gouvernance s’inscrivent dans des contextes écologiques, tech-
niques et culturels tous particuliers et dans l’histoire singulière de
chaque société. Élaboration lente par excellence, reposant sur des
dimensions stables de la culture2, comme le rapport entre l’indi-
viduel et le collectif ou le rapport au pouvoir, la gouvernance
évolue à partir des acquis antérieurs tout en se nourrissant en
permanence d’apports extérieurs ou de nouvelles opportunités
techniques, et en inventant des réponses aux nouveaux défis que
rencontre la société. Elle résulte, comme la culture ou comme la
langue, d’une succession de métissages. Il découle de la définition
de la gouvernance que toute société, à un moment de son histoire,
doit inventer les modalités de gouvernance qui lui conviennent.
C’est pourquoi, il faut parler de «gouvernance convenable » et
non de «bonne gouvernance ». Mais cette invention se fait en
application d’un certain nombre de principes fondamentaux, les
invariants de la gouvernance.
Un autre facteur majeur d’évolution de la gouvernance, qui
vaut aussi pour l’œconomie, tient à la taille des sociétés et à l’am-
pleur des relations entre elles. Aux trois étages de l’économie que
distinguait l’historien Fernand Braudel, l’économie domestique,
l’économie nationale de marché et l’économie monde, corres-
pondent pour la gouvernance les étages de la gestion locale, de la
gestion étatique et de la gouvernance mondiale.
À ces trois étages, correspondaient dans l’économie classique,
trois niveaux d’intensité des échanges. Le changement dans la
nature, dans l’échelle et dans l’ampleur des interdépendances
modifie le mode de gestion de la société et les rôles respectifs des
différentes échelles, du local au mondial.
La gouvernance des sociétés contemporaines est entrée en crise
du fait de la lenteur de l’évolution des formes et des institutions
par lesquelles la gouvernance s’exerce à un moment donné de
l’histoire et dans un contexte donné. Nous sommes héritiers et
prisonniers d’institutions et de concepts forgés au cours des siècles.
L’ŒCONOMIE,UNE BRANCHE DE LA GOUVERNANCE
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2. Pour les principales dimensions des différences culturelles voir livre de Michel
Sauquet, L’intelligence de l’autre, Éd. Charles Léopold Mayer, 2007.