Habitude et politiques de l’organisation :
L’habitude dans un contexte organisationnel
peut être définie comme un schème d’action
récurrent (Karim et Mitchell, 2000). Dans un
travail de recension des écrits traitant des rou-
tines dans l’organisation, Becker (2004) iden-
tifie plusieurs caractéristiques énoncées dans
la littérature dont la récurrence, la dimension
collective de l’action, soit sa propension à être
effectuée de manière similaire par différents
acteurs d’une organisation, ou encore l’aspect
mécanique de cette action. Dans le cadre du
choix des Incoterms, l’habitude est suscep-
tible d’influencer la prise de décision, certai-
nes entreprises vendant systématiquement
FOB par exemple, simplement car cette habi-
tude est ancrée dans les routines de l’organisa-
tion. Par ailleurs, il est indispensable de tenir
également compte des politiques de l’organi-
sation créant potentiellement certaines obli-
gations au niveau des Incoterms.
Caractéristiques du client : Comme nous
l’avons vu précédemment, le partenaire
d’affaires est susceptible d’avoir des consé-
quences importantes au niveau des décisions
prises dans un contexte international (Erra-
milli, 1992). Ainsi, dans le cadre du choix des
Incoterms, l’expérience avec le client, ses
antécédents de paiement, sa fiabilité d’un
point de vue global pourrait avoir une
influence. Dans cette optique, Legrand et
Martini (1999) suggèrent de recourir à des
organismes comme la COFACE pour évaluer
le risque client avant de prendre des décisions
d’affaires.
Risque-pays : Selon Rasheed (2005), le
risque-pays est le risque lié à la stabilité éco-
nomico-politique du pays cible. Nous retrou-
vons donc ce qu’il nomme le risque général de
stabilité, faisant référence à la viabilité du sys-
tème politique du pays cible, à l’incertitude
de la durée de possession des actifs dans le
pays compte tenu de la propension du gouver-
nement à en prendre le contrôle, et le risque de
transfert, défini comme la capacité d’une
entreprise à transférer des capitaux hors du
pays d’accueil. Ces risques, qui apparaissent
particulièrement pertinents dans le processus
de sélection des Incoterms, sont également
considérés par Hill et al. (1990), Erramilli
(1992), et Osland et al. (2001).
Intensité concurrentielle : Cet élément fait
référence au contexte concurrentiel de
l’industrie, particulièrement dans le pays
d’exportation, auquel l’entreprise doit faire
face. Selon Osland et al., (2001), ce compo-
sant de l’environnement est fondamental et
oriente un grand nombre de décisions prises
par les gestionnaires. En ce qui concerne les
Incoterms, notre étude tentera de déterminer
l’impact du niveau de l’intensité concurren-
tielle.
Pouvoir de négociation du client : Consi-
déré par Porter (1979) dans son modèle des
forces concurrentielles, le pouvoir de négo-
ciation dépend d’un certain nombre de carac-
téristiques de marché et de l’importance
relative des ventes ou achats d’une organisa-
tion par rapport à l’industrie dans laquelle elle
évolue. Ainsi, même si les ressources finan-
cières d’une organisation jouent un grand rôle
dans la détermination de son pouvoir de négo-
ciation (Palenzela et Bobillo, 1997), nous
nous intéresserons au pouvoir de négociation
comparé, à savoir l’avantage ou le désavan-
tage d’un exportateur sur son acheteur dans le
cadre d’une négociation.
Mode de transport retenu : Comme nous
l’avons vu précédemment, la Chambre de
Commerce, depuis 1953, précise de manière
claire, les modes de transport pouvant être uti-
lisés avec chaque Incoterm. Par conséquent, le
mode de transport influencera, de facto, le
choix de l’Incoterm et devrait donc être consi-
déré dans la prise de décision.
Règlementation du pays de destination :
Ainsi, la réglementation du pays de destina-
tion constitue, en pratique, un élément à
considérer. En effet, les autorités douanières
de certains pays, principalement des pays
émergeants, exigent des Incoterms spécifi-
ques. Par exemple, l’exportation vers
l’Algérie devrait être effectuée sur une base
CFR ou CIF tel qu’exigé par les douanes algé-
riennes, l’utilisation d’un autre Incoterm
entraînant d’importants retards et de nom-
breux problèmes d’ordre administratif. Ces
règlementations visent, d’une part, à faciliter
le calcul de la valeur en douane de la marchan-
dise, sur laquelle sont calculés les droits et
taxes à acquitter et, d’autre part, à contrôler les
entrées et sorties de devises du pays. En effet,
lorsqu’un exportateur vend CIF, le transport
principal dont il a la charge est généralement
effectué par un transporteur du pays d’origine,
mandaté et payé par l’exportateur qui livre la
marchandise jusqu’au port de destination. Le
post-acheminement, c’est-à-dire le transport
du port aux locaux de l’acheteur est donc à la
charge de l’importateur qui fera généralement
affaire avec un transporteur local, rémunéré
dans la devise du pays. Si la vente avait été
effectuée EXW ou DDP, le volume de devise
forte sortant du pays (au profit d’un transpor-
Logistique & Management
82 Vol. 14 – N°1, 2006