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Sur les planches d'El Teatro, s'est installé un imposant piano, orchestré par Mehdi Trabelsi habillé en rouge bordeaux, prêt à nous
embarquer dans son merveilleux conte musical, ayant pour vedette le personnage de Hourya, qui, comme dans un chapitre des
??Mille et une nuits'', nous rappelle Shéhérazade par ses mots ensorcelants, et on est comme Shahryar, tout ouïe.
En effet, Leïla Toubel a laissé plus que jamais libre champs à ses idées et à ses principes dans un plaidoyer théâtral des plus virulents
contre «les ennemis de la liberté». Grande oratrice, comme on la connait, elle traduit dans ce spectacle toute la finesse et la
clairvoyance de sa plume, sublimant le dialecte tunisien qu'elle accorde pour la première fois aux notes du piano. Des compositions
arrangées spécialement pour ??Hourya'' par Mehdi Trabelsi et qui ont donné davantage de cadence au texte.
Optant pour une trajectoire plus universelle que dans ??Solwen'', notamment à travers le thème du terrorisme qui n'épargne plus
aucun pays, ??Hourya'' dépasse le cadre de la «tunisianité» pour coller à tout être qui aspire à la liberté, à la vie et à la paix, à travers
une histoire d'amour impossible racontée sur un ton tragique, car on est arrivé à un moment où on a peur d'aimer: «Qu'on me lapide
moi et toutes les houris, qu'on lapide la beauté et la jeunesse? Je continuerai à respirer l'amour et la paix jusqu'après ma mort !»,
s'écrie-Hourya.
Entre larmes, désolation et rires
L'émotion était palpable chez le public face à ce bout de femme plus éloquente et plus sincère que jamais qui nous a invités à
voyager dans son journal intime, qui n'est finalement autre qu'un miroir qu'elle nous tend pour y voir notre réalité, et qu'elle évoque
notamment lorsqu'elle se faufile dans la peu d'une animatrice de radio appelée Paix FM.
Entre actualité sanglante, faits divers glaçants et chroniques désenchantées, on assiste à une synthèse de ces six années écoulées
après la révolution du 14 janvier 2011, et il faut dire que le bilan est loin d'enthousiasmer.
Tel une magicienne, Leïla Toubel a provoqué, le temps d'une heure et demi, les larmes, la désolation mais aussi les rires, en effet, le
spectacle vacille ingénieusement entre le drame et l'humour noir où on se lamente autant qu'on rit du sort du pays et de celui du
monde, car ??Hourya'' est l'une des pièces actuelles les plus en phase avec notre présent, un tableau peint avec ses deux couleurs
fétiches le rouge et le blanc, couleurs du drapeau national, traversé toutefois par un spectre noir, celui de l'obscurantisme et du deuil.
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