Théâtre d`Intérêt Général Synopsis : Des jeunes

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héâtre
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d'
ntérêt
G
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Synopsis :
Des jeunes (petits) délinquants se retrouvent pour 15 jours de TIG dans un centre d'éducation. Ils
ont pour mission de travailler des scènes de Shakespeare en vue d'une représentation pour la maison
de retraite. Le théâtre va leur servir d'exutoire entre humour et émotion. Choc du langage,
décorticage agité des émotions adolescentes.
Durée approximative : 50 minutes
Décor :
Un praticable et une table pour pouvoir s'asseoir et grimper dessus.
Personnages : 8 filles, 3 garçons
Tous les personnages doivent être attachants.
- VAYA : vol à l'étalage, coups et blessures à un vigile. Rebelle venant d'un milieu défavorisé mais
qui a une sensibilité pour le théâtre (peut avoir l'accent « banlieue »).
- VANESSA : elle a créé un blog en se faisant passer pour une fille qui avait besoin d’argent pour se
faire greffer un nouveau foie... Complètement inconsciente. Gentille mais pas futée.
- JENNYFER : elle a bousillé la bmw de son père parce qu'il est violent avec sa mère. Le père a
dénoncé sa fille. Naïve, elle rêve de devenir danseuse à Paris.
- ANNALABELLA : asociale, hyper sensible. Un peu autiste. Brillante analyste des émotions(peut
avoir un look gothique émo).
- SANDY : vol à l'étalage par ennui. Pauvre petite fille riche qui ne sait pas comment combler le
vide abyssal de sa vie bourgeoise. A vécu une déception amoureuse. Gentille dans le fond.
- TESS : sévices sur animal. Elle a shooté dans des chats. Foncièrement dérangée. Enfant de la
DASS, elle parle très peu et se prend pour un chat. Il faut dire que ses parents, dans une sorte de
déni de grossesse, l'ont élevé comme un chat pendant quelques mois avant que l'assistance la leur
confisque. Elle a un doudou (un chat...).
- JONAS : insultes à un policier lors d'un contrôle de routine. Banlieusard frimeur qui soigne son
look. Ce n'est pas une lumière.
- MAX : le gardien du centre d'éducation. Un beauf qui cache une passion pour les comédies
musicales.
- DOROTHY : l'éducatrice. La mère poule à côté de la plaque. Une vieille fille vieille France. Robe
à fleur. Rire nerveux et déglingué presque à chaque réplique.
- ONDELINE : metteuse en scène très intello. En fait, une célibataire dépressive qui court après les
petits cachets.
- FEDERICO : metteur en scène très « contemporain ». Cocaïnomane excentrique auto-centré.
Théâtre d'Intérêt Général – Matthieu Berthélémé
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Tess est sur la scène en train de faire des pompes et des abdos à fond. Ondeline (carnet pour
prendre des notes) et Federico (ordinateur portable) entrent dans la salle et essayent de lui parler.
FEDERICO : Excusez-moi ?
ONDELINE : S’il-vous plaît ?
FEDERICO : Oho ?
ONDELINE : Vous comprenez ce que nous disons ?
Tess s’arrête, s'approche du bord de scène lentement, leur hurle dessus et part en courant.
DOROTHY : (elle débarque sur scène en rajustant sa tenue et ses cheveux. On devine qu'elle sort
d'une étreinte fougueuse et ne s'attendait pas à les voir aussi tôt.) Bonjour, je suis Dorothy
l’éducatrice. C’était Tess. (rire gêné et un peu déglingué) Elle fait partie des jeunes qui suivent le
programme de réinsertion par le théâtre. Ils vont arriver d’une minute à l’autre. Ils sont un peu
anxieux mais j’ai une grande confiance en leur motivation. (elle explose de rire sans raison) Ils sont
ici pour effectuer 15 jours de travaux d’intérêt général auxquels ils ont été condamnés pour des
petites fautes… des tous petits actes de délinquance… (rire à nouveau)
MAX : (Entrant dans la salle avec un aspirateur) Ah c’est vous qui venez pour le théâtre ! Et ben
ça promet ! Je vous souhaite bien du courage !
DOROTHY : Heu… Je vous présente Max, le gardien du centre.
MAX: Je vous préviens, ça va pas être coton votre boulot, les cocos ! Parce que c’est pas des
enfants de chœur. Ça serait plutôt du genre cas désespérés ! Le théâtre, ils y connaissent que dalle !
DOROTHY : Max ? Vous voulez bien vous occuper de ces messieurs dames, je vais chercher les
jeunes. (elle sort)
MAX: Bon, z’êtes le jury, un truc du genre, si j’ai bien compris ? Y vous faut quoi ? Une table pour
prendre des notes et de quoi poser vot’ cul ?
FEDERICO : Eh bien...
MAX : Ben vous pouviez pas l’dire ? (tout en installant une table et des chaises en bas de la scène)
J’les connais ceux dans vot’ genre, j’les vois à la téloche ! Vous allez faire défiler toute cette bande
d’abrutis pour votre casting et vous allez bien vous fout’ de leurs gueules !
ONDELINE : Nous ne sommes pas à proprement parler un jury…
MAX : (il ne la pas écoutée) Ben vous aurez de quoi vous marrer parce que y’en a pas un qui a un
gramme de talent artistique ! Bougez pas, y vont venir vous voir sur le plancher.
FEDERICO : Le plancher ?
MAX : Ben, l’estrade, quoi !
ONDELINE : On dit « le plateau ».
MAX : Quoi ?
ONDELINE : Ce n’est pas un plancher ni une estrade. C’est un plateau de théâtre.
MAX : Un plateau c’est pour servir. Ça, (il claque sa paume sur la scène) c’est des planches. Donc,
c’est un plancher. (pour lui, en sortant) Qu’y sont cons…
FEDERICO : J’ai ressenti comme une certaine aigreur dans sa voix…
ONDELINE : Il semble que nous devons attendre. (ils s'installent)
DOROTHY : (revenant) Ça y est ! En voilà une.
Sandy entre sur scène les bras croisés. Elle mâche un chewing-gum.
ONDELINE : Prénom ?
SANDY : Sandy.
FEDERICO : Bien, Sandy. Qu’est-ce que vous nous avez préparé?
SANDY : Quoi ?
ONDELINE : Vous avez travaillé un texte ?
SANDY : Ouais…
FEDERICO : Eh bien on vous écoute.
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SANDY : (silence) Allez vous faire mettre.
Elle sort.Il apparaît clairement que contrairement à ce que pensent les intervenants, les jeunes
n'ont pas préparé de scènes.
ONDELINE : Quelle effrontée !
FEDERICO : Moi je trouve qu’il y a du style.
ONDELINE : Du style ?
DOROTHY : (traversant la scène) Tout se passe bien ?
FEDERICO : Suivant.
Jonas entre.
JONAS : Ouais, quoi ? Y’a un blème ? Pourquoi tu m’regardes avec vos yeux, toi ?
FEDERICO : Et bien nous attendons que tu nous fasses quelque chose…
JONAS : Quoi ? Tu sais c’que j’vais faire, moi ?Tu sais ? Ouais, tu sais pas ! Eh ! Comment j’t’ai
niqué ! T’as vu comment j’t’ai, mais, fermé ta bouche ! (il imite Fedérico) « Et bien nous attendons
que tu nous fasses quelque chose… » Comment t’as trop rien à dire avec ton cerveau ! Eh, t’sais
quoi ? T’as même pas la Wifi dans ta tête, vous deux, là ! Trop pas connecté sur mon style, les 2
bolos. Eh ? Tu m’as vu, madame et monsieur ? Ouais ben, là tu va plus me voir ! J’vais
m’disparaître comme j’étais venu…(Il se cache derrière le rideau puis passe la tête) Alors ? Hé !
Ça tue, hein ? Il sort.
ONDELINE : Sans commentaire. Suivant !
Annalabella entre, hésitante.
ANNALABELLA : -te…
FEDERICO : Pardon ?
ANNALABELLA : Suivant-te... Bonjour. Mademoiselle. Monsi… Bonjour.
ONDELINE : Prénom ?
ANNALABELLA : Annalabella.
ONDELINE : Le prénom suffira, Anna.
ANNALABELA : Mais c’est mon prénom… (elle sanglote) C’est mon prénom… (en pleurant) Je
m’appelle Annalabella…
ONDELINE : C’est pas mal…
FEDERICO : Un peu surjoué, non ?
ANNALABELA : (colère éplorée) Mais puisque je vous dis que c’est mon prénom ! Vous vous
moquez ?!! C’est ça ?!! Ils se moquent tous ! TOUS ! Je les HAIS ! JE VOUS HAIS ! (Soudain
implorante) Alors que je voudrais… vous aimer…
FEDERICO : Non, vous en faites vraiment des tonnes, ma petite. Un peu de sobriété.
ONDELINE : Pour ma part j’ai été très touchée, Anna. Vous pouvez y aller.
ANNALABELA : (en partant) Annalabella… En un seul mot. Annalabella…
FEDERICO : Tu penses qu’elle s’appelle vraiment Annalabella ?
ONDELINE : Après coup… C’est peut-être son prénom…
FEDERICO : Suivant.
Entrée de Vanessa super contente.
VANESSA : Bonjour, je m’appelle Vanessa. Je vous le dis tout de suite ?
FEDERICO : Quoi donc ?
VANESSA : Mon secret !
ONDELINE : Votre secret ?
VANESSA : Ben oui, secret story, c’est la maison des secrets et moi j’en ai un vachement bien !
FEDERICO : De quoi est-ce qu’elle parle ?
VANESSA : Allez, je vous le dis ! Je suis ma sœur !
ONDELINE : On dit masseuse, jeune fille…
VANESSA : Mais non ! Je suis ma sœur ! Ma frangine quoi ! Bon, c’est un peu compliqué. Quand
ma mère était enceinte de moi, l’échographeur - celui qui fait les échographies - a dit : « C’est un
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garçon ! » Le mec était bourré ou je sais pas, bref, le jour de l’accouchement, paf ! Une fille. Et
c’est ça mon secret ! Je devais être un fils mais en fait je suis une fille. Donc je suis pas le fils mais
sa sœur. Donc ma sœur. Dingue, hein ? (silence) Je sais pas si vous comprenez.
FEDERICO : Suivant.
VANESSA : Ça veut dire que je suis prise ?
Entrée de Vaya.
VAYA : Ça veut dire que t’es prise pour une bouffonne. Tu vois pas que c’est pas pour secret story ?
T’as vu leurs fringues ? Ça se voit qui sont pas de la télé. Y sont sapés comme au 19 è siècle ! T’es
sûre que t’es dans ton corps, toi ?
VANESSA : (vexée) Moi ? J’suis dans le corps de ma sœur ! Et toc ! (Elle sort puis revient) Et c’est
mon secret !
Elle sort.
VAYA : C’est pas sa faute. Elle a pas été bien finie, un truc comme ça. Bon, j’fais quoi ?
FEDERICO : Prénom ?
VAYA : Moi ?
ONDELINE : Vous voyez quelqu’un d’autre sur le plateau ?
VAYA : Le pl… ? (elle ne voit pas de quoi ils parlent) Vaya.
FEDERICO : Qu’est-ce que vous avez préparé ? Un monologue ?
VAYA : Un quoi ?
ONDELINE : Un poème, peut-être ?
VAYA : Heu… Ah ouais, j’connais un. « Le corbeau et le renard », Jean de La Fontaine. Maître
renard sur un arbre perché tenait dans sa bouche un renard. Heu… Maître corbeau… ‘Tain,
j’m’embrouille, là ! Attends, un autre… Heu… Attends. Ah, ça y est ! « Une souris verte » Jean
de… Du lac. Une souris verte, qui courait dans l’herbe, je la roule et je la fume…
ONDELINE : C’est bon merci.
VAYA : Ouais ben, quand vous voulez !
Elle sort. Entrée de Jennyfer, elle fait une chorégraphie très... personnelle. En gros, c'est assez
pathétique même si on voit qu'elle se donne à fond. Elle salue.
JENNYFER : Et encore, y’avait pas la musique !
FEDERICO : Prénom ?
JENNYFER : Jennyfer.
ONDELINE : Merci. Suivant.
JENNYFER : Non, vous pouvez pas me faire ça ! J’ai bossé comme une dingue pour en arriver là.
Je sais depuis que j’ai 2 ans que si la France a un incroyable talent, c’est moi ! Prenez-moi ! Je vous
supplie ! Prenez-moi ! Je veux monter à Paris et faire le prime ! Je donnerai tout ! Je ne vous
décevrai pas ! (elle chante) I got to move it move it!
Elle sort en dansant. Entrée de Tess.
TESS : (en chuchotant) Bonjour. (soudain toute contente) Gros poutoux ! (Elle saute de scène et va
leur faire des bises)
FEDERICO : Prénom ?
TESS : J’m’appelle Tesssss… J’ai fait des bêtises… C’est pour ça je suis ici... pour faire la
punition… J’ai lancé des chats… Sur les murs…
ONDELINE : Pardon ?
TESS : L’les ai pris, j’les ai jetté y sont pas resté collés alors j’étais pas content j’ai shooté dans leur
gueule et y ont plus bougé. (elle a joint les gestes à la parole en se servant de son doudou chat.
silence. Elle s’avance vers eux) T’as pas du shampoing ? J’ai faim.
ONDELINE : Suivant.
TESS : Ouais ! Super ! (elle sort en sautillant)
FEDERICO : Je trouve qu’il y un quelque chose chez cette Tess… Quelque chose d’animal qui…
Pendant qu'il parlait, Tess s'est faufilée sous leur table. Elle en sort en hurlant. Fredrico et
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Ondeline hurlent aussi. Tess part en crachant. Dorothy apparaît sur scène toute contente.
DOROTHY : Alors? Ils sont bien, hein ?
NOIR
Tous (sauf Max) sont sur scène. Ondeline et FEDERICO sont à l'extrême cour pour l'une et jardin
pour l'autre en bord de scène. Places qu'ils vont garder tout au long du spectacle. FEDERICO sera
assis en tailleur prenant des notes sur son pc portable, Ondeline debout avec son carnet.
ONDELINE : Bon, écoutez… Je m’appelle Ondeline Deshautbois je suis dramaturge de formation
professionnelle. Et voici mon assistant FEDERICO Barciadola.
FEDERICO : Nous avons accepté cette création artistique très particulière parce que nous n’avons
trouvé que ça... (se reprenant) non, nous avons trouvé que ce... contrat... nous rapprochait de
l’humanité tangible de la réalité. Mon assistante et moi-même allons vous faire découvrir la
puissance de l’expression scénique qui contribuera à vous faire devenir des corps et des âmes
nouvelles...
ONDELINE : Nouveaux...
FEDERICO : Des corps et des âmes nouveaux ?
ONDELINE : Le masculin l’emporte.
FEDERICO : (déçu)Ah oui...
DOROTHY : Voilà le programme ! C’est bien, hein ?
JONAS : Rien capté…
ONDELINE : Bien, je prends les commandes de notre premier entraînement.
VAYA : On va faire du sport ? J’vous préviens, j’me suis déjà faite virer de la boxe parce que je
tapais trop fort, alors faites gaffe !
FEDERICO : Le théâtre est tout sauf dangereux pour le corps. Ondeline va au contraire vous aider à
accepter votre corps et à libérer votre esprit.
VANESSA : Alors après on sera comme toi ? Supers sûrs de nous et…
FEDERICO : (flatté) Et bien, je vous le souhaite !
VANESSA : Et supers prise de tête aussi ?
FEDERICO : Ondeline… Bonne chance !
ONDELINE : Placez-vous tous face à moi. Allez, jeunes gens ! Une belle ligne, s’il-vous plaît !
DOROTHY : Allez ! Ça fait partie de votre devoir envers la société !
ONDELINE : En ligne, j’ai dit ! En li-gne !!!
DOROTHY : C’est parce qu’ils sont timides !
ONDELINE : Dorothy, mettez-vous avec eux pour donner l’exemple !
DOROTHY : Moi ? Mais je…
ONDELINE : S’il-vous plaît !
DOROTHY : Max ! Max !
MAX : (il débarque prêt à en découdre) Quoi ? C’est l’bordel ?
DOROTHY : Aidez-moi, Max ! Il faut qu’ils se placent en ligne !
MAX : (sortant son portable) Oh, bande de dégénérés ! J’appuie sur cette touche et je tombe direct
sur le bureau du juge ! Je donne un nom, un prénom et c’est double peine !
Tous viennent se placer en vitesse.
ONDELINE : Parfait ! Dorothy et Max, je compte sur vous pour rester présents afin d’assurer le
calme et l’obéissance pendant que je m’occupe de la partie théâtrale !
MAX : Pas d’problème !
DOROTHY : Oh, Max ! Sans vous….
MAX : Je sais, t’es folle de mon corps. Bon, on commence ?
ONDELINE : Voici un exercice par lequel nous débuterons chaque séance quotidienne. Quand vous
serez prêts à le réaliser parfaitement, nous pourrons alors commencer à travailler sur le spectacle.
TOUS : Le spectacle ???
DOROTHY : Le spectacle ? Mais je n’étais pas au courant…
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ONDELINE : Et bien…
FEDERICO : Comme nous vous l’avons déjà dit, nous sommes metteurs en scène. Et nous nous
sommes engagés à créer et produire un spectacle pour un public défavorisé qui n’a pas la chance
d’accéder à l’art théâtral.
DOROTHY : Mais quelle bonne idée ! C'est si... solidaire !
SANDY : Super. Et on va jouer pour qui ?
FEDERICO : La résidence des lilas.
JENNYFER : Mais c’est une maison de retraite !
ANNALABELLA : J’ai peur des vieux…
JONAS : Quoi ? On va aller faire les bolos chez les viocs !?
DOROTHY : Mais oui! Nous allons égayer le quotidien de nos anciens !
VAYA : Non mais vous pouvez pas nous faire ça ! C’est horrible !!!
VANESSA : Ça peut les faire claquer, les vieux !
FEDERICO : De toute façon le contrat est signé et c’est très bien rémunéré.
VAYA : On va être payés ?
FEDERICO : Non, pas vous…
ONDELINE : Donc, 1er exercice…
VAYA : Y s’font d’la tune sur not’ dos !
MAX : Bon, ça suffit ! On écoute la dame !
ONDELINE : 1ère séance. 1er exercice : Il s’agit de se placer en bord de scène et de crier son prénom
tout en effectuant une action avec son corps. Exemple. On… de… li… neuhhhhh… (elle fait un
truc très bizarre). A vous. On commence par là !
Chacun son tour fait l’exercice. Vanessa, Jennyfer et Dorothy à fond. Max fait un salut militaire.
Annalabella ne fait rien. Sandy soupire. Jonas se vautre en voulant faire un tour sur lui-même. Vaya
fait le minimum. Tess n’a pas compris et sort comme si elle suivait un papillon.
ONDELINE : Nous reprendrons demain et les jours suivants.
NOIR
ème
er
ONDELINE : 2 séance. 1 exercice.
Aucune évolution sauf : Jonas boude.
NOIR
ONDELINE : 3ème séance. 1er exercice.
Aucune évolution sauf : Tess miaule.
NOIR
ONDELINE : 4ème séance. 1er exercice.
Évolution :
VAYA : (comme si ça sortait d'un coup, que ça venait de loin, en frappant dans le vide) VAYA,
PUTAIN !!!!
Tout le monde applaudit. Elle est super fière. Jonas réussit à faire son tour sur lui-même. Tout le
monde applaudit. Il se prend le rideau.
NOIR
ONDELINE : 5 ème séance. 1er exercice.
SANDY : Bon… Sandy… Elle fait une petite révérence ironique.
DOROTHY : Alors ? Ils sont prêts ?
ONDELINE : Cela me semble évident.
Tess fait le chat en colère et part. Max la poursuit. Dorothy rigole.
MAX : Tess ! Tess ! Au pied !
JONAS : Et en fait, ça sert à quoi ?
FEDERICO : C’est un acte de confiance aigu. Un engagement du corps dans l’expressivité
nouvelle. La promesse d’une sincérité vierge et dépolluée de toute préoccupation narcissique !
JENNYFER : En fait, c’est vous les malades !
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SANDY : Ouais. Deux pauvres théâtreux ratés pour s’occuper d’une bande d’handicapés de la vie...
JONAS : T’es qui toi pour nous me traiter tous d’handicapés d’la life?
SANDY : Comme toi. Une handicapée d’la life...
JONAS : Hé mais chuis pas une meuf !
VAYA : Et toi tu crois que tu vas me faire pleurer avec ton handicap ? Ca s’voit trop qu’t’es pêtée
d'tune ! Il est où ton handicap ?
JONAS : Elle m’a traité de meuf, là ?
SANDY : Laisse tomber...
MAX : (revenant avec Tess qui lape une bassine) Les chieurs...
VANESSA : C’est pas parce qu’elle est riche qu’elle moins handicapée que toi, hein !
JONAS : Qui, moi ?
ANNALABELLA : (colère) Mais arrêtez de parler de handicap, bordel ! Tout le monde va bien,
ici ! Personne n’est handicapé ! (tristesse) On est juste un peu... inadaptés... un peu à côté... On a
juste raté un train...
VAYA : (regardant Tess) Ouais ben ce train, y’en a qui se le sont pris en pleine gueule...
ANNALABELLA : (colère)J’veux pas qu’on dise des mots dont on ne comprend pas le sens !
J’veux pas ! J’veux pas !
DOROTHY : Ça va aller, Annabella. Ça va aller...
ANNALABELLA : (en pleurant) Mais ça va...
VANESSA : On a juste pris quinze jours de travaux d’intérêt général ! Ça va aller !
VAYA : Moi j’me suis fait piqué à chourer des fringues dans une solderie. Quinze jours de TIG pour
un slim à 39€. Sympa, non ?
DOROTHY : Tu as quand même oublié de dire que tu avais tapé très fort dans les parties sensibles
du vigile, Vaya...
MAX : Et lui, c’est 15 jours d’arrêt de travail qu’il a pris !
VAYA : Ben il avait qu’à pas fourrer ses grosses mains partout pour me fouiller !
SANDY : Tu voulais qu’il te fouille comment ? Avec son nez ?
VANESSA : Moi, j’ai tenu un blog pendant un an et demi en me faisant passer pour une fille qui
était trèèèès malade et qui avait besoin d’argent pour se faire greffer un nouveau foie. Pas mal,
hein ?
JONAS : Dégeu...
JENNYFER : Et ça a marché ? T’as gagné de la tune ?
VANESSA : Ouais, assez pour m'acheter un foie et payer le chirurgien.
VAYA : Putain...
VANESSA : Mais l’opération n’a pas marché...
JENNYFER : Mais... t’étais pas malade en vrai...
VANESSA : Ben non... C’est juste après l’auscultation avec le chirurgien que je me suis faite
choper...
ANNALABELA : Je suis claustrophobe...
JONAS : De quoi ?
VAYA : (A Jonas) C’est quand t’as peur d’être enfermée dans des endroits trop petits.
ANNALABELLA : Et je suis agoraphobe...
VAYA : (A Jonas) Ça c’est quand tu as peur de la foule.
JONAS : C’est bon, j’en connais plein des agraphobes !
ANNALABELA : J’ai pris le métro...
JONAS : (A Vaya) Le métro c’est... (elle hoche la tête) Ah, tu connais ?
ANNALABELLA : Ils me regardaient tous. TOUS !!! J’avais peur... Les contrôleurs sont arrivés...
Je ne pouvais plus parler. Je ne pouvais plus bouger. Alors ils m’ont emmenée dans un tout petit
local pour vérifier mon identité... Je me suis enfuie. J’ai couru jusqu’à la sortie de la ville et je me
suis endormie dans un jardin... Quand je me suis réveillée, la police était là...
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DOROTHY : C’est bien, Annalabella... C’est bien...
ANNALABELLA : J’AVAIS UN TICKET !!!
Entrée de Max, il chante le début de « Belle » de la comédie musicale « Notre Dame de Paris »
dans le tuyau de son aspirateur.
MAX : (à la fin)J’ai 5 octaves et un très grand répertoire.
DOROTHY : Mais… Max… Je ne savais pas...Vous êtes si sensible...
MAX : Vous sentez l’émotion ? Vous sentez comme je vibre ?
ONDELINE et FEDERICO : Non.
MAX : Eh bien vous êtes des êtres… insensibles ! Des cœurs de pierre ! Comme des… papillons…
sans ailes ! (il chante « papillon de lumière » Jennyfer l'accompagne) Des avions… qui volent pas !
Ah, ça fait mal, hein ? C’est dur à entendre, la vérité ! Vous souffrez dans vos intérieurs,
maintenant ! Et ben, tant pis pour vous, vous n’êtes que des sans amour ! Comme tous les autres !
Vous vous arrêtez aux apparences ! Je sais ce qu’on dit de moi ! « Ah ! Voilà encore l’autre blaireau
de Max ! Le gros beauf ! » Voilà tout ce que le monde se dit ! Mais ce n’est qu’un masque de fer
pour dissimuler un cœur de coton. Une carapace pour cacher une émotion à fleur de peau : j’ai
passé ma vie à jouer le rôle du gros dur. Comment faire autrement ? La vie ne m’a pas laissé le
choix…
FREFERICO : Mais la vie vous offre ce choix, enfin ! Max, je sens votre émotion maintenant ! Elle
raisonne en moi comme un écho à ma propre histoire ! Moi aussi je croyais que la vie ne me
laisserait jamais le choix ! Et puis un jour, à 8 ans : la révélation ! J’ai le droit d’être qui je suis ! Je
me suis mis à danser de tout mon corps ! (il entraîne Max dans une danse) Exprimer ma
personnalité ! Faire tomber les barrières qui nous emprisonnent ! (il prend les mains de Max) Max,
vous êtes comme moi : prêt à laisser vos sentiments s’épanouir au grand jour !
MAX : Non mais il va me lâcher, l’autre pervers ! Eho ! Y’a pas marqué « cheapendale », ici, hein !
FEDERICO : (vexé) Je vois. Si nous pouvions commencer le travail théâtral...
ONDELINE : Je ne commencerai rien tant que je n’aurai pas eu réparation de cette insulte.
JONAS : De quoi on t’a traité, toi ?
VANESSA : Attendez... J’me souviens ! Des... théâtreux ratés ! (à Sandy) C’est ça ? J’ai bon ? Yes !
JENNYFER : Mais c’est pas grave ça ! Ma mère aussi, c’était une artiste ratée. Même
bénévolement, elle n’a jamais réussi à faire carrière. Mais elle a quand même réalisé quelque chose
d’exceptionnel dans sa vie !
VAYA : Quoi ?
JENNYFER : Moi !
JONAS : Elle faisait quoi comme artisme, ta reum ?
JENNYFER : Danseuse.
JONAS : (à Ondeline) Tu vois, elle a raison, machine. Ça va mieux, là ? Tu fais plus ta gueule à
tout l’monde ?
Ondeline prend ses affaires et s’en va.
FEDERICO : Ondeline, attends !
Ils sortent.
JENNYFER : Ma mère elle est cool mais mon père il la tabasse. Mon père est un gros con violent
qui adore les grosses bagnoles. Avec des potes, on lui a défoncé sa bm. Ils nous a vu. Il a porté
plainte contre moi. J’m’en fous. Maintenant je vais partir danser à Paris...
SANDY : Et toi ?
JONAS : Oh moi ? Y’a un bouffon qui m’a mal parlé français, tu vois ? Le keum y m’a dit
« Monsieur, veuillez je vous prie nous présenter vos papiers d’identités en bonne et due forme ». On
dit « de la forme ». Pas du forme. J’lui ai dit d’aller nicker sa race avec sa mère et ses cousins à la
piscine. Et toi ?
SANDY : Comme Vaya. Des fringues...
JONAS : Mais t’es une bourge, pourquoi tu veux chourer des fringues ?
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SANDY : Pour exister...
Ondeline revient suivie de FEDERICO.
ONDELINE : Je suis peut-être dépressive, célibataire, avec un chat pour seul confident mais je ne
suis pas une artiste ratée !!!
Tess : T’as un chat ?
NOIR
Tess est maintenant très proche physiquement d' Ondeline qu'elle semble avoir élue comme amie.
Ce qui ne rassure pas celle-ci
DOROTHY : Écoutez, maintenant qu’on s’est à peu près tout dit on va peut-être commencer...
FEDERICO : Oui, c’est ça. Nous allons laisser Ondeline faire quelques retouches sur son visage
distordu par l’amertume et pendant ce temps-là, je vais vous enseigner les bases du Drama théâtral.
Hopopop ! On se place sur le plateau afin d’obtenir un équilibre absolu entre toutes les identités du
groupe ! (tout le monde déambule dans tous les sens) Oui, le plateau, le plancher, la surface que
vous sentez sous vos pieds et qui donne l’énergie à votre souffle afin de placer votre voix !
Cherchez ! Cherchez ! En inspirant ! En expirant ! Videz votre corps de toute tension intérieure !
Videz votre ego !Cherchez ! Respirez ! Videz ! Cherchez ! Respirez ! Videz !(tout le monde s’est
arrêté et le regarde qui s’agite frénétiquement) Je cherche ! Je respire ! je vide ! je cherche ! Je
respire ! je vide ! Je ch... (il s’arrête et voit les autres silencieux) Très bien, vous avez trouvé
l’équilibre, votre voix est placée et vous avez chhhhhhhhhhhh... vidé votre ego...
SANDY : Bon moi j’me casse...
MAX : Sûrement pas ma belle, sinon c’est 1 mois de plus de TIG
ONDELINE : Ça suffit ! Commençons le travail. Voici des extraits d’œuvres de Shakespeare.
JONAS : J’expire ? Connais pas.
ONDELINE : Le grand dramaturge britannique, auteur de Roméo et Juliette.
VANESSA : Mais non ! Roméo et Juliette c’est Rehda qui l’a faite !
ONDELINE : Rehda ? Connais pas !
JENNYFER : On va faire la comédie musicale !? Trop bien !
MAX, JENNYFER : Ils chantent « aimer ».
ONDELINE : Qu’est-ce que c’est que ça ?
MAX : Ben, Roméo et Juliette !
ONDELINE : Plaît-il ?
MAX : Moi, Roméo. Elle, Juliette. Pigé ?
ONDELINE : Je sais qui sont Roméo et Juliette ! Et grâce au texte classique original, vous
apprendrez vous aussi, qui ils sont véritablement.
DOROTHY : Une histoire d’amour tragique ! Mais c’est merveilleux !
SANDY : On pouvait pas imaginer pire…
JONAS : Galère…
ANNALABELLA : Est-ce que je peux sortir ?
FEDERICO : « - Elle parle ! Oh ! parle encore, ange resplendissant !
Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel, quand, aux
yeux bouleversés des mortels qui se rejettent en amère pour le contempler, il devance les nuées
paresseuses et vogue sur le sein des airs ! »
VAYA : Non mais tu parles des seins de qui, là ? Vicieux !
FEDERICO : Mais elle va la fermer, celle-là ! Espèce de poufiasse hystérique ! Moi aussi , j’peux
m’énerver, hein ! Sache, petite inculte bornée que le sein des airs veut dire le milieu des airs, le
creux des airs, les airs tout court si tu préfères ! C’est du Shakespeare ! Pas du John Biroute ! Tu
comprends quand on te parle comme ça ???
VAYA : Ben au moins c’est clair !
FEDERICO : Ah bon ?
VAYA : Ouais. Ça veut rien dire du tout, c’est du baratin, ok, j’ai compris.
Théâtre d'Intérêt Général – Matthieu Berthélémé
9
VANESSA : Moi j’ai rien compris mais je trouve que c’est vachement beau !
ONDELINE : A la bonne heure ! Nous allons vous distribuer les textes et tout le monde travaillera
un extrait ! Jonas fera Roméo et les filles Juliette.
FEDERICO : L’inverse pourra être très intéressant aussi.
JONAS : Moi, Roméo, y’a pas d’blème. Beau gosse,c’est moi !
FEDERICO : Roméo n’est ni beau ni laid. Il est.
TESS : Du lait ! J’veux du lait !
Elle sort. Max la poursuit.
MAX : Tess ! Viens ici !!!
ONDELINE : Jonas, voici ton texte. Qui veut bien faire Juliette pour commencer ?
VANESSA : Moi !
ONDELINE : Tiens, ton texte. Allez-y.
JONAS : (il lit) « Que dit-elle ? Rien... Elle se tait... Mais non ; son regard parle, et je veux lui
répondre... ». (silence) Son regard parle ? Tu t’fous ma gueule, là ? Alors l’autre, elle parle avec ses
yeux ! C’est un alien ou quoi ?
ANNALABELLA : C’est une image poétique. On peut dire d’un regard qu’il est éloquent. Qu’il
parle. Roméo sent que Juliette lui fait passer un message, une émotion. Sans utiliser les mots qui
parfois ne suffisent pas à faire comprendre nos sentiments…
SANDY : Putain…
JENNYFER : Ouaouh…
VANESSA : C’est trop beau ce que t’as dit, Annalabela. Trooop beau.(elle lui prend la main)
ANNALABELLA : Me touche pas…
ONDELINE : Jonas, si tu veux bien continuer…
JONAS : Ouais… « Ah ! si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux
étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres »... Mais putain, il est complètement
perché le Roméo, là !
VANESSA : « Hélas ! »
JONAS : Quoi ?
VANESSA : Ben, hélas ! Juliette dit « Hélas ! »
JONAS : Ouais, mais élas quoi ? Élastique ?
MAX : C’est pas Roméo qui est perché, bande de nazes ! C’est Juliette !
ONDELINE : Plaît-il ?
MAX : Ben ouais ! C’est bien la scène du balcon que vous leur faites répéter à ces tarés ?
FEDERICO : Max, c’est très gentil à vous mais le mieux c’est de nous laisser faire.
MAX : Ah ouais ? Et où qu’il est, alors ?
ONDELINE : Mais qui donc ?
MAX : Ben vot’ balcon ! La Juju, elle est sensée faire sa mijaurée sur un balcon, oui ou merde !?
Ah, misère…
FEDERICO : Le balcon est une allégorie de l’espace incommensurable qui sépare Roméo et
Juliette. Il n’y pas besoin de figurer le balcon ! Trop évident ! Trop classique ! Vu et revu !
MAX : Ah ouais ? Ben si y’a pas d’balcon, les deux tourtereaux sont à 20 cm l’un d’l’autre ! Et
normalement ça fait déjà un bout d’temps qu’ils en auraient profité pour se rouler une grosse
galoche, moi j’vous l’dis ! Pas vrai Dorothy ?
DOROTHY : Max a peut-être raison. Si Roméo et Juliette s’aiment, ils devraient s’embrasser
comme tous les amoureux. Et c’est vrai qu’à cet âge-là, les hormones… C’est la nature !
MAX : Y’a pas qu’à cet âge-là, hein !
DOROTHY : Oh, Max !
JONAS : Quoi, j’dois la pécho direct ? J’ai pas besoin du truc de tout plein de phrases de mytho,
là ? Fallait l’dire cash! Comment j’assure le coup, là ! Allez viens, Juliette, on va niquer !
VANESSA : Et l’autre ! Ça va pas, non ? Retourne chez ta mère !
Théâtre d'Intérêt Général – Matthieu Berthélémé
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VAYA : Y’a pas un autre mec pour faire Roméo ? Celui-là va pas finir la journée, là !
VANESSA : Et en plus, Juliette, elle a des trucs à dire !
JONAS : Ah, ouais ? Et quoi ? Élastique ? Frigidaire ? Sapin de noël ?
VANESSA : Ah, non, pas ça…
VAYA : Mais elle dit plein de trucs, Juliette ! Elle dit que les mecs y pensent qu’à leur slip mais
c’est juste pour se la raconter ! Parce que je suis sûre que c’est que d’la gueule ! Bouffon !
JONAS : Que d’la gueule ?
VANESSA : Bouffon !
VAYA : Ouais !
JONAS : Ben t’as d’la chance que j’sais pas quoi répondre parce que si j’avais répondu et ben
j’t’aurai trop fermé ta bouche, à toutes les deux !
VAYA : Qu’est-ce que j’disais ! Bon, à toi, Vanessa. Vas-y, réponds-lui au Roméo d’mes deux !
VANESSA : Ben, là en fait, c’est Roméo qui parle.
JENNYFER : Encore ! Mais c’est carrément injuste ! Y’a que le mec qui parle ! T’as dit quoi,
depuis le début ? « Hélas » ?
VANESSA : Ouais.
JENNYFER : Ben super ! Shakespeare, c’était vraiment un gros macho !!!
ONDELINE : Mais Juliette va parler ! C’est juste que pour l’instant, elle est sous le coup d’une
émotion contradictoire !
ANNALABELLA : Juliette… Juliette…
DOROTHY : Ça va aller, Annalabella…
ANNALABELLA : Juliette est comme coupée en deux. Elle sait que Roméo risque sa vie à venir la
rejoindre sous son balcon. Elle veut lui parler mais son instinct lui souffle d’être prudente. Elle ne
sait pas comment faire. Parce que c’est une atroce tragédie !!! C’est dégueulasse ! La vie est
injuste…Ils s’aiment, mais tout les sépare !!!
DOROTHY : C’est pas grave !
SANDY : Tu crois ça, Annalabella? Est si c’était pas plutôt le contraire ?
JONAS : « Contradictoire », « contraire », vous êtes de la même famille ou quoi ?
FEDERICO : Miracle! Sandy a aligné plus de deux phrases!
MAX : Donc, pour le balcon…
SANDY : Et si c’était pas « ils s’aiment mais tout les sépare » mais plutôt : ils s’aiment parce que
tout les sépare.
ONDELINE : C’est impensable !
FEDERICO : Silence ! Une lumière s’allume dans ma nuit ! Parle, jeune arrogante à l’esprit
révolté !
SANDY : On dit toujours que l’histoire de Roméo et Juliette c’est celle d’un amour impossible
parce que leurs familles se détestent. Mais si leurs familles étaient genre super potes, est-ce que ce
serait aussi kiffant pour eux ? Ils n’auraient pas besoin de se voir en cachette ! Ils pourraient se
balader main dans la main et faire des teufs ! Papa et maman s’inviteraient pour faire péter le
barbeuc et le couple pourrait se retrouver dans la chambre de l’un ou de l’autre et faire tout ce qu’ils
veulent !
JONAS : Ouais, trop bien ! Moi j’préfère comme ça !
SANDY : Mais là, ducon, pas d’adrénaline ! Zéro risque ! Une p’tite romance plan-plan ! Personne
à défier ! Aucun interdit ! « -Tu prends la pilule, Juju ? -Mais bien sûr mon Roro ! Mes parents sont
supers cool ! ».
ONDELINE : Enfin, Sandy, c’est choquant ce que tu dis : leur relation n’est que platonique. Ils ne
peuvent pas… Passer à l’acte.
JONAS : Bon, faut savoir ! Y platoniquent ou y platoniquent pas ???
SANDY : Tu veux la suite de l’histoire ? C’est d’un banal à pleurer. Y font la totale parce qu’elle a
confiance en lui et qu’elle croit être amoureuse mais au bout d’une semaine il est avec une autre et
Théâtre d'Intérêt Général – Matthieu Berthélémé
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en plus de s’être foutu d’elle, il a tout raconté à ses potes qui se sont empressé de faire passer le
message. Dans ce petit monde doré où tout le monde se connaît et compare sa dernière cuisine high
tech et sa pelouse parfaite, elle se dit que sa vie est vraiment… pathétique. Alors, pour avoir le
sentiment d’exister, elle vole dans les magasins et évidemment elle se fait choper. Voilà. Fin de
l’histoire.
Sandy s’assied par terre, l’air déprimé. Tess arrive, s’allonge à côté d’elle et pose sa tête sur les
genoux de Sandy.
FEDERICO : Mais c’est de la pure avant-garde ! Cette analyse de ce monument du théâtre classique
bouscule tous les acquis ! C’est hyper nouveau !!!
ONDELINE : Ça sera tout pour aujourd’hui…
FEDERICO : Je vais tout de suite rédiger les dialogues de ce Roméo et Juliette moderne !
Shakespeare, t’es totaly out of fashion!!!
MAX : Et pour le balcon ?
ONDELINE : Demain.
DOROTHY : Allez, les jeunes ! Vous pouvez rentrer chez vous !
JONAS : Ouais…
VAYA : Bon… A demain…
JENNYFER : A demain…
VANESSA : Je dois apprendre mon texte ? J’adore faire Juliette !
ONDELINE : Si tu veux, Vanessa.
MAX : Bon, je ferme dans 10 minutes ! Eh, Dorothy ! Rendez-vous dans ma loge ?
DOROTHY : Oh Max ! Oui !
Tout le monde est parti.
TESS : T’as bobo ?
SANDY : Ouais… J’ai bobo…
TESS : Caresse Tess !
SANDY : Au point où j’en suis... (Elle caresse la tête de Tess) En train de caresser la tête d’une
meuf qui se prend pour un chat… Ça craint sérieux, là…
TESS : Je suis pas un chat.
SANDY : Je sais.
TESS : Les chats, j’les aime pas.
SANDY : On avait compris.
TESS : Maman elle voulait pas de bébé. Elle voulait un chat. Papa non plus, il voulait pas de bébé.
Il a donné un chat à maman. Maman était contente. Mais moi je suis née et maman était pas
contente. A cause de moi, le chat est parti. Papa était en colère. Ils m’ont mis dans le panier.
SANDY : Le panier du chat ?
TESS : Oui. Avec une couverture qui pue. J’étais dans le panier du chat alors j’étais le chat.
SANDY : Tu veux dire qu’ils t’ont élevé comme un chat !!?
TESS : Je mangeais bien. Des croquettes au poisson et pis du lait. J’avais le droit d’aller sur le
canapé quand y regardaient la télé. J’avais droit à des caresses. Et puis j’avais une litière. Mais les
gendarmes y sont venus, y m’ont pris mais pas mon panier et la litière y z’ont oublié. Après j’étais
plus chez moi. J’étais dans plein de maisons mais ça marchait pas. Je retournais chez ma maman.
Papa était plus là et maman disait « Pchhh ! Pchhhh ! Va-t-en, vilaine bête !«. Elle avait un autre
chat. Et pis un autre. Et plein d’autres. J’ai shooté dans leur gueule et je suis ici.
SANDY : Et moi qui me plains… (silence) J’m’en fous de ce mec, en fait. Mais j’aimerai bien des
fois, voir ce qu’il fout avec l’autre pétasse. Juste pour voir. J’voudrai être une petite souris et les
espionner.
TESS : Tu sais, t’es pas une souris.
SANDY : Et toi, t’es pas un chat.
TESS : Tant pis.
Théâtre d'Intérêt Général – Matthieu Berthélémé
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NOIR
ONDELINE: Bon, puisque FEDERICO a décidé de faire son adaptation « hyper avant-gardiste » de
Roméo et Juliette, et qu'il nous reste une semaine pour produire quelque chose de présentable, je
souhaite revenir à des bases plus classiques par un travail sur le chœur antique. Et pour rester dans
du Shakespeare, je vous ai préparé l'introduction du Roi Henry V. Le chœur basique est composé de
plusieurs acteurs qui déclament d'une même voix. Veuillez donc, je vous prie, le lire tous en même
temps !
TOUS: (L’air las)- 0 Donnez-nous une muse de feu qui s'élève jusqu'au ciel le plus brillant de
l'invention! Un royaume pour théâtre, des princes pour acteurs, et des monarques pour spectateurs
de cette sublime scène. Mais, pardonnez, braves gens; pardonnez à l'impuissance du talent, qui a
osé, sur ce pauvre plancher, exposer à la vue un objet si grand.
ONDELINE : Je ne vous sens pas très investis par le message que fait passer ce texte. Vous êtes là
mais vous ne donnez rien! Allons! Donnez!
MAX : Donnez ? Ok ! Pas d’problème !
Il frappe dans ses mains en chantant « donnez-nous », les autres l'accompagne en faisant différents
sons. Ça fait un brouhaha anarchique mais énergique et heureux. Ils finissent en s'applaudissant.
FEDERICO: (à son ordi portable) Je continue à prendre des notes. Ce spectacle sera
révolutionnaire! Du théâtre réalité romantico-punk-underground!
FEDERICO s'installe en bas de la scène et ouvre son ordi. Il écrit au fur et à mesure que la suite se
déroule. Il relève la tête en s'essuyant les narines à chacune de ses interventions.
ONDELINE: C'est ça. Reprenons. Et de manière chantée. Il faut un air que tout le monde connaît.
Tout le monde connaît Mozart?
JENNYFER: Mozart l'opéra rock? Carrément!
Max et Jennyfer chantent et dansent « Je voues mes nuits à l'assasymphonie, aux requiems, tuant
par dépit ce que je sème! ». Ondeline se prend la tête.
FEDERICO: (Il tape) « Ce-que-je-sème ».
ONDELINE: Mais vous ne comprenez rien! Vous n'avez aucune culture digne de ce nom!
VANESSA: Moi j'ai compris!
SANDY: (Entrant sur scène en discutant avec Tess) Et un lapin? T'aimes pas les lapins?
TESS: Les lapins, ça pue.
JENNYFER: Eh, c'est pas parce qu'on n'a pas ta culture qu'on est complètement abrutis!
ONDELINE: Ah oui? C'est ce qu'on va voir. Jennyfer, peux-tu m'expliquer ce que veut dire: «
0 Donnez-nous une muse de feu qui s'élève jusqu'au ciel le plus brillant de l'invention. » ?
VANESSA: Moi j'ai compris!
SANDY: Un hamster, alors?
TESS: Les hamsters, ça pue aussi.
JENNYFER: Ben, y'a pas mal de mots que j'connais pas, mais en gros, heu, ça doit vouloir dire un
truc du genre, heu: Donne-moi le bon feeling. Et vu que Shakespeare est anglais...
ONDELINE: Était...
JENNYFER: Ouais, était. Ben moi j'dirai: Give me the good feeling!
FEDERICO: Puissant! C'est puissant! « Give me the good feeling »!
MAX: (en traversant la scène avec dorothy) Dorothy... Si je te dis « balcon ». A quoi tu penses?
DOROTHY: Ben, ça dépend... Balcon...
ONDELINE: Bien. Et, « Un royaume pour théâtre, des princes pour acteurs, et des monarques pour
spectateurs de cette sublime scène. » Hum? Jennyfer?
JENNYFER: Heu...
VANESSA: Moi j'ai compris!
VAYA: Ben ça veut dire ce que ça veut dire! Une super scène genre Bercy, des acteurs qui assurent
trop bien et un public de ouf pour mettre le feu dans la salle!
Théâtre d'Intérêt Général – Matthieu Berthélémé
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FEDERICO: Wahouw! Ça claque mortel!
JONAS: Ouais, grave! Elle assure, Vaya!
SANDY: Ch'ais pas, moi! Un poisson rouge?
TESS: Oui, ça c'est bien les poissons rouges! Ça croque!
SANDY: Berk...
DOROTHY: (repassant avec Max) Balcon, balcon...
MAX: Pas facile, hein?
ONDELINE: Et, « Mais, pardonnez, braves gens; pardonnez à l'impuissance du talent, qui a osé,
sur ce pauvre plancher, exposer à la vue un objet si grand. »?
VAYA: Heu... Putain! Je comprends le sens du truc mais je sais pas traduire, là!
VANESSA: Moi j'ai compris!
JENNYFER: En tout cas Shakespeare, y disait pas plâââteau, lui au moins.
ONDELINE: Oui, alors, permets-moi, Jennyfer...
ANNALABELLA: Ce que veut dire Shakespeare à travers la voix de ce chœur c'est : vous, là, dans
la salle, veuillez accepter nos excuses car nous voulions vous raconter une histoire et dépasser les
limites de cette scène. Mais pour parer à la faiblesse de nos moyens, nous avons dû avec humilité
faire appel à la force de votre imagination.
FEDERICO: Aaaah, very good trip!
JONAS: Pigé! On a fait tout ce qu'on a pu avec nos petits moyens! C'est ça, Lalabella?
ONDELINE: En résumé... Oui!
ANNALABELLA: Annalabella...
DOROTHY: Balcon... Bal... Con... C'est pas facile. (regardant son collant) Ah zut! J'me suis fait
une échelle!
MAX: (S'en allant) Ah! Victoire!
SANDY: Un canari? Non! J'ai rien dit! Laisse tomber!
ONDELINE: Tu voulais dire quelque chose, Vanessa?
VANESSA: Oui. J'ai tout compris. (Elle forme un cœur avec ses deux pouces et ses deux index. Tout
le monde la regarde). C'est le chœur!
NOIR.
FEDERICO: Donc, la scène du balcon. On continue à creuser. On est dans la recherche pure. On
triture, on malaxe, on décortique!
SANDY : Et pique et pique et colegram…
FEDERICO: Pardon ? Qu’est-ce que tu dis Sandy ?
JONAS : (avec des gestes très suggestifs) Et bourre et bourre et ratatam !
VAYA: Mais qu'est-ce qu'il est lourd ce mec!
JONAS: C'est bon! C'est pour délirer!
MAX : (arrivant avec un escabeau qu’il déplie au milieu de la scène) Et voilà !
Ça c’est l’balcon !
DOROTHY : Oh Max ! Quelle idée saugrenue !
MAX: Balcon. Échelle. Escabeau!
Dorothy, ne comprenant pas ce que Max veut dire, a un rire bête.
ONDELINE : N’importe quoi !
FEDERICO : Mais c’est génial ! C’est ultra conceptuel ! On avance, là ! On fait des bonds spatio
temporels hyper avant-gardistes ! En place, jeunes artistes fougueux !
Il retourne à son ordi.
MAX : Allez, grimpe Juliette ! Y’a du monde au balcon !
VANESSA : (elle bat des bras pour imiter un papillon) Je monte ! Je monte !
ONDELINE : Heu, Vanessa, finalement, heu…Tu fais très bien le papillon mais ce n’est pas
Théâtre d'Intérêt Général – Matthieu Berthélémé
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exactement ce qu’il faut pour Juliette.
VANESSA : C’est pas grave ! (elle fait la fleur sous l’escabeau)
VAYA : Tu nous fais quoi, là ?
JENNYFER : Je crois que Vanessa nous fait la fleur qui pousse sous le balcon de Juliette. C’est ça,
Vaness ?
VANESSA : Oui. (elle écarte les bras et s’accroche à l’escabeau)
JENNYFER : Et ça c’est le rosier grimpant. J’me trompe ?
VANESSA : T’as gagné !
DOROTHY : C’est très bien, Vanessa. Trèèès bien !
MAX : Bon, maintenant que Vanessa nous fait le rosier grimpant, qui c’est qui va nous faire
Juliette ? Hein ? Dorothy ?
DOROTHY : Je… Eh bien… Je veux bien…
JONAS : Ouais, ben moi, j’fais pas le Roméo de cette Juliette ! Je suis pas branché cougar !
MAX : Évidement ! T’as pas l’expérience ! Je me dévoue pour faire Roméo !
DOROTHY : Oh, Max ! Moi Juliette et vous Roméo ? Non, c’est inconvenant. Nous ne pouvons
pas…
FEDERICO : Laissez. (montant sur scène, très solennel)Je ferai Juliette.
MAX : Ah, non ! Mais c’est pas vrai ! Quel glu ce mec ! Mais lâche-moi !
ONDELINE : Ça suffit !
FEDERICO : Bien sûr. Vous n’êtes pas prêt à effectuer ce bond spatio temporel. Vous n’êtes pas
assez avant-gardiste.
Il retourne à son ordi.
ONDELINE : De toutes façons, c’est Jonas qui fait Roméo ! Et pour Juliette c’est… (Tess
s’approche d’elle) Heu... Au hasard… Vaya.
VAYA : (intimidée) Moi ? Mais… (elle regarde Jonas) Sûrement pas !
SANDY : Comptez pas sur moi.
JENNYFER : Ok, j’ai compris ! (Elle prend le texte et monte sur l’escabeau) Mais je vous préviens
que la Juliette, elle va dépoter ! Oh ! Roméo !« Quel guide as-tu donc eu pour arriver jusqu'ici ? »
Ben, vas-y, réponds-moi !
JONAS : Ouais, c’est bon… Hum… » L'amour, qui le premier m'a suggéré d'y venir : il m'a prêté
son esprit et je lui ai prêté mes yeux. » (il s’arrête et regarde les autres) Quoi ? Qu’est-ce qu’y a ?
SANDY : T’as compris c’que t’as dit, là ?
JONAS : Ben ouais. C’est Annalabella qui m’a expliqué le truc des métaphores et tout.
VAYA : Tu sais dire son prénom, toi, maintenant? Vous vous voyez en dehors du foyer ?
JONAS : Ben ouais… Pour capter un peu les délires de Roméo, quoi.
VAYA : Ah ouais ? Super…
ANNALABELLA : C’est de ma faute… Je n’aurai pas dû…
JONAS : (pointant Vaya du doigt) Je rêve, ou elle est jalouse?
JENNYFER : Bon ! Eho ! On continue, ou quoi ?
JONAS : Ouais…
JENNYFER : « Roméo, si tu m'aimes, proclame-le loyalement : et si tu crois que je me laisse trop
vite gagner je froncerai le sourcil, et je serai cruelle, et je te dirai non, pour que tu me fasses la
cour. » Oh ! Roro ! « Je froncerai le sourcil, et je serai cruelle, et je te dirai non, pour que tu me
fasses la cour. » Tu réponds, oui ou merde !
JONAS : Ouais mais là, j’suis perturbé des sentiments et tout!
JENNYFER : Mais il est coincé, ce mec ! (elle danse autour de lui pour l’aguicher) I got to move it
move it
ONDELINE : Mais non, enfin ! Pourquoi tu descends du balcon ?
JENNYFER : Ben, faut bien, l’chauffer, l’autre, non ?
FEDERICO : Juliette menace de se fâcher. Pas de séduire Roméo ! Lisez le texte !
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JENNYFER : OK. (en colère) « Roméo, si tu m'aimes, proclame-le loyalement : et si tu crois que
je me laisse trop vite gagner je froncerai le sourcil, et je serai cruelle, et je te dirai non, pour que tu
me fasses la cour. »
VAYA : Non mais c’est bon ! Tu vas le laisser tranquille ? Y t’a rien fait !
JENNYFER : Ben alors, on défend son Roméo?
VAYA: Ouais ben continue, et tu t'en prends une!
JENNYFER: J'vais m'gêner!
ONDELINE: On y arrivera jamais...
DOROTHY: Calmez-vous, mesdemoiselles. Faites un effort pour Ondeline. C'est dur pour elle,
depuis quelques temps.
MAX: Laisse-les faire, baby. Pour une fois qu'il y a un peu d'action.
Vaya et Jennyfer sont face à face.
JONAS: Eh, Vaya! Tu m'kiffes? C'est vrai? C'est cool! Moi aussi j't'ai r'péré direct…
VAYA: Tu m'prends pour qui? T'as pas compris ce qu'elle dit, Juliette? Elle t'a fait bosser que le
texte de Roméo, ton Annalabella, ou quoi?
ANNALABELLA: Je suis pas son Annalabella...
VAYA: Si tu crois que c'est dans la poche et que je suis une fille facile, tu peux être sûr que ça va
me vénère cash! Voilà ce qu'elle dit, Juliette!
SANDY: (lisant le texte de Jennyfer) « et si tu crois que je me laisse trop vite gagner je froncerai le
sourcil, et je serai cruelle. » Ouais, ça marche.
VAYA: Et tu risques de te prendre un gros râteau!
SANDY: « Et je te dirai non ». Ça colle aussi.
JONAS: Non mais c'est juste que...
VAYA: Tu ferais mieux d'm'inviter au KFC plutôt que de te la péter!
SANDY: « Pour que tu me fasses la cour ». Ouais, en gros, c'est ça.
VANESSA: Et y répond quoi, Roméo?
JONAS: (Sérieusement, à Vaya) »Madame, je jure par cette lune sacrée qui argente toutes ces cimes
chargées de fruits ... «
VAYA: (visiblement émue mais elle fait comme si de rien n'était et dit à Sandy) Vas-y, rends-lui son
texte à Jennyfer. Elle a une réplique à lui donner.
JONAS: Et pourquoi ça serait pas toi qui me la donne la réplique?
VAYA: Parce que... j'ai pas le texte.
Vanessa fait des cœurs.
FEDERICO: Génial! Splendide! Amazing!
ONDELINE: Catastrophique... Bon, plus sérieusement, je vous ai demandé de travailler sur le
chœur -oui je sais, Vanessa, tu as compris- Qu'avez-vous préparé? (silence)Bien. Je vois que .
Apparemment, je ne vous ai rien appris. C'est un échec. (Silence. Elle ramasse ses affaires) Adieu.
TESS: Tu vas retrouver ton chat?
ONDELINE: Oui. J'aurai fait ce que je pouvais. Je pensais vous aider ne serait-ce qu'un petit peu.
Mais...
Elle baisse la tête et ne finit pas sa phrase, descend de la scène, va vers la porte et met sa main sur
la poignée.
VANESSA: Ondeline! Attendez. On a un petit cadeau.
Ils disent le texte du chœur de manière « classique ».
ONDELINE: Merci.
TOUS: Merci.
Ondeline sort.
Il reste 3 pages avant la fin. (elle est romantique et pédagogique)
Pour les recevoir gratuitement, contactez-moi: [email protected]
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