une introduction au management des systemes d`information

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UNE INTRODUCTION AU MANAGEMENT DES SYSTEMES
D’INFORMATION
Jérôme CAPIROSSI Août 2002
A l’ère des Technologies de l’Information, les Directions Informatiques prennent plus que souvent le nom de
Directions des Systèmes d’Information et de Communication. Ce libellé, tout en témoignant d’une volonté
d’affirmation de soi, dessine d’emblée un périmètre et une vision de leur mission. Afin de mieux saisir le rôle tenu
par les DSIC au sein de l’entreprise, il est intéressant de revenir sur les notions de système d’information,
d’information, de système informatique et de management des systèmes d’information.
I. LE SYSTEME D’INFORMATION AU SEIN DE L’ENTREPRISE
Trouver une définition simple de l’entreprise relève du défi tant la Théorie de la Firme est riche sur ce sujet. La
définition classique qui présente la firme comme un agent économique à comportement rationnel mettant en œuvre
une fonction de production qui combine des facteurs dans le but de maximiser son profit ne reflète pas assez la
réalité opérationnelle pour introduire une discussion autour des systèmes d’information.
Les définitions de R COASE, de H DEMSETZ, et de O. WILLIAMSON, sont plus intéressantes car elles sont
basées sur le rôle de la firme dans le cadre de transactions économiques ou sur la firme comme nœud contractuel
entre différents acteurs. Elles font apparaître l’importance du rôle de l’information dans le fonctionnement de
l’entreprise.
Par exemple, le système de prix est une information essentielle que la Firme se doit de comprendre, d’utiliser, et
également de produire. De même, les contrats concernant les transactions d’achat et de vente ou ceux concernant les
facteurs de production doivent être formalisés et mis en œuvre.
Mais la Firme n’est pas une entité abstraite, c’est une organisation, une «coordination dirigée » (R.H. COASE). Si
l’on se réfère au paradigme systémique pour catégoriser les fonctions de la Firme et éviter ainsi de rentrer dans le
dédale analytique des cas particuliers, on se rend compte immédiatement de l’importance de la coordination entre
les différents groupes de fonctions, et par conséquent du rôle de l’information.
Figure 1 système finalisé (niveau 9) JL LE MOIGNE
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D’ailleurs, on remarque que la notion de système d’information apparaît naturellement comme étant un lien
indispensable entre un « système opérant » et un « système de décision ».
On retrouve la même idée chez H.A SIMON dans la pyramide de la décision.
Figure 2 Pyramide de la décision H.A SIMON
La vocation du système d’information est "d'assurer le couplage entre le système d'opération et le système de
pilotage : il instrumente la production des informations génériques (ou primaires) par lesquelles l'entreprise se
représente ses activités physiques, sa fonction est de produire et de mémoriser les informations, représentation de
l'activité du système physique puis de les mettre à disposition du système de pilotage" (JL LEMOIGNE).
II. DE QUELLE NATURE EST L’INFORMATION QUI CIRCULE ET ALIMENTE LE SYSTEME
D’INFORMATION DE L’ENTREPRISE ?
L’information est un concept moderne que la philosophie, davantage intéressée par la conscience et la connaissance,
a peu exploré de telle sorte que les sciences de la communication, les sciences cognitives, la statistique et les
sciences économiques ont occupé l’espace resté libre et bâti des concepts opératoires adaptés à leurs domaines
respectifs.
Pour les économistes, l'information est une vision plus ou moins fine des différents états que peut prendre la nature
dans le futur. Plus l’information est fine, plus elle permet, dès aujourd’hui, de prendre des décisions adaptées aux
situations futures.
Pour les statisticiens, l’information dérive des séries de données qui, lorsqu’elles montrent une proximité régulière
de la moyenne (variance), sont réputées contenir davantage d’information.
Pour les cogniticiens, l’information surgit du simple fait de la communication entre deux êtres. Basée sur des signes
physiques, l’information est un objet qui transforme une connaissance représentée (la sémantique), qui constitue le
modèle mental du receveur.
Pour les hommes de communication, l'information provient d'une organisation des signaux échangés entre un
émetteur et un récepteur (negentropie) à travers un canal de communication. Cette théorie développée par C.
SHANNON a permis en outre de mettre en valeur le rôle du canal qui, affectant la forme physique du message, a un
impact sur sa signification et son interprétation.
Figure 3 Schéma du canal de communication
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Malgré tout, l’information reste un concept complexe à saisir. Le philosophe A LAGACHE déclare qu’ « il n’y a
pas d’information sans représentation », mettant en lumière le caractère subjectif du phénomène. Pour G
BATESON, l’information est le moteur de l’évolution, elle « est une différence qui engendre une différence ».
JL LEMOIGNE voit l’information surgir du processus entre « signifiant » et « signifié » qui interagissent
récursivement l’un sur l’autre.
Cela est en accord avec l’expérience que l’on en fait. En effet, l’information peut prendre la forme d’un signal, d’un
stimulus, d’un signe, d’une donnée, ou d’un message. Elle peut être brute ou dérivée. Lorsqu'elle est dérivée, elle
peut être le résultat de dérivations successives après des opérations d’enrichissement, de stockage, de croisements,
de contrôles, de restitutions.
L’information peut adopter différents modes : sons, images ou texte. Elle peut être fiable, complète, incomplète, ou
redondante. Elle peut être informelle ou structurée et avoir des durées de vie variées.
Cela est également en accord avec l’expérience qu’en font les entreprises. En effet, on constate que chaque secteur
d’activité, voire chaque entreprise possède ses représentations propres. Par exemple, bien que les entreprises aient
peu ou prou les même clients, elles en ont toutes une vision différente selon qu’elles vendent des voitures, des
voyages, ou des services à domiciles.
La même chose se produit entre deux entreprises d’un même secteur d’activité. Par exemple, une entreprise qui vend
des voitures de très haut de gamme n’a pas les même représentations de ses clients qu’une autre qui vend des
voitures utilitaires. A l’intérieur d’une même entreprise, on note également différentes représentations d’une même
information. Par exemple, le service de production et la comptabilité n’ont parfois pas la même conception du
chiffre d’affaire.
Ainsi, l’information n’est pas un concept clos. Sa complexité la rend saisissable uniquement au travers de
représentations, telle les ombres de la grotte de Platon éclairée par le monde des idées. Bien que les théories
actuelles soient puissantes, le champ du futur reste ouvert à l’imagination des chercheurs pour découvrir de
nouvelles représentations opératoires qui auront probablement un impact significatif sur les technologies de
traitement de l’information.
III. SYSTEME D’INFORMATION ET SYSTEME INFORMATIQUE
Depuis les années 60, suivant l’usage américain, les informaticiens utilisent le vocable « système d’information »
pour désigner les systèmes automatisés de traitements de l’information. Le périmètre de ces systèmes ne porte que
sur un sous-ensemble des informations de l’entreprise, caractérisé comme : « l'ensemble des informations
formalisables circulant dans l'entreprise et caractérisées par des liens de dépendance, ainsi que des procédures et des
moyens nécessaires pour les définir, les rechercher, les formaliser, les conserver, les distribuer ». (M VOLLE).
Les moyens de traitements sont appelés système d’informatique, et comprennent les systèmes informatiques et les
systèmes de communication. Cela va du téléphone, en passant par la vidéo, et, bien-sur, comprenant les systèmes à
base d’ordinateurs.
Chaque système est composé d’une partie Hardware, l’électronique, et d’une partie Software, les programmes et les
données qui sont constituées des représentations des informations.
Les fonctions du système d’information sont :
§ Le codage et le décodage des informations. Il s’appuie pour cela sur un référentiel qui contient les règles
syntaxiques pour bâtir les représentations de l’information.
§ Le stockage et la restitution des représentations. Il s’agit des méthodes d’accès, des procédures de persistance et
de maintenance des représentations.
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Figure 4. Fonctions générales du SI
Initialement, on ne parlait pas de système d’information, mais d’applications. Chaque application, dédiée à une
fonction de l’entreprise, assiste les utilisateurs dans l’exécution des tâches relevant de cette fonction. Il en résulte
que chaque utilisateur doit connaître l’ensemble des applications relatives aux fonctions que recouvre sa mission.
Aujourd’hui les concepts d’urbanisme et les technologies permettant de distribuer les traitements sur un réseau de
postes de travail, font émerger une vision unifiée du système d’information de l’entreprise. En reprenant le modèle
des couches, on peut décrire les composants du système d’information de la manière suivante (M VOLLE) :
§ Les postes de travail
§ L’urbanisme et les modèles
§ Les systèmes de communication
§ Les applications
§ Les plates-formes
§ Les référentiels
Le système d’information se construit autour des processus de l’entreprise. De la notion de travail assisté par
ordinateur, centrée sur les besoins de l’utilisateur, on passe à la vision de l’organisation assistée par ordinateur,
alignée sur la stratégie de l’entreprise.
Outre les avancées proprement techniques, susceptibles d’améliorer leurs performances, l’évolution des systèmes
d’information va suivre les voies suivantes :
§ L'automatisation des traitements et des contrôles de l'information.
Les systèmes d’informations cherchent à traiter plus efficacement les informations non structurées ainsi que les
modalités audio et vidéo.
Avec la capacité de traitement de nouvelles formes d’informations, vont apparaître de nouveaux modèles qui
vont produire de nouveaux concepts d’urbanisme.
Enfin, les nouvelles informations permettront d’améliorer les interfaces hommes/machine, et de coupler
davantage les systèmes et les organisations.
§ La déduction et l'analyse
Les avancées de la statistiques et de théorie de la décision vont produire des méthodes qui permettront de
déduire davantage d’informations de meilleure qualité, à partir des données brutes.
La capacité des systèmes informatiques va permettre d’accroître le nombre des données traitées.
De nouvelles méthodes d’organisation des données et de nouveaux algorithmes d’analyse vont apparaître et
accroître l’efficacité du Datamining
IV QU'EST-CE QUE LE MANAGEMENT DU SYSTEME D'INFORMATION ?
L’art du management est le talent d’organiser et de conduire les ressources internes et externes de la Firme afin de
réaliser les objectifs qu’elle s’est fixés. Initialement, la théorie classique définissait ces résultats comme la
réalisation du profit maximum. Bien qu’être profitable soit une condition très favorable, la théorie actuelle considère
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que l’objectif ultime du management doit être la survie de l’entreprise. « Tout ce qui concerne de près ou de loin les
performances de l’entreprise fait partie du domaine du management » (P DRUCKER).
Le management des systèmes d’information doit se donner comme objectif de fournir à chaque instant une fonction
système d’information permettant à la Firme de mener sa stratégie. C’est le concept d’alignement stratégique.
Facile à formuler, ce concept rencontre énormément de résistance lors de sa mise en œuvre, et pas uniquement
s’agissant des systèmes d’information. En effet, les divisions des entreprises ont plutôt tendance à bâtir des
stratégies visant à accroître leur effectif ou leur budget.
Qui doit manager le système d’information ?
Peu d’entreprises ont suivi l’analyse de SOLOW en ne misant pas sur les systèmes d’information pour garantir leur
compétitivité. L’informatique a pénétré toutes les fonctions de l’entreprise et s’est identifiée à son système nerveux
central. Le système d’information de la Firme est basé sur l’informatique. Une fonction aussi vitale doit être gérée
au niveau de décision le plus haut, la direction générale.
Le rôle des Directions des Systèmes d’Information et de Communication est le management délégué d’une partie du
système d’information, notamment pour ce qui touche aux systèmes techniques plutôt qu’aux procédures et aux
informations.
Le problème central à résoudre.
Les entreprises ont réalisé d’énormes investissements pour bâtir leurs systèmes d’information. La réflexion de
SOLOW appelle une interrogation sur le niveau des gains de productivité obtenus. Celle-ci fait écho à la désillusion
qui a suivi le chant des sirènes promettant que les réseaux favoriseraient l’émergence d’une nouvelle forme
d’intelligence, appliquant à l’entreprise la vision de TEILHARD DE CHARDIN sur la biosphère et la noosphère.
Après la phase d’investissement, les entreprises doivent montrer qu’elle savent tirer le meilleur parti de ces
nouvelles technologies. L’enjeu central concerne le savoir-faire à utiliser l’informatique de la manière la plus
efficiente.
Les nouvelles technologies ont abaissé le coût des communications et ont permis le développement de l’entreprise
en réseau, ainsi que l’émergence des réseaux d’entreprises. Comment valoriser ces nouveaux types d’organisation ?
Ce défi doit être relevé par l’ensemble de la Firme et concerne l’ensemble du système d’information.
Comment ?
D’abord en réussissant la gestion des travailleurs du savoir que sont les informaticiens. Les résultats du travail du
savoir se mesurent mal par des quantités. L’opportunité d’avoir la bonne compétence au bon moment pour
débloquer une situation, ou pour faciliter la mise en place d’un nouveau système informatique est difficilement
mesurable, mais diablement utile. C’est l’objet du management par objectifs (P DRUCKER). D’autre part, le savoir
étant périssable, une partie de plus en plus importante de ces travailleurs du savoir interviennent comme sous-
traitants, ils ne font donc pas partie du personnel de l’entreprise. Les DSIC doivent adapter leur management des
ressources à cet état de fait.
Il est nécessaire que l’entreprise ne reste pas au stade de la simple évaluation des coûts informatiques, mais sache
évaluer la valeur que lui apporte son système d’information. Aujourd’hui, les entreprises butent sur l’évaluation
précise de l’emploi de l’informatique. Aucun des systèmes actuels n’est satisfaisants, soit par trop imprécis (les
coûts standards), soit par trop limités (le TCO). Cet état de fait a favorisé l’outsourcing qui consiste à échanger les
coûts de contractualisation contre la visibilité sur les coûts opérationnels. Les DSIC doivent franchir l’obstacle, et se
centrer sur l’évaluation de la valeur du système d’information.
Le fond du management c’est d’acquérir et de garder le client (P DRUCKER). Les clients des DSIC sont les
utilisateurs internes, les clients et les fournisseurs, ce que l’on appelle les partenaires dans le cadre de la vision
étendue de l’entreprise. La DSIC doit connaître ses clients, leurs métiers et leurs enjeux. C’est cette connaissance
qui mène à la conception et à la fourniture d’un service efficace et efficient. Pourtant, sous la pression budgétaire,
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