du quatrième trimestre a ramené les stocks commerciaux mondiaux à des
niveaux faibles. Dans les pays de l’OCDE, la situation est encore plus délicate.
Les entreprises ont massivement déstocké au troisième trimestre 2002, ce
qui a créé de fortes tensions les mois suivants : au quatrième trimestre, les
stocks de l’OCDE ne couvraient que 51 jours de la consommation attendue
pour les prochains mois, contre 55 jours un an plus tôt. Le taux de couverture
était revenu au niveau de l’été 2000.
Les tensions ont persisté au début de l’année 2003. Selon l’AIE, la
production mondiale n’aurait augmenté que de 0,5 mbj sur les deux premiers
mois du trimestre par rapport au quatrième trimestre 2002, freinée en janvier
par la poursuite de la grève au Venezuela. En février cependant, l’OPEP a
décidé d’un nouveau relèvement de ses quotas (après celui de janvier destiné
à ramener les quotas aux niveaux de la production effective, et donc à effacer
les dépassements) pour compenser le retrait de la production du Venezuela.
En février, la production de l’OPEP hors Irak dépassait la production
antérieure à la grève. Ultime soutien à l’offre, la production irakienne a, jusqu’à
son arrêt le 17 mars, rarement été aussi élevée que depuis octobre : elle
avait retrouvé ses 2,5 mbj qui apparaissent comme son maximum de
production. Face à une offre qui reste insuffisante au regard des besoins, les
stocks commerciaux de l’OCDE continuent de baisser. Ceux des États-Unis,
tant de pétrole brut que de produits pétroliers atteignent des niveaux histo-
riquement faibles (jamais égalés depuis le premier choc pétrolier).
… et des facteurs de risque qui demeurent forts
Si les tensions sur le marché réel restent vives au début d’année, la baisse
de la demande saisonnière attendue à partir d’avril prochain (baisse attendue
comprise entre 1,5 et 2 mbj) devrait se traduire par une baisse des prix
sous- jacents (hors effet tensions internationales) dès maintenant. Mais encore
faut-il que plusieurs hypothèses prises en compte par les marchés soient
réalisées.
Ces hypothèses qui sont celles que nous reprenons ici s’appuient sur l’idée
que le conflit sera court et efficace. Ce scénario malgré tout ne protège pas
le marché de certaines perturbations qui pourraient arriver à court terme.
La production de l’Irak, arrêtée le 17 mars, pourrait être suspendue
pendant une partie de l’année 2003 (lors du conflit de 1991, la réparation
des puits incendiés au Koweït avait duré plus d’un an avant de ramener la
production à son niveau initial) tandis qu’une partie de la production du nord
du Koweït devrait s’interrompre le temps du conflit avant de reprendre
progressivement, malgré quelques frictions encore possibles dans la région.
Si l’OPEP n’a cessé d’affirmer qu’elle compensera la baisse de production
liée au conflit, ses marges de capacités disponibles restent limitées. En février,
selon l’AIE, les 9 pays membres (hors Venezuela qui de toute façon ne dispose
pas de capacités non utilisées) disposaient au total de 1,7 mbj de marges. Or
si l’on enlève la production de l’Irak et la moitié de celle du Koweït aux
capacités disponibles (soit une baisse de 3,5 mbj les premiers temps), la perte
de production ne peut être couverte par les autres pays membres, même à
supposer que l’Arabie saoudite augmente sa capacité de 1 mbj d’ici juin. Cette
difficulté est renforcée actuellement par la situation (politique interne) au
MATIÈRES PREMIÈRES : PÉTROLE EN FEU
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Revue de l’OFCE 85
MATIÈRES PREMIÈRES