economie de l`education et des ressources humaines

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Université Catholique de Lomé
__________________
ECONOMIE DE L’EDUCATION ET
DES RESSOURCES HUMAINES.
____________________
1
INTRODUCTION
1.
2.
3.
L’analyse économique confère, aujourd’hui, une importance très grande aux
ressources humaines, dans ce sens deux phénomènes peuvent être observés d’abord
la théorie du capital humain, ensuite l’apport de l’éducation au développement tels
que révélés dans deux rapports l’un de l’OCDE et l’autre de la Banque mondiale.
Ces travaux s’appuient sur ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui l’économie de
l’éducation qui est un champ d’études que les économistes ont commencé à aborder
avec rigueur dans les années 60, à l’université des Chicago, lorsqu’un petit groupe de
chercheurs, notamment Schultz et Becker, posèrent les bases théoriques de cette
discipline. Tous deux deviendront des prix Nobel d’économie sur la base de leurs
travaux sur ce qu’il convient d’appeler le capital humain. D’autres auteurs
continueront ces recherches qui forment le corpus de l’Economie de l’Education.
Les travaux réalisés ont conduit à la formulation de la théorie du «capital humain», le
mot capital étant retenu par analogie au capital physique qui est le premier facteur de
production. De même qu’un investissement en capital physique permet de produire
des flux de biens ou de services pendant des périodes successives, et donc de créer
partant des revenus qui dépasseront le coût initial d’investissement, il peut en être de
même pour les êtres humains peuvent investir dans ce que les économistes classiques
appelés déjà le «learning by doing» afin de devenir plus productifs de façon
permanente au cours de leur vie active.
2
4.Cette théorie du capital humain a donné lieu à de nombreux
travaux empiriques visant à mesurer de façon plus précise le
niveau de la rentabilité de l’investissement : selon le type
d’études, selon la durée des études, selon le pays, selon
l’époque, selon l’origine sociale ou ethnique, selon les
conditions du marché, etc.
5.Pour conduire ces études, il faut d’une part connaître ce que
coûte chaque type d’éducation, et d’autre part quels sont les
revenus du travail aux différents âges de la vie active pour
chaque catégorie de cursus scolaire que l’on souhaite
étudier.
6. Ces divers travaux ont fini par établir les mécanismes par
lesquels l’éducation, au sens le plus large, influe sur la
croissance économique: ceux-ci sont multiples et assez bien
identifiés.
3
7. Le lien entre Education et croissance passe par la technologie, contrairement à ce que
suggèrait le modèle néo-classique (Solow et Mankiv); les travaux récents (Benhabib et
Spiegel) montrent un effet positif et significatif du niveau de capital humain (et non pas
du taux de croissance de ce niveau), mesuré par le nombre d’années d’études moyen
parmi la population active au début de la période considérée, sur le taux de croissance
moyen du PIB par tête.
8. Enfin des recherches plus récentes à partir d’importantes innovations méthodologiques
notamment les méthodes microéconométriques, ce qui a été souligné en 2000 par la
remise du Prix Nobel d’économique à James Heckman, ont entre autres mis en lumière
l’importance de tenir compte de l’hétérogénéité des individus et du caractère
dynamique des décisions dans l’analyse des choix d’investissement en capital humain.
9. Ces deux considérations entraîne l’économie de l’éducation a cherché à étudier deux
grands ensembles de phénomènes
– au niveau microéconomique, les économistes cherchent à comprendre le processus
décisionnel des individus en matière d’investissement en capital humain, de même
que les nombreux facteurs qui peuvent influer sur ce processus.
– au niveau macroéconomique, les économistes de l’éducation sont préoccupés par
les impacts de ces choix individuels sur les tendances du marché du travail et la
croissance économique, ce qui la rend particulièrement pertinente du point de vue
de la politique économique.
4
Si l’Éducation devient un facteur aussi productif, il faut alors répondre à trois
interrogations:
– comment les États le pensent-ils?
– Comment l’organisent-ils?
– Et comment le financent-ils l’offre éducative et pour quels résultats ?
10.Dès lors, deux analyses de l’économie de l’éducation seront faites dans ce
cours : la première concernera les caractéristiques intrinsèques de
l’investissement en capital humain pour un individu et la seconde la
corrélation éducation et croissance. Elles seront complétées par deux
développements complémentaires sur le marché du travail et sur les
politiques éducatives en Afrique.
Cela indique la structure du Plan de travail que nous allons adopter:
5
Plan et structure du cours.
Chapitre1: La notion de capital humain et son importance dans l’analyse.
–
–
–
Définition de l’éducation dans une perspective économique
Intérêt et rôle stratégique de la théorie du capital humain
brève revue de la littérature
Chapitre 2: La demande individuelle d’éducation
–
–
Les déterminants de la demande individuelle
Calculs des taux de rentabilité et de rendement de l’investissement
Chapitre 3 : Economie de l’éducation et croissance économique
–
fondements théoriques de la relation éducation-croissance économique
–
L’apport des théories de la croissance endogène
–
La remise en cause de la relation-croissance économique
Chapitre 4: Education et marché du travail: les enjeux de l’adéquation formation
emploi
–
–
–
Le s enjeux de l’adéquation
Les domaines d’action
Les Politiques publiques en matière d’emploi
Chapitre 5 : Les politiques éducatives en Afrique: de la crise aux réformes.
–
–
La crise des systèmes éducatifs africains
Les réformes envisagées
6
Chapitre1:
La notion de capital humain et son
importance dans l’analyse.
7
SECTION1 : Définition de l’éducation dans
une perspective économique
1. Signification du concept global d’économie de
l’éducation.
L’éducation est comprise comme toute action de formation portant
principalement sur les enfants et les adolescents et de manière
croissante sur les adultes et qui a pour résultat l’ensemble des habiletés
intellectuelles ou manuelles. On distingue deux types d’éducation
–
–
l’éducation formelle qui se réfère à toute activité délibérée de formation
contribuant au développement des facultés intellectuelles et à l’acquisition
de connaissance générale ou spécialisée, y compris celle conduisant à
l’obtention d’une compétence
l’éducation informelle qui regroupe des formations non formelles
influençant les attitudes, les comportements, les modes de pensée et les
connaissances. C’est par excellence, l’éducation diffusée par le milieu.
8
2. Signification et portée du concept de capital humain.





En économie de l’éducation, il est défini comme « les connaissances, qualification,
compétences et autres qualités personnelles possédées par un individu intéressant
l’activité économique ».
Le capital humain est composé des connaissances théoriques et pratiques acquise par
le bais de la formation initiale et continue, mais aussi de l’expérience acquise et des
investissements en santé qui contribuent au bien être des populations.
Il constitue donc un bien matériel qui peut faire progresser et soutenir la productivité,
l’innovation et l’employablité. Il peut croître, se réduire ou devenir inutile. Il subit
différentes influences et provient de différentes origines, notamment, mais pas
seulement d’un apprentissage organisé sous la forme de l’éducation et de la
formation.
Les quatre éléments (connaissances, qualifications, compétences et autres qualités
personnelles) peuvent contribuer à ses missions sociales et démocratiques, et dans
une certaine mesure culturelle et personnelle.
La mesure du capital humain ne concerne pas seulement le niveau éducatif. Les
mesures du capital humain fondées sur le nombre d’années d’études effectuées et le
niveau de scolarité ainsi que le différentiel de rémunération existant en faveur de
ceux qui ont bénéficié davantage d’enseignement sont loin d’être suffisantes, si l’on
adopte une définition large des qualifications et autres compétences des individus.

Le concept de capital humain soutien que les compétences des individus ont une valeur
économique, quelles peuvent être appréhendées comme un capital à part entière et faire l’objet
d’actions d’investissement dans l’optique d’en attendre un retour (en l’occurrence, une
augmentation du capital initial).

L’investissement dans le capital humain procure donc des avantages aux individus, aux
entreprises et aux sociétés. Ces avantages peuvent être de nature économique et
prendre la forme d’un supplément de gains, de productivité ou de croissance
économique
9
SECTION 3 : Premier aperçu sur la théorie du
capital humain
1. Capital humain et différentiel de salaire
–
–
–
L’innovation apportée par cette théorie repose sur l’hypothèse selon laquelle les
différences entre les salaires correspondent à celles des niveaux de productivité de ses
salariés, découlant des différences de niveau de capital humain accumulé par le biais
d’investissement.
La théorie du capital humain tente alors d’expliquer les différences de salaires, mais aussi
l’existence du chômage à travers cette perception du travail comme un facteur hétérogène.
Les individus investissent en eux même par l’éducation et la formation ; la rentabilité de cet
investissement réside l’inégalité des rémunérations. En ce sens, la théorie du capital
humain est une analyse explicative de la dispersion des salaires. En effet, puisque le coût
d’acquisition de la formation devra être compensé par la rémunération future escomptée,
l’inégalité des rémunérations correspond aux différences de capital humain (Duthil, 2008).
2. Capital humain et croissance
•
Certains économistes ont privilégié l’impact au niveau macroéconomique de
l’augmentation du stock de capital humain dans une économie donnée
(Guillard et Roussel, 2010). Le capital humain est ainsi perçu comme un
facteur endogène de la croissance et du développement au même titre que
les infrastructures de transport et de communication. Il est un déterminant
de la productivité d’une économie (Romer, 1989; Foray, 2000).
10
•
•
•
•
De ce fait, certains économistes soutiennent que le niveau du capital humain peut
influer sur la croissance de l’économie. D’après Lucas (1988), la croissance du
capital humain peut être envisagée de deux façons :
– Une croissance intentionnelle qui nécessite la mise en œuvre de facteurs de
production de capital humain.
– Une croissance par apprentissage ou « accidentelle ».
Dans chacune de ces deux situations, l’augmentation du capital humain influe sur
l’emploi et le revenu. Lucas (1988) avait montré que les disparités internationales
de niveaux et de taux de croissance du revenu national peuvent être expliquées
par les différences de niveaux et d’évolution du capital humain par tête dans les
différents pays
C’est ainsi que plus les individus vivent dans un milieu propice aux échanges
d’informations et donc du capital humain, plus l’efficacité individuelle et collective
se renforce et plus la croissance se renforce. Il en conclut qu’il ne pourra pas y
avoir une tendance à l’égalisation des niveaux du capital humain entre les nations,
ce qui explique la disparité les écarts de niveaux de revenu et de développement
(Duthil, 2008).
Aussi, contrairement au modèle néoclassique qui prédit la convergence des
revenus par tête, le modèle de Lucas soutient un accroissement des disparités
dans le temps du fait que l’accumulation du capital humain est plus rapide dans les
pays développés.
11
3. Fragilité des fondements théoriques: les limites
–
–
–
–
–
Le concept entier repose sur l’hypothèse selon laquelle les différences entre les salaires
correspondent à celles des niveaux de productivité de ses salariés. Ces écarts de productivité
entre les salariés résultent des différences de niveau de capital humain qu’ils ont accumulé
par le biais d’investissement (Guillard et Roussel, 2010). Ainsi, le capital humain est considéré
comme un facteur de production qui permet de rendre compte de la productivité des
salariés.
Dès lors, la causalité suivante peut être mise en évidence : l’investissement en éducation
permet de développer le stock de capital humain d’un salarié, qui entraîne une hausse de sa
productivité. Cette dernière a pour conséquence une hausse des salaires. Ainsi, plus un
individu accumule des qualifications, plus il devrait avoir une rémunération plus élevée.
On mesure la fragilité du raisonnement néoclassique en termes de capital humain dès lors
que l’on prend conscience des nombreuses « imperfections » caractérisant le
fonctionnement du marché du travail (réglementation, coûts de transaction élevés, asymétrie
d’information, etc.)
Par la suite, beaucoup d’économistes ont tenté de vérifier empiriquement la théorie du
capital humain en testant le lien entre niveau de salaire et de formation. Les résultats
obtenus ont pu être décevants pour plusieurs raisons , qui sont liées notamment aux
comportements discriminatoires venant des employeurs (les études de salaire révèlent des
écarts entre homme et femme), mais aussi à la segmentation du marché.
Cependant, la théorie du capital humain offre un cadre conceptuel solide aux recherches. En
outre, les propositions issues de la théorie du capital humain au sujet des rémunérations sont
confirmées, c’est-à-dire non falsifiées, par la grande majorité des travaux empiriques : le
salaire croît avec le niveau de formation et le rendement de l’investissement en éducation est
décroissant.
12
SECTION 4 : L’économie de l’éducation : brève revue
de la littérature.
1. Economie de l’Education dans la pensée économique
– Les Classiques ont été les premiers à s’intéresser à l’économie de
l’éducation :Adam Smith, Malthus et J. S. Mill,Marx, Marshal et Walsh.
– Les contemporains ont été cités plus haut, notamment les théoriciens de
la croissance endogène comme Romer et Lucas.
2. Débat actuel en relation avec l’Economie du savoir
– Les évolutions technologiques rapides nous mettent à l’aube d’un monde nouveau
où tout est construit par le savoir et les innovations qui sont en train de modifier
les systèmes productifs, les perspectives de la croissance et l’emploi. Les activités
économiques, financières et autres se réorganisent autour d’elles et au détriment
des savoirs faire et des métiers traditionnels qui avaient structuré les systèmes
industriels des siècles antérieurs. Le système éducatif doit devancer et impulser
cette mutation.
– La société du savoir devient celle dans laquelle la connaissance et les innovations
sont des composantes décisives. Elle fonctionne dans la dynamique du savoir et
des compétences et prend appuie sur une Révolution inédite celle des TIC
13
•
•
•
•
Cette société met en valeur l’impact de la technologie. Pour les pays les plus
développés, elle définit une «frontière technologique» (déterminée en l’espèce
par les États-Unis) avec l’accent mis sur l’innovation, la créativité et la R&D, seule
stratégie permettant d’affronter les contraintes de concurrence et de
compétitivité. La Conséquence la plus significative qui en découle directement est
de privilégier l’enseignement supérieur, les passerelles entre celui-ci et la
recherche, etc.
Il se crée alors à l’échelle mondiale un immense réservoir technologique dont
peuvent bénéficier tous les pays pour innover et exploiter leur potentiel
compétitif dans les secteurs industriel, agricole et des services par acquisition de
gains de productivité.
Les demandes de toutes les sociétés en termes aussi bien de maîtrise de leur
environnement économique, social et culturel, de production et de compétition
économique que de compréhension du monde font peser sur toutes les
Universités de lourdes responsabilités. Elles doivent faire face à de hautes
exigences: être le cerveau d’une recherche d’excellence qui irrigue tous les
savoirs.
Les pays loin de la frontière technologique doivent quant à eux adopter des
stratégies dites d’imitation et de rattrapage, en concentrant les moyens financiers
sur l’enseignement primaire et secondaire
Pyramide d’Akerlof
Savoir ou information?
Savoir-faire
Sagesse
Savoir
Pyramide du savoir
(Russell Akoff)
Information
Données
15
QU’EST CE QUE L’ECONOMIE DU SAVOIR?
DEFINITION
L’ECONOMIE
DU
SAVOIR
DESIGNE
UNE
ECONOMIE QUI FAIT DU SAVOIR UNE
RESSOURCE STRATEGIQUE ET UN FACTEURCLE DE COMPETITIVITE, BEAUCOUP PLUS
IMPORTANT
QUE
LES
RESSOURCES
NATURELLES. ELLE EST BASEE, MAIS PAS
SEULEMENT, SUR L’INFORMATION ET LES TIC,
QUI STIMULENT TOUT EN ETANT SOUTENUES
PAR LE DEVELOPPEMENT DU CAPITAL HUMAIN,
PAR L’ACCELERATION DES DECOUVERTES
SCIENTIFIQUES
ET
DES
INNOVATIONS
TECHNOLOGIQUES, ET PAR LA LIBERALISATION
DES ECHANGES DE BIENS, DE SERVICES ET
D’IDEES.
16
ARTICULATION EN ECONOMIE DU SAVOIR
DEVELOPPEMENT
DU CAPITAL
HUMAIN
ACCELERATION DES
DECOUVERTES
SCIENTIFIQUES ET DES
INNOVATIONS
TECHNOLOGIQUES
PRODUCTION ET
UTILISATION
DES TIC
MONDIALISATION
ET
LIBERALISATION
DES ECHANGES
AVANTAGE COMPETITIF
17
IMPACT POTENTIEL DE L’ECONOMIE DU SAVOIR
CROISSANCE FORTE AVEC FAIBLE INFLATION
CREATION
D’EMPLOIS
ECONOMIE DU
SAVOIR
“RE-ENGINEERING” DES
METHODES DE
PRODUCTION DES
FIRMES
ACCELERATION
INNOVATIONS
SCIENTIFIQUES ET
DE LEUR DIFFUSION
INTEGRATION DES
MARCHES
FINANCIERS
EXPANSION DU E-COMMERCE
18
Chapitre 2 :
La demande individuelle d’éducation
19
INTRODUCTION
QUELQUES PRECISIONS SUR LES CONCEPTS
•
•
•
•
•
•
Le concept de demande en économie renvoi à un lien entre les quantités demandées de biens ou
services et les goûts et préférences des individus ou du groupe sous une contrainte budgétaire
dépendant des prix de ces biens et des revenus, pourvus par les consommateurs..
En économie de l’éducation, l’éducation est un bien non seulement économique mais aussi
publique: elle est demandée en fonction des préférence et des revenus des demandeurs que sont
l’Etat, les collectivités locales, les ménages et les individus.
Il faut souligner que, quelque soit le type de demandeur (Etat, collectivités locales, ménages,
individus), l’individu reste la personne qui au bout du compte est le bénéficiaire directe de
l’éducation, en ce qu’il est non seulement le détenteur du capital humain mais aussi le bénéficiaire
des avantages sociaux.
Les autres types de demandeurs sont des bénéficiaires indirectes dans la mesure où eux ne
profitent que des externalités (productivité des travailleurs) de la formation de l’individu, ce dans
le meilleur des cas et dans le pire des cas ils peuvent être victimes d’une fuite de cerveaux.
Il faut éviter dès le départ une confusion: ce sont les individus qui sont les demandeurs et qui
souhaitent acquérir un certain niveau de connaissances (une certaine formation, un certain
diplôme, une certaine expérience).
Les entreprises, et plus généralement les employeurs, demandent une main d’œuvre qualifiée,
c’est à dire les services que cette main d’œuvre est susceptible de lui apporter grâce à son
éducation. Elle ne demande pas directement de l’éducation (sauf à la limite, en matière de
formation continue).
20
SECTION 1 : Les déterminants de la demande
individuelle
1. Considérations générales
– Il convient de s’interroger sur les motivations et la logique de cette demande. Le cœur
de l’analyse reposera sur la notion fondamentale de capital humain, ce qui ne nous
interdira pas d’envisager des approches concurrentes ou complémentaires et d’élargir
l’analyse.
– Face à cette demande, il existe une offre que l’on peut assimiler au système éducatif au
sens large. Ce système ne peut être purement et simplement assimilé à un système
productif ordinaire. Son caractère non marchand et la nature même de ses activités,
imposent une analyse spécifique qui permette en particulier d’en proposer une
évaluation des performances et des principes de fonctionnement.
2. Les éléments de la demande d’éducation
– Les facteurs démographiques : la dynamique nataliste et ses incidences et l’imitation
d’une architecture éducationnelle organisée autour de trois cycles: primaire, secondaire
et supérieur. L’Etat se porte comme le principal offreur de services éducatifs, le privé
interviendra plus tard pour tenter de combler les déficits d’offre.
– Cela soulève deux problèmes de caractère économique: celui des coûts et celui de de la
rentabilité des investissements. Cela a entrainé les nombreux travaux empiriques pour
mesurer l’efficacité (ou rendement) de l’éducation, allant de l’approche
microéconomique vers des études macroéconomiques directement focalisées sur la
relation entre éducation et croissance.
21
Pyramide des Systèmes éducatifs en Afrique
SECTION 2 : Evaluation de la rentabilité et du
rendement de l’investissement éducatif.
L’économie de l’éducation cherche à comprendre deux grands ensembles de
phénomènes. D’une part, au niveau microéconomique, qui est ce qui
justifie le processus décisionnel des individus en matière
d’investissement en capital humain, de même que les nombreux
facteurs qui peuvent influer sur ce processus. D’autre part, au niveau
macroéconomique quels sont les impacts de ces choix individuels sur
les tendances du marché du travail. L’économie de l’éducation, par son
accent sur l’investissement en capital humain, est aussi étroitement liée
à la littérature macroéconomique sur la croissance économique, ce qui
la rend particulièrement pertinente du point de vue de la politique
économique.
Si on considère l’investissement en éducation réalisé par un individu ou une
collectivité, la décision devrait être fondé sur la notion de rentabilité ou
de taux de rendement de l’investissement qui se base sur deux
évaluations bien connues :
–
la méthode du taux interne de rendement
–
et la méthode de la valeur actuelle.
1. La méthode du taux de rendement
Elle repose sur l’hypothèse que l’éducation est un investissement. N’est retenu comme
avantage que le supplément de production ou de revenu qui est comparé aux
coûts. Ce taux est calculé selon divers points de vue privé, social et public et
sert à plusieurs usages. L’écart entre le taux de rendement social et privé vient
de diverses interventions publiques.
–
Le taux de rendement privé mesure la relation entre les coûts et les avantages de
l’éducation pour un individu. Il ne tient compte que des coûts et des bénéfices pour
l’étudiant. Il confronte dans notre cas la somme des différences de gains entre les 2
niveaux comparés sur l’ensemble de la vie active et la somme des manques à
gagner, les frais d’inscription et les dépenses de fourniture liées à la formation. Le
taux de rendement privé est l’un des facteurs qui déterminent la demande
individuelle d’éducation.
–
Le taux de rendement social mesure la relation entre tous les coûts sociaux
qui doivent être supportés par la société dans son ensemble et les
avantages qui doivent lui revenir. C’est le résultat de la comparaison de la
valeur de l’ensemble des ressources engagées et du supplément de
production. On peut y faire référence pour décider si la société doit
modifier son effort en éducation ou modifier la répartition des ressources
entre les différents niveaux d’enseignement. il est plus avantageux
d’investir quand le taux de rendement social est élevé. Les taux de
rendement sociaux comme privés sont tous deux des outils importants
pour évaluer l’investissement
2. La méthode de la valeur actuelle
On peut se référer au critère de valeur actuelle nette (VAN) ou
au taux de rendement quand on analyse l’éducation. La valeur
actuelle nette (VAN) est la différence entre la valeur
escomptée des avantages futurs A(+) et le coût Ct de
l’investissement.
A(+)
VAN = ------------------ - Ct
(1 + i )j
Si les coûts couvrent plusieurs périodes, il faut aussi calculer la
valeur actuelle des coûts. Ce critère donne naissance à une
règle d’investissement en éducation la règle de la valeur
actuelle nette. Il faut donner suite à un projet
d’investissement si la VAN est positive, c’est à dire si la valeur
escomptée des avantages est supérieure au coût.
Valeur actuelle des flux de revenus
correspondant à la licence
où i est le taux d’actualisation :
T

VL 
1
t 1(1i)
L
t t
La Valeur actuelle pour la Maîtrise sera
T

VM 
1
t 1(1i)
M
t t
La valeur nette
VN=VM - D0 –VL
• Soit
T
VN  

M t Lt
t 1 (1i)
t
D0L0
Le calcul de la valeur actuelle nette d’un diplôme se préparant sur N années
donne
T
:
N
C
R
t
t
VN  

t
t
t  N 1(1i) t 1(1i)
3. Quelques résultats de travaux: éducation investissement risqué.
Plusieurs travaux et analyses effectués sur l’évaluation des coûts et les avantages
de l’investissement en capital humain, permettent de mesurer le niveau
d’incertitude dans les calculs de taux de rendement. Pour certains chercheurs, non
seulement l’éducation ne constitue pas un investissement rentable pour tout le
monde, mais elle est également un investissement risqué. Pour Carneiro, Heckman
et Hansen, le caractère imprévisible des rendements de l’éducation au moment où
les choix individuels sont faits est une caractéristique fondamentale du marché du
travail, bien que les rendements de l’éducation semblent légèrement plus
prévisibles que les salaires associés à de faibles niveaux de scolarité.
Dans un contexte où les investissements individuels en éducation
présentent des rendements variables et incertains, comment les
gouvernements peuvent-ils intervenir pour accroître le niveau d’éducation
et les compétences de la population? La littérature sur l’économie de
l’éducation fournit des indications en ce sens, et ce, au sujet de plusieurs
dimensions des politiques en matière d’éducation : le financement et
l’accès aux études (Heckman et al.; Carneiro et al.; Lee; Sauer; Buchinsky
et Leslie), les mesures pour contrer l’abandon scolaire (Dagenais et al.;
Belzil et Hansen), le rôle de la taxation (Heckman et al.), les « bons
d’éducation » ou vouchers (Ferreyra) et les mesures de discrimination
positive (Arcidiacono).
SECTION 3 : Efficacité d’un système
éducatif.
1. L’éducation ou la formation est comparable à un processus de production où les
élèves (étudiants) ayant terminé un cycle sont les produits finis ; les redoublants,
les produits semi-fini c’est-à-dire ceux qui abandonnent ou sont exclus sont les
ratés. Ce système de production particulier, par la nature de ses produits (capital
humain) est comparable au système de production classique dans la mesure où
l’objectif du producteur (Etat, collectivités locales et secteur privé) serait de
maximiser sa production sous contrainte des coûts de production ;De minimiser
ses coûts de production sous la contrainte d’un certain niveau de production.
L’efficacité du système est évaluée par rapport aux ressources consacrées à
l’éducation ; aux sorties en nombre et en qualité de ses diplômés ou non
diplômés ; et à leur insertion dans le monde du travail en vue d’un emploi salarié
ou non salarié, suffisamment rémunéré pour supporter les coûts à la charge de
l’Etat et es ménages.
2. Le niveau de développement d’un pays est étroitement lié à son niveau
d’instruction au point même d’en dépendre. Plus le niveau d’éducation
d’un peuple est élevé, plus il y a de chance que ce pays soit développé. La
question que l’on peut se poser est de savoir quel est le niveau d’études à
partir duquel on peut raisonnablement parler d’un impact de l’éducation
sur la croissance ? Il n’est pas évident de répondre à une telle question,
car la réponse varie d’un secteur d’activité à un autre.
SECTION 2 : L’apport des théories
de la croissance endogène.
• On peut considérer les dépenses d’éducation, de santé et de formation
comme des facteurs de croissance en ce qu’elles accélèrent l’accumulation
de capital humain, les théories de la croissance endogène, mettent ainsi
en exergue le rôle économique de l’Etat. Celui-ci est en effet l’agent le plus
habilité pour réaliser ce type de dépenses qui jouent un rôle important
dans le processus de croissance endogène.
• L’intérêt primaire de l’investissement public en capital humain est qu’il
permet d’accroître la productivité sociale. Si l’on admet en effet qu’une
meilleure formation, théorique ou pratique, augmente l’efficience
productive de l’individu, les effets externes du types « learning-by-doing »
qui découlent de son activité permettent alors d’accroître la productivité
des agents qui le côtoient. Ainsi l’échelle globale, plus le stock de capital
humain disponible est élevé, plus la production par tête est importante.
Des tests empiriques menés par LOCKEED et alii (1980) à partir de
données relatives à des pays en développement ont montré que quatre
années d’enseignement élémentaire permettent d’accroître la productivité
d’un agriculteur de 8,7 % en moyenne.
Chapitre 3 :
Analyse d’ensemble de la contribution de
l’éducation à la croissance économique.
SECTION 1 : Les fondements théoriques de la
relation éducation-croissance économique
1. L’une de ses prédictions majeures est que l’éducation
entraîne la croissance économique d’un pays. Cette
prédiction acquiert le rang de postulat dès l’instant qu’elle a
su résister aux attaques dont elle a été l’objet. Sur cette
base, le problème qui se pose à la théorie économique est
comment l’éducation contribue-t-elle à la croissance
économique ?
2. Certaines recherches établissent qu’il y a des différences
relativement notables dans les taux de croissance entre les
pays développés (P.D) et les pays sous développés (P.V.D).
Ces différences ne détruisent en rien les prédictions de la
théorie du capital humain. Elles traduisent plutôt une
réalité : la faible couverture scolaire et la baisse du
rendement interne et externe de l’éducation. Si les EtatsUnis tirent 23 % de leur croissance de l’éducation, cela est la
conséquence des investissements réalisés dans ce domaine.
•
•
En outre puisque l’éducation est un moyen privilégié d’accumulation du capital
humain, les dépenses publiques effectuées, en sa faveur apportent alors une
contribution essentielle au processus de croissance endogène. D’ailleurs,
l’importance accordée à l’éducation est telle que des modèles ont été élaborés qui
font exclusivement de cette activité une source de croissance auto-entretenue.
Dans ce type de modèle, la constance des rendements d’échelle est assurée par
l’effet direct du niveau d’éducation sur la productivité des travailleurs. La
croissance des rendements au niveau macroscopique découle des externalités
qu’engendre le niveau d’éducation. Par ailleurs des travaux économiques
soulignent le rôle essentiel que jouent les dépenses d’éducation sur le processus
de croissance. DENILSON (1962) estime que la croissance économique des EtatsUnis entre 1930 et 1960 est due pour 23 % à l’accroissement du niveau
d’éducation de la force de travail. Les travaux de NADIRI (1972) chiffrent cette
contribution de l’éducation à 0,8 % pour le Mexique et 3,3 % pour le Brésil.
BARRO (1991) montre que pour un niveau donné de Produit Intérieur Brut par
tête en 1960, les pays à fort taux de scolarisation ont enregistré un taux de
croissance plus élevé que celui des pays à faible taux de scolarisation. Ainsi on
comprend difficilement qu’au moment où l’importance des dépenses publiques
d’éducation de formation dans le processus de croissance est fortement soulignée
par les nouvelles théories de la croissance, que des pays en développement sous
ajustement structurel s’évertuent à restreindre la progression de ces types de
dépenses. Certes à court terme, une telle politique est prompte à rétablir
l’équilibre des finances publiques de ces pays. Mais la croissance économique qui
s’amorce péniblement depuis peu dans certains de ces pays risque de n’être point
durable. Dans une perspective de croissance endogène, cet essoufflement de la
croissance devrait résulter de la décroissance des rendements marginaux du
capital humain.
CHAPITRE 4 :
Economie de l’Education et marché de
l’emploi : l’adéquation formation-emploi.
SECTION 2. Les politiques de l’emploi
1. Les aspects théoriques
Dans la théorie économique, on oppose notamment les politiques de l'emploi d'inspiration
keynésienne et celles d'inspiration libérale, en partant fondamentalement du diagnostic de la
situation du marché du travail.
Pour les keynésiens, le chômage est dû à une insuffisance de la demande tandis que les
capacités de production sont sous-employées, alors des politiques macro-économiques
pourront viser à soutenir la croissance (politiques actives de relance, par exemple). Ce sont
des politiques de relance qui viseront essentiellement à soutenir la demande effective.
En effet, dans le modèle keynésien, on a :
Y + M = C + I + G + X,
Où (C + I + G) représente la demande effective. Pour les keynésiens, l’insuffisance de cette
demande effective serait à l’origine du ralentissement de l’économie et du sous emploi des
capacités de production. Ce sont donc essentiellement des « politiques de la demande » qui
pourront résorber efficacement le chômage.
Le mécanisme keynésien peut se résumer ainsi :
Croissance du pouvoir d’achat => Croissance de la demande => Croissance de l’emploi.
37
• Pour les classiques, le chômage est plutôt d'origine structurelle, (par exemple
la structure des prix relatifs serait mauvaise pour la compétitivité des
entreprises et les règles du jeu politique bloqueraient un peu cette situation). Il
conviendrait alors de lutter contre ces rigidités par des politiques visant à
alléger les contraintes autres que la concurrence qui pèsent sur l'entreprise
(par exemple, en favorisant plus de flexibilité sur le marché du travail). Mais les
politiques de l'emploi libérales peuvent inclure aussi les politiques visant à
améliorer le capital humain comme autre source de compétitivité de l'appareil
productif (politiques de meilleure formation). Ce sont donc essentiellement
des « politiques de l'offre ».
2. Enjeux et évolution des politiques de l’emploi
•
A la suite des chocs pétroliers et face à la mondialisation de plus en plus poussée, les mécanismes
keynésiens ont commencé à s’enrayer, cédant aux ajustements classiques. En effet, en économie
ouverte, la croissance n’est pas automatiquement facteur d’augmentation de l’emploi car les
facteurs de production mobilisés pour répondre à la demande peuvent venir de l’extérieur. Les
politiques publiques de lutte contre le chômage ont de multiples objectifs comme :
– La diminution ou la stabilisation du nombre de chômeurs ;
– L’augmentation du nombre de postes de travail offerts par les entreprises ou l’administration ;
– L’augmentation du niveau de formation des offreurs de travail en améliorant le niveau de
formation ;
– La lutte contre l’exclusion
38
•
•
•
Autant dire que ces mesures restent toujours, de manière concrète, l’apanage des pays
développés. La difficulté d’obtention de statistiques fiables dues à l’importance du
secteur informel, mais aussi la multitude des problèmes liés au sous-développement
ont fait que les politiques sociales pour l’emploi n’ont pas connu un déploiement à la
hauteur des enjeux qu’elles impliquent dans les pays en développement et sont
difficilement quantifiables.
Cependant, l’évaluation économique de ces mesures est très délicate, du fait qu’il est
difficile de distinguer les effets directs sur le marché du travail des évolutions qui se
seraient produites sans elles. De plus, certaines mesures qui ciblent une catégorie de
la population (les jeunes) peuvent avoir des effets négatifs (comme la précipitation à la
retraite de la population âgée ou la restriction de leur possibilité d’embauche).
L’évaluation sociale des mesures de politique de l’emploi est encore plus ardue puisque
ces dernières sont souvent mises en œuvre pour atténuer les tensions sociales qui
pourraient naitre de la montée du chômage (Duthil, 2008).
39
3. La jeunesse africaine et les défis du chômage
• Le contexte du chômage en Afrique, de par sa spécificité, mérite
une analyse différente du marché du travail. En effet, la
population africaine est caractérisée par sa grande jeunesse. Du
coup, ces derniers sont les plus touchés par le chômage. Ainsi,
aux déterminants traditionnels du chômage s’ajoutent des
facteurs sociologiques qui deviennent indissociables à
l’explication de la montée du chômage de masse qui frappe les
villes africaines. La poussée démographique, mais aussi
l’urbanisation rapide constituent autant de distorsions du marché
du travail appelant à l’exploration de mesure, pas forcément
différentes, mais mieux adaptées.
• La forte présence du secteur informel en constitue la
manifestation la plus importante, qui est en quelque sorte une
réponse du marché. Face à un déficit évident de l’offre d’emploi,
le secteur informel est le refuge de différents acteurs, quelque
soit le niveau de formation. La théorie du capital humain s’en sort
fortement bouleversée, l’investissement en capital humain ne
garantissant pas un retour sur investissement satisfaisant.
•
Une récente étude du BIT montre que, depuis dix ans, le chômage des jeunes a monté en
flèche: la moitié des chômeurs de la planète ont moins de 24 ans. Les jeunes ne représentent
que 25 pour cent de la population d'âge actif mais 47 pour cent des 186 millions de
chômeurs recensés dans le monde en 2003. De plus, un quart des 550 millions de
travailleurs pauvres du monde sont des jeunes, c'est-à-dire que 130 millions de
jeunes - et leur famille - n'ont aucun espoir de franchir le seuil de pauvreté de 1
dollar par jour. La majorité de ces jeunes travailleurs pauvres sont des femmes
•
•
Selon le même Rapport, « Le chômage des jeunes est un gaspillage de ressources« . Réduire
de moitié le taux actuel de chômage des jeunes rapporterait 1,4 trillion de dollars, soit 4 pour
cent du PIB mondial de 2003. En outre, un tel niveau de chômage constitue une menace pour
la société, car elle accroît la fragilité des jeunes, faisant naître en eux un sentiment
d'exclusion et d'inutilité qui les pousse à des activités nuisibles pour eux-mêmes et pour la
société ».
« Tant que le potentiel des jeunes ne sera pas exploité de manière productive, ni eux ni la
société ne pourront prétendre à un avenir satisfaisant », affirme Juan Somavia, Directeur
général du BIT. A l'évidence, offrir du travail décent aux jeunes et mettre ainsi fin à la crise de
l'emploi des jeunes est l'un des principaux enjeux de notre époque.
•
De plus en plus on observe sur le marché que de jeunes diplômés ont, pour la
plupart, une maîtrise ou un doctorat, ils ont passé six années ou plus de leur vie à
l’université et ont décroché ces diplômes qui semblent aujourd’hui ne leur servir à
rien. Ce problème souléve deux questions: celle de l’adéquation formation-emploi
et celle de l’efficience et la pertinence des politiques de l’emploi des jeunes.
SECTION 3: Les enjeux de l’adéquation
formation emploi.
1. La problématique d’ensemble
Pendant longtemps, l’université était le principal médiateur entre savoir diffus
et entreprises; elle était une institution intégrée dans un État-nation et
constituait un pôle clos et quasi monopolaire de distribution des savoirs.
« Nous avons essayé de promouvoir (des réformes) en ouvrant une Université
qui était repliée sur elle-même et en la rapprochant de la Cité. Ouvrir
l’Université à la Cité : c’est l’adapter aux nécessités professionnelles. . Dès lors
briser l’étanchéité entre sphère productive et sphère de diffusion des savoirs
pour ancrer l’Université dans le système productif engendre une exigence de
lisibilité des savoirs mais aussi celle des compétences.
Dans ce contexte établir le linkage système productif et système éducatif
soulève la problématique de l’adéquation formation emploi qui suppose une
double lisibilité, à mettre en harmonie, celle des compétences et celle des
savoirs.
Quelle contenu donner à cette adéquation? Quelles en sont les enjeux?
Comment le réaliser?
2. Signification et enjeux
Il s’agit d’organiser le contenu des savoirs pour doter les prenants des
compétences nécessaires pour son intégration et à son maintien en
emploi durant sa vie active, et ce, dans un marché du travail en constante
évolution.
Dès lors les objectifs poursuivis sont de trois ordres :
– Maximiser les chances d'insertion au marché du travail pour les
diplômé(e)s du système éducatif.
– Éviter les déséquilibres de main-d'œuvre.
– Optimiser la portée des investissements publics en matière de
formation professionnelle et technique.
C’est dans ce contexte que l’adéquation entre la formation et les besoins
du marché du travail prend tout son sens et va s’effectue à deux niveaux :
les formations offertes doivent permettre de maîtriser les compétences
requises au seuil d’entrée sur le marché du travail, ce que l’on appelle
l’adéquation qualitative. Ensuite, un équilibre optimal doit être recherché
entre le nombre de personnes formées et les besoins quantitatifs du
marché du travail.
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Quatre grands résultats sont attendus d’un processus d’adéquation entre la
formation et l’emploi fonctionnant de façon optimale :
– Une formation de base achevée facilitant l’insertion en emploi et
l’apprentissage tout au long de la vie : une telle formation est essentielle
pour travailler et évoluer dans une société moderne en constante
transformation.
– La convergence entre les compétences visées par les programmes et les
compétences nécessaires à l’exercice des emplois : la surqualification par
rapport aux compétences requises dans l’emploi occupé tout comme le
chômage sont les signes d’un sous-emploi du capital humain et
comportent des coûts importants pour la société.
– Une transition entre les études et le travail facilitée : la formation n’est pas
toujours parfaitement adaptée à l’emploi et il y a souvent une étape de
transition nécessaire entre les acquis en milieux de formation et les
compétences requises en emploi.
– Un réflexe généralisé de recourir à la formation continue : les employeurs
et les employés font continuellement face au changement et sont
confrontés à l’impératif de s’adapter; la formation continue étant un des
moyens pour ce faire.
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3. Portée et limite
L’Adéquation entre la formation et l’emploi est un très vielle exigence qui a
entrainé beaucoup de recherches inédites et parfois de débats
passionnés pourtant elle semble demeurer comme une relation qualifiée
d’introuvable pour au moins 4 raisons séries:
– L’adéquation entre la formation reçue et l’emploi visé n’est en effet,
pas l’objectif premier du jeune détenteur d’un diplôme, qui recherche
plutôt un ‘bon emploi, stable. Cela conduit à saisir la première
opportunité.
– L’adéquation formation-emploi n’est pas non plus toujours le principal
critère de recrutement des entreprises : l’influence des réseaux
familiaux dans l’obtention du premier emploi n’a pas diminué pour les
salariés les moins qualifiés et pour les autres. On assiste depuis
plusieurs années au développement des curriculum vitae, des lettres
de motivation et des entretiens d’embauche. Par ailleurs, les
entreprises peuvent d’ailleurs avoir intérêt à trouver les compétences
dont elles ont besoin chez des individus ne les ayant pas acquises par
leur formation, ce qui permet de réduire leur coût salarial.
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– La relation formation-emploi est également « introuvable » en raison
d’une évolution de la structure des offres d’emploi faites aux jeunes,
plus rapide que celle de la structure des sorties par niveau et spécialité
de formation.
– Enfin les discours sur la nécessité pour l’appareil éducatif de fournir
tant de jeunes sortant avec tel niveau de formation dans telle
spécialité, oublient l’existence des marchés internes, des parcours de
qualification, des politiques de gestion de la main d’œuvre, comme les
compétences et comportements requis à l’embauche mais non
certifiés par le diplôme.
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Malgré ces problèmes, l’offre de formation doit chercher à réaliser cette
adéquation qui est un important paramètre dont il faut bien tenir compte.
Trois niveaux de recherche et de réflexion
– Organiser
l’adéquation en établissant le partenariat offre de
formation et marché du travail. Cela suppose la disposition d’une
information sur le marché du travail complète, à jour et fiable
représente un facteur d'ajustement important car celle-ci peut
appuyer les prises de décisions, tant au regard du marché du travail
qu’à celui de la formation (ex. : détermination des filières et des
spécialisations présentant de bonnes perspectives d'emploi,
anticipation des besoins en qualifications et en compétences).
– Connaître les secteurs d’activités et profiler l’offre de formation aux
secteurs d’opportunités et de haute valeur ajoutée
– Valoriser l’offre de formation continue autour de trois idées: diversité,
accessibilité et flexibilité
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