Le Canadian Tire nouveau est arrivé Tout est

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LA PRESSE
MONTRÉAL
DIMANCHE
26
MARS
2006
LA PRESSE AFFAIRES
5
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PHOTOMONTAGE LA PRESSE, PHOTOS TAXI TORONTO
Le Canadian Tire nouveau est arrivé
EMMANUELLE GARNAUD
L’ENVERS
DE LA PUB
COLLABORATION SPÉCIALE
Depuis les débuts de cette chronique, une question des lecteurs revient régulièrement : « Pourquoi
Canadian Tire continue de nous
tanner avec son petit couple ridicule ? La mauvaise pub, ça marche quand même ? »
Question d’importance : jusqu’où peut-on écoeurer le public,
sous prétexte que la mémorisation
d’une annonce fonctionne ? Et où
se situe précisément le point de
non-retour, où la lassitude l’emporte sur la reconnaissance, faisant ainsi d’une publicité un outil
contre-productif ?
Si j’avais la réponse à ce dilemme publicitaire classique, je serais
milliardaire. La majorité des publicités diffusées sont médiocres,
insipides ou carrément assommantes de bêtise. S’il y a tant de
mauvaise publicité depuis si
longtemps, c’est pourtant qu’elle
fonctionne, sinon toute entreprise
capitaliste normalement constituée arrêterait les dépenses, non ?
Le cas de Canadian Tire s’impose
donc, tant il est représentatif de
ces questionnements. J’ai longtemps tergiversé et voilà qu’au
moment où je décidais de me lancer, Canadian Tire annonce qu’elle change d’agence de publicité et
retient les services de Taxi, reconnue pour sa créativité. Suffisamment intrigant pour décider d’attendre le « Canadian Tire
nouveau ». Il nous arrive justement avec le printemps.
Deux messages télévisés composent actuellement cette nouvelle
campagne. Le premier se déroule
dans une cour, sinistrée après l’hiver. Un couple regarde par-dessus
la clôture et, admirant celle du
voisin, se dit qu’il pourrait sans
doute passer à l’action lui aussi.
Le deuxième message, sur un
patio, met en scène un autre
couple : monsieur rafistole les
transats d’été, qui tombent en
morceaux, et son bricolage est
insuffisant puisque madame
passe à travers la chaise dès
qu’elle s’assoit.
La trouvaille ? À chaque fois,
des panneaux indicateurs au-dessus des rangées d’un magasin Canadian Tire arrivent du ciel pour
proposer la solution : fleurs, barbecue, trousse de premiers soins,
etc...
Le résultat est sympathique et efficace, tout en sobriété. En voyant
descendre les panneaux et leurs
grosses ficelles, j’ai pensé à Familiprix, sans le « Haha ! ». On met
l’accent sur un des intérêts de Canadian Tire : son inventaire. On
positionne aussi le magasin comme LA solution à nos problèmes
printaniers, sans recours à des effets prétentieux.
En fait, l’intervention divine de
ces panneaux a un côté « simplicité volontaire » très juste : Canadian Tire est une enseigne appréciée, partout au pays. Elle n’a pas
besoin d’arriver avec des concepts
ronflants, mais plutôt de renforcer
sa complicité et sa proximité.
Dans ces spots, elle apparaît comme le chum providentiel... qu’était
autrefois le comédien fatigant qui
nous donnait des leçons avec ces
outils incroyables.
On voit donc toute l’astuce de la
stratégie des créatifs : ils reprennent
les principaux ingrédients de la plateforme créative précédente (le couple, les solutions Canadian Tire), en
enlevant tous les irritants. Plus de
réalisation kitsch à l’américaine, de
musique kétaine, ni de couple caricatural. Exit les dialogues débiles
et les outils miracles « qu’il vous
faut absolument », que tout le
monde parodiait, de Réno-Dépôt à
Marc Labrèche (hilarantes fausses
pub de Canadian Rire du Fric Show).
Ce qui nous ramène pourtant à la
grande question : avec les années,
ces publicités un peu stupides
n’avaient-elles pas fini par faire
partie du paysage ? On les reconnaissait instantanément et avouezle : qui ne pensait pas, en les regardant, « cette bébelle a l’air pratique ? »
Entendons-nous, quelles que
soient ses qualités, la nouvelle
campagne ne révolutionne pas la
publicité. Elle réactualise les atouts
de la bannière et lui donne un visage plus aimable. C’est donc un
pari que fait Canadian Tire, mais je
tends à croire que c’est le bon :
avoir une image totalement dépassée finit par se payer. On choisit
une transition en douceur, qui présage de lendemains créatifs plus
audacieux.
En attendant, Canadian Tire ne fera plus rire d’elle. Et comme me le
dit souvent un ami publicitaire :
« Si la mauvaise pub marche, imagine la bonne ! »
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NOTRE ÉVALUATION
Originalité/
créativité
Pertinence
et efficacité
Qualité
d’exécution
CANADIAN TIRE
FFF
FFFF
FFF
Excellent
Très bon
Bon
Passable
Mauvais
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Tout est économique
NOUVEAUTÉS
Trouver sa voix
En publiant le best-seller mondial Les 7
habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils
entreprennent, en 1989, Stephen Covey a
aidé bon nombre d’individus et
d’organisations à augmenter leur
efficacité. Dix-sept ans plus tard, il
persiste et signe La 8e habitude, un
ouvrage où il tente d’enseigner aux
leaders comment trouver leur voie et
permettre à leurs collaborateurs de
trouver la leur.
MARTINE TURENNE
DANS LES LIVRES
COLLABORATION SPÉCIALE
« Tous les chemins mènent à
l’économie. » C’est du moins ce
qu’affirment les auteurs de Freakonomics, un best-seller au Canada et
aux États-Unis dont la version
française est arrivée cette semaine
en librairie.
Stephen J. Dubner, journaliste
au New York Times et au New Yorker, et Steven D. Levitt, professeur
d’économie à l’Université de Chicago, précisent cependant que le
genre d’études qu’ils présentent
ne figure pas dans les manuels
traditionnels.
Ce que révèle par exemple un
prénom sur la situation économique de celui qui le porte, est l’une
des questions fascinantes, inusitées et saugrenues qu’ils se sont
posées. À cet égard, ils ont étudié
le cas de DeShawn et de Jake
Smith qui ont tous deux postulé
pour un même emploi.
D’un point de vue statistique, le
premier porte le prénom d’un
homme habituellement de race
noire. Sur cette base, on peut aussi présumer qu’il est le fils d’une
mère seule et sous-éduquée, qu’il
a grandi dans la pauvreté et connu un parcours scolaire et professionnel difficiles. Voilà, pour les
auteurs, pourquoi DeShawn n’a
pas obtenu le poste face à Jake,
un homme de race blanche, plus
instruit et mieux outillé dans la
vie.
En établissant, comme dans le
cas précédent, des liens insoupçonnés entre des évènements et
des faits, les auteurs nous incitent
à revoir notre vision du monde.
Leur essai repose sur quatre
idées fondamentales. La première
avance que « les motivations sont
la pierre angulaire de la vie moderne ». En les comprenant, on
explique l’inexplicable, qu’il
s’agisse de crimes violents, de
rencontres sur Internet ou même
de tricherie. Par exemple, à
l’instar des combats sumos, les résultats d’examens des écoles publiques de la ville de Chicago
sont parfois truqués. Pourquoi ?
Parce que les professeurs, tout
LA 8e HABITUDE
Steven Covey, First, 2006, 455 pages. Prix
suggéré : 39,95 $
Trouver sa muse
Pour comprendre le succès d’une
entreprise comme Télémédia, Laurent
Lapierre et Jacqueline Cardinal racontent
dans Noblesse oblige la vie et les choix de
ses fondateurs Philippe de Gaspé
Beaubien et sa femme Nan-b. Mais audelà de leur succès, de leur fortune et de
leur ascension professionnelle et sociale,
leur aventure recèle une histoire d’amour
et d’affaires peu commune.
★★★★
FREAKONOMICS
Steven D. Levitt et Stephen J. Dubner, Les Éditions Transcontinental, 2006, 246 pages.
Prix suggéré : 24,95 $
comme les lutteurs, répondent à
des impératifs et des pressions externes. Là-bas, l’école qui obtient
de faibles résultats aux examens
de lecture court le risque de fermer et de voir son personnel congédié ou réaffecté.
Parmi les autres concepts qui
guident leur réflexion, les auteurs
affirment que « les effets les plus
considérables résultent souvent
de causes lointaines parfois infimes », c’est-à-dire que certaines
choses ne se concrétisent pas toujours pour les raisons que l’on
pourrait croire.
L’avortement. Vraiment?
Par exemple, ce ne sont pas tant
le contrôle des armes, la reprise
économique et les nouvelles techniques policières qui ont provoqué la chute spectaculaire de la
criminalité aux États-Unis dans
les années 90, qu’une certaine...
Norma McCorvey. Elle est à l’origine de la légalisation de l’avortement 20 ans plus tôt ! Les futurs
délinquants ne sont ainsi tout
simplement pas venus au monde !
Tout cela peut sembler ridicule...
mais rien ne vaut la force brute
des chiffres pour débusquer les
contradictions, expliquer des phé-
nomènes et aller au-delà des idées
reçues, selon les auteurs.
Une pléthore de statistiques, certaines plus officielles (les registres
de prénoms de la Californie ou les
états financiers d’institutions bancaires), que d’autres (le livre de
comptes d’un vendeur de bagels),
viennent répondre aux interrogations des auteurs, des plus sérieuses (qu’est-ce qu’un parent
idéal ?) aux plus farfelues (pourquoi les revendeurs de drogues
vivent-ils chez leur maman ?)
Si les lutteurs, les enseignants et
les criminels sont capables de
mensonge, Levitt et Dubner nous
démontrent avec adresse, philosophie, humour et intelligence non
seulement que les chiffres ne
mentent pas, mais qu’ils peuvent
aussi révéler la face cachée d’à
peu près tout. Étonnant !
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L’auteure est chroniqueuse-associée à
la librairie Coop HEC Montréal.
APPRÉCIATION
Exceptionnel
Excellent
Bon
Passable
À éviter
★★★★★
★★★★
★★★
★★
NOBLESSE OBLIGE : l’histoire d’un
couple en affaires
Laurent Lapierre et Jacqueline Cardinal, Éditions
Logiques, collection création et gestion, 2006, 238
pages. Prix suggéré : 29,95 $
Trouver son souffle
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Si votre existence ne vous laisse pas une
minute de répit, les auteurs Lothar J.
Stewart et Werner Tiki Küstenmacher
vous suggèrent la lecture de Simplifiezvous la vie. Ils y proposent de nouvelles
méthodes pour gérer efficacement votre
temps, vos priorités et vos finances
personnelles. Une fois débarrassé de ces
fardeaux qui encombrent votre
quotidien, vous pourrez plus facilement
retrouver votre souffle.
SIMPLIFIEZ-VOUS LA VIE : votre
maison, votre bureau, votre argent, votre
temps
Lothar Stewart et Werner Tiki Küstenmacher, Michel
Lafon, 2006, 223 pages. Prix suggéré : 19,95 $
.
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