s’y établirent au xviie siècle. La région abrite des maisons peintes très visitées (haveli) mais aussi des constructions remarquables, des puits et des réservoirs, qui tom­­ ­bent aujourd’hui en désuétude. Ces édifices, que nous rassemblons dans l’expression « Architectures discrètes » le sont à un double titre : non emblématiques de leur région elles ne sont pas encore MEP La relation patrimoine développement.indd 167 16/11/11 10:26:48 168 PATRIMOINE et DÉVELOPPEMENT inscrites dans des politiques patrimoniales d’État ni prises en compte dans les processus de développement locaux. Ces architectures discrètes, dont on trouvera des exemples dans le monde entier, nous intéressent aussi lorsque leur « mise en lumière », qui les situe au seuil d’un processus de patrimonialisa­ tion, au-delà d’un intérêt purement architectural ou urbain, dévoile le rôle qu’elles peuvent tenir dans différents aspects du développe­ ment social, économique et politique des territoires. Un outil pratique de découverte des architectures discrètes et de leurs territoires a été créé, sous la forme d’un livre-guide, « carte des architectures discrètes », afin d’apporter au visiteur, qu’il soit étranger ou autochtone, les informations utiles pour saisir la variété des problématiques patrimoniales et contemporaines qu’ils portent. Les cartes des architectures discrètes, qui soulignent l’environnement historique et social en même temps que le développement architec­ tural et urbain des édifices étudiés, visent au-delà de la création d’un outil de sensibilisation au patrimoine (activateur de la mémoire collective), à être un outil de développement touristique, susceptible d’interroger la société toute entière sur des questions essentielles du développement contemporain : celui des infrastructures, celui des villes par exemple. Il s’agit d’une expérience concrète, observable, des liens qui relient les systèmes locaux au système global. MEP La relation patrimoine développement.indd 168 16/11/11 10:26:48 Les membres du groupe de travail « Patrimoine et développement » du GEMDEV Bellier Irène Directrice de recherche CNRS, directrice du LAIOS (IIAC-UMR 8177, CNRS-EHESS), membre du Comité de direction du GEM­­ ­­DEV. Domaine de recherche : anthropologie du politique et des institu­ tions, directrice du programme de recherche « Scales of Gover­ nance and Indigenous Peoples ». Berducou Marie Maître de conférences, UFR Histoire de l’art et archéologie, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne. EA 4100, HICSA, Histoire culturelle et sociale de l’art. Domaine de recherche : conservation et restauration des biens culturels. Bridonneau Marie Doctorante en géographie au GECKO Université Paris Ouest Nanterre. Domaine de recherche : les recompositions spatiales générées par les politiques patrimoniales et touristiques dans les petites et moyennes villes d’Éthiopie et d’Érythrée. Cominelli Francesca Doctorante en science économique de l’École doctorale d’Éco­ nomie de l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne. Depuis 2008 elle collabore avec l’INMA à la réalisation de l’Inventaire des métiers d’art rares de la France. MEP La relation patrimoine développement.indd 169 16/11/11 10:26:48 170 PATRIMOINE et DÉVELOPPEMENT Domaine de recherche : économie du patrimoine culturel imma­ tériel. Cousin Saskia Maître de conférence en sociologie à l’IUT de Tours, membre du IIAC-LAIOS (EHESS-CNRS), membre associée de CITERES (Université François Rabelais) et de l’EIREST (Université Paris 1). Domaine de recherche : tourisme et patrimonialisation en Afrique de l’Ouest. Despiney Barbara Chargée de recherche au CNRS, Centre d’Économie de la Sor­­ bonne de l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne. Domaine de recherche : le régionalisme et la régionalisation des économies en transition et émergentes. Esteve Christine Maître assistant ATR (Art et techniques de la représentation) à l’ENSA de Montpellier (Master « Dynamique du Patrimoine »), directrice du programme « Image et patrimoine, politiques patri­ moniales et pratique de l’image ». Domaine de recherche : politiques patrimoniales et pratique de l’image, effacements du bâti et développement urbain, architec­ tures discrètes. Guillemard Denis Maître de conférences, Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne, UFR d’Art et d’Archéologie, équipe de recherche CRPBC, EA 4100 Histoire culturelle et sociale de l’art. Domaine de recherche : conservation-restauration et conserva­ tion préventive des biens culturels. Mengin Christine Maître de conférence à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, vice-présidente en charge des relations internationales, UFR d’Histoire de l’art et d’archéologie, équipe de recherche CRPBC, EA 4100 Histoire culturelle et sociale de l’art. MEP La relation patrimoine développement.indd 170 16/11/11 10:26:48 les auteurs 171 Domaine de recherche : histoire de l’architecture contemporaine. Tabaries Muriel Sociologue, Ingénieur d’études CNRS au Centre d’Économie de la Sor­­­bonne de l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, tréso­ rière du GREMI (Groupe de Recherche Européen sur les Milieux Innovateurs). Domaines de recherche : liens entre innovation et territoire et sociologie des dirigeants associatifs. Vernières Michel Professeur émérite d’Économie politique, Université de Paris 1Panthéon-Sorbonne, Chercheur associé au Centre d’Économie de la Sorbonne, UMR Paris 1-CNRS, Membre du comité de direction du GEMDEV. Domaines de recherche : économie du développement et de l’em­ ploi. MEP La relation patrimoine développement.indd 171 16/11/11 10:26:48 MEP La relation patrimoine développement.indd 172 16/11/11 10:26:48