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NOTE CGT SUR LES SALAIRES ET LE POUVOIR DACHAT
Montreuil, le 18 juin 2013
Augmenter les salaires pour renouer avec la croissance
On ne peut pas parler salaires sans parler coût du capital. Dans une économie capitaliste
comme la France, il y a un conflit permanent entre le travail et le capital.
La bataille idéologique fait partie intégrante de ce conflit, et dans ce sens, la CGT considère
que le travail n’est pas un coût mais un atout économique et social alors que le capital coûte
de plus en plus cher pour l’ensemble de la société.
Il n’est donc pas inutile de rappeler que ce qui crée de la richesse et donc de la valeur ajoutée
est bien le travail humain.
Le partage de la valeur ajoutée au détriment du travail donc des salariés
Dans l’ensemble de l’économie, la part des salaires dans la valeur ajoutée des sociétés non
financières a augmenté de 8 points entre 1950 et 1982 (de 62% à 74%), a reculé de 10 points
entre 1982 et 1989 (à 64%) et actuellement elle oscille autour de 65 %.
Sachant que chaque point de valeur ajoutée des sociétés non financières représente 10 milliards
d’euros par an, alors 10 points de baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée de ces
entreprises représentent 100 milliards d’euros par an.
Part des salaires dans la valeur ajoutée
56
58
60
62
64
66
68
70
72
74
1949
1952
1955
1958
1961
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
2006
2009
2012
En %
2
La formation du partage de la valeur ajoutée n’est pas sans lien avec le recul relatif de
l’activité industrielle, le fait que l’industrie continue à perdre des emplois au profit des services,
dont une part non négligeable à faible rémunération et le plus souvent précaire (dans les
commerces, services aux particuliers,…).
En France, le salaire est composé de deux parties :
- Le salaire net : directement versé au salarié,
- Les cotisations sociales : c’est la partie du salaire mise dans un « pot commun ».
Les cotisations sociales forment une partie du salaire qui au lieu d’être directement versée au
salarié sert à financer la protection sociale.
Les cotisations sociales dites patronales font aussi partie intégrante du salaire.
Le patronat mène une bataille idéologique pour présenter cette partie du salaire comme une
« charge » qui pèserait sur les entreprises. C’est totalement faux et purement politique.
Conscient du fait que la part employeur des cotisations fait partie intégrante du salaire, le
patronat exerce une forte pression pour réduire cette partie.
Pour satisfaire le patronat, l’Etat prend en charge une partie des cotisations.
Cette politique coûte environ 30 milliards d’euros au budget de l’Etat (20 milliards sur les
emplois dits à bas salaires), sans résultats probants en matière d’emplois mais surtout avec des
effets pervers, tels que la trappe à bas salaires, c'est-à-dire que plus les salaires sont proches du
smic, plus les exonérations sont importantes. Cette politique mène inévitablement au
déclassement des qualifications et a donc un impact négatif sur la formation professionnelle.
La baisse des cotisations sociales dites patronales permet d’améliorer les marges, les profits des
entreprises qui sont distribués sous forme de dividendes aux actionnaires et propriétaires.
Le crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (CICE), décidé en 2012 dans le cadre du
pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi obéit à la même logique.
Le montant du CICE de 20 milliards d’euros s’ajoute aux exonérations actuelles.
Ce nouveau cadeau coûte particulièrement cher pour peu de résultats. Le ministère de
l’économie prévoit la création de 300 000 emplois. 20 milliards d’euros par an divisés par
300 000 emplois = 70 000 euros par emploi.
Pour la CGT, il faut utiliser cet argent pour développer les services publics, créer des emplois
dans les services qui manquent de personnel : éducation, santé, aide aux personnes âgées.
Des allègements fiscaux pour emplois jeunes, cela nous donne aussi une idée du fameux prix
du travail des jeunes alternants qui touchent à peine 50% du SMIC, car les employeurs
pourront cumuler les avantages des alternants avec ceux des contrats générations.
Par exemple sur un salaire brut au Smic à temps plein les exonérations sont les suivantes : les
allégements généraux (402€), le contrat génération (333€), le crédit emploi compétitivité
(57€) l'exonération assurance chômage (57€) = TOTAL ALLEGEMENT 849€
3
Exonérations : une manne pour le patronat
Pour un emploi jeune avec un salaire brut au Smic de 1 430€, le patron bénéficie de 849
d’exonérations
- allégements généraux 402
-contrat génération 333
Crédit emploi compétitivité 57
Exonération assurance chômage 57
Total 849
Circulaire DGEFP
Effets sur le prix du travail des nouvelles mesures d’aides à l’emploi mises en œuvre en 2013.
En 2013, l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans en CDI pourra ouvrir droit à 4 dispositifs
d’exonération des cotisations sociales dues par les employeurs ou d’aide à l’emploi :
- les allégements généraux de cotisations sociales sur les bas salaires, dès lors que la
rémunération du salarié est inférieure à 1,6 SMIC ;
- le Crédit d’Impôt Compétitivité-Emploi, dès lors que la rémunération du salarié est
inférieure à 2,5 SMIC ;
- l’aide associée au Contrat de Génération, dès lors que l’entreprise recrute un jeune de
moins de 26 ans (ou de moins de 30 ans s’il est travailleur handicapé) et emploie un
salarié âgé de 57 ans et plus (ou 55 et plus sil est travailleur handicapé, ou recruté à
55 ans et plus) ;
- l’exonération de la part patronale des cotisations sociales d’assurance-chômage pour
une durée de 3 ou 4 mois selon la taille de l’entreprise, prévue par l’accord national
interprofessionnel du 11 janvier 2013.
Hormis les allégements généraux de cotisations sociales, qui existent sous leur forme actuelle
depuis 2005, ces dispositifs sont tous nouveaux.
Un alourdissement du coût du capital
Le coût du capital a un impact négatif sur l’emploi, les salaires et l’investissement productif.
Le coût du capital = rémunération du capital = intérêts versés aux créanciers et dividendes
versés aux actionnaires.
4
Dividendes distribués et intérêts versés en % de la masse salariale
En %
dividendes sur masse salariale intérêts sur masse salariale dividendes et intérêts
Ce qui handicape la France, ce n’est donc pas le « coût » du travail mais bien le coût du capital,
c'est-à-dire les prélèvements financiers.
En 1950, pour 100 € de masse salariale, les entreprises versaient 9,5€ de dividendes et 4,5€ de
charges d’intérêts.
Aujourd’hui, pour 100 de masse salariale, les propriétaires reçoivent 36€ et les créanciers
10€.
Aujourd’hui, les prélèvements financiers (dividendes et intérêts versés) équivalent à la moitié
de la masse salariale des sociétés non financières.
Par conséquent, ce qui handicape la France, c’est bien le coût du capital.
Coût du capital et masse salariale
0
10
20
30
40
50
60
70
80
1949
1952
1955
1958
1961
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
2006
2009
2012
en % de la valeur ajoutée
coût ducapital dans la valeur ajoutée masse salariales dans la valeur ajoutée
5
Le problème vient d’un mode de gestion des entreprises et des choix de politique économique
qui dévalorisent le travail, le considère comme un coût qu’il faut réduire. De tels choix
favorisent la financiarisation de l’économie.
Il en résulte donc :
- un faible dynamisme de l’emploi,
- un chômage massif et persistant,
- une multiplication des emplois précaires,
- une dégradation des conditions de travail,
- des salaires faibles.
Contrairement à ce que prétend le patronat, les profits d’aujourd’hui ne font ni les
investissements de demain ni les emplois d’après demain.
L’argent versé aux actionnaires est autant d’argent qui ne va ni aux salariés ni à
l’investissement productif.
Depuis le milieu des années 1980, les dividendes versés aux actionnaires augmentent
régulièrement au détriment des salaires de l’investissement productif.
Dividendes versés et investissement
0,0
50,0
100,0
150,0
200,0
250,0
300,0
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
En milliards d'euros
Dividendes versés Investissement
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