Cyrano de Bergerac
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de Edmond Rostand
mise en scène Georges Lavaudant
du mercredi 4 au dimanche 15 décembre 2013
du mercredi au samedi à 20h45, dimanche à 17h
Les Gémeaux
Sceaux / Scène Nationale / Grand Théâtre
49, av Georges Clémenceau / Sceaux
RER B station Bourg-la-Reine
réservations : 01 46 61 36 67
tarifs : 9 à 27
tournée (sélection)
du 4 au 22 octobre 2013 : MC93, Bobigny
contacts presse
MYRA pour les Gémeaux Rémi Fort / Elisabeth Le Coënt
01 40 33 79 13 / [email protected] / www.myra.fr
DRC pour la MC93 Dominique Racle
06 68 60 04 26 / dominiqueracl[email protected] / www.agencedrc.com
Cyrano de Bergerac
de Edmond Rostand
mise en scène Georges Lavaudant
avec
Patrick Pineau
Cyrano
Marie Kauffmann
Roxane
Frédéric Borie
Christian
Gilles Arbona
De Guiche
François Caron
Le Bret
Olivier Cruveiller
Ragueneau
Astrid Bas
La duègne, Mère Marguerite
Emmanuelle Reymond
Lise, La comédienne, Sœur Marthe
Pierre Yvon
Montfleury, un cadet, Le Capucin
Stéphane Czopek
Le fâcheux, Carbon de Castel Jaloux
Alexandre Zeff
Valvert, un apprenti, un poète, un cadet, Sentinelle
David Bursztein
Le bourgeois, le mousquetaire, un cadet
Loïc-Emmanuel Deneuvy
Un marquis, un apprenti, un poète, un cadet
Julien Testard
Un marquis, un apprenti, un poète, un cadet
Maxime Dambrin
Lignière, un cadet
Bernard Vergne
Bellerose, un cadet, Bertrandou
Marina Boudra
Une servante, une apprentie, Sœur Claire
dramaturgie Daniel Loayza
décor et costumes Jean-Pierre Vergier
création des costumes Géraldine Ingremeau
son Luc Guillot
lumières Georges Lavaudant
maître d’armes François Rostain
maquillages Sylvie Cailler
perruques Jocelyne Milazzo
assistante à la mise en scène Fani Carenco
construction des décors et réalisation des costumes Ateliers de la MC93, Maison de la
Culture de la Seine-Saint-Denis
durée 2h40
création le 4 juin 2013, aux Nuits de Fourvière
coproduction LG Théâtre
MC93 Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis
Les Nuits de Fourvière / Département du Rhône
Les Gémeaux / Sceaux / Scène Nationale
avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et de la Maison Louis Jouvet /
ENSAD (École nationale supérieur d’art dramatique de Montpellier)
Est-ce une tragédie, est-ce une comédie ?
Tendue entre ces deux pôles, la pièce dont Cyrano est le héros est comme un trait de
flamme traversant le ciel théâtral un coup de foudre. Une grande histoire d’amour,
bien sûr, entre ses protagonistes mais aussi, et au premier regard, entre une œuvre
et son public. Dès sa création, l’œuvre est considérée comme un sommet du
genre ; elle si romantique, cette enfant des longues rêveries d’un poète de vingt-neuf
ans, est e classique, si l’on peut dire, sans discussion ni longue attente, comme
Athéna jaillissant tout armée de la cervelle de Zeus.
Pourquoi donc
Cyrano
est-il cette pce en laquelle tous, tout de suite, ont voulu se
reconnaître ? Peut-être parce que ce chef-d’œuvre de pyrotechnie verbale (où
l’alexandrin dramatique, soit dit en passant, jette ses tout derniers feux) est comme
un autoportrait assumé et cela, jusque dans la caricature de ce qu’il est convenu
d’appeler « l’esprit français ». Se mesurer à Cyrano, c’est vouloir approcher cet
« esprit », que ce soit pour le brer ou pour l’interroger. Rostand lui-même devait
s’en douter, lui qui a convoqué dans sa « comédie héroïque » quatre siècles de
souvenirs littéraires : la délicate casuistique amoureuse d’Honoré d’Urfé s’y mêle à la
vaillance feuilletonesque d’Alexandre Dumas, et un dernier souffle de l’égant
enjouement de Regnard y anime on ne sait quelle secrète et lunaire mélancolie
héritée d’Alfred de Musset. Sans compter, bien entendu, le fantôme du ritable
Cyrano, Hercule Savinien Cyrano de Bergerac, blessé en 1640 au siège d’Arras, auteur
d’une comédie, d’une tragédie, et de deux romans de quasi science-fiction, qui fut le
disciple de Gassendi, le plus célèbre épicurien de son temps, avant de mourir en 1655
à trente-six ans. Mais le drame de Rostand ne reconstitue pas une époque : il la
reconstruit et la rêve, pour y intégrer la biographie exemplaire et baroque d’un martyr
de la vivacité, de la galanterie et de la verve « nationales », perdant magnifique et
d’autant plus fascinant que toutes ses qualités sont le fruit d’une sublime volonté
d’art.
Est-ce cette volonté qui a retenu l’attention de Georges Lavaudant ? Depuis toujours,
l’ancien directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe est sensible aux identités qui se
bâtissent en doutant d’elles-mêmes, poussées en avant par leur fêlure, telles Œdipe,
Baal, Alceste ou Hamlet, à partir de l’incurable blessure d’un certain manque à être
(au sens l’on parle de « manque à gagner »). Or Cyrano, lui aussi, conquiert sa
signature à force de volonté. Il se veut Cyrano, comme Ajax se veut Ajax ou Lorenzo
de dicis se veut Lorenzaccio. Signant son nom à la pointe de son épée et de sa
plume, Cyrano, de l’excès, est donc toujours « trop » Cyrano, superlativement
drôle, incomparablement brave toujours en représentation (il n’est pas étonnant,
dans ces conditions, qu’il fasse son apparition dans l’œuvre pour interdire à un
acteur diocre d’entrer en scène…). C’est comme s’il ne vivait que d’un crédit tiré
sur son propre néant, et dont les intérêts ne lui seraient payés qu’en mots. Bons mots
au demeurant, ardents, étincelants, spirituels, lestés du poids d’une existence qui se
sait si vide et fragile ; de même que sa vraie voix ne peut sonner qu’en sa propre
absence, au prix d’un vertigineux numéro de ventriloque, guée au service d’une
pauvre marionnette, ce « beau » Christian qui paraît usurper sa place dans le cœur de
Roxane…
Cyrano, en somme, joue un rôle, le sien, celui du Cyrano qu’il doit être pour être à la
hauteur de Cyrano : comme tout comédien jouant un rôle, il n’existe qu’à force de le
faire croire à ceux qui l’entourent, en brûlant d’une flamme qui ne brille qu’en le
consumant. Acteur et auteur de sa propre pièce, Cyrano est peut-être l’un des noms
du théâtre. Pour assumer un nom pareil, il faut un interprète hors normes. Lavaudant
a fait appel à Patrick Pineau, qu’il connaît et dirige pratiquement depuis ses buts
dans
roé la nuit
, qui fut de l’aventure de la troupe de l’Odéon, et qui vient de
reprendre, dix ans après, le rôle-titre de l’une des plus belles mises en scène de
Lavaudant :
La Mort de Danton
de Büchner.
Daniel Loayza, dramaturgie
Entretien avec Georges Lavaudant
Pouvez-vous nous parler de cet archétype qu’est le personnage de Cyrano et qui, à
l’instar de Don Quichotte ou de Quasimodo, a traversé les âges ?
Pourquoi un personnage devient-il un mythe ? Pour Cyrano, il y a sa verve
extraordinaire, sa fougue, ses contradictions, la complexité d’un personnage qui
hérite de tant de figures : Matamore, d’Artagnan, Alceste, sans parler du Cyrano
historique, amant, savant, bretteur, poète.
Pour un acteur, c’est un peu un Everest parmi les rôles. Un sommet qui reste un fi,
parce qu’il suscite beaucoup d’attente chez le public. Tout le monde connaît ou croit
connaître cette pièce. En fait, elle fourmille de tails surprenants qu’on ne finit pas
de redécouvrir. Elle donne toujours un peu plus que ce qu’on croyait.
Comment appréhendez-vous ce personnage ?
Dans un premier temps, je me suis dit tout simplement qu’il fallait le prendre un peu
au pied de la lettre. Si je monte
Cyrano
, je dois assumer de me confronter à un texte
populaire. Pour moi, c’est un exercice difficile et inattendu, dans un registre très
nouveau. La première étape du travail, pour moi, consiste à ne pas esquiver les
données qui font partie du charme : le brio, les mousquetaires, les duels. Il y a un
plaisir enfantin à cela, mais il ne doit pas devenir infantile, et sans faire le malin avec
la pièce ni succomber à la facilité, il faut tenter d’approfondir les situations, gagner
en subtilité et en sincérité.
Pour cela, vous avez choisi un acteur compagnon...
Oui. Je crois que pour tout metteur en scène, la première question que pose
Cyrano
,
c’est celle de son interprète. Il faut un acteur qu’on admire, avec qui on partage un
rapport de confiance, une façon d’aimer le travail ensemble.
Avec Patrick Pineau, j’ai monté de nombreux spectacles ; du Labiche, du Feydeau,
mais aussi des pièces contemporaines ou des pièces de Brecht. Il a une force
comique d’une rosité absolument merveilleuse, et en me temps du mystère,
du secret, de la violence. Il porte cette contradiction de Cyrano, qui est un
personnage blessé, qui croit impossible qu’on puisse l’aimer. Cyrano est fort pour
masquer sa lure. C’est l’enjeu de la pièce. Ce qui est très beau, c’est que cet être
qui porte une blessure intime refuse qu’on le plaigne. Il se fend à lui-même de
parler d’amour et il fend au monde entier de parler de son nez. Lui seul en a le
droit.
Ces deux interdits créent une tension verbale et humaine extraordinaires. Le nez dont
il parle couvre le silence gardé sur son amour : son obscéniest le masque de sa
pudeur. Quand Cyrano entre en scène, c’est pour en expulser un mauvais acteur qui
massacre la langue en faisant les yeux doux à Roxane. Cyrano vient prendre
littéralement sa place : il fait le spectacle, cite des vers, joue un rôle, celui de Cyrano.
Mais tout ce rôle et tous ces mots naissent, comme le lui dit son confident Le Bret, de
ce qu’une certaine femme ne l’aime pas. Cette femme, il l’a choisie « la plus belle qui
soit » : puisque l’amour est impossible, autant assumer cette impossibilité et la
rendre sublime en la portant à son comble !
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