Dépôt légal 188-2012 ISSN 2253-0061 SOMMAIRE Actualité 2 2 3 4 6 6 Arrêt cardiaque: Les femmes moins bien prises en charge, que les hommes Cholestérol: les effets de 20 ans de prévention Deuxième édition de la remise des Prix Sanofi Algérie, de la Recherche en Santé La priorité à la prévention primaire, pour lutter contre le cancer Incinération des médicaments périmés: SNAPO/Lafarge-Algérie, Signature d'une convention Verres ophtalmiques importés: La qualité sacrifiée, sur l'autel des prix Mars 2016 N° 49 Dossier Santé-Mag: Magazine mensuel de la santé Edité par Media Pub Santé Adresse: Cité des 36 logts, les Bananiers, Blida. Tél./Fax: +213 (0) 25 35 01 37 Mob.: +213 (0) 550 95 46 53 / +213 (0) 661 49 57 23 Site web: www.santemag-dz.com Email: [email protected] 8 9 11 16 18 20 22 26 29 30 36 39 Directeur de la publication: Achouri Abdelkader Directeur de la rédaction: Achouri Mohamed Email: [email protected] Pr Messaoud Saidani: La greffe rénale est en nette progression, ... Bilan immunologique pré-transplantation rénale Infection à BK virus, en transplantation rénale Anticoagulation, chez l’hémodialysé Transplantation rénale, à partir de donneurs vivants: Greffe rénale entre conjoints Anémie et insuffisance rénale Amyloses rénales Toxicité rénale des anticancéreux Maladie à CMV, en transplantation rénale Insuffisance rénale aigue et grossesse Aphérèse thérapeutique: Indications et perspectives, en néphrologie Dr Radhia Kraiba: Optimiser les activités de l’Agence nationale du rein... Coordinatrice de la rédaction: Fortas Nadjia Recherches médicales Directrice technique: Abdelatif Rabea Comité de rédaction: Ait Tanina | Maya Harcha | Zahaf Loubna Nahlil Djaouida | Soltane Hania | Ramzy Chahra Badredine Sawsen | Hamdi Rania 42 42 43 43 Conception graphique: Brikh Kamel Évènement Correction: Gharnaout Amar 46 Dr Leila Namane: Le stress post-traumatique: Le calvaire, en continu… Comité scientifique: Pr Salim Nafti Pr Mohamed Arezki Pr Karima Achour-Ameur Pr Mustapha Sadibelouiz Pr Belkacem Chafi Pr Adda Bounedjar BULLETIN D’ABONNEMENT Endométriose: Une semaine, pour informer Trisomie 21: Une journée, sous le signe de la diversité Mieux comprendre les effets secondaires de la radiothérapie Maladie de Creutzfeldt-Jacob: Un nouveau test, pour détecter les prions ! Pr Louiza Chachoua Pr Smaïl Benkaidali Pr Habib Douagui Pr Messaoud Saïdani Pr Tahar Rayane Pr Farid Kacha Date et signature : OUI, je souhaite m’abonner, à la revue mensuelle, Santé MAG (Abonnement pour 12 numéros par an) Algérie : 2000 DA TTC Étranger : 200 € TTC MES COORDONNÉES*: M. Mme Mlle N om : MODE DE PAIEMENT P r é n om : Abonnement : Adresse personnelle Adresse professionnelle Établissement : Adresse : Code postal : Té l : Chèque ou virement à l’ordre de: Media Pub Santé Compte N° 00500194400205793046 Agence 194 BDL Blida Bulletin à compléter et à nous retourner accompagné de votre chèque ou d'une copie du virement à: Ville : Fa x : E-mail : * pour institutions, collectivités, sociétés, nombre d’exemplaires Adresse: Coopérative El Mehdia, Bt N°2, les Vergers, Bir Mourad Raïs, Alger. Tél./Fax: +213 (0) 21 44 91 11 Mob.: +213 (0) 550 95 46 53 / +213 (0) 661 49 57 23 Email: [email protected] ACTUALITÉ Arrêt cardiaque: Cholestérol: Les femmes moins bien prises en charge, que les hommes les effets de 20 ans de prévention Moins de cathétérisme, chez les femmes. Seconde étape: l’hôpital. Ici encore, les chiffres posent question, puisque 18% de femmes sont vivantes, en arrivant à l’hôpital, contre 26% des hommes. Les services d’urgences, aussi, sont moins susceptibles de transporter, directement, une femme en salle de cathétérisme, pour une angiographie – Dr Karam. E n outre, à leur arrivée aux urgences, 40% de ces femmes ont bénéficié d’une angiographie, contre 60% des hommes. Or, encore, parmi la majorité de femmes, qui n’ont pas bénéficié de l’angiographie, près de la moitié présentaient une maladie coronaire. Que le public reste convaincu de la spécificité masculine de la maladie coronaire, est une chose; mais, l’ignorance n’est pas réservée aux non-soignants: «les services d’urgences, aussi, sont moins susceptibles de transporter, directement, une femme en salle de cathétérisme, pour une angiographie», déplore le Dr Karam. «Chez les femmes, qui ont bénéficié d’une angiographie, nous avons observé une cause coronaire, à l’arrêt cardiaque, dans un tiers des cas», ajoute-t-elle. «L’angiographie n’est donc pas un geste inutile». AUCUN MOTIF, POUR ÉVITER L’ANGIOGRAPHIE, CHEZ UNE PATIENTE VICTIME D’ARRÊT CARDIAQUE Le déficit concerne, en fait, toute la chaîne de prise en charge. La patiente elle-même, pour commencer. «Une précédente étude, menée à l’HEGP, montrait que les victimes d’arrêt cardiaque présentent, fréquemment, des symptômes, la veille: évanouissements, étourdissements, nausées, palpitations, douleurs à la poitrine, souffle court. Les femmes ont tendance à tenir ces symptômes pour imaginaires, ou décident de s’en occuper plus tard. Or, les femmes doivent écouter leur corps en cas de douleurs à la poitrine et consulter un médecin, très rapidement». Les médecins traitants, eux-mêmes, «ne pensent pas au dépistage» de la maladie coronaire. Quant aux hospitaliers, ils restent dans le schéma général de pensée. Or, «la fréquence de la maladie coronaire, chez les femmes, est en augmentation» et «l’arrêt cardiaque n’est pas un évènement rare, chez les femmes». Il existe, certes, des causes d’arrêt un peu plus fréquentes, chez les femmes, que chez les hommes, comme l’embolie pulmonaire; «mais, ceci ne dispense pas de l’angiographie systématique, hors cause évidente». Conformément aux recommandations, «les médecins doivent prendre en charge les femmes, exactement comme ils prennent en charge les hommes. Nous ne pourrons améliorer la survie des femmes, après arrêt cardiaque, que lorsque les médecins, les services d’urgences, le grand public et les femmes, elles-mêmes, accepteront que l’accident peut arriver à n’importe qui, quel que soit le sexe» 2 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 Une bonne hygiène de vie contribue à diminuer le taux de cholestérol…et donc, participe à réduire le risque cardiovasculaire. U ne récente étude, menée en Suède, met en avant les bénéfices d’une alimentation équilibrée, sur le long terme. «Dans le nord de la Suède, l’incidence du cholestérol et donc, le taux de maladies cardiovasculaires a, nettement, diminué ces 20 dernières années», relaient des chercheurs suédois, dans l’European Heart Journal. Ces derniers ont suivi les populations des comtés de Norrbotten et de Västerbotten, de 1994 à 2014. Résultat, «le taux, moyen, de cholestérol sanguin est passé de 6,2 à 5,5 mmol/L». COMMENT L’EXPLIQUER ? L’usage de médicaments (statines) compte pour un tiers de cette diminution du risque. Contre 2/3 concernant l’amélioration du mode de vie. Les volontaires ont «réduit la quantité de matières grasses de l’assiette et privilégié la consommation de fruits, de légumes, de fibres et de graines», explique le Pr Mats Eliasson (Department of Public Health and Clinical Medicine, Sunderby Hospital, Lulea). Les maladies cardiovasculaires restent la principale cause de décès, en Suède. Mais, cette diminution de l’incidence du cholestérol «prouve l’efficacité de la prévention primaire (mise en place, pour éviter la survenue de la maladie) et secondaire (prise en charge limitant l’évolution d’une maladie récemment diagnostiquée)». Cette diminution du cholestérol concerne, principalement, les plus âgées. Mais, aussi, les patients pris en charge, pour une hypertension artérielle élevée, un diabète, un évènement cardiaque, ou un accident vasculaire cérébral. Aucune différence, significative, n’a été observée entre hommes et femmes ACTUALITÉ s’inscrit dans le cadre de la promotion des travaux de recherche, dans le domaine de la santé Sanofi encourage la Recherche en Santé, en Algérie: Deuxième édition de la remise des Prix Sanofi Algérie, de la Recherche en Santé C e service, rénové par ladite société, est doté de trois unités principales; à savoir: de psychologie, d’orthophonie et de psychomotricité. 2000 enfants seront pris en charge, dans l’immédiat et 5000 autres, à moyen terme. Le prix Sanofi Algérie de la Recherche en Santé, organisé avec le plein soutien de l’Agence Thématique de Recherche en Sciences de la Santé (ATRSS), la Direction Générale de la Recherche Scientifique et du Développement de la Technologie (DGRSDT), du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS), a été remis lors d’une cérémonie organisée, à Alger, le 17 mars, à: 1ère lauréate: Madame Belaaloui Ghania, de l’Université Hadj Lakhdar de Batna, pour son travail intitulé: "ADRA2A germline gene polymorphism is associated to the severity, but not to the risk, of breast cancer." 2ème lauréat: Monsieur El Mecherfi Kamel Eddine, de l’Université des Sciences et Technologie Mohamed Boudiaf d’Oran, pour son travail intitulé: "Intérêts des biopuces à allergènes dans le diagnostic de l'allergie aux protéines du lait de vache". plines biologiques, en relation avec l’homme, ou en recherche clinique, afin d’accélérer le transfert des connaissances vers des applications diagnostiques et thérapeutiques. La deuxième édition du Prix Sanofi Algérie de la Recherche en Santé a connu une réel engouement, avec 31 candidatures de très haut niveau, contre 11 candidatures, pour la première édition. L’éligibilité des dossiers de candidature et les travaux évalués par des experts, selon la spécialité, ont été étudiés par un jury composé de doyens, professeurs d’universités et chercheurs scientifiques. Le jury a été assisté, dans ses missions, par des experts relevant des domaines de la biologie, de la pharmacie et de la médecine. Ce prix annuel d’un montant de trois millions cinq cents mille dinars algériens récompense les trois meilleurs travaux de recherche: Le premier lauréat remporte un montant de deux millions (2.000.000) de dinars algériens. Le deuxième lauréat remporte un montant d’un million (1.000.000) de dinars algériens. Le troisième lauréat remporte un montant de cinq cents mille (500.000) dinars algériens 3ème lauréat: Monsieur Zebboudj Abderezak, de l’Université des Sciences et Technologie Houari Boumediene d’Alger, pour le travail intitulé: "Etude comparative des effets antinéoplasiques de l'As2O3 et du NaAsO2 sur les tumeurs associées à l'EBV. " Sanofi Algérie confirme son engagement, en matière de recherche en santé, en Algérie. Ce prix lancé, en 2013, par le Dr Elias Zerhouni, Président Monde de la Recherche et du Développement de Sanofi, lors de sa visite, en Algérie, s’inscrit dans le cadre de la promotion des travaux de recherche, dans le domaine de la santé, et dans le but d’encourager les jeunes chercheurs, dans les disciN°49 - Mars 2016 Santé-MAG 3 ACTUALITÉ La priorité à la prévention primaire, pour lutter contre le cancer Le chef de service oncologie du centre hospitalo-universitaire d’Oran (CHUO), le Pr Abdelkader Bousahba, a souligné, à Oran, la nécessité d’intensifier la prévention primaire, afin de mieux mener l'opération de lutte contre le cancer. «Dans la lutte contre le cancer, la prévention primaire doit être priorisée, par rapport au dépistage, qui doit venir en second lieu», estime-t-il, dans une déclaration à la presse, en marge du "Merck Scientific Tour" d’une rencontre scientifique, organisée par le laboratoire allemand Merck ayant eu lieu le 17 mars, à Alger, le 18 mars, à Constantine et le 19 mars, à Oran, hôtel Le Méridien, autour du thème "Les cancer de la tête et du cou". La prévention primaire, a-t-il soutenu, «se traduit par des programmes fiables et une forte sensibilisation, sur les risques et les dangers de la consommation du tabac et de l’alcool», déplorant le fait que "les cancers liés à cette consommation sont diagnostiqués tardivement et à un stade avancé de la maladie". Malgré le faible taux d’incidence de ces cancers; à savoir, ceux de la sphère 4 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 ORL, comme le cancer de la gorge et de la langue, estimé à 3%, sur la totalité des autres types de cancers, en Algérie, la prévention primaire, a précisé le Pr. Bousahba, demeure impérative, eu égard au risque de l’augmentation de l’incidence, favorisée par la croissance effrénée de la consommation du tabac et l’alcool. Inscrit dans le cadre de la formation médicale continue, "Merck Scientific Tour" a été marqué par la participation des spécialistes d’oncologie de la région ouest du pays et a été encadré par des experts de renommée internationale; entre autres, le Pr Nicolas Magné, chef du département de Radiothérapie et directeur de la Recherche et de l'Innovation à l’Institut de cancérologie Lucien Neuwirth. L’optimisation de la prise en charge et les nouvelles approches thérapeutiques, les thérapies ciblées; en particulier, dans ce type de cancer, ont été les axes autour desquels se sont articulés les travaux de cette journée. Mieux comprendre les effets secondaires de la radiothérapie et la toxicité cutanée ont fait partie des thèmes des communications présentées, lors de ce speaker tour ACTUALITÉ Incinération des médicaments périmés Signature d'une convention, entre le SNAPO et LafargeAlgérie Le président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (SNAPO), Messaoud Belambri, a annoncé la signature d'une convention entre le syndicat et la société Lafarge-Algérie, pour la destruction des médicaments, dont la date de péremption est dépassée, au niveau de l'incinérateur de la wilaya de Mascara. Cette convention, déjà en vigueur dans certaines wilayate, vise à prendre en charge les médicaments périmés, stockés depuis plus de 15 ans, dans les différentes officines du pays, au nombre de 10.000, a indiqué M. Belambri. Le choix de la société Lafarge-Algérie, pour se charger de l'incinération de ces médicaments, obéit aux orientations données par le ministère de l'Environnement, qui gère cette opération, a souligné M. Belambri, en marge de la 10ème édition du Salon international de la pharmacie et de la parapharmacie, qui se tient au Palais des expositions. Les bureaux locaux du SNAPO veillent à généraliser cette opération à l'ensemble des wilayate, en 2016, a-t-il ajouté. Il a, en outre, précisé que les prix proposés, par Lafarge-Algérie (spécialisé dans la production du ciment), "sont de référence et étudiés" et sont "accessibles, pour tous les pharmaciens"; soit, 75 DA le Kg de médicaments, tandis que les autres structures d'incinération proposent des prix allant entre 170 et 300 DA/Kg. Chaque officine stocke près de 100 Kg/an de médicaments périmés, la quantité stockée, au niveau national, étant de 20.000 tonnes, a-t-il souligné. Ce stock, véritable fardeau, pour les officines, "ne peut être incinéré à l'air libre, comme font les hôpitaux", a-t-il estimé. La destruction de ces médicaments exige le recours à des incinérateurs équipés de fours modernes, répondant aux normes internationales, a-t-il rappelé 6 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 Verres ophtalmiques importés: La qualité sacrifiée, sur l'autel des prix La qualité des verres ophtalmiques est, souvent, sacrifiée sur l'autel des prix, lors de l'importation de ce produit, a estimé, à Constantine, un ophtalmologiste, le Dr. Abdelkader Messadi. des myopies fortes ou évolutives, des importantes hypermétropies, ou des strabismes". Des problèmes, a-t-il affirmé, que ne saurait résoudre le port de lunettes. En matière de sécurité au travail, le même praticien a précisé que les a plupart des verres oph- lentilles rigides, perméables à l'oxytalmiques, actuellement gène, offrent une "grande sécurité" importés, est "dépassée", et présentent "moins de risque d'indu fait que ces verres "ne fection, tout en assurant une meiltraitent pas, correctement, les pro- leure qualité de la vue". blèmes de vue et ne corrigent pas De son côté, le président-directeur la déficience visuelle", a ajouté ce général de la société "Sinal", Sidpraticien, lors d'une journée scienti- Ahmed Denounni, a indiqué, dans fique, tenue en marge du Salon de une communication sur la presbyl'Est de l'optique et de la lunetterie. tie et les verres de contact, qu'une Il a expliqué, dans le même contexte, bonne mesure préalable, du degré que les usagers "optent, souvent, de presbytie, permet une prise en pour un produit de moindre qualité, charge, efficace, de ce trouble de la dont le prix est nettement inférieur vision. Le responsable de cette soà celui des verres ophtalmiques de ciété, présentée comme leader nadernière génération, qui coûtent tional, dans la production de verres ophtalmiques, a, également, ajouté plus cher". S'agissant des enfants, le Dr. Mes- que le verre progressif demeure sadi a affirmé que les lentilles de "une solution optimale" étant doncontact "corrigent et traitent les né qu'il "restitue une vision nette et problèmes de vue, chez les enfants; précise, à toutes les distances". mieux encore que les lunettes". Il a Ouverte jeudi, la première édition expliqué, à ce propos, que les len- du Salon de l'optique et de la lunettilles de contact, de terie de la région Est du prescription médipays, réunit une vingtaine cale, "prennent effid'exposants, entre fabricacement en charge cants, distributeurs et reles problèmes de présentants de marques, développement ainsi que des techniciens visuel importants, de maintenance d'équià l’image des catapements et de matériels ractes congénitales, Dr. Abdelkader Messadi d'optique L DOSSIER Pr Messaoud Saïdani* à Santé Mag La greffe rénale est en nette progression, même si les objectifs, y afférents, ne sont pas atteints Propos recueillis par Tanina Ait Quels sont les principaux donneurs ? Actuellement, il s’agit de donneurs vivants apparentés; le prélèvement sur des personnes en état de mort encéphalique est nul en raison des réticences de leurs proches et ce à cause de la faiblesse de la sensibilisation y afférente. Cette situation est fort regrettable d’autant que la greffe rénale demeure un traitement de choix pour les insuffisants rénaux d’une part et ceci permettrait de désengorger les services d’hémodialyse d’autre part. Enfin, il importe de dire que la greffe rénale revient moins chère au budget de la nation En 2015, 235 greffes rénales ont été réalisées Santé Mag: Sous quel signe est placé, cette année, la célébration de la journée mondiale de la transplantation rénale? Pr Messaoud Saidani: Cette année le slogan retenu pour ce faire est « la prévention de la maladie rénale chez les enfants. » Ce slogan s’adapte bien à la situation en Algérie car nous n’avons pas encore de service dédié exclusivement à la néphrologie et dialyse pour l’enfant. Les enfants malades sont traités au niveau des services de néphrologie adulte ou en pédiatrie alors qu’un service spécialisé pour la néphrologie de l’enfant avec un complément de prise en charge psychologique et pédagogique afin que 8 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 sa scolarité ne soit pas perturbé; il est clair donc que dans ce type de service une équipe pluridisciplinaire composée de pédiatres, de néphrologues, psychologues, nutritionnistes, pédagogues est rendu nécessaire. Quelles est la situation globale relative au traitement des insuffisances rénales ? De prime abord, il faut dire que le nombre d’hémodialysés est en augmentation; en 2015, 20.000 patients étaient sous dialyse dont 600 péritonéaux. Concernant la greffe rénale nous en avons réalisé 235 pour la même année et ce à travers tout le territoire national; notons donc que nous sommes en progression bien que nous n’ayons pas pour autant atteint l’objectif fixé. Combien d’enfants souffrent d’insuffisance rénale ? En 2013 nous avons pris en charge 100 enfants mais nous n’avons pas de registre à cet effet. Quel est le programme de 2016 à ce sujet ? Nous restons toujours sur nos principes à savoir: surveillance des personnes à risques que sont les hypertendus, les diabétiques, les individus obèses, ceux qui souffrent d’infection urinaire ou de calculs rénaux et les personnes âgées. Il s’agit par conséquent de prévenir les complications au niveau rénal dues à d’autres maladies et encourager la pratique du sport chez le sujet jeune en la généralisant à l’école. Un mot pour terminer….. En plus de ce qui a été dit il importe de prendre en charge les bilans pré-greffe radiologie, écographie, examens biologiques tant pour les receveurs que les donneurs, c’est à partir de là qu’on pourrait encourager ces donneurs à faire un don et en l’occurrence la CNAS doit fortement s’impliquer * Professeur Messaoud Saïdani, président de la Société algérienne de néphrologie dialyse et transplantation DOSSIER Bilan immunologique pré-transplantation rénale Par K. Belanteur, A. Benyahia, N. Ferroukhi, Z. Guechi* En situation de transplantation rénale à partir d’un donneur en état de mort encéphalique, le risque de rejet est proportionnel au nombre d’incompatibilité HLA (mis-match), entre le donneur et le receveur INTRODUCTION La transplantation rénale allogénique représente le traitement de choix de l’insuffisance rénale terminale. Elle permet l’amélioration de la survie et de la qualité de vie des patients [1-2]. Cependant, l’obstacle majeur est le rejet immunologique, qui met en jeu les antigènes (Ag) du donneur, contre lesquels le receveur développera des réponses immunitaires humorales et cellulaires délétères, pour le greffon. Les Ag des systèmes HLA (Human Leucocyte Ag) et érythrocytaire ABO, portés par les cellules du greffon, ont été identifiés comme étant les Ag majeurs de la réaction d’allogreffe. La stratégie de prévention du rejet de greffe repose, essentiellement, sur la recherche de la meilleure compatibilité entre le donneur et le receveur, sur le suivi immunologique pré et post-greffe et sur l’utilisation d’immunosuppresseurs. Cependant, les Ag du système HLA sont très polymorphes; ce qui explique la difficulté d’apparier deux individus HLA identiques, en dehors de la fratrie. Ainsi, le bilan immunologique pré-transplantation rénale repose sur: le grou- page ABO, le typage HLA, la recherche d’anticorps (Ac) anti-HLA et le test de compatibilité croisée, ou le cross match (CXM) lymphocytaire. LE GROUPAGE ABO Le groupage ABO est réalisé, systématiquement, chez le donneur et le receveur. Les Ag sanguins A et B sont exprimés à la surface des globules rouges, à la face interne des vaisseaux et sur les membranes des cellules rénales. Ainsi, la présence d’Ac naturels anti-A et anti-B est responsable du rejet hyper aigu [1-3]. Jusqu’en 1980, transplanter entre deux individus, de groupes sanguins différents, était considéré comme une erreur médicale. Ultérieurement, un programme de transplantation ABOincompatibles (ABOi), à partir de donneurs vivants, a été développé [4-5]. Les résultats de survie, à long terme, de ces greffons, sont équivalents à ceux des transplantations à partir de donneurs ABO compatibles [6-7-8-9]. Les nouvelles stratégies thérapeutiques du receveur visent à diminuer; voire, à éliminer les Ac anti-A et anti-B, à empêcher leur réapparition et à favoriser l’acquisition d’un état d’accommodation [10]. LE TYPAGE HLA Les gènes du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) codent pour les Ag HLA, chez l’homme. On distingue, essentiellement, la région du CMH de classe I, qui code pour les Ag HLA A, B et C et la région du CMH de classe II, qui code pour les Ag HLA DR, DP et DQ. Ces gènes sont caractérisés par un très grand polymorphisme et par une transmission en bloc (haplotype), des parents aux enfants. Leurs produits sont d’expression co-dominante. En transplantation rénale, seuls les Ag A, B et DR (DRB1) sont pris en compte, pour l’appariement donneurs / receveurs. La compatibilité HLA conditionne le succès de la greffe, à long terme [11-12]. Dans le cas du donneur vivant apparenté (DVA), le meilleur donneur est celui qui est HLA géno identique. En situation de transplantation rénale à partir d’un donneur en état de mort encéphalique, le risque de rejet est proportionnel au nombre d’incompatibilité HLA (mis-match), entre le donneur et le receveur. En général, l’appariement est réalisé en tenant compte de la compatibilité HLA DR; puis B, puis A [13]. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 9 DOSSIER Le typage HLA est réalisé par une technique sérologique, qui est un test de référence, de par le monde. C’est une réaction de micro-lymphocyto-toxicité dépendante du complément (LCT), permettant de déterminer la présence d’Ag, à la surface des lymphocytes, grâce à un panel d’Ac anti-HLA de classe I et de classe II connus. Mais, cette technique est de moins en moins utilisée. Des techniques de biologie moléculaire sont, maintenant, développées, avec deux niveaux de résolution: soit un typage de niveau générique, qui est de basse résolution et qui donne l’équivalent du résultat obtenu par sérologie; soit, un typage de niveau allélique, qui est de haute résolution et qui donne l’allèle exact, présent sur le chromosome [14]. Le niveau de résolution à définir, pour un génotypage HLA, est fonction des indications cliniques. Pour la transplantation rénale, le typage de niveau générique des gènes HLA A, B et DRB1 est suffisant. LA RECHERCHE DES AC ANTI-HLA Les patients en attente de greffe peuvent s’immuniser par des Ag HLA de classe I et de classe II, apportés, essentiellement, par les transfusions sanguines, les grossesse(s), les avortements et une ou des transplantation (s) antérieure (s). La recherche et l’identification des Ac antiHLA sont capitales; car, ces Ac peuvent être responsables de rejets du greffon [215]. Il est, donc, indispensable de pouvoir différencier les Ac anti-HLA délétères, pour le greffon, des Ac non-HLA et auto-Ac qui, eux, n’ont pas d’incidence. La technique de référence est la LCT, permettant la mise en évidence des Ac anti-HLA de classe I, sur les lymphocytes T et de classe II, sur les lymphocytes B. Cette technique permet, également, d’évaluer l’immunisation, par un pourcentage de cellules lysées (PRA = Panel Reactive Antibody), par rapport au panel lymphocytaire. Afin d’analyser l’isotype IgG ou IgM, la LCT est réalisée en présence, ou en absence d’un agent réducteur, le dithiothréitol (DTT), qui détruit les IgM. Il existe, actuellement, des techniques plus performantes, plus sensibles et plus spécifiques qui, sont les techniques enzymatiques de type ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay) et les techniques de fluorescence (cytométrie en flux ou technologie Luminex) [16]. La recherche des Ac anti-HLA permet, d’une part, de classer les patients, selon leur état d’immunisation et, d’autre part, 10 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 de sélectionner les sérums à évaluer, le jour de la greffe, dans le test du crossmatch. Les patients peuvent être classés, selon la valeur du PRA, en: receveurs immunisés, ou hyperimmunisés, en cas d’existence d’une allo-immunisation anti-HLA, receveurs non immunisés, en l’absence d’une allo-immunisation anti -HLA. Si le patient est non immunisé, le dépistage des Ac anti-HLA doit se faire, tous les 3 mois et l’intervalle, entre 2 prélèvements, ne doit pas dépasser 6 mois. Si le patient est immunisé, le dépistage des Ac est recommandé, tous les 3 mois. Tout événement immunisant impose la recherche d’Ac à J15, J21, et à J30, après l’évènement. L’identification des spécificités HLA devra être réalisée par une technique sensible, dite de haute définition (HD), appelée «Single Antigen» [17]. Ces techniques HD permettent de déterminer, avec précision, une liste d’Ag HLA interdits et une liste d’Ag HLA, dits permis. Les Ag permis correspondent aux Ag HLA contre lesquelles le patient ne s’est pas immunisé, dans la limite des sérums disponibles et étudiés. La présence d’un Ac anti-HLA ne contre-indique pas, systématiquement la greffe, sauf s’il est dirigé contre un Ag HLA du donneur. Il faut donc déceler les Ac anti HLA spécifiques du donneur (DSA) d’isotype IgG ou IgM ayant une réaction délétère, sur le greffon. Malgré la diversité des techniques de détection des Ac anti-HLA, le crossmatch négatif, en LCT, reste le gold standard de l’acceptation d’un greffon. LE CROSS-MATCH LYMPHOCYTAIRE L’épreuve de compatibilité croisée, ou cross-match (CXM) est le test ultime, qui permet la détection rapide d’Ac antidonneurs cytotoxiques, préformés dans le sérum du receveur, responsables d’un rejet hyper-aigu. Le CXM fait interagir le sérum à tester, du receveur, avec les lymphocytes du donneur potentiel, en présence du complément. Les cellules cibles utilisées sont les lymphocytes du sang périphérique, pour le donneur vivant et ganglionnaires, ou spléniques, pour le donneur en état de mort encéphalique. Plusieurs sérums sont testés: le sérum du jour (datant de moins de 48h, avant la greffe), les sérums prélevés après chaque événement immunisant, ainsi que tous les sérums historiques, connus positifs. La technique la plus utilisée est la LCT en présence et en absence de DTT, pour identifier l’isotype de l’Ac. La sensibilité de ce test est augmentée par l’anti-globuline humaine anti-chaîne légère kappa (AGH). Le CXM peut être, également, réalisé par la cytométrie en flux, l’ELISA et le luminex [18]. Le CXM est réalisé avec: les lymphocytes totaux, ou les lymphocytes T, pour détecter les Ac antiHLA de classe I, les lymphocytes B, pour détecter les Ac anti-HLA de classe II, les lymphocytes autologues T+B, T et B du receveur, pour détecter les autoanticorps (auto CXM). Un CXM négatif, chez un receveur ayant un suivi immunologique régulier, autorise la greffe. Un CXM positif, avec des Ac anti HLA de classe I, contre-indique la greffe. Un CXM IgM positif, sur les lymphocytes T, sur le sérum le plus récent, peut être dû à un début d’immunisation anti-HLA. Un CXM positif sur les lymphocytes B n’est pas une contre-indication en 1ère greffe (recommandé en cas de re-transplantation et chez les receveurs immunisés). CONCLUSION La transplantation rénale représente le traitement, de choix, de l’insuffisance rénale terminale. Mais, le principal obstacle physiologique de ce traitement est le rejet de l’organe greffé. Toutefois, la meilleure connaissance des mécanismes immunologiques des rejets, l’utilisation des techniques performantes, pour un suivi, régulier, de l’immunisation prégreffe du receveur et l’utilisation des nouvelles stratégies thérapeutiques, ont amélioré la survie du greffon, à long terme. La collaboration, entre les équipes de greffe et du laboratoire d’histocompatibilité, est indispensable * K. Belanteur, A. Benyahia, N. Ferroukhi, Z. Guechi, unité d’Immunologie, laboratoire central de Biologie, CHU Nefissa Hamoud (ex-Parnet), Hussein Dey - Alger. Bibliographie [1] Berthoux F, Wolf Ph, Cinqualbre J. Greffe rénale. In: Cinqualbre J, Abrégés Greffe d’organe, éd. Masson 2004; 141-184. [2] Patel R, Terasaki PI. Significance of the positive crossmatch test in kidney transplantation. N Engl J Med 1969; 280: 735-9. [3] Malassagne B, Quelvennec E, Sémana G, Weill B. Immunité de greffe. In: Genetet N. DOSSIER Immunologie, éd médicales internationales, 4ème édition 2002; 581-612. 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Sa gravité réside dans le risque d'atteinte et de perte de la fonction du greffon, qui est estimée entre 20 et 30%. Le BK virus fait partie de la famille des Polyomavirus qui est à ADN, ubiquitaire. Sa pathogénie se révèle chez l'immunodéprimé et plus particulièrement en greffe rénale, avec un tropisme marqué pour les voies urinaires; plus précisément, au niveau de l'urothélium et de l'épithélium rénal, à l'origine d'une néphrite interstitielle. QUEL EST LE MODE DE RÉVÉLATION ? La complexité réside dans le fait qu'elle peut être asymptomatique, révélée par un bilan rénal perturbé, Il est important de savoir que toute dysfonction du greffon doit faire évoquer le diagnostic; particulièrement, en cas d'immunosuppression majeure. Parfois, le tableau se révèle par une sténose urétérale, hydronéphrose, cystite hémorragique et surtout, néphropathie tubulo-interstitielle, qui impose sa recherche systématique. Il est, donc, capital qu'un patient greffé bénéficie d'un suivi rigoureux, afin d'assurer un diagnostic précoce. Mécanisme pathogénique Ces virus ont un effet cytopathogène propre et possiblement oncogène. En ce qui concerne un potentiel effet oncogène, il a été mis en évidence un pouvoir transformateur des polyomavirus in vitro, avec induction de tumeurs, chez les animaux de laboratoire. Le génome d’un variant du BK virus a été retrouvé au niveau d’adénocarcinome pancréatique, de tumeurs cérébrales de différentes origines (glioblastome, astrocytome, méningiome), dans des sarcomes de Kaposi et même dans des carcinomes du rein. Des études similaires n’ont pas retrouvé d’ADN de BK virus, au sein de tumeurs humaines de même type et le rôle oncogène du BK virus, en pathologie tumorale humaine, reste, donc, très discuté. L’infection à BK virus est contractée, surtout, durant la petite enfance, avec une séroprévalence, de l’ordre de 60 à 80%, parmi les adultes immunocompétents. Après primo-infection, le BK virus diffuse, par voie hématogène, grâce aux lymphocytes B circulants, jusqu’à un ou plusieurs organes cibles, en sachant que l’urothélium et/ou le rein sont des sites de latence privilégiés. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 11 DOSSIER EXISTE T-IL DES FACTEURS DE RISQUE? Les patients, à fort risque immunologique, bénéficient, en début de greffe rénale, des traitements d'inductions lymphopéniants, qui influent sur la réactivation de certains virus. Au cours de l'évolution et du suivi des patients greffés, ils peuvent être sujets à des rejets et par conséquent, nécessiter de fortes doses de corticoïdes, qui majorent le risque d'émergence du BK virus. Il est important de souligner que les atteintes a BK virus, chez le transplanté rénal, ont été corrélées à l'évolution de traitements plus ciblés, afin de mieux contrôler le risque immunologique. QUELLES SONT LES MOYENS BIOLOGIQUES PERMETTANT UNE ORIENTATION DIAGNOSTIC? IL faut savoir qu'actuellement, dans notre centre, au CHU Parnet, nous établissons un dépistage systématique, à la recherche de BK virus, qui commence à se standardiser, actuellement. Des éléments d'orientations; à savoir, la recherche de cellules appelées, communément,"decoy cells", qui sont des cellules tubulaires altérées par des inclusions virales. Cette recherche permet, dans un premier temps, de définir, arbitrairement, l'état d'immunodépression du patient et secondairement, avec des techniques d'amplifications, actuellement disponibles, en Algérie, il est possible de détecter la charge virale du patient et de définir, avec exactitude, la réplication du virus, au niveau urinaire et sanguin, par la technique PCR quantitative: Virurie: PCR quantitative >107 copies/ml Virémie: PCR quantitative > 104 copies/ml La BK virurie apparaît, en général, dans les premières semaines post-transplan- tation, suivie par la BK virémie, environ 1 à 3 mois après. Virurie et virémie précèdent, en général, la néphropathie à BKv, qui apparaît, dans les trois-quarts des cas, lors de la première année posttransplantation, avec une médiane de survenue à 12 semaines, après la virurie (figure1) QUEL EST L'APPORT DE LA BIOPSIE, DANS CETTE PATHOLOGIE? L'étude histologique est un élément incontournable du diagnostic. En effet, le virus se multiplie au sein du parenchyme rénal, provoquant un effet cytopathogène; ce qui permet d'identifier les lésions orientant vers cette atteinte. Elles peuvent se présenter sous forme d'atteintes tubulaires et de l'interstitium. Au niveau histologique, la néphrite tubulo-interstitielle, à BK virus, se distingue par des lésions sévères diffuses non focales, prédominant au niveau des tubes collecteurs et distaux; principalement, au niveau de la médullaire. Ces lésions se caractérisent par des inclusions intranucléaires virales, au sein de noyaux volumineux. Il existe des marqueurs immuno-histochimiques spécifiques; malheureusement, non disponibles, en Algérie; à savoir, le Séroprévalence > 80% de la population générale T R A N S P L A N TAT I O N Virurie BKv 30 à 50% 2à4 semaines Virurie + virémie BKv 10 à 15% Virurie + virémie + néphrpathie à BKv 5% 1 à 3 mois 12 semaines Perte de greffon Figure 1: Évolution naturelle de l’infection à BKv après transplantation rénale Lanot A, et al. Infections à BK virus en transplantation rénale. Néphrol ther (2016) 12 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 simian virus 40 (SV40), qui permettent un diagnostic, précis, des néphropathies à BK virus. COMMENT AGIR? L'attitude prioritaire réside dans la prévention, avec un dépistage, qui tend à se consensualiser, au stade de néphropathie avérée; il est indispensable de réduire précocement l'immunosuppression et de réaliser un monitoring de la réplication virale. De nouvelles thérapeutiques sont en cours d'évaluation, comme les inhibiteurs de mTOR, qui ont prouvé leur efficacité, dans la limitation de la virémie et qui feront, incessamment, partie de l'arsenal thérapeutique du CHU Parnet. Des antiviraux innovants, utilisés dans d'autres indications; à savoir, le brincidofovir, sont en cours d'essais cliniques, pour définir leur innocuité, à long terme. CONCLUSION: C'est, actuellement, une pathologie en pleine émergence, dans le domaine de la transplantation rénale. Le défi actuel est de bien définir la stratégie immunosuppressive et dépister, de façon précoce, toute réplication virale. L'importance réside dans le mauvais pronostic rénal, qui conditionne le devenir de la greffe des patients. A l'heure actuelle, il est recommandé de réduire l'immunosuppression et d'évaluer l'impact réel des différentes stratégies thérapeutiques, sur la survie du greffon. Il est important de dire qu'une nouvelle transplantation est possible, après la perte du greffon, suite à une néphropathie à BK virus, sous réserve d'une surveillance rigoureuse * Docteur Attou Sihem, service de néphrologie et transplantation rénale, hôpital Nefissa Hamoud (ex-Parnet), Hussein Dey - Alger. DOSSIER Anticoagulation, chez l’hémodialysé Par le Dr Mazari Nawel* L’anticoagulation du circuit extracorporel est une nécessité, au cours de l’épuration extrarénale (EER), pour éviter la thrombose des lignes vasculaires et du dialyseur, ou de l‘hémofiltre (membrane). Le risque hémorragique et le risque de thrombose du circuit sanguin extracorporel sont deux problèmes constants de l’EER et un équilibre doit être trouvé, entre une anticoagulation efficace et la prévention des complications hémorragiques. L’anticoagulation standard repose sur l’héparine non fractionnée (HNF) et sur les héparines de bas poids moléculaire (HBPM). Au cours des EER à haut risque hémorragique, ou lors de contre-indications aux héparines, diverses méthodes d’anticoagulation sont utilisées, avec ou sans héparine. I CHOIX DE LA METHODE D’ANTICOAGULATION Le choix de la méthode d’anticoagulation doit obéir à la règle générale qu’il faut utiliser l’anticoagulation la plus simple, pratiquée de manière courante, ayant peu d’effets secondaires, la moins onéreuse et la plus efficace, en terme d’épuration et de survie de la membrane. En pratique, le choix de la technique d’anticoagulation est fonction de la réponse à trois questions: Quelle est la durée de l’EER ? Intermittente, ou continue ? Existe-t-il un risque hémorragique ? y a-t-il une contre-indication aux héparines et plus généralement, à une anticoagulation ? II METHODES D’ANTICOAGULATION STANDARD L’anticoagulation de l’EER repose, depuis de nombreuses années, sur l’HNF et plus récemment, sur les HBPM. 1. L’héparine non fractionnée HNF Mode d’action: L’activité anticoagulante de l’héparine est liée à l’activation de son cofacteur, l’antithrombine III (AT III), qui est l’inhibiteur physiologique de la transformation de la prothrombine en thrombine. L’HNF, en se liant à l’AT III, inactive, immédiatement, la thrombine et le facteur Xa, avec la même intensité. Avantages - inconvénients - contre indications. 16 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 il faut utiliser l’anticoagulation la plus simple, pratiquée de manière courante, ayant peu d’effets secondaires, la moins onéreuse et la plus efficace L’anticoagulation par HNF se caractérise par son efficacité anti-thrombotique constante, sa facilité d’utilisation et de surveillance, une demi-vie courte (2 h), son faible coût et l’existence d’un antidote efficace (le sulfate de protamine), de posologie bien codifiée. Par contre, le risque de complications hémorragiques reste élevé - de l’ordre de 10 à 30 % - et son emploi expose, également, à la survenue d’une thrombopénie à l’héparine (rare). Les contre-indications formelles de l’HNF, dans un contexte d’EER, sont l’accident vasculaire cérébral hémorragique, l’hémopéricarde et les thrombopénies, induites par l’héparine. 2. Les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) Les HBPM sont, actuellement, largement utilisées; essentiellement, en HDI. Cependant, elles sont, de plus en plus fréquemment, utilisées au cours des EERC, en raison de leur intérêt, en cas de risque hémorragique. Mode d’action: Les HBPM, obtenues par fractionnement de l’HNF, se caractérisent par une grande affinité pour l’AT III, avec une forte activité anti Xa et une faible activité antithrombinique (antiIIa); contrairement à l’HNF, qui a une forte activité anti-IIa. Avantages – inconvénients – contre indications: L’activité, quasi-uniquement, anti-Xa, freine la génération de la thrombine, sans l’inhiber complètement, expliquant son intérêt, dans les situations cliniques à risque hémorragique. Leur demi-vie plus longue, en moyenne de 4 h +/- 1 fois et une bio disponibilité supérieure à celle de HNF, fait que l’anticoagulation, au cours d’une séance d’HDI, est obtenue avec une injection unique, en début d’épuration. Les HBPM ne diffusent pas et ne sont pas ultra-filtrées, à travers la membrane; mais, peuvent être absorbées sur la membrane, pour celles dont le PM est DOSSIER plus élevé. Malgré leur absence d’élimination, le risque d’accumulation est quasi-nul. Leur faible impact plaquettaire expose moins au risque de développer une thrombopénie immuno-induite. - Leur principal inconvénient est leur antagonisation par le sulfate de protamine, moins bien codifiée et plus compliquée, par rapport à celle de l’héparine. Leur principale contre-indication est la thrombopénie, induite par l’héparine. Elles ne sont pas recommandées en cas d’AVC hémorragique et d’épanchement péricardique. En HDI, en l’absence de risque hémorragique, la posologie recommandée est de 1 mg/kg toutes les 4 h, en 1 dose unique, en début de séance, sur la ligne «artérielle», en amont de l’hémofiltre. En cas de risque hémorragique, la posologie est diminuée de moitié (0.5 mg/Kg). En cas de complications hémorragiques, l’antagonisation, par le sulfate de protamine, est possible, selon des abaques, en fonction de la dose et du temps écoulé, depuis l’injection. III ANTICOAGULATIONS SPECIFIQUES Plusieurs méthodes d’anticoagulation spécifique sont, actuellement, disponibles, pour les situations à risque hémorragique et pour les contre-indications aux héparines. 1. Mini-héparinisation: La mini héparinisation s’adresse aux situations à risque hémorragique modéré, en utilisant de faible posologie d’HNF et de HBPM. 2. Héparinisation régionale: L’héparinisation régionale consistait en une héparinisation du seul circuit extracorporel et était réservée aux situations à risque hémorragique majeur. Cette technique consiste à injecter de l’HNF, dans la ligne artérielle, en amont de l’hémofiltre et à la neutraliser, par du sulfate de protamine, délivré dose pour dose, dans la ligne de retour veineux. Actuellement, quasiment abandonnée, en raison de la survenue d’accident hémorragique tardif, lié à la dissociation du complexe héparine –protamine secondaire à ½ vie plus courte de la protamine. De plus, cette technique exposait, également, à des réactions d’intolérance au sulfate de protamine, avec une fréquence relativement élevée. Des thromboses de la ligne veineuse étaient, également, rapportées. 3. Orgaran L’Orgaran fait partie des héparinoïdes. C’est un mélange de glycosaminoglycanes. Il a une activité anticoagulante efficace et prévient la thrombose du circuit extracorporel. Son principal inconvénient réside dans une ½ vie longue (31 h ± 8), responsable de complication hémorragique. Sa principale indication, en EER, est la thrombopénie immunologique, induite par l’héparine. 4. Le citrate de sodium Le citrate de sodium, couramment utilisé comme anticoagulant, dans les centres de transfusion sanguine, pour la préparation des culots globulaires, a été proposé comme méthode d’anticoagulation, au cours des EER. Il est, en fait, pour l’instant, peu utilisé, en raison de la complexité de son utilisation et des nombreuses complications, qui émaillent son emploi. Le citrate de sodium possède de nombreux avantages. Il assure, donc, une anticoagulation efficace et est, parfaitement, indiqué dans les situations à risque hémorragique; en cas de contreindication à l’héparine, notamment, lors d’une thrombopénie, induite par les héparines. Sa principale contre-indication est représentée par l’insuffisance hépatocellulaire majeure, en raison du risque d’accumulation du citrate, par dépassement des possibilités hépatiques du métabolisme du citrate. La décision, dans un service de réanimation, d’utiliser le citrate de sodium comme méthode d’anticoagulation, nécessite d’établir un protocole d’utilisation très strict. Des logiciels, incorporés sur les générateurs d’EERc, permettront d’utiliser, en toute sécurité, le citrate de sodium comme méthode d’anticoagulation. 5. La Prostacycline PGI2 La Prostacycline PGI2 est utilisée comme anticoagulation, au cours des EER, en raison de sa puissante activité anti-agrégante plaquettaire. Sa demivie est très brève; mais, son effet antiagrégant plaquettaire perdure 2 h après l’arrêt de son administration. Ses inconvénients sont nombreux. Son effet délétère le plus important consiste en une vasodilatation intense, avec tachycardie, responsable de chute tensionnelle, incompatible avec les états hémodynamiques, précaires, des patients de réanimation. De plus, la PGI2 est instable en solution; d’où, une efficacité inconstante. Enfin, son coût est très élevé. Elle est indiquée dans les situations à haut risque hémorragique et lors des thrombopénies à l’héparine, lorsque le citrate de sodium n’est pas disponible et que la technique des rinçages ne paraît pas souhaitable. IV LES EER SANS ANTI-COAGULANT La réalisation d’EER sans anticoagulation, par la technique des rinçages au sérum physiologique, nécessite un cathéter sans dysfonctionnement, des membranes hémocompatibles et un débit sanguin élevé. 1. La technique des rinçages La prévention de la thrombose du circuit extracorporel et de la membrane est obtenue par des rinçages fréquents, par du sérum physiologique, pour chasser les thrombus en formation. Elle est indiquée en cas de situation à haut risque hémorragique, ou de thrombopénie à l’héparine. Elle peut se solder par une épuration insuffisante, par diminution de la surface d’échange de la membrane et expose aux risques de défaut de déplétion; voire, de surcharge hydro-sodée. En pratique, sa réalisation est, théoriquement, simple; mais, s’avère, en fait, difficile. Malgré une surveillance soigneuse, elle n’évite pas, toujours, la thrombose du circuit, qui peut survenir brutalement. En EERc, le rinçage préalable de la membrane est recommandé, par du sérum physiologique hépariné, pour permettre l’adsorption de l’héparine, sur la membrane. En cas de thrombopénie à l’héparine, il faut rincer abondamment le circuit et la membrane, par du sérum physiologique soit, d’emblée; soit, après le rinçage au sérum physiologique hépariné. 2. Les membranes hémocompatibles Il n’existe pas de membrane non thrombogène; mais, certaines membranes sont douées d’une thrombogénicité diminuée, telles que les membranes en éthylvinyl-alcool et en poly-acrylonitrile. De manière générale, il semble que les membranes hydrophobes hydrophiles permettent de réaliser des séances d’HDI, sans activer, fortement, les mécanismes de la coagulation. 3. Les dialyseurs en plaque en HDI Par rapport aux dialyseurs capillaires, les dialyseurs en plaque se caractérisent par une perte de charge plus faible et une meilleure compliance. Par ailleurs, elles gardent leur performance d’épuration au fil de la séance; en particulier, pour les molécules de PM élevé et elles n’exposent pas à la rétro-filtration, comme les dialyseurs capillaires. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 17 DOSSIER ASSOCIATION DE METHODES D’ANTICOAGULATION Les différentes techniques d’anticoagulation, au cours des EER, ont des effets délétères, qui peuvent être diminués, en utilisant des associations autorisant des posologies moins élevées. * Docteur Mazari Nawel, CHU Nefissa Hamoud (ex-Parnet), Hussein Dey – Alger. Sources Guide de gestion clinique du patient en hémodialyse de maintenance. Kessler M, Moureau F, Nguyen P: Anticoagulation in Chronic Hemodialysis: Progress Toward an Optimal Approach. Semin Dial 2015. Dager WE, Tsu LV, Pon TK: Considerations for Systemic Anticoagulation in ESRD. Semin Dial 2015, 28:354–362. 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Am J KidneyDis 2015, 66:91–98. 18 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 Transplantation rénale, à partir de donneurs vivants: Greffe rénale entre conjoints Par le Dr Saliha Lahfaya* INTRODUCTION meilleurs résultats, à long terme et qui L’insuffisance rénale chronique termi- permet de raccourcir la période de dianale est un problème de santé publique lyse, avant greffe. majeur, aussi bien dans les pays déve- Elle permet, également, la greffe préloppés, que dans les pays émergents. emptive (sans passage par la dialyse); La démographie globale a connu de ce qui assure une meilleure survie du profondes mutations, telles que le vieil- greffon. lissement, l’urbanisation, la modifica- Au cours des dernières années, la tion des comportements alimentaires, transplantation d’organes s’est, fortequi sont responsable d’un accroisse- ment, développée, en Europe et dans ment des pathologies dégénératives; le reste du monde. Ce développement en tête, viennent le diabète et l’hyper- s’est accompagné d’un écart, croissant, tension artérielle. entre le nombre des indications et celui Chaque patient, pour lequel se des- des organes disponibles. Le recours à sine la perspective d’un arrêt, définitif, un donneur vivant constitue, pour des du fonctionnement des reins, doit être organes tels que le rein, une ressource informé de la possibilité d’une greffe, susceptible de le limiter. à partir d’un donneur vivant, au même La pénurie d’organes est l’un des factitre que les autres méthodes de traite100 ment. Préemption La greffe rénale est 90 présentée comme le traitement de sup80 pléance de l’insuffisance rénale chro70 > 24 mois HD nique terminale le 60 plus efficace et le Préemption moins coûteux. Il 0-6 mois 50 importe de rappeler 6-12 mois que, pour un candi12-24 mois 40 24+ mois dat à la transplantation rénale, il ne fait 0 12 24 36 48 60 72 84 96 108 120 aucun doute que la Mois, après la transplantation transplantation, avec donneur vivant, est Greffe avant le début de la dialyse celle qui donne les Survie du greffon ajusté CONCLUSION L’anticoagulation, nécessaire à la réalisation d’une EER, peut être réalisée par différentes méthodes, adaptées aux situations cliniques. L’anticoagulation standard fait appel à l’HNF et aux HBPM. En cas de risque hémorragique, l’anticoagulation peut être réalisée par mini-héparinisation, citrate de sodium, Prostacycline, ou rinçage au sérum physiologique, en utilisant des membranes biocompatibles. En cas de contre indication aux héparines, l’anticoagulation peut être réalisée par l’Orgaran, en sachant que le risque de réaction croisée, avec les héparines, n’est pas nul. Le citrate de sodium, la PGI2 et les rinçages de sérum physiologique sont, également, utilisables DOSSIER 400 200 1998 1997 1996 1995 1993 1994 1990 1991 1992 0 1989 100 1988 Nombre de transplantations 300 neurs vivants entre époux, montre que 100 la survie des greffons, à 3 ans, est de 90 85%, contre 82%, 80 chez 3368 receveurs de reins de donneurs 70 familiaux et de 70%, chez 43 341 patients 60 receveurs de reins 50 de cadavre. Cette supériorité de survie 40 Relation du donneur N HL des greffons, dans Épouse 1,765 14 le cadre de la greffe 30 Sans rapport 986 13 entre époux (nonHLA-ID Fraterie 4,859 22 Fraterie 8,787 14 20 HLA compatible), ne Parent 6,855 12 peut être expliquée, 10 Cadavre 86,953 9 ni par la compatibilité HLA, ni par l’âge 0 du donneur, ni par 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 une ischémie froide Mois, après la transplantation plus courte; mais, par Les taux de survie de greffe de rein réalisées entre Octobre 1987 et l’excellente qualité du Décembre 1998, selon la source des donateurs. greffon prélevé [5,6]. 2014; 14: 1573–1580. La compatibilité, dans le système HLA, [2] Montgomery RA, Zachary AA, Ratner a été, pendant longtemps, un frein, pour LE, et al. Clinical results from transplanting la réalisation de plus de greffes rénales, incompatible live kidney donor/recipient dans notre pays. Actuellement, il est pairs using kidney paired donation. JAMA 2005;294:1655-63. prouvé que la survie des greffons, avec [3] 20% de greffes à partir de donneurs vivants: incompatibité HLA, est aussi bonne que C. Chauvet, P. Chauveau, M. Hourmant, B. celle avec identité HLA et meilleure que Hurault de Ligny, A. Kolko, G. Lefrancois, P. la greffe à partir de donneurs en état de Merville, B. Moulin, G. Mourad, L. Rostaing, B. Zins, M. Kessler, M.N. Peraldi.: 20 % de mort encéphalique, HLA identique [7,8]. transplantations avec donneur vivant en Le rôle de la compatibilité HLA s’est France ? Oui, c’est possible ! Néphrologie & réduit avec l’augmentation de la per- Thérapeutique 9 (2013) 459–460. formance des immunosuppresseurs. [4] Spital A. Ethical issues in living related Beaucoup de patients greffés, pour une donors. In: Shelton W, Balint J, editors. The première transplantation, le sont sans ethics of organ transplantation. Oxford: Elsevier; 2001. p. 89-123. compatibilité HLA, avec leur donneur. [5] CECKA JM. Results of more than 1000 Malheureusement, il existe une disparité, recent living-unrelated donor transplants in the entre les sexes, à travers le monde. Aux United States. Transplant Proc 1999, 31: 234. états unis, les femmes sont donneuses [6] Numan Gorgulu, Yasar Caliskan, Berna dans 70% des cas [9,10]; les maris Yelken, Aydin Turkmen: Outcomes of renal sont receveurs. La raison de cette transplants from spousal donors: 25 years of disparité n’a pas été bien documen- experience at our center. Int J Artif Organs 2010; 33 (1): 40 – 44.0 tée. De toute façon, on incrimine [7] TERASAKI PI, CECKA JM, GJERTSON DW et l’immunisation des femmes, contre al. High survival rates of kidney transplants from les antigènes HLA du mari, au cours spousal and living unrelated donors. N Engl J des grossesses, des raisons sociales Med, 1996, 333, 333-336. ou un certain degré de pression fa- [8] Opelz G, Döhler B. Effect of HLA compatibility on renal allograft survival: miliale exercée sur les femmes [11] Temps, année de greffe Croissance de l'utilisation du conjoint et d'autres donneurs de rein vivants non apparentés dans des centres de transplantation des États-Unis Porcentage de survie du greffon teurs, majeurs, limitant l’accès à la transplantation rénale. Cette pénurie n’est pas limitée à notre pays et les solutions potentielles ne peuvent être étendues à l’infini. Le développement de programmes, pour augmenter le nombre de donneurs, ne dépend pas que du néphrologue et du patient; mais, nécessite des réseaux, des collaborations, des bonnes volontés et des moyens humains (coordinatrices de prélèvement) et techniques, qui ne sont pas, toujours, disponibles [1]. Le cercle des donneurs vivants potentiels s’est élargi dans plusieurs pays, depuis la révision des lois de bioéthique (toute personne "émotionnellement proche" peut consulter pour don éventuel). C’est dans ce cadre-là que la transplantation entre conjoints a été autorisée. Les obstacles immunologiques, souvent, constatés, au sein des couples, sont plus faciles à franchir, pour peu, bien-sûr que le cross-match reste négatif et que les anticorps anti-HLA, dirigés contre le donneur, soient peu nombreux et de faible intensité [2,3]. Cette pratique est récente, au niveau de nos centres de greffe; mais, ancienne, dans le monde. Les greffes de reins, les plus éthiquement acceptées, provenant de donneurs vivants non-apparentés, sont à partir des conjoints [4]. Plusieurs études suggèrent que la grande majorité des gens donnent un rein à leur conjoint, qu’à leur frère ou sœur. Aux USA, les greffons, provenant des conjoints, représentaient, environ, 25% de toutes les greffes effectuées, chez l’adulte, en 2001. En effet, Terrasaki, dans une étude, portant sur 3680 don- * Docteur Saliha Lahfaya, maître-assistante en néphrologie, à l’hôpital Nefissa Hamoud (ex-Parnet), Hussein Dey – Alger. Références [1] B. J. Orandi1, J. M. Garonzik-Wang1: Quantifying the Risk of Incompatible Kidney Transplantation: A Multicenter Study: American Journal of Transplantation comparative analysis of 2 decades. Transplantation 2007; 84:137-43. [9] Cecka JM. The OPTN/ UNOS Renal Transplant Registry.In: Cecka JM, Terasaki PI, editors. Clinical Transplants 2005. Los Angeles: UCLA Tissue Typing Laboratory; 2006. [10] Cecka JM, Terasaki PI. The UNOS Scientific Renal Transplant Registry. In: Terasaki PI, Cecka JM, eds. Clinical transplants 1993. Los Angeles: UCLA Tissue Typing Laboratory, 1994:1-18. [11] Biller-Andorno N, Schauenburg H. It’s only love? Some pitfalls in emotionally related organ donation. J Med Ethics. 2001; 27:162-4. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 19 DOSSIER Anémie et insuffisance rénale Par Dr I. Arbaoui, Pr T. Rayane* 1 DÉFINITION La définition de l'anémie, dans la population générale, est celle proposée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en 1968: taux d'hémoglobine (Hb), dans le sang veineux, inférieur à 13 g/dl, chez l'homme adulte, inférieur à 12 g/dl, chez la femme, inférieur à 11 g/dl, chez la femme enceinte. L’anémie de l insuffisant rénal chronique (IRC) est, généralement, normochrome, normocytaire et a régénérative. Elle est observée dès que le débit de filtration glomérulaire (DFG) devient inférieur à 60 ml/min/1,73 m2. Elle est multifactorielle, due à un déficit en érythropoïétine (EPO), la diminution de la durée de vie des hématies, l'inhibition de l'érythropoïèse, par des toxines urémiques et un déséquilibre de l’homéostasie du fer. L'efficacité de l'EPO recombinante humaine, pour corriger l'anémie de l'IRC, suggère que le déficit en EPO représente le mécanisme, principal, de cette anémie. Cette idée n'est que, partiellement, vraie; car, d'autres causes interviennent, également. 2 PHYSIOPATHOLOGIE A- Déficit en EPO L’EPO est une glycoprotéine produite au niveau des cellules interstitielles péri-tubulaires rénales, en réponse à l’hypoxie tissulaire. Le rein est le principal site de production d'EPO, chez l'adulte. Il contribue, pour 85 %, à la production d'EPO; le foie n'assure qu'une contribution mineure et le poumon et la rate jouent un rôle accessoire. Une chute de la pO2 tissulaire rénale stimule la production d’EPO, afin d’augmenter la masse érythrocytaire et ainsi, la capacité de transport de l’oxygène. Elle agit sur les progéniteurs érythroïdes médullaires: burst forming unit erythroblast (BFU-E) et colony forming unit erythroblast (CFU-E). L'EPO agit sur les stades tardifs de leur développement, en stimulant leur prolifération et leur maturation. Cette stimulation se fait, en réalité, par une inhibition de l'apoptose. L’hypothèse physiopathologique actuelle explique la diminution de la synthèse de l’EPO, dans l’insuffisance rénale, par l’installation, progressive, d’une fibrose interstitielle et une apoptose des cellules myofibroblastiques, à l’origine de la synthèse de l’EPO. B- Déséquilibre dans l’homéostasie du fer Les patients insuffisants rénaux, ont, fréquemment, un déficit martial réel, dû aux pertes sanguines, dans les circuits d’hémodialyse, aux nombreuses prises de sang et aux fréquentes procédures chirurgicales, auxquelles ils sont soumis (par exemple, mise en place d’abords vasculaires). L’absorption intestinale de fer se retrouve, également, perturbée par plusieurs traitements; souvent, administrés en cas d’insuffisance rénale (inhibiteurs de la pompe à protons, chélateurs du phosphate…). Ajoutée à ces différents facteurs, l’hepcidine, élevée en cas d’insuffisance rénale, est actuellement identifiée comme un facteur important, contribuant à la diminution de l’absorption de fer intestinal. Essentiellement produite par le foie, l’hepcidine est le principal peptide régulateur du métabolisme du fer. En induisant la dégradation de la ferroportine, elle empêche la sortie du fer des entérocytes duodénaux, diminuant, ainsi, sa disponibilité plasmatique. Une sécrétion anormale et/ ou ectopique d'EPO peut survenir lors de tumeurs rénales malignes, kystes du rein, hépatomes, hémangioblastomes du cervelet, fibromes utérins, entraînant une sécrétion etopique d'EPO et une polyglobulie. 20 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 DOSSIER C- Autres facteurs: Résumé dans le schéma ci-dessous: Après instauration du traitement par EPO, s’il y a une résistance, il faut chercher la cause: infection, spoliation sanguine… - Altération sites de production: péritubulaire - Accumulation d'inhibiteurs: guanidique - Intoxication aluminique - Hyperpara - Syndrome inflammatoire ↓ Érythropoïèse - IR - Urée, acidose ↑ Hémolyse - Chez homodialysé: Mauvaise restitution - Prélèvement sanguins - Pertes sanguines: digestive et génitale - Acide folique dialysé Anémie rénale Spoliation sanguine Source digestive Gynécologique Infection / Inflammation Accès vasculaire, LED, tuberculose, VIH, foyer dentaire Hyperparathyroïdisme Ostéite fibreuse Déficit en vitamine B12, folates Hémoglobinopathies Carence en fer Thalassémie Myélome multiple Néoplasies Malnutrition Hémolyse Déficit en folates Dialyse inadéquate Malnutrition Physiopathologie de l'anémie rénale 3 CLINIQUE: De nombreuses manifestations ont été décrites, au cours de l'anémie de l'IRC. Ces descriptions reposent soit, sur des notions classiques concernant l'anémie chronique; soit, sur des observations faites chez des patients avec IRC, traités par EPO: dyspnée d'effort, tachycardie, lipothymie, hypotension orthostatique, frilosité, angor, asthénie et anorexie. 4 TRAITEMENT La prise en charge de l’anémie de l’IRC comporte plusieurs volets: une réduction, au strict minimum, des pertes sanguines et des prélèvements sanguins, pour bilans biologiques; l'administration de fer par voie parentérale, ainsi que l’acide folique; une épuration extrarénale de qualité; EPO. Médicaments IECA, AT1 antagonistes Toxicité de l'aluminium Facteurs responsables d’une résistance relative au traitement par EPO 5 NOUVELLES PERSPECTIVES A côté des érythropoïétines à longue durée d’action, telles que la darbépoétine alpha (Aranesp) et l’époétine pégylée (Mircera), plusieurs nouvelles molécules, qui pourraient être une alternative aux rHu EPO, sont, actuellement, en cours d’étude. Les régulateurs de l’hepcidine constituent une classe thérapeutique d’avenir. Inhiber la production d’hepcidine, en antagoniser l’action directement, interférer dans l’interaction hepcidine/ferroportine, ou encore, stabiliser la ferroportine, afin d’augmenter la quantité de fer disponible pour l’érythropoïèse, sont les principaux domaines de recherche, à ce jour. IRC Hb < 100 g/l Anémie arégénérative - Doser et substituer B12 et folates - Bilan martial (ferritine et TSat) Ferritine > 500 µg/l ou TSat > 30% Discuter un traitement de rHuEPO (cf. texte) Hb < 120 g/l Hb 100-120 g/l Anémie arégénérative Investiguer une anémie spoliative ou hémolytique Ferritine > 500 µg/l ou TSat > 30% Administrer du fer en IV et vérifier Hb et bilan martial après 2-4 semaines Anémie arégénérative Répéter dépistage de l'anémie: - 1 x/an en cas de CKD III - 2 x/an en cas de CKD IV - 4x/an en cas de CKDV ou HD - Doser et substituer B12 et folates - Bilan martial (ferritine et TSat) Ferritine > 500 µg/l ou TSat > 30% Ferritine > 500 µg/l ou TSat > 30% Administrer du fer en IV pour diminuer la rHuEPO ou si l'on veut augmenter l'Hb Prise en charge de l'anémie rénale; saturation de la transferrine (TSat) IRC: insuffisance rénale chronique; Hb: hémoglobine; TSat: taux de la transferrine; rHuEPO: érythropïétine recombinante humaine N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 21 DOSSIER Une deuxième classe thérapeutique est constituée par les inhibiteurs de la prolyl hydroxilase (FG2216 et FG4592), enzyme qui, en présence d’oxygène, inactive un facteur appelé HIF (Hypoxia Inducible Factor), nécessaire à l’activation du promoteur génique de l’EPO. Une fois l’enzyme bloqué, HIF permet la transcription du gène de l’EPO, dans des conditions physiologiques similaires à celles retrouvées, lors d’une hypoxie. Une récente étude a pu montrer que l’administration, per os, de ce médicament (FG2216), permettait, à des patients dialysés, de produire davantage d’EPO Inhibiteurs de la prolyl hydroxylase: empêchent la dégradation du HIF À retenir Dépister l’anémie chez le patient avec une insuffisance rénale chronique (IRC) Corriger le bilan martial pour obtenir une ferritine > 500 µg/l et saturation transferrine > 0,3 Introduire un traitement par érythropoïétine recombinante humaine (rHuEPO) si la concentration en hémoglobine est < 90 g/l après un traitement suffisant de fer ou entre 90 et 100 g/l et associé à des symptômes évocateurs d’une anémie symptomatique La cible de la concentration d’hémoglobine chez le patient en IRC non dialysé, sous traitement de rHuEPO, est de 100-115 g/l. Les doses doivent être ajustées pour cet objectif Une cible plus élevée est associée à des effets secondaires négatifs, particulièrement si la cible est de plus de 130 g/l, raison pour laquelle il ne faut pas dépasser cette valeur * Docteur I. Arbaoui, Professeur T. Rayane, service néphrologie – dialyse - transplantation, CHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet), Alger. Références - P. Brunet, V. Faure, S. Burtey, H. Sichez, Y. Berland. Anémie de l'insuffisance rénale chronique. EMC - Néphrologie 2006 - KDIGO Clinical Practice Guideline for Anemia in Chronic Kidney Disease 2012. - P.Gianella et al . Prise en charge de l’anémie rénale en 2013. Rev Med Suisse 2013. - B. Baudin. Fer, ferritine et récepteur soluble de la transferrine. EMC - Biologie médicale 2015. - M. Bonomini et al. New treatment Approaches for the Anemia of CKD, AJKD2015. - J. Rottembourg, G. Rostoke: Utilisation des dérivés injectable du fer, au cours de la maladie rénale chronique: intérêt, limites et conseils, pour un bon usage. Néphrologie et thérapeutique 2015. 22 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 Amyloses rénales Par le Pr M. Hammouche* GÉNÉRALITÉS SUR LES AMYLOSES Les amyloses sont un ensemble hétérogène de maladies différentes, héréditaires ou acquises, caractérisées par un dépôt extracellulaire de protéines, anormalement repliées et auto-agrégées, entrainant, ainsi, la formation de fibrilles amyloïdes insolubles, visibles au microscope électronique. Ces maladies conformationnelles des protéines, sans aucun caractère commun de structure, ou de fonction, adoptent, toutes, une conformation en feuillets béta plissés, suivie d’une polymérisation. Cette conformation particulière est à l’origine de propriétés particulières tinctoriales, avec le rouge Congo, avec biréfringence en lumière polarisée. Les formes sont, souvent, généralisées (ou diffuses) et d’évolution sévère. Le rein est un organe cible des amyloses systémiques, pour représenter 3% de toutes les néphropathies et cette incidence atteint 15% après 60 ans. L’atteinte rénale est présente pour 90% des amyloses AA et 50% pour les amyloses AL. Dans les formes héréditaires des amyloses, l’atteinte rénale peut être privilégiée. HISTORIQUE Alors que Rokitanski assimilait les dépôts à du gras, Virchow fut le premier à utiliser le mot amyloïde, pour caractériser cette substance, qui se colore comme l’amidon, après application de l’iode. Friedrich affirme, quinze après, la nature essentiellement protéique de ces dépôts; mais, l’usage gardera, à ce jour, le terme d’amylose. Vers 1920, le rouge Congo et la biréfringence sont d’un apport précis au diagnostic d’amylose, diagnostic à ce jour affirmé, d’abord, par l’histologie. L’identification des différentes protéines impliquées est devenue une réalité, très utile, pour le diagnostic, le pronostic et les possibilités de traitement, à partir de 1970. L’amylose, dite primitive, est devenue l’amylose AL et le précurseur protéique reconnu comme une des chaînes légères, lambda ou kappa, des immunoglobulines, par Glenner, en 1971. L’amylose secondaire devient l’amylose AA et la SAA le précurseur. Costa, en 1978, décrit l’amylose, où le précurseur protéique est la pré-albumine, ou transthyrétine. Depuis, plus de 20 précurseurs ont été décrits, notamment, héréditaires; voire, par mutation sporadique, comme pour la chaîne alpha du fibrinogène. CARACTÉRISATION DE LA SUBSTANCE AMYLOÏDE Aspects macroscopiques Microscopie optique DOSSIER C’est une substance extracellulaire homogène, amorphe, qui infiltre, de façon variable minime, localisée ou diffuse, un organe. Les colorations utilisées les plus caractéristiques sont, d’abord, le rouge Congo, très spécifique, biréfringent vert jaune à la lumière polarisée. La thioflavine sera très utile, dans les dépôts de faible abondance, pour sa plus grande sensibilité; même si sa spécificité est moindre. Microscope électronique Les dépôts sont formés de fibrilles fines, linéaires, non ramifiées; mais, enchevêtrées, avec un diamètre de 10 nanomètres. Biophysique La diffraction, aux rayons X, montre des fibrilles, en chaînes polypeptidiques, disposées en feuillets béta plissés, perpendiculaires au grand axe de la fibrille. En conséquence, existent les affinités tinctoriales, les propriétés optiques de biréfringence à la lumière polarisée, la résistance à la dégradation protéique et la possibilité d’y amarrer d’autres molécules. Biochimie Deux types de composants, dans les dépôts amyloïdes, sont identifiés: le composant fibrillaire spécifique à chaque amylose et le composant non spécifique commun à toutes. Le composant fibrillaire représente 85 à 95% du total du dépôt. C’est la protéine spécifique, caractérisant le type d’amylose. Ces protéines sont le résultat d’une protéolyse incomplète du précurseur sérique et ces deux éléments sont la base de la classification des amyloses. Sont présentes, sur le tableau suivant, les protéines le plus souvent retrouvées, dans la pratique clinique la plus courante. Le composant non-fibrillaire constitue les 5à 15% restant, avec de nombreux constituants, comme le composant P ou AP, des protéoglycanes, une apolipoprotéine A1 et un facteur stimulant de l’amylose ou AEF. Le composant P est commun à toutes les amyloses, donc, présent dans tous les dépôts et sa version radioactive est utilisée, pour une scintigraphie. C’est une glycoprotéine, de la famille de la CRP, dérivant de la SAP, synthétisée par le foie et est liée à la fibrille, par une liaison calcium dépendante. C’est un constituant normal des membranes basales glomérulaires et des fibres élastiques. Des glycoaminoglycanes (héparane sulfate) et des protéoglycans sont constants, dans les dépôts et seraient la matrice sur laquelle se fixent les protéines amyloïdes et le composant P; d’où, le terme de nid de la fibrille. L’apolipoprotéine E (ApoE) est présente dans l’amylose AA, l’amylose à la transthyrétine et la maladie de l’Alzheimer. Cette protéine serait capable, avec le composant P et les GAG (glycoaminoglycanes), de favoriser la béta-plicature. Le phénotype ApoE 4 serait le principal facteur de risque de l’Alzheimer à début tardif. L’AEF est caractérisé par l’accélération des formations, dans l’amylose AA expérimentale. Il n’est pas, encore, caractérisé par la biochimie. Le TNF, comme les fibrilles préformées, ont cette faculté d’accélérer la formation de l’amylose. Manifestations cliniques La classification anatomo-clinique est basée sur les signes cliniques, la distribution des dépôts et bien sur, leur composition. On distinguera des amyloses généralisées des formes localisées. Les formes généralisées, ou systémiques, ont une atteinte rénale très Protéine amyloïde Précurseur Localisation Type Atteinte AL Chaîne légère d'IG Systémique ou localisée Acquise Amylose secondaire AA Serum amyloid A Systémique Acquise Amylose secondaire β2M B2-microglobuline Systémique Acquise Hémodialyse ATTR Transthyrétine Systémique Acquise Héréditaire Amylose sénile AApoA1 Apolipoprotéine A1 Systémique Héréditaire Foie, rein, coeur AApoA2 Apolipoprotéine A2 Systémique Héréditaire Rein, coeur AFib Chaîne Aa Fibrinogène Systémique Héréditaire Rein AGel Gelsoline Systémique Héréditaire Finlandaise APP Protéine Prion Localisée Acquise Cerveau fréquente. Ce sont les amyloses AL d’origine immunoglobulinémique, de l’amylose secondaire AA, des amyloses héréditaires et de l’amylose des hémodialysés, qui occupe une place particulière, depuis son identification, dans les années 1980. Des amyloses localisées existent dans une situation endocrinienne (pancréas, thyroïde), des amyloses cérébrales, ainsi que des formes pseudo-tumorales, localisées dans l’arbre urinaire. L’amylose est considérée comme une affection rare, même avec de forts soupçons de sous-évaluation. Dans sa recherche systématique, lors d’études d’autopsies, elle concerne 0,8% des cas. Les amyloses rénales Le rein est un organe cible privilégié des amyloses. L’amylose rénale représente 3% de l’ensemble des néphropathies, en général et 15% des atteintes rénales, après 60 ans. L’atteinte rénale existe dans 90% des amyloses secondaires (AA) et dans 50% des amyloses AL, ou primitives. Cette altération se retrouve, aussi, dans les formes héréditaires. Selon le précurseur protéique, sont décrites des atteintes particulières, privilégiant des structures anatomiques du rein. Les dépôts amyloïdes peuvent se localiser à n’importe quel niveau, pour les amyloses AA et AL, avec la lipoprotéine A I, il n’y a pas d’atteinte glomérulaire; mais, des dépôts privilégiant la médullaire, souvent non retrouvée, dans les biopsies rénales standard. L’atteinte, liée à la chaîne alpha mutée du fibrinogène, est glomérulaire, massive et isolée, alors que, pour la pré-albumine, ce sont les vaisseaux et la médullaire. PRÉSENTATION CLINIQUE La période préclinique est une donnée, malheureusement, difficile à évaluer et elle pourrait durer de nombreux mois; voire, plusieurs années. L’expression clinique est, à peu près, toujours la même et ne dépendra pas, particulièrement, du précurseur protéique. La protéinurie est le maître-symptôme. Elle sera, au début, intermittente; puis, permanente, toujours progressive et non sélective et d’une quantité variable. L’hématurie microscopique est, rarement, associée (5% des cas), alors que la fonction rénale est, longtemps, préservée. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 23 DOSSIER Maladie(s) Amylogène(s) Siège des dépôts amyloïdes AL Protéine amyloïde Précurseur Chaîne légère d'Immuno-globuline (κ, λ) Isolée ou associée Toutes les structures rénales AH Chaîne lourde d'Immuno-globuline (γ, µ) Isolée ou associée au myélome Toutes les structures rénales AA 5AA Infections chroniques Inflammations chroniques Tumeurs Héréditaire (FMF, TRAPS, etc.) Toutes les structures rénales ATTR Transthyrétine mutée Héréditaire Interstitium (médulaire), glomérules et vaisseaux Aβ2-M β2-microglobuline Associée à l'hémodialyse périodique Rein terminal AApoA1 Apolipoprotéine A1 Héréditaire Principalement dans l'interstitium (médullaire) AApoA2 Apolipoprotéine A2 Héréditaire Toutes les structures rénales AGel Gelsoline Héréditaire Principalement dans les glomérules ALys Lysozyme Héréditaire Glomérules et vaisseaux AFib Chaîne Aa Fibrinogène Héréditaire Glomérules L’évolution est d’une rapidité variable, selon le type d’amylose. La protéinurie prendra l’allure néphrotique compliquée de thromboses; notamment, de la veine rénale et de dénutrition conséquente. L’insuffisance rénale s’installera, dans des délais variables, selon le type d’amylose, avec la particularité d’un syndrome néphrotique, peu ou mal atténué, par la chute du débit de filtration glomérulaire; au contraire de toutes les autres néphropathies glomérulaires. la lumière polarisée. En effet, le rouge Congo se lie aux feuillets béta plissés des fibrilles amyloïdes; mais, sa sensibilité est, quelquefois, insuffisante, quand les dépôts sont de faible abondance. Les pathologistes recourent, alors, à la thioflavine certes, moins spécifique; mais, plus sensible. Le microscope électronique reconnaîtra ce que Cohen a décrit, dans les années 50: des fibrilles très évocatrices; mais, non spécifiques, imagées comme «un paquet d’épingles, jetées sur un tapis». La taille des reins, réputée augmentée, dépendra, en réalité, du stade d’évolution. Ce n’est que dans 20% des cas que la taille n’est pas diminuée, malgré l’insuffisance rénale terminale. L’hypertension artérielle, classiquement absente du tableau, est retrouvée, selon les différentes études, dans 20 à 60%. Cette insuffisance rénale, habituellement progressive, peut surprendre, par son allure aigue, à l’occasion d’un facteur déclenchant brutal, comme une déshydratation aigue sévère, d’un acte chirurgical lourd, ou encore, par l’administration de produits de contraste iodés. L’identification du précurseur protéique de ces dépôts est possible, depuis 1970. C’est depuis une nécessité, pour un diagnostic précis, pour fixer le pronostic et envisager la possibilité de traitement éventuel. La méthode de référence, pour cette identification, est l’immunohistochimie, qui utilisera des anticorps monoclonaux (Ac anti-AA, Ac antilambda et anti-kappa, Ac anti-fibrinogène, etc…) HISTOLOGIE RÉNALE Si le diagnostic est d’évocation clinique, seule l’histologie peut l’affirmer. Plusieurs caractères communs sont retrouvés dans toutes les amyloses. Ce sont les dépôts amorphes extracellulaires, évoqués par les colorations usuelles, confirmés par le rouge Congo et la biréfringence vert jaune, à 24 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 LÉSIONS RÉNALES Elles peuvent se localiser dans n’importe quelle structure du rein, même si les localisations glomérulaires et vasculaires sont les plus évocatrices et les plus caractéristiques. L’atteinte glomérulaire touche chronologiquement, d’abord, le mésangium, de façon segmentaire. Par la suite, ces dépôts vont confluer en nodules mésangiaux, avant d’atteindre la face interne de la membrane basale glomérulaire. Ces trois étapes sont les stades successifs, dans l’évolution de l’atteinte glomérulaire. Parfois, l’atteinte endo-membraneuse est d’aspect diffus et prend l’allure d’une mésangio-pariétale. Il existe des formes d’atteinte, de type extra-membraneux. L’atteinte hilaire du pole vasculaire est l’autre type d’atteinte glomérulaire. La description de ces différents types d’altération peut suggérer le type de protéine amyloïde présent. La forme mésangiale nodulaire, ou la position hilaire des dépôts évoquera, fortement, une amylose AA, alors qu’une distribution endo-membraneuse évoquera, plutôt, une amylose de type AL. Le siège histologique de la lésion déterminera la gravité de la protéinurie, qui sera massive, dans la mésangiopariétale, de pronostic très sombre. L’atteinte hilaire exempte des protéinuries importantes. Les dépôts vasculaires sont très fréquents (80% des cas) et peuvent toucher n’importe quel vaisseau, avec un positionnement dans la média, au détriment des cellules musculaires lisses. L’atteinte tubulo interstitielle existe dans la moitié des cas. Les dépôts se localisent le long des capillaires péri-tubulaires et les membranes basales tubulaires, à leur versant externe. La nécrose épithéliale est retrouvée, avec des amas de macrophages. Les dépôts sont médullaires, pour l’apolipoprotéine A1, comme pour la transthyrétine (pré-albumine). DOSSIER Pour les amyloses héréditaires, si le précurseur protéique est la chaîne alpha du fibrinogène, l’atteinte glomérulaire est isolée et massive. Pour la gelsoline, la glomérulopathie est discrète, tandis que pour l’apolipoprotéine A1, la localisation des dépôts sera dans la médullaire profonde. Concernant la pré-albumine, l’atteinte glomérulaire est possible et ce sont les dépôts vasculaires, qui sont fréquents. Cette coloration rouge orange des dépôts amyloïdes est spécifique de la structure en feuillets béta plissés. La coloration vert-jaune, en lumière polarisée. Microscope électronique: fibrilles amyloïdes et leur aspect en paquet d’épingle. La réaction inflammatoire peut s’y associer, avec risque de rupture de la membrane basale glomérulaire, source de prolifération cellulaire extra-capillaire et présence de croissants. Cette description est rapportée dans l’amylose AA de la polyarthrite rhumatoïde, chez des femmes. PARTICULARITÉS Dans l’amylose AA on retrouve deux expressions différentes de cette maladie. Les formes glomérulaires sont domi- nantes, avec possibilité d’atteinte vasculaire, au cours de son évolution. Les formes vasculaires sont plus rares avec des dépôts limités au pole vasculaire des glomérules, par ailleurs, épargnés. En conséquence l’expression clinique sera différente. Le syndrome néphrotique est d’allure sévère, pour la forme glomérulaire. L’insuffisance rénale est isolée, pour les formes vasculaires, le plus souvent, une protéinurie présente ne peut être que de faible abondance. ETIOLOGIES DES AMYLOSES L’amylose AA est évoquée par le contexte clinique sachant que, parfois, la maladie inflammatoire n’est pas, toujours, identifiée, comme pour les maladies auto-inflammatoires, ou la tumeur de Castelman. Dans ces cas, l’amylose est de découverte histologique. Dans les formes héréditaires, la nature du précurseur protéique déterminera l’expression clinique. La manifestation sera, uniquement, rénale pour la chaîne alpha du fibrinogène, qui mute, souvent, de façon sporadique. Vers 40 ans, se présente une hypertension artérielle, avec insuffisance rénale d’allure accélérée et peut être confondue avec les autres formes rénales isolées, comme un pic monoclonal seul. L’apolipoprotéine A1 se présente dans plusieurs variantes, liées à des mutations différentes. L’expression décrite, dans le nord de l’Italie, rassemble, à la fois, une hépatopathie avec néphropathie tubulo-interstitielle et un diabète insipide néphrogénique. L’apolipoprotéine AII traduira une atteinte rénale prédominante; mais, reste exceptionnelle. La transthyrétine exprimera, au premier plan, la cardiopathie et la neuropathie, tandis que la néphropathie passera au second plan. TRAITEMENTS Ils sont, encore, très limités. L’objectif sera d’atténuer la production de la protéine amyloïde, ou de son précurseur, à défaut de la supprimer. On traitera le clone plasmocytaire, dans l’amylose AL et on fera tout, pour juguler l’inflammation, pour l’amylose AA. La colchicine, à titre préventif, est d’efficacité appréciable, pour la maladie périodique * Professeur M. Hammouche, service de néphrologie du CHU Lamine Debaghine, Bab El Oued – Alger. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 25 DOSSIER Toxicité rénale des anticancéreux Par le Dr Haminoumna Chanez* Résumé: Certains des médicaments anticancéreux utilisés, dans le traitement des cancers, présentent une toxicité rénale, les profils de tolérance différents pouvant être en rapport avec la toxicité intrinsèque du médicament anticancéreux et au terrain représenté par le patient, lui-même. Parmi les médicaments anticancéreux les plus connus, présentant une toxicité rénale, figurent les dérivés du platine, tels que le cisplatine, le méthotrexate et la gemcitabine. Les nouvelles thérapies, dites «ciblées», antiangiogéniques, présentent, également, des interactions potentielles avec le rein. Les mécanismes de néphrotoxicité de ces médicaments, ainsi que la prévention et la prise en charge sont présentés et développés, dans cet article. INTRODUCTION: La prise en charge des patients anticancéreux passe par une meilleure connaissance des mécanismes de néphrotoxicité. En effet, le rein étant un organe impliqué dans l’élimination des médicaments, toute défaillance de celui-ci peut contre-indiquer, d’une façon temporaire, ou définitive, l’utilisation d’une chimiothérapie, chez un patient donné. L’altération de la fonction rénale, secondaire aux anticancéreux, peut s’exprimer sous toutes ses formes d’atteinte rénale (Tableau 1). L’amélioration de la prise en charge passe, donc, par une bonne évaluation de la fonction rénale, sachant que la créatininémie, seule, est un mauvais index de la fonction rénale et qu’une évaluation de celle-ci, par des formules, comme celle de Cockcroft et Gault, qui tient compte de l’influence de l’âge et du poids; contrairement, à la formule "Modification of the Diet Renal diseases" MDRD qui, actuellement, est considérée comme mesure, au moins, aussi (voir plus) fiable (Tableau 2). CISPLATINE: Le cisplatine fait partie des médicaments anti-cancer les plus utilisés, dans le monde. Indications: sarcomes tissus mous et ostéogénique, lymphomes, cancer testicules et ovaires… L’insuffisance rénale aigue aux platines 26 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 Mécanisme physiopathologique impliqué Classe thérapeutique ou médicament Insuffisance rénale fonctionnelle Tous les anticancéreux induisant vomissements et diarrhée (cisplatine, cyclophosphamide) Interleukine 2 (par fuite capillaire) Adriamycine, mitomycine Cisplatine, méthotrexate, immunoglobulines intraveineuses, ifosfamide. Méthotrexate Hypoperfusion rénale par atteinte hémodynamique Glomérulopathie Toxicité tubulaire directe Obstruction intra tubulaire par précipitation du médicament ou de ses métabolites Syndrome hémolytique et urémique Anomalie du bilan de l’eau-hyponatrémie Insuffisance rénale chronique par néphropathie interstitielle chronique (avec ou sans nécrose papillaire) Néphropathie immunoallergique Mitomycine, 5 fluorouracil, gemcitabine Vincristine Nitrosourées Cisplatine, interféron, cytosine arabinosine Tableau1: Mécanismes impliqués dans la toxicité rénale des anticancéreux. Formule de Cockcroft & Gault (1976) Clairance de la créatinine (CICr) en mL/min: CICr= [K x (140-âge) x poids (kg)] Créatininémie (µmol/L) Avec K = 1.23 chez l'homme = 1.04 chez la femme Formule aMDRD (2000) Débit de filtration glomérulaire estimé (eDFG) en ml/min/1.73m2 eDFG = 186,3 x (âge) -0.203 x (Pcr) -1.154 (x 1.212 si afro-américain et x K) Avec K = 1 chez l'homme = 0.742 chez la femme Pcr = Créatininémie en mg/dl Tableau2: Formules d’estimation de la fonction rénale est dose-dépendante et principalement observée pour des doses supérieures à 50mg/m2. Son incidence augmente avec le nombre de cures réalisées [1], ainsi que l’association à d’autres traitements néphrotoxiques. Les facteurs de risque de l’IRA sont, essentiellement: la déshydratation, l’association aux produits de contrastes iodés, ou d’autres traitements néphrotoxiques, le mode d’administration (mieux toléré, en perfusion continue, que sous forme de bolus IV). Le cisplatine est un médicament, dont l’élimination est rénale à 90%, avec une phase initiale rapide, de 15 à 20% de la dose, en 4heures; puis, une phase latente, à 70% de la dose. Sa prescription doit, donc, être adaptée à la fonction rénale (Tableau 3). Généralement, l’atteinte rénale est précoce, s’installant dès le deuxième jour; le plus souvent, modérée et réversible, après la première cure; mais, peut devenir importante et irréversible, après plusieurs cures. Toutefois, un cas d’insuffisance rénale aigue (IRA) irréversible a été rapporté, chez un patient ayant reçu une seule injection de cisplatine (160 mg) [2]. La prévalence de l’IRA est de 5 à 10% des cas, l’évolution est, dans la majorité des cas, favorable, avec récupération de la fonction rénale en 2 à 4 semaines. Dans de rares cas, un recours à l’hémodialyse temporaire est nécessaire. Toutefois, quelques cas d’une insuffisance rénale irréversible sont décrits [3-4]. Le cisplatine est, fortement, néphrotoxique et provoque une diminution de la filtration glomérulaire et une atteinte tubulaire proximale [5]. L'effet tubulaire associe: enzymurie, fuite rénale du magnésium (hypomagnésémie), protéinurie tubulaire et troubles de la concentration des urines. Prévention de la néphrotoxicité du Cisplatine: Des recommandations, sur la prevention de la toxicité rénale du cisplatine, ont été publiées par l’European Society of Clinical Pharmacy***. Selon ces recommandations, la fonction rénale doit être evaluée, avant chaque administration de cisplatine et 3 à 5 jours après. L’HYDRATATION: chez le patient hospitalisé: sera réalisée par du sérum salé, au moins 12 heures avant l’administation du cisplatine, poursuivie durant l’administration (dilution du cisplatine avec 1000 ml de sérum salé) et maintenue pendant 24 heures[5]. Le volume de sérum salé à perfuser est, généralement, de 500 à 1000 ml, par tranche de 2 à 4 heures, selon état cardiaque et diurèse [6]. La diurèse, induite par une telle hydratation, DOSSIER Clairance de la créatinine (ml/mn) Posologie >60 60-30 30-10 < 10 et HD 50 à 120 mg/m toutes les 3 à 6 semaines 25 à 60 mg/m2 toutes les 3 à 6 semaines 25 à 60 mg/m2 toutes les 3 à 6 semaines 25 mg/m2 2 Tableau3: Adaptation de la posologie du cisplatine (CDDP) à la fonction rénale HD: hémodialyse doit être au moins de 100ml/h [7]. Si le patient présente une oligo-anurie, malgé cette hydratation, un avis néphrologique est nécessaire. L’utilisations de diurétiques est déconseillée. Chez un patient recevant la chimiothérapie, en hopital de jour: il est conseillé de recommander de une hydratation abondante, per os; de préférence, une eau riche en sodium, la veille et le lendemain de la chimiothérapie (2 à 3 litres, par jour). Le jour de la chimiothérapie, une hydratattion IV sera mise en place. L’effet bénéfique de l’amifostine est, surtout, évident, lors de l’administration de fortes doses, en association avec le cyclophosphamide et les recommandation de l’American Society of Clinical Oncology sont d’utiliser l’amifostine, dans ces conditions [8]. L’amifostine, triphosphate inorganique, apporte un radical thiol susceptible de diminuer, de manière sélective, la toxicité du CDDP, sans altérer ses propriétes anti-cancéreuses [9]. Une autre méthode de prévention de la toxicité rénale du cisplatine (acuellement, non utilisée en routine) consiste à administrer le CDDP en intra-péritonéal, pour traiter les tumeurs à localisation intrapéritonéale; en meme temps que l’administration de thiosulfate intraveineux, qui chélate le CDDP circulant. Le complexe resultant n’a pas d’effet anticancéreux, ou toxique. Cette méthode a montré la bonne tolérance d’un traitement, par le CDDP, à la dose de 240 mg/m2, sans apparition de néphrotoxicité, ou de toxicité générale, dans un froupe de 14 patients présentant un carcinome ovarien, un mésothéliome, ou une tumeur carcinoïde métastasée, au péritoine.[10] IFOSFAMIDE: L’ifosfamide est un agent alkylant, appartenant à la famille des oxazophosphorines, indiqué pour les lymphomes non-hodgkiniens. La prévention de l’atteinte urothéliale, par la co-administration d’Urometexan (mesna) a permis l’augmentation des doses utilisées et le nombre de cures tolérées. La manifestation rénale la plus fréquente, observée, est celle d’un syndrome de Fanconi, associant une aci- dose tubulaire proximale à une hypo uricémie, une hypokaliémie, une hypophosphorémie et une glycosurie. [11] La toxicité tubulaire de l’Ifosfamide est dose-dépendante, une dose cumulée de 100 mg/kg étant, significativement, associée à une atteinte rénale clinique. Cette toxicité peut persister après l’arrêt du traitement, pouvant conduire à une insuffisance rénale chronique. [13] En cas d’insuffisance rénale préexistante, la posologie de l’ifosfamide doit être adaptée en fonction de la clairance de la créatinine (Tableau 4). [12] Chez l’enfant, l’hypophosphorémie chronique peut aboutir à la constitution d’un rachitisme et de troubles de croissance et doit être compensée. MÉTHOTREXATE: Le méthotrexate est un métabolite, antagoniste de l’acide folique, qui inhibe la dihydrofolate réductase. Il est, principalement, utilisé en hématologie, dans les leucémies aigues lymphoblastiques et dans les lymphomes malins non hodgkiniens. Des résultats encourageants sont, récemment, observés, avec de fortes doses > 1 à 8g/m2. L’incidence de l’IRA (1,8 à 12%) est fonction des facteurs de risques: hypovolémie et diurèse faible, PH urinaire acide (solubilité du MTX et 7-0H MTX 10 fois plus supérieure à PH7 qu’à PH à 5,5). Le mécanisme de néphrotoxicité réside dans une précipitation du médicament et/de son métabolite, dans le tubule rénal, provoquant une obstruction tubulaire et nécrose tubulaire aigue. L’incidence variable de la dysfonction rénale, induite par de fortes doses de MTX, peut être rattachée à une prédisposition génétique. Le transporteur MRP2 (multidrug resistance protein 2), Clairance de la créatinine (ml/min) exprimé au niveau des cellules tubulaires proximales, permet l’excrétion urinaire active de plusieurs médicaments, dont le MTX. Il semblerait qu’une mutation hétérozygote entraînant un remplacement d’acide aminé (arginine, par la glycine) soit associée à la nécrose tubulaire, induite par MTX [14]. Ce test génétique peut être, ainsi, considéré comme un test pré-thérapeutique, chez les patients à risque, devant bénéficier d’un traitement par MTX, à forte dose. Les modalités thérapeutiques comportent des immunosuppresseurs, la plasmaphérèse et des perfusions de plasma frais congelé. Prévention de la néphrotoxicité du méthotrexate La prévention doit être prise en charge, par l’adaptation des doses au DFG. Une hydratation et une alcalinisation des urines (PH urinaire doit être >7, jusqu’à concentration sérique de MTX <0,1 µmol/L), ainsi que le dosage sérique du MTX et créatininémie. Traitement de la néphrotoxicité du méthotrexate L’acide folinique, prescrit 24 à 48h après le MTX, réduit la toxicité, sur les cellules saines (néphrotoxicité non prévenue, agit comme antidote; mais, ne réduit pas les concentrations). Diminution de la concentration sérique, par hémodialyse (rebonds), glucarpidase (carboxypeptidase G2). MITOMYCINE: La mitomycine C est une pro-drogue, activée par un métabolisme enzymatique rapidement saturable, même aux doses thérapeutiques, chez des sujets ayant une fonction rénale normale. Indications: adénocarcinomes: pancréas, estomac, colon, rectum… L’effet secondaire rénal est le syndrome hémolytique et urémique. La toxicité est dose-dépendante (dose cumulée > 5060 mg/m2). Posologie Traitement périodique >60 60 – 30 30 – 10 <10 et HD Traitement continu Dose/j g/m2 Dose/cycle g/m2 Dose/j g/m2 1,5 à 3 1,2 à 2,4 1,2 à 2,4 0,75 à 1,5 5 à 10 4à8 4à8 2,5 à 5 5à8 4 à 6,4 4 à 6,4 2,5 à 4 Tableau4: Adaptation de la posologie de l’ifosfamide à la fonction rénale HD: hémodialyse N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 27 DOSSIER Le diagnostic repose sur l’aggravation d’une anémie hémolytique, avec présence de schizocytes, sur le frottis sanguin, une thrombocytopénie. L’IRA est associée à une protéinurie et une hématurie. Les symptômes cliniques apparaissent après plusieurs mois de traitement (6-17 mois). Les corticoïdes et les échanges plasmatiques représentent une possibilité thérapeutique des MAT, secondaires à la mitomycine. GEMCITABINE: La gemcitabine est un nouvel analogue nucléosidique, essentiellement utilisé dans le traitement du cancer du poumon, en dehors des tumeurs à petites cellules et dans les cancers du pancréas. Un certain nombre de patients, traités par gemcitabine, ont développé une micro-angiopathie thrombotique (MAT). Les patients traités par gemcitabine doivent être surveillés, sur les plans hématologique et néphrologique, pendant le traitement et durant 3 mois, après l’arrêt total. ANTI-ANGIOGÉNIQUES: Les anti-angiogéniques, dites thérapies «ciblées», ont comme objectif de bloquer l’action du vascular endothelial growth factor (VEGF). Le VEGF est un facteur de croissance angiopoiétique intervenant durant l’organogènèse, l’angiogènèse, la formation osseuse et la perméabilité vasculaire[15]. Il est, aussi, l’acteur principal de la néoangiogénése tumorale et donc, de la croissance et de la disssémination tumorale. Indications: cancer du rein, du pancréas, du sein, tumeurs stromales gastro-intestinales; en particulier, dans des formes métastatiques. Classification: I. Anticorps anti-VEGF: Bévacizumab (Avastin®) II. Inhibiteurs de tyrosine kinase: 1. Sorafenib (Nexavar®) 2. Sunitinib (Sutent®) 3. Axitinib (Aguron®) L’objectif de ces traitements anti-angiogéniques est de bloquer l’action du VEGF, sur les cellules endothéliales et les cellules tumorales. De nombreux effets secondaires ont été observés, avec ces traitements, avec une fréquence variable, selon la molécule utilisée; mais, tous les effets 28 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 secondaires et en particulier, cardiovasculaires et rénaux, peuvent etre observés, avec les différentes molécules. Une protéinurie et une hypertension artérielle (HTA) prédominent, dans le tableau de néphrotoxicité des anti-angiogéniques. Ces anomalies sont, majoritairement, dose-dépendantes, sans qu’aucune corrélation, entre la durée de traitement et/ou une HTA préexistante, n’ait été démontrée. Le VEGF est un stimulateur de l’oxyde nitrique, un vasodilatateur. L’inhibition du VEGF favoriserait, ainsi, une vasoconstriction entraînant une HTA. La micro-angiopathie thrombotique (MAT) est une autre anomalie, communément rapportée, avec les antiVEGF. Cet effet indésirable est, également, lié à leur mode d'action. L’évolution de l’atteinte rénale, induite par les anti-angiogéniques, est, dans la plupart des cas, favorable à leur arrêt; mais, la récupération peut n’être que partielle (persistance d’une protéinurie, d’une créatininémie augmentée). Il n’y a pas de preuve, à l’heure actuelle, que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), ou les sartans, puissent être efficaces, pour réduire la protéinurie, chez les patients traités par les antiangiogéniques. Cependant, les IEC semblent être privilégiés, parmi d’autres antihypertenseurs, pour traiter l’HTA, chez ces patients. La recherche clinique est fondamentale et la similitude avec la pré-éclampsie devraient permettre d’avancer rapidement, dans la compréhension de la physiopathologie de ces effets secondaires et dans leur prévention. La prévention de la toxicité rénale des anti-angiogéniques passe par une surveillance étroite de la fonction rénale, de la protéinurie et de la pression artérielle (Tableau 5). CONCLUSION: Les données, récentes, de la littérature, concernant la tolérance rénale des thérapeutiques anti-cancéreuses, soulignent la nécessité de rester vigilant, afin de prévenir la néphrotoxicité. Il est indispensable d’effectuer un suivi de la fonction rénale, des différents paramètres de la fonction rénale (anomalies du sédiment urinaire, protéinurie), en estimer le DFG et de savoir adapter la posologie de ces traitements. Avant chaque cure, une bonne hydratation doit être assurée, par du sérum salé isotonique, les autres traitements néphrotoxiques, ainsi que l’injection de produits de contraste iodés seront, si possible, évités. La surveillance de la fonction rénale, à distance et à long terme * Docteur Haminoumna Chanez, service de néphrologie et transplantation rénale, hôpital Nefissa Hamoud (ex-Parnet), Hussein Dey – Alger. Références 1- Meijer S, Mulder N, Sleijfer DT, de Jon PE, Sluiter WJ, Schraffordt Koops H, et al. Nephrotoxicity of cis-diamminedichloride platinium during remission-induction and maintenance chemotherapy of testicular carcinoma. Cancer Chemother Pharmacol 1982; 8:27-30. 2. Billet G, Deray G, sCHUTTERJ. Definitive renal failure after one course of cisplatin. Nephro Dial Transplant 1993; 8:573-4. 3. Rebmann U, Oehlmann U, Warnack W. Cisplatin-induced nephrotoxic side effects of cytostatic chemotherapy of testicular tumors. Z Exp Chir Transplant Kunsltliche Organe 1990; 23:83-5. 4. Guinee DG Jr, van Zee B, Houghton DC. Clinically silent progressive renal tubulo-interstitial disease during cisplatin chemotherapy. Cancer 193:4050-4. 5. Arany I, Safirstein RL. Cisplatin nephrotoxicity. Semin Nephrol 2003; 23:460-4. Toxicité 0 1 2 3 HTA Pression artérielle normale Asymptomatique, transitoire (<24h), augmentation > 2à mmHg pour la diastolique ou > 150/100 mmHg pour un hypertendu antérieur, sans intervention thérapeutique Récidivante, persistante (>24h) ou symptomatique avec une augmentation > 20 mmHg de la diastolique ou 150/100 mmHg pour un hypertendu antérieur avec nécessité d'introduire une monothérapie Nécessité d'un Mise en jeu traitement du pronostic médicamenteux vital supplémentaire 2+ à 3+ ou 1,0-3,5 g/24h 4+ ou 3,5 g/24h Protéinurie nulle ou 1+ < 0,15 g/24h ou 0,15-1,0 g/24h Tableau5: Grade des toxicités: HTA et protéinurie (classification NCT-CTC (v2.0)). 4 Syndrome néphrotique DOSSIER 6. Santoso JT, Lucci JA 3rd, Coleman RL, Schafer I, Hannigan EV. Saline, mannitol, and furosemide hydratation in acute cisplatin nephrotoxicity: a randomized trial. Cancer Chemother Pharmacol 2003; 52:13-8. 7. Isnard-Bagnis C, Launay-Vacher V, Karle S, Deray G. Aticancer given on a five-day intravenous schedule. J Clin Oncol 1983; 1:621-6. 8. Schuchter L, Hensley M, Meropol N, Winer E 2002 update of recommendations for the use of chemotherapy and radiotherapy protectants: clinicalpractice. Guidlines of the American society of clinical oncology. J Clin Oncol 2002; 20:2895-903. 9. Castiglone F, Dalla Mola A, Porcil G. Protection of normal tissues from radiation and cytotoxic therapy: the developement of amifostine. Tumori 1999; 85:85-91. 10. Howell SB, Pfeifle CL, Wung WE, Olshen RA, Lucas WE, Yon JL, et al. Intraperitoneal cisplatin with systemic thiosulfate protection. Ann Intern Med 1982; 97:845-51. 11. Suarez A, McDowell H, Niaudet P, Comy E, Flamant F, Long-term follow-up of ifosfamide renal toxicity in children treated for malignant mesenchymal tumors: an international society of pediatric oncology report. J Clin Oncol 1991:9:2177-82. 12. Launey-Vacher V, Mercadal L, Deray G Anticancéreux. Guide de prescription des médicaments chez le patient insuffisant rénal. Paris: Méditions international; 2003. 13. Watanab M, Aoki Y, Tomina M, Sato T, Takaki Y, Kato N, et al. Paclitaxel and carboplatin combination chemotherapy in a hemodialysis patient with advanced ovarian cancer.Gynecol Oncol 2002:84:335-8. 14. Albert DS, dorr RT. New perspectives on an old friend: optimizing carboplatin for the treatment of solid tumors. Oncologist 1998; 3 15-34. 15. Brown G, Berse B, Tognazzi K, Manseau EJ, Van de Water L, Senger DR, et al. Vascular permeability factor mRNA and protein expression in human Kidney. Kidney Int 1992:42:1457-61. -Néphrotoxicité des médicaments anticancéreux en hématologie: description, mécanismes et prise en charge, S, Zimner-Rapuch*, N. Janus*, S.Amet*, G.Deray**, V.Launay-Vacher. -Toxicité rénale des antiangiogéniques, C.Vigneau, N.Rioux-Leclerq. Maladie à CMV, en transplantation rénale Par le Dr S. Attou* INTRODUCTION La transplantation rénale constitue un réel progrès, dans la prise en charge de l'insuffisance rénale terminale. Le défi actuel est de lutter contre les différentes complications infectieuses, dont la plus fréquente est l'infection à CMV. La stratégie thérapeutique réside dans le traitement prophylactique, par des antiviraux, ou préemptive, consistant à surveiller l'ADNémie CMV. DÉFINITION: Le CMV humain est un virus du groupe herpès (HHV5, sous-famille b). Chez les sujets immunocompétents, l'infection est asymptomatique; par contre, chez un patient greffé rénal, elle peut se manifester soit, par une infection à CMV, correspondant à la détection d'une réplication virale, avec ou sans manifestation clinique, ou une maladie à CMV, responsable d'un syndrome grippal avec fièvre, leucopénie, thrombopénie et altération de l'état général, associé à l'atteinte d'un, ou plusieurs organes. Suivant le statut du donneur, il y a un risque de primo-infection de réactivation, ou de surrinfection, avec une incidence sur la morbi-mortalité; ainsi qu'un impact économique, sur la fréquence des hospitalisations. Il existe des facteurs de risque de maladie à CMV; à savoir: une sérologie du donneur positive et du receveur négative, les traitements d'induction à base d'anticorps antilymphocytaires, une charge virale, initiale, élevée. MÉCANISME IMMUNOLOGIQUE: Après une primo-infection, le CMV se multiplie, dans les cellules humaines et diffuse par voie hématogène. Les anticorps, dirigés contre le virus, apparaissent après les premiers mois, permettant le contrôle de la dissémination virale et limitant la gravité de la maladie; mais, cette réponse humorale est insuffisante, pour empêcher la transmission du virus, d'une cellule à l'autre. Les lymphocytes T ont un rôle majeur, dans le maintien d'une réponse antivirale soutenue, limitant les effets de l'infection. CONSÉQUENCES DE L'INFECTION À CMV: Il y a un risque; notamment, de surinfections bactériennes, ainsi que de coïnfections virales et un effet sur l'incidence des rejets et des cancers, à l'origine de dysfonction chronique du greffon. Des phénomènes cardiovasculaires ont, aussi, été rapportés, comme les sténoses coronariennes, contribuant à augmenter la morbidité, liée au CMV. DIAGNOSTIC: 1. Diagnostic direct par antigénémie pp65 sur les leucocytes, dont les résultats sont exprimés en nombre de cellules infectées par leucocytes. 2. Panel chaine reactive(PCR): La PCR est un moyen diagnostic très sensible, qui se positive plus tôt que l’antigénémie; en moyenne, 14 j plus tôt et demeure positive plus longtemps; 10 jours, en moyenne. TRAITEMENT DE LA MALADIE À CMV: Le principe est de maintenir le traitement jusqu’à négativation de la virémie, avec un minimum de 15 jours et d'établir, dans la mesure du possible, une surveillance virologique hebdomadaire, pendant le traitement. En cas de maladie sévère, il est important de diminuer l’immunosuppression. Les traitements, à notre disposition, sont le ganciclovir, utilisé par voie intraveineuse et permettant le contrôle de la maladie, de façon précoce. PRÉVENTION: Prévenir l’infection à CMV permet de diminuer l'incidence de rejet aigu et chronique et de diminuer les conséquences directes et immunologiques de l'infection à CMV, en introduisant des traitements, comme le valaciclovir et le valganciclovir, dès la greffe rénale. CONCLUSION: La maladie à CMV est une préoccupation des équipes de transplantation rénale; car, elle peut être à l'origine de perte du greffon. Il est indispensable de mettre en route les traitements curatifs, nécessaires en cas de primo-infection, pour réduire le risque infectieux. La stratégie préventive est élémentaire, pour prévenir toutes les complications inhérentes à cette pathologie, qui reste très fréquente, en greffe d'organe * Docteur S. Attou, service néphrologie et transplantation rénale, hôpital Nefissa Hamoud (ex-Parnet), Hussein Dey – Alger. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 29 DOSSIER Insuffisance rénale aigue et grossesse Par Dr L. Aklil, Dr I. Arbaoui, Dr O. Haminoumna, Pr T. Rayane Au cours de la grossesse normale, le débit sanguin rénal est augmenté, dès le début de la grossesse 1 INTRODUCTION L’insuffisance rénale aiguë (IRA) de la grossesse regroupe toutes les causes de dégradation aiguë de la fonction rénale, entre le début et la fin de la grossesse. Elle fait partie des complications graves, mettant en jeu le pronostic vital de la mère et du fœtus. [1] Elle présente des spécificités physiopathologiques, du fait des modifications physiologiques et hormonales, qui apparaissent au cours de la grossesse. Dans les pays occidentaux, l’incidence de l’IRA obstétricale a baissé, au cours de ces dernières décennies. [2,3,4] Cette diminution, spectaculaire, de l’IRA obstétricale reflète la diminution des IRA post-abortum et la surveillance, plus attentive, de la période périnatale. Dans les pays en voie de développement, l’IRA gravidique est, encore, fréquente et est responsable d’une lourde morbidité et mortalité materno-fœtales. [5, 6,7] 2 LES MODIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES DE LA GROSSESSE: Elles permettent le développement et la croissance du fœtus, l’adaptation de la mère à l’état gravidique et la prépara30 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 tion de la mère à l’accouchement. Il est, donc, important de connaître ces modifications physiologiques, pour reconnaître ce qui relève du normal et de la pathologie. 2.1. Modifications anatomiques Au cours de la grossesse, la taille des reins augmente (+1cm), ainsi que leur poids (+45g). La dilatation pyélocalicielle commence dès la sixième semaine d’aménorrhée, conséquence de l’atonie des fibres lisses, due à l’imprégnation hormonale. 2.2. Modifications de l’hémodynamique rénale Au cours de la grossesse normale, le débit sanguin rénal est augmenté, dès le début de la grossesse, jusqu'à 80% à 6 mois de grossesse, ainsi que la filtration glomérulaire, qui est augmentée de 15%, au début de la grossesse; de 50-70% à la fin. Cette augmentation du DFG s’accompagne d’une baisse de la créatininémie et de l’uricémie. Les fonctions tubulaires sont modifiées: glycosurie, amino-acidurie, augmentation de la clairance de l’acide urique sont, couramment, observées. La valeur pronostique d’une augmentation de l’uricémie est considérable. Elle témoigne d’une diminution du volume extracellulaire, entraînant, par conséquent, une baisse de la perfusion fœtale, avec ses risques d’atrophie et de mort fœtale. La grossesse est caractérisée, aussi, par une rétention de sodium et d’eau. À la fin de la grossesse: le bilan sodé est positif (+ 500 à 900 m moles de sodium); le bilan hydrique est positif (+ 6 à 8 litres d’eau); la prise de poids totale, incluant le fœtus, est de 12 à 14 kg. 2.3. Effets de la grossesse, sur la pression artérielle Au cours d’une grossesse normale, le débit cardiaque augmente et la pression artérielle diminue. Cette diminution est liée à une vasodilatation périphérique. La baisse de la pression artérielle est constante, au cours des 6 premiers mois. À proximité du terme, la pression artérielle remonte, pour atteindre des valeurs identiques à celles qui sont observées avant la grossesse. DOSSIER Hemodynamique Modifications pendant la grossesse Volume plasmatique ↑≈ 30-50% Bilan sodé positif (500-900 mmol) Rétention hydrique (6-8litres) Pression artérielle PAD ↓ ≈ 10mm Hg, nadir au 2nd trimestre Remonte à proximité du terme Débit cardiaque ↑ 30-50% Fréquence cardiaque ↑ 15-20 bat/min Débit sanguin rénal ↑ 60-80% DFG 150-200 ml/min (↑ 40-50%) Marqueurs biologiques Hémoglobine ↓ de 2g/l (hémodilution) Créatinine ↓ 35-44 umol/l (≈50 umol/l) Acide urique Nadir 120-180 umol/l au 2nd trimestre PH 7.44 PCO2 ↓ 10mm Hg, 27-32 mm Hg (hyperventilation) Natrémie, osmolarité ↓ 4-5mmol/l , ≈ 270 mOsm/kg urien Prot (200-300 mg/j) , glucosurie, ↑ calciurie Augmentation compliance artérielle Réduction de la réponse vasopresseurs ? Angiotensine 2/Vasopressine / Norépinéphrine Augmentation de la synthèse de NO ? Diminution des résistances artérielles Augmentation de la perfusion rénale Dès 1 mois Max 50% début 2èT puis retour à la normale progressif Relaxine ? Reproduit sur modèle murin Placenta Augmentation du débit cardiaque Modification de l'hémodynamique rénale Attention: une petite augmentation de la créatinine sérique peut refléter une réduction marquée du DFG 3 CLASSIFICATION DE L’INSUFFISANCE RÉNALE AIGUË L’IRA est une diminution brutale du débit de filtration glomérulaire, habituellement réversible, avec comme conséquences: rétention azotée et désordres hydro-électrolytiques. Dans le but d’uniformiser la définition de l’IRA, le groupe de consensus ADQI a proposé, en 2004, [8 ,9] un système de classification. Cette classification, dite «RIFLE», est un acronyme, pour trois niveaux de sévérité progressifs (Risk-Injury-Failure) et deux critères de durée de la perte de la fonction rénale (Loss et End-stage kidney disease). Cette classification propose des critères séparés, pour la créatinine sérique et la diurèse. Le critère qui conduit à la classification la plus péjorative doit être pris en compte pour la stadification. Actuellement, dans la littérature, l’usage de la classification RIFLE devient prédominant. Le seuil de créatinine plasmatique, définissant une IRA, est abaissé, chez la femme enceinte (créatinine plasmatique, 80 µmol l–1), compte tenu d’une augmentation physiologique du débit de filtration glomérulaire, lors de la grossesse normale. 4 INSUFFISANCE RÉNALE OBSTÉTRICALE 4.1. IRA du 1er et du 2ème trimestre 4.1.1. Vomissements gravidiques Les vomissements incoercibles, du 1er trimestre, compliquent environ 0,3% des grossesses, avant la 12ème semaine d’aménorrhée (SA). Ils peuvent, parfois, par leur durée, leur intensité et l’intolérance digestive associée, s’accompagner d’une déshydratation extracellulaire importante et se complique d’IRA fonctionnelle [10,11]. Cette hypovolémie plasmatique est responsable d’une hypo-perfusion rénale (baisse du débit sanguin rénal) responsable d’une baisse du débit de filtration glomérulaire, définissant une insuffisance rénale fonctionnelle (aussi, appelée insuffisance pré-rénale). Le traitement est, avant tout, symptomatique, reposant sur: La réhydratation IV, par Sérum Salé 0.9%, avec correction systématique du déficit potassique. L’arrêt des vomissements, par les antiémétiques: Métoclopramide, Doxylamine ou Chlorpromazine et Prométhazine, dans les formes incoercibles. Une épuration extra-rénale peut se révéler nécessaire, en cas de nécrose tubulaire aiguë (NTA), secondaire à une hypovolémie intense et/ou prolongée. Le pronostic est, généralement, bon, à condition de restaurer, rapidement, la volémie permettant, ainsi, de récupérer une fonction rénale ad integrum. 4.1.2. Avortement septique Les avortements clandestins, dans des conditions ne respectant pas les conditions d’asepsie, peuvent se compliquer d’infection utérine, de perforation utérine, de choc septique et de défaillance Fonction rénale Risk Injury Augmentation de Scr x 1,5 Diminution du DFG > 25% Augmentation de Scr x 2,0 Diminution du DFG > 50% Failure Augmentation de Scr x 3,0 Diminution du DFG > 75% Scr ≥ 355 µmol/L Augmentation d'au moins 44 µmol/L Diurèse D < 0,5 ml/kg/h x 6h D < 0,5 ml/kg/h x 12h D < 0,3 ml/kg/h x 24h Anurie sur 12h Loss of fucntion IRA sévère > 4 semaines End-stage renal disease IR terminale > 3 mois N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 31 DOSSIER multi-viscérale, entraînant une IRA, par nécrose tubulaire aigue septique [12]. Le Pronostic est relativement sombre, la mortalité maternelle avoisinant les 15%. Cette entité clinique est devenue exceptionnelle, dans les pays occidentaux, depuis la légalisation de l’avortement. Elle reste, cependant, fréquente, dans les pays en voie de développement. Le diagnostic doit être évoqué de principe, chez une femme en âge de procréer, dans un contexte de sepsis, à point de départ gynécologique. Stratégie thérapeutique et pronostic néphrologique: Le traitement sera symptomatique et spécifique: spécifique: antibiothérapie précoce systématique (ampicilline – acide clavulanique + aminoside + métronidazole), associée à une laparotomie exploratrice, en cas de péritonite, ou de suspicion de perforation utérine; symptomatique: suppléance hémodynamique et des autres défaillances viscérales. Pronostic: Si le cap aigu est passé, le risque d’insuffisance rénale chronique, par nécrose corticale, demeure non négligeable (8 %). Le diagnostic est suspecté, en cas d’absence de reprise de la diurèse et d’insuffisance rénale persistante, après 3 semaines de prise en charge symptomatique efficace. L’angio-imagerie par résonance magnétique (angio-IRM) peut établir le diagnostic, en montrant l’absence de vascularisation corticale totale, ou partielle. En l’absence d’angio-IRM, ou d’angioscanner, l’artériographie conventionnelle confirme le diagnostic, en montrant un aspect en arbre mort bilatéral. Une récupération est possible, en cas de nécrose partielle, au prix, souvent, d’une HTA et d’une insuffisance rénale séquellaire. La plupart des patientes demeurent, malheureusement, en dialyse chronique. 4.2. Au cours du troisième trimestre 4.2.1. Micro-angiopathie thrombotique Elle est fréquente, au cours de la grossesse et peut survenir au cours de la grossesse et dans la période du postpartum immédiat. Elle est caractérisée par une anémie hémolytique micro-angiopathique, thrombocytopénie et une dysfonction rénale. Il existe deux entités: la pré-éclampsie sévère, le plus souvent associée à un HELLP syndrome [13] et le syndrome 32 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 hémolytique et urémique (SHU)/purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT). Il est important de distinguer entre les deux, pour la prise en charge et le pronostic. La pré-éclampsie Elle est définie par la triade hypertension artérielle, protéinurie et œdèmes, après 20 semaines de gestation [14]. Le tableau clinique peut être dominé par une micro-angiopathie, modérée à sévère, dans laquelle les organes cibles principaux sont: le cerveau (éclampsie), le foie (syndrome HELLP), ou le rein (endothéliose glomérulaire et protéinurie) [15]. La pré-éclampsie-éclampsie (PE-E) est la seconde cause de mortalité maternelle (entre 0,1 et 5 pour 1000 cas). L’insuffisance rénale est une complication, rare, de la pré-éclampsie [16]. Les modifications pathologiques les plus précoces, dans la pré-éclampsie, surviennent dans la circulation utéroplacentaire, résultant en une ischémie placentaire, qui peut être considérée comme le stade I de la maladie [17]. Dans le stade II, le placenta ischémique sécrète des facteurs circulants, qui provoquent une atteinte des cellules endothéliales [18]. L’activation des cellules endothéliales responsables, au niveau des capillaires et des artérioles, d’une activation de l’agrégation plaquettaire (thrombose des petites artérioles, thrombopénie), d’une hémolyse, d’un syndrome de fuite capillaire (œdème interstitiel; voire, œdème pulmonaire lésionnel) et d’une vasoconstriction, aggravant l’ischémie tissulaire (HTA et hypo-perfusion placentaire). Le syndrome de fuite capillaire et la vasoconstriction entraînent une hypovolémie plasmatique, responsable d’une aggravation fonctionnelle de néphropathie organique. L’altération organique rénale est caractérisée par une endothéliose glomérulaire (turgescence des cellules endothéliales du flocculus glomérulaire), associée, inconstamment, à des dépôts sous-endothéliaux d’immunoglobuline M (IgM) et de fraction C3 du complément. Ces deux lésions élémentaires entraînent une diminution de la lumière des capillaires glomérulaires. La PE sévère (urgence thérapeutique) est définie par une P AS ≥ 160 mm Hg et/ou une PAD ≥ 110 mm Hg, ou une HTA avec un retentissement viscéral: Atteinte hépatique [19] est retrouvée dans 50% des cas, à type de douleur en barre sus-épigastrique, associée à une cytolyse hépatique et/ou un ictère. Plus exceptionnellement, l’atteinte hépatique peut se compliquer d’un hématome, ou d’une rupture hépatique. IRA peut être fonctionnelle ou, le plus souvent, organique [20]. HELLP syndrome, dans sa forme complète, complique 25 % des pré-éclampsies sévères [21]. Il est caractérisé par une hémolyse (LDH > 6.000 UI/L, bilirubine totale > 12 mg/L, haptoglobine Invasion trophoblastique incomplète Hypoxie/ischémie placentaires Effets utéro-placentaires Augmentation de l'impésance utérine Vasoconstriction NO-Synthase Thromboxane et endothéline Effets maternels Hypertension Protéinurie Œdème Troubles de la coagulation Dysfonctionnement endothélial Réaction inflammatoire Microfragments de trophoblaste circulant Inflammation Cytokines pro-inflammatoires Stress oxydatif Radicaux oxygénés Anti-oxydants Peroxydation des lipides Sénescenses endothéliale et tropho blastique Effets foetaux RCIU Échanges materno-foetaux Impédance ombilicoplacentaire Figure 1: Schéma résumant les mécanismes impliqués, dans la pathogénie de la pré-éclampsie DOSSIER effondrée, présence de schizocytes), cytolyse hépatique (ASAT>70 UI/L), thrombopénie (plaquettes < 100.000/ mm3). La stratégie thérapeutique est guidée par la sévérité du tableau maternel (défaillance viscérale unique, ou multiple), la présence, ou non, d’un hématome rétro-placentaire, l’existence, ou non, d’une souffrance fœtale et le terme de la grossesse. Le recours à la dialyse s’envisage, en cas d’insuffisance rénale oligoanurique persistante, ou de troubles hydro-électrolytiques menaçant le pronostic vital, après extraction fœtale. Si l’insuffisance rénale s’inscrit dans un cadre nosologique clair de pré-éclampsie sévère, la biopsie rénale ne saurait se justifier, pour confirmer le diagnostic. En revanche, en cas de doute diagnostique avec d’autres entités nosologiques, l’intérêt d’un tel examen doit être discuté. SHU et PTT Ils sont des événements rares; mais, ils sont plus fréquents, chez la femme et peuvent survenir, au cours de la grossesse et dans la période du post-partum immédiat. La fréquence estimée est de moins de 1 cas, pour 100 000 grossesses [22]. L’anomalie est un défaut de l’agrégation systémique et rénale de plaquettes, dans les artérioles et les capillaires, en association avec un dommage endothélial [23]. Chez ces patientes, on peut trouver des niveaux sériques élevés de la thrombomoduline et des multimères, de grande taille, du facteur de Von Willebrend. Ces molécules anormales causent l’agrégation des plaquettes, dans différents tissus, conduisant à la thrombocytopénie et l’hémolyse. Le PTT et le SHU sont des imitateurs de la pré-éclampsie. Une distinction, importante, doit être faite, avec les complications obstétricales fréquentes. Les manifestations rénales peuvent, davantage, orienter le diagnostic (Tableau 1). 4.2.2. Stéatose hépatique aiguë gravidique (SHAG) Si une insuffisance hépatique domine le tableau, le diagnostic évoqué est celui d’une stéatose hépatique aiguë gravidique (SHAG). La SHAG est une pathologie, rare, du 3ème trimestre de la grossesse apparaissant, généralement, entre la 32ème et la 38ème SA. Son incidence est de 1/13338 accouchements. La primiparité, le fœtus mâle, la grossesse multiple, ou l’injection parentérale de fortes doses de tétracyclines, seraient des facteurs favorisant de la maladie [24]. Une PE est associée dans, environ, 50% des cas [25]. La physiopathologie demeure incertaine: la SHAG serait due à un déficit fonctionnel (homozygote, chez le fœtus; hétérozygote, chez la mère) de l’enzyme d’oxydation mitochondriale des acides gras à chaînes longues (LCHAD). Il se produit, alors, une accumulation des acides gras libres, au niveau du foie maternel, entraînant une stéatose micro-vésiculaire des hépatocytes de la région centro-lobulaire [26]. La plupart des patientes présentent une IRA, suite à une hypo-perfusion ou une nécrose tubulaire [27]. Le tableau clinique n’est pas spécifique (douleurs abdominales, vomissements, ictère, HTA modérée et syndrome polyuro-polydypsique). Les données biologiques sont essentielles, pour poser le diagnostic de la SHAG [28]: Les transaminases sont élevées avec une moyenne de dix fois la normale. A un stade précoce de la SHAG, la bilirubinémie est normale; puis, au fur et à mesure de l’évolution de la maladie, une hyperbilirubinémie, à prédominance conjuguée, s’installe et dépasse, rarement, 10 mg/L L’hypoglycémie est très fréquente, au cours de la SHAG et représente un critère de gravité de la maladie. Elle est due à la diminution de la glycogénolyse hépatique, secondaire à l’appauvrissement des hépatocytes en glycogène. L’insuffisance hépatocellulaire des stigPE MAT Délai d'apparition 3 IRA Peu fréquente Fréquente et grave Signes neurologiques - +++ (PTT) Cytolyse hépatique + (HELP) - CIVD + + Thrombopénie + +++ (PTT) Anémie hémolytique mécanique (Schizocytes) + +++ LDH Élevé Très élevé ème trimestre Avant 24 SA et PP Tableau 1: Principales caractéristiques, cliniques et biologiques, permettant de différencier MAT et PE sévère mates biologiques de CIVD. La présence d’un foie «brillant», en échographie, est, dans ce contexte, évocateur du diagnostic de SHAG. L’importance de l’insuffisance hépatique, la discrétion de la cytolyse et la présence d’un foie brillant, à l’échographie, permettent de porter le diagnostic de stéatose aiguë gravidique et d’écarter le diagnostic de syndrome HELLP. L’arrêt de la grossesse permet d’interrompre le processus pathologique. Cependant, en cas de terme inférieur à 32 SA, en l’absence de souffrance fœtale, en l’absence de signe de gravité (absence d’insuffisance hépatique, d’encéphalopathie, d’IRA sévère, de CIVD) et dans le cadre d’une stricte surveillance maternofœtale, une attitude attentiste peut être proposée. Ce délai est mis à profit, pour administrer des corticoïdes, afin d’accélérer la maturité pulmonaire fœtale. La mortalité maternelle est inférieure à 10 %, sous conditions de diagnostic et de prise en charge précoce. Le recours à l’épuration rénale est, rarement, nécessaire. La fonction rénale récupère, habituellement, ad integrum, à distance de l’épisode aigu. Stéatose aiguë gravidique 4.2.3. Nécrose corticale La nécrose corticale est une cause rare d’insuffisance rénale aiguë. Elle consiste en une nécrose ischémique du cortex rénal. Les lésions sont causées par une diminution, significative, de la perfusion rénale, qui peut être secondaire à un spasme vasculaire, les lésions micro-vasculaires, ou une coagulation intravasculaire disséminée. Les lésions peuvent être extensives et bilatérales. Elle peut due à un avortement septique, placenta prævia, MFIU, choc hémorragique [29,30]. Le diagnostic repose sur l’imagerie: le scanner et l’angio-IRM. Les lésions histologiques rénales sont très variées. Tous les constituants rénaux (glomérule, tubes...) peuvent être touchés. Dans ces cas, l’insuffisance rénale est irréversible et ne répond à aucun traitement spécifique, dans ce cas. 4.2.4. Autres étiologies Insuffisance rénale aiguë obstructive L’obstruction des voies urinaires, par l’utérus gravidique, demeure une cause, exceptionnelle, d’insuffisance rénale. Elle est favorisée par la relaxation des voies excrétrices et à l’obstruction mécanique des voies urinaires, par l’utérus gravide. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 33 DOSSIER L’hydramnios et la grossesse gémellaire sont des facteurs favorisant. L’accouchement permet une normalisation, rapide, de la fonction rénale, sans séquelles [31,32]. Glomérulonéphrite aiguë La survenue d’une IRA, rapidement progressive, associée à une protéinurie de débit variable et d’une hématurie, au cours de la grossesse, doit faire discuter une glomérulonéphrite; surtout, en cas de présence de signes extra-rénaux [33,34]. Ce diagnostic est, exceptionnellement, discuté au 3ème trimestre, compte-tenu de l’incidence beaucoup plus élevée des atteintes rénales, liées à la pré-éclampsie. Cependant, une présentation clinicobiologique atypique, au 3ème trimestre, la présence de signes extra-rénaux, ou leur survenue précoce (moins de 21 SA) doivent donner lieu à une analyse multidisciplinaire (obstétricien, néphrologue, interniste), afin d’orienter, rapidement, la démarche diagnostique. Une PBR doit, parfois, être pratiquée, pour affirmer, avec certitude, le diagnostic de la néphropathie et pour définir, au mieux, la prise en charge thérapeutique. Sa réalisation ne se discute, pendant la grossesse, qu’avant 32 SA [35]. Maladies de système La grossesse peut s’accompagner d’une poussée lupique, chez les femmes présentant une maladie, dont le contrôle n’avait pas pu être obtenu avant le début de la grossesse. Les poussées, avec atteinte rénale, surviennent, plus volontiers, au 3e trimestre, ou en post-partum [36]. Le diagnostic de lupus peut être porté au cours de la grossesse, devant une insuffisance rénale aiguë de profil glomérulaire (insuffisance rénale rapidement évolutive, protéinurie de débit variable, hématurie associée à une PA normale, ou peu élevée). L’association de signes extra-rénaux oriente le diagnostic: polyarthrite, syndrome de Raynaud, vespertilio, etc… La recherche d’anticorps antinucléaires et d’anticorps antiacide désoxyribonucléique (ADN), la baisse du complément permettent de guider le diagnostic biologique. Une IRA, au cours de la grossesse, peut, aussi, être révélatrice d’autres maladies systémiques: polyangéite microscopique, granulomatose de Wegener, périartérite noueuse, purpura rhumatoïde, etc... Pyélonéphrite Elle peut s’accompagner d’IRA, pendant 34 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 la grossesse; surtout, en cas de choc septique, ou d’obstruction des voies urinaires, imposant la réalisation d’une montée de sonde double J [37]. En effet, une uropathie obstructive ne peut pas, toujours, être formellement éliminée; compte tenu de la dilatation physiologique des cavités pyélocalicielles et des uretères, durant la grossesse. Insuffisance rénale et toxicomanie Comme chez tout adulte toxicomane, la cocaïne consommée, pendant la grossesse, peut entraîner une IRA [38]. 4.3. IRA du post-partum (PP) Dans le PP, souvent après une grossesse et un accouchement normaux, peuvent apparaître des IRA, secondaires à des micro-angiopathies thrombotiques appelées, parfois, IRA idiopathique de la grossesse. Cette entité rare survient, généralement, dans un délai variable, allant de quelques jours à quelques semaines et dont le diagnostic différentiel peut, parfois, être difficile, avec une PE ou un HELLP syndrome [39] * Dr L. Aklil, Dr I. Arbaoui, Dr O. Haminoumna, Pr T. Rayane, service de néphrologie, CHU Nafissa Hamoud (ex- Parnet), Hussein Dey – Alger. Références [1] Sibai BM, Villar MA, Mabie BC. Acute renal failure in hypertensive disorders of pregnancy. Pregnancy outcome and remote prognosis in thirty-one consecutive cases. Am J Obstet Gynecol 1990; 162: 777-83. [2] Maikranz P, Katz AI. 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En effet, aphérèse signifie, étymologiquement, «extraire, du sang, les substances potentiellement toxiques»: la base de chaque séance de plasmaphérèse est, donc, la séparation du sang complet, en plasma et en éléments cellulaires. (1) C’est ainsi que les indications sont multiples et se retrouvent dans de multiples spécialités (néphrologiques, cardiologiques, hématologiques, neurologiques). Il existe différentes méthodes d’aphérèse: La centrifugation sanguine (flot intermittent, ou continu), entraînant une épuration non sélective (2). Le désavantage, majeur, de cette technique, est l’hémolyse, liée à la force centrifuge (3). 36 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 La filtration membranaire, à l’aide d’un plasma-filtre de haute perméabilité, permettant une épuration plasmatique plus sélective. Cette technique est, actuellement, la plus courante. La plasmaphérèse fractionnée est une autre forme de plasmaphérèse, par laquelle on retire une molécule; en particulier, par un filtre spécifique, le reste du plasma étant retourné au patient (filtration en cascade) (4). Une variante de la filtration en cascade est la filtration par absorption. Dans cette technique, le deuxième filtre est recouvert d’un ligand, qui a la propriété de se coupler à la macromolécule concernée. Le ligand est, soit un antigène immuno-spécifique, lié à une matière solide (technique nommée immuno-absorption); soit, un anticorps spécifique (5,6). Toutes les techniques, décrites ci-dessus, exigent une anticoagulation (sous forme d’héparine, ou de citrate), afin de prévenir la coagulation du circuit extracorporel. En cas de risque hémorragique sévère, l’alternative est d’utiliser une anticoagulation séquentielle du circuit, par du citrate. Dans cette situation, il est nécessaire d’administrer du calcium, afin de réduire l’hypocalcémie, induite par le citrate (7). Dans la plupart des cas, le remplacement du plasma retiré se fait à l’aide d’albumine. Si le risque hémorragique est élevé, ou s’il existe un potentiel déficit d’une protéine spécifique, chez le patient (comme un déficit en ADAMTS-13), il est, alors, préférable de donner, au patient, du plasma frais congelé (PFC), contenant la protéine déficitaire (8). La quantité de plasma à filtrer et donc, de volume à substituer, se calcule avec la formule suivante: Volume plasmatique = [0,065 x poids (kg)] x (1-Hématocrite) DOSSIER En pratique, on ne filtre jamais plus de cinq litres de plasma, par séance. Dans la majorité des cas, plusieurs plasmaphérèses sont nécessaires, afin d’éliminer la macromolécule incriminée. Après la séance de plasmaphérèse, la concentration de cette molécule (dans la plupart des cas, une immunoglobuline) va, à nouveau, monter (à cause d’un effet rebond et de la synthèse de l’Ig, via les lymp B); d’où, l’importance d’associer, aux échanges plasmatiques(EP), un traitement adjuvant. Il faut, environ, cinq séances, pour éliminer 95% des immunoglobulines (9). INDICATIONS D’APHÉRÈSES THÉRAPEUTIQUES, EN NÉPHROLOGIE CLINIQUE 1 MALADIES SYSTÉMIQUES: Glomérulonéphrite lupique: Il n’a pas été montré de bénéfices, à l’adjonction de plasmaphérèses, au traitement immunosuppresseur, dans un contexte d’atteinte rénale lupique grave (classe IV). Néanmoins, des EP peuvent, parfois, être entrepris, dans les formes critiques de la pathologie: contexte de glomérulonéphrite rapidement progressive, associée à d’autres atteintes lupiques (notamment, les formes pulmonaires). Syndrome catastrophique des antiphospholipides: Il s’agit d’une situation clinique gravissime, avec de multiples atteintes thrombotiques dans, au moins, trois organes différents (reins, poumons, peau, cerveau.)(10). Les plasmaphérèses vont permettre l’élimination des auto-anticorps anticardiolipine, anti beta2-glycoprotéine) et la supplémentation en facteurs anti-thrombotiques, en utilisant du PFC comme soluté de substitution. Vascularites associées aux ANCA: Les vascularites des petits vaisseaux, comme la micropolyangéite, ou la maladie de Wegener, sont fréquemment associés aux ANCA. Les formes systémiques de ces vascularites, si elles ne sont pas traitées, conduisent au décès du patient; la moyenne de survie étant, alors, de 5 mois. En ce qui concerne l’atteinte rénale, on constate qu’en l’absence de traitement, 80% des patients évolueront vers l’insuffisance rénale terminale (11). L’utilisation d’une corticothérapie à forte dose, associée au cyclophosphamide, permet une rémission, dans 80% des cas; mais, les rechutes demeurent fréquentes et seulement, 50% des patients, porteurs d’une atteinte rénale, conserve une fonction rénale résiduelle, à 1 an. L’étude MEPEX a évalué l’efficacité des E.P, versus la corticothérapie, chez les patients porteurs d’une atteinte rénale sévère et montre une récupération de fonction meilleure, dans le groupe "échanges plasmatiques" à 3 mois et une réduction d’incidence de l’insuffisance rénale terminale, à 1 an, dans ce même groupe (12). digestive, glomérulonéphrite rapidement progressive), par corticostéroïdes, cyclophosphamide et dans certains cas, l’adjonction de plasmaphérèse. Les séries publiées sont, plutôt, en faveur d’une amélioration du devenir des patients, grâce aux EP (15). Cependant, il n’existe pas d’études randomisées, sur l’intérêt de ceux-ci, dans le cadre de ce type d’atteinte et actuellement, aucune de ces deux pathologies n’est considérée comme une indication, légitime, de plasmaphérèse. Syndrome de Goodpasture: Il se définit par la présence d’anticorps anti-membrane basale glomérulaire, responsable d’une glomérulonéphrite, rapidement progressive; mais, aussi, d’hémorragie alvéolaire. Un traitement empirique associait corticoïdes, cyclophosphamide et EP. Une étude randomisée a permis de montrer que l’utilisation des EP améliore la survie, la récupération rénale et réduit l’évolution vers l’insuffisance rénale terminale (13). Hyalinose segmentaire et focale (HSF): L’HSF est responsable d’une atteinte glomérulaire et semble liée à un facteur de perméabilité glomérulaire circulant. Il faut, bien sûr, différencier cette atteinte des HSF dites secondaires, liées à l’obésité, au reflux vesico-urétéral, au HIV. La physiopathologie de l’HSF, impliquant un facteur circulant, permet de comprendre les récidives post-transplantation (23% des cas) et l’efficacité des plasmaphérèses, sur celles-ci. La caractérisation de ce facteur circulant demeure ardue. Cependant, la forme soluble d’un récepteur à l’urokinase, retrouvée au niveau des podocytes (suPAR), semble impliquée. Il est montré que, lors des E.P, utilisées dans les formes récurrentes d’HSF, les rémissions cliniques constatées sont corrélées à une réduction du suPAR sérique. Néanmoins ce travail, bien que prometteur, n’est pas encore confirmé. En pratique, les plasmaphérèses sont recommandées, lors de la récidive sur le transplant de l’HSF. Elles peuvent être poursuivies au long cours, afin de maintenir la rémission (16). Cryoglobulinémies On définit les cryoglobulines de type I comme étant monoclonales, à la différence des cryoglobulines de type II et III, dites «mixtes»; car, composées d’une association d’IgG et d’IgM. Les organes atteints, le plus fréquemment, par les cryoglobulines mixtes circulantes, sont la peau, les articulations, le système nerveux périphérique et les reins (glomérulonéphrite membranoproliférative, de type I). Les atteintes sévères sont traitées par une association de molécules immunosuppressives: corticostéroïdes, cyclophosphamide et rituximab. Cette prise en charge peut être complétée par des EP, afin d’éliminer la cryoglobuline circulante. Il n’existe pas d’études randomisées sur l’utilisation des plasmaphérèses, dans un contexte de cryoglobulinémie; mais, les études de séries suggèrent une amélioration de l’évolution de la pathologie, grâce à ce traitement (14). 2 GLOMÉRULONÉPHRITES Néphropathie à IgA (NIgA): La NIgA est la plus fréquente des glomérulonéphrites. Dans un certain nombre d’atteintes, on constate une dégradation, rapide, de la fonction rénale nécessitant, parfois, l’utilisation de plasmaphérèse. Le purpura rhumatoïde lié, aussi, à une pathogénicité des IgA (touchant, le plus souvent, des enfants) est traité, dans les formes sévères (atteinte 3 MYÉLOME ET MALADIE À DÉPÔTS D’IMMUNOGLOBULINE: Les échanges plasmatiques restent controversés, dans le traitement du myélome. Ils semblent légitimes, en considérant la physiopathologie de l’atteinte rénale, liée à la circulation des chaînes légères (kappa, ou lambda). En effet, celles-ci, lorsqu’elles sont en quantité excessives, précipitent avec la protéine de Tamm-Horsfall et bloquent la lumière des tubes. Toutefois, diminuer le niveau de chaînes légères circulantes, grâce aux EP, ne semble pas suffisant, pour stopper le processus; surtout, si l’atteinte rénale est parvenue à un stade avancé. Par ailleurs, il existe d’autres atteintes rénales, liées au myélome, indépendantes des chaînes légères circulantes (hypercalcémie, déshydratation, N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 37 DOSSIER amylose, atteintes glomérulaires…). Le succès des EP semble, donc, dépendre de ces différents facteurs; mais, aussi, des traitements associés (bortézomib, corticostéroïdes…). Il a, cependant, été montré, dans une étude utilisant des résultats de biopsies rénales prouvant la tubulopathie myélomateuse, que les EP réduisaient le niveau de chaînes légères circulantes et permettaient une amélioration de la fonction rénale et de la survie. Des résultats comparables ont été retrouvés, avec des membranes de dialyse de haute perméabilité. Un protocole français, MIRE, utilisant ce type de membrane est, actuellement, en cours d’évaluation. D’autre part, il n’existe aucune recommandation, en ce qui concerne l’utilisation des EP, dans les atteintes glomérulaires, liées aux chaines légères; mais, aussi, aux chaînes lourdes des immunoglobulines (17). 4 MICROANGIOPATHIE THROMBOTIQUE (MAT): Il existe différentes entités cliniques de MAT: le Syndrome Hémolytique et Urémique (SHU) avec atteinte rénale, le Purpura Thrombotique Thrombocytopénique (PTT) avec atteinte neurologique, le HELLP (Hemolysis Elevated Liver enzymes Low Platelets) syndrome associé aux pré-éclampsies. Certaines lésions de MAT sont liées à une déficience de l’ADAMTS 13, responsable du clivage du facteur Von Willebrandt, liée à une immunoglobuline inhibitrice. En effet, l’ADAMST 13 prévient l’accumulation de facteur Von Willebrandt, sous forme multimérique, forme activant la formation d’agrégats plaquettaires, conduisant à la thrombose et donc, à l’ischémie. Les EP vont, alors, permettre de corriger le défaut d’ADAMST 13 (par l’adjonction de PFC); mais, aussi, d’éliminer les anticorps inhibiteurs. C’est ainsi que la mortalité, liée au PTT idiopathique se trouve réduite, grâce à l’utilisation des EP. Toutefois, dans certaines formes de PTT, secondaires aux médicaments, au cancer, à la transplantation de moelle, l’activité plasmatique de l’ADAMST 13 demeure normale et la mortalité reste élevée, malgré les EP. Dans le SHU atypique (non lié à une infection), des mutations, au niveau de protéines régulatrices de l’activation de la voie alterne du complément, ont été identifiées. Il s’agit du facteur H, facteur I, de la thrombomoduline; mais, aussi, 38 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 des protéines en lien avec la C3 convertase (C3 et facteur B). Des anticorps anti-facteur H ont, aussi, été identifiés. Les EP vont, donc, permettre d’ôter ces anticorps et les formes mutantes de facteurs H, I, B et de C3 et d’apporter ces facteurs non-déficients, grâce à une restitution faite au PFC (16). Pour améliorer l’accessibilité à la transplantation rénale, il est envisagé, des transplantations à partir de donneurs vivants, présentant une incompatibilité ABO avec le receveur. Afin d’empêcher l’apparition d’un rejet hyper-aigu, chez ces receveurs, ils bénéficient d’un traitement avant transplantation, pour éliminer les allo-anticorps. Ces traitements associent splénectomie, échanges plasmatiques, immunoglobulines polyvalentes et parfois, du rituximab. Des anticorps anti-HLA peuvent, aussi, être présents et limiter l’accessibilité à la transplantation rénale. Il faut, alors, tenter de les dépléter, afin de négativer le cross-match. Des protocoles de désensibilisation sont, donc, proposés à ces patients. Ces protocoles combinent des EP avant transplantation, l’utilisation d’immunoglobulines polyvalentes intraveineuses et le rituximab. Ils permettent d’obtenir une diminution des rejets, par la suite. Par ailleurs, des anticorps, dirigés contre le transplant, peuvent apparaître, après la transplantation et engendrer des lésions de rejet humoral. Là-aussi, en association avec les traitements immunosuppresseurs conventionnels, la réalisation d’EP peut permettre d’éliminer ces anticorps et d’obtenir le contrôle de ces rejets (18). Enfin, les EP peuvent être utilisés, lors de la récidive de la néphropathie initiale, sur le transplant (HSF, Vascularite à ANCA…) (19). EN CONCLUSION: l’utilisation des plasmaphérèses, en néphrologie, est indiquée, dans un certain nombre de pathologies avec, dans la plupart des cas, un niveau de preuve élevé, prouvant leur efficacité (20) * Docteur Leila Belkacemi, service de néphrologie du CHU Nefissa Hamoud (Ex-Parnet), Hussein-Dey – Alger. 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En l’occurrence, il est constaté une progression de 35%, entre 2014 et 2015; soit, la réalisation de 230 greffes et ce, grâce à la mobilisation des équipes intervenantes. Si nous sommes, relativement, satisfaits de la situation, il importe de l’améliorer, tant aux plans humains que matériels. Par quelle réglementation est régie la greffe ? Les règles quant à l’objet sont universelles et relèvent de l’éthique et de bioéthique; en ce sens que le don d’organe est fondé sur le consentement du donneur et ce don est, en outre, gratuit. D’autre part, s’agissant d’un prélèvement sur cadavre, cela requiert l’anony- mat; autrement dit, le receveur ignore l’origine de l’organe, qui lui a été greffé. Au niveau bio-étique, il y a lieu de respecter le principe risque/bénéfice de la pratique. En tout état de cause, les organes prélevés sont repartis au plus juste, à travers les 13 centres du pays. Enfin, il est évident que la greffe repose sur une compatibilité tissulaire. Quels sont, justement, ces centres habilités à faire des prélèvements et des greffes rénales ? Les centres sont les CHU Mustapha Bacha, Béni Messous, Blida, Tizi-Ouzou, l’EHS Dr Maouche et l’hôpital central de l’armée. A l’est du pays, nous avons les CHU de Annaba, Batna, l’EHS Daksi à Constantine et à l’Ouest, ce sont le CHU et l’EHU d’Oran, l’hôpital militaire régional universitaire, ainsi que le CHU de Tlemcen. Quel est le rôle de l’Agence du rein? Il s’agit, en effet, d’une pratique qui nécessite l’intervention d’une équipe pluridisciplinaire; à savoir, des néphrologues, des chirurgiens, des anesthésistes-réani- mateurs, biologistes, radiologues. D’où une nécessaire coordination, pour optimiser l’action de ces différents spécialistes et minimiser, ainsi, les temps de la circulation des informations. Aussi, l’Agence, à travers ses structures, aura pour mission de mettre en place les procédures idoines et veiller à leur application. C’est ce à quoi M. Mohamed Bourahla, directeur de l’Agence du rein s’attèle, par l’élaboration d’un organigramme et l’adoption d’un budget y afférent, tout en redynamisant les travaux du conseil scientifique, élu, déjà, sous le mandat de Mme Rahal. Toujours est-il que l’objectif de l’Agence, pour être atteint, demande l’engagement de tout un chacun, à tous les niveaux; que ce soit en termes de facilitation de la communication, de traitement de l’information et notamment, de la formation des personnels médical et paramédical * Docteur Radhia Kraiba, direction des Structures de santé, ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière – Alger. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 39 RECHERCHES MÉDICALES Endométriose: Une semaine, pour informer CIPLINÉES L’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. Sous l’effet des hormones (œstrogènes), au cours du cycle, il s’épaissit en vue d’une potentielle grossesse, et s’il n’y a pas fécondation, il se désagrège et saigne. Ce sont les règles. Chez la patiente, des cellules vont remonter et migrer via les trompes. Le tissu semblable au tissu endométrial qui se développe hors de l’utérus provoque alors des lésions, des adhérences et des kystes ovariens, (endométriomes) dans les organes colonisés. Cette colonisation, si elle cible, principalement, les organes génitaux et le péritoine, risque de s’étendre au système digestif et aux poumons. D u 7 au 13 mars se tient la 12 édition de la semaine européenne de prévention et d’information, sur l’endométriose. Cette maladie chronique, qui touche, pourtant, 1 femme sur 10, en âge de procréer, reste encore méconnue. Ce rendez-vous, annuel, est l’occasion d’en parler et de lever les tabous, qui l’entourent. Tables rondes, conférences, ème Trisomie 21 C marches… la semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose se déroule, partout, en France. Organisée par l’Association EndoFrance, elle a pour but de donner des clés sur cette maladie trop peu connue. Diagnostic, prise en charge de la douleur, traitements et chirurgie… Autant de thèmes abordés. DES CELLULES D’ENDOMÈTRE INDIS- Une journée, sous le signe de la diversité omment permettre aux personnes, vivant avec une trisomie 21, d’être pleinement intégrées à la société ? La 11e édition de la Journée mondiale de la Trisomie 21 est tournée vers cette thématique. Comme chaque année, porter des chaussettes dépareillées signe votre soutien à cette cause. La journée mondiale de la Trisomie 21 est l’occasion de sensibiliser, le public, à ce handicap. Pour ce faire, l’association Down Syndrome International (DSI) lance sa campagne des chaussettes dépareillées «Lots of socks». Vous êtes invités à porter deux chaussettes différentes ce lundi 21 mars. Objectif symbolique: valoriser la diversité ! «Cette diversité n’empêche pas de grandir, ni d’avancer dans la vie. On marche aussi bien avec deux chaussettes dépareillées qu’avec deux chaussettes semblables», rappelle l’association. Trisomie 21 France, membre de DSI, invite toutes les personnes, souhaitant afficher leur 42 Santé-MAG UN IMPACT IMPORTANT SUR LA VIE La plupart des femmes atteintes, sévèrement, par cette maladie, en souffrent depuis de longues années, avant d’être diagnostiquées. Encore, aujourd’hui, en effet, l’endométriose est diagnostiquée par hasard, avec un retard moyen de cinq années, durant lesquelles la maladie a eu le temps de causer des dommages, notables, à différents organes N°49 - Mars 2016 soutien, à se joindre à cette opération simple et ludique. Diffusez, ensuite, vos photos de chaussettes dépareillées, le plus largement possible, sur les réseaux sociaux ! Cette journée mondiale a été créée en 2005, à l’initiative de la France. Depuis 2012, elle est reconnue par l’Organisation des Nations Unies. La trisomie 21 (autrement appelée syndrome de Down) est une anomalie chromosomique congénitale provoquée par la présence d’un chromosome surnuméraire pour la 21ème paire. Ses signes cliniques sont très nets, un retard cognitif est observé, associé à des modifications morphologiques particulières. Avec les progrès de la médecine et le suivi paramédical, la qualité de vie des personnes, porteuses de trisomie 21, s’est considérablement améliorée, ainsi que leur espérance de vie RECHERCHES MÉDICALES Mieux comprendre les effets secondaires de la radiothérapie Maladie de Creutzfeldt-Jacob: Un nouveau test, pour détecter les prions ! Traitement proposé aux patients pris en charge, pour un cancer, la radiothérapie induit de nombreux effets secondaires indésirables. Comment les expliquer ? U n chercheur de l’INSERM nous éclaire sur la question. La radiothérapie est utilisée pour la moitié des 380 000 cancers traités, par an, en France. «Dans 5% à 20% des cas, des réactions tissulaires, allant de la simple rougeur, aux brûlures radio-induites, sont répertoriées. Dans de très rares cas, cette radiosensibilité provoque le décès du patient», explique le Pr Nicolas Foray, radio-biologiste à l’INSERM*. Ces effets secondaires, indésirables, de la radiothérapie, sont liés à l’action d’une protéine appelée ATM. Pour comprendre le fonctionnement de cette protéine, découverte en 1995, l’équipe du Pr Foray s’est penchée sur le dossier de patients sous radiothérapie, présentant des effets secondaires indésirables (affections de la peau, inflammation du rectum…). DES LIGNÉES DE CELLULES Précisément, des lignées cellulaires, répertoriées depuis 2003, par des radiothérapeutes et cancérologues, ont été irradiées «dans des conditions exactes d’une session de radiothérapie». Les scientifiques ont, ensuite, observé la vitesse de dégradation de l’ADN; puis, relevé l’incidence et la gravité des effets indésirables, chez les patients prélevés. Résultat, lorsque la protéine ATM franchit le noyau des cellules irradiées, elle déclenche la réparation des cassures de l’ADN. Plus ce mécanisme est lent, «plus la radiosensibilité des cellules est élevée et plus les effets secondaires, indésirables, de la radiothérapie, sont importants». Grâce à ces données, les chercheurs ont mis au point un classement, en 3 catégories, de la radiorésistance. DE L’ESPOIR ! Cette piste vaut pour «tous les cancers traités et ne diffère pas, selon le caractère précoce, ou tardif, de la réaction indésirable». Actuellement des "tests prédictifs" sont capables de détecter un potentiel risque de réactions secondaires, indésirables, liées à la radiothérapie. A l’avenir, les chercheurs espèrent cette technique, pour traiter des tumeurs D es chercheurs de l’INSERM viennent de développer une nouvelle méthode, pour améliorer la détection de prions infectieux, dans des prélèvements de cerveau et de sang. Elle pourrait, aussi, ouvrir de nouvelles pistes, en matière de décontamination. Tremblante du mouton, maladie de la vache folle, maladie de Creutzfeldt-Jacob chez l’homme… Autant de pathologies provoquées par l’accumulation d’une forme infectieuse de la protéine prion. Cette dernière transforme, progressivement, le cerveau en une sorte d’éponge pleine de trous. Aujourd’hui la méthode de référence, pour détecter la présence de cette protéine, dans un échantillon de tissu cérébral, repose sur le test de digestion à la protéinase K. Problème, dans un cerveau infecté, seuls 20% des prions infectieux sont, en réalité, repérés. Véronique Perrier et ses collègues de l’Unité INSERM 1198 (Montpellier) sont parvenus à synthétiser une petite molécule, baptisée MR1000, capable de révéler la présence de toutes les formes de prions infectieux. Testé sur des échantillons de cerveau de souris, de hamsters; puis, d’humains, ce test rapide a, effectivement, permis de différencier, correctement, les échantillons sains de ceux contenant du prion. MR 100 pourrait, également, être mis à profit, pour décontaminer des surfaces, ou des instruments possiblement souillés, par du prion infectieux. Les premiers résultats sont, d’ailleurs, prometteurs N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 43 CONTRE-INDICATIONS: Ce médicament NE DOIT PAS ETRE UTILISE dans les cas suivants: •hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients, •JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: L’utilisation de ce médicament est contreindiquée chez la femme qui allaite un enfant traité par cisapride (voir rubrique «Grossesse et allaitement»). MISES EN GARDE SPECIALES ET PRECAUTIONS D’EMPLOI: En cas d’insufisance hépatique, l’administration de josamycine n’est 1) Agiter le flacon 2) Puis ajouter de 3) Agiter de nouveau 4) Compléter avec 5) Agiter de nouveau pas recommandée. Si elle est nécessaire, elle justiie alors une surveillance l’eau jusqu’au trait et laisser reposer de l’eau jusqu’au trait régulière des tests hépatiques et éventuellement une réduction de posologie. du flacon Des cas de colite pseudomembraneuse ont été rapportés avec la josamycine; il est donc important d’évoquer ce diagnostic chez les patients présentant Préparation de la suspension une diarrhée sévère pendant ou après un traitement par josamycine. Dans c ette situation, des mesures thérapeutiques adéquates doivent être initiées immédiatement. Les médicaments inhibant le péristaltisme sont contreindiqués dans cette situation (voir rubrique «Effets indésirables»). Ce médicament est généralement déconseillé en association avec: •l’ébastine, •les alcaloïdes de l’ergot de seigle dopaminergiques (bromocriptine, cabergoline, lisuride, pergolide), •le triazolam, •l’halofantrine, •le disopyramide, •le tacrolimus. (voir rubrique «Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions»). Concernant les associations faisant l’objet de précautions d’emploi, voir rubrique «Interactions avec d’autres médicaments 1) Bien agiter le 2) Tirer sur le piston 3) Après utilisation, 4) Coller le support 5) Replacer la et autres formes d’interactions». L’administration de josamycine doit se faire flacon avant chaque pour aspirer la rincer la seringue sur le côté du flacon seringue dans son avec prudence chez les patients présentant une hypersensibilité connue à utilisation et plonger suspension jusqu’au avec de l’eau support l’érythromycine ou à d’autres antibiotiques de la famille des macrolides. Une la seringue graduée traitcorrespondant dans le flacon au poids de l’enfant. résistance croisée avec d’autres antibiotiques de la famille des macrolides peut Sortir la seringue du être observée. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, flacon et administrer JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® le médicament. 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Ce médicament contient du saccharose. Son utilisation est déconseillée chez les patients présentant une intolérance au fructose, un syndrome de malabsorption du glucose et du galactose ou un déicit en sucrase/isomaltase. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Ce médicament contient du sodium. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Le taux de sodium est inférieur à 1 mmol par dose de 5 kg soit 5 ml de suspension buvable, c’est-à-dire «sans sodium». JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Le taux de sodium est inférieur à 1 mmol par dose de 10 kg soit 5 ml de suspension buvable, c’est-à-dire «sans sodium» JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Le taux de sodium est inférieur à 1 mmol par dose de 20 kg soit 5 ml de suspension buvable, c’est-à-dire «sans sodium» JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Ce médicament contient du parahydroxybenzoate de méthyle et de propyle et peut provoquer des réactions allergiques (éventuellement retardées). INTERACTIONS AVEC D’AUTRES MEDICA- MENTS ET AUTRES FORMES D’INTERACTIONS: Associations contre-indiquées: + Dihydroergotamine: Ergotisme avec possibilité de nécrose des extrémités (inhibition de l’élimination hépatique de l’alcaloïde de l’ergot de seigle). + Ergotamine: Ergotisme avec possibilité de nécrose des extrémités (diminution de l’élimination hépatique de l’ergotamine). + Cisapride: Risque majoré de troubles du rythme ventriculaire, notamment de torsades de pointes. + Pimozide: Risque majoré de troubles du rythme Préparation de la suspension JOSACINE® 125 mg/5 ml, 250 mg/5 ml, 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, (ML Complètes JOSACINE® 2013-1 / Novembre 2013) DENOMINATION DU MEDICAMENT: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: contient 125,00 mg de josamycine base (sous forme de propionate de josamycine). Pour 5 ml de suspension reconstituée. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: contient 250,00 mg de josamycine base (sous forme de propionate de josamycine). Pour 5 ml de suspension reconstituée. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: contient 500,00 mg de josamycine base (sous forme de propionate de josamycine). Pour 5 ml de suspension reconstituée. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: un comprimé pelliculé de 700,35 mg contient 500,00 mg de josamycine base. Excipients: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: saccharose, parahydroxybenzoate de méthyle, parahydroxybenzoate de propyle. FORME PHARMACEUTIQUE: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Comprimé pelliculé. INDICATIONS THERAPEUTIQUES: Elles sont limitées aux infections dues aux germes déinis comme sensibles: •angines documentées à streptocoque A bêta-hémolytique, en alternative au traitement par bêta-lactamines, particulièrement lorsque celui-ci ne peut être utilisé. •sinusites aiguës. Compte-tenu du proil microbiologique de ces infections, les macrolides sont indiqués lorsqu’un traitement par une bêta-lactamine est impossible. •surinfections des bronchites aiguës. •exacerbations des bronchites chroniques. •pneumopathies communautaires chez des sujets: - sans facteurs de risque, - sans signes de gravité clinique, - en l’absence d’éléments cliniques évocateurs d’une étiologie pneumococcique. En cas de suspicion de pneumopathie atypique, les macrolides sont indiqués quels que soient la gravité et le terrain. •infections cutanées bénignes: impétigo, impétiginisation des dermatoses, ecthyma, dermo-hypodermite infectieuse (en particulier, érysipèle), érythrasma. •infections stomatologiques. •infections génitales non gonococciques. •chimioprophylaxie des rechutes du RAA en cas d’allergie aux bêta-lactamines. Il convient de tenir compte des recommandations oficielles concernant l’utilisation appropriée des antibactériens. POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION: VOIE ORALE. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Cette présentation est réservée au nourrisson de 2 à 5 kg. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Cette présentation est réservée à l’enfant de 5 à 10 kg. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Cette présentation est réservée à l’enfant de 10 à 40 kg. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Cette présentation est réservée à l’adulte et à l’enfant de plus de 6 ans et de plus de 40 kg. JOSACINE®125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La posologie est de 50 mg/kg de poids et par jour, à répartir en deux prises par jour. Soit en pratique: 1 prise (25 mg/kg) le matin et 1 prise (25 mg/kg) le soir. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Au-delà de 40 kg, il conviendra d’évaluer la possibilité d’utiliser les formes comprimés. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé, JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: 1 à 2 comprimés matin et soir. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé, JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: 2 comprimés (1 g) le matin, 2 comprimés (1 g) le soir. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La dose par prise, est indiquée en fonction du poids de l’enfant sur le piston de la seringue pour administration orale graduée en kilo. Elle se lit directement sur les graduations de la seringue. Ainsi le poids indiqué correspond à la dose pour une prise.. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La seringue pour administration orale est graduée de 2 à 5 kg, chaque graduation successive de 0,5 kg correspond à 12,5 mg de josamycine. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La seringue pour administration orale est graduée de 2 à 10 kg, chaque graduation successive de 1 kg correspond à 25 mg de josamycine. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La seringue pour administration orale est graduée de 2 à 20 kg, chaque graduation successive de 1 kg correspond à 25 mg de josamycine. Attention, cette seringue pour administration orale ne doit pas être utilisée pour un autre médicament, la graduation étant spéciique à ce produit. Deux prises par jour sont nécessaires. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Par exemple, pour un enfant de 4 kg, la dose à administrer par prise correspond à la seringue pour administration orale remplie jusqu’à la graduation 4. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Par exemple, pour un enfant de 5 kg, la dose à administrer par prise correspond à la seringue remplie jusqu’à la graduation 5. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Par exemple, pour un enfant de 30 kg, la dose à administrer par prise correspond à la seringue remplie une première fois jusqu’à la graduation 20, puis la seringue remplie une deuxième fois jusqu’à la graduation 10, et ce, 2 fois par jour. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Cas particuliers: Angines: 50 mg/kg/jour à répartir en 2 prises journalières. Soit en pratique: 1 prise (25 mg/kg) le matin et 1 prise (25 mg/kg) le soir. La durée du traitement des angines est de 5 jours. MENTIONS LÉGALES ventriculaire, notamment de torsades de pointes. + Ivabradine: Augmentation des concentrations plasmatiques de l’ivabradine et par conséquent de ses effets indésirables (inhibition deson métabolisme hépatique par la josamycine). + Colchicine: Augmentation des effets indésirables de la colchicine, aux conséquences potentiellement fatales. Associations déconseillées: + Ebastine: Risque majoré de troubles du rythme ventriculaire chez les sujets prédisposés(syndrome du QT long, congénital). + Alcaloïdes de l’ergot de seigle dopaminergiques (bromocriptine, cabergoline, lisuride, pergolide): Augmentation des concentra- tions plasmatiques du dopaminergique avec accroissement possible de son activité ou apparition de signes de surdosage. + Triazolam: Quelques cas de majoration des effets indésirables (troubles du comportement) du triazolam ont été rapportés. + Halofantrine: Risque majoré de troubles du rythme ventriculaire, notamment de torsades de pointes. Si cela est possible, interrompre le macrolide. Si l’association ne peut être évitée, contrôle préalable du QT et surveillance ECG monitorée. + Disopyra-mide: Risque de majoration des effets indésirables du disopyramide: hypoglycémies sévères, allongement de l’intervalle QT et troubles du rythme ventriculaire graves, notamment à type de torsade de pointes. Surveillance clinique, biologique et électrocardiogra- phique régulière. + Tacrolimus: Augmentation des concentrations sanguines de tacrolimus et de la créatininémie, par inhibition du métabolisme hépatique du tacrolimus par la josamycine. Associations faisant l’objet de précautions d’emploi: + Carbamazépine: Augmentation des concentrations plasmatiques de carbamazépine avec signes de surdosage,par diminution de son métabolisme hépatique. Surveillance clinique et, si besoin, dosage plasmatique et réduction éventuelle de la posologie de la carbamazépine. + Ciclosporine: Risque d’augmentation des concentrations sanguines de ciclosporine et de la créatininémie. Dosage des concentrations sanguines de la ciclosporine, contrôle de la fonction rénale et adaptation de la posologie pendant l’association et après l’arrêt du macrolide. + Antivitamines K: Augmentation de l’effet de l’antivitamine K et du risque hémorragique. Contrôle plus fréquent de l’INR. Adaptation éventuelle de la posologie de l’antivitamine K pendant le traitement par le macrolide et après son arrêt. + Sildénail: Augmentation desconcentrations plasmatiques de sildénail, avec risque d’hypotension. Débuter le traitement par sildénail à la dose minimale en cas d’association avec la josamycine. Associations à prendre en compte: + Théophylline (et, par extrapolation, aminophylline): Risque d’augmentation de la théophyllinémie, particulièrement chez l’enfant. Problèmes particuliers du déséquilibre de l’INR: De nombreux cas d’augmentation de l’activité des antivitamines K ont été rapportés chez des patients recevant des antibiotiques. Le contexte infectieux ou inflammatoire marqué, l’âge et l’état général du patient apparaissent comme des facteurs de risque. Dans ces circonstances, il apparaît dificile de faire la part entre la pathologie infectieuse et son traitement dans la survenue du déséquilibre de l’INR. Cependant, certaines classes d’antibiotiques sont davantage impliquées: il s’agit notamment des fluoroquinolones, des macrolides, des cyclines, du cotrimoxazole et de certaines céphalosporines. GROSSESSE ET ALLAITEMENT: JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé, Grossesse: L’information sur l’utilisation de la josamycine pendant la grossesse est limitée. Les données chez l’animal ne mettent pas en évidence d’effets tératogènes ou de retard de développement aux doses thérapeutiques. L’utilisation de ce produit doit être envisagée chez la femme enceinte ou susceptible de l’être seulement si le bénéice thérapeutique attendu prime sur les risques éventuels. Allaitement: Le passage de la plupart des macrolides dans le lait maternel est documenté, avec des concentrations dans le lait égales ou supérieures aux concentrations plasmatiques. Cependant, les quantités ingérées par le nouveau-né restent faibles au regard des posologies pédiatriques. Le risque majeur consiste en une modiication de la flore intestinale de l’enfant. En conséquence, l’allaitement est possible. En cas de survenue de troubles digestifs chez le nourrisson (candidose intestinale, diarrhée), il est nécessaire d’interrompre l’allaitement (ou le médicament). En cas de prise de cisapride chez le nouveau-né ou le nourrisson allaité, l’administra- tion de macrolides à la mère est contre-indiquée par mesure de prudence, enraison du risque potentiel d’interaction chez l’enfant (torsades de pointes). EFFETS INDESIRABLES: Troubles gastro-intestinaux: Nausées, vomissements, gastralgies, diarrhée, douleurs abdominales, colite pseudomembraneuse. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: stomatite (fréquence indéterminée). Affections de la peau et du tissus sous-cutané: Eruption érythémateuse ou maculopapuleuse, érythème multiforme, dermatose bulleuse, syndrome de Stevens-Johnson, syndrome de Lyell. Affections du système immunitaire: •Réactions d’hypersensibilité à type de prurit, urticaire, oedème de la face, oedème de Quincke (angioedème), gêne respiratoire, réaction et choc anaphylactique; •Maladie sérique. Affections hépatobiliaires: Augmentation de s transaminases et phosphatases alcalines, ictère, hépatite cholestatique ou hépatite cytolytique. Affections vasculaires: Purpura, vascularite cutanée. Troubles du métabolisme et de la nutrition: Diminution de l’appétit (fréquence indéterminée). Déclaration des effets indésirables suspectés: La déclaration des effets indésirables suspectés après autorisation du médicament est importante. Elle permet une surveillance continue du rapport bénéice/risque du médicament. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté via le système national de déclaration: Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) et réseau des Centres Régionaux de Pharmacovigilance - Site internet: www.ansm.sante.fr. SURDOSAGE: Un surdosage avec la josamycine peut entraîner des troubles gastro-intestinaux tels que nausées et diarrhées, et doivent être traités en conséquence. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES - Propriétés pharmacodynamiques: Classe pharmacothérapeutique: ANTIBACTERIENS A USAGE SYSTEMIQUE, Code ATC: J01FA07. Antibiotique antibactérien de la famille des macrolides. SPECTRE D’ACTIVITE ANTIBACTERIENNE: Les concentrations critiques séparent les souches sensibles des souches de sensibilité intermédiaire et ces dernières, des résistantes: S<1 mg/l et R > 4 mg/l. La prévalence de la résistance acquise peut vari er en fonction de la géographie et du temps pour certaines espèces. Il est donc utile de disposer d’informations sur la prévalence de la résistance locale, surtout pour le traitement d’infections sévères. Ces données ne peuvent apporter qu’une orientation sur les probabilités de la sensibilité d’une souche bactérienne à cet antibiotique. Lorsque la variabilité de la prévalence de la résistance acquise en France (> 10%) (valeurs extrêmes) est connue pour une espèce bactérienne, elle est indiquée ci-après: ESPÈCES SENSIBLES: Aérobies à Gram positif: Bacillus cereus, Corynebacterium diphtheriae, Entérocoques [50 - 70%], Rhodococcus equi, Staphylococcus méti-S, Staphylococcus méti-R * [70 - 80%], Streptococcus B, Streptococcus non groupable [30 - 40%], Streptococcus pneumoniae [30 - 32%], Streptococcus pyogenes; Aérobies à Gram négatif: Bordetella pertussis, Branhamella catarrhalis, Campylobacter, Legionella, Moraxella; Anaérobies: Actinomyces, Bacteroides [30 - 60%], Eubacterium, Mobiluncus Peptostreptococcus [30 - 40%], Porphyromonas, Prevotella, Propionibacterium acnes; Autres: Borrelia burgdorferi, Chlamydia, Coxiella, Leptospires, Mycoplasma pneumoniae, Treponema pallidum. ESPÈCES MODÉRÉMENT SENSIBLES (in vitro de sensibilité intermédiaire): Aérobies à Gram négatif: Neisseria gonorrhoeae; Anaérobies: Clostridium perfringens; Autres: Ureaplasma urealyticum. ESPÈCES RÉSISTANTES: Aérobies à Gram positif: Corynebacterium jeikeium, Nocardia asteroïdes; Aérobies à Gram négatif: Acinetobacter, Entérobactéries, Haemophilus, Pseudomonas; Anaérobies: Fusobacterium; Autres: Mycoplasma hominis. La josamycine possède une activité in vitro et in vivo sur Toxoplasma gondii. * La fréquence de résistance à la méticilline est environ de 30 à 50% de l’ensemble des staphylocoques et se rencontre surtout en milieu hospitalier. PROPRIETES PHARMACOCINETIQUES: Absorption: Prise par voie orale, la josamycine est absorbée rapidement au niveau de la partie initiale de l’intestin grêle. Distribution: Le pic sérique est obtenu entre 1 et 4 heures après la prise orale. La concentration plasmatique maximale atteint 0,2 à 0,3 mg/l après absorption de 1 g de josamycine base et 0,3 à 0,4 mg/l après absorption de 1 g de propionate de josamycine. La pharmacocinétique de la josamycine après dose unique comme à l’équilibre montre une grande variabilité inter et intra individuelle. Ainsi, sa Cmax peut varier dans un rapport de 1 à 7 pour le propionate et de 1 à 10 pour la forme base. Le degré de variation est du même ordre pour l’AUC. La josamycine présente une très forte afinité tissulaire qui se traduit par une diffusion rapide vers les parenchymes notamment dans les poumons et les végétations adénoïdes. Les concentrations tissulaires sont élevées: après administration de 1 g de josamycine en doses multiples, les valeurs médianes atteignent 1,4 microgrammes/gramme pour une moyenne de 3,4 microgrammes/gramme dans le parenchyme pulmonaire, et de 0,7 microgrammes/gramme pour les valeurs médianes et moyennes comparables dans les végétations adénoïdes. Il faut noter une pénétration de la josamycine dans la plupart des tissus et milieux biologiques tels que les sinus, la prostate, les amygdales, les sécrétions bronchiques, le pus de l’oreille, la salive, la sueur et les larmes. Les macrolides pénètrent et s’accumulent dans les phagocytes (polynucléaires neutrophiles, monocytes, macrophages péritonéaux et alvéolaires). Les concentrations intra-phagocytaires sont élevées chez l’homme. Ces propriétés expliquent l’activité de la josamycine sur les bactéries intracellulaires. Le passage transplacentaire de la josamycine est faible. La josamycine diffuse très bien dans le lait maternel avec un rapport lait maternel/plasma de 100%. La josamycine ne diffuse pas dans le liquide céphalo-rachidien. La liaison aux protéines plasmatiques est de l’ordre de 15%. Biotransformation: La biotransformation s’effectue au niveau du foie et ne concerne que 40 à 50% de la josamycine absorbée. Les 2 principaux métabolites, qui sont des métabolites hydroxylés, conservent la même activité bactériologique sur le plan qualitatif. Excrétion: L’élimination est principalement digestive: bile et fèces pour 90% environ. L’élimination urinaire est très faible (<10%). La demi-vie d’élimination est de l’ordre de 2 heures. DONNEES DE SECURITE PRECLINIQUES: Lors de l’administration chez des souris et des rates gravides, une augmentation des morts foetales et un retard de développement ont été rapportés à des doses élevées (3,0 g/kg/jour) chez la souris. Dans des études chez des souris et des rates portant sur l’administration de propionate de josamycine au cours de l’organogénèse, un ralentissement de la prise de poids et une splénomégalie ont été rapportés à des doses élevées (2,0 g/kg/jour) chez la souris femelle gravide. DONNEES PHARMACEUTIQUES: Liste des excipients: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Mannitol, citrate trisodique 2H2O, hydroxypropylcellulose, cellulose microcristalline/carmellose (AVICEL RC), parahydroxybenzoate de méthyle, parahydroxybenzoate de propyle, arôme fraise en poudre (citrate d’éthyle; propylèneglycol; butyrate d’éthyle; héxène-3-ol-1; acide propionique; cinnamate de méthyle; acide acétique; maltol; vanilline; acide méthylbutyrique; caproate d’éthyle; décalactone; maltodextrine), diméticone (rhodorsil 70451), sucre glace. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: canthaxantine à 10% hydrosoluble. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: béta-carotène à 10% hydrosoluble. Teneur en saccharose: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 0,82 g par dose de 5 kg soit 5 ml de suspension buvable. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 0,63 g par dose de 10 kg soit 5 ml de suspension buvable. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 0,82 g par dose de 20 kg soit 5 ml de suspension buvable. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Amidon de maïs, carboxyméthylamidon sodique, cellulose microcristalline, polysorbate 80, povidone, silice colloïdale anhydre, stéarate de magnésium, talc, hypromellose, macrogol 6000, dioxyde de titane (E171). DUREE DE CONSERVATION: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 5 ans. Après reconstitution, la durée de conservation de la suspension est de 7 jours. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: 5 ans. PRECAUTIONS PARTICULIERES DE CONSERVATION: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Flacon non-ouvert: Pas de précautions particulières de conservation. Pour les conditions de conservation du médicament reconstitué, voir rubrique «Durée de conservation». JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Pas de précautions particulières de conservation. NATURE ET CONTENU DE L’EMBALLAGE EXTERIEUR: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 15 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée avec une seringue pour administration orale. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 15 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée avec une seringue pour administration orale. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 20 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée avec une seringue pour administration orale. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: 20 comprimés sous plaquettes thermoformées (PVC/Aluminium). PRECAUTIONS PARTICULIERES D’ELIMINATION ET DE MANIPULATION: Pas d’exigences particulières. Tout produit non utilisé ou déchet doit être éliminé conformément à la réglementation en vigueur. TITULAIRE DE LA DECISION D’ENREGISTREMENT: ASTELLAS PHARMA S.A.S. 26 Quai Michelet 92 300 Levallois-Perret. Tél Information médicale (Numéro Vert): 0 800 008 619 - Tél Standard et Pharmacovigilance: 01 55 91 75 00. Fax: 01 55 91 75 69. NUMERO(S) D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Décision d’enregistrement: 14/99/ 13 E 188 /374: 15 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée + seringue pour administration orale. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Décision d’enregistrement: 14/99/ 13 E 189 /374: 15 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée + seringue pour administration orale. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 14/99/ 13 E 190 /374: 20 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée avec seringue pour administration orale. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Décision d’enregistrement: 14/99/ 13 E 202 /374: 20 comprimés sous plaquettes thermoformées (PVC/aluminium). CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE: Liste I. Médicament soumis à prescription médicale. ÉVÈNEMENT Le stress post-traumatique: Le calvaire, en continu… Par Les moments pénibles font partie de la vie. Nous devons, tous, affronter des périodes difficiles, telles que le deuil d’un être cher, ou des conflits d’ordre personnel, ou professionnel. Il arrive, parfois, qu’une personne subisse une expérience, à la fois si inattendue et si éprouvante, qu’elle continue d’en subir les séquelles, longtemps après l’événement. Les personnes dans cet état subissent, souvent, des rappels d’images ( flashbacks) et des cauchemars, où elles revivent les situations d’effroi, qui sont à l’origine de leur traumatisme. Elles peuvent, même, devenir émotivement désensibilisées. A ccident, attentat, violence ou agression... Après de tels chocs, certains des sujets, qui en sont victimes, développent un stress post-traumatique. Emprisonnés dans leur souvenir, les patients revivent, sans cesse, leur calvaire. Comment se sortir de ce cercle vicieux ? En guérit-on, un jour ? Le trouble de stress post-traumatique ou TSPT, aussi connu sous les termes de Syndrome de stress post-traumatique, SSPT, ou État de stress post-traumatique dans la (CIM10) (en anglais PTSD, pour Post traumatic stress disorder) désigne un type de trouble anxieux sévère, qui se manifeste à la suite d'une expérience vécue comme traumatisante, avec une confrontation à des idées de mort. COMMENT PEUT-ON DÉFINIR CE TROUBLE ? Il est définit comme étant une réaction psychologique, consécutive à une situation durant laquelle l'intégrité physique et/ou psychologique du patient et/ou de son entourage a été menacée et/ ou effectivement atteinte. Les capacités d'adaptation (comment faire face) du sujet sont débordées. La réaction, 46 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 le Dr Leila Namane Le trouble de stress post-traumatique, désigne un type de trouble anxieux sévère, qui se manifeste à la suite d'une expérience vécue comme traumatisante, avec une confrontation à des idées de mort immédiate, à l'événement aura été traduite par une peur intense, par un sentiment d'impuissance, ou par un sentiment d’horreur. Cet état de stress post-traumatique est catégorisé en tant que trouble anxieux, dans le DSM IV. Les symptômes caractéristiques apparaissent, après un événement traumatique. Dans ce cas, l'individu évite, systématiquement, tout événement, ou discussions, menant à ses émotions. Malgré ces stratégies, l'événement revient sans cesse, dans les pensées de l'individu, en flashback, ou en cauchemar. Les symptômes caractéristiques sont considérés sévères moins de trois mois après l'événement déclencheur et chroniques, si persistants au bout de trois mois et plus. Ce trouble est différent de la réaction aiguë au stress. Il peut entraîner une altération clinique, dans des domaines importants de fonctionnement. QUELS SONT LES SYMPTÔMES PERSISTANTS ? Le patient souffrant d'un état de stress post-traumatique se plaint d'un sentiment de désespoir, ou d'horreur, associés à une triade symptomatique persistante: Reviviscence ou intrusion: l'individu revit l’événement traumatisant. Il ne s’agit pas, seulement, de vagues réminiscences; mais, d’incapacité à empêcher ces souvenirs de revenir le hanter. Certains parlent même de reviviscence, pour dire à quel point il s’agit, davantage, de véritables flashbacks envahissants, que de simples souvenirs. En effet, l'angoisse, ressentie lors de l'expérience traumatisante, peut être, de nouveau, éprouvée au moment du souvenir. Les cauchemars sont une autre manifestation de ce type de symptôme; Tendance à l’évitement: L'évitement de tout ce qui rappelle l'événement traumatique est la principale réponse à un traumatisme psychologique. Cet évitement peut être affectif (indifférence émotionnelle), comportemental et physiologique (atténuation des sensations de plaisir et de douleur). L’individu tente d’éviter les situations et les facteurs déclencheurs, qui pourraient lui rappeler l’événement traumatisant. Il aura, aussi, tendance à éviter d’en parler, pour éviter d’y être confronté directement. Cela peut conduire jusqu'à une amnésie partielle, ou totale, de l'événement. Un autre aspect de l’évitement est ÉVÈNEMENT l’émoussement des émotions, qui peut aller jusqu’à une insensibilité émotive. L'individu perd intérêt dans des activités qui, autrefois, le passionnaient, se replie sur lui-même et fuit ses proches. Il peut, également, avoir des difficultés de communication, qui se manifestent, notamment, par une difficulté à s'exprimer correctement, le fait d'utiliser des mots inexacts et imprécis, lorsqu'il parle (notamment, lorsqu'il s'agit d'évoquer l'événement traumatisant). L'évitement peut, également, parfois, prendre la forme d’une agressivité nécessaire, ou d’un attrait pour des activités risquées et dangereuses, ou le retrait extrême. Hyperstimulation: le patient souffre de plusieurs symptômes d’hyper-vigilance et a, par conséquent, de la difficulté à se concentrer et à mener à terme ses activités. Il peut présenter, notamment, une insomnie, une tendance à s'effrayer facilement, une impression constante de danger, ou de désastre imminent, une grande irritabilité, ou même un comportement violent. Chez les enfants, un comportement désorganisé, ou agité, peut être perçu. Un sentiment intense de détresse psychique peut survenir, lorsque l'individu est exposé à des éléments, qui évoquent l'événement traumatisant. QUELS SONT LES AUTRES TROUBLES QUI PEUVENT S Y ASSOCIER ? Les personnes souffrant du TSPT sombrent, souvent, dans l’alcoolisme, ou la toxicomanie et deviennent sujettes à la dépression. En outre, on observe, souvent, la présence d’autres troubles anxieux, chez ces personnes (attaques de panique et troubles phobiques). QUELLES SONT LES STRATÉGIES THÉRAPEUTIQUES ? Depuis son introduction, au sein des systèmes de classification, en psychiatrie, dans les années 1980, diverses approches psychothérapeutiques ont été mises à l'essai. L'efficacité de ces thérapies, dans la réduction des symptômes de stress post-traumatique, varie, considérablement, de l'une à l'autre. Des méta-analyses d'essais cliniques contrôlés, à répartition aléatoire, ont permis de conclure que les psychothérapies se concentrant sur le traumatisme sont les plus efficaces. fonctionnelles, d'en évaluer la validité, par l'entremise d'expériences comportementales, dans des situations perçues comme menaçantes, ou dangereuses et de les remplacer par des pensées reflétant, davantage, la réalité. L'exposition à des évènements déclencheurs liés à l'évènement traumatique, que l'on désigne comme des expériences comportementales, est considérée comme une composante nécessaire au succès du traitement. La thérapie par l'exposition: Deux formes d'exposition sont utilisées: l'exposition imaginaire, ou réelle, à des évènements déclencheurs, liés à l'évènement traumatique. Dans le cadre de l'exposition imaginaire, la victime raconte des souvenirs de l'évènement traumatique évoquant de l'anxiété de façon systématique, prolongée et répétitive, alors que dans le cadre de l'exposition réelle, elle confronte des événements déclencheurs, liés au traumatisme, qui génèrent, en elle, de l'anxiété. La plupart des protocoles thérapeutiques combinent les deux méthodes, alors que les autres comprennent seulement l'exposition imaginaire. Par ailleurs, certains auteurs ont laissé entendre que les taux élevés d'anxiété, induits par l'exposition à des évènements déclencheurs, liés à l'évènement traumatique, sont susceptibles d'accroître les niveaux de détresse psychologique des patients, entraînant des effets indésirables et un taux élevé d'abandon du traitement. L'intégration neuro-émotionnelle, par les mouvements oculaires: c’est une thérapie de traitement de l'information, au cours de laquelle le patient raconte l'évènement traumatique, au moyen de ses caractéristiques cognitives, affectives et physiologique, tout en se concentrant, visuellement, sur des mouvements bilatéraux d'un stimulus externe, jusqu'à ce que la détresse psychologique, évoquée par les souvenirs traumatiques, diminue. N’oublions pas l’efficacité de la chimiothérapie; à savoir, antidépresseurs, anxiolytiques et neuroleptiques, dans le traitement de l’état de stress post-traumatique. Se ré-apprivoiser aux situations associées au traumatisme, trouver un sens aux souffrances traversées, sont les objectifs de tous ces moyens thérapeutiques. «Le traumatisme psychique représente quelque chose d’ineffable, d’indicible. Le patient (…) n’a pas de mots, pour le dire. La prise en charge de ces personnes ne pourra se faire au niveau verbal, ou intellectuel» La thérapie cognitive: Cette thérapie a été conçue, pour corriger les modes de pensée dysfonctionnels, qui sont responsables de la détresse psychologique, de l'anxiété et de la peur. On enseigne à la personne traumatisée la manière de surmonter ses pensées dys- * Docteur Leila Namane, maître-assistante en psychiatrie, chef de service B - EHS Frantz Fanon de Blida. Bibliographie C. Debabèche, M. Ansseau, W. Pitchot, «État de stress post-traumatique et debriefing psychologique: un sujet controversé», Revue Médicale de Liège, 2012 M. Delbrouck et coll., «Comment traiter le burnout ? Principes de prise en charge du syndrome d’épuisement professionnel», éditions De Boeck, Bruxelles, 2011. O. Van der Hart, P. Brown and B. A. Van der Kolk, «Le traitement psychologique du stress post-traumatique de Pierre Janet», Société médico-psychologique, Annales MédicoPsychologiques, 1989. WEATHERS F.W., KEANE T.M., DAVIDSON J.R. Clinician administered PTSD scale: a review of the first ten years of research. Depression Anxiety 2001;13:132-156. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 47