Journal Identification = JPC Article Identification = 0270 Date: April 11, 2014 Time: 2:46 pm
34 J Pharm Clin, vol. 33 n◦1, mars 2014
R. Lecointre, M.P. Dakessian
En 2006, l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
a diffusé [1] cinq grands projets dans le domaine
de la sécurité des patients.
La conciliation des traitements médicamenteux (CTM)
a été définie comme l’une des priorités à mettre en œuvre
dans le parcours de soins. En effet, cette activité vise à
assurer une «sécurité de la prescription médicamenteuse
aux points de transitions ». Sa finalité est de prévenir les
erreurs iatrogènes pouvant survenir dans le parcours d’un
patient au sein d’un système de soins.
En France, la dernière Enquête nationale sur les évé-
nements indésirables liés aux soins (ENEIS) de 2009 a
mis en évidence une fréquence de 6,2 événements indé-
sirables graves pour 1 000 hospitalisations en rapport
avec la prise en charge médicamenteuse. Cela correspond
à un événement tous les cinq jours pour une unité de
soins de 30 lits [2]. Cette étude a également montré une
augmentation de cette moyenne au sein des services de
chirurgie.
Face à ce constat, la CTM s’est peu à peu développée
dans les établissements de santé afin de lutter contre la
iatrogénie médicamenteuse. Pour être pertinente, elle doit
être réalisée, par des professionnels de santé, à des points
jugés «critiques »dans le parcours d’un patient. Il s’agit
de l’admission, d’un transfert et de la sortie.
Cette activité doit permettre la mise en évidence de
divergences intentionnelles ou non intentionnelles entre
le traitement habituel du patient et la prescription hospi-
talière [3].
Une divergence intentionnelle se caractérise par une
modification volontaire et argumentée de la prescription.
A contrario, un écart non intentionnel avec les données
initiales est une erreur de prescription.
D’autre part, le processus de conciliation s’inscrit dans
le contexte réglementaire actuel dont les objectifs sont
la sécurisation du parcours de soins. En effet, l’arrêté du
6 avril 2011 [4] impose les modalités à mettre en applica-
tion «afin d’assurer la continuité des soins et garantir la
sécurité du patient ».
De plus, le critère 20.a de la certification de la Haute
autorité de santé précise l’importance de la mise en œuvre
d’actions visant à améliorer le management de la prise en
charge médicamenteuse du patient [5].
Suite à ces différentes constatations, la clinique du Parc
à Lyon a mis en place une activité de conciliation au sein
du département pharmacie depuis avril 2013.
Notre établissement est une structure privée à
but lucratif de 220 lits spécialisée dans la chirurgie
programmée.
L’orthopédie et l’ophtalmologie constituent les deux
principales activités chirurgicales de l’établissement.
Dans la majorité des cas, les patients sont vus en
consultation d’anesthésie avant leur admission program-
mée. Durant cet entretien, le traitement médicamenteux
personnel du patient est saisi dans le logiciel de prescrip-
tion informatique par le médecin.
Avant l’admission du patient, chaque ordonnance
d’admission est validée par l’équipe pharmaceutique
selon la méthodologie de la Société franc¸aise de pharma-
cie clinique [6, 7] et les traitements sont fournis à l’unité
de soins de manière nominative.
L’accès au dossier patient permet de réaliser une
conciliation médicamenteuse partielle (puisqu’unique-
ment basée sur l’ordonnance de ville) en mettant en
rapport les prescriptions des traitements en cours et
la prescription hospitalière. Les ordonnances du patient
sont scannées et accessibles afin de réaliser la valida-
tion pharmaceutique. Le Bilan médicamenteux optimisé
(BMO), qui consiste à avoir recours à plusieurs sources
d’information, ne peut pas être réalisé de manière opti-
male. Cette première étape de conciliation est réalisée en
l’absence du patient au sein de l’établissement, ce qui
prive le pharmacien d’un entretien. En cas d’interrogation
sur un problème constaté, le pharmacien doit attendre
l’admission du patient pour pouvoir poursuivre ses
investigations (interrogatoire patient/entourage, contact
officine...).
Au final, toute divergence constatée est notifiée
au prescripteur via l’outil informatique afin de tracer
l’intervention pharmaceutique. Un contact téléphonique
est également entrepris afin de discuter du problème
rencontré.
Les médicaments post opératoires viennent ensuite se
rajouter à la prescription d’admission.
Cette étude a pour but de réaliser un premier bilan
de notre activité après quelques mois de pratique, afin de
pouvoir quantifier et qualifier les divergences rencontrées
lors de la validation des traitements.
Matériels et méthode
Notre étude prospective s’est déroulée sur une période
de quatre semaines. Tous les patients admis en hospitali-
sation complète ont été inclus dans ce suivi ainsi que les
malades entrant dans un contexte d’urgence chirurgicale.
L’activité de conciliation a été réalisée au moment de
la validation des traitements personnels des entrants. Le
processus relatif à l’activité de conciliation est représenté
sur la figure 1.
Le pharmacien, grâce à l’accès au dossier patient infor-
matisé, pouvait prendre connaissance des médicaments
utilisés au moment de l’admission par le patient.
Les différentes informations utilisées lors de la
conciliation ont été reportées sur une feuille de suivi
(figure 2).
Les éléments recueillis sont les suivants :
– l’identité du patient (non, prénom, âge et sexe) ;
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