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Les modèles d’équilibre général dynamique stochastique et leurs
applications en Afrique : Une revue de littérature
Jean-Paul K. Tsasa Vangu
jeanpaultsasa@lareq.com
Laboratoire d’Analyse-Recherche en Economie Quantitative [LAREQ]
http://www.lareq.com
Makroeconomica Working Paper, No Q1 001
http://www.makroeconomica.org
Dernier draft : March 03, 2014
RESUME. Cet article passe en revue la littérature récente sur les modèles d’équilibre général
dynamiques stochastiques, considérés comme le dernier stade du développement de la
modélisation macroéconomique depuis la théorie nérale de Keynes. L’objectif fixé est (i)
de recenser les différents projets concernant leurs applications dans les économies africaines,
(ii) documenter les régularités empiriques caractérisant les économies africaines, (iii)
d'apprécier la valeur et l'utilité de l’approche DSGE tant dans la compréhension de la cyclicité
des économies africaines, que dans la conduite de la politique macroéconomique.
Mots-clés: DSGE, Afrique, Régularités empiriques, Politique macroéconomique
On Applications of DSGE Models in Africa: A Review
ABSTRACT. This article reviews the recent literature on Dynamic and Stochastic General
Equilibrium Models, with the objective (i) to identify the various projects on their
applications in African economies, (ii) to document the empirical regularities characterizing
African economies, (iii) to discuss the value and usefulness of the DSGE approach to the
analysis of macroeconomic implications of monetary, fiscal, real and external impulses.
Keywords: DSGE - Africa - Stylized Facts - Macroeconomic Policy
Classification JEL: E32, E58, E62, F41, N17, O55
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“Une des fonctions de la macroéconomie théorique moderne, est de fournir un système
économique artificiel entièrement cohérent, qui peut servir de laboratoire dans l’objectif
d’expérimenter à faibles coûts, les politiques et programmes qui seraient trop coûteux à
appliquer dans les économies réelles.” Robert E. Lucas, Jr [1980]
1. Introduction
Cet article passe en revue la littérature récente sur les applications des modèles d’équilibre
général dynamiques stochastiques (DSGE) dans les économies africaines. Contrairement aux
économies du Nord, l’on compte plus d’un papier proposant des revues de modèles DSGE
appliqués à l’économie américaine ou aux économies avancées (e.g. King et Watson [1996] ;
Chari et Kehoe [2006] ; Fernández-Villaverde [2010] ; Milani [2012] ; etc.), l’article de
Naoussi et Tripier [2012] est le seul ou sinon parmi les rares qui, à ce jour, propose une
lecture détaillée de différents modèles DSGE appliqués aux pays d’Afrique sub-saharienne.
En effet, l’objectif poursuivi par Naoussi et Tripier [2012] est essentiellement double : (i)
documenter les facteurs spécifiques susceptibles d’expliquer la forte instabilité caractérisant
les économies d’Afrique sub-saharienne ; (ii) évaluer les politiques monétaires et fiscales
adéquates face à ces facteurs.
Suivant la même logique, le présent article entend plutôt contribuer à enrichir cette
documentation de quatre façons. Nous nous proposons : (i) tout d’abord, d’étendre le champ
d’investigation à l’échelle africaine, à l’effet de compléter l’analyse de Naoussi et Tripier
[2012] qui considère uniquement le cas des économies sub-sahariennes ; (ii) ensuite, de
recenser la quasi-totalité des études mais aussi des projets en liens avec les applications des
modèles DSGE en Afrique, alors que Naoussi et Tripier [2012] se concentrent sur un
échantillon limité et sélectif ; (iii) de caractériser les régularités empiriques telles que mises
en évidence dans la littérature consacrée à la macroéconomie du développement, et les
confronter aux faits stylisés observés dans les économies avancées ; (iv) enfin, d’apprécier la
valeur et l'utilité de l’approche DSGE à la fois, dans la compréhension de la cyclicité et dans
la conduite de la politique macroéconomique en Afrique.
Ainsi, dans la section deuxième, nous présentons les régularités empiriques observées dans
les économies africaines. Dans la troisième, nous recensons les différents projets sur les
applications des modèles DSGE, puis apprécions les performances de cette classe de modèles
à reproduire les faits stylisés propre à ces économies. Et dans la quatrième, nous discutons de
la légitimité du recours à la modélisation DSGE en Afrique.
2. Caractérisation de la cyclicité dans les économies africaines
Dans la conception des politiques économiques appropriées, Lucas [1983] estime que la
compréhension des cycles économiques doit normalement être la première étape. De ce fait,
étant donné que les économies africaines comprennent des régularités empiriques quasi-
distinctes de celles des économies avancées, il semble impératif de les prendre en compte
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dans les modèles DSGE qui leurs sont dédiés. D’où, la nécessité de les identifier et de les
caractériser.
Plusieurs travaux dans la littérature économique ont été consacrés à l’analyse des faits
stylisés dans les économies en développement. Par exemple, Hoffmaister et al. [1998]
examinent les sources de fluctuations dans vingt-trois pays de l’Afrique sub-saharienne, en
distinguant d’une part, huit pays de la zone CFA et de l’autre, quinze pays n’appartenant pas à
la zone CFA. Il ressort de cette étude que les chocs extérieurs, particulièrement les chocs de
termes de l’échange, exercent un impact significatif sur les fluctuations de l’output et du taux
de change réel dans les pays de la zone CFA. Par ailleurs, les fluctuations macroéconomiques
dans les pays n’appartenant pas à la zone CFA, semblent plus similaires à celles observées
dans les pays en développement de l’Amérique latine.
Par ailleurs, Agénor et al. [2000] se proposent de documenter les principaux faits stylisées
des fluctuations macroéconomiques pour douze économies en développement dont le Maroc
et le Nigeria, en s’attelant d’une part, à l’analyse des corrélations croisées entre la production
industrielle nationale et treize variables macroéconomiques notamment, les variables
financières, les salaires, l'inflation, la monnaie, le crédit, le commerce, et les taux de change,
et d’autre part à l’étude des effets de la conjoncture économique des pays industrialisés sur les
fluctuations de la production dans les pays en développement. Les résultats obtenus par les
auteurs révèlent de nombreuses similitudes entre les fluctuations macroéconomiques dans les
pays industrialisés et celles observées dans les pays en développement, e.g. la variation
procyclique des salaires réels ou la variation contracyclique des dépenses publiques, mais
aussi des différences importantes entre les deux groupes de pays, e.g. la variation
contracyclique de la vitesse des agrégats monétaires.
Rand et Tarp [2002] rassemblent une série de faits mettant en évidence les différences
entre les caractéristiques de fluctuations macroéconomiques dans les pays en développement
et dans les pays développés. Pour ce faire, ils constituent un échantillon de quinze pays, dont
cinq de l’Afrique sub-saharienne. Comparativement aux économies avancées, ils établissent
que les cycles économiques sont plus courts dans les pays en développement. Ainsi, les
stratégies de filtrage normalement appliquées pour les pays industrialisés ne doivent pas être
identiques à celles utilisées pour les pays en développement.
Pallage et Robe [2001] mobilise un échantillon de soixante-trois pays en développement,
dont trente-huit pays africains, à l’effet de caractériser les faits stylisés relatifs à l'aide
extérieure, y compris l'aide et les engagements multilatéraux et bilatéraux ainsi que les
décaissements. Ainsi, ils montrent, en considérant une période de trente ans, que le coût de
bien-être des fluctuations de la production dans les pays en développement est potentiellement
important. De plus, ils trouvent que l'aide représente une source importante de revenus pour
les pays bénéficiaires, de ce fait, son potentiel comme outil de stabilisation serait non
négligeable. Pour la grande majorité des pays africains bénéficiaires de l'aide, il ressort que
les versements d'aide sont procycliques, bien que ces derniers semblent ne pas fournir une
assurance contre les fluctuations d'output. En revanche, il n'y a pas de tendance claire de pro-
cyclicité entre l’aide et les cycles économiques des bailleurs de fonds.
Male [2010] se propose de caractériser les régularités empiriques observées dans les pays
en développement, en considérant en plus des Etats-Unis, du Royaume-Uni et du Japon, un
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échantillon de trente-deux pays en développement, dont sept pays africains. De ce fait,
l’auteur trouve par exemple la monnaie cause les cycles dans de nombreux pays en
développement, et donc les chocs monétaires sont une source importante de fluctuations du
cycle économique et que le crédit domestique ne joue pas un rôle important dans la
détermination de l'investissement, et donc il a un effet quasi-neutre sur l'activité économique
dans les pays en développement. Par ailleurs, les fluctuations de la production sont
significatives et persistantes, cependant, l'ampleur de leur persistance est un peu plus faible
que pour les pays développés et que les prix et les salaires nominaux sont significativement
persistants dans presque tous les pays en développement.
Somme toute, s’appuyant sur les travaux de Hoffmaister et al. [1998] ; Agénor et al.
[2000] ; Rand et Tarp [2002] ; Pallage et Robe [2001] ; Bulir et Hamann [2001] ; Neumeyer
et Perri [2005] ; Aguar et Gopinath [2007] ; Male [2010], il ressort les principaux faits stylisés
pour les pays en développement :
! les cycles économiques sont néralement plus courts et plus volatils que ceux des pays
industrialisés ;
! l'output est plus volatil dans les pays en développement que dans les pays développés,
mais il y a un degré quasi-similaire de persistance dans les fluctuations de la production
dans les deux groupes de pays ;
! la consommation est plus volatile que la production dans les pays en développement ;
! l'activité des pays veloppés, mesurée par la production mondiale et le taux d'intérêt
réel, a une influence positive et significative sur la production dans la plupart des pays en
développement ;
! les prix ne sont pas toujours contracycliques, comme pour les pays développés ;
! l'inflation n'est pas toujours procyclique dans les pays en développement ;
! la consommation, l'investissement, les salaires réels, les agrégats monétaires sont tous
généralement procycliques. Cependant, leurs corrélations sont généralement plus faibles
que celles observées dans les pays développés ;
! alors que les taux d'intérêt réels sont généralement et légèrement procyclique dans les
pays développés, ils sont plutôt contracycliques dans les pays en développement, et par
ailleurs, conduisent les cycle ;
! les taux d'intérêt réels sont plus volatils dans les pays en veloppement que dans les
pays en développés ;
! il n'existe pas des relations claires en termes de dépenses publiques, taux de change
effectifs nominaux, taux de change effectifs réels, termes de l'échange et production dans
les pays en développement ;
! les chocs de termes de l’échange qui expliquent en moyenne, près de la moitié de la
volatilité du PIB, sont nettement plus volatiles dans les pays en développement et par
ailleurs, sont à l’origine de la plus forte volatilité observée dans ces économies de la
production, la consommation et de la balance commerciale ;
! la finance internationale, en tant que source d’impulsion, ne paraît pas jouer un rôle
déterminant dans les cycles économiques, cependant les contraintes d’accès à la finance
internationale constituent un puissant mécanisme de propagation.
Par ailleurs, alors que les faits stylisés dans les pays industrialisés semblent davantage
uniformes, Rand et Tarp [2002] constatent que cela n'est pas le cas pour les pays en
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développement, ils diffèrent selon les pays et selon les régions. Ci-après, nous proposons
quelques caractéristiques d’intérêt pour la modélisation DSGE dans un contexte africain.
Faits 1 : les économies africaines sont de petites économies ouvertes. Stiglitz et al. [2006]
montrent que les pays en développement africains dépendent fortement d’un secteur étranger
compétitif, de grande taille, dont les activités ont une incidence directe sur la dynamique
macroéconomique interne.
Graphique 1 : Degré d’ouverture des économies africaines
(Moyenne 2006-2010, en % du PIB)
Le graphique ci-dessus illustre le degré d'ouverture, mesuré comme la somme des
importations et des exportations en pourcentage du PIB, de différentes économies africaines
pour une période de cinq ans (2006 2010). Ainsi, il ressort que le degré d’ouverture pour
l’ensemble de pays considéré est denviron 40,23 % en moyenne et 34,94 % en médiane.
In fine, Kose et Reizman [2001] trouvent que les intrants intermédiaires importés jouent
un rôle important dans le processus de production locale ; et par ailleurs, Senbeta [2011]
constate que la contrainte qu’imposent les réserves de change sur la capacité d’importation
affecte la dynamique macroéconomique.
Faits 2 : les IDE ont un impact significatif. La plupart des études économétriques concluent
que l’IDE contribue à la fois à la croissance de la productivité des facteurs et à celle des
revenus dans les pays d’accueil, au-delà de l’incidence qu’aurait normalement un
investissement local (OCDE [2002]). En effet, Mallampally et Sauvant [1999] estiment que
l’IDE est une source importante de financement extérieur privé pour les pays en
développement. Ainsi, ils affectent la dynamique macroéconomique de ces pays, en
augmentant les capitaux disponibles, en servant de conduit au transfert des technologies de
production, des compétences (capital humain), des capacités d’innovation et des pratiques
d’organisation et de gestion, et en offrant aux installations locales l’accès à des réseaux
internationaux de commercialisation. Par ailleurs, Bouoiyour et al. [2007] montrent, sur base
de 63 pays en développement (1960 2004), qu’une augmentation de 1% du ratio entre IDE
et PIB génère en moyenne, une augmentation de l'ordre de 0,3% du taux de croissance du
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