CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
SOLITUDE ET CONDITION HUMAINE
Le défi existentiel de la solitude
dans la condition humaine
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Tivadar Zemplényi, La maison de la femme pauvre (1895).
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-212
SOLITUDE ET CONDITION HUMAINE
Le défi existentiel de la solitude dans la condition humaine
conférence d’Éric Lowen donnée le 24/10/2009
à la Maison de la philosophie à Toulouse
La question n’est pas de savoir si nous serons un jour confronté à la solitude, mais quand. Du
fait de notre nature humaine et des spécificités de notre existence, nous serons tous
confronté à la solitude, à plusieurs formes de solitude en fait. La question essentielle est
ensuite de savoir de quelle manière nous y ferons face ? Car toutes les réponses ne sont pas
forcément les plus adaptées, certaines aggravent même les problèmes générées par la
solitude. La philosophie peut nous aider à comprendre les raisons de cette problématique et
à trouver des réponses positives pour la dépasser.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-212 : “Solitude et condition humaine” - 20/10/2009 - page 2
SOLITUDE ET CONDITION HUMAINE
Le défi existentiel de la solitude dans la condition humaine
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Apprends ceci, grave-le dans ta cervelle encore si molle :
l'homme a horreur de la solitude. Et de toutes les solitudes,
la solitude morale est celle qui l'épouvante le plus.
Honoré de Balzac (1799-1850)
Vautrin à Lucien de Rubempré
Illusions perdues, Bibliothèque de la pléiade, 1971
I PHILOSOPHIE ET SOLITUDE
1 - L’intérêt récent de la philosophie pour la question de la solitude
2 - Un intérêt plus ancien pour une réponse à une forme particulière de solitude à travers l’amitié
II COMPRENDRE LA SOLITUDE, COMPRENDRE LES SOLITUDES
1 - La complexité de la solitude, au croisement de multiples dimensions humaines
2 - Parlons-nous toujours de la même chose sous l'appellation de “solitude” ?
3 - La solitude factuelle, situationnelle, extérieure (isolement)
4 - La solitude émotionnelle, le ressenti intérieur
5 - La solitude volontaire, qui n’est nullement une solitude émotionnelle
6 - Pour comprendre la solitude dans sa relation avec la condition humaine
III LA SOLITUDE, CONSÉQUENCE DE LA CONDITION HUMAINE
1 - La vie biologique n’est pas la vie sujétale
2 - La vie sujétale, ou existence
3 - La condition humaine, l’existence dans le monde
4 - L’illusion de la dimension sociale de l’homme, il n’est pas un être social mais affectif
5 - Nous ne pouvons nous suffire à nous-mêmes, sur le plan physique, social et psychologique
6 - La solitude est un des défis existentiels imposés par la condition humaine
7 - Elle fait apparaître la complexité des relations humaines et des besoins humains
IV LES DIFFÉRENTES FORMES DE SOLITUDES
1 - La confusion entre solitude et besoins
2 - Les différents besoins en cause dans la solitude
A - Les autres comme moyens, la dépendance utilitaire
B - Les autres comme moyens de notre construction psychologique
C - Les autres comme moyens de nos besoins relationnels
D - Les autres comme moyen de nos besoins de sympathie
E - Les autres comme faire valoir de soi, comme moyen de reconnaissance de soi
F - Les autres comme moyens de nos besoins affectifs (en vue d’un plaisir partagé)
G - L’autre comme ami
3 - Les différentes formes de solitudes
A - La solitude ontologique
B - La solitude d’isolement, philoctètienne
C - La solitude affective
D - La solitude existentielle, solitude de type achillienne
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-212 : “Solitude et condition humaine” - 20/10/2009 - page 3
V LE DÉFI DE LA SOLITUDE
1 - La solitude comme problème existentiel universel, conséquence de notre nature humaine
2 - Être humain, c’est devoir faire face à la solitude
3 - La nécessité de s’autonomiser tout en nouant des liens avec les autres
4 - Ces situations de solitude sont vécues de manière individuelle
5 - Tout comme les réponses que nous développons face à ces problèmes existentiels
6 - L’acceptation de la normalité de la solitude, étape nécessaire dans son dépassement
7 - La construction des liens affectifs, sommes-nous prêt à en accepter les exigences ?
8 - Le renforcement de l’autonomie sujétale
VI CONCLUSION
1 - La normalité de la rencontre de la solitude dans l’existence
2 - Mieux comprendre la solitude pour mieux y répondre
ORA ET LABORA
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-212 : “Solitude et condition humaine” - 20/10/2009 - page 4
Document 1 : Exemple de texte philosophique parlant de la solitude existentielle à travers la question de
l’amitié.
CICÉRON
Lélius ou l'Amitié
- extraits -
L'origine de l'amitié
Le plus souvent, donc, en réfléchissant à l'amitié, j'ai l'habitude d'en revenir au point qui
me semble fondamental : est-ce par faiblesse et indigence qu'on recherche l'amitié,
chacun visant tour à tour, à travers une réciprocité des services, à recevoir d'un autre et à
lui rendre telle ou telle chose qu'il ne peut obtenir par ses propres moyens, ou cela ne
serait-il qu'une de ses manifestations, l'amitié ayant principalement une autre origine,
plus intéressante et plus belle, enfouie dans la nature elle-même ? L'amour en effet, d'où
provient le mot amitié, est au fondement premier de la sympathie réciproque. Quant aux
faveurs, il n'est pas rare qu'on en obtienne aussi de gens qu'on berce d'un semblant
d'amitié et d'un empressement de circonstance : or, dans l'amitié, rien n'est feint, rien
n'est simulé, tout est vrai et spontané.
27. Cela tendrait à prouver que l'amitié est issue de la nature, me semble-t-il, plutôt que
de l'indigence ; qu'elle est une inclination de l'âme associée à un certain sentiment
d'amour, plutôt qu'une spéculation sur l'ampleur des bénéfices qu'on en tirera.
On peut constater cet état de choses même chez certains animaux, qui aiment leurs
petits pour un temps donné et en sont également aimés : leur sentiment est évident.
Chez l'homme, il est plus évident encore : d'abord parce qu'il existe une tendresse
spéciale entre enfants et parents, impossible à détruire sauf par un crime exécrable ;
ensuite, lorsque le même sentiment d'amour surgit d'une rencontre fortuite avec une
personne dont les mœurs et le caractère coïncident avec les nôtres, parce qu'elle nous
semble intérieurement illuminée, pour ainsi dire, de probité et de vertu.
28. Rien, ma foi, n'est plus aimable que la vertu, rien n'engage davantage à s'attacher,
attendu que vertu et probité, d'une certaine façon, nous font éprouver de l'attachement
même pour des gens que nous n'avons jamais vus. Qui évoquerait sans quelque
bienveillante sympathie la mémoire de Caius Fabricius, Manus Curius, qu'il n'a pas
connus ? Qui, en revanche, ne haïrait Tarquin le Superbe, Spurius Cassius, Spurius
Mélius ? Deux chefs ont rivalisé avec nous par les armes pour la suprématie en Italie :
Pyrrhus et Hannibal. L'honnêteté du premier nous retient d'éprouver envers lui trop
d'animosité ; le second, sa cruauté le rendra à jamais odieux à notre cité.
29. S'il y a tant de force dans la valeur morale que nous l'aimons, soit chez des gens que
nous n'avons jamais vus, soit, ce qui est plus frappant, même chez un ennemi, faut-il
s'étonner que le cœur des hommes s'émeuve quand il lui semble, chez des gens avec
lesquels il envisage de nouer des relations intimes, apercevoir vertu et droiture ? Au
reste, le sentiment se confine par un bienfait reçu, par un penchant dévoilé, par une
fréquentation régulière. Choses qui, en nourrissant ce premier mouvement de l'âme et de
l'amour, font merveilleusement flamboyer l'intensité d'une affection.
Mais en prétendant qu'elle provient de la faiblesse, en s'appuyant sur le fait qu'il se
trouve, dans l'amitié, quelqu'un pour procurer à quelqu'un d'autre ce qu'il désire, ils
abandonnent l'origine de l'amitié à l'abjection et à la mesquinerie totale : ils en font une
chose née, pour ainsi dire, de la gêne et de l'indigence. S'il en était ainsi, quiconque
s'estimerait le plus intérieurement démuni serait le plus apte à l'amitié. La réalité est bien
différente.
30. Car celui qui a le plus confiance en soi, celui qui est si bien aimé en vertu et en
sagesse qu'il n'a besoin de personne et sait qu'il porte tout en lui, celui-là excelle toujours
dans l'art de se gagner des amitiés et de les conserver. Quoi ! L'Africain (2) ? besoin de
moi ? Seigneur ! Pas le moins du monde. Ni moi de lui non plus, mais j'admirais la force
de sa personnalité : lui de son côté n'avait peut- être pas une trop mauvaise opinion de
mon tempérament : il m'apprécia. L'habitude de nous voir accrut notre sympathie
réciproque. Mais même si quantité d'avantages importants en ont résulté, ce n'est certes
pas l'ambition de les obtenir qui a provoqué notre affection.
31. En effet, quand nous sommes généreux et bienfaisants, quand nous n'exigeons pas
de reconnaissance, - n'escomptant aucun bénéfice pour nous-mêmes, n'éprouvant
qu'une envie spontanée d'être généreux -, c'est alors qu'il est bon, je pense, non point
poussés par un espoir mercantile, mais convaincus que l'amour porte en soi son fruit,
d'essayer de nouer amitié.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-212 : “Solitude et condition humaine” - 20/10/2009 - page 5
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !