partie il propose quatre causes de son ouvrage, une matérielle en disant, investigatam
diutissimè quaestionem, à savoir sur la Trinité de personnes en un seul Dieu, où il infirme la
difficulté de la matière qui a exigé de longues études, et l’intensité de son zèle, parce qu’il l’a
très étudiée lui-même afin qu’il soit entendu qu’elle a été méditée par nous comme on peut
aussi l’entendre de plusieurs autres, par la raison que dès l’origine de l’Eglise cette question a
fortement occupé l’esprit des fidèles. En second lieu, il touche à la cause efficiente et
prochaine ou secondaire en disant quantum mentis nostrœ igniculum, et la première ou
principale, illustrare lux divina dignata est. La cause prochaine de ces recherches était
l’intelligence de l’auteur, qui est à bon droit appelée étincelle, igniculus. Le feu, en effet,
comme dit Denis, XV,". Coel. hier., est très propre à signifier les propriétés divines, soit à
cause de sa subtilité, soit à raison de sa vertu active qui produit la chaleur, soit à raison de la
position et du mouvement, toutes choses qui con viennent parfaitement à Dieu en qui se
trouvent la souveraine simplicité et l’immatérialité, la parfaite charité, la toute-puissance et la
plus grande sublimité. Il convient médiocrement aux anges, mais bien faiblement aux esprits
humains dont la pureté est altérée par l’union à un corps, la lumière obscurcie, la force
affaiblie, et le mouvement en haut ralenti, ce qui fait que l'activité de l’âme humaine est
justement comparée à une étincelle. C’est pourquoi elle est insuffisante à pénétrer la vérité de
cette question sans l’illumination de la lumière divine, et de cette manière la lumière divine
est la cause principale et l’âme humaine la cause secondaire. En troisième lieu, il donne la
cause formelle lorsqu’il dit formatam rationibus, et le mode d’action sous trois rapports.
D’abord parce qu’il procède par voie de raisonnement, formatam rationibus, car tant qu’une
question n’est étayée que par des raisons probables, elle reste douteuse, elle est comme
informe, n’ayant pas encore atteint la certitude de la vérité; c’est pour cela qu’on dit qu’elle
est formée quand on y apporte une preuve qui opère la certitude sur la vérité. Et c’est là en
faveur de l’intelligence, parce que nous devons à l’autorité ce que nous croyons, et ce que
nous concevons à la raison, comme dit saint Augustin. Secondement en ce qu’il ne s’est pas
contenté de disserter verbalement,, mais qu’il a écrit, litteris que mandatam. C’est pour la
mémoire. Troisièmement en ce qu’il s’adresse, non à un homme présent par forme de leçon,
mais à un absent sous forme d’épître. C’est ainsi qu’Aristote a diversement composé ses
livres; quelques-uns étaient pour des personnes présentes qui en recevaient le contenu de sa
bouche, et d'autres livres sont dits de l’ouïe, comme le livre de l’ouïe naturelle; d’autres sont
adressés à des absents, tels que les livres qu’il dit avoir écrits sur l’âme dans le livre 1er de
l’Ethique où sont exposées les locutions extérieures, comme le dit au même endroit le
Commentateur grec. D’où il suit, offerendam vobis, comme pour réclamer le jugement d’un
supérieur comminicandamque curavi, comme pour le profit d’un collègue,et en cela il
demande un avis, par les aroles suivantes, tam vestri cupidus judicii, quam mei studiosus
inventi, parce qu’il a mis du zèle à étudier cette question, il l’a étudiée par des raisonnements,
et désireux d’avoir le sentiment de Symmaque, il la lui a écrit après l’avoir bien établie.
Quatrièmement, il touche la cause finale en disant, quoties excogitata, qua in re quid mihi sit
animi, etc., c'est-à-dire quelle fin je me suis proposée. Tout cela peut s’entendre après deux
choses, ex difficultate materiœ, tum ex eo quod coloquor, non pas à la multitude, mais à des
hommes sages, c’est-à-dire à vous seulement.
L’auteur n’a pas, en effet, écrit ce livre pour en faire lecture à la multitude, ce qui se fait
quelquefois dans l’intention de capter la faveur populaire, mais seulement pour le
communiquer à un sage, d’où ces paroles, ne que enim excitamur, à écrire, famœ jactatione,
pour me recommander, et clamoribus vulgi, comme les poètes qui forment leurs vers avec
emphase sur les théâtres, parce que ces acclamations sont souvent peu fondées. Il écarte ainsi
un but peu convenable et y substitue une fin légitime, faisant ainsi comprendre la fin
principale qui est intérieure, à savoir la perception de la vérité divine et expliquant la fin
secondaire, à savoir le jugement d’un sage, d’où il dit, sed si quis est fructus interior, comme