LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 5 AAVA V A NNTT-- P PR ROOPPOOSS Dans un contexte de cycle court, d'incertitude et de mondialisation des marchés, la conduite d'une organisation nécessite de recourir à des modes de management. Ceux-ci, présentés sous forme d'éléments fondamentaux, constituent la base des enseignements de formation initiale et continue. Cet ouvrage de 34 chapitres allie avec succès des concepts à maîtriser et des techniques à mettre en œuvre. Ainsi, les professeurs, les étudiants et les praticiens pourront avantageusement utiliser ce support pour les cours et durant la préparation de leurs stages et de leurs missions. Trois parties à distinguer : Les organisations Cette partie vise à décrire le cadre général des organisations et, plus particulièrement, à montrer les évolutions dans les relations interentreprises ainsi que les méthodes de reconfiguration sans omettre l'éthique et la transparence en matière de gouvernance. Le management Le très vaste domaine d'étude de la discipline impose de structurer avec rigueur le contenu en veillant à fournir les connaissances fondamentales qui permettront ensuite au lecteur d'approfondir le sujet. L’ équipe commerciale Cette troisième partie est complètement dédiée au fonctionnent de l'équipe commerciale puisqu'elle s'échelonne de l'étude de la fonction jusqu'à son organisation puis à la mesure des performances réalisées par la force de vente. LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 69 8 Diverses méthodes d’organisation Repérage en français, dantotsu en japonais, le benchmarking, selon le dictionnaire Webster, est “un repérage de géomètre marquant une position...et utilisé comme point de référence”. C’est aussi une norme d’après laquelle une chose peut être mesurée ou évaluée. 1 - Le benchmarking 2 - Le reengineering 3 - La learning organization Diverses méthodes d’organisation 69 LE MANAGEMENT D 22/08/04 22:55 Page 70 iverses méthodes d’organisation 1 - Le benchmarking Initiée par Rank Xérox en 1979, le benchmarking se définit comme “un processus continu d’évaluation des produits, services et méthodes par rapport à ceux des concurrents les plus sérieux ou des entreprises reconnues comme leader.” En d’autres termes plus opérationnels, le benchamrking peut servir d’étalonnage concurrentiel car il permet de considérer la supériorité d’une entreprise, le leader, afin de s’approprier ses méthodes tout secteur confondu et de mesurer les résultats. L’intérêt fondamental du benchmarking réside dans le moyen de rechercher, en permanence, toutes les méthodes performantes afin de fixer des objectifs réalistes, efficaces. Il faut alors s’enquérir des entreprises qui font le mieux quelque chose et surtout apprendre comment elles le font pour les imiter. On pourrait nommer ce procédé ingénierie inverse, lequel porte sur l’étude des meilleures pratiques à tous les niveaux (commercial, productif, administratif). Kaisen ou amélioration marginale continue Autre terme complémentaire qui consiste à faire ce qu’on fait déjà mais à le faire mieux. Différente du reengineering,“on efface tout et on recommence”, l’amélioration marginale vise une progression régulière du niveau de qualité obtenu par le processus en place. Pour les “pros” du reengineering, le kaisen représente en quelque sorte une régression car il vient compliquer le processus en vigueur et même le pérenniser afin de rentabiliser le coût occasionné par une quelconque amélioration marginale. Le kaisen est également appliqué à la fonction commerciale : par exemple, pour réajuster rapidement, à partir des préférences des clients, le positionnement d’un produit en lançant un nouveau modèle modifié. L’ingénierie à l’envers consiste à acheter un (ou plusieurs) exemplaires d’un produit concurrent puis à le démonter soigneusement ou “pratiquer une autopsie”. L’intérêt, naturellement, est d’examiner au plus profond sa conception, ses composants, sa résistance... Pratique courante au Japon, il se raconte que pour la conception de la Lexus LS 400, Toyota a acheté aux fins d’autopsie quatre Mercedès, gamme de luxe. Robert Camp a décrit un processus de benchmarking qui comporte cinq phases. Robert C. Camp, le benchmarking, Editions d’Organisation, 1992, p. 32 70 Diverses méthodes d’organisation LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 71 planification des recherches - quoi ? identifier l’objet des recherches 1 - qui ? identifier les entreprises à comparer - comment ? choisir la méthode de collecte des données analyse des informations recueillies Le partenaire est-il meilleur ? Quelles sont ses méthodes ? Déterminer l’écart de performances 2 Quelles sont les méthodes porteuses identifiées ? Comment pourrait-on les adapter ? Fixer les futurs seuils de performances intégration des conclusions Les conclusions sont-elles crédibles ? Comment les communiquer ? 3 Communiquer et faire accepter les résultats de benchmarking Déterminer des objectifs opérationnels. mise en application des conclusions - élaborer des plans d’action 4 - mettre en oeuvre des actions spécifiques et suivre leur progression - redéfinir les normes, les références (benchmarks) diffusion à tous les services des nouvelles méthodes de pointe - être en position de leader 5 - avoir incorporer toutes les méthodes dans tout le processus 2 - Le reengineering Le triplet client-concurrent-environnement a bouleversé complètement le fonctionnement des entreprises, qui, d’une organisation linéaire, doivent intégrer un processus opérationnel transversal intégré. Ce changement se manifeste en premier lieu par le langage : d’usager, le concommateur est devenu la société XM, notre cliente, puis par la considération porté à ladite entreprise. La reconfiguration majeure, traduction élaborée de reengineering (1), consiste à “remettre en cause fondamentalement les processus opérationnels et à les redéfinir radicalement pour obtenir des gains spectaculaires au niveau des coûts, de la qualité, du service et de la rapidité”. Cette définition appelle une triple explication (voir schéma page suivante). (1) M. Hammer, M. et J. Champy, Reengineering the corporation, Harper Collins, 1993 J. Champy, Reengineering management, Harper Collins, 1995 Diverses méthodes d’organisation 71 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 72 Pourquoi agir ainsi ? Cette question oblige les collaborateurs à rechercher les causes de leur action, le sens de la démarche. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Qu’est-ce qui devrait être fait ? Que faut-il complètement éliminer pour conforter ou retrouver la performance ? Il ne s’agit pas de rafraîchir de vieilles méthodes mais de réinventer de nouvelles méthodes. Pourquoi modifier les règles établies ? Que faut-il modifier ? Quel processus mettre en place pour apporter de la valeur à un client ? Il faut penser globalement une activité qui débouche sur un résultat final et non découper les tâches en séquences ordonnées. Quel résultat est attendu ? Comment agir globalement ? Pour conduire une opération de reengineering, il faut analyser le niveau des exigences. DES EXIGENCES savoir ce que veut la firme = FIXER DES OBJECTIFS radiographier la colonne vertébrale de la firme = ETUDIER SON ORGANISATION, SA STRUCTURE des acteurs le manager le directeur général et son état major le responsable du reengineering assisté d’une équipe identifier le module de pilotage à cinq ans minimum = ANALYSER LE PROCESSUS EN PLACE comparer la conformité de la culture avec le challenge actuel = EVALUER LES PERFORMANCES le comité de pilotage le coordinateur gestionnaire du reengineering Décision : changer radicalement ou ne pas changer les choses 72 Diverses méthodes d’organisation LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 73 Il faut mettre un outil à la disposition de chaque collaborateur : la carte relationnelle où chacun dessine ses relations avec les autres, mercatique interne, et ses relations avec les clients, mercatique relationnelle. Le reengineering appliqué Après une vaste reconsidération des processus de l’entreprise, il s’agit de préciser le but du reengineering. L’objectif fondamental de cette démarche vise à maximiser la satisfaction des clients en engageant la responsabilité de chaque collaborateur selon les six préconisations suivantes : L’agencement des locaux doit inspirer confiance grâce à leur propreté, l’entretien, le respect du matériel. La communication interne s’adresse au personnel qui doit s’impliquer dans ce projet commun, suivre une formation, participer activement à l’élaboration de la démarche. Il reçoit des informations précises et fiables. La communication externe avec les partenaires est effectuée en permanence, créant un véritable climat de confiance réciproque. Le produit correspond, d’une part, à la qualité objective maximale quant à ses caractéristiques techniques, en visant le zéro défaut et, d’autre part, à la qualité perçue par le client. Le service apporte une réelle valeur au produit que le client est prêt à payer. La veille technologique et la veille commerciale sont l’affaire de tous afin d’améliorer les performances des produits et de progresser en part de marché. Cette ambitieuse entreprise de refonte des processus passe obligatoirement par une étape préparatoire où l’on doit informer, expliquer les changements futurs, gérer l’imprévu, repenser complètement les processus. Cette mise en pièces de l’existant entraîne également un bouleversement des mentalités et une culture d’entreprise nouvelle, axée sur l’exigence du client avec l’adhésion entière de chaque collaborateur. Il sera particulièrement enrichissant d’évaluer la reconfiguration de la firme dans quelques mois, en la comparant à la situation de départ. 3 - Learning organization Faire changer, changer et accepter le changement dans l'entreprise : pourquoi estce si difficile à mener ? Tout est affaire de processus d'apprentissage mais surtout d'acceptation conjuguée des dirigeants et de leurs subordonnés. The learning organization ou l'organisation apprenante définie par Peter Senge (1) en 1991 avait été initialement créée par Chris Argytris (2) employée par Bob Garratt (3), Peter M. Senge (1947), Ingénieur formé à Standford, fait partie depuis 1970 du Massuchetts Institut (MIT), The fifth discipline : the art and practice of the learning organisazion, Doubleday, 1990 (trd. La cinquième discipline, First, 1991). (2) Chris Argyris (1923), psychosociologue, professeur à Yale et à Harvard University, Organizational Learning : a theory of action perspective, Addison-Wesley, Wokingham, 1978 en collaboration aved D.A. Schön. (3) Bob Garratt, The learning organization and the need for directors who think, 1987 1) Diverses méthodes d’organisation 73 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 74 considère que les individus à tous les niveaux hiérarchiques sont en mesure de développer leurs capacités, leurs connaissances et leurs compétences afin de participer avec plus d’efficacité au développement de l’entreprise. Selon l'auteur, on se trouve donc en présence d'une structure qui ne cesse d'accroître sa capacité à créer son futur. 3.1 Les influences de la théorie cognitive L'individu a un potentiel qui peut se développer au contact de l'organisation et de l'environnement ou au contraire s'amoindrir. Or, pour favoriser l'éclosion de ce potentiel et en faire bénéficier l'entreprise, il faut que s'établisse une confiance interpersonnelle entre l'individu, ses collègues et ses supérieurs, ce qui ne se crée pas naturellement car chaque partie se défie de l'autre et craint une perte de pouvoir ou de liberté. 3.2 Quel est le contenu de l'organisation apprenante ? Certes cette théorie n'est pas complètement nouvelle puisque des travaux sur les théories du développement cognitif expliquant l'évolution des structures intellectuelles et des processus mentaux au cours de la vie d'un être humain avaient été développées. Un exemple d'application est la méthode du raisonnement logique. Initialement, Chris Argyris avait identifié trois critères qui régissent les rapports humains à l'intérieur d'un groupe : ils se limitent à la réalisation des objectifs fixés par la politique d'entreprise, entravant, ainsi, toute relation plus approfondie entre les individus ils mettent en avant la rationalité cognitive et évincent les sentiments émotionnels de la relation ils arguent qu'un commandement unilatéral (la direction) est plus coercitif, qu'il permet le contrôle des dûs de chacun. En d'autres termes, les individus considèrent comme inévitable le lien hiérarchique que, par ailleurs, les dirigeants ne font rien pour encourager la prise de risque, l'ouverture d'esprit et même l'expression de ses sentiments positifs et négatifs. Cette situation dénote, d'une façon sous-jacente, que le but de tout responsable hiérarchique est de ne pas voir modifier son statut mais d'exiger des subordonnés que ceux-ci procèdent aux changements, dans un climat de défiance, afin qu'ils échouent : c'est l'apprentissage en boucle. Mais alors comment faire évoluer cette situation d'enfermement commune à échelon hiérarchique ? Il est nécessaire de créer une seconde boucle contraire à la première où le supérieur hiérarchique agit sur l'information vérifiée, déclenche une discussion pour aboutir à une solution librement acceptée et porteuse de changement. S'appuyant donc sur des travaux de recherche déjà publiés, P.M. Senge a l'avantage d'avoir repéré cinq composantes technologiques de développement personnel indispensables à la création d'un modèle d'organisation apprenante. 74 Diverses méthodes d’organisation LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 75 Déjà en 1922, le psychologue suisse Jean Piaget établit que l'acquisition des connaissances s'effectue à partir de deux processus complémentaires : l'accomodation ou ajustement de l'individu aux conditions extérieures, son environnement et l'assimilation ou incorporation des données de l'expérience dans les structures propres de l'individu. L'individu ne se contente pas de recevoir des impressions, il construit activement son psychisme grâce à des matériaux qu'il trouve en lui-même ou dans son environnement. Pour cela, il réutilise ses acquisitions antérieures pour formuler une nouvelle synthèse, comme, par exemple, poser des problèmes et les résoudre. 3.3 L'organisation apprenante évolutive Riche des modèles en boucle, P.M. Senge a perfectionné le concept en ajoutant ce qu'il nomme la cinquième discipline (the fifth discipline), en l'occurrence la pensée systémique. l’appr gée ta r a vi ay inci sion la t a e p co n m t d de art en mu éfin s in agé se ns i d div e m ble à le es o idus la s b fin ali pou pou ject té ra i rs u fs e t té sco tein ivre e d m p- re p s pen la ée syst ém iq la pensée systém ique précon ise de consid l'organ érer isation comme ensem un ble don t les ch ments a n gedoiven t s'effe façon m ctuer d e ultidim ension nelle e non lin t éaire (l a Gestalt heorie) (1) ue n équipe ee ag en tis s n r u 'l ap ge e ser o sa pen un p ie, tis g en ite à mm yner de r o p nc s s c i e n ce nt ipe re e ets d man me u e d r f l q f n é e erfo éga ces re p pp des is en à a enir r les ma pét n m t e r o o b s o ti o éli isa es c nelle m n s n a a rg hir so l'o nric per e et x itau les en indiv m s s e de s u le dè chaq riori, o de t m à a p es e fors e s pr ui de siv pro sus éfen ée q e à s s i d n fac e es du e p u d e s e nt ud t d i b as attit nem ha ém s n sch nt se nviro ge on e s s le dè taux men maîtrise per la so la vis ion e e ll la nn maî trise nel l pers e dé oncou pren l e t issa de l que ge p 'apdé erm ane du a pl o i e c h nt fin d aqu e in e di vi ce q faire d e sa u' i l a vie d'en décidé faire les m o La Gestaltheorie ou psychologie de la forme précise "qu'un élément change de signification selon qu'il est placé dans tel ou tel ensemble ; la même figure dans un cadre différent ne paraît pas identique à elle-même. La psychologie de la forme affirme également que le tout est perçu avant les parties qui le constituent". La psychologie de la forme a été décrite en premier par l'Allemand Ehrenfels. (1) Diverses méthodes d’organisation 75 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 76 L'attrait de certaines entreprises réside, actuellement, plus dans leur capacité à offrir une formation permanente et une expérience reconnue que dans l'échelle des salaires. En effet, nombre de salariés ont compris que, dans une économie du savoir, il est plus essentiel de bénéficier d'un apprentissage continu pour affiner les connaissances possédées. Ils considèrent que leur véritable richesse et rente de situation sont fondées sur le maintien à niveau de leur capital formation. Par exemple, aujourd'hui, un médecin, un ingénieur, un professeur ou un technicien qui ne suivent aucune remise à niveau de leurs connaissances antérieures sont très vite mis hors du circuit du travail et du marché. Action learning Développée par Reg.W.Revans,professeur britannique,la méthode de l’action learning s’adresse à des cadres réunis en groupe de travail, lesquels se forment mutuellement en proposant des réponses à des situations de risque, de confusion ou d’opportunité qu’ils ont eues à vivre dans leur travail. Ce principe d’apprentissage par l’action (action learning) est très appliqué au Japon puisqu’il a servi de support à la philosophie des arches de la qualité. En Europe, son application dans certaines firmes a permis d’augmenter les gains de productivité. En partageant leur expérience et en échangeant leurs informations, les dirigeants se forment ou améliorent leurs connaissances en management sans recourir à des modes ou des théories non vérifiées. 76 Diverses méthodes d’organisation LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 132 17 Le management décisionnel L'offre customisée, la réactivité immédiate à tout changement environnemental, l'accélération de la technologie contraignent les firmes à reconfigurer leur schéma de décision stratégique. 1 - Le management planificateur 2 - La décision, moteur principal du management 3 - Les différentes décisions 4 - Savoir déléguer 132 Le management décisionnel LE MANAGEMENT 22/08/04 L 22:55 Page 133 e management décisionnel L'éclatement des grandes et lourdes entreprises en unités individualisées transforme complètement le processus de décision qui passe d'une organisation de firme multiproduits et monofonctionnelle à une situation de firme monoproduit et multifonctionnelle. Expliquons-nous. Les firmes choisissent de se spécialiser sur un métier (le verre, l'agro-alimentaire, l'automobile...) puis, pour être proche de leurs marchés, implantent des divisions autonomes (marketing, vente, gestion de produits) ; la direction générale se réservant la conduite du vaisseau. Dans ce contexte de fusion-acquisition et autres formes de partenariats, il va sans dire que le management décisionnel est complètement redéfini. L'organisation managériale s'appuie sur une décision préalablement planifiée. Si le terme planification est très employé au cours des années 1960-1980, pour décrire un management planificateur, il est considéré, aujourd'hui, comme dépassé. La planification stratégique est un processus formalisé de prise de décision par la direction générale, relayé pour sa mise en œuvre par la définition de plans opérationnels. 1. Le management planificateur La planification (1) n'est pas chose nouvelle, puisqu'en 1916, Henri Fayol l'avait définie comme l'une des cinq fonctions en administration des entreprises, c'est-àdire la prévoyance (prévoir). Mais, c'est surtout à partir de 1950, pour répondre à la reconstruction, que l'action de prévoir va être mise en œuvre sous forme intégrée : des budgets annuels à l'évaluation des réalisations. Cette idée est reprise par les entreprises qui scindent le principe en planification stratégique et en planification opérationnelle. Aux Etats-Unis, la planification à long terme (long range planning) veut montrer que le terme va bien au-delà d'une simple optique budgétaire. D'ailleurs, Chandler (1962) met l'accent sur les problèmes d'adéquation entre la stratégie externe de la firme et sa structure interne. En 1965, I.Ansoff s'interroge sur l'évolution de système de planification et de décision. Après 1973, la nécessité d'adopter une démarche flexible et réactive remplace la notion de planification par celle de management stratégique. C'est l'apparition de portefeuilles stratégiques. Puis, en 1985, une nouvelle approche qualifiée d'heuristique (2) met en évidence un facteur jusqu'à présent négligé par l'entreprise : le facteur humain. Il s'avère qu'une entreprise performante doit rechercher la clé du succès dans les structures et les comportements des individus. Voir chapitre n° 4 Heuristique : une démarche heuristique s'appuie sur une base d'hypothèses dont on ne cherche pas à savoir si elles sont vraies ou fausses, mais qu'on adopte seulement à titre provisoire comme idée directrice dans la recherche des faits. M-J. Avenier, le pilotage stratégique, Presses du CNRS, 2ème édition 1988 (1) (2) Le management décisionnel 133 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 134 Il existe de nombreux outils d'aide à la décision en management opérationnel (selon que l'on se situe en avenir certain (PERT, programmation linéaire, planning enveloppe, chemin de fer, méthode des antécédents...), en avenir aléatoire (espérance mathématique) ou en avenir incertain (critères du Maximin, critère de Savage ou minimax regret, critère de Hurwicz). Actuellement, les modèles envisagent des analyses à critères multiples (Méthode des déclassements comparés, Multipol, Electre). 2 - La décision, moteur principal du management Prendre une décision, c'est opter pour une issue et en quelque sorte prendre un pari sur l'avenir. Toute décision comporte un champ d'action global ou local (signer une demande de congés) lié à la position hiérarchique du décideur et une échéance (long terme à court terme). S'il était classique de distinguer en matière de décisions managériales : les décisions stratégiques, les décisions administratives et les décisions opérationnelles, cette démarche est quelque peu dépassée. Il est plus opportun actuellement de reconnaître que toute décision comporte une rationalité limitée provenant, d'une part, de la perception de distorsions de l'environnement et, d'autre part, des motivations à l'instant de la prise de décision. En effet, chaque décision découle d'un processus temporel et d'une histoire ou d'antécédents, puis elle est encore influencée par les intérêts des acteurs et la complexité des facteurs. Par exemple, qui peut se prononcer sur le taux de change Euros/Dollars dans cinq ans alors que la rentabilité d'un investissement en dépend ? a) Quatre modèles génériques ou de base de décision stratégique sont communément cités par les spécialistes en management stratégique : le modèle de l'acteur unique, le modèle organisationnel, le modèle politique et le modèle psychologique. b) Mais ceux-ci peuvent être relayés par des modèles dits composites que combinent plusieurs logiques décisionnelles, comme par exemple le modèle d'allocation de ressources, le modèle de la poubelle ou encore le modèle de l'incrémentalisme logique. un modèle itératif vise à décrire les relations existant entre les dirigeants d'un siège social ou maison-mère et les responsables de filiales (surtout hors territoire). Il s'articule autour de deux volets. L'un relate les phases du processus : initiative, entrainement/soutien, vérification/test de faisabilité. L'autre s'intéresse aux liens hiérarchiques des acteurs. Par exemple, les phases initiatives et entraînements échoient aux responsables de filiales et la phase faisabilité aux responsables du siège social. un modèle de la poubelle correspond à des choix stratégiques issus de quatre sources qui sont les problèmes, les solutions, les acteurs et les opportunités de décision. un modèle d'allocation de ressources (Bower) (1) aide à prendre une décision stratégique pertinente en amalgamant des processus rationnels et politiques formulés dans un contexte d'organisation bien déterminé. un modèle incrémentaliste (Quinn) (2) peut s'entendre comme une pratique décisionnelle adoptant le principe de la politique qui consiste à agir par tâtonnement systématique et avance à petits pas. (1) (2) J. Bower, Managing the ressource allocation process, Harvard University Press, 1970 J.B. Quinn, Strategies for change ; logical incrementalism, R. Irwin, 1980 134 Le management décisionnel LE MANAGEMENT 22/08/04 modèles génériques 22:55 Page 135 MODELE MODELE DE L’ACTEUR UNIQUE * ORGANISATIONNEL ** Modèle monorationnel où la décision est inspirée par le raisonnement d’un CONCEPTION acteur unique qui parle DE L’ORGANISATION d’une même voix. MODELE POLITIQUE *** L’organisation est scindée en sous-ensembles détenant ses propres règles et procédures mais sous couvert de la direction qui définit les objectifs. L’organisation comporte une multitude d’acteurs dotés d’intérêts et d’objectifs propres. Ils contrôlent les budgets, les informations. Les objectifs ne sont pas clairement définis, les acteurs les modifient. repérer et décrire les formuler un schéma actions possibles sélectionner à partir des critères guidés par objectif ou préférence opter pour une solution connu pour y calquer des procédures standard obtenir une solution satisfaisante sans pratiquer une recherche exhaustive de solutions Il est lié aux jeux de pouvoirs basés sur le principe politique (influence, coalition, bluff, conflit). Le changement est soumis à la volonté du décideur Le changement est mal maîtrisé et tend à s’éloigner de l’environnement. Le changement est possible mais difficile car il dépend des décisions des différenst acteurs. APPLICATION EXEMPLES DE MODÈLE lancement d’un nouveau produit choix des investissements définition de la stratégie la théorie de la rationnalité limitée la théorie comportementale de la firme l’incrémentalisme le modèle itératif AVANTAGES DU MODÈLE Il privilégie l’importanIl répond à une action basée sur la pensée carté- ce du processus dans la sienne (Occident) et facili- fixation des choix. te l’application d’outils quantitatifs. Il révèle les interactions des stratégies dans les organisations et les jeux de pouvoir masqués par le discours et la structure de la firme. Trop normatif, il évince la reconnaissance d’un problème et l’existence de conflits. Il requiert beaucoup d’informations. ORIENTATION DE L’ACTION PROCESSUS DE DÉCISION CHANGEMENT GÉRÉ PAR LE MODÈLE INCONVÉNIENTS DU MODÈLE Elle se déduit des objectifs ou des préférences stables. L’analyse est malaisée. Les phénomènes guidant les changements sont peu clairs. * Modèle initié par l’école d’Harvard perfectionné par exemple par K. Andrews ** Modéle initié par H. Simon, prix Nobel 1978 pour ses travaux sur les théorie de la décision *** Modèle provenant des théories de la science politique. Le management décisionnel 135 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 136 3 - Les différentes décisions Il apparaît que la problématique de toute décision stratégique suppose de réexaminer le rôle du décideur : est-il un acteur ou un simple actant ? Faut-il regarder venir les changements environnementaux ou les éviter, les prévenir ? Il est indéniable que la prise de décision comptabilise une forte part d'inconnu. En effet, il faut décider d'une stratégie engageant une firme à long terme face à un avenir aléatoire, incertain et particulièrement mouvant. Souvent, la décision est prise par déduction à partir d'une situation présente et connue pour déterminer le futur de la ligne de conduite à tenir. Quoiqu'il en soit, il faut se souvenir que le manager pilote des processus qui produisent des actions et non lui qui produit des actions. Aussi, un dirigeant avisé prévient la démarche en organisant une sélection interne (forces et faiblesses) susceptible d'affronter l'environnement externe fait de menaces et d'opportunités (concurrence et marché). Ne s'agit-il pas en réalité d'une forme de planification stratégique ? La rationalité limitée Théorie développée par H. Simon et F. March (1) qui consiste à rechercher la réalisation d'un objectif en combinant au mieux les moyens mis à disposition et en indiquant les conditions de réalisation. Or, il s'avère que les acteurs n'ont pas en main tous les éléments ; ce qui les oblige, alors, à opter pour une décision qui leur semble "la moins pire", donc la plus raisonnable car ils doivent la prendre dans un contexte flou. On dit qu'il s'agit de rationalité limitée. La décision fait appel à l’intuition, à l’expérience et relève de raisonnements analogiques ou par approximations successives “si ...alors ...”. risque élevé fusions, acquisitions lancement de nouveaux produits offensive sur les marchés étrangers Décisions stratégiques implantation des locaux zo n e Décisions de pilotage prévisions à court terme de décision d’impartition lancement de promotions sc dépenses structurelles ul analyse des budgets e ba m en t Décisions d’exploitation gestion de trésorerie gestion des BDD clients gestion des stocks risque faible La décision demande des informations à multiples critères, nécessite du temps et une analyse qualitative. (1) H. Simon et J.G. March, Les organsiations, Dunod, 1969 136 Le management décisionnel LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 137 Toutefois, il ne faut pas omettre qu'aucun modèle ne peut se prévaloir d'exhaustivité et qu'il faut lui adjoindre des variables liées à l'expérience de la décision, à la nature de la décision à l'histoire de la décision à prendre et à l'identité de l'entreprise. L'évolution des termes en matière de décision Avant 1985 : Les décisions stratégiques ou de planification se caractérisent par la réalisation d'objectifs à horizon lointain et par l'importance du domaine concerné (choix technologiques, choix de marchés...). Les décisions fonctionnelles ou de pilotage s'échelonnent à court terme et sont orientées vers la notion de performances à réaliser, d'utilisation efficace des ressources disponibles. Les décisions opérationnelles ou de régulation exigent de réagir immédiatement à une situation simple pour surtout couvrir des objectifs de maintenance, comme par exemple accorder une remise. Après 1985 : Les décisions occurrentes constituent une véritable révolution stratégique issu des environnements interne ou externe de la firme que cette dernière doit maîtriser rapidement et efficacement : il s'agit d'une procédure d'urgence. Les décisions anticipées répondent à un horizon temporel défini, nécessaire pour amener un changement radical dans l'activité, dans l'approche du marché ou la programmation d'investissement : il s'agit d'une planification. Les décisions émergentes fournissent une orientation en agissant par petits sauts répétés immédiats mais sans vraiment bouleverser, du jour au lendemain, toute la politique de l'entreprise. Les modifications stratégiques se réalisent en même temps que la prise de décision : il s'agit d'une adaptation. 4 - Savoir déléguer A l'opposé de l'autocratie, la délégation constitue un formidable levier de motivation en facilitant l'initiative, en sollicitant l'imagination et la créativité et en rendant responsable ses subordonnés qui doivent se gouverner eux-mêmes dans l'espace qui leur a été imparti. 4.1 Situer le niveau de délégation Il faut procéder à un examen attentif du fonctionnement des missions du service et la capacité requise pour assumer les différentes responsabilités à chaque niveau. Pour déléguer des responsabilités, il est indispensable que les collaborateurs adhèrent au projet. 4.2 Procéder à une réorganisation Au fur et à mesure que le travail s'élargit, il s'enrichit et devient plus gratifiant. Le nombre d'échelons hiérarchiques doit diminuer car les personnes sont aptes à se prendre en charge. Cependant, il faut mettre en œuvre une procédure de contrôle souple mais performante car il est indispensable, malgré plus d'autonomie, de ne pas laisser libre cours à toute désinvolture. Cette réorganisation s'accompagne d'une nouvelle définition des tâches afin de rechercher leur valeur ajoutée et limiter le gaspillage de temps, de matières ou autres. Il est également nécessaire de composer des équipes assez restreintes pour en dégager une synergie optimale et pour véritablement responsabiliser chaque membre. Le management décisionnel 137 LE MANAGEMENT 22/08/04 1 Identifier 22:55 Page 138 Comment procéder ? l'unité de base de l'organisation : par département, par service ; par unité stratégique ou par processus/équipe 2 Définir le champ de délégation en répertoriant le type et l'importance des responsabilités à confier et les limites du champ 3 Sélectionner parmi le personnel, les personnes compétentes, dignes de confiance et motivées 4 Exiger un rapport régulier et complet des événements survenus 5 Enrichir les bases de données grâce aux informations collectées afin de les utiliser pour développer l'activité, pour fidéliser ou pour améliorer l'offre-produit. Une organisation par service fonctionnel ou par département consiste à faire accomplir par un groupe de personnes des tâches identiques.Tous les départements fonctionnels de même nature sont réunis en une même division à l'exemple de tous les services des ventes sont regroupés dans une division des ventes. L'inconvénient de ce genre de fonctionnement est que des divergences d'objectifs au cours de la réalisation d'un tâche ou d'un produit. Organisée par unité stratégique, la structure regroupe le services fonctionnels par marchés. Une autre forme d'organisation, bien adaptée à la délégation, consiste à confier la réalisation d'un travail ou d'une mission à des équipes jouissant d'une grande autonomie et encadrée par des managers peu nombreux. Car un manager ne supervise en principe que sept à dix personnes alors qu'avec cette formule, il peut devenir l'animateur d'une trentaine de personnes. 4.3 Eduquer et former La délégation suppose d'éduquer et de former les équipes. Or, par éduquer, il faut entendre l'accroissement de la perspicacité et la capacité à se prendre en charge qui s'obtient par le pourquoi ? Ce qui nécessite des réunions régulières et organisées, de l'accompagnement terrain, de l'écoute individualisée. Former consiste à agir sur le comment faire ? En cherchant à augmenter l'habileté et la compétence. Ainsi, chaque membre de l'équipe doit posséder une connaissance de base de toutes les étapes du processus et doit pouvoir en assurer plusieurs d'entre elles. En effet, il va leur être demandé de réfléchir, d'interagir, de faire preuve de bon sens et de prendre les bonnes décisions. Dans ce cas, la formation est formelle, collective et ponctuelle. Elle porte sur des sujets précis, par exemple les nouvelles technologies de l'information et de la communication, la nouvelle monnaie Euro. Intérêt La délégation permet de prendre rapidement une décision pour obtenir des gains de temps et, surtout, une meilleure motivation des collaborateurs. Le dirigeant d'un service ou d'une firme, en accordant sa confiance déléguée, reconnaît implicitement la compétence de ses collaborateurs. Il facilite l'initiative et favorise l'épanouissement de ses équipes. Il en limite le turn over, ce qui participe pleinement à la profitablité de la firme. Contraintes Le dirigeant qui transmet son autorité doit absolument préciser clairement l'étendue de la délégation (son espace), le niveau de l'intervention confiée (la latitude de décision). Il doit accepter de perdre une partie de son autorité sur un sujet donné. En conséquence, il ne doit pas intervenir dans le champ d'action déléguée mais, à l'inverse, il ne doit pas abandonner tout pouvoir. Il faut également mettre en place un système de contrôle souple et efficace qui aidera le délégateur à vérifier la performance du système de délégation et des résultats obtenus. 138 Le management décisionnel LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 145 19 Les méthodes d’évaluation d’un projet Tout écart entre une réalité observée et mesurée par rapport à une situation envisagée peut déjà être considéré comme source de problème requérant nécessairement un réajustement. 1 - Des méthodes pragmatiques 2 - Une démarche à cinq temps 3 - La maîtrise des risques Les méthodes d’évaluation d’un projet 145 LE MANAGEMENT L 22/08/04 22:55 Page 146 es méthodes d’évaluation d’un projet Directement issues des concepts modernes d'organisation de la production au Japon, les différentes techniques de résolution de problèmes se rapportent aux décisions que doivent prendre les responsables opérationnelles, en d'autres termes, les hommes de terrain. La résolution de problème n'a rien de stratégique, elle cherche seulement à apporter une solution adaptée à chaque dysfonctionnement relevé. 1 - Des méthodes pragmatiques Les principales méthodes considérées comme opérationnelles sont centrées : sur un diagnostic aboutissant à la reconnaissance d'un problème, à sa formulation et à sa quantification ; sur une enquête devant révéler les causes et leur poids dans le dysfonctionnement constaté sur la recherche d'une solution qui consiste à traiter, en premier lieu, les causes principales afin d'obtenir très rapidement une diminution des écarts préalablement constatés. 2 - Une démarche à cinq temps Initiée par le responsable du secteur (agent de maîtrise, animateur de groupes..), la résolution de problèmes fait appel à la coopération de l'ensemble des membres du secteur et s'appuie sur une démarche en cinq étapes. La résolution de problèmes avec ses diverses méthodes est largement utilisée dans les entreprises, tous secteurs confondus, car elles sont un solide moyen de communication dès lors qu'elle réussissent à aplanir des tensions. Toutefois, la mise en œuvre de ce type de management opérationnel comporte des lourdeurs encore difficiles à éliminer. C'est pourquoi, des outils complémentaires plus souples d'application sont préférés tels que : le Spc, le Smed... 1 R e p é r e r l e p r o b l è m e, cerner son champ d'action, analyser son imminence ou sa présence effective. 2 D é f i n i r d e s o b j e c t i f s visant à répondre aux attentes exprimées par les utilisateurs, les opérateurs ou autres personnes qui sont confrontés à ces désavantages. L'importance de cette étape vise à rassembler et à faire coopérer le groupe concerné par le dysfonctionnement. 3 4 5 146 Les méthodes d’évaluation d’un projet E l a b o r e r d e s s o l u t i o n s, choisir la plus adaptée et la mettre en œuvre. E t a b l i r u n d i a g n o s t i c qui relate les causes, leur impact et les possibles traitements à appliquer. V é r i f i e r l ' e ff i c a c i t é d e s a c t i o n s correctives et mesurer un éventuel écart. LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 147 Ohno, le nouveau maître à penser du JAT Dans les années 70,Taiichi Ohno de la Toyota Motor Company inaugura avec Eiji Toyoda, le concept de production au plus juste. En complet contraste avec les principes de production de Ford décrétant que seul l'arrêt de la chaîne relevait du chef de chaîne, Ohno plaça un système d'arrêt au-dessus de chaque poste de travail et recommanda aux opérateurs d'arrêter immédiatement la chaîne dès qu'un problème insoluble de présentait à lui. Or, pour accompagner son idée, il institua le système de résolution de problèmes intitulé à l'époque les Cinq Pourquoi. Les ouvriers furent former à la recherche systématique des moindres erreurs jusqu'à leur cause ultime en se demandant pourquoi, chaque fois qu'une strate du problème était mise à jour, c'est-à-dire le pourquoi du pourquoi. Puis, ils furent formés à élaborer une solution empêchant l'erreur de se reproduire. Après un temps d'adaptation, surtout dû à la reconnaissance du problème, le rendement avoisine aujourd'hui 100 %, c'est-à-dire que la chaîne ne s'arrête pratiquement plus jamais. 3 - La maîtrise des risques La maîtrise des risques par une démarche de fiabilité est directement associée à la gestion de la qualité du produit mais également des processus. Or, pour être réellement opérationnelle, cette démarche doit être mise en œuvre dès la conception du produit ou du service en y associant aussi bien les services d'études, de marketing-vente et techniques. Si, à l'origine du principe, on avait recours aux analyses statistiques, actuellement on s'appuie sur des études de fiabilité, sur les prescriptions Amdec, la maintenance prédictive ou encore le Contrôle Statistique de Procédé (SPC), la méthode Tagushi et les systèmes Poka Yoké. Toutefois, quelle que soit la méthode appliquée, il importe au préalable d'effectuer une étude circonstanciée des défaillances recensées en pratiquant une analyse des causeseffets. Les méthodes Le diagramme des causes-effets d'Ishikawa, à structure arborescente, met en relief, sur un schéma ressemblant à une épine dorsale de poisson, le tracé historique des causes de dysfonctionnement.A la lecture du schéma, on s'aperçoit que les causes principales (en rectangle) sont reliées à l'axe horizontal ou tronc des effets, par des arêtes ou branches de causes. Effet principal La colonne vertébrale ou axe horizontal indique le résultat : le problème, la conséquence, l’objectif visé. Les arêtes de poisson ou branches des causes indiquent les causes principales à l’origine des effets. Les arêtes secondaires indiquent les causes rattachées ou sous-causes. Les méthodes d’évaluation d’un projet 147 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 148 Pour définir les principales familles de causes ou catégories, il est recommandé d’employer le procédé des cinq M utilisables dans tous les domaines : administratif, commercial, industiel, servitaire. Matériel Main d’oeuvre Méthodes Matière Milieu c’est faire avec quoi c’est faire avec qui c’est faire comment c’est faire avec quoi c’est faire où Moyens Méthodes Management Environnement Mercatique Commerciale informatiques, télématiques organisation/gestion commerciale décision/gestion force de vente concurrent, partenaires, réglements amont du marché aval du marché Ce graphique peut être utilisé aussi en formation, en réunion de créativité, lors de réunion-discussion ou pour des collectes de données. Le diagramme d'Ishikawa s'intitule aussi les 5M (Main d'oeuvre, Matière, Moyens, Méthode, Milieu). Il est l'égal du POPPE, c'est-à-dire personnel, outil produit, procédure, environnement. Le brainstorming ou réunion de créativité, technique couramment utilisée en marketing, le remue-méninges est également fort employé dans la résolution de problèmes pour repérer les causes d'anomalies et rechercher des solutions. L'étiologie, technique empruntée à la médecine, elle a pour but d'analyser les causes de dysfonctionnement et d'en émettre un diagnostic. Les cercles de qualité, inventés au Japon (1), obtinrent un vif succès dans le monde occidental au cours des années 80. S'inscrivant dans une démarche de qualité totale, il s'agissait de constituer des petits groupes chargés d'améliorer les process et les produits aux niveaux opérationnels. Ayant remporté un succès incontestable, les CQ se sont émoussés pour être remplacés par des groupes de projet. La topomaintenance retient les principes des cercles de qualité mais appliqués aux équipes de maintenance et production en vue de réduire les coûts de celle-ci. En effet, elle s'appuyait surtout sur des logiciels spécifiques mais dont l'utilisation se révèle, à terme, fort onéreuse. La topomaintenance consiste à fiabiliser les outils et les moyens de production afin d'éviter ou tout au moins de limiter les risques de pannes, d'erreurs. Les groupes de progrès sont quelque peu tombés en désuétude depuis l'arrivée du management par conduite de projets et du reengineering (2). Le diagramme de Pareto ou règle de 20/80 permet de se concentrer sur les facteurs d'anomalies les plus importants. Si l'on trouve 20 % des causes, on solutionne 80 % des effets néfastes. Le concept qualité importé des Etats-Unis dans les années cinquante, s'est développé surtout au Japon (2) Re-engineering ou reconfiguration des processus de production a été proposée, au début des années 90, par Michael Hammer, ingénieur américain en informatique qui aimait dire "j'ai inversé la révolution industrielle". Cette méthode, écrite avec la collaboration de James Champy, est un mélange d'autres méthodes comme le juste à temps ou les études de temps et du mouvement. Elle est destinée à fluidifier les processus de travail à travers les différents services d'une entreprise en vue de réduire les coûts et d'améliorer la productivité. Or, les résultats ont souvent abouti à des dégraissages appelés pudiquement des opérations de downsizing. Actuellement, l'auteur procède à des actions correctives de sa technique et reconnaît qu'elle est adaptable seulement à certaines activités. (1) 148 Les méthodes d’évaluation d’un projet LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 149 QQOCOP (Qui ? Quoi ? Où ? Comment ? Quand ? Pourquoi ?) est une succession de questions posées notamment en phase démarrage du projet d'étude afin de bien cerner la problématique. Le QQOCQ s’applique chaque fois qu’il faut caractériser un objet, une situation dans le temps et dans l’espace. Il est possible de le compléter par la question Pourquoi ? QUOI ? QUI ? OU ? COMMENT ? QUAND ? COMBIEN ? De quoi s’agit-il ? Quelles sont les choses concernées ? Quelles sont les personnes impliquées dans la vie du problème ? A quel endroit cela s’est-il produit ? De quelle manière cela est-il arrivé ? A quel moment précis cela s’est-il passé ? Quantifier et compter l’outil l’opérateur l’atelier, le bureau, le magasin la manoeuvre le jour, le stade de production le coût Les questions peuvent être posées de différentes manières : - par rapport à une question donnée passer chaque élément en revue - par rapport à un élément poser l’ensemble des questions QQOCQ Combien Le raisonnement logique L'introduction massive des technologies dans l'entreprise capables d'assumer les tâches répétitives et automatiques ont entraîné une intellectualisation du travail. Ce changement radical de travailler doit s'accompagner d'une formation permanente incitant les salariés à réutiliser leurs connaissances, à les enrichir mais également à devenir plus confiant en soi et surtout à être motivé. Pour appliquer ce programme, on utilise certaines techniques plus ou moins anciennes et réactualisées telles que : le programme d'enrichissement instrumental (PEI), l'atelier de raisonnement logique, cubes de Mialet*. Or, après plus de vingt ans d'expérience, il s'avère que le raisonnement logique n'a pas donné les effets escomptés et qu'on lui préfère la technique de résolution de problèmes. La méthode Kang**, utilisée depuis une décennie, semble donner de meilleurs résultats. SPC ou contrôle statistique de procédé consiste à déterminer des critères de vérification sur des points sensibles qui seront surveillés pour anticiper toute anomalie du processus (défaut, panne, erreur) qui pourrait rejaillir sur le produit. Par exemple, les conducteurs de machines vérifient les cotes de chaque pièce produite (ou un échantillon). S'ils remarquent une altération des cotes, ils peuvent soit régler eux-mêmes leur machines, soit appeler le service maintenance en cas de gravité. Ainsi, aucune pièce défectueuse ne sort des ateliers. * Cubes de Mialet technique utilisée en enseignement de la logique des circuits électroniques. ** Méthode Kang est une combinaison du raisonnement logique et de la résolution de problèmes qui présente l'avantage, après une formation aux outils de traitement informatiques, d'être facilement applicable. Il s'agit surtout de sortir l'individu de sa routine et de lui montrer qu'il est capable de résoudre des problèmes qu'il juge complexes. Ce qui a le mérite de lui redonner confiance et de le rendre plus impliqué, donc plus dynamique et efficace. Les méthodes d’évaluation d’un projet 149 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 150 Tagushi est une méthode japonaise qui considère que l'on doit s'efforcer de concevoir les produits autour de leur utilisation plutôt que de les imposer à l'utilisateur. Ainsi, il suffit d'observer l'utilisateur et de s'efforcer de maximiser l'efficacité de ce dernier dans l'utilisation de son produit. Par exemple, c'est en observant les utilisateurs de magnétoscopes, que les industriels japonais se sont aperçus que ceux-ci préféraient un seul bouton tout en conservant la possibilité de procéder à des réglages. De cette observation est né, le démarrage automatique du magnétoscope dès l'insertion d'une cassette à la possibilité de l'éjecter sans allumer l'appareil et à interrompre la lecteur par simple mise sous tension de celui-ci. Poka Yoké ou systèmes anti-erreur sont des dispositifs qui empêchent une quelconque défaillance du produit si on a omis une opération importante comme l'oubli d'une pièce, une erreur de montage. Pour appréhender la tâche qui a été confiée, il est indispensable de procéder avec méthode et cohérence en s’inspirant de la méthode suivante. AMDEC Principe créé aux Etats-Unis qui consiste à valider une définition en ayant auparavant détecter les possibles dysfonctionnement susceptibles de créer des défauts. Chaque anomalie est notée à partir de trois critères qui sont la gravité de ses effets, la fréquence d'apparition du défaut et le repérage possible du défaut. Puis, le résultat obtenu fournit un indice de criticité de l'anomalie donnant lieu à des actions correctives dès la conception du produit ou du service. L'Amdec se décline en : Amdec/concept qui intervient en amont de toute téalisation et permet d'effectuer des choix où la fiabilité semble la plus complète Amdec/système veille à vérifier, pour un choix l'ensemble du système afin de déceler les possibles anomalies d'un sous-ensemble ou composant et de surveiller ce point sensible Amdec/procédé vise à analyser les défaillances du processus ou gamme opératoire et des moyens à utiliser pour entreprendre la fabrication Amdec/produit qui s'intéresse à détecter toutes les défaillances du produit ou service avant d'être vendu. 2 ee étape analyse des causes/effets ère 1 ère étape identification du sujet les faits : savoir Q U O I observer la situation, le fonctionnement, l’évolution identifier le problème enquêter sur le sujet 3 ee étape recherche et choix d’une solution les solutions : agir C O M M E N T rechercher des solutions étudier la faisabilité en comparant les solutions effectuer un choix et prendre une décision préparer, organiser la mise en oeuvre de la solution retenue valider l’application les causes et les conséquences : savoir P O U RQ U O I Les causes trouver les causes possibles déterminer les causes les plus probables formuler des hypothèses Les conséquences énumérer toutes les conséquences, les décrire classer les conséquences par nature évaluer les conséquences par des estimations quantitatives et qualitatives 150 Les méthodes d’évaluation d’un projet 4 ee étape contrôle ultérieur LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 209 29 Le management de la force de vente Diriger les équipes de vente pour obtenir le maximum d’efficacité suppose une définition exacte d’objectifs, une organisation souple des différentes actions à conduire, des méthodes de stimulation adaptées au type de vente et un contrôle incitatif de la force de vente. 1 - L’animation de la force de vente 2 - Les outils de la stimulation 3 - Comment manager une équipe ? 4 - La formation 5 - L’évaluation des nomades Le management de la force de vente 209 LE MANAGEMENT L 22/08/04 22:55 Page 210 e management de la force de vente Le management de la force de vente, longtemps laissé en état végétatif du fait d’une rétribution à fort commissionnement, est en pleine réactivation. La fin du “tout-résultat” redonne au management ses droits d’orienter la force de vente vers plus de service au client, plus de fidélisation et plus de marge. Manager une force de vente s’inscrit dans un processus de contrôle, d’animation, de formation des équipes de vente. L’un des rôles du manager est de créer un climat de travail en équipe avec les autres services de l’entreprise. Il doit être davantage présent sur le terrain. Aptitudes Compétences Formation initiale Savoir vendre Culture générale Recrutement u lation stim til ou Formation produit/vente Performances évaluées Rémunération n Satisfaction stratégique til ou onnaissance rec tiva mo tio tactique Intégration Carrière sp te hè en re ev d du ce mana geme nt de la for 1 - L’animation de la force de vente Réussir, seul, la somme des objectifs fixés peut, très vite, devenir une formule décourageante, d’autant plus que la pression concurrentielle amplifie encore le phénomène. Pour y remédier, la direction commerciale met en place régulièrement des actions. 210 Le management de la force de vente LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 211 Les techniques d’animation couramment employées selon la forme directe par entretien sous forme d’encouragements, de félicitations par note d’information par courrier électronique par lettre indirecte selon le nombre de groupe prime collective réunion de travail séminaires concours individuelle prime personnelle tableau d’honneur manchette du journal d’entreprise accompagnement terrain points à collecter pour obtenir un cadeau, un voyage selon l’efficacité campagne de vente prime ponctuelle promotion plan de carrière formation ambiance de travail intéressement annuel immédiate différée 1.1 Ecouter-répondre L’animateur des ventes doit impérativement être à l’écoute de ses équipes commerciales mais également savoir leur imposer un rythme de travail. L’animateur des ventes est chargé d’agir sur les vendeurs pour les aider à atteindre les objectifs fixés tout en agissant avec tact, disponibilité et fermeté. Proche des vendeurs, il doit être à leur écoute personnelle, savoir reconnaître leur efficacité, les conseiller et les aider en cas de difficultés. Ainsi, la personne investie de cette mission doit d’abord montrer l’exemple par son dynamisme, son savoir-faire, sa compétence tout en sachant désamorcer un conflit ou remotiver en cas de découragement. Le management de la force de vente 211 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 212 1.2 Motivation ou stimulation ? La motivation, distincte de la stimulation, est un état de tension qui comprend des mobiles conscients (avoués) et inconscients que tout individu cherche à réaliser. Quels sont les facteurs de motivation d’une force de vente ? Ils sont certes nombreux mais certains sont couramment cités. Voir schéma ci-dessous. La motivation se mesure par des entretiens individuels, par des propositions d’idées nouvelles, par des participations spontanées à des manifestations “récréatives” au sein de la firme, comme par exemple un cross, une fête ou encore le taux de turn over. Il est difficile de décrire des outils de la motivation car chaque entreprise a sa propre idée sur le sujet. Certaines d’entre elles préconisent un intéressement, d’autres, au contraire, y sont totalement opposées et proposent des jeux, concours, points bonus, voyages, week-end, conventions commerciales, courrier personnalisé de la hiérarchie. car il est autonome et responsable mais aussi reconnu car il peut espérer une évolution de carrière intéressante car il peut bénéficier d’un encadrement, d’une formation, d’outils de travail bien adaptés car il est reconnu pour ses performances et ses compétences lors de l’atteinte des objectifs il est motivé par sa réussite pro- car il est le porte-drapeau par la fixation d’obd’une entreprise perfor- jectifs clairs, l’explifessionnelle, sociale cation de la polimante, il fait sienne la et familiale tique commerciale notoriété de l’entreprise par l’appartenance à une équipe de renom 2. Les outils de la stimulation Ils sont considérés comme les murs porteurs du management. 2.1 Les conventions Autrefois taxées de “grands-messes”, les conventions veillent à rassembler l’ensemble des forces de vente interne et externe afin d’assurer la cohésion des équipes, l’utilisation de nouvelles méthodes de vente, le lancement de nouveaux produits, la présentation de grands objectifs, resserrer les liens ou motiver autour d’un projet commun. Bref, les conventions sont le moment privilégié d’une campagne de stimulation des vendeurs par un message homogène et un sentiment d’appartenance à une culture d’entreprise. Pour certaines entreprises, les conventions se déroulent dans des endroits idylliques, pour d’autres, cela se passe en interne. Tout est question de budget. Autre technique de la convention, le “cam- 212 Le management de la force de vente LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 213 pement” qui permet de sillonner le territoire pour rencontrer à la fois la force de vente du secteur, les distributeurs, clients et prospects. En quelque sorte, c’est le siège qui se déplace vers ses réseaux afin de jouer la carte de la proximité, du soutien au réseau régional. 2.2 Les campagnes de stimulation Ces campagnes réunissent aussi bien les vendeurs que les revendeurs et distributeurs. Longtemps mises en exergue, elles sont, actuellement, placées au second plan. Les effets pervers qu’elles ont développés sont parfois supérieurs aux bénéfices escomptés. Il n’est pas question de supprimer cet outil au service de la tactique mais il faut revoir leur contenu. Ainsi, le vendeur, déjà bien rémunéré pour ses missions quotidiennes, ne doit pas compter sur une ‘rallonge” des commissions. Il est d’abord chargé de développer les services liés aux ventes. Pour être efficace, une campagne de stimulation doit s’adresser à la force de vente, aux distributeurs et aux clients par le biais de promotions. 2.3 Team-building Le team-building ou management d’équipe veille à mettre sur pied une équipe de vente et surtout à la faire fonctionner. Pari difficile mais pas impossible. En effet, faire signer un bon de commande est le résultat de tractations difficilement menées par un vendeur : c’est le résultat de ses propres compétences dont il va être le seul bénéficiaire. Mais, par ailleurs, il est parfois dur d’être seul pour affronter ses propres interrogations et doutes. Aussi, l’équipe constitue le seul point d’ancrage des nomades de la vente. Les avantages proviennent de sa démultiplication d’idées, d’informations. Cela crée des synergies grâce à l’union des compétences de chacun, des informations collectées sur le marché, la concurrence, les produits. Une équipe soudée communique, coopère dans un but commun qui est la pérennité de son entreprise. La stimulation est plutôt perçue comme un moyen tactique opérationnel d’atteindre rapidement les objectifs fixés comme accroître le chiffre d’affaires. Il s’agit bien de la réalisation, à court terme, d’un aspect quantitatif La motivation relève essentiellement d’une démarche stratégique couvrant un aspect qualitatif donc à long terme. Elle porte sur des programmes de fidélisation comme agir sur le comportement des revendeurs. Le management de la force de vente 213 LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 214 3 - Comment manager une équipe ? Pour diriger une équipe, il est nécessaire de tenir compte des particularités de chacun de ses membres (son autonomie, ses ambitions, ses buts...), puis de structurer l’équipe autour des objectifs de la firme. Actuellement, la mode du management est au “développement de soi” grâce à diverses méthodes dont le coaching est la plus utilisée. organiser organiser l’activité commerciale communiquer communiquer entre équipes et hors équipes élaborer élaborer des règles de travail claires et précises qu’il faut respecter entretenir entretenir la flamme de la vente par des séminaires, des stages, des réunions, des accompagnements terrain arbitrer arbitrer les conflits pouvant naître et y apporter une solution soutenir soutenir chaque membre de l’équipe par rapport aux différentes situations de vente valoriser réfléchir réfléchir pour résoudre les mauvais résultats valoriser les bons résultats, les performances en progression afin de retourner la situation s’impliquer s’impliquer en étant intègre, ferme et reconnu, en sachant désamorcer une crise de démotivation 4. La formation La scolarisation de masse présente un paradoxe car, même si la qualification d’une force de vente s’accroît, cela ne signifie pas qu’il y aura un impact sur sa rémunération. De même, la forte technicité du savoir-vendre inculquée aux vendeurs est passée en seconde position, depuis le début des années 90, pour céder la place aux techniques relationnelles. Aujourd’hui, la formation est naturellement intégrée et régulièrement exercée en fonction des besoins. Dispensée partiellement en interne par des animateurs de vente, elle est souvent confiée à des spécialistes qui travaillent sur la base d’un cahier des charges aux objectifs clairement définis tels que : - améliorer le savoir-faire - accroître les résultats - découvrir de nouvelles techniques et de nouveaux outils... Il est fréquent, dans un programme de formation, d’associer des connaissances de base sous forme de “piqûre de rappel” et des exercices en situation réelle. 214 Le management de la force de vente LE MANAGEMENT 22/08/04 22:55 Page 215 La tendance actuelle est de privilégier la formation terrain à court terme mais n’est-ce pas au détriment des compétences qui s’appuient sur des connaissances qu’il faut en permanence réactualiser ? Enfin, quel que soit le type de formation, celle-ci doit faire l’objet d’une évaluation par les auditeurs et d’une mesure ultérieure sur les résultats. Formation collective “en chambre” cours didactiques et méthodologie ateliers jeux de rôle, sketches étude de cas apprentissage des nouvelles technologies Formation individuelle “terrain” organisation des visites visites accompagnées analyse du secteur L’incentive D’usage courant dans le langage commercial, l’incentive est un ensemble de techniques de stimulation appliquées pour développer puis entretenir la motivation de la force de vente. Pratiquer l’incentive consiste à organiser des réunions, des jeux de rôles, des concours, des séminaires... 5. L’évaluation des nomades Par principe, la mission du vendeur l’oblige à être à l’extérieur de son bureau (s’il en a un), c’est pourquoi, il est souvent taxé de nomade qu’il faut cependant évaluer. L’évaluation quantitative s’effectue aisément à partir des résultats obtenus en chiffre d’affaires, en nombre de clients, en visites accomplies... L’évaluation qualitative consiste à s’entretenir individuellement avec chaque vendeur pour faire le bilan d’une année de travail (ou mois selon les entreprises), inventorier la qualité des comportements professionnels. L’intérêt de l’évaluation est double. D’une part, pour l’entreprise, elle constitue un outil de management de la force de vente favorisant l’amélioration des résultats et la remontée de certaines informations sur le fonctionnement interne de la société. D’autre part, elle permet à chaque personne de se situer dans sa fonction et son entreprise, de mieux percevoir ses forces et ses faiblesses mais aussi de se sentir reconnu par ses dirigeants. Mener un entretien d’évaluation L’entretien n’est pas un interrogatoire, un règlement de compte, une comparaison avec ses collègues, un rite. C’est l’évaluation d’un comportement professionnel. préparer l’entretien Il faut prendre un rendez-vous avec les personnes concernées en prévoyant un certain temps sans être dérangé. Le dossier de l’évalué retraçant les objectifs à atteindre doit être à jour. conduire l’entretien Le responsable expose le plan d’entretien et le collaborateur fait lui-même son bilan qui sera entrecoupé par les questions de l’évaluateur. Puis celui-ci manifestera son jugement expliqué sur la situation actuelle. Les deux parties coopèrent à la mise en oeuvre de moyens pour améliorer les insuffisances relevées et la fixation de nouveaux objectifs.A la fin de l’entretien, il faut signer la feuille d’évaluation. Le management de la force de vente 215