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‘‘Hourya’’ de Leïla Toubel : La liberté faite femme
‘‘Hourya'' est une suite mûrie de ‘‘Solwen'', qui s'approche de l'essentiel et qui témoigne du talent, de
l'engagement et surtout de l'amour de Leïla Toubel pour la Tunisie.
Par Fawz Ben Ali
Après une avant-première plus que prometteuse de sa dernière création ‘‘Hourya'', la dramaturge et
comédienne Leïla Toubel a entamé son premier cycle de représentations le 1er mars 2017, à l'espace El Teatro,
à Tunis, devant un public venu en grand nombre.
Leïla Toubel avait mis la barre très haut avec sa précédente pièce de théâtre ‘‘Solwen'' et a dû travailler
d'arrache-pied en vue de réitérer ce succès. Ce n'était pas donné, mais elle y a réussi avec l'enthousiasme et
l'énergie qu'on lui connaît.
Avec ‘‘Hourya'', l'artiste passe du monodrame au spectacle musico-théâtral et invite, pour son grand retour sur
les planches, le jeune compositeur et pianiste franco-tunisien Mehdi Trabelsi.
Cette nouvelle création marque également la rupture de Leïla Toubel avec le ministère des Affaires culturelles,
à qui elle a «fièrement refusé tout soutien financier», annonce-t-elle.
Un merveilleux conte musical
Sur les planches d'El Teatro, s'est installé un imposant piano, orchestré par Mehdi Trabelsi habillé en rouge
bordeaux, prêt à nous embarquer dans son merveilleux conte musical, ayant pour vedette le personnage de
Hourya, qui, comme dans un chapitre des‘Mille et une nuits'', nous rappelle Shéhérazade par ses mots
ensorcelants, et on est comme Shahryar, tout ouïe.
En effet, Leïla Toubel a laissé plus que jamais libre champs à ses idées et à ses principes dans un plaidoyer
théâtral des plus virulents contre «les ennemis de la liberté». Grande oratrice, comme on la connait, elle traduit
dans ce spectacle toute la finesse et la clairvoyance de sa plume, sublimant le dialecte tunisien qu'elle accorde
pour la première fois aux notes du piano. Des compositions arrangées spécialement pour ‘Hourya'' par Mehdi
Trabelsi et qui ont donné davantage de cadence au texte.
Optant pour une trajectoire plus universelle que dans ‘‘Solwen'', notamment à travers le thème du terrorisme
qui n'épargne plus aucun pays, ‘‘Hourya'' dépasse le cadre de la «tunisianité» pour coller à tout être qui aspire
à la liberté, à la vie et à la paix, à travers une histoire d'amour impossible racontée sur un ton tragique, car on
est arrivé à un moment où on a peur d'aimer: «Qu'on me lapide moi et toutes les houris, qu'on lapide la beauté
et la jeunesse… Je continuerai à respirer l'amour et la paix jusqu'après ma mort !», s'écrie-Hourya.
Entre larmes, désolation et rires
L'émotion était palpable chez le public face à ce bout de femme plus éloquente et plus sincère que jamais qui
nous a invités à voyager dans son journal intime, qui n'est finalement autre qu'un miroir qu'elle nous tend pour
y voir notre réalité, et qu'elle évoque notamment lorsqu'elle se faufile dans la peu d'une animatrice de radio
appelée Paix FM.
Entre actualité sanglante, faits divers glaçants et chroniques désenchantées, on assiste à une synthèse de ces six
années écoulées après la révolution du 14 janvier 2011, et il faut dire que le bilan est loin d'enthousiasmer.
Tel une magicienne, Leïla Toubel a provoqué, le temps d'une heure et demi, les larmes, la désolation mais
aussi les rires, en effet, le spectacle vacille ingénieusement entre le drame et l'humour noir où on se lamente
autant qu'on rit du sort du pays et de celui du monde, car ‘‘Hourya'' est l'une des pièces actuelles les plus en
phase avec notre présent, un tableau peint avec ses deux couleurs fétiches le rouge et le blanc, couleurs du
drapeau national, traversé toutefois par un spectre noir, celui de l'obscurantisme et du deuil.
Pour qu'enfin triomphe l'amour
Après avoir vu la pièce, on saisit mieux le choix du nom ‘‘Hourya'' avec sa double connotation, celle du
personnage céleste de la promise vierge du paradis pour évoquer le dogme religieux d'une part, et la liber
d'une autre part.
La pièce titube ainsi entre la noirceur d'une réalité marquée par le terrorisme, l'échec des révolutions arabes et
la montée du radicalisme. Mais elle offre aussi un espoir pour qu'enfin triomphe l'amour et que règne la paix.
Innovante dans sa forme qui se veut plus spectaculaire notamment par le recours à la musique jouée en live,
‘‘Hourya'' a néanmoins gardé un contenu assez semblable à celui de ‘‘Solwen''; c'en est probablement une
suite mûrie, qui s'approche de l'essentiel et qui témoigne du talent, de l'engagement et surtout de l'amour de
Leïla Toubel pour la Tunisie, son sujet de prédilection par excellence.
L'actuel cycle de représentation se poursuit jusqu'au samedi 4 mars, le suivant est prévu pour les 9,10 et 11 du
même mois, à l'espace El Teatro, à El Mechtel.
Post date: 2017-03-03 08:39:54
Post date GMT: 2017-03-03 07:39:54
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