Critique: Braises, un spectacle de la Compagnie Artefact, sur les

• 18 avril 2015 •
Braises, un spectacle de la Compagnie Artefact, sur les adolescentes françaises
musulmanes et l'amour
Je suis Française
Le texte de
Catherine Verlaguet
mis en scène par
Philippe Boronad
aborde un
vivre la liberté amoureuse et sexuelle des autres lles de leur âge, lorsqu’elles
sont nées au sein d’une famille traditionnelle. L’auteur, qui avait écrit
l’adaptation dramatique de
Oh Boy !
de
Marie-Aude Murail
(
Molière Jeune public
2010
) a su se garder du regard ambigu, voire franchement raciste, que l’on a pu
voir à l’œuvre dans
Arab Queen
(voir
www.journalzibeline.fr/critique/cliches-
racistes
) ou qui a suscité la polémique autour d’
Exhibit B
(
www.journalzibeline.fr/societe/decolonisons-les-scenes/
). Il est certain qu’il est
plus que temps que des Français issus de l’immigration récente puissent
s’emparer des propos qui les concernent (et d’autres !), mais Philippe Boronad
et Catherine Verlaguet le font avec une vraie empathie avec leurs personnages.
Il est question de deux jeunes lles dans une famille aimante, mais qui
comprend mal l’aînée, amoureuse d’un Jérémy au nom imprononçable, capable
de partir pour défendre sa liberté ; de sa sœur Leïla moins téméraire, de sa
mère qui la trahit parce qu’elle veut la garder, d’un père et d’un frère qui croient
bien faire. L’histoire, inspirée librement de celle de
Sohane Benziane
, n’est
jamais caricaturale, juste touchante, et simple, une tragédie qui parle aussi du
rapport au bled, à la scolarité, des dicultés à vivre en cité HLM, et surtout du
corps des jeunes lles. De désir, d’amour naissant, du sexe comme un plaisir
volontaire et partagé.
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La construction dramatique, fondée sur des ashes-back et la superposition des
souvenirs et de fantasmes, est extrêmement maîtrisée, comme les beaux e$ets
numériques dans un miroir pivotant, et les divers degrés de jeu par les trois
comédiennes. Le public scolaire, comme les adultes, en sort avec une grande
envie de débat…
AGNÈS FRESCHEL
Avril 2015
Braises
, création de la
cc i i ee A A rr t t ee f f aa cc t t
, a été joué le 17 mars au
Théâtre du
Briançonnais
, le 2 avril au
PôleJeunePublic
du
Revest
, le 7 avril au
Théâtre de
Grasse
À venir
le 18 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
Photo : Braises-c-Francesca-Torracchi
Pôle Jeune Public
60 boulevard de l’Égalité
83200 Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.fr
Théâtre de Grasse
2 avenue Maximin Isnard
06130 Grasse
04 93 40 53 00
http://www.theatredegrasse.com/
Théâtre du Briançonnais
45 avenue de la République
05100 Briançon
04 92 25 52 42
http://www.theatre-du-brianconnais.eu/
Agnes Freschel
| Mis en ligne le lundi 13 avril 2015 ·
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Chronique du 17 juillet 2015
« Braises » de la Cie Artefact
Quand Leïla se regarde dans le miroir, l’objet ne reflète pas la réalité que nous
voyons, celle d’une jeune fille en mouvement en train de se préparer pour son mariage.
Y gne une jeune femme stoïque, nous fixant dans un plan de plus en plus rapproché.
Ces jeux d’images illustrent l’idée qui se dessine au fil du dialogue des deux sœurs,
Leïla et Neïma. Cette dernière est éprise d’une émancipation qui intéresse sa sœur
trop effrayée pour s’y lancer, et balbutie dans les premiers émois amoureux.
Au cœur du monde moderne, Braises interroge la construction d’identité des
femmes parmi les modèles générationnels et interculturels avec leur pesant de
barrières. Aïni Iften est exceptionnelle dans son rôle de mère, enfermée à l’avant-
scène, aveugle face au public. Elle ondoie entre sagesse et fantaisie, par les maximes
qu’elle a confectionnées par son expérience. Elle peste contre les « loups » qui
stagnent dans ses escaliers, désorientée depuis la disparition de Neïma dans une
injustice qui dépassait sa capacité de protection.
La culpabilité traverse la pièce, entre ces femmes qui se remémorent en
permanence le traumatisme familial du viol et de l’assassinat de Neïma avec une
pudeur magnifique, que les images projetées de corps, emblématisent, mais que le
long monologue de récit brise, pour mieux frapper le spectateur au cœur.
La pièce est le support d’un mouvement de sens incessant, depuis le rap
d’introduction qui interroge « tu vas faire quoi, avec un BEP », avant de conclure sur
les règlements de compte au travers desquels on ne fait plus confiance aux forces de
l’ordre, mais aux amis. Le grondement électrique habite la salle, français et arabe se
croisent comme les femmes dialoguent sur leur identité, elles qui se perçoivent entre
deux pays, ce que Neïma tranchait en interrogeant sa mère : « Tu sais ce que c’est le
bled ? Un manuel de grammaire, pour apprendre à bien écrire le français ! »
Dans les non-dits du passé, la conscience des survivants n’est pas tranquille,
eux qui sentent la nécessité de l’action. Neïma traverse le plateau, crie du public que
liberté et respect ne sont pas contradictoires. Elle rappelle qu’elle ne connaît pas
l’Algérie, et ne comprend pas le renoncement de sa mère et de sa sœur. « Je vis dans
tes ruines », répète Leïla désemparée par la mort de sa sœur, qui elle la pacifie sur
l’absence de responsable, mis à part peut-être l’ignorance. « Il faut tenir », se pétait-
elle pendant son agression tragique, et la pièce nous souffle dans un écho moderne
percutant l’urgence de laction. Le troisième œil qui guettait le héros tragique antique
fonctionne encore dans cette pièce contemporaine, et nous surprend par sa justesse :
le chant envoûtant des comédiennes instille l’énergie à échelle humaine l’héroïne
décide de son propre rôle.
Anna Colléoc
Braises
By Antoine Guillot
Sur : http://www.carnetdart.com/braises/
Le 13 juillet 2015,
Confrontation de cultures qui n’existent pas.
Comment le français d’origine maghrébine peut-il s’identifier à l’histoire et la culture française
dans une famille ancrée dans les traditions berbères ou arabes. Quelle peut être la solution ? Se
créer une culture sur mesure ou s’approprier celle que la rigidité de la politique d’intégration ou
d’assimilation française rend inaccessible?
Braises pose les questions fondamentales de l’avenir de notre pays, de notre monde. Comment
survivrons nous au mélange des générations, histoires et cultures ? Comment vivons nous la
petite histoire personnelle au sein d’une société qui n’est pas prête à digérer ce métissage ?
Le texte est fort, juste, droit et efficace. Les comédiennes sont belles dans leur sincérité, leur
souffrance, leur incompréhension d’un monde qui bouge, leur amour ; celui qu’elles vivent et
qu’elles nous donnent.
Braises est une prouesse incroyable tenant en haleine toute la salle. Debout, les larmes aux yeux,
le sourire aux lèvres et les poils dressés. On peut regretter quelques coquetteries esthétiques du
metteur en scène. Mais on ne peut que s’incliner et adresser un grand merci à ce courage et cette
parole nécessaire.
Braises par la Compagnie Artefact de Catherine Verlaguet, mise en scène de Philippe Boronad
avec Manon Allouch, Leila Anis et Aini Iften.
Du 6 au 25 juillet (relâche le 15 juillet) à 12h55 à La Manufacture 2, rue des écoles.
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