3e partie Epreuve composée – Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (Durée : 2h) : A l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez quels mécanismes peuvent conduire à la dépression. (Dossier comprenant 3 documents) Doc 1 Avec la fin du boom technologique des années 1990, ponctué par la crise financière de 2000-2001, le secteur bancaire, à la recherche de nouvelles sources de rendement, s’est notamment reporté vers l’immobilier [et] a encouragé l’endettement hypothécaire1 des ménages. Mais alors que le revenu disponible médian de ces derniers stagnait en termes réels, cette hausse de l’endettement n’a été possible que par le développement d’innovations financières et la détérioration de la qualité des prêts. Les banques leur ont aussi prêté en prévision de la hausse des prix des actifs, ici immobiliers, gagés comme collatéral2. La boucle prix d’actifs-endettement était alors lancée, les prix étant soutenus par la demande des ménages, elle-même tirée par l’endettement, qui s’appuyait à son tour sur la hausse des prix immobiliers, devenue également auto-entretenue par le jeu des anticipations. Avec le recul, deux causes principales semblent pouvoir expliquer la phase de retournement : une légère remontée des taux longs au cours de l’année 2005, qui a pu contribuer à déprimer légèrement la demande de logement, et un ralentissement du relâchement des conditions de crédit qui était en cours depuis plusieurs années. De par leur fonctionnement et leur rôle, les institutions de crédit vont accentuer ce phénomène : lorsqu’elles anticipent des hausses de prix, elles vont tendre à assouplir les conditions de crédit, comptant notamment sur le fait qu’un acheteur en difficulté pour rembourser son prêt aura toujours la solution de revendre son bien immobilier avec une plus-value. À l’inverse, lorsqu’elles anticipent des baisses de prix, les institutions financières vont durcir les conditions de crédit et, ainsi, déprimer encore plus la demande de logement des ménages. Cette restriction du crédit sera d’autant plus marquée que les banques subiront des pertes à cause des prêts consentis lors de la période d’expansion, à des conditions éventuellement trop accommodantes : du fait de ces pertes, elles auront besoin de réduire leur exposition au risque, et se montreront plus sélectives dans l’octroi de crédit. Les entreprises ont été touchées par le durcissement du crédit et ont perdu confiance dans leurs perspectives, tandis que les ménages ont réduit leur consommation, à la fois à cause du durcissement des conditions de crédit à la consommation, d’effets de richesse immobilière et de moindres possibilités d’extraction de crédit à partir de leurs biens immobiliers. Vincent Grossmann-Wirth, Sophie Rivaud et Stéphane Sorbe « Comprendre la formation de la bulle immobilière américaine et son éclatement » in Économie et Statistiques n° 438–440, INSEE, 2010 1 : relatif au droit accordé à un créancier sur un immeuble en garantie du paiement de la dette par l’emprunteur. 2 : Un collatéral est un actif transférable ou une garantie apportée, servant de gage au remboursement d'un prêt dans le cas où le bénéficiaire de ce dernier ne pourrait pas satisfaire ses obligations de paiement. Doc 2 Taux de variation annuelle de la demande1 et de l’investissement productif2 dans la zone euro de 1996 à 2013 (prévisions pour 2012 et 2013) – en % 1 : La demande est mesurée ici par la somme des consommations finales publiques (G) et privées (C), et des exportations (X). 2 : L’investissement productif est mesuré par la formation brute de capital fixe. Source : Eurostat, prévision OFCE mars 2012. Doc 3 : Evolution de la production et du chômage de 2008 à 2012 et prévisions de croissance en 2012 Etats-Unis Allemagne France Espagne Italie Zone euro Taux de variation PIB + 2,2 + 1,7 - 0,8 -5,2 - 6,7 - 1,7 (en %) du 1er trim. PIB/ -1,6 + 2,6 - 3,1 - 6,2 - 8,8 - 5,3 2008 au 2nd trim. habitant 2012 (OFCE) Variation du chômage (en + 3,2 - 1,2 + 2,6 + 15,5 + 4,2 + 4,0 points) du 1er trim. 2008 au 2nd trim. 2012 (OFCE) Poids dans le PIB mondial1 20,8 4,2 3,1 2,0 2,6 15,5 (en %) Taux de croissance du Pib en + 2,2 + 0,8 + 0,1 - 1,4 - 2,4 volume en 2012 prévue par l’OFCE (en %) Ecart entre le taux de croissance - 4,05 + 0,19 - 3,02 - 4,84 - 4,22 économique prévue et la croissance potentielle en 2012, en % de la croissance potentielle (FMI ) Impact des restrictions - 2,1 - 1,9 - 3,0 - 5,6 - 4,5 budgétaires domestiques et étrangères en 2012, en points de croissance, (OFCE) 1 : Pondération selon le PIB et les parités de pouvoir d’achat de 2008 estimés par le FMI. 2 : non disponible Sources : Comptabilités nationales, calculs OFCE et FMI. Octobre 2012 - 0,5 - 2,37 n.d.2 TES 3 – 1er trimestre Pour la partie 3 de l’épreuve composée, il est demandé au candidat de traiter le sujet : - en développant un raisonnement ; - en exploitant les documents du dossier ; - en faisant appel à ses connaissances personnelles ; - en composant une introduction, un développement, une conclusion. II sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.